✤ TOURNEE DU VAINQUEUR les jeux sont désormais terminés, place à la tournée du vainqueur qui met à l'honneur andro graham ! plus d'informations ici. ✤ INTRIGUES panem ne cesse de changer avec de nombreux événements inouïs. découvrez le volume 6. ✤ MISES À JOUR une nouvelle règle a été instaurée. merci de prendre connaissance de celle-ci ainsi que les autres nouveautés ! ✤ MISSIONS ET QUÊTES toutes les missions ont été lancées ! rendez-vous dans ce sujet pour toutes les découvrir. ✤ SCENARIOS voici quelques scénarios qui n'attendent que vous: rebelles. liam hemsworth pacificateurs. boyd holbrook district 13. cobie smulders & chris hemsworth vainqueurs. gemma arterton & elle fanning d'autres scénarios gagnants de la loterie à venir !
Sujet: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Dim 11 Nov - 22:43
❝ we're not safe. ❞
Home, where I learned the truth about despair, as will you. There's a reason why this prison is the worst hell on earth... Hope. Every man who has ventured here over the centuries has looked up to the light and imagined climbing to freedom. So easy... So simple... And like shipwrecked men turning to sea water from uncontrollable thirst, many have died trying. I learned here that there can be no true despair without hope.
Astaroth reposa lentement la seringue sur la table, se massant le creux du bras, à l’endroit où il venait de se piquer. La nourriture liquéfiée et transformée en serum se répandit dans son organisme, comblant lentement la faim qui s’emparait de lui. Il soupira doucement, s’enfonçant dans son siège. Sa main relâcha le creux de son bras, tandis qu’il se mettait à jouer avec un petit collier qu’il venait de sortir de sa poche. Doucement, il l’ouvrit, contemplant la petite photo de sa mère en son centre. Elle était si jeune, dessus. Elle ne ressemblait en rien à la femme qu’il avait toujours connue ; celle qu’il avait également vue mourir. Elle était différente. Moins terne. Moins triste. Il aurait aimé la connaître à cet âge, quand la vie l’avait faite souffrir de manière encore moindre. Lorsqu’elle avait épousé son père. Il aurait aimé se souvenir d’elle autrement qu’après les Jeux. Car oui, les souvenirs que le jeune homme avait de sa vie avant les jeux étaient flous. Il n’arrivait pas à le nier, et ne le comprenait pas. Il avait pourtant déjà seize ans, à l’époque, lorsqu’il avait été tiré au sort. Il aurait dû conserver avec exactitude bon nombre de souvenirs antérieurs. Mais non. Il n’arrivait à se souvenir que de Dana, et de ses insultes. Et de quelques petits souvenirs sans importance. À force de lire et de chercher à comprendre, il avait émis une hypothèse, vérifiée dans de nombreux ouvrages ; un traumatisme pouvait être à l’origine de cela. Un traumatisme, qui lui aurait fait mettre de côté tous les souvenirs heureux qu’il aurait pu avoir à l’époque, avant que sa vie ne change radicalement, et que les heureux souvenirs ne se peignent en cauchemars. C’était possible, ç’avait déjà été relevé dans de nombreux cas par les psychologues, et autres médecins. Et Astaroth se demandait si ce n’était pas ce qui lui arrivait. Il aurait normalement dû se souvenir de tout un tas de choses. Mais non. Blackout quasi-total. Et il avait l’impression que les dernières bribes de souvenirs de cette époque qui lui restaient s’envolaient elles aussi au fur et à mesure. Il aurait voulu lutter contre cela. Mais tout comme ce qui lui était arrivé dans sa vie jusqu’à lors, c’était totalement indépendant de sa volonté.
Soupirant doucement, le vainqueur referma le petit pendentif, fermant son poing autour. Il ferma les yeux, inclinant la tête en arrière, comme s’il avait voulu regarder le plafond. Sa respiration se fit plus bruyante, le son étant amplifié par son masque métallique. Ce matin, il avait pris la peine de se raser la tête. Ce qui, d’après lui, le rendait plus présentable lorsqu’il avait son masque sur le nez. Il osait sortir sans sweat, et dévoiler enfin la véritable nature de son visage. Cette monstruosité que les gens ne parvenaient qu’à repousser, pour la plupart. Il se retrouvait chez lui, seul, abandonné par les autres. Si ça le gênait ? Nullement. Bien au contraire, il avait un petit problème avec les autres, depuis que sa mère était morte, et plus généralement depuis qu’il était sorti de l’arène. Il n’arrivait pas à se faire des amis comme avant, ni même de simples connaissances. Les gens qui perçaient sa carapace étaient peu nombreux ; ceux avec qui il s’entendait et qu’il appréciait n’avaient pas eu peur de venir vers lui et de lui parler, de lui demander des choses, d’attiser sa curiosité et son intérêt. Si on ne faisait pas ce pas, il ne le faisait jamais. Les gens simples et heureux, enthousiastes et énergiques, ne lui inspiraient pas grande sympathie. Ou plutôt si ; mais à l’inverse, cet homme au masque semblait leur faire peur. Sauf pour quelques exceptions. La petite Flickerman, par exemple. Il n’avait jamais compris la raison pour laquelle elle s’était mise à s’attacher à lui, mais une chose était certaine : en sa présence, il ne parvenait pas à être mauvais, ni méchant. Ni froid, ni rabat-joie. Il se trouvait un côté de grand frère, de protecteur. Et bizarrement, il aimait bien ça. Mais ce n’était pas pour autant qu’il généralisait, et qu’il était comme ça avec tout le monde. Bien loin de là. Il n’arrivait pas à faire tomber le barrage entre les autres et lui. C’était une répulsion à s’ouvrir à ses pairs. Il n’y pouvait rien. Il avait beau essayer de travailler, même avec les gens qu’il appréciait, il n’arrivait pas à s’ouvrir comme il l’aurait voulu. Chassez le naturel, il revient au galop. Et Astaroth semblait condamné à être asocial.
Se levant finalement, notre homme attrapa la seringue, se rendant dans sa cuisine pour la démonter brièvement et la jeter dans la poubelle. Maintenant qu’il avait « mangé », il se sentait bien mieux. N’empêche, que n’aurait-il pas donné pour se faire cuire un bon morceau de viande et pouvoir le déguster normalement, sans souffrir, comme tous les êtres humains. Mais bon. C’était impossible. Il s’était fait à l’idée, depuis le temps. Tournant les talons pour se rendre dans sa chambre et enfiler un t-shirt noir, un peu trop petit pour sa musculature, ce fut tout juste si notre vainqueur perçut les coups toqués à la porte, plongé dans ses pensées. Hm ? Qui pouvait bien lui vouloir quelque chose ? Il sortit de sa chambre, prenant la direction de l’entrée, échafaudant toutes les hypothèses possibles et imaginables de sa visite. Des Pacificateurs ? Sauf s’ils avaient vu la petite Ludmilla venir chez lui l’autre jour, ils n’avaient aucune raison de se ramener. Et puis, le District était aux mains des rebelles. Si deux Pacificateurs venaient se pavaner devant la porte d’un vainqueur, ils seraient brûlés vifs avant d’avoir le temps de comprendre ce qui leur arrivait. Peut-être était-ce une connaissance, alors. Gold ? Non, elle n’aurait pas mis les pieds dans ce district rempli de rebelles, elle était du Capitole tout de même. Ludmilla ? Hmm, qu’aurait-elle bien pu lui vouloir ? Nora ? Non, elle était à l’abri au district un, sans aucun doute. Fronçant les sourcils, Astaroth s’approcha de la porte d’entrée. Et finalement, il tourna la poignée. Lorsqu’il découvrit le visage de l’homme derrière, il ne put s’empêcher de froncer les sourcils d’un air étonné.
Richard ? Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre ici ? Doucement, Astaroth se déplaça sur le côté, lui libérant l’entrée dans sa maison. « Rentre. » C’était une invitation, bien plus qu’un ordre. Cependant Sitael avait toujours eu un peu de mal à exprimer ce qu’il ressentait en phrases complètes, quand un simple mot suffisait. Et en l’occurrence, il valait mieux que Richard rentre. Ils avaient beau être dans un District en possession des rebelles, Astaroth n’était pas sûr des orientations politiques du vainqueur. Il s’en doutait, à voir l’état dans lequel il était ressorti des jeux ; pratiquement le même que lui. Mais il n’était sûr de rien. Et bien qu’il n’ait pas pour habitude de le manifester clairement, il appréciait Richard. Il le regardait de loin, le plus souvent, mais avait bien vite compris qu’ils se ressemblaient, tous les deux. Monstres de leurs districts. Montrés du doigt par tous.
Refermant la porte derrière Richard, Astaroth verrouilla derrière lui, par réflexe. Il n’avait pas peur de Richard. Il ne pensait pas que Richard avait peur de lui. Mais cela ne l’empêchait jamais de fermer les portes à clé. De toute manière, il laissait toujours la clé bien en évidence sur la poignée. Et la plupart des fenêtres de la maison étaient ouvertes. Simplement, il avait un peu de mal à l’idée qu’à tout moment quelqu’un puisse rentrer sans frapper, ni qu’il ne s’en rende compte. Il avait envie d’entendre si on s’infiltrait chez lui. Bien entendu que Richard pourrait sortir s’il en avait envie. Astaroth ne le retiendrait pas. Mais s’il était là, c’était forcément qu’il y avait une bonne raison. Et d’ailleurs, notre ours comptait bien en savoir un peu plus.
« Qu’est-ce qui t’amène ? » Le ton était loin d’être agressif, ni quoique ce soit d’autre. Une voix curieuse, même méchamment déformée par son masque. Il ne savait pas trop ce que Richard pouvait bien lui vouloir. Mais il était prêt à l’écouter.
Se tournant vers lui, Astaroth le dévisagea. L’empreinte du Capitole sur eux était si visible que c’en brisait le cœur. Aujourd’hui, les deux monstres qui avaient pour habitude de s’éviter de par leurs ressemblances se retrouvaient face à face. Ils étaient frappés de points communs. Et peut-être que ça leur permettrait de s’entendre. Et dans le cas contraire, Astaroth n’avait de toute manière plus rien à perdre.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Lun 12 Nov - 12:09
❝ we're freaks. ❞
We're nothing but the shades of what we used to be. We've become shadows amongst the shadows, wandering and hiding from whatever light could touch us, fleeing every mirror cause we've become scared of our own reflexion. We fully realise that we're just monsters but it's still hard to admit it. Would be easier if this was a fairytale. But it's not. We're just freaks.
Tu ne pensais pas quitter le district six aussi tôt. Tu pensais rester chez toi, à te morfondre sur ton sort, à enterrer peu à peu ton humanité pour cultiver la bête qui est en toi. Celle qui était tapie là, comme un serpent dans ton estomac, en hibernation. Mais l’hiver est terminé. Ou plutôt il ne fait que commencer. Tu vis dans cette maison, entouré de bêtes et de bêtes seulement. Pas des bêtes spécialement dangereuses mais des animaux tout de même. Entre l’étalon blanc de Katell, le chat qui va et vient à sa guise et quelques chiens errants qui trouvent toujours un moyen de s’introduire dans le jardin voire parfois dans la maison... Tu ne les as jamais repoussés. Du moins plus depuis que tu es seul. Il te semble que leur compagnie t’es plus agréable que celle des humains. Elle convient mieux à ton état d’esprit, elle te permet de délaisser tous tes sentiments. De toute façon c’est ça ou la solitude, parce qu’on ne peut pas dire que grand monde te rende visite ici. Gemma est venue une fois, probablement parce qu’elle t’avait vu arriver avec Je Ne Sais Pas, mais personne n’a réitéré de visite depuis, ce qui ne t’a fait ni chaud ni froid. Rien ne te fait ni chaud ni froid à vrai dire, à part la température en elle-même. Ce qui est encore heureux puisque cela prouve que tu es encore sensible à ce niveau là, tu n’as donc pas de dysfonctionnement nerveux. Non, c’est au moins un bon point, je suis contente pour toi. Quelque chose qui fonctionne chez toi. Enfin ce n’est pas la seule chose qui fonctionne fort heureusement. Mais... Ah mais non bande de pervers je ne pensais pas à ça ! Non, tes muscles fonctionnent, toutes les connections avec le cerveau sont normales, tu es toujours capable de bipédie, tu peux réfléchir, à priori parler - mais je ne t’ai pas entendu tester ça depuis la visite de Gemma... Tu restes depuis ce jour cloîtré dans ta maison, sortant parfois dans le jardin pour aller voir l’étalon à la robe de neige. Mais tu as quitté le district, prenant la décision d’aller voir un autre gagnant. Un gagnant auquel tu veux parler de la rébellion. Tu sais que son district a été conquis par les rebelles mais tu ne connais pas son orientation politique personnelle. Parce que Dieu sait qu’une fois un district envahi, les rebelles ne font pas du porte à porte en mode témoins de Jéhova pour convaincre les habitants du bien fondé de leurs actions. ‘‘Bonjour Monsieur, auriez-vous quelques minutes pour parler de la rébellion ?’’. Ce serait ridicule. Les rebelles ne sont pas des enfants de choeur. Tu n’es pas un enfant de choeur. C’est pour ça que tu es au onze.
C’est étrange, tout semble être pareil. Mais on voit des impacts de balle, des traces de sang sur certains murs. Et au lieu de Pacificateurs patrouillant, ce sont des rebelles qui montent la garde, comme des chiens. Ils t’ont laissé passer, il est de notoriété non pas publique mais rebelle justement que tu es des leurs. Comme quoi le monstre peut être utile des fois. Car c’est bien ce que tu es non ? Un monstre. Je ne comprends pas pourquoi tu continues de servir cette cause alors même que tu sembles n’avoir plus cure de rien. Comme si faire partie de ce mouvement était immuable pour toi, comme si tu reversais tout ce qu’il te reste de vie dans ces actes de rébellion envers ceux que tu considères comme responsables de tes pertes. Oui le Capitole. Ceux qui t’ont envoyé dans l’arène pour y malaxer ton esprit. Mais lorsque l’arène t’a recraché, ton esprit n’avait pas pris exactement la forme qu’ils désiraient. Il avait refusé d’être modelé, il était devenu sauvage. Et il l’est resté. Comme une bête. Car tout au final se ramène à l’animal qui est en toi. Il semble que ce soit à présent ta partie pré-dominante, tu t’appliques moins à l’ignorer que les humains normaux. Tu marches dans les rues du Village des Vainqueurs. Il fait un peu froid. Clope au bec, tu ne te presses pas. Maintenant que tu es là tu as tout le temps qu’il te faut pour aller voir Astaroth. L’autre monstre. Ah, vous les gagnants vous formez un beau défilé de monstres. La foire aux gagnants. Azrael et ses drogues, Gemma et ses crises de gel, Ludmilla et son amnésie, Micah et ses fantômes, Astaroth et son masque, toi et tes tatouages... Vous êtes beaux tiens... Le peuple vous aime tiens... Non à vrai dire le Capitole vous adule mais étrangement vous moins. Enfin, Ludmilla est morte, Micah est encore apprécié, Azrael aussi puisqu’il se défonce en compagnie des Capitoliens, Gemma aussi évidemment, elle vient de gagner, mais vous deux... C’est probablement parce que vous avez été physiquement marqués. Même si toi tu t’es infligé volontairement ces marques, que tu as enduré l’aiguille pendant des heures par choix. Il te semblait que ce n’était rien à côté de l’arène. De la pacotille. Ta cigarette est presque finie. Tu prends une dernière bouffée de nicotine avant de jeter le mégot par terre et de l’écraser sous ton pied. Puis tu frappes à la porte.
Lorsqu’Astaroth vient t’ouvrir, il porte son masque. Bien évidemment. Il semble surpris par ta visite. Ceci dit c’est vrai que quand on va ouvrir la porte, on s’attend généralement plus à trouver le facteur qu’un ancien gagnant tatoué de la tête aux pieds réputé pour son antipathie. Bah, disons que c’est son jour de chance ! Enfin de chance... Il a eu un pokémon rare quoi. Mais pas forcément le plus utile. Je me rends compte qu’ouvrir la porte c’est comme manger un kinder surprise, le chocolat en moins. On ne sait jamais ce qu’on trouvera derrière la porte, parfois on est déçu, parfois on est heureux. La véritable solution en fait c’est de se munir d’un oeil-de-boeuf pour vérifier qui est là et faire comme si on n’était pas ici quand c’est quelqu’un qu’on ne veut pas voir. C’est la meilleure des solutions. Le vainqueur du onze te fait signe. « Rentre. » Tu t’exécutes et le regardes fermer la porte à clé derrière toi. Chacun ses manies. Toi tu ne fermes presque jamais. La preuve, Gemma est bien rentrée dans ta maison alors que tu n’avais pas verrouillé. Tu ne fais aucun commentaire sur son acte après tout compréhensible. Il est dans un district envahi par les rebelles, on se sait jamais ce qui peut se passer. Tu le regardes en te disant qu’en un sens il te ressemble. Il a gagné les Jeux un an avant toi et a désespérément tenté de protéger une gamine du district six. La différence c’est que lui, elle n’était pas du coup du même district que lui et que les gens l’ont haï pour ça. Les gens t’ont haï aussi quand même ceci dit. Soi-disant que tu aurais dû la protéger jusqu’au bout. Et accessoirement que tu as mangé une carrière. Mais ce n’était pas ta faute. Rien n’était ta faute. Rien n’était de la faute d’Astaroth non plus et pourtant il est quand même là face à toi avec son masque et sa douleur autant physique que mentale. Vos histoires sont sensiblement les mêmes. « Qu’est-ce qui t’amène ? » Les monstres sont attirés par les monstres. Non, ce n’est pas une bonne réponse ? Allons bon, c’est pourtant rare que tu t’embarrasses de diplomatie. Tu souris ironiquement et commences à parler d’un ton cynique. L’humour est la politesse du désespoir. « Crois-le ou non mais la rébellion a pris possession de ton district. » Non ? Sérieusement ? Tu plaisantes là j’espère ! Non parce que quand même, ça c’est du scoop ! Tu devrais le vendre aux journalistes, tu es le premier à le remarquer ! Tu vas être un héros mec... Un héros. « Je sais que tu ne fais pas partie de la rébellion. Je voulais juste... Savoir pourquoi. » Et te faire de la propagande. Parce que j’en fais partie moi et que je ne t’ai pas vu aux réunions.
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Mar 13 Nov - 17:23
❝ i feel like a monster. ❞
Home, where I learned the truth about despair, as will you. There's a reason why this prison is the worst hell on earth... Hope. Every man who has ventured here over the centuries has looked up to the light and imagined climbing to freedom. So easy... So simple... And like shipwrecked men turning to sea water from uncontrollable thirst, many have died trying. I learned here that there can be no true despair without hope.
Si un jour on avait confié à Sitael Astaroth Blackward que Richard Abraham Huntsman viendrait frapper à sa porte pour lui taper la causette, jamais il ne l’aurait cru. Et quel mal y avait-il, d’ailleurs ? Un monstre, venir voir un autre monstre ? Franchement aucun intérêt. À quoi bon se rappeler cette douleur aussi bien physique que psychologique en regardant un autre ? Lorsqu’Astaroth regardait Richard, ce n’était pas comme regarder un miroir. C’était infiniment pire. Un miroir lui reflétait uniquement son apparence monstrueuse, l’être abominable qu’il était. Mais uniquement lui. Il pouvait se concentrer sur son narcissisme et son égocentrisme, sans regarder autour de lui. Il pouvait se haïr, mais haïr les autres lui était difficile, tant sa propre image l’obsédait. Tout au plus, les responsables de ses souffrances subissaient ses foudres silencieuses. Mais c’était minime. Mais lorsqu’Astaroth regardait Richard, c’était complètement autre chose. Non seulement il se voyait, l’image de l’homme tatoué le renvoyant à son propre physique provoqué par le Capitole, ce physique qui faisait d’eux les monstres qu’ils étaient. Mais en plus de cela, il arrivait à voir les douleurs psychologiques qu’on leur avait infligées, comme si le miroir lui avait caché sa souffrance. Son physique brutal ne collait pas à l’homme souffrant qu’il était, et le miroir ne parvenait pas à faire transparaître cette sensibilité. Ce n’était qu’un miroir. Mais Richard, lui, y parvenait. Il était comme lui, ou presque. Semblables. Ils avaient été façonné par les mêmes moules ; le Capitole, l’arène, la souffrance, les Jeux de la Faim. La mort. L’abandon, également. Le regard des autres. Tout ce qui faisait d’eux ce qu’ils étaient aujourd’hui, ces deux êtres antipathiques et associables, qui pouvaient se contenter d’un regard pour dissuader pratiquement n’importe qui de venir leur chercher des poux. Ils étaient impressionnants. Gênants, de par leurs physiques. Intimidants, de par leur histoire. Ils avaient tout pour dissuader. Et ils dissuadaient. Mesdames messieurs, je vous demanderais un tonnerre d’applaudissement. Accueillez les monstres des districts six et onze !
Astaroth sentit son cœur se compresser quand Richard se tourna vers lui. Le vainqueur du six avait remporté les Jeux l’année d’après lui. En protégeant lui aussi la petite tribut du six. Mais qui elle était sa co-tribut. Astaroth, sa co-tribut ? Il l’avait tuée. Dès le premier jour. Par maladresse, certes. Mais pour les habitants de son District, ç’avait été considéré comme une réelle traîtrise. Il l’avait tuée. Assassinée. Avec une épée. Pour protéger une gamine dont il ne connaissait rien, qui n’avait absolument rien à voir avec aucune de ses connaissances. Pas de lien de sang, pas de lien de district, pas d’alliance. Rien. Mais il l’avait sauvée. Empêchée de se faire tuer par une folle du onze qui avait juste peur de mourir, et qui voulait éliminer le plus d’adversaire possibles dès qu’elle le pouvait. Et de préférence, les plus faibles. Elle avait même essayé de tuer Astaroth. Bizarrement, personne ne lui en avait voulu. Mais à lui, qui avait pris la vie de cette fille, on lui en avait voulu. Tellement voulu. Sa réputation de monstre avait commencé ainsi. Elle s’était amplifiée avec son masque. Et plus tard, avec son caractère. Astaroth Blackward était devenu monstre. Et Richard, lui ? Qu’avait-il fait ? La petite de son district n’avait pas survécu non plus. Mais elle était de son district, lui, au moins, et il l’avait protégée. Cela ne l’avait pas empêché de revenir en monstre. Pour avoir mangé la chaire d’une carrière. Lorsqu’Astaroth avait constaté cela, sur les écrans de télé, du haut de ses dix-sept pauvres années de vie, il n’avait pas vomi comme d’autres avaient décrit l’avoir fait. Son visage était resté figé d’étonnement, dans sa bouille candide, pourtant atrocement dissimulée par ce masque. Il avait regardé Richard. Et sans comprendre, il s’était senti proche de cet homme. Alors que celui-ci n’avait même pas encore gagné les Jeux. Alors qu’il ne le connaissait absolument pas. Il avait déjà compris sans vraiment le réaliser un bon nombre de choses. Et Richard avait gagné. Vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvaient ici, debout dans le grand salon de la demeure de vainqueur d’Astaroth. Sans jamais s’être adressé la parole. Sans jamais avoir eu de proximité réelle, ni de contact, ou de discussion. Ils ne savaient rien l’un de l’autre. Et en même temps, ils savaient tout. Ou plutôt comprenaient la plupart. Paradoxe écrasant. Gênant. Mais une vérité que ni l’un ni l’autre ne pouvaient nier.
Sous le masque, un sourire se dessina, sans même qu’Astaroth ne s’en rende compte. Richard l’informait poliment, aimablement et ironiquement que les rebelles avaient envahi son District. Ah bon ? Tiens donc. Il n’en avait absolument pas conscience. Faut le comprendre, en rentrant des Jeux, il hiberne un peu en général. Ce n’était pas comme s’il avait déjà sauvé un gosse d’un Pacificateur, pour ne citer qu’un exemple. Un pauvre gamin qui jetait des pierres sur un type trois fois plus grand que lui. En criant « à bas le Capitole ». Pauvre idiot. Cela n’empêchait pas qu’il avait raison. Mais c’était un gosse de quinze ans. Il ne savait rien de ce qu’était la vie. Et il ne s’était jamais battu, à part avec son grand frère d’une tête de moins que le Pacificateur en question. Alors pourquoi ? Il s’était pris un coup. Ou plutôt avait failli. Il avait fermé les yeux en voyant l’arme du représentant du Capitole fuser vers son visage. Et quelques secondes plus tard, il avait rouvert ses yeux, ne sentant toujours rien. Avant de se rendre compte que son agresseur s’était volatilisé. Ou plutôt avait été déposé sans grand ménagement quelques mètres plus loin, et se faisait assommer proprement… Salement et très méchamment par une grosse brute que tout le monde connaissait comme le monstre du District. Un mélange de terreur, de stupéfaction. Il avait bredouillé un merci. Lui. Un gosse qui, il y avait quelques mois à peine, lui aurait jeté des pierres en le traitant de monstre. Tel était le caractère d’Astaroth. N’allez pas croire qu’il n’était pas rancunier ; il l’était. Mais il était surtout impartial. Ce gamin défendait la même cause que lui. Simplement, l’enfant était bruyant, et se manifestait. Astaroth, lui se fondait dans le décor — ou presque — comme une couleuvre. Qui se transformait en cobra dès qu’on l’approchait et qu’on le menaçait. Et voilà que Richard venait ici. Et lui demandait clairement pourquoi le cobra se faisait passer pour une couleuvre. Pourquoi le tigre se dissimulait derrière le vieux chat grincheux. Pourquoi il n’avait tout simplement pas intégré les rebelles. Excellente question, mon ami. Ami, ennemi, connaissance, ami monstre. Qu’importe.
Les yeux d’Astaroth se plissèrent un peu plus franchement, seule manière pour Richard de comprendre que sous le masque, l’abominable vainqueur souriait. Sentant une légère douleur poindre au niveau de son crâne, notre ours passa sa main sur les crochets à l’arrière du masque, les resserrant. Il avait oublié depuis bien longtemps que sourire demandait à son masque d’être plus serré. Les zygomatiques contractées bougent tout, vous savez. Quelques temps plutôt, Ludmilla lui avait également posé cette question. Proposé cette intégration. Quel heureux hasard. À croire que le District Six aimait bien cette idée de faire rentrer ce monstre dans les rangs de leurs rebelles.
« On m’a déjà posé la même question il y a peu. Quelle coïncidence. » Imposant sans le vouloir, Astaroth croisa ses bras sur sa poitrine, secouant très légèrement la tête en signe d’indécision. « Je n’en sais rien. Je suppose que je pourrais. Mes opinions vous rejoignent. » Mais encore, mon grand ? Allez, exprime-toi. Il ne va pas te manger. « Jusqu’ici, j’ai aidé les rebelles pour moi, en restant dans l’ombre. Je ne suis pas impliqué plus que cela. Je ne sais pas, peut-être parce que tout comme toi je ne suis pas un grand adepte des interactions humaines. » Et pourtant… Et pourtant, si là maintenant un Pacificateur osait lever la main sur qui que ce soit, tu lui referais le portrait avec une rage et une rancœur sans pareilles. Alors pourquoi ? « Je n’ai pas envie de recevoir de directives. Pas plus de Coin que de Snow. Je pense que tu peux le comprendre. » Tu penses ? Non, tu n’en sais rien. Tu en as l’intuition. « Cela ne m’empêche pas de fracasser le crâne du premier Pacificateur qui s’approche d’un civil ou d’un rebelle. » Bien parlé mon p’tit pote.
Astaroth ne faisait pas partie des rebelles. Pas encore. Il ne savait pas s’il devait les rejoindre ou non. Peut-être Richard parviendrait-il à l’y convaincre. Plus que persuader. Peut-être.
Le Capitole avait fait de lui un monstre. Et il allait prendre un malin plaisir à hanter leurs nuits et à leur faire faire les pires cauchemars qu’il leur ait jamais été donné d’avoir. Rebelle, ou pas rebelle. N’était-ce pas là le rôle d’un monstre ?
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Mar 13 Nov - 22:19
❝ we're the wreckers. ❞
Flickering lights, almost as weak as candles. But hung ashore, here to attract souls and ships like ours, those who have inside them this little bit of darkness that pushes them to our lights. But it's a trap. We're just guiding them to the reef, hoping to see them crush down to shipwrecks and die at our feet, washed ashore by the traitorus sea, as we once were. We're the wreckers.
C’est quoi cette réunion ? Les monstres s’invitent à prendre le thé c’est ça ? Et c’est quoi la prochaine étape ? La créature de Frankenstein qui s’incruste, Davy Jones qui vient parler chiffons ? Au fond je sais pas si ça m’étonnerait tant que ça. Il y a quelque chose en vous... C’est comme une espèce de lanterne accrochée sur un rivage, le genre de lumières vicieuses allumée derrière des récifs pour attirer les navires en perdition. Les naufrageurs. Apparemment trop désespérés pour ne pas entraîner des innocents dans votre décadence. Enfin innocents... Pour répondre à cet appel il faut déjà avoir perdu de son innocence, avoir brûlé ses ailes au feu du regard des autres. Les anges ne se laissent pas si facilement abuser par vos lucioles faiblardes. On ne peut y prendre que ceux qui n’ont pas véritablement de maison. Ils cherchent de la sécurité dans les autres gens, c’est ce qui les perd si facilement, on peut se jouer d’eux à volonté. Et ils auront beau se relever, ils laisseront toujours un petit bout d’eux sur le trottoir, un bris de compassion sur le bitume. A la merci de n’importe quelle créature errante passant par là. Car oui, la compassion s’étiole toujours, peu à peu, à force de se voir claquer les portes au nez alors qu’on cherche juste à donner du réconfort. Tu n’as jamais réellement essayé d’apporter du réconfort. Oh tu l’as désiré, ardemment même, lorsqu’il s’agissait de ta famille. Mais tu n’as réalisé cela que bien trop tard. Quand tu avais déjà ta place au banquet des monstres. Peut-être que c’est pour cela d’ailleurs que tu viens rendre visite à Astaroth. Pour le convier au festin. Il peut venir avec ses seringues s’il le veut, il n’en sera que plus le bienvenu. Il s’assiéra aux côtés du Joker. Tu as ta place attitré à côté de la créature de Frankenstein. Parce que vous deux, les deux gagnants, vous êtes comme lui. Mais vous n’avez pas été créé par un savant fou, vous avez été modifiés par le Capitole en guise d’expériences. Mais que vous n’avez été que des prototypes, alors forcément les choses ont mal tourné avec vous. Leur science s’est développée, leur technique s’est améliorée. La preuve : ils ont fini par arriver cette année à une gagnante presque parfaite, leur adorable poupée... Gemma. Et tu ne trouves aucun réconfort dans le fait de l’avoir ramenée, aucune gloire, rien. C’est vide tout ça, tu ne ressens plus rien. Et encore moins de la fierté alors qu’elle n’est qu’une marionnette de plus. Tu l’as peut-être aidée à revenir mais s’ils n’avaient pas voulu qu’elle gagne, elle serait morte. Tout simplement.
Tu regardes le vainqueur du district onze et son masque. Et son masque oui. On pourrait pourtant dire qu’ils ne font qu’un mais tu ne vas pas jusque là. Tu sais qu’il faut parfois se défaire des chaînes qui nous enserrent, celles que l’on garde comme pour éloigner les autres. Les tiennes sont immuables, tu ne les retires pas à volonté. Les tiennes sont indélébiles car c’est le mot approprié. Pourtant quand tu regardes dans les yeux de ton interlocuteur, tu y lis aussi ces taches indélébiles. Ils sont bleus sombres, presque gris et doivent probablement changer selon la lumière. Ils sont comme un ciel annonciateur de mauvais présages. Les tiens aussi son annonciateurs de mauvais présages. Presque noirs comme les ailes d’un corbeau. Oiseau de malheur. Mais que les iris soient noirs comme les tiens ou bleus comme les siens, ce n’est pas plus dur de lire à travers quand on a l’habitude. Oui, comme je l’ai dit, les êtres brisés se reconnaissent entre eux. Ce n’est pas forcément écrit sur leurs corps, parfois pas même dans leur attitude et chez les plus habiles leur voix n’en laisse rien paraître ; mais les yeux, eux, ne mentent pas. On observe chez les rebuts - comment les appeler autrement - cette pupille vide qui semble tout absorber et s’évertue pourtant à rechercher ses semblables. Inconsciemment. Mécaniquement. Comme si un horloger fou vous remontait tous. Savant fou, horloger fou... Apparemment vous ne pouvez être sortis que d’un esprit dérangé. Peut-être le votre tout simplement. Tu continues de fixer ton interlocuteur, ta phrase déclenchant apparemment chez lui un amusement certain. Et la suite le fit plisser les yeux comme dans un rire silencieux. Tout est comique pour les monstres. Tout n’est qu’une mascarade. C’est le grand cirque n’est-ce pas ? Tu contemples le géant en attendant sa réponse. Tu n’es pas petit mais il ne l’est pas non plus, et il a pour lui cette carrure impressionnante, d’ours presque. On a l’impression que ses grandes mains calleuses pourraient enserrer un crâne et le presser jusqu’au point de rupture de l’os. Si tu tiens plutôt du loup décharné à l’air mauvais, il doit descendre du grizzly, bien en chair - ou plutôt en muscles - mais pas moins antipathique. Des animaux. Encore et toujours des animaux. C’est le point commun entre tout homme, toute femme. On pourra toujours comparer quelqu’un à un animal, quel qu’il soit. Un animal certes. Mais peu peuvent être considérés comme des bêtes. Vous faites partie de cette petite caste de privilégiés. Privilégiés... Que dis-je ? Maudits.
« On m’a déjà posé la même question il y a peu. Quelle coïncidence. » Qui donc pouvait bien avoir essayé de le rallier à la cause ? Voilà qui est étrange. Les gens s’approchent pourtant peu de la maison de vainqueurs qui ont vos réputations. Tu penches la tête, intrigué, mais ne poses pas la question. Cela viendra plus tard. « Je n’en sais rien. Je suppose que je pourrais. Mes opinions vous rejoignent. » C’est déjà un bon départ, plutôt positif à vrai dire. Tu auras peut-être plus de chance de le convaincre ainsi. Même si tu te doutais déjà qu’il ne pouvait pas aduler le Capitole. Vous êtes trop semblables pour différer autant sur un point aussi important. Ou du moins tu l’espères. Après tout sinon il t’aurait déjà dénoncé non ? « Jusqu’ici, j’ai aidé les rebelles pour moi, en restant dans l’ombre. Je ne suis pas impliqué plus que cela. Je ne sais pas, peut-être parce que tout comme toi je ne suis pas un grand adepte des interactions humaines. » Rester dans l’ombre. Tu l’as fait pendant des années. « Oh j’ai fait ça aussi. J’avais contacté la rébellion puis j’étais resté chez moi. Officiellement rebelle mais... Comme l’eau dormante. Plus symbolique qu’utile. Jusqu’à il y a quelque jours... » Et ça, ça veut tout dire. Ca veut dire que tu t’es réveillé, enfin. A vrai dire je n’attendais que ça depuis longtemps. « Je n’ai pas envie de recevoir de directives. Pas plus de Coin que de Snow. Je pense que tu peux le comprendre. » Oh que oui tu peux le comprendre. Tu n’as vu Coin que très peu de fois. Et tu n’as à chaque fois pas envie de réitérer l’expérience. Tu n’aimes pas Coin. Mais tout ça, ça va plus loin qu’elle. C’est plus grand. Tu grognes en signe d’assentiment. « Cela ne m’empêche pas de fracasser le crâne du premier Pacificateur qui s’approche d’un civil ou d’un rebelle. » A ton tour tu souris, de toutes tes dents. Non, pas les vraies bien sûr, celles tatouées sur tes lèvres. Cette attitude t’aurait plue il y a un temps mais maintenant tu ne sais plus. Dans ta tête maintenant ils peuvent bien crever tous ces gamins débiles qui s’en sentent pousser une parce que ceux d’à-côté se battent. Les innocents. Bah, c’est un titre qu’on donne trop à la va-vite ! Ceux qui se battent du côté des rebelles ne sont pas plus innocents que ceux du Capitole. Ils sont juste du même bord que toi. Il n’y a que quelques personnes à présent pour qui tu mettrais ta vie en péril. Théti, mais elle n’est plus là ; Lux, quoiqu’il arrive puisque ce soir où tu l’as ramené, c’était la promesse implicite que tu lui avais faite ; puis enfin Nephtys. Une des seules vraies innocentes dans ce putain de monde.
Tu jettes un oeil à Astaroth puis au mobilier qui vous entoure. Le vestibule, dans l’espace même, est comme celui de ta maison, mais ce ne sont bien évidemment pas les mêmes meubles. Pas la même décoration. Chez toi il y a principalement des choses que Tara avait voulues du temps où elle était encore là, d’autres que Théti avait demandé, elle aussi du temps où elle était encore là, et puis tes lampes halogènes qui envahissent toutes les pièces avec leurs bulles de liquide coloré. Tu n’es cependant pas là pour ça. Sans regarder ton interlocuteur, le regard fixé sur un objet quelconque posé sur la commode, tu parles. « Louables intentions. » Il n’y a rien d’ironique dans ta voix, rien de méchant ni d’agressif, pas plus que de moqueur. C’est une simple affirmation faite d’un ton plat. Tu relèves enfin la tête. « Je ne veux pas paraître intrusif, impoli ou quoi que ce soit mais peut-être qu’on pourrait parler de ça autre part que dans le vestibule, ça risque d’être un peu long pour qu’on reste ici. » Bon c’est pas non plus comme si t’allais rester trois jours mais voilà... Histoire de ne pas rester plantés comme des cons devant la porte.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
Dernière édition par Richard A. Huntsman le Ven 28 Déc - 13:10, édité 1 fois
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Mer 5 Déc - 18:57
❝ i can't control it. ❞
Home, where I learned the truth about despair, as will you. There's a reason why this prison is the worst hell on earth... Hope. Every man who has ventured here over the centuries has looked up to the light and imagined climbing to freedom. So easy... So simple... And like shipwrecked men turning to sea water from uncontrollable thirst, many have died trying. I learned here that there can be no true despair without hope.
Astaroth regardait Richard, sans réellement comprendre ce qu’il attendait de sa venue. Car oui. Aussi étrange que cela puisse paraître, notre vainqueur avait attendu depuis longtemps ce moment. Ce moment où les deux monstres pourraient se regarder dans le blanc des yeux, et se parler. Enfin. De monstre à monstre. Une conversation avec du sens. Pas comme celles avec tous les autres. Tous ceux qui pensaient comprendre, qui croyaient savoir ce que c’était d’être détruit, d’avoir vécu des choses affreuses. Oh, oui, ils savaient. Mais ils ne voyaient que l’aspect psychologique de la destruction. Richard et Astaroth avaient un tout autre point de vue. Ils représentaient un autre type de séquelles. Des séquelles physiques. Quelque chose qui s’était passé, outre des blessures, et qui jamais ne s’effacerait. Jamais Astaroth ne pourrait vivre sans ce masque qui lui pourrissait l’existence. Jamais Richard ne pourrait se départir de tous ces tatouages, et encore moins rendre la chaire de la carrière qu’il avait mangée. Lorsqu’on tuait un être que vous aimiez, vous souffrez. Vous souffrez, durant longtemps, et vous ne vous en remettez jamais vraiment ; ou tout du moins pas entièrement. Mais la vie continuait, et la plupart des gens retrouvaient le sourire. Le regard de pitié qu’on déposait sur eux au premier abord disparaissait petit à petit, et la vie reprenait son cours, sans que les choses ne paraissent réellement troublées. Le sujet de la mort de l’être cher subsiste dans les cœurs, et blesse toujours autant. Mais au bout d’un moment, on arrête de se demander pourquoi on se lève le matin, pourquoi on respire. On ne se le demande plus. On le fait juste. Et puis, le temps continue de s’égrainer. Et au final, on n’y pense même plus. On se contente de respirer, sans remarquer qu’on continue de le faire, et on se lève le matin parce que c’est naturel. Le monde continue de tourner. Et nous avec. Ce n’est pas pour autant que l’on oublie, mais le souvenir est digéré, posé dans un coin de notre esprit, et il ne bouge plus. Il ne court plus aux quatre coins de votre tête pour vous faire souffrir. Il reste là. Calme. Et vous, vous continuez de vivre. Mais les séquelles physiques, elles, hein ? Lorsqu’on vous prend une partie de vous, visible sur cette terre, lorsqu’on vous arrache un morceau de votre être, via ce physique que vous regardez tous les jours dans le miroir ; était-ce réellement la même souffrance, comme beaucoup se le demandaient sans cesse ? Ne posez pas la question à Astaroth. Il vous mépriserait. Il connaît les deux souffrances. La perte des êtres chers, il a donné. La maltraitance physique, il a donné aussi. Il n’arrivait pas à se regarder dans le miroir sans se détester. Et ses séquelles physiques reflétaient ce qu’il avait été incapable de protéger. Qui il avait été incapable de protéger. Elle. Le souvenir de la mort de Pandore s’effaçait toujours, régulièrement, mais ressurgissait chaque fois qu’Astaroth regardait ce masque. Il n’arrivait pas à s’en débarrasser. Et personne ne le comprenait.
Personne, sauf Richard. Ou tout du moins semblait-il.
Le vainqueur du District Six exprima la louabilité des intentions de son vis-à-vis. Pas l’ombre d’un sourire n’apparut sur les lèvres d’Astaroth ; rien ne parut sous le masque. Il n’avait pas perçu la moindre ironie, ni la moindre intonation sarcastique. Et pourtant, il savait bien que Richard jugeait quelque peu ses actes. Qui ne l’aurait pas fait ? La plupart des gens ne comprenaient rien au monstre du District Onze. Et celui-ci ne s’en plaignait pas. Même si des fois, lorsque quelqu’un se montrait capable de comprendre ne serait-ce qu’une bribe de sa souffrance, il devait avouer que cela le soulageait énormément. Peut-être était-ce pour cette raison que la visite de Ludmilla, la dernière fois, lui avait fait un bien fou, malgré la souffrance qu’elle avait pu lui causer également. La souffrance de la jolie blonde n’avait fait que renforcer la sienne. Et pour la première fois de sa vie, il s’était dit que peut-être Pandore avait-elle plus trouvé le repos qu’autre chose, là où elle était. Ou tout du moins davantage de paix que si elle était restée dans ce monde de barbares. Où le pire aurait pu lui arriver. Mais morte, elle était en paix, quelque part. Elle se reposait. Loin du crime et de la barbarie perpétrés par le Capitole et les rebelles. Loin de tout cela.
D’un geste de la main, Astaroth fit signe à Richard de le suivre, répondant par là même à sa demande de s’installer plus confortablement. D’un pas lourd, il s’aventura dans sa demeure, jusqu’au salon, où il indiqua les canapés et fauteuils accueillants rarement d’autres personnes que lui-même. « Installe-toi. » Restant debout, Astaroth alla remettre en place un cadre sur un petit meuble. Il l’avait déplacé le matin-même, en s’énervant pour un détail ridicule, et en donnant un coup dans ce meuble. Rien de bien méchant. Il se tourna à nouveau vers son invité, essayant d’adopter un ton pas trop agressif. Peine perdu pour un homme de son genre, qui n’avait que bien trop l’habitude d’envoyer chier les gens, ou d’être distant. « Tu veux boire quelque chose ? » Alcool, thé, café, autre. Il avait de tout. Il ne buvait pas, faute de pouvoir, mais il avait. Il recevait de plus en plus fréquemment des gens. Alors des mesures s’imposaient, en effet. Doucement, il soupira. Ses épaules s’affaissèrent, tandis qu’il secouait légèrement la tête. « Alors. Comment ça se passe, maintenant ? » Rien d’agressif. Juste de la curiosité. Qu’est-ce que Richard avait l’intention de faire ? Lui demander de rejoindre les rebelles ? Le persuader de le faire ? Ou simplement lui exposer ses opinions et ses idées ? À quoi tout cela allait-il bien pouvoir rimer ?
D’un geste las, Astaroth se tourna vers Richard, le regardant sans même s’attarder sur tous ses tatouages. Comme s’ils n’étaient pas là. Alors qu’ils y étaient, bien entendu. Simplement, Astaroth ne les remarquait pas. Pourquoi l’aurait-il fait ? Ils faisaient partie intégrante du corps de l’homme qui lui faisait face. Ils étaient là, et ils y resteraient. Et notre vainqueur les acceptait entièrement. Avec une pensée aussi curieuse qu’amusée, il se remémora la venue de Ludmilla. Et naturellement, une pensée lui vint. Simple, amusante, mais réaliste.
On aurait réellement dit que les rebelles du District Six s’étaient fait passer le mot pour rallier à leur cause le monstre du District Onze. Comme quoi, des fois.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Ven 28 Déc - 14:58
❝ look in the mirror ❞
We stare at our reflexions in the mirror, why are we doing this to ourselves ? Losing our minds at the sight of our wasted bodies and souls. Yes. We're ugly enough to make the mirror crack, but that doesn't matter does it ? No mattre how twisted we may seem when we look through the glass, we can overcome it. Because we're children of the darkness, and in the darkness the is no reflexion. We'll break the mirrors into pieces.
Regarder Astaroth est comme regarder dans un miroir. C’est étrange, non ? Après tout vous ne vous êtes vus que très peu de fois, vous n’avez jamais été confrontés l’un à l’autre. Il semble normal qu’on puisse se retrouver en un membre de sa famille, quelqu’un qui nous ressemble. Il semble normal qu’on puisse se retrouver en un ami dont on connait tout et qui nous ressemble aussi. Mais il semble anormal que l’on puisse se retrouver en un étranger. Enfin, Astaroth est-il réellement un étranger ? Bizarrement, non. Je crois. C’est étrange n’est-ce pas ? Si... Déplacé. Tu le regardes à travers un miroir qui te reflète d’une manière visiblement distordue puisque vous n’êtes pas semblables, mais sans te changer. Comme si le vainqueur du onze était ton véritable reflet. En vous regardant, vous voyez ce que les autres voient de vous. Les monstres ont tous le même reflet non ? Encore faut-il du moins qu’ils daignent se regarder dans une glace. On ne trouve pas beaucoup de miroirs dans la maison d’êtres de votre genre, parce que ce que l’on y voit fait mal. Plus encore à lui qu’à toi je pense. Parce qu’en un sens, tu as choisi ces tatouages, tu as choisi de devenir le mort qui marche. Lui non. Tu avais réussi à trouver quelqu’un, tu avais réussi à avoir une vie après l’arène. Petit à petit, tout est parti. Ce n’était peut-être qu’une illusion, n’est-ce pas ? Tu as fini par les faire fuir à la longue, comme les autres. Je suppose que le destin n’a fait que se moquer de toi en te donnant un peu de temps, te faisant croire que tu pouvais être normal au fond. Le pire dans tout ça c’est que tu y as cru, désespérément, tu y as cru. Quel idiot. Quand t’y penses, même avant que ton nom ne sorte de cette boule de verre, tu n’aimais pas te regarder dans un miroir. Déjà tu ne te sentais pas très normal. Tu t’en doutais non ? Tu avais ce pressentiment que cela ne finirait pas bien. Il n’y aurait pas de ‘‘ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants’’ pour toi. C’est cela, les glaces ont toujours été tes ennemies, ton reflet a toujours été ton némésis. On n’y peut rien changer. C’est un peu triste non ? Des fois tu aimerais que cela fasse ce même effet aux autres, qu’eux aussi tremblent devant l’image que le verre leur renvoie, qu’eux aussi se sentent aspirés par leur propre regard et ne puissent plus le supporter. Tu aimerais que les gens souffrent de ce qu’ils sont, qu’ils voient ce que cela fait. C’est bien ce que je dis. Tu es un naufrageur, désespéré de voir les autres sombrer à tes côtés pour te dire que tu n’es pas le seul à mourir à petit feu. Oui c’est égoïste. L’homme est égoïste n’est-ce pas ? Tant pis. C’est comme ça, ça l’a toujours été. Il n’y a pas de raison que cela change, ni aujourd’hui ni demain. Tu ne changeras pas. Il ne changera pas. Regarde Astaroth. Regarde-toi.
Contemple donc le reflet du monstre que tu es devenu sans y prêter attention.
Je ne sais pas si ça t’est venu peu à peu, insidieusement, ou si au contraire ça a toujours été là, au fond de toi, attendant son heure, comme un serpent lové. Oui, c’est la bête dont je parlais tout à l’heure. Celle qui t’accompagne, toujours fidèle. Les Parques doivent bien s’amuser, quelques part au fond des enfers, à tirer sur leurs fils. Tu parles d’un ton neutre à Astaroth, ce ton neutre qu’il emploie aussi, tu le sais. C’est ce que font les monstres, ils conservent les illusions tant que possible. Et pour cela, quoi de mieux que la neutralité ? Elle donne l’impression d’indifférence. En ce moment c’est vrai que tout t’indiffère, tout te lasse. L’indifférence rend inoffensif. Mais aussi terriblement dangereux. On n’attend pas de quelqu’un d’indifférent qu’il lance une offensive ou fasse délibérément du mal à qui que ce soit. Mais on n’attend pas non plus de quelqu’un d’indifférent qu’il vienne nous sauver, nous sortir d’un mauvais pas, nous aider : il n’en a cure. Tu sais effectivement les intentions du vainqueur nobles mais tu n’as pas les mêmes. Tu te bats encore pour la rébellion, avec plus d’ardeur peut-être encore qu’avant le départ de ta fille, mais pourquoi ? Tu ne sais plus vraiment. Tu sais que c’est le Capitole qui t’a détruit, mais ce n’est pas lui qui a fait partir Théti. Alors pourquoi tu te bats ? La raison t’indiffère, tu te bats juste. C’est purement égoïste encore une fois. Et alors ? Dans ta tête tu te dis que tu n’en as rien à foutre. Dans la mienne je sais que quelque part si, sinon tu ne serais pas ici, face au monstre du onze, à essayer de le joindre à votre cause. Tu en as quelque chose à foutre.
Après ta réflexion, Astaroth te fait un signe pour t’inviter à le suivre dans les couloirs de la maison. Tu observes autour de toi. Oui, cela ressemble un peu à ta demeure, même si on peut noter des différences architecturalement parlant. Non, l’adverbe architecturalement n’existe pas. Je fais ce que je veux. En entrant dans une pièce que tu supposes être le salon, il te montre du doigt les fauteuils. « Installe-toi. » Tu t’exécutes sans hésitation. Après tout c’était toi qui avait demandé à quitter l’entrée. « Merci. » Tu remarques que ton hôte reste debout à s’occuper de deux-trois objets qui semblent le turlupiner maintenant qu’il les voit. Il se retourne vers toi et, assis, tu as une autre occasion de réaliser à nouveau à quel point il est grand et bâti comme une montagne. C’est là sa protection. Et si cela l’a sauvé de l’arène, ça ne lui sert plus vraiment à présent. Oh, peut-être à casser la gueule à un ou deux pacificateurs, mais ce n’est pas cela qui va le sauver de ses démons intérieurs. « Tu veux boire quelque chose ? » Tu bois beaucoup en ce moment. Et pas de la camomille, quelque chose de plus fort. Mais tu n’es pas là pour te saouler, tu as une mission à accomplir. Une mission que tu t’es auto-assignée mais qui te dépasse étrangement, comme si c’était plus un instinct qu’une décision. Tu secoues la tête pour décliner son offre. L’homme devant toi semble s’ébranler en un soupir, s’écrouler un petit peu. « Alors. Comment ça se passe, maintenant ? » C’est vrai ça. Comment ça se passe ? Dis-moi, c’est quoi le plan Richard ? Comment vas-tu convaincre cette vieille branche de se joindre à votre petite sauterie ? As-tu déjà des phrases toutes faites ? Des arguments préparés ? Un discours écrit que tu n’auras plus qu’à réciter.
« Je sais pas. Je suppose que je devrais essayer de te convaincre de nous rejoindre. » Ah, c’est tout ? Tu n’as pas d’argument badass ? Rien ? Pas un tout petit mini argument ? Allez, fais-moi plaisir... Tu es secoué par un pauvre petit rire un peu las. « Je me rends compte que je sais pas vraiment pourquoi je me bats. » Je sais pas si ça va l’aider à se dire qu’il veut rejoindre la rébellion, c’est plutôt un contre-argument. Bah, t’as jamais été un beau parleur de toute façon mais tu pourrais au moins essayer. Heureusement que t’as jamais eu envie de soulever des foules pour une cause parce que tu te serais fait lyncher à mon avis. On t’aurait jeté des pierres. Tu relèves la tête d’un coup et plonges tes yeux verts dans ceux de ton interlocuteur. « Ce que je sais par contre, c’est contre quoi je me bats. » Ouais. Tu marques une pause. « On doit le faire tomber Astaroth, il nous a tout pris. » Votre vie, votre innocence, votre humanité, votre famille, ceux que vous avez aimés. Tout. Il a fait de vous des monstres incapables de supporter leur propre vue dans le miroir. Vous devez lui rendre ne serait-ce qu’un centième de ce qu’il vous a infligé.
Si quelqu’un peut comprendre ça, c’est bien Astaroth.
Et si vous mourez en essayant, eh bien tant pis. Vous ne serez pas les premiers, d’autres y sont déjà passés. Ludmilla. Pour elle aussi vous devez vous battre. Pour elle et tant d’autres.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Ven 25 Jan - 14:34
I'll spit on their graves.
Richard ne voulait rien boire. Et il paraissait totalement logique qu’Astaroth ne boive pas la moindre goutte non plus. Son masque rendait cette tentative impossible. Ou alors, il aurait dû l’enlever. L’enlever, et montrer son réel visage à cet homme. Montrer ce qu’il était, sous le monstre. C’était tentant. Mais Astaroth n’était pas prêt à le faire. Il ne connaissait pas Richard. Il ne savait quasiment rien de lui. Et l’inverse était également vrai. Il n’avait pas envie d’enlever ce masque, et de livrer son vrai visage à quelqu’un. C’était triste, paradoxal. Il se rendait compte que, depuis qu’il portait cette chose, il avait appris à vivre avec, à en avoir besoin pour vivre. Il se protégeait avec cette horreur. Les gens ne voulaient pas le connaître, grâce à cela. Ils ne voyaient que sa monstruosité. Et ils laissaient le pauvre petite Astaroth blessé par l’âge, par les Jeux et par la vie, tranquille. Que rêver de mieux ? Ils ne comprenaient pas. Ils pensaient que c’était une fierté d’avoir gagné les Jeux de la Faim. Pour beaucoup, certainement, oui. Mais lorsque l’on y protège quelqu’un au péril de sa vie, c’est davantage une malédiction. Il aurait voulu mourir aux Jeux. Mourir, et que cette petite puisse vivre. Elle, elle s’en serait remise. Elle se serait probablement relevée, elle aurait vécu sa vie. Elle aurait trouvé un mari, elle aurait eu des enfants. Elle aurait été bien, paisible, heureuse. Avec des horreurs derrière elle, mais elle aurait appris à vivre à nouveau. Il n’en doutait pas. Elle était forte, et indépendante. Elle aurait réussi. Mais lui… Lui, il n’honorait pas la mémoire de cette petite puce comme celle-ci aurait pu le faire avec la sienne. Il souffrait d’être encore debout, chaque jour qui se déroulait en ce bas-monde. Il avait l’impression de mourir, chaque fois qu’il pensait que la petite Pandore aurait pu devenir grande, et vivre avec sa famille dans le district six. Il aurait préféré mourir. Le masque lui offrait cette protection. Cette protection contre le monde. On ne le brusquait pas, on ne lui parlait pas de la guerre, et cela entravait de moitié sa souffrance. Cela faisait de lui un homme aux nombreux secrets, mais aux secrets qu’il voulait garder. Garder, juste pour lui, et éviter de se faire souffrir en les partageant. Astaroth était devenu un monstre. De moitié à cause de ce masque. Mais l’autre moitié, qui était apparue au fil des ans, était due uniquement à lui-même. À lui-même, et à sa volonté qu’on le laisse vivre tranquille. Qu’on le laisse mourir tranquille.
La réponse de Richard à sa question laissa notre colosse pensif. Silencieux, également. Il ne répondit pas tout de suite. Il voulait le rallier à la cause rebelle, bien entendu. C’était une évidence, il s’en était rapidement douté. Mais il pensait que son vis-à-vis utiliserait des arguments plus… Frappants. Il ne s’était pas attendu à un discours politique, pas le moins du monde. Bien au contraire. Il connaissait la disposition de Richard à rester silencieux sur ces opinions, et à ne pas trop s’épancher. Il était comme lui. Ils étaient semblables, sur beaucoup de points, et notamment celui-ci. Richard n’allait pas bourrer le moule d’Astaroth, comme beaucoup auraient pu le faire. Richard allait laisser les choses se faire, il allait lui dire ce qu’il pensait. Ils allaient avoir une conversation d’adulte. Et notre ours n’aurait pas à écouter un bourrage de crâne lassant, et uniquement destiné à le faire craquer. S’il refusait, Richard ne lui tirerait pas une balle entre les deux yeux, ou tout du moins il ne le pensait pas. Après tout, quelle raison aurait-il eu de le faire ? D’après ce que l’homme aux tatouages laissait paraître, il était loin d’être extrémiste. Il ne savait pas pourquoi il se battait, il le disait lui-même. Il savait juste que c’était contre le Capitole. Ce Capitole, qui leur avait absolument tout pris. Ce Capitole, qu’ils devaient à tout prix faire tomber. Astaroth était d’accord, parfaitement d’accord. Lui aussi avait envie de voir ce régime chuter, ces dirigeants payer pour tout ce qu’ils avaient fait. Détruire des êtres chers, détruire leur vie. Tout leur prendre, jusqu’à leur humanité aux yeux de leurs congénères. Astaroth et Richard avaient d’autant plus de raisons de se battre. Et notre colosse savait pertinemment que son interlocuteur disait vrai. Oui. Il fallait les faire tomber. Les descendre plus bas que terre. Les anéantir. Mais dans la tête de notre homme, c’était simplement un tout petit peu plus compliqué que cela. « Ils tomberont. Ce n’est qu’une question de temps. » Astaroth s’adossa au meuble duquel il s’était approché, croisant ses bras sur sa poitrine, regardant Richard. Il n’avait pas envie de s’asseoir. Il n’avait que rarement envie de s’asseoir lorsqu’il discutait, en réalité. « Si ce n’est pas sous cette vague, ce sera sous la prochaine, ou au pire des cas, sous celle d’après. Mais Panem leur règlera leur compte. » Il parlait d’une voix simple, calme, posée. Énonçant des choses qui étaient à ses yeux d’une vérité pure et simple. D’une vérité affligeante, et écrasante. « Le district onze est sous le commandement des rebelles, désormais. Mais cela ne les empêche pas de gronder, de marteler la terre comme une horde de chiens fous et avides de sang. » Du sang. C’était cela qu’ils voulaient. Du sang. Encore et toujours du sang. Astaroth en avait conscience. Et lui, qui avait vu tant de gens sous sa responsabilité s’effondrer dans une marre de sang, ne savait même plus si celui-ci le répugnait, ou l’attirait. Il ne demandait pas du sang. Il voulait de la paix. Du calme. De la tranquilité. « Du sang, c’est tout ce qu’ils veulent. Crois-tu que la moitié de ces jeunes savent réellement pourquoi ils se battent ? » Légère petite pause, ne laissant cependant pas la possibilité à son vis-à-vis de répondre. « Pourtant, ils le font. Ils se battent, ils suivent aveuglément des personnes au désir de sang prédominant. Ils se battent, et ils en veulent plus, toujours plus. Les rebelles sont en train de sauver Panem. C’est ce que j’aimerais croire. » Alors pourquoi ? Pourquoi n’y croyait-il pas ? Pourquoi était-il si sceptique ? Pourquoi douter de ce que tout le monde clamait haut et fort ? « Ils sauvent Panem en détruisant tout autour d’eux. C’est le prix à payer lors d’une guerre, certes. Mais crois-tu réellement que tout s’arrêtera là, lorsqu’ils en auront fini ? » Astaroth fixait Richard. Il finit par déposer son regard un peu plus loin. Presque gêné par tout ce qu’il était en train de dire. Il ne savait pas où il allait, réellement. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait peur de s’engager dans la rébellion. Peut-être parce qu’il n’avait pas l’habitude de recevoir des ordres. Ou peut-être tout simplement parce que depuis que son district était aux mains des rebelles, il voyait des choses défiant son imagination, et lui faisant progressivement changer d’avis sur les choses qui l’entouraient.
Astaroth voulait vivre. Il voulait que les habitants de Panem aient eux aussi le droit de vivre. Le choix de vivre. Qu’ils soient libres. Et que ces rebelles se battent pour la liberté. Non pas pour une vengeance sourde et aveugle, que Coin dirigeait du haut du District Treize. Cette vengeance sans foi ni loi, qui était en train de s’appliquer à travers tout Panem. Il voulait libérer les oppressés. Sans qu’ils soient soumis à toutes ces atrocités, sans que leur désir de sang soit cultivé. Il voulait que le peuple soit libre. Et non entravés par une prison ne portant que le nom de liberté. Il voulait que justice soit rendue. Mais la justice, en ces jours sombres, avait pris une toute autre signification. « Je veux qu’ils tombent. Je veux qu’ils payent. Mais je ne suis pas sûr de vouloir le sort que Coin leur réserve, une fois qu’elle aura écrasé tous les Districts, et vaincus les Pacificateurs. Une fois qu’elle les aura tous fait décapiter aux yeux du monde entier, pour affirmer sa supériorité. » Stop. Arrête-toi. Respire. Ferme les yeux. Oublie. Pardonne.
Non. C’était impossible. Il ne pardonnerait pas. Il ne pardonnerait jamais. Les yeux fermés, Astaroth tentait de réprimer les images de violence qu’il avait pu apercevoir lors de la prise de son district par les rebelles. Il tentait de sortir la tête de l’eau. De trouver une bonne raison de rejoindre les rebelles. Mais dans la seconde précise, il n’en voyait pas.
Lentement, il rouvrit les yeux. Il fixa Richard. D’un regard sombre. Empreint de pardon. Il était désolé. Il n’aurait pas dû dire tout cela. Mais il l’avait dit. Il avait partagé son ressenti avec cet homme. Cet homme qui lui ressemblait tant. Et qui était peut-être le seul réellement à même de comprendre, sur cette putain de planète.
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Mer 30 Jan - 16:42
❝ it's not about us ❞
All those villains in the fairytales, did everyone ever care about their stories ? One can be born a monster, but one can't turn mean without any reason. Maybe this bad witch or wizard had dreams once, but saw his happy ending torn into pieces. Maybe he saw everyone go away as the time passed. And maybe all he has is this happy ending he needs to steal. Not for him. But for those who are gone. The lucky ones. The villain doesn't care any more. It's not about him any more. Maybe it never was.
Il a entre vous deux cette espèce de distance figée, comme pour vous protéger inconsciemment l’un de l’autre. Ce qui pourrait être justifié par le fait que vous soyez deux monstres plus que parfaitement capables de vous battre et d’essayer d’arracher la tête de l’autre. Ce serait justifié par son imposante musculature que l’on peut deviner sans mal jouer sous ses vêtements. Cela serait justifié par vos natures de rebelles et de vainqueurs. S’il voulait, il pourrait très certainement te tuer en une poignée de secondes. Tu n’es pas un ennemi facile à abattre mais tu sais parfaitement que tu ne ferais pas le poids face à la bête qu’Astaroth représente. Il a l’air de la machine à tuer qu’il n’est pas. Tu sais qu’il ne l’est pas oui, et tu sais également que tu n’as rien à craindre de lui. Il n’y a pas de question à se poser sur l’origine de cette certitude, c’est comme ça, c’est tout. Pourquoi alors cette distance entre vous ? Je ne sais pas. Tu ne sais pas. Cela semble sage, naturel même que deux créatures aussi semblables et dangereuses que vous instaurent entre elles une distance de ce type. Vous ne bougez presque pas, lui debout, toi assis, refusant son offre de quelque chose à boire. Vous auriez presque autant pu rester dans l’entrée de la maison, il ne servait à rien de venir ici. Venir dans le district onze tout court n’avait peut-être pas réellement d’intérêt au fond. A quoi bon le convaincre de vous rejoindre ? Il ne changera pas l’issue du conflit à lui tout seul. Et tu ne le connais même pas. Ou peut-être que tu le connais trop bien et que tu sais ce qu’il pense de lui-même. Se joindre à votre cause lui rendra peut-être le semblant d’humanité qu’il croit avoir perdu. Des raisons de se battre il en a, tout autant que toi, mais tu te dis que quelque part il faut lui prouver qu’il n’est pas un monstre. Ce serait te prouver que tu n’en es pas un. Je ne sais pas comment l’idée t’es venue. Ca s’est fait tout seul. Tu t’es levé le matin il y a quelque jour et Rhea était assise dans un coin de la pièce. Sauf qu’elle n’était pas seule. Il y avait avec elle une autre petite fille que tu as eu un peu de mal à reconnaître au premier abord avant de te souvenir enfin de qui elle était. Une gamine du six, morte il y a bien longtemps, tout juste un an avant ta petite rousse. Des grands yeux bleus délavés par son apparence de spectre, des cheveux coupés courts, toute petite. Plus petite encore que ton adorable fantôme. Tu te souvenais l’avoir vue à l’écran alors tu l’avais reconnue. Elle t’avait transpercé de son regard pas vraiment accusateur mais presque suppliant. Et elle avait disparu. Puis tu t’étais souvenu de son nom. Pandore. C’était il y a bien longtemps. Rhea était resté là sans dire un mot, comme à son habitude, mais elle ne t’avait même pas regardé cette fois-ci. Tu l’avais pris comme une espèce de signe. Et te voilà à présent, face à son ancien protecteur qui avait, comme toi, failli à sa tâche. Vous êtes vivants à la place de celles qui auraient dû vivre. Et vous arrivez à peine à vous parler véritablement. Quels piètres hommes vous faites. Des misérables.
Et comment comptes-tu le convaincre de se battre à vos côtés si tu ne sais même pas quoi lui dire toi-même ? C’est mal parti. Surtout que tu n’es pas devant un crédule qui boira tes moindres paroles sans discuter. Si c’était le cas tu ne te donnerais même pas la peine d’essayer de prêcher, tu n’aurais même pas pris le train. Pandore ne serait probablement pas venue te voir. Tu essaies de lui dire que ceux avec qui on se bat, ça ce n’est pas important. C’est ce contre quoi vous vous battez qui vaut que vous sortiez de vos cavernes de monstres. Qui surpasse le reste. Et vous avez un ennemi commun. Le plus grand ennemi qui vous puissiez avoir. Celui qui a fait de vos vies un désert rempli de cadavres. Snow. « Ils tomberont. Ce n’est qu’une question de temps. » Oui, ce n’est qu’une question de temps. Tout n’est qu’une question de temps, il est celui qui fait et défait les actes, le maître de ce monde. Mais il a souvent besoin d’aide. Le géant se repositionne face à toi, réfléchissant visiblement. « Si ce n’est pas sous cette vague, ce sera sous la prochaine, ou au pire des cas, sous celle d’après. Mais Panem leur règlera leur compte. » Oui, le peuple, un jour ou l’autre, finira par leur ôter cette suprématie usurpée. Mais plus il tardera plus le Capitole sera ancré, et tu ne veux pas le laisser continuer à blesser Panem, à laisser des cicatrices dans le coeur des habitants traités comme des esclaves. Et c’est purement égoïste après, mais tu veux être là pour voir la chute de leur tour blanche, les voir sombrer dans la décadence et essayer de s’enfuir comme des rats quittent un navire quand ils se rendront compte que la fin leur brûle les pieds.Mais ils ne pourront pas s’enfuir, ils seront à la merci de ceux qu’ils auront opprimé pendant bien trop longtemps. Oui, tu veux voir ça. Définitivement. Et si c’est égoïste tu t’en fous, tu n’es pas connu pour ton altruisme et ton grand coeur. « Le district onze est sous le commandement des rebelles, désormais. Mais cela ne les empêche pas de gronder, de marteler la terre comme une horde de chiens fous et avides de sang. » Le sang. Le sang. On a promis du sang aux rebelles, le sang des pacificateurs et des habitants de la haute sphère, et ils le veulent. Ce sont des animaux. L’homme est un animal dont la bestialité se révèle toujours dans le combat. Les dirigeants n’y peuvent rien. « Du sang, c’est tout ce qu’ils veulent. Crois-tu que la moitié de ces jeunes savent réellement pourquoi ils se battent ? » Non. Aucun d’entre eux ne le sait. Tu le sais. Tu le sais parce que tu as été dans l’arène, que tu y as vu la mort, la destruction, l’oeuvre du Capitole. Mais la plupart d’entre eux ont juste soif de gloire éphémère et de sang ennemi. Tu secoues la tête avec une espèce de dégoût déçu. Non. Il a raison. « Pourtant, ils le font. Ils se battent, ils suivent aveuglément des personnes au désir de sang prédominant. Ils se battent, et ils en veulent plus, toujours plus. Les rebelles sont en train de sauver Panem. C’est ce que j’aimerais croire. » C’est ce que tu veux croire toi aussi. C’est ce qu’il te faut croire si tu veux continuer à vivre. Sinon tu n’auras plus qu’à te terrer dans ta maison, à t’occuper de Je Ne Sais Pas, du chat, et à ne plus avoir d’interaction sociale puisque plus rien n’en vaudra la peine. « Ils sauvent Panem en détruisant tout autour d’eux. C’est le prix à payer lors d’une guerre, certes. Mais crois-tu réellement que tout s’arrêtera là, lorsqu’ils en auront fini ? » Tu ne regrettes pas que ton interlocuteur soit intelligent, qu’il se pose des questions et surtout qu’il se pose les bonnes mais quelque part c’est dérangeant. Parce qu’il a probablement raison mais que tu veux lui prouver que quelque part il a tort. Tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc et encore moins une révolte. Il y a deux partis qui se battent, des effusions de sang et comme dans tout guerre, des innocents qui souffrent, des sacrifices non consentis, des pertes inutiles. C’est la guerre. Tout autour de vous le monde est en ébullition et ce genre de choses a toujours des conséquences, mauvaises et bonnes. Vous ne pouvez pas arrêter ce qui est en route, vous ne le devez pas. Alors pourquoi ne pas l’aider à aller au moins plus vite ? Ce sera fini enfin. Bon il est vrai que tu ne penses pas que Coin soit forcément meilleure que Snow, mais elle a peu d’importance. C’est le combat qui compte.
« Je veux qu’ils tombent. Je veux qu’ils payent. Mais je ne suis pas sûr de vouloir le sort que Coin leur réserve, une fois qu’elle aura écrasé tous les Districts, et vaincu les Pacificateurs. Une fois qu’elle les aura tous fait décapiter aux yeux du monde entier, pour affirmer sa supériorité. » Qu’il arrête. Il sème le doute dans ton esprit. Oh, tu sais bien qu’elle ne sera pas tendre avec l’ancien gouvernement quand elle mettra la main dessus, tu sais très bien qu’elle les tuera et probablement en direct. Mais ce n’est pas la question. C’est le seul langage que la population comprenne. La violence et la mort. Il lui faut ça au paysan qui s’agite avec raison parce qu’on l’a trop opprimé. Ils veulent du sang et Coin n’est pas assez stupide pour le leur refuser. Tu contemples ce vainqueur brisé et tu réfléchis. Il semble navré de s’être laissé emporter mais tu ne lui en veux pas. A sa place tu aurais dit la même chose. « Tous ces massacres ne sont pas tous l’oeuvre de l’armée du treize. Ce sont tous ces civils qui sentent le vent tourner et essaient de participer, de se venger par eux-même. » Dieu sait que tu en as vu des jeunes qui n’avaient rien à voir avec la rébellion, se soulever et se jeter sur un Pacificateur blessé ou déjà à terre pour le rouer de coups. Ils sont bien plus anarchiques, bien plus violents, bien moins entraînés et bien plus sanglants que les rebelles dirigés par le district treize. « Les rebelles évitent les effusions. C’est le peuple qui s’entre-déchire. » Comme lors de la Révolution Française, comme à la fin de la seconde guerre mondiale où les plus violents envers les collaborateurs ont été les ‘‘résistants de la dernière heure’’ qui essaient de faire croire qu’ils méritent la gloire et qui veulent leur content de sang une fois qu’ils savent qu’ils ne seront pas blessés ou tués. Pathétiques. Mais bien trop nombreux. « La machine est en route. Nous ne pouvons pas l’arrêter, tout ce que nous pouvons faire c’est aider la pilule à mieux passer. » Limiter la casse. Sauver le plus de gens pendant que le changement se fait. Il n’y a rien d’autre à faire. Attendre, aider. « Même si nous pouvions arrêter cela, le faire rendrait les morts déjà enterrés inutiles. » Déshonorer leur mémoire. Ils se seront battus et seront morts en vain. Tu n’as peut-être plus grand chose à faire des vivants outre ton désir de vengeance, mais tu respectes les morts. Ils ont tout perdu, tout gagné peut-être. Mais ils méritent de l’avoir fait pour une raison. Tu refuses de voir leur souvenir bafoué, leurs tombes foulées du pied sans aucun respect, parce que vous n’aurez pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de ce que vous avez commencé. « Tu ne crois pas qu’il y a déjà eu assez de morts inutiles ? Rhea. Pandore. » Cybéline. Katell. Ludmilla. C’est pour elles. Tout pour elles. Oui, c’est la guerre, oui le peuple souffre, mais le peuple souffrira toujours si vous ne faites rien. Et elles le méritent.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Dim 3 Fév - 18:35
Freaky soldiers, but nothing else.
Astaroth s’était lâché. Il avait lâché ce qu’il avait à dire, ces pensées qui mûrissaient au fond de son esprit depuis quelques temps, quelques mois. Depuis le début de la révolte, et la guerre dans le District Onze. Il avait longtemps pensé, avant que les choses ne se mettent réellement en place, que cette révolte serait une libération, et permettrait de mettre fin à l’asservissement du peuple de Panem. Mais à quoi s’était-il attendu ? À une guerre propre, nette et ciblée, qui n’offrirait que des bonnes choses ? Même après presque quarante ans de vie, Astaroth en était finalement encore à croire à des rêves d’enfants, des contes racontés à son chevet, lorsqu’il avait peur d’être sélectionné aux Jeux. Ou de se faire embêter par des enfants le lendemain matin à l’école. Ou bien qu’il avait mal à la tête, et que le masque qu’il portait lui faisait peur, qu’il se faisait peur à lui-même. Monstre enfantin, monstre innocent, qui n’avait voulu que s’échapper, et grandir en paix. Ce petit monstre, comme sa sœur l’avait toujours appelé, qui avait fini par se renfermer et se cloîtrer dans ses pensées noires et défaitistes. Mais pendant longtemps, il était resté un enfant. Un petit garçon, détruit par la mort et le chagrin, qui avait vu des choses affreuses dont il était bien incapable de parler. Parler ne le soulageait pas. Personne ne comprenait. Son père se cachait derrière un masque d’indifférence, sa sœur le méprisait, sa mère l’écoutait sans comprendre, essayant d’écouter sans entendre, pour ne pas voir ses propres nuits agitées de cauchemars sans fin. Astaroth avait fait souffrir toute sa famille, et il n’en avait jamais eu conscience. Puisque Dana avait manifesté sa souffrance par la colère, son père par l’indifférence, et sa mère par la distance affectueuse. Elle était restée la plus proche du petit Sitael blessé, mais avait toujours fait les choses sans vraiment les faire. Chaque câlin avait un goût froid, un peu répugné. Elle avait peur de se retrouver hantée par les cauchemars de son fils, et dieu sait qu’elle n’en avait pas besoin. Ses propres démons étaient en train de la détruire de l’intérieur, en même temps que sa maladie, dont personne n’avait appris l’existence, hormis finalement son fils, quelques temps avant sa mort. Sitael était devenu Astaroth tout seul. Parce qu’on l’avait laissé seul, au final. Complètement seul. Il n’arrivait pas à s’ouvrir aux gens, parce que les trois seules personnes auxquelles il avait réclamé de l’affection n’avaient pas été capables de lui en donner. Il ne pouvait leur en vouloir. Mais leur distance et leur acidité avait fait d’Astaroth ce qu’il était devenu. Le monstre. Le solitaire. L’ours. Lui-même.
Les yeux rivés vers le sol, il n’osait regarder Richard à nouveau. Il n’osait pas, n’avait pas envie de se confronter à ce regard dur, et tout aussi meurtri que le sien. Il avait dit ce qu’il voulait lui dire, et de manière plus générale ce qu’il avait envie de dire depuis quelques temps déjà. Il avait simplement eu envie de s’exprimer, et de se libérer ; c’était ce qu’il avait fait, et il ne regrettait pas. Il n’avait même pas peur du jugement de Richard. Peut-être aurait-il lieu, mais si c’était le cas, Astaroth ne lui en tiendrait pas rigueur ; il le comprendrait, très bien, même. Ce que notre vainqueur avait dit était lourd, et pouvait facilement porter à de nombreuses confusions. Cependant, il le pensait, et il ne retirerait rien. Jamais. La guerre était devenue monstrueuse, bain de sang terrifiant et répugnant, dans lequel flottaient des âmes innocentes, déchirées par ce quotidien sanglant et ces idées si noires qu’on leur avait inculquées. On avait souillé le peu d’innocents qu’il restait en ce monde, et il n’avait rien pu faire. Au fond, son impuissance tuait peut-être plus Astaroth que tout le reste. Il avait toujours été impuissant, incapable de protéger qui que ce soit. Et maintenant, il voyait tous les gens de son district, qui avaient toujours souffert sans pour autant en mourir, périr autour de lui, tomber comme des mouches face à ces idéaux et cette guerre. Il était tout aussi impuissant que pendant ces Jeux, où il avait perdu Pandore. Et Richard avait raison, dans tout ce qu’il était en train de lui répondre. Le peuple prenait les armes de manière bien plus barbare que les rebelles. Pourquoi ? Il était clair que cela n’avait rien d’illogique. Le peuple avait été maltraité ; les rebelles avaient insufflé les causes de la révolte dans les cœurs, et maintenant, tout était à feu à sang. Panem, les cœurs, les esprits, les corps, la peur et l’espoir. Tout.
Pandore. Ce nom claqua comme un fouet aux oreilles de notre vainqueur, produisant sur lui cet effet si particulier de le figer sur place. Pandore. Ses yeux, ses cheveux courts, son intelligence et sa douceur. Pandore. Il l’avait perdue, il avait échoué. Son sang avait coulé, alors qu’elle aurait dû rester entière, en vie, et continuer d’avancer, de vivre. Il avait tout raté, et il l’avait laissée tomber. Au sens propre du terme, puisque son petit corps s’était écrasé sur un rocher. Il s’en voulait. Il n’y était pour rien, mais s’en voulait tant. Et Richard venait de mettre le doigt sur le point sensible. C’était ainsi que tout s’était joué, et que les choses continueraient à se jouer s’ils ne faisaient rien. Il avait raison. Oui. Mais Astaroth ne pouvait pas. Il n’arrivait pas à se faire à l’idée de participer à la rébellion, d’aider le sang à couler. Il détestait le Capitole. Il détestait les Pacificateurs. Mais il n’avait pas envie de voir son cœur rempli de cette même haine aveugle qui terrassait tous les habitants de son district, et de tant d’autres. Il était bien plus fort, imposant et violent que la majorité de ces rebelles. Et il n’avait aucune envie de se voir injecter les mêmes idées dans le cerveau. Il deviendrait bien plus sanguinaire. Il avait conscience que sa nature profonde était celle d’une bête sauvage, et qu’on se complaisait à lui en donner l’apparence et la réputation. Mais il n’avait pas envie de satisfaire ce désir des gens de le voir se transformer en ce monstre qu’il n’était pas, cette bête avide du sang de ses ennemis, et de tous ceux qu’elle pourrait trouver. « Je le sais, Richard. » C’était un fait, il le savait. Il savait que trop de sang avait coulé, et qu’ils ne pouvaient se permettre d’en faire couler davantage. « Le peuple prend les armes, et crie sa colère, la manifeste au travers de sa barbarie, n’ayant rien d’autre en sa possession. L’exemple est donné par les rebelles, et le petit peuple de Panem a fait enfler la rumeur au point de la transformer en un hurlement sourd et caverneux. Ils essaient de faire tomber le Capitole, mais sont inexpérimentés, ne savent pas se battre, ni rien faire. Ils n’ont que la peur et l’espoir en guise d’armes, et même si ce sont les plus puissantes, que peuvent-elles face à ce Capitole qui les tient du bout de la main depuis des années ? Ils sont figés, accusent le coup de cette rébellion naissante, mais n’ont pas encore réellement réagi. Penses-tu qu’ils resteront les bras croisés de la sorte, tout du long de cette rébellion ? » Doucement, Astaroth s’interrompit, conscient qu’il venait de s’engager sur une piste brûlante. Mais cela ne l’empêcha pas de poursuivre. « Leurs offensives étaient timides, simplement pour faire comprendre qu’ils sont toujours là, et qu’ils réfléchissent à un plan de riposte. Et la seule chose que je vois, ce sont ces gens qui malgré la révolte, se trouvent mourant de faim dans la rue, décharnés, blessés, brûlés. Leur espoir est là, mais les questions commencent à arriver. La peur monte. La pilule ne passera pas, Richard. » Il serait sûrement en désaccord. Il le serait fort probablement. Astaroth se rétractait totalement. Il quittait ses positions rebelles, pour retomber dans un terrain complètement neutre. Mais ce n’était pas fini. « Ce qu’ils veulent de nous, c’est que nous soyions les monstres qu’ils ont toujours vus en nous. Ils veulent que nous tuions, comme ils nous ont vu tuer à la télé, et que nous soyions aussi cruels et sombres que nous avons toujours pu l’être face à tout le monde. Ils veulent que nous fassions ce que, dans leur tête, ils s’imaginent que nous faisons le mieux. Être monstrueux. Salir nos mains. Un peu plus ou un peu moins, pour eux ça ne changent rien. Ils ne veulent pas notre aide, ils veulent notre force, notre pragmatisme, notre résistance. Notre capacité à ce que soi-disant rien ne nous atteigne. » Il voyait les choses sombres, les choses à sa manière. Des choses que Richard condamnerait probablement. Mais qu’Astaroth se devait d’extérioriser. « Je ne rentrerai pas dans ce jeu. Je n’ai pas envie d’être le monstre qu’ils ont toujours fait de moi. » Il baissa les yeux, alors qu’il les avait relevés pendant sa tirade, convaincu et affirmé. Et soudain, la petite phrase s’échappa d’entre ses lèvres, derrière son masque, fluette mais posée. « Je ne pourrais pas te l’expliquer de la même manière que je l’ai expliqué à Ludmilla, certes. Mais je n’ai pas l’impression de pouvoir leur apporter ce qu’ils veulent. Ils ne veulent pas nous écouter. Ils veulent que nous agissions. Or il me semble que le peuple a plus besoin de mots que de violence. » Point.
Astaroth s’était complètement rétracté. Il avait décidé de se fermer à la rébellion. Que la rébellion se passerait de lui. Il en avait honte, lui qui avait toujours haï le Capitole. Mais ce qu’il pensait était véridique. Il avait mentionné Ludmilla, et sa visite d’il y avait quelques temps. Mais là n’était pas la question.
Astaroth garda les yeux rivés vers le sol, quelques secondes encore. Après quoi il releva ses prunelles bleutées vers celles de son interlocuteur. Il comprendrait si Richard décidait de le juger, et de se lever contre lui. Mais son regard débordait de sincérité et de franchise. Astaroth n’avait plus peur de penser. Ni d’exprimer le fond de ses opinions. La seule chose dont il avait peur, c’était de voir encore d’innombrables innocents périr sous ses yeux.
Ce qui, malheureusement, il le savait au fond de lui, se produirait, et plus rapidement qu’il ne pouvait l’imaginer.
Invité
Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH. Sam 9 Fév - 17:51
❝ we can only keep going ❞
All those villains in the fairytales, did everyone ever care about their stories ? One can be born a monster, but one can't turn mean without any reason. Maybe this bad witch or wizard had dreams once, but saw his happy ending torn into pieces. Maybe he saw everyone go away as the time passed. And maybe all he has is this happy ending he needs to steal. Not for him. But for those who are gone. The lucky ones. The villain doesn't care any more. It's not about him any more. Maybe it never was.
Dix jours, dix mois, dix ans, cent ans, un millénaire... Tu as l’impression de ne plus savoir depuis combien de temps tu es ici, depuis combien de temps tu es sorti de l’arène, depuis combien de temps tu vis tout simplement. Le temps a effacé sa trace de ton esprit, ne laissant plus qu’une vague notion de vocabulaire. Tu vis au jour le jour sans te soucier de cette notion qui ne semble plus qu’un vague délire de poète gorgé d’absinthe. L’horloge suspendue au mur ? Elle a fondu, comme dans les peintures surréalistes, et le temps a fondu avec elle, coulant sur le bitume pour disparaître dans une bouché dégoût comme un vulgaire rat. C’est ainsi que s’est arrêté Cronos. Noyé dans les profondeurs souterraines comme s’il ne s’était agi de rien de plus important qu’un petit soldat de plomb oublié. Pauvre petit soldat aux jambes brisées. Tu as coulé avec lui sur ce maigre bateau en papier malmené par les flots qui a pris l’eau bien trop vite, noyé sous le tumulte des vagues cruelles de l’existence. Tu as tout oublié sur ce bateau. Et la vie, et le tic-tac des aiguilles de ta montre qui avancent, et la douceur des pèches dans ta bouche, et l’amertume du citron sur tes gencives, et la douleur des genoux que l’on a écorchés, et le goût salé des larmes qui vous coulent dans la bouche, et l’éclat de rire des enfants, et la fraîcheur de l’humidité sur la prairie à l’aurore, et l’odeur mentholée des plats de ta mère, et la brillance de la neige comme des millions de cristaux resplendissant sous le soleil. Et la vie. On a l’impression que le temps s’est figé et pourtant les choses continuent d’avancer. Ou dans ton cas elles s’estompent peu à peu jusqu’à ne plus être qu’une espèce de goût amer sur la langue, qu’on semble connaître sans pouvoir l’identifier. C’est la vie qui passe sans qu’on s’en rende compte, qui fuit subrepticement en riant de tout ce qu’elle nous ôte sous nos yeux, tout en nous endormant suffisamment pour qu’on ne réagisse pas. Elle a gagné. Tu ne réagis plus. Tu te laisses malmener de tous les côtés en ne sentant plus rien. Les années sont ta morphine, elles calment ton ardeur de jadis à te battre contre la vie. Tu es englué maintenant, comme un oiseau dans une marée noire, qui ne se débat même plus, trop épuisé pour croire au salut. Une bien triste créature, semblable à celle qui lui fait face. Plus résignée peut-être. Pourtant tu es là. Ultime sursaut de rébellion envers la fatalité de l’existence, soubresaut d’un animal pris au piège qui se dit que peut-être, il reste encore un faible espoir, quelque vain qu’il soit.
Vain. La vanité. Tu l’as laissée sur le bord de la route il y a bien longtemps la vanité. Je me souviens. C’était un jour ni pluvieux ni ensoleillé, un jour un peu poussiéreux où tu prenais le train pour le Capitole avec cette impression que cela n’avait plus d’importance si tu revenais ou non. C’était ce jour-là je crois que ça a commencé. La déchéance n’a pas vraiment de commencement et elle ne s’arrête jamais vraiment, mais si j’avais à choisir un instant pour marquer son apparition, je choisirais ce jour. Une pierre blanche sur le calendrier. Ou noire. Ou grise. Une pierre c’est tout. Un de ces petits cailloux que les gamins lancent dans le lac avant de contempler les cercles d’onde se fondre peu à peu à la surface, sans plus se soucier que la pierre ait coulé pour aller se fondre dans le lit du lac, perdue dans cette boue collante et aveuglante, oubliée au milieu des autres qui ont sombré. Tu dardes un regard morne sur l’univers qui t’entoure, sachant que cela aurait pu être pire. Mais pas mieux. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Dieu sait qu’il est bien pitoyable ce monde, et c’est donc là le mieux que l’homme puisse faire ? Il semblerait oui. Et si ce monde doit couler, tu as souvent l’impression que tu n’essaieras pas de le retenir. Ainsi soit-il. Pourtant tu es là. La rébellion est une de ces fissures dans ta carapace. Au fil des années la carapace s’est durcie mais les fissures se sont multipliées. Elles ont des noms. Avaient. Rhea. Tara. Théti. Lux. Ludmilla. Pepper-Swann. Katell. Et Nephtys. Certaines fissures ont encore un nom oui, mais tu t’appliques à les colmater comme tu peux. Tu ne peux plus te permettre d’être faible. Tu dois être un roc, solide et dur, qui était là depuis longtemps et le sera toujours après que bien trop soient morts. Une constante qui ignore les tribulations incessantes d’un monde vivant bien trop vite. Astaroth semble être une de ces constantes lui aussi. Une constante fissurée comme tu l’es. Des noms sont gravés dans votre peau, cicatrices visibles pour tous ceux qui savent voir. Mais personne ne s’attache jamais à voir les bêtes que vous êtes et peut-être est-ce mieux ainsi. Sauf que toi, toi, tu ne peux ignorer ce que tu vois chez ce vainqueur du onzième district, c’est comme une vérité placardée sous tes yeux verts. Tu sais qu’il est aussi troublé que tu l’es.
« Je le sais, Richard. » Tu sais qu’il sait. Et il sait que tu sais qu’il sait. Et je pourrais continuer longtemps comme ça je crois. Mais je vais éviter parce que ce n’est pas que c’est un peu chiant mais si, quand même, il faut bien l’avouer. « Le peuple prend les armes, et crie sa colère, la manifeste au travers de sa barbarie, n’ayant rien d’autre en sa possession. L’exemple est donné par les rebelles, et le petit peuple de Panem a fait enfler la rumeur au point de la transformer en un hurlement sourd et caverneux. Ils essaient de faire tomber le Capitole, mais sont inexpérimentés, ne savent pas se battre, ni rien faire. Ils n’ont que la peur et l’espoir en guise d’armes, et même si ce sont les plus puissantes, que peuvent-elles face à ce Capitole qui les tient du bout de la main depuis des années ? Ils sont figés, accusent le coup de cette rébellion naissante, mais n’ont pas encore réellement réagi. Penses-tu qu’ils resteront les bras croisés de la sorte, tout du long de cette rébellion ? » Non, le Capitole ne restera pas longtemps sans agir, il lancera une contre-attaque. Le peuple de Panem a mordu la main qui le nourrissait et ce chien rebelle qu’il représente ne restera pas longtemps sans recevoir de correction. C’était bien ce qu’il s’était passé lors de la prétendue annihilation du district treize. Rien ne garantit que cela ne se passera pas à nouveau ainsi. Mais le train est lancé, il est trop tard pour l’arrêter. « Leurs offensives étaient timides, simplement pour faire comprendre qu’ils sont toujours là, et qu’ils réfléchissent à un plan de riposte. Et la seule chose que je vois, ce sont ces gens qui malgré la révolte, se trouvent mourant de faim dans la rue, décharnés, blessés, brûlés. Leur espoir est là, mais les questions commencent à arriver. La peur monte. La pilule ne passera pas, Richard. » La pilule ne passera pas. Les gens meurent. C’est ce qu’ils ont toujours fait. Ca a toujours été comme ça, ça le sera toujours et rien ne changera ce fait. Les gens meurent ? Et alors ? dirait quelqu’un qui n’est pas toi. « Ce qu’ils veulent de nous, c’est que nous soyons les monstres qu’ils ont toujours vus en nous. Ils veulent que nous tuions, comme ils nous ont vu tuer à la télé, et que nous soyons aussi cruels et sombres que nous avons toujours pu l’être face à tout le monde. Ils veulent que nous fassions ce que, dans leur tête, ils s’imaginent que nous faisons le mieux. Être monstrueux. Salir nos mains. Un peu plus ou un peu moins, pour eux ça ne changent rien. Ils ne veulent pas notre aide, ils veulent notre force, notre pragmatisme, notre résistance. Notre capacité à ce que soi-disant rien ne nous atteigne. » Monstrueux. Vous êtes des monstres. Lui. Toi. Il l’a dit. Il l’a dit en face. Tu le savais. Mais c’est si étrange de l’entendre dire par quelqu’un qui ne considère pas cela comme une insulte mais qui comprend la pleine mesure du terme. C’est comme se faire fouetter par une vérité que l’on n’ignorait pourtant pas. « Je ne rentrerai pas dans ce jeu. Je n’ai pas envie d’être le monstre qu’ils ont toujours fait de moi. » Être un monstre. C’est le jeu. Un jeu auquel aucune de vous deux ne peut se soustraire, un jeu terriblement dur, une punition atroce, mais un jeu néanmoins. Dont vous n’êtes pas les joueurs. Vous, vous ne jouez pas, vous ne vous amusez pas. Le maître du jeu est le Capitole, l’instigateur de cette mascarade. Et il a été rejoint par un partenaire, ou plutôt un adversaire. Les rebelles. Vous êtes leurs pions, leurs marionnettes, leurs cartes spéciales. Vous pouvez essayer de vous soustraire à leur joug si vous le désirez mais vous ne le pourrez pas. C’est impossible. « Nous avons déjà tué. Mais je n’ai pas tué à nouveau pour les rebelles. Et je ne le ferai pas. Je ne suis pas cruel pour les rebelles, je ne joue pas le monstre que je suis, juste pour leur utilité. J’agis comme je l’entends en restant à ma place, dans l’ombre de ma monstruosité. J’ai déjà les mains sales mais je ne les maculerai pas plus de sang pour la gloire de la rébellion. Je suis ici parce que je le veux et non pas parce qu’ils l’ont demandé. » Tu es et resteras monstre. C’est un fait. Mais cela ne fait pas de toi une créature ignoble massacrant et dévorant le coeur de gens à la demande de Coin. Tu n’es pas un électron libre, tous ceux qui se targuent de l’être dans ce bas monde se fourrent le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Tu ne te leurres pas, tu sais que tu n’es pas libre dans ta façon d’être car cette même façon a été façonnée par plus puissant que toi. Sauf que ce n’est pas une raison pour ne pas essayer d’ajouter sa pierre à l’édifice du changement.
« Je ne pourrais pas te l’expliquer de la même manière que je l’ai expliqué à Ludmilla, certes. Mais je n’ai pas l’impression de pouvoir leur apporter ce qu’ils veulent. Ils ne veulent pas nous écouter. Ils veulent que nous agissions. Or il me semble que le peuple a plus besoin de mots que de violence. » Faux. Le peuple s’est déjà bien trop abreuvé de mots qui n’étaient qu’un poison, un tissu de mensonges éhontés. Le peuple est en colère. Et un peuple en colère n’a que faire de mots, il veut du sang. De la violence, de la cruauté, des morts pour qu’ils se rendent compte enfin de l’horreur de leurs désirs. « C’est vrai. Mais le peuple est trop sourd pour écouter d’autres mots. Ils ne comprennent que la violence. C’est triste et c’est stupide mais c’est ainsi que l’homme est fait. » Oui, l’homme ne comprend que la violence, si ce n’était pas le cas, le Capitole ne se serait pas senti obligé d’instaurer les Jeux de la faim, image pure de violence et d’horreur créée dans le seul but d’effrayer les gens en leur montrant que les forces du Capitole sont supérieures aux leurs. Un langage primaire, animal. Le seul véritablement efficace finalement. Ce langage qui vous a conduits ici, Astaroth et toi. Si le peuple savait écouter les mots et lire entre eux au lieu de n’écouter que la rage des batailles, il n’y aurait pas de monstre au masque de fer. Il n’y aurait pas de monstre au corps de mort-vivant.Il n’y aurait pas deux hommes marqués par les cadavres qui pavent leur chemin, les pertes ignobles de ceux qui leur ont été ôtés. Et soudain, un mot de son discours te revient. Ludmilla. Il dit avoir expliqué quelque chose à Ludmilla. Pourquoi ? Tu lèves lentement la tête vers ton hôte. « Ludmilla est morte. » Il n’a pas pu lui expliquer quoi que ce soit. Peut-être qu’il s’est trompé de nom. Peut-être que ce n’était qu’une technique. Mais tu sais très bien ce qu’il en est. Ludmilla est morte.
musique : hans zimmer — davy jones (lullaby).
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Sujet: Re: ❝ let's put a mask on that face. ❞ ⧩ RICHAROTH.