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 HAWKSILDA ◭ disturb the rules

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MessageSujet: HAWKSILDA ◭ disturb the rules   HAWKSILDA ◭ disturb the rules Icon_minitimeVen 5 Oct - 14:27

la présentation du sujet plus tard. (a)

Les quatre dernières années de son existence se résumaient en un simple tapis de poussière qui s’était déposé sur une poignée. Il était l’amer souvenir qui flottait entre les murs de sa demeure, le seul étau connu à ce jour comme capable de lui comprimer le cœur d’une telle façon. Sur cette poignée, sur ces grains de poussière, était imprimée la marque d’un saccage. Il résidait sur cette seule surface polie et froide la raison qu’on lui avait ôté sans ménagement. Il n’y avait pas de pitié pour les meilleurs, car c’était bien pour cela qu’on le lui avait pris. Pour qu’elle soit plus efficace qu’elle ne l’était déjà, pour devenir une marionnette à leur solde. Mais en agissant ainsi, Hildegarde avait commencé à prendre beaucoup plus de recul aussi bien qu’elle l’avait fait des années plus tôt avec le treize. Elle avait toujours eu un pied dans ces deux mondes distinctifs, dans ces deux camps qui se menaient ouvertement la guerre dorénavant. Ni pour l’un ni pour l’autre, mais dont le passé avait été marqué par les crasses dont chacun était capable. Elle était devenue l’arme du treize avant d’être celle du Capitole. L’un l’avait privée de sa jeunesse et de sa famille, l’autre de son fils. Et si elle s’était définitivement détachée du premier, le deuxième lui apportait la distraction dont elle avait besoin dans la vie. Mais il y avait cette fichue poignée à l’étage de sa demeure, cette fichue poussière qui se languissait d’une absence. Celle qui menait dans la chambre d’Adam, dans cette parcelle d’oxygène si amèrement arrachée pour de simples raisons professionnels. Finalement, ils avaient mis le doigt sur sa seule faiblesse apparente. Ils avaient trouvé le moyen de la soumettre à leur emprise. Ils avaient mis des années, attendant sagement le moment où se profilerait ce qui la ferait chuter assez durement pour la maintenir. Puis, ils avaient mis la main dessus. Hildegarde sourit devant la porte, cette entrée qu’elle n’avait pu franchir depuis trop longtemps. On l’avait amputée d’une force pour lui en donner une autre, celle de retrouver Adam. Et de le ramener à la maison. Car il ne serait jamais l’enfant du Capitole ou d’une quelconque autre famille, il ne serait jamais l’enfant des rues ou d’un autre foyer. Il avait une mère, et celle-ci, c’était elle. C’était légitime de la part du Capitole dans la mesure où il s’agissait là de sa façon de fonctionner, mais surtout parce qu’elle aussi elle en était capable et le comprenait donc. Elle-même avait déjà enlevé des enfants à leurs parents, et inversement. Simplement, Hilda se retrouvait dans le même panier que le reste de l’humaine qu’elle trouvait si abjecte. Pour une histoire de faiblesse.

La pacificatrice leva les bras derrière la tête pour s’étirer, puis se massa le cou et laissa derrière elle les souvenirs fantomatiques du passé flotter autour de cette porte. Comme on se délesterait d’un manteau trop lourd, aussi simplement que cela. Hilda descendit pour poser à nouveau ses fesses sur le canapé de son salon. Il ne l’avait pas qu’elle l’aurait néanmoins senti, son dos craquant de désespoir alors qu’elle se penchait vers la table basse qui lui faisait face pour attraper un de ces énièmes dossiers. S’il y avait bien des personnes qui vivaient pour leur travail, elle en faisait inévitablement parti et ce, jusqu’à délaisser ses heures de sommeil pour trouver des solutions et résoudre des conflits. Ramenant ses jambes vers elle pour se retrouver en tailleur, un coussin calé dans son dos, la basanée se plongea dans la lecture du dossier. Le treize. Dorénavant, il était omniprésent. Bien plus que sur les lèvres et dans les pensées, il s’implantait dans le sang versé, les coups donnés et les balles perdues. S’ajoutait à la crise naissante, la profusion des crimes mineurs qui s’intensifiait, profitant de l’effervescence ailleurs. À l’avancée des rebelles s’ajoutait l’incessante montée des vols à l’étalage, les cambriolages, les échafaudées, tout ce dont le reste des habitants était capable pour faire chier son monde. Car oui, en cet instant, et particulièrement depuis le mois dernier, ce qui était auparavant distrayant devenait aux yeux d’Hilda extrêmement exaspérant. Tout dégoulinait d’immondices humaines. Ces renégats qui criaient à l’injustice et revendiquaient leurs idées niaises. Et Dieu que c’était sacrément emmerdant. Qu’est-ce qu’il adviendrait si leur cause remportait la bataille qu’ils venaient d’engendrer ? Elle en était certaine, la reconstruction serait difficile et lente, voire même impossible convenablement. Parce que ces idiots se battaient contre ce qui maintenait jusque-là Panem, sur ce qui leur octroyait néanmoins le droit de vivre un minimum. Et ils se jettent dans les bras de la Faucheuse en négligeant les détails de l’après. Ces idiots même qui, en ce mois de septembre, avaient fait tomber entre leurs mains les districts les plus pauvres. Quand elle avait appris la faillite des pacificateurs de ces districts les uns après les autres, Hildegarde avait fracassé son poing sur les choses/personnes qui se trouvaient sur son passage. Il y avait plus que l’emprise des rebelles, il y avait dans chacun de ces districts tombés sa propre défaite. Insultant. Inadmissible. La pression qui s’amassait sur ses épaules était montée crescendo et désormais, elle devait maintenir les districts restants en plus de parvenir à reprendre en mains les autres. Foutus cons. Elle les attendait de pieds fermes dans le district trois, s’ils étaient fichus de se pointer jusque-là. En attendant, il fallait faire le tri. Recenser les perdus, les otages, les échappés, les rescapés. Déterminer les espions, préparer les interrogatoires, faire le tri dans les geôles. Et surtout, surtout, garder son passé sous clefs. Le treize mettrait tout Panem à feu et à sang avant elle.

La théorie colportée sur Hildegarde en ce qui concerne le fait qu’elle ait toujours de l’alcool à portée de main était fondée dans son bureau, et dépassait l’entendement dansa maison. Elle n’en était jamais en manque, les réserves, cela existait également pour l’alcool. Pourtant, quand le besoin de se faire un verre se fit ressentir, il lui intima qu’elle devait se dégourdir les jambes pour aller le chercher. Hilda n’avait pas dormi de la nuit, plongée qu’elle était dans les dossiers qu’elle avait ramenés de son bureau – oui, elle s’octroyait ce droit. Dans une ou deux heures, son service reprendrait, même s’il ne s’arrêtait jamais véritablement. La pacificatrice replia le tout, se décidant à repasser par son bureau pour tout déposer puis se rendre à la tanière en cette heure très matinale. Après tout, il n’y avait pas d’heure pour se permettre de satisfaire sa soif. Elle ne pouvait néanmoins pas prendre le risque de laisser toutes ces informations dans son domicile, même si personne ne se permettrait de pénétrer chez elle. C’était arrivé une fois, une unique fois, quand un putain d’émissaire du Capitole vint lui apprendre qu’elle avait été jugée trop mère. Une fois délestée du poids des papiers, elle rejoignit ce que beaucoup s’amusaient à nommer comme son antre. Un pas. Elle n’eut qu’un pas à faire pour entrer et remarquer cet énergumène parmi les clients présents, entre ceux qui finissaient leur nuit et les alcooliques extrêmement matinaux.

Il s’était camouflé tant bien que mal, visiblement. Et si personne ne l’avait remarqué comme étranger, il n’avait pas échappé à l’observation aguerrie de la pacificatrice. Hawksley. Bordel, mais qu’est-ce qu’il foutait là celui-là. S’il y avait bien un impotent inconscient pour se balader sans prévenir dans un district alors que les districts voisins sombraient dans les conflits, c’était bien ce Flickerman. Intérieurement, Hildegarde bouillonnait. Il était inadmissible qu’un Capitolien se balade ainsi dans un district, sans se manifester aux autorités. Elle devrait être en charge de sa sécurité, et ne pas avoir à le trouver dans un endroit aussi insalubre pour sa personne. Hilda se contenta de se passer une main dans les cheveux machinalement et alla se choir avec nonchalance sur le siège voisin de ce visiteur inattendu. Si ses pensées rouspétaient et l’injurièrent, elle ne laissait de toute évidence rien paraître. Toujours son éternelle décontraction dans ses gestes et sur son visage. Elle avait passé cinq ans de son service dans le Capitole, aussi était-elle en mesure de reconnaître ces énergumènes, quand bien même ils aient tenté de passer incognito. Elle savait également, comme tout le monde, que c’était anormal de les trouver dans de pareils lieux ou prêts à boire une boisson qui ne viendrait pas de leurs propres bouteilles et verres dorés. « Tu ne devrais pas te trouver ici. » Hilda pensait qu’il en avait conscience, elle le savait suffisamment futé pour comprendre qu’il y avait des endroits qu’il ne pouvait pas se permettre de fréquenter. Même si son esprit de Capitolien lui faisait faire des choses qu’elle trouvait absolument absurdes. Comme vouloir boire de l’alcool du trois. La pacificatrice fit un signe de tête négatif à l’homme qui s’apprêtait à lui servir un verre, par habitude. Elle se contenta de tendre légèrement le bras pour prendre celui d’Iron, boire le contenu d’une traite, et reposer le verre vide. « Bon. Tu as des explications à me donner et ce n’est certainement pas ici qu’elles auront lieu. » Aussi bien que lui exposer sa façon de voir sa venue, également. Elle lui donna un coup de coude pour le faire bouger, et le suivit à l’extérieur. Ce type avait beau s’avérer vraiment exaspérant, elle ne pensait pas qu’il soit ici pour son bon plaisir. Et s’il y avait des choses à se dire, c’était de toute évidence dans son bureau à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes.


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MessageSujet: Re: HAWKSILDA ◭ disturb the rules   HAWKSILDA ◭ disturb the rules Icon_minitimeVen 9 Nov - 20:25



❝ roses on my grave. ❞

How can you see into my eyes like open doors, leading you down into my core, where I've become so numb without a soul, my spirit sleeping somewhere cold, until you find it there and lead it back home. Wake me up inside, call my name and save me from the dark, bid my blood to run, before I come undone, save me from the nothing I've become.


Lentement, Hawksley passa sa main sur son visage, sans même émettre un soupir. Son attention se reporta sur le verre qui était posé devant lui, vide. Bon dieu. Ils n’avaient pas les mêmes notions du mot alcool, dans les districts, il avait complètement oublié ce détail. Ronchonnant tout doucement, le Flickerman posa son coude sur le comptoir, nichant son menton dans le creux de sa paume. Il rabattit un peu plus sa capuche en toile miteuse sur ses cheveux bruns, la laissant retomber devant ses yeux. Puis il ferma ceux-ci, laissant doucement les vapeurs d’alcool remonter dans sa gorge, dans son nez. Il sentit ce dernier couler doucement, et renifla de manière peu élégante. Owai. C’était trop bon de faire ça. Renifler comme un paysan, pour un mec du Capitole, c’était écoeurant. Mais lui, il kiffait. Enfin, pas chez une fille, cela va de soi. C’était pas gracieux, pas sexy. Mais lui, quand il pouvait s’extirper des coutumes idiotes du Capitole et de leur fucking savoir-vivre, il prenait un malin plaisir à le faire. Pour une fois qu’il pouvait être lui-même sans penser aux caméras qui pourraient n’attendre que le premier faux-pas pour faire craquer la famille Flickerman à cause de leur fils. Bawai. Il était la honte de cette si belle famille. Son père l’avait déjà déshérité, il n’aurait plus manqué qu’il ridiculise la famille, ou la brise, et Hawksley était sûr que son géniteur l’aurait fait assassiner. Enfin non, mourir par accident. Ce qui revenait strictement au même. Iron Flickerman n’aurait plus été de ce monde, et seuls ses fans, ses groupies et sa sœur en auraient été attristés. P’t’être même que y aurait eu une vague de suicide parmi les groupies désespérées. Qui sait. Enfin, c’est toujours permis de rêver. Pour le moment, il était enfermé dans le trou des fesses du monde, quelque part au milieu du District 3, plus précisément. Que faisait-il là, en ces exécrables temps de rébellion ? Ce n’était certes pas conseillé pour un p’tit gars du Capitole de courir les District infestés de rebelles. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il avait quelque chose à dire à quelqu’un. Et il savait que lorsqu’il serait avec cette personne, de toute manière, personne ne pourrait lui faire de mal. M’enfin pour le moment, il était seul, avec ses fringues de paysan, paumé au milieu de ce district hostile. What else ? Ah ouais. Il buvait — non pas du Nespresso, bande de petits malins — de l’alcool supra fort qui lui déchirait la gorge et le nez. Tseuh. N’allez pas dire que c’est une petite nature, ce n’est pas vrai. Une simple impression que ces gens-là laissaient leur alcool fermenter plus longtemps, quoi. Mais il était résistant, il avait déjà vu pire. Il allait juste éviter de boire les mêmes quantités que celles du Capitole.

Il tendit à nouveau son verre au barman, dans l’intention de se faire servir une deuxième fois. Il avait hâte qu’elle arrive. Un plan cul ? Meuh non, pas du tout. Même pas dans ses rêves les plus fous il n’aurait pu l’approcher ne serait-ce que d’un centimètre. Elle n’était pas laide pour autant, très loin de là. Simplement… Inaccessible, et de base, pas son style. Bref. Toutes ces explications inutiles pour vous dire qu’Hawks et Hilda, ça n’avait rien de gnutgnutant. Il avait bien compris depuis le début qu’elle avait perdu quelque chose, et il avait mené son enquête. Et il avait du nouveau. Clairement beaucoup de nouveau. Enfin tout du moins, ce qu’il avait pourrait intéresser la capitaine des Pacificateurs. Du moins, il l’espérait. Oui, c’était pour elle qu’il prenait tous ces risques ce soir. Pour elle qu’il s’était habillé à moitié en guenilles, et qu’il avait un blouson miteux avec une capuche qui lui retombait jusqu’à la moitié du visage. Pour roupiller en paix en attendant qu’on lui serve son deuxième verre, assommé par l’alcool fort du district trois. Et pourtant, tout ne se passa pas comme il l’avait espéré. Alors que le barman débouchait sa bouteille, commençant à verser les premières gouttes dans le fond du verre, Iron sentit que tout s’arrêtait. Et à cet instant précis, sous sa capuche dissimulant ses yeux naquit un sourire fin et pâle. Elle était arrivée. Sa voix avait entrechoqué ses tympans de manière tout à fait caractéristique ; unique. La voix d’Hildegarde Falk-Lawson, devant laquelle tout le monde tremblait, ou presque. Qui arrachait un sourire ravi au Flickerman. Doucement, il la sentit le pousser du coude, et se leva, fourrant ses mains dans les poches de sa veste miteuse. Il la devança, sûr de lui, prenant la direction de la sortie du bar. Oui. Les explications il allait les lui donner. Et à l’extérieur, ça vaudrait mieux. Même si dehors, par contre, il faisait froid. Resserrant ses vêtements autour de lui, il s’éloigna un peu du bar, trouvant un petit coin tranquille à quelques mètres. Là, il se cala contre le mur, abaissant lentement son capuchon, la laissant tout de même couvrir l’arrière de sa tête, ne dévoilant que la moitié de ses épais cheveux noirs. Il eut un nouveau sourire, dévisageant la jeune Pacificatrice.

« Salut. »

Hawksley, provocateur ? Bien sûr que non, voyons, vous devez très certainement confondre avec un autre Hawksley. Un autre Iron Hawksley Flickerman. En tout cas, celui que vous avez sous les yeux, il ne se départissait pas de son sourire. Bien heureux de se retrouver enfin face à elle, après une journée à traîner dans le district trois sans se faire identifier. La mission impossible, quoi, je vous dis que ça. Mais il y était parvenu, et à cette minute, il semblait que personne à part elle ne l’ait reconnu. Sinon, il n’aurait déjà plus sa tête sur les épaules, mais bel et bien au fond d’un panier, probablement. Et à ce que je sache, elle était toujours en place.

« Désolé de débarquer à l’improviste, mais j’ai préféré éviter le genre de communication du style « je viens au district trois, faut qu’on parle ». Avec ce qui se passe en ce moment, hein. » Il ricana doucement. Bien entendu. S’il avait fait ça, il avait tout à parier que le Treize aurait intercepté la communication, et qu’on lui aurait tendu un beau traquenard. Alors il avait fait ça tout seul, pour lui, dans son coin. En bon Flickerman fier de son état inchangé de débilité stagnante. « Alors, quoi de neuf ? Pas trop débordée ? »

Le sourire se fit plus gentil. Plus doux. Il comprenait parfaitement qu’elle devait être dans une période relativement difficile, voire même infernale. Mais il s’inquiétait un peu. Il savait que la situation était sur une corde raide, et risquait de basculer à tout moment. Et il savait qu’en temps que chef des Pacificateurs de tous les Districts, Hilda avait une lame de responsabilité sous la gorge qui s’avérait aiguisée comme ce n’était pas permis de l’être. Et vu ce qu’il avait à lui dire, elle avait intérêt à continuer de la jouer fine, et à s’en sortir. Sans quoi, tout ce qu’il avait fait jusqu’à lors tomberait à l’eau. En même temps que sa vie, à lui. Elle était la seule à pouvoir continuer d’y faire quelque chose. Mais il lui faisait confiance.

Hilda était une battante. Elle n’abandonnait rien. Et surtout pas ce genre de défis.



musique : empyr — birth.
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MessageSujet: Re: HAWKSILDA ◭ disturb the rules   HAWKSILDA ◭ disturb the rules Icon_minitimeDim 11 Nov - 23:17

De toutes les personnes manifestement possibles de se mettre en situation de danger sans même en avoir réellement connaissance, les Capitoliens étaient les meilleurs. Hildegarde pensait ainsi en connaissance de cause, pour les avoir côtoyés durant les cinq premières années de son service de pacificatrice. Aucun d’entre eux n’était vraiment préparé à l’aspect du danger, une notion bien souvent étrangère à leur vocabulaire. Ou tout du moins, n’avaient-ils pas la même définition de ce mot que le reste de Panem. Après tout, il y avait un écart considérable entre leur mentalité et celle des habitants des districts. Par ailleurs, très peu de ces individus de la capitale ne prenaient la peine de faire une apparition dans les districts quand il n’agissait pas du un ou du deux – et encore – ou des équipes de préparation aux Jeux. Plus encore alors que les mots révolte et soulèvement, qui provoquait une exaspération acerbe en Hilda, se propageait par-delà l’enceinte de chaque district. Seulement, il y avait toujours l’exception à la règle. Il y avait toujours l’électron qui se détachait du reste, le mouton qui s’éloignait du troupeau. En l’occurrence, la famille Flickerman était pas mal dans le domaine. Alors qu’Hildegarde écopait du fils, elle avait ouïe dire que sa sœur n’était pas sans ressources également. Tout savoir, dans tous les districts, sur n’importe qui, c’en était une partie de son devoir. Mais pas que, établir aussi bien ses connaissances, c’était une partie intégrante de sa façon d’être. Naturellement. Le district trois n’était peut-être pas encore atteint par les conneries des renégats, la pacificatrice savait pertinemment que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne subisse une réelle attaque et non plus quelques chapardages comme il en avait toujours connu. Seulement, ce n’était pas suffisant comme situation pour l’arrêter. Il avait fallu qu’Iron Hawksley Flickerman daigne choir son fessier dans son bar. Hildegarde en avait déduit instantanément qu’il n’aurait également pas pris ce risque pour rien, tout comme ils ne partageaient pas la même vision de ce dit risque. Seulement, elle ne pouvait pas se défaire de l’exaspération que lui procurait son comportement. Vraiment, se perdre au milieu des habitants dans ce lieu tellement négligé, elle ne parvenait pas à comprendre ce qu’il lui était passé par la tête. Et elle ne voulait pas le savoir, d’ailleurs. Il était préférable que le méandre des pensées d’un Capitolien reste dans son crâne.

L’homme ne rechigna pas lorsqu’elle le poussa pour qu’il sorte de l’endroit, ce qu’il fit d’un pas assez certain. Hilda le suivit également quand il s’éloigna de l’établissement, elle n’avait pas eu le besoin d’émettre ses recommandations pour qu’il se dirige de lui-même vers un endroit plus sûr. La température extérieure ne l’effleura nullement, mais la réaction d’Hawksley ne lui échappa pas. Ça, c’était du comportement qu’elle lui connaissait, comme à ses comparses. Peu importe. Elle lui fit un signe de la main quand il abaissa sa capuche, appuyé négligemment qu’il était contre un mur, pour lui signaler qu’il était préférable qu’il ne l’hôte pas entièrement. Ce qui fit par lui-même, encore une fois. « Salut. » Politesse et ironie, quand tu nous tiens. « Salut. » répondit-elle laconiquement comme un écho, en souriant également. Seulement, ce qui se dégageait du ton et du sourire de l’un, n’était définitivement pas la même chose pour l’autre. Entre l’insolence insouciante et l’insolence aux menaces voilées, il n’y avait qu’une femme. Et c’était Hilda. Elle observait l’énergumène comme elle ne se gênait jamais de le faire envers quiconque, constatant qu’il n’était pas au mieux de sa forme. Visiblement, il avait déjà bu un ou plusieurs verres avant qu’elle ne lui tombe dessus, et elle était assez observatrice pour remarquer qu’il en subissait les conséquences. Ce qui n’avait pas besoin d’une trop grande perspicacité pour être déduit. « Tu veux de l’eau peut-être ? » Autant le ton qu’elle employait se profilait impassiblement dans l’ironie, autant elle était sérieuse. S’il en venait à subir pleinement les effets de l’alcool, elle allait vite lui fracasser la tête quelque part pour le faire dessaouler. S’il y avait bien une chose qu’elle ne pouvait supporter, c’était de tenir la conversation à un individu ivre quand elle-même ne l’était pas – ce qui n’arrivait pratiquement jamais, d’ailleurs. Mais Hawksley, comme tout homme, avait très certainement sa petite fierté, et sa remarque lui passerait largement au-dessus de la tête. Il ne lui restait plus qu’à bien se tenir, et rester sage. « Désolé de débarquer à l’improviste, mais j’ai préféré éviter le genre de communication du style « je viens au district trois, faut qu’on parle ». Avec ce qui se passe en ce moment, hein. » Il n’avait pas tort, et elle appréciait qu’il ait pensé ainsi. En effet, il aurait été déplorable que d’autres soient au courant de sa venue, quand bien même elle soit agacée qu’il se soit immiscé dans le district de cette façon. Hildegarde n’en fit néanmoins aucun commentaire, ou presque. « Quelle perspicacité. » Dans toute sa splendeur. On ne se délestait pas si facilement du cynisme de la madame. Elle jeta néanmoins un coup d’œil aux alentours pour s’assurer que personne ne se montrait trop curieux, mais personne ne daigna pointer le bout de son nez. En même temps, quiconque l’aurait fait n’aurait certainement pas pris le risque de s’attarder, Hilda avait son petit effet sur la majorité des habitants dont elle était assez fière. Et c’en était mieux ainsi, quand ils avaient besoin de discrétion et tranquillité. Elle reporta son attention sur son interlocuteur lorsqu’il lui adressa à nouveau la parole. « Alors, quoi de neuf ? Pas trop débordée ? » Pour toute réaction première, elle haussa d’abord les épaules avec nonchalance. « Bof. Pas plus que d’habitude. Et je gère très bien mon boulot, merci. » Oui, elle était débordée. Oui, elle croulait sous les rapports qui lui provenaient de tous les districts, notamment de ceux qui étaient en train de chuter. Ce qu’il lui rappela qu’elle avait un certain homme à aller voir pour la déchéance qui frappait les districts les plus pauvres. Bref. Ceci dit, de là à avouer si facilement ce qu’il supposait, c’était inconcevable. Et cela ne lui avait même pas traversé l’esprit. S’avouer vaincue ou au bord du gouffre n’était pas dans ses habitudes, ni même jamais. Le genre d’aveux qu’elle emporterait avec elle jusque dans la tombe. Hildegarde ne tremblait pas, ne perdait pas, ne dépérissait pas. Point barre.

Sauf que, elle comme tout être humain qu’elle prenait un plaisir malsain à dénigrer, posséder ses faiblesses. Sa faiblesse. L’insensible pacificatrice avait une faiblesse si importante, que le Capitole en avait joué en sa faveur. Cette faiblesse même qui avait poussé le Capitolien à se rendre dans le trois alors que les districts étaient sur le qui-vive et qu’elle perdait chaque jour un peu plus de son sommeil. Hilda passa outre le sourire qu’il lui adressa, même si elle ne l’ignora pas. Mais être compatissant envers elle n’était pas ce qui attisait son intérêt, et sa nature faisait qu’elle ne remarquait que peu ce genre de choses. « Je te retourne ta question, d’ailleurs. En quel honneur, cette visite ? » Hawksley était un homme qu’elle surveillait particulièrement, parce qu’il avait connaissance de détails qu’elle se serait jamais permise de dévoiler. Pas plus à un proche qu’à un inconnu. Mais l’exception à la règle, cette fichue exception à la règle qu’il était, elle ne pouvait s’en défaire. Ce n’était pas n’importe quels détails, rien d’insignifiant mais au contraire de réellement important. Cet homme détenait entre ses mains le seul moyen plus ou moins connu pour la mettre à terre et la rendre esclave. Au fond, elle attendait le moment où il jouerait ces informations en sa faveur. Même si cela lui paraissait peu probable, selon la personnalité qu’il dégageait. Et même si elle se doutait de la raison de sa venue, elle ne parvenait pas à entrer dans le vif du sujet si facilement.

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MessageSujet: Re: HAWKSILDA ◭ disturb the rules   HAWKSILDA ◭ disturb the rules Icon_minitimeLun 12 Nov - 15:48


❝ time to learn about despair. ❞

I think I'm drowning, asphyxiating, I wanna break the spell, that you've created. You're something beautiful, a contradiction, I wanna play the game, I want the friction. You will be, the death of me, yeah, you will be, the death of me. Bury it, I won't let you bury it ,I won't let you smother it, I won't let you murder it. Our time is running out, and our time is running out, you can't push it underground, we can't stop it screaming out.


Iron aimait bien Hilda, en fait. Même si chaque fois qu’ils se voyaient, il se faisait bouffer à proprement parler par son caractère de merde et son arrogance peu commune. Mais au fond, il l’aimait vraiment bien. Au moins, c’était une femme avec du caractère, il ne pouvait pas le nier. Et il appréciait réellement ça. Mine de rien, les potiches qui le regardaient avec des grands admiratifs, c’était son quotidien, et à force, c’en devenait chiant. Quand il pouvait trouver une nana avec un caractère, un vrai — sans pour autant se la taper, bande de pervers, voyons — ça faisait plaisir. Même si ce n’était pas toujours très agréable pour l’oreille, quand on se faisait rabaisser et traiter comme un moins que rien. Ou comme ce qu’on était. Un Capitolien profiteur et insolent. Un Iron Flickerman quoi. Mais, même si la plupart des gens auraient grogné du comportement qu’Hildegarde Falk-Lawson leur infligeait quand ils tentaient de nouer la discussion, Iron, lui, ne pouvait qu’en rire. Cette petite pointe venimeuse, cette amertume, cette ironie sérieuse, cette insolence menaçante… Tout ce qui faisait qu’Hilda imposait le respect, tout ça ravissait notre jeune homme. Il avait pour habitude qu’on boive ses paroles comme celles du messie, qu’on l’adule. Et bien franchement, traitez-le d’idiot si vous le désirez, mais il adorait le fait qu’Hilda le traite aussi merdiquement que la plupart de ses sujets. La preuve qu’Iron Flickerman n’avait rien d’un type réellement orgueilleux. Ça, c’était ce que les gens lui donnaient comme excuse et comme tare pour expliquer sa popularité, et le fait qu’il raffole des caméras. Bah, ils pensaient bien ce qu’ils voulaient, ça ne l’atteignait pas plus que cela. Les seules personnes dont les avis importaient, était… Ben en fait, y avait surtout Gold. Et encore, parfois, notre je-m’en-foutiste de première se moquait des reproches qu’elle pouvait lui faire. Il vivait pour se faire plaisir, right ? Alors bon dieu, qu’est-ce qu’il pouvait bien s’en taper des pensées soi-disant morales et éthiques de ses interlocuteurs et fréquentations. Ses envies avant tout. Égoïste ? Bien sûr que oui. Comme tout le monde. Il n’empêche que la plupart de ses « envies égoïstes » avaient pour but d’aider les autres. Comme celle qui l’avait poussé ce soir à se rendre dans le District Trois pour trouver Hildegarde Falk-Lawson, la Capitaine des Pacificateurs dans les districts. Il était venu pour l’aider. Pour lui apporter quelque chose qu’elle avait grand besoin de savoir. Une certitude. Un réconfort. Elle était manipulée par le Capitole, par les sentiments. Aussi incroyable que cela puisse paraître pour une femme de son tempérament, elle était maintenue en laisse par ses simples sentiments. Par son amour envers un petit être tout simplement adorable. Enfin. Hawksley n’avait pas pu le voir, pas encore. Mais il se doutait que vu la bouille de la mère, le fils ne risquait pas d’être un laideron. Car ouais. Hilda était belle. Et en tant que chasseur de jupes, Iron Flickerman ne pouvait pas nier ce fait. Il n’avait aucunement envie de draguer la jeune femme, hein, cela allait totalement de soi. Il tenait à ses parties génitales, tout de même. Mais ça ne l’empêchait pas de constater sa beauté. Femme fatale. Araignée venimeuse. Félin aux griffes acérées. Et sans aucune pitié.

Iron n’avait pas réellement ignoré sa proposition de boire un petit peu d’eau. En fait, il était tellement à fond dans ses idées et ses pensées qu’il n’avait juste pas imprimé ce qu’elle lui avait proposé. Elle l’écouta le rembarrer à sa première réplique sans relever, enchaînant. Et là, elle prétendit que tout allait bien. À peine plus de boulot que d’habitude. Iron sentait le mensonge, malgré le ton à 300% assuré de la pacificatrice. Elle était débordée. Au bord de la crise de nerfs. Ça se sentait, ça se voyait, pour quelqu’un d’aussi futé qu’Iron tout du moins. Mais cela, il se garderait bien de le lui faire remarquer. Là encore, il tenait à repartir avec les genoux en bon état. Pour marcher, faut dire que ça aide. Quelques secondes plus tard, Hildegarde lui demandait la raison de sa venue. Le sourire du Capitolien s’élargit encore un peu, alors qu’il décollait sa tête de son mur, cherchant la manière de formuler les choses. En plus, il venait d’imprimer qu’elle lui avait proposé de l’eau. Il avait la bouche un peu pâteuse, et sentait sa tête tourner très légèrement. Quand bien même il aurait été un peu joyeux, cela ne se serait pas remarqué, il avait tendance à savoir excellemment bien se comporter, sauf quand il avait réellement envie de se livrer à l’alcool et de faire un peu tout le n’importe quoi qu’on pouvait faire une fois bourré. Mais là, face à elle, il allait éviter dans la mesure du possible de jouer à l’abruti. « Mmh. Si la proposition de l’eau tient toujours, je veux bien en fait. » En fait. Genre il avait déjà refusé, quoi. Pas du tout, il n’avait juste pas capté. Mais bon. Qui sait ce qu’elle pouvait croire. D’un geste machinal, le jeune homme ébouriffa ses cheveux noirs. Puis son sourire s’élargit encore un peu. Il dévisagea lentement Hilda. Devait-il rentrer dans le vif du sujet, ou plutôt la ménager ? Il n’en savait foutrement rien. Mais dans un sens, il ne voyait pas comment il aurait pu tourner plus lentement autour du pot. Il avait déjà esquivé la réponse, dans un premier temps. Il devait foncer. Pour le pauvre petit cœur d’Hilda.

« J’ai mené ma petite enquête. »

Le regard bleuté du jeune homme plongea instantanément dans les prunelles chocolats de sa vis-à-vis. Now, il n’avait plus qu’à espérer qu’elle ne deviendrait pas violente, ou folle, à l’entente de cette nouvelle. Oui, Hawks savait. Il savait tout. Ou presque. Mais en tout cas, il était venu ici pour le lui dire. Pour la tenir au courant. Sans réellement savoir pourquoi, il s’était lancé dans cette entreprise périlleuse de découvrir les petits secrets d’Hilda. Et il avait tout découvert. Son fils. La vérité. On le lui avait arraché. Et ça, c’était impardonnable. Iron avait beau être un Capitolien pur souche, il y avait toujours eu un certain nombre de choses qu’il ne pouvait supporter. Et ce genre de choses en faisait partie. Arracher ainsi un enfant à sa mère, c’était impardonnable. Il le répéterait autant de fois qu’il le fallait. Et c’était pour cette raison précise qu’il était venu là. En espérant qu’il ne se ferait pas frapper. Ni insulter. Ni maltraiter d’une quelque manière que ce soit, sous le coup de l’émotion que pourrait ressentir la jeune femme. On ne sait jamais ce que peut vous provoquer un choc émotionnel, les enfants. Mais Hawks s’en foutait. La phrase était au bord de ses lèvres, échouée. Il avait fait une pause qui n’était déjà que trop longue. Il voulait lui dire. Le lui dire. Ce qui s’était réellement passé. Car oui.

« Je sais où il est. »

Il savait. Il allait sûrement s’en mordre les doigts. Mais il savait.


musique : muse — the time is running out.
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HAWKSILDA ◭ disturb the rules Vide
MessageSujet: Re: HAWKSILDA ◭ disturb the rules   HAWKSILDA ◭ disturb the rules Icon_minitimeMer 14 Nov - 14:17

« Mmh. Si la proposition de l’eau tient toujours, je veux bien en fait. » Elle n’était pas née de la dernière pluie, surtout en ce qui concernait l’alcool. C’était son credo, l’essence qui alimentait la mécanique de son corps. Et si quelqu’un osait lui soumettre ouvertement l’hypothèse que, non seulement elle était alcoolique, mais également que le nombre de bouteilles qui s’enlisait dans ses veines avait étrangement augmenté depuis quatre ans environ, il éprouvait par la suite quelques difficultés à marcher normalement. Mais, surtout, Hildegarde savait pertinemment reconnaître quand quelqu’un avait bu et que l’alcool se faisait ressentir en lui, même si ce n’était qu’un peu. Ce qu’entre autres, elle ne pouvait pas autoriser au Flickerman. Il lui paraissait inconcevable que monsieur se laisse grignoter par l’effervescence, quand bien même il saurait se tenir. Peut-être parce qu’elle n’avait pas l’envie ni la patience de gérer les déboires d’un Capitolien. Mais, surtout, parce qu’elle était certaine que pour ce qui allait suivre, elle aurait besoin qu’il soit à deux cents pour cent de ses capacités mentales. « Si ce que tu as à me dire est intéressant. » négocia-t-elle dans un haussement d’épaules. Plus qu’une négociation, il s’agissait avant tout d’une mise en garde. On ne jouait pas avec elle. Rectification, on ne prenait pas le risque de jouer avec Hilda. Surtout lorsqu’on était un étranger, et les accidents étaient vite arrivés – particulièrement avec l’imagination débordante de la Pacificatrice. La réplique pouvait paraître plus ou moins paradoxale entre sa proposition et ses pensées, mais elle avait ses méthodes pour faire avancer les choses et mettre les cartes sur table. « Tu devrais plutôt répondre à ma question. » Et cesser de sourire ainsi. Lui et elle étaient semblables sur un point, alors qu’ils divergeaient sur toute leur personnalité. Ils souriaient, tout le temps. D’une manière diversifiée, propre à leur tempérament respectif. Mais ils avaient tous les deux cette manie d’étendre leurs lèvres, d’engendrer cette esquisse qui serait toujours plus rassurante sur le visage du Capitolien que sur celui de la Pacificatrice. Et c’était naturel. Seulement, en cet instant, et autre que sur elle-même, les sourires d’Hawksley la titillaient. S’il pouvait lui répondre directement, accessoirement, ce ne serait pas plus mal. Efface ce sourire béat et dis tout se transforma extérieurement en un signe de tête à son égard comme pour le presser. « J’ai mené ma petite enquête. » Évidemment. Au fond, Hildegarde ne s’en étonna nullement. Comme elle resta indifférente à la manière dont ils se dévisageaient. Ceux qui se permettaient de la regarder aussi longtemps dans le blanc des yeux étaient plutôt peu nombreux, mais que ce soit cet homme qui le fasse, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Il n’y avait que ces quelques mots qui venaient d’être prononcés qui attisaient sa curiosité. Et ses méfiances. « Discrètement, au moins ? » Qu’il ait mené une enquête ou non, l’ampleur et les conséquences de celle-ci n’apparaissaient pas de même envergure aux yeux d’Hilda selon qu’il soit Capitolien ou simple habitant des districts. Honnêtement, il était légitime de douter des mesures prises par un habitant de la capitale. Particulièrement de sa discrétion. Encore plus, lorsqu’on était issu de la famille Flickerman. Aussi parce qu’elle avait une certaine responsabilité envers lui, lui qui ne s’était pas contenté de ce qu’elle laissait paraître et pensait être. Il était allé au-delà du statut, du masque, et des certitudes. Et il la prenait de cours, sans qu’elle ne le laisse paraître. Au fond, elle connaissait, ou du moins espérait, la suite. Hilda avait une certaine manie d’apprendre à décrypter les comportements des autres, et de découvrir leurs pensées avant même qu’ils ne les pensent. Mais surtout, elle avait commis une petite faute à l’égard d’Hawksley. Elle ne s’était que trop peu doutée qu’il s’intéresse à ce qu’elle racontait, ou laissait entendre. Après tout, elle ne se doutait pas qu’un Capitolien se sentirait concerné. Et de cette erreur, il en avait fait des déductions. Elle le savait. Tout son visage l’indiquait. Elle aurait souhaité qu’il n’en fasse rien, que cette discussion s’estompe de son esprit avec les quelques verres descendus. Mais ce Flickerman n’en faisait qu’à sa tête, ceci était assez connu pour ne pas être détrompé. « Qu’est-ce que t’as fait ? » Un ton assez plat, plutôt dur. Car en agissant ainsi, il avait commis sa propre erreur en échange. Il intervenait dans son existence, il pénétrait au cœur des ravages de la vie de la Pacificatrice. Même les plus effrontés étaient en proie à des maux. Seulement, l’histoire d’Hilda était hermétiquement fermée. Tout du moins, son passé éloigné. Les faits les plus récents s’avéraient plus ou moins difficiles à maintenir à l’écart, notamment lorsque le Capitole y était pour quelque chose. Et ce type était néanmoins allé fouiner. Dans sa vie.

« Je sais où il est. »
Adam.

Où ? Est-ce qu’il va bien ? Est-ce qu’ils lui ont fait du mal ? Avec qui se trouve-t-il ? Est-ce qu’on prend soin de lui ? Est-ce qu’il pensait encore à elle ? Lui avait-il parlé ? A-t-il bien grandi et est-il sage ? « Je suis la seule au courant ? » Adam. Son petit garçon. La prunelle de ses yeux. Le fantôme de ses nuits. Le passé qu’on lui avait arraché. À juste titre, avaient-ils dit. Hilda avait terriblement changé depuis la petite fille animée qu’elle était dans son enfance, depuis la jeune femme amicale qu’elle était à ses débuts de pacificatrice. L’idée même de devenir mère ne lui avait jamais traversé l’esprit, et ne l’aurait jamais fait si elle ne s’était pas découverte enceinte du jour au lendemain. On ne l’avait jamais éduqué pour y faire face, personne n’avait pris le temps ni n’était encore là pour lui faire comprendre que ce n’était pas rien. De devenir mère. L’imperturbable et assassine Hildegarde l’était pourtant bel et bien devenue. Seule. Il était beau, le plus beau de tous. Parce que c’était ainsi qu’une mère voyait son enfant, ainsi qu’elle l’aimait. Comme le sien, son trésor, sa vie. Pas comme n’importe qui ni n’importe quoi. Et le petit Adam était devenu sa faiblesse, celle qu’elle laissait paraître sans s’en rendre compte. Doucement, il l’habitait de douceur et de sympathie, de remords et d’hésitation. Il était devenu le poison qui rongeait son talent, son efficacité de Pacificatrice. Il la rendait plus humaine. Et ils s’en étaient rendus compte, les plus hauts gradés, les autres collègues. Elle commençait à s’égarer, parce qu’elle était devenue mère. Et pensait comme telle. Trop mère. Autant pour d’autres, peut-être qu’ils n’y auraient pas prêtés grande importance. Autant pour elle, à la tête du district trois depuis deux ans, ils l’ont jugé comme fautive. Une faute. D’avoir mis au monde un enfant. Ils n’étaient pas ceux qui avaient accouché. Ils n’étaient pas ceux qui l’avaient élevé, seuls. Ils ne pouvaient pas comprendre. Mais ils l'avaient fait, ils l'avaient pris. Sans qu’elle ne s’en doute, sans qu’elle ne le sente venir. Un soir, un triste soir, il n’était tout simplement plus là quand elle était rentrée. À la place, un émissaire, un connard qu’elle avait failli éviscérer s’il n’avait pas menacé son fils avec ses sous-entendus et ses pensées. Adam s’était envolé, sans un revoir, sans une étreinte, sans un sourire. Toujours vivant, évidemment, pour pouvoir mieux tenir Hildegarde. Il était sa faiblesse, ils l’avaient pris en leur possession, et maintenant détenait l’allégeance de la Pacificatrice. Et tout ça datait déjà de quatre ans. Quatre longues années durant lesquels son enfant avait grandi sans elle, sans sa mère, sans la connaître. Plus l’être était jeune, plus son esprit était malléable. Elle le savait si bien. Son petit garçon pouvait ne plus avoir le moindre souvenir d’elle, parce qu’elle n’avait été présente que sur les dix-huit premiers mois de son existence. Même pas la moitié du temps de leur séparation.

Ils avaient gagné, au final. Hilda l’impitoyable, l’intransigeante, était revenue en force et en violence. Pour l’instant. Mais alors que toutes les questions au monde qu’une mère pourrait se poser sur la santé de son enfant qu’elle n’aurait pas vu depuis longtemps, la seule qu’elle était en mesure de poser à voix haute était de savoir si Hawksley avait mené son enquête comme il se devait. Sans se faire remarquer. Et sans que quelqu’un se doute de ses buts. Parce qu’il y avait une chose pour laquelle Hilda ne montrerait aucune hésitation, s’il avait commis une erreur, si quelqu’un d’autre était au courant. S’il mettait son enfant en danger par ses attitudes. Ce qui l’attendait alors serait certainement bien pire que le châtiment qu’elle réservait à quelques rebelles récalcitrant. Si Adam venait à en pâtir pour les actions du Capitolien, il le paierait amèrement. Hildegarde l’observa, à l’affût de la moindre faille, du moins doute qui viendrait l’assaillir. Il devait être certain de ce qu’il avançait, et omettait. Pire, il devait être en mesure qu’elle, elle en soit certaine. Il devait la persuader. De tout.

Après avoir vérifié discrètement et une énième fois qu’ils étaient bien seuls, la basanée s’approcha lentement de l’homme et plongea ses prunelles dans les siennes. « Attention à ce que tu fais, Flickerman. » Si tu dérapes, je me chargerais de toi bien avant les autres. Paroles murmurées, dans un chuchotement menaçant, en accord avec le regard qu’elle lui adressait. Elle n’avait pas de pitié, pas de compréhension. Hilda était dépourvue de compassion et de clémence, c’était bien connu. Désormais, il allait devoir se montrer aussi intransigeant qu’elle ne l’était. Il avait fait un pas, un lourd pas, dans la vie de la Pacificatrice et de celle d’un petit qui pourrait s’en retrouver exposé. Il ne pouvait dès lors plus s’en délester aussi facilement. Hildegarde n’acceptait pas les pas en arrière, ni les fautes. Pas de retour possible. Hawksley avait commencé, Hawksley finirait. Sans se mettre en danger, pour que l’enfant ne le soit pas non plus. Ils étaient désormais liés. Par un destin, un tout petit destin, la vie de l’enfant d’Hilda. Et elle n’accepterait rien qui pourrait compromettre sa sécurité. Rien qui pourrait la faire défaillir, alors qu’elle n’en avait pas besoin en ces temps de rébellion. Aucun écart, aucune erreur. Aucune hésitation. Adam ne devait pas en pâtir. Elle ne devait pas en pâtir. « Pour ton bien, et pour le sien, il ne doit rien lui arriver. » Des menaces à peine voilées, mais Iron devait savoir à quoi s’en tenir. Il s’en doutait certainement bien avant de débarquer dans ce district. Hildegarde n’avait pas besoin de la violence pour se faire comprendre, elle avait la force de ses mots et de sa réputation.

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