Elle avait promis. Depuis qu'on était enfants, je n'avais jamais desserré mes quenottes de sa main pour pouvoir l'entendre dire qu'elle serait toujours là pour moi. Inlassablement. Ce sentiment de sécurité, je ne voulais pas le lâcher, l'oublier, le laisser respirer ne serait-ce qu'une seconde. Car sans lui, sans elle, c'était mon oxygène qui se raréfiait et elle le savait. Elle avait promis. Et elle me protégeait de tout. De la souffrance, de la perversion des autres, de la nuit comme de la pluie. Et là fut sa seule faille. Ne pas voir que le mal viendrait d'elle. Ne pas voir qu'elle serait la responsable de tous ces éclats de verre cassés. Ne pas se douter que ce serait elle qui m'abandonnerait. Pourtant, elle avait promis.
Je m'appelle Bonnie Trinket, renommée Rhapsody à mon arrivée au capitole, je subis le paradoxe de ce si mélodieux prénom depuis deux ans. Je n'avais que vingt ans, le jour où ils m'ont enlevés. Cette pluvieuse journée, je m'en souviens comme si c'était hier. Car elle représente à mes yeux la dernière matinée de ma vie. Aujourd'hui, j'ai vingt-deux ans mais j'ai l'impression que ça ne compte plus. Que je traverse les jours sans les voir depuis qu'ils m'ont tout pris. Ma famille, ma liberté. Ma voix. Il y a plusieurs années, je naissais dans une jolie maison du district quatre. Là où les plages sont d'or et la mer d'un bleu consolant. Là où pour tout le monde, je n'existe plus. Depuis qu'elle a rejoint ces rebelles et qu'elle a ruiné notre famille à cause de son égoïste audace. Ce jour-là, ils sont venus. Faire ce qu'ils savaient le mieux : semer la peine et la désolation, ruiner chaque espoir demeurant dans le cœur des habitants des districts. Et ils nous ont emmenés, mes parents et moi. Mais pas Atala. Non, car tout ça, c'était pour elle, à cause d'elle. Et elle devait porter en elle le poids de ce qu’elle croyait être notre mort. Ma mort.

En cours.