VIDEO Je m'ennuie. Je me fais chier. C'est le troisième jour d'affilé où je reste coincée à la maison. J'ai besoin d'air. D'accord, je suis malade, mais j'ai besoin de sortir et ce n'est pas un rhume qui m'en empêchera. Personne à la maison. Bon aller, je sors. Le temps d'enfiler mes bottes et un manteau et me voila déjà dehors, dans la rue.
Inspire.
Expire.
L'air est déjà froid. Mais ici au moins je peux sentir quelque chose de frais. J'avais l'impression que tout empestait à la maison à force d'y être enfermée. D'habitude cet endroit n'a pas si bonne odeur, avec toutes ces boutiques partout et la foule qui y passe. Mais malgré le fait que je me retrouve plusieurs fois avec un orteil broyé par un passant tant on doit se serrer, je me sens plus libre qu'à la maison. L'hôtel de ville, voila un moment que je n'y était plus venue. La dernière fois était pour regarder la finale des derniers jeux, il y a 2 ou 3 mois. C'est beau, très beau. Ca brille de partout, j'en aurai presque mal aux yeux. Et je...
«
AÏE ! »
C'est moi qui vient de crier ? Non, non, je ne suis pas malade à ce point. Oh... Un pacificateur. Je crois que je viens de le bousculer.
«
Je vous ai fait mal. »
«
Quelle perspicacité ! »
Moi, je vais avoir des ennuis je crois bien. Bouarf au fond tant mieux, ça rattrapera ces trois derniers jours. Je crois que je devrais m'excuser, non c'est sûr même. Mais je n'en ai pas le temps, un autre pacificateur s'approche, l'autre grave, la mine sombre.
«
Le Neuf est encore attaqué. Des renforts vont êtres envoyés. »
Le Neuf est attaqué ? Des renforts vont être envoyés ? Attaqué par qui ? Par le Treize ? Pfff, ce District finira par être anéanti comme il aurait du l'être il y a soixante-quinze ans. Ils n'ont pas besoin de renforts, se serait gâcher du temps et de l'énergie pour rien. Cette rébellion n'aboutira pas, le Capitol, avec les Districts Un et Deux sont bien trop puissants ensemble pour être vaincus par tous les autres Districts réunis. Ce n'est pas que je suis tout à coup devenue Pro-Capitolienne, je ne me fais juste pas d'illusions, les faux espoirs sont les mensonges les plus difficiles à guérir.
«
Excusez-moi... Je sais que ça ne me regarde pas mais, si j'ai bien compris, vous parlez de cette... pseudo-révolte en cours, vrai ? »
«
Bravo Miss Perspicace. Autre chose ? Mes vêtements sont blancs aussi, tu as vu ? »
Celui-là il commence vraiment à gonfler. Ce n'est pas non plus comme si je l'avais fais exprès, je ne m'amuse à foncer dans les gens comme une bête enfin ! Ces pacificateurs, tous des brutes ma parole. Autour, certains passants commencent à me dévisager comme si je venais de commettre un crime odieux. Manquerait plus que ça, me faire porter le chapeau ! Je suis peut-être -sûrement- l'une des plus innocentes filles du District, les autres sont soit des tueuses, soit des pouffes. Parfois même les deux. Je dessine une grande grimace sur mon visage histoire d'arracher leurs regards de moi avec outrance.
Je suis énervée. Pour rien. C'est probablement du à la fièvre, mon rhume semble s'être aggravé. Je n'aurai pas du sortir, mais j'en avais besoin. Je me retourne à nouveau en direction des deux pacificateurs qui discutent de je ne sais quoi. Je prend mon courage à deux mains, bien déterminée à savoir dans quel camp je devrais me trouver si les choses viennent à se corser dans les mois à venir. Et de ma voix la plus douce, je demande :
«
Vous pensez que les rebelles ont une chance ? Se serait... Horrible. »
«
Aucune mademoiselle. Aucune. Nop', pas la moindre. Nous disposons de beaucoup plus d'armes et de soldats entraînés qu'eux. Mais... Non, j'en ai trop dis déjà. Ce sujet ne regarde pas les citoyens, aller, circulez ! »
Je ne me fais pas prier et déguerpis illico presto. Mais j'arrive dans un courant d'air glaciale qui me fait éternuer. Je cours sur les marches de l'hôtel de justice scintillant et m'assoie en bas, sors un mouchoir en tissu sur lequel est brodé un oiseau, un oiseau un peu spéciale car il s'agit d'une colombe. Ma grand-mère Aniakine m'avait raconté un jour quand j'étais petite, qu'à une époque la colombe était le symbole de la liberté et de la paix. Qui sait, si un jour les rebelles prennent le pouvoir et redonnent leur liberté aux Districts, le symbole de la colombe sera peut-être de nouveau d'actualité.
Il est déjà 18 heures. Il fait déjà presque sombre. Mes parents doivent déjà être rentrés à la maison. Je vais me faire engueuler, alors je rentre.