INTERVIEW PAR CAESAR PLICKERMAN
“ gemma mubstin ”

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En ces temps froids et tumultueux, le Capitole vit un tout nouveau moment des plus réjouissant, la tournée du vainqueur! Gemma Mubstin commence comme le veut la tradition par une interview de Caesar Flickerman qui sera suivie par une réception à la demeure du Président Snow. Tenez-vous prêts, l'émission peut commencer à tous moments!

plus de détails.

Postez à la suite de ce message pour donner les réactions de vos personnages qui regardent l'émission diffusée dans tout Panem. Comme d'habitude, pas besoin de faire de longs rps, n'hésitez pas aussi à poster plusieurs fois si vous le souhaitez!

Enora fixait l'écran de tv. Il faut dire que sa journée avait été dure. Malgré que son père ne soit pas rentré et qu'elle n'ait pas eu de nouvelle - ce qui l'inquiéta profondément - elle eu quelque interrogation orale et plusieurs à l'écrit. La période des devoirs se faisaient et elle n'en pouvait plus. Elle avait appris que dans la soirée, il y aurait l'interview de la nouvelle gagnante. Enora n'avait aucun opinion sur elle. Elle n'aurait pas pensé la voir gagner. Elle était plus pour la tribut du district un, mais celle-ci est morte sous l'avalanche. Elle était donc rentrée tard. Prenant un long bain pour se détendre, la jeune fille avait mijoté un petit bouillon en sautant ces pompes du soir. C'était de la patate mélangée à des carottes et un peu de viande, de quoi se redonner de la force et se réchauffer le corps dans un froid puissant. Celle-ci avait aussi allumé un feu dans le salon glacial remplit d'un simple divan et qu'une télé sur un petit meuble de bois aussi vieux que le monde. Quand l'hymne de panem se fit entendre, elle attrapa son verre d'eau posée sur la table et but en entendant Ceaser faire son petit blabla. Elle n'avait jamais trop apprécié ce présentateur, mais c'était son préféré de tous. Ce qui l'a gênée chez lui ? Ses cheveux bleus. Elle en avait horreur ! Il faut dire qu'elle préférait ces mèches rousses. Entendant la jeune tribut acclamé du public, elle leva les yeux aux ciels. Elle ne comprenait pas pourquoi le public pouvait aimer une fille aussi invisible qu'elle et repensait un peu à Théodore avec ce comportement. Néanmoins, elle garda la tête rivé sur l'écran et en entendant l'annonce de la pub elle se leva lacement. Déjà ? Elle trouvait cela idiot. Elle se dirigea alors vers la cuisine et se servi un bol de son bouillon tout près avant de replonger devant la télé quand même.

Rien ne disparait vraiment. Aucun feu ne peut détruire quelque chose sans abandonner de cendres derrière lui. Aucune perte ne laisse totalement vide. Une trace, un léger frisson, une ombre équivoque sur un mur. Se souvenir de la chaleur d’une personne à ses côtés, y penser à en faire une réalité, matérialiser le réconfort procuré jusqu’à refermer ses doigts sur rien d’autre qu’une poignée d’air. Et à cet instant, réaliser. Rien ne disparait tout à fait. Tout s’imprime indélébile, peu importe la couleur de l’encre ; joie ou malheur remplissent les pages blanches. Un cercle vicieux. Pervertir le cours du temps, tourmenté par les fantômes du passé imbriqués dans les mailles en lambeaux du présent. C’est ce vêtement que je porte, cette peau, ma propre peau, le costume trop grand de la douleur. Trop grand mais trop petit pour toute cette peine. Je n’en peux plus. Mon visage s’est disloqué et éclate les coutures de ces faux sourires que j’essaie encore d’imposer à mes lèvres. Chaque pas que je fais est comme chercher dans le noir la poignée d’une porte déjà ouverte. Un sursaut de terreur face au néant. J’ai peur. Je crève de peur. Ces sueurs froides et ces tremblements me réveillent en pleine nuit. Des angoisses primaires que je ne me connaissais pas. Des craintes de revenants, des bribes d’horreur qui me font imaginer des choses sur la couverture des ténèbres. Je sais que si je me débats avec les draps elle sera là, Preston. Mais elle ne peut rien faire de plus. Elle ne peut pas guérir toutes mes craintes de son front contre le mien. Elle ne peut pas exorciser la sensation encore si réelle du plat de ma main tapotant le dos de mon frère pour lui souhaiter bonne chance. C’est comme si je l’avais poussé dans la fosse.

C’est mon propre corps qui est hanté.

Allongé sur le côté, je sens encore l’écho blessé de la présence de la balle dans mon épaule. Un fantôme de plus s’est emparé de ma carcasse. Côtes cassées à peine guéries, bras droit inutilisable, mon corps n’est que le reflet de mon esprit. Un gros bordel. Je n’arrive pas à dormir ou plutôt, la douleur d’une guérison à peine aidée de quelques médicaments me maintient éveillé. J’ai perdu le compte des jours. Je ne fais même plus attention au temps qui passe car le simple fait de savoir que le monde continue de tourner irrémédiablement m’est inacceptable. Je ne veux pas voir que dehors les jours raccourcissent, que le froid glacial qui fait hérisser ma chair est annonciateur de l’hiver. Je ne veux pas voir par la fenêtre ces combats arrivés trop tard que j’entends tonner au loin. Je ne veux plus rien voir. Je n’ai plus rien à foutre du monde à l’extérieur de cette maison. Si Preston ne m’y forçait pas pour changer mon pansement je ne chercherais même plus à sortir de ce lit. Je ne suis plus que faiblesse. Ma vie s’est inversée. On prend soin de moi alors que j’étais celui qui tenait ce rôle. Je suis perdu. J’ai peur putain. Je tremble sur mes jambes comme un vieillard de trente-six ans. Sentir son regard veiller sur moi et s’enquérir de mon sommeil à travers la porte entrouverte m’est aussi insupportable que réconfortant. Je fais semblant de dormir malgré tout. J’imite le souffle las et calme du dormeur, les paupières closes. Parce je ne veux pas qu’elle s’approche. Parce que sa présence me fait autant de bien que de mal.

Le grincement presque inaudible de pas dans les escaliers me fait ouvrir les yeux. Lentement je me redresse sur un coude. Il m’est difficile de glisser mes jambes hors de la couverture sans étouffer de légers gémissements. J’ai un pressentiment. La sensation que sa venue répétée pour contrôler ma respiration cache quelque chose. Elle me regarde souvent feindre le sommeil. Mais cette fois-ci c’est différent. Le bras en écharpe fermement maintenu, j’entreprends de me tenir sur mes jambes. La porte est toujours entrouverte et je me glisse avec précautions hors de la chambre. Une lueur tremblante me parvient depuis le rez-de-chaussée et irradie à peine les escaliers. Un frisson glacé s’élève dans le couloir et m’agite de tremblements. Qu’est-ce que tu fous Preston ? Pas à pas, j’essaie d’empêcher le bois des marches de geindre. La lumière bleutée vacille sur les murs, comme si elle était animée de volonté. J’ai l’impression d’entendre des murmures depuis le salon. J’atteins enfin le plancher. Preston est là sur le canapé. Devant la source de cette lumière. Elle m’a expliqué une fois ce que c’était qu’une « télévision ». Ce n’est pas la première fois que je la vois figée devant. D’où je suis je ne peux voir que sa nuque et l’arrière du canapé. Je ne comprends pas. Je me détache en silence des escaliers, profitant de l’abri d’un pan de mur pour me dérober à ses regards. Je me sens con de l’éviter ainsi. De jouer à me cacher comme un enfant qui fraude le couvre-feu parental. Peut-être est-ce parce qu’à chaque fois que je l’ai surprise à regarder cet écran elle a toujours sursauté et prétexté n’importe quoi pour me faire sortir de la pièce. Je ne comprends pas. Ce ne sont que des gens qui parlent à des kilomètres d’ici, encadrés dans un rectangle en plastique. Je ne comprends pas l’importance que cela a pour elle. J’hasarde un regard sur la télévision, ma tête dépassant à peine du mur. Des mots s’affichent à l’écran. Je ne sais pas les déchiffrer. Un homme étrange parle à une jeune fille en robe rose. Cet homme. Cet homme me dit quelque chose. C’est le même qui parlait à Castiel dans ces images que les pacificateurs m’ont forcé à regarder. Cet homme qui pose des questions. Cette fois-ci elles sont à l’intention de cette fille. Ils reparlent des jeux. Ils parlent des districts. Ils parlent de choses insignifiantes et de gravité avec le même sourire. Ils célèbrent. Ils célèbrent la vainqueur des Hunger Games.

Mon cerveau a soudainement percuté. Les mots et les évidences ont enfin pénétrés mon esprit. Les rires et les applaudissements. La dérision des questions de l’homme face à l’horreur qu’elles soulignent entre les lignes. Des gamins sont morts. Des gamins se sont entretués. Stop. Je ne veux pas en entendre plus. Des gamins sont morts putain. Mon frère est mort. Mon frère est mort et ils rient. Le monde continue de tourner comme si tout ce qu’il s’est passé il y a quatre mois n’est rien. Comme si la rébellion dans les districts n’a jamais existé. Cette gamine sourit à ceux qui l’ont forcée à devenir une tueuse. Un monstre. Elle sourit à ceux qui ont détruit son âme pour la rendre à demi vivante. Comme ma mère. Comme Preston. Comme tous ces vainqueurs.

Je sens la colère monter en moi. Pourtant je ne peux pas en vouloir à cette fille. Elle n’est qu’une victime de plus. Elle a fait ce qu’il fallait faire pour survivre. J’espère qu’elle trouvera une raison de continuer à vivre. Une raison qui la fera renaitre. Rien n’effacera les Hunger Games. Rien ne lui rendra cette partie d’elle qu’elle a perdue. Alors je ne peux pas lui en vouloir. Rien ne me rendra ce que j’ai perdu, rien ne me rendra mon frère. Alors j’ai toutes les raisons de leur en vouloir. Je les hais. Leurs simples voix me font serrer le poing avec une force que je croyais avoir perdue. Pourtant je suis si faible que cette main que j’approche de mon visage ne fait que trembler violemment. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi n’ai-je même pas la force de chercher à me venger ? Pourquoi moi qui dénigrait les gens qui n’ont pas de raisons de vivre je n’arrive plus à en trouver une ? J’ai peur. J’ai la trouille de poser un pied dehors, dans ce monde qui s’écroule. Mon monde a disparu. Oui, tout continue de tourner irrémédiablement. Le temps glisse sur moi, mon horloge s’est stoppée.

Je donne un coup brutal de mon poing gauche dans le mur. Ma frustration s’est exprimée spontanément. Je suis au bord de la rupture de nouveau. Je me détache de ma cachette, de toute manière ma colère ma trahi. Je ne sais pas si j’ai la force d’affronter le regard de Preston. Mes yeux se sont obstinément rivés sur le sol. Les voix se sont tues. J’ose un regard dans le sien. Il suffit à intensifier le trop plein de sentiments qui m’anime. Elle aussi. Elle a perdu quelque chose. Plus que sa propre âme aux jeux. Si je fais le calcul, combien d’éditions ? Combien de ses tributs a-t-elle vu mourir ? Je crois que ma main a cessé de trembler.

Combien de fois devrons-nous subir leurs rires sur les tombes de nos morts ?