Blossom-Olly Eponine Mercury

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Ma mort ? Vous n'avez pas plus joyeux comme question... genre moins macabre et chiant ? On peut pas parler de l'élevage d'oiseaux de ma tante ? Non... Je vois... Laissez moi au moins un moment pour réfléchir, ... comme si je pensais à ma mort tous les jours en me levant. Y'a beaucoup de façons de mourir, alors franchement... je sais pas, je pourrais tomber d'un arbre, ou mourir aux Jeux, qui sait. Je pourrais crever de faim, c'est une hypothèse assez plausible. OU bien mourir de vieillesse, dans mon lit, tranquille. Ça me plairait bien. Ce serait sympa. Moi, je me dis que mourir c'est pas si terrible, j'ai juste envie de profiter au maximum de la vie avant de profiter de la mort. Mais mourir, ça doit être une expérience vachement cool ! Dans tous les cas, la mort, c'est pas un truc dramatique, no worries, hein. Okay, y'a des gens qui le vivent mal, mais je vais vous dire... quand on meurt, on va tous dans un pays enchanté. Et là-bas, y'a des fées, et des papillons à paillettes. Y'a aussi des poneys roses, et des bisounours. Y'a des animaux, et vous pouvez leur parler, il vous feront la conversation. Et parfois même, quand on meurt, bah on revient à la vie, même si on a pas la même tête, même si on est pas dans le même district. En vrai, la mort c'est cool. Mais quand on en parle, c'est un peu berk parce que voilà... Mais sérieux les gens ! Je vous assure que quand le chat du président Snow est mort, il s'est transformé en prostituée, il est dans le district cinq à ce qu'on m'a dit... C'est la vrai vérité.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Je pourrais mourir pour beaucoup de choses en fait... Je vis pour beaucoup de choses, et sans ces choses... bah j'ai plus de vie. Je mourrais pour mes amis, parce que je les aime tellement, ils sont toute ma vie. Surtout Athos. C'est mon meilleur ami, et je l'aime plus que tout, je pourrais pas vivre sans lui. Je mourrais pour Jayson... Y'a Atlas aussi, mais non, je pourrais pas mourir pour lui, parce qu'il est quand même assez bizarre. Je crois qu'il est fou, vous croyez pas qu'il est fou ? Mais en même temps je l'aime bien, et puis c'est le frère d'Athos. Mais faut dire qu'il a quelques problèmes de pénis. Je trouve ça plutôt bizarre, vous savez, quand on sait que Athos et Atlas sont jumeaux... Physiquement ils ont quand même une sacré différence. La façon dont ils sont montés... Eh oui... Atlas n'a pas eu de chance de ce côté-là... ... ... A une époque, je serais morte pour mes parents et mes frères, mais ils sont morts maintenant. Et sinon, je mourrais pour du chocolat ou une montre en forme de tortue.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Hum... Je vois toujours tout du bon côté, je suis plutôt optimiste, ça m'aide beaucoup. Ça me permet de me faire plein d'amis, je suis super gentille comme fille. Mais vous vouliez dire... des trucs que je sais faire et qui sont plus exceptionnels ? Bah... Je suis pas une machine de guerre. Je suis assez énergique, je suis jamais fatiguée, en fait, je pourrais vous courir un marathon ! Mais là, non... j'ai zéro motivation là maintenant. Sinon qu'est-ce que je sais faire ? Je suis pas trop douée pour me battre, même si je peux toujours me débrouiller et griffer ou mordre. Je me souviens parfois de quand j'étais enfant, et de certaines choses, je sais que voir des choses dégoutantes, ça me choque pas. On me dit même que j'aime ça. Il me dit que j'aime ça, mais que pour l'instant, je dois laisser ça de coté. Ça vaut mieux. Mais je n'ai aucune force particulière. Je peux me débrouiller seule, je peux me faire des alliés, je peux parler avec les animaux, surtout les chevaux, parce qu'ils m'aiment beaucoup. Ils me sourient tout le temps, et ils sont en érection quand je leur parle. Je trouve ça mignon.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Non. Pas que je sache. Pas de frères et sœurs morts dans l'arène, pas de meilleurs amis, de grand oncle, de tante Marlise. Pas de cousine gagnante et riche à tel point qu'elle se fait déboucher l'anus avec une ventouse en or massif ornée de diamants. Personne... Personne... Enfin si y'a l'autre là. Eh-gland-vers. L'espèce de morue. Cette fille sert à rien, bien sûr, je sais qu'elle ne peut pas se passer de moi. C'est pour ça d'ailleurs que depuis qu'elle est revenue, qu'elle nous a fait croire qu'elle était morte... Bah depuis qu'elle est là, je l'envoie bouler. Elle passe son temps à chouiner parce que je lui manque, même si elle veut pas l'avouer. Je sais que j'ai toujours été sa seule amie, elle m'aime trop. Mais je vais vous dire un secret, pour moi, elle a juste été une petite distraction, c'était la fille débile qui servait à occuper l'espace et à boucher les trous. Quand elle est partie pour les Jeux, ça m'a rien fait, j'étais un peu jalouse de me dire qu'elle aurait l'occasion de voir le pays des merveilles avant moi. C'est pas très juste, mais au final, elle a ressuscité. Elle est pas morte, elle est revenue et voilà. Je savais que c'était vrai !

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Euh... Je sais pas. C'est qui Coin ? ... ... ... Non je blague, c'était une blague, arrêtez de me regarder comme ça, vous êtes trop sérieux. En fait, j'en ai rien à foutre. C'est pas trop mon problème, moi je veux juste vivre ma vie tranquille. S'ils veulent se taper dessus et se démembrer mutuellement, c'est eux que ça regarde. En fait, je trouve ça rigolo. Deux énormes groupes d'imbéciles que se font des coups bas, s'en foutent sur la gueule, s'entretuent, se torturent, se déciment. Et savoir qu'on est assez développé intellectuellement pour ne pas se laisser embarquer là-dedans. C'est presque jouissif. Donc non, je n'ai pas d'opinion. Peut-être que le régime n'est pas parfait, mais on sait pas ce que ce serait si Coin était au pouvoir, et puis... On n'est pas à plaindre à ce point non plus.

JE VIENS D'UN MILIEU favorisé à la base, mais j'ai beaucoup perdu depuis la mort de mes parents, et je vis comme je le peux à présent, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est assez rare, étant donné que je suis incapable de faire "des achats intelligents". DU COUP, MON NOM A 15 CHANCES/RISQUES D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D'étudiante, et je vend de petites sculptures en bois faites main ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime assez, enfin... je sais pas... Ouais, c'est cool.... JE SUIS DANS LE 7ÈME DISTRICT. AYANT 17 ans JE peux PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET (c'est quoi les Hunger Games ?) je m'en fous un peu, j'y pense pas. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

(Racontez ici votre histoire en une vingtaine de lignes. Donnez-lui la forme que vous souhaitez, mais pas besoin de faire de longs pavés, présentez l'essentiel. Vous pouvez utiliser la forme de la biographie, ou alors nous vous conseillons une anecdote qui pourra faire transparaître le caractère de votre personnage. Bref, cette partie est assez libre.)

« Eponine ? Eponine chérie... ? Où est-ce que tu es ? » Appelait Stanson Mercury, le père de famille. Il avançait dans l'obscurité du couloir du premier étage, faisant grincer le vieux plancher sous ses pas, cherchant sa fille de 5 ans. « Eponine ? » La seule réponse qu'il obtenait était un silence prolongé. Il entra dans la petite pièce du fond, éclairée par une vieille lampe suspendue au plafond. La pluie battante frappait contre les vitres, l'orage grondait, il faisait nuit noire. Assise au bureau, Eponine semblait concentrée dans ce qu'elle faisait. « Ah, tu es là... Je t'ai cherchée partout, ma puce » Il lui sourit, alors que l'enfant ne répondait pas, ne levait même pas les yeux. Elle griffonnait quelque chose, gribouillait... Le père s'approcha et prit une voix douce. « Qu'est-ce que tu dessines ? » Eponine dissimula son dessin à l'aide de son bras et continua à mettre des coups de crayon. Le père resta en retrait, attendant patiemment que sa fille termine son œuvre. La petite blonde releva finalement les yeux, et adressa un sourire angélique à son père en lui tendant la feuille de papier. Stanson la prit du bout des doigts, curieux de voir le résultat. Son sourire s'effaça lentement, il fronça les sourcils en observant le dessin de sa fille. Sa main tremblait légèrement. Il leva les yeux vers sa fille, une lueur de terreur dans les yeux, et lui caressa la joue un instant dans un geste réconfortant... qui visait plus à se rassurer lui-même. Sur le dessin, des masses noires et rouges aux airs humains reposaient, tels des corps démembrés. Stanson quitta la pièce en emportant la feuille qu'il alla jeter dans le feu de la cheminée du rez-de-chaussée.
Personne ne fut jamais mis au courant de cet épisode. Jamais Zephya Mercury, la mère d'Eponine ne fut informée de l'existence -courte certes...- de ce dessin. Liam, Taylor et Drew, les trois frères, n'auraient jamais connaissance de cette œuvre. Quant à Eponine, le temps lui fit oublier ce gribouillage d'enfant, qui pour elle n'était de toute façon rien de particulier, juste un dessin. Juste un foutu dessin. Stanson, lui, ne l'oublierait jamais. Mais ça ne changea pas sa relation avec sa fille, sa seule fille. Eponine grandit dans une famille aimante, parfaite. Elle-même avait tout de la fille parfaite. Drew, d'un an son cadet, était une vraie tête. Lui et la fillette passaient leur temps à se chamailler, ne se supportant pas l'un l'autre. Elle le trouvait incroyablement bizarre, à accorder tant d'importance à des choses totalement inutiles, comme l'école. Taylor, il avait deux ans de plus qu'elle. C'était le plus turbulent des garçons, toujours en conflit avec ses parents. Quant à Liam, l'aîné, qui avait six ans de plus qu'Eponine, c'était celui dont elle se sentait le plus proche. Il s'occupait d'elle, mieux que leurs parents, il veillait sur elle, ne la laissait jamais tomber. C'est le seul que la jeune fille n'oubliera jamais, chaque souvenir qui l’impliquait resterait gravé à jamais.

L'orage, toujours et encore. Quatre ans s'étaient écoulés depuis le soir du fameux dessin. Eponine avait neuf ans à présent. Rien n'avait vraiment changé. Drew était toujours aussi désespérant, Taylor faisait toutes les bêtises possibles, et Liam, il était resté ce grand frère parfait. Malgré la pression qu'on lui avait mis sur les épaules durant l'année de ses quatorze ans, il était resté un modèle pour Eponine. Leurs parents, ils se disputaient souvent mais ça ne durait que dix minutes. Les choses rentraient vite dans l'ordre. Ils avaient quelques problèmes liés à l'entreprise et à leurs finances, mais ils ne voulaient pas inquiéter Liam avec ça. Liam, le plus à même de comprendre les choses. Eponine, celle qui avait le droit à toutes les explications. Ils avaient eu de gros soucis, se trouvant dans l'impossibilité d'honorer un contrat de grosse envergure. Stanson voulait tout faire pour éviter que ça ne prenne trop d'importance. Il ne pouvait pas se le permettre. Les choses devenaient difficiles, la pression augmentait. Liam avait deviné certaines choses, il essayait de les expliquer à une gamine de neuf ans qui ne comprenait pas la moitié. Il finissait toujours ne lui disant que ce n'était pas grave de toute façon, parce qu'ils étaient plus forts que ça. Et elle le croyait. Jamais les enfants ne surent toute l'histoire, ni à quel point les choses s'étaient aggravées.
Il était déjà tard. Soudain, Eponine entendit plusieurs bruits venant du rez-de-chaussée. Sans qu'elle ait le temps de réagir, Liam était là. Il venait d'entrer dans la pièce, précipitamment, il avait l'air inquiet. Affolé. Il se baissa à hauteur de sa soeur et tenta de retrouver une expression rassurante. Mais ses gestes étaient mal assurés, il paniquait. Il caressa la joue de sa cadette, et la souleva. Il la porta dans le couloir et la déposa dans l'armoire de la mezzanine. « T'en fais pas, tout va bien. Promets que tu vas rester là, cachée, ok ? Tu bouges pas, peu importe ce qui se passe, compris ? Compris ? » La fillette hocha la tête. Il déposa un baiser sur son front, elle sentit son cœur battre si vite...Ils échangèrent un regard, puis Liam se redressa et ferma la porte de l'armoire, laissant Eponine cachée là.
Elle entendit des cris, des bruits de choses qui tombent et qui se cassent. Mais elle ne bougea pas. La lumière pénétrait par l'écart entre les deux portes de l'armoire. Elle pouvait voir un petit coin du salon... Elle vit une flaque rougeâtre se dessiner sur le sol en bois. Elle ne bougea pas. Elle entendit quelqu'un s'effondrer, mais elle n'esquissa pas un seul mouvement. Elle vit un homme traverser le salon, il trainait Liam derrière lui. Il enfonça son poignard dans l'abdomen de l'adolescent. Eponine se figea, elle croisa le regard de Liam qui venait de lever les yeux vers l'armoire. Elle le suivit du regard alors qu'il allait péniblement vers la cuisine. Il marchait toujours, il s'en remettrait. Il y eu quelques bruits de verre fracassé, puis le calme revint dans la maison. Ils étaient partis. Elle poussa lentement la porte de l'armoire et en sortit, puis se dirigea vers les escaliers qui menaient vers la cuisine. Elle descendit lentement, sans faire de bruit et entra dans la pièce. Liam était là. Il était assis, adossé à l'un des meubles. Une trainée de sang le poursuivait. Sa main était posée sur son ventre tandis qu'il essayait de respirer. Eponine s'approcha et s'accroupit à ses côtés. Elle prit sa main dans la sienne et le regarda avec ses grands yeux brillants. Liam sourit. Il lui sourit comme si c'était le plus beau jour de sa vie. Puis il toussa. Eponine, elle ne faisait rien. Elle réalisait peu à peu ce qui se passait, mais elle ne faisait rien. Elle tendit finalement un torchon à Liam, et il pressa sur sa blessure. Elle serra sa main plus fort, parce que lui, il toussait plus fort, il respirait plus fort. Il était pâle. Ses lèvres remuèrent, mais aucun son ne sortit. Il la regardait droit dans les yeux, lui adressa un léger sourire. Puis, lentement, ses paupières se baissèrent. Ses pupilles bleu azur disparurent. Un dernier souffle traversa ses lèvres, puis la pression que sa main exerçait sur celle d'Eponine s'éteignit. La jeune fille laissa ses larmes couler un instant, puis elle déposa un baiser sur le front de son frère. Elle tenta de se redresser, lâcha lentement sa main et se releva finalement. Elle traversa la chambre de Taylor et Drew, tous deux gisaient dans leurs lites respectifs. Puis elle pénétra dans le salon. Le sol était couvert de sang, elle glissa, se retrouva à genoux. Elle avança à quatre pattes vers le corps de son père. La moitié de ses tripes trainait sur le parquet. Plus loin, sa mère, ou du moins ce qu'il en restait... Une partie à vrai dire. Le reste se trouvait à quelques mètres. Le sang qui couvrait le sol avait imprégné la robe blanche de la fillette. Elle s'approcha de sa mère et essaya de remettre en place les boyaux qui gisaient par-ci par-là. Ça ne rentrait pas, elle avait beau forcer, elle ne faisait que recevoir des projections dans le visage. Elle abandonna finalement, essayant simplement d'entasser le tout au-dessus du trou. Elle se laissa tomber en arrière, s'allongea dans l'immense flaque de sang, les yeux rivés sur le plafond. Elle tourna la tête vers sa mère un instant ; elle aussi fixait le plafond de ses grands yeux noisette. Puis du bout des doigts, elle se mit à jouer avec quelque chose de mou et visqueux qui trainait au sol. Elle agita les bras, comme un enfant essayant de faire le papillon sur une plage sableuse.

Il entra alors. C'était un médecin qui n'exerçait plus depuis quelques années déjà, personne ne savait pourquoi. Elle ne lui adressa pas un seul regard, perdue dans son monde. Il appela son nom, s'agenouilla près d'elle. Il la releva lentement et la prit par la main. « Viens avec moi, tout va bien se passer » Elle le suivit à l'extérieur. Devant la maison, il y avait quelques pacificateurs qui étaient là, sans doute pour faire l'état des lieux, rédiger un rapport... Eponine ne s'en préoccupa pas. Se retrouvant sans famille, elle fut confié à celui qui voulait s'occuper d'elle, un soi-disant ami de ses parents. Le Docteur Sandbird. Il fit tout ce qu'il put pour l'aider, se donna corps et âme dans son travail, un travail dans le but de faire d'Eponine une autre fille, d'en faire Blossom. Enfouir cette fascination malsaine, changer sa vision des choses. En faire une petite fille modèle. C'est ainsi qu'à force d'histoires tirées par les cheveux, il la transforma en onde positive à elle-seule. Il réveilla tout ce qu'il y avait de positif et de bon en elle, pour couvrir le mauvais. Sans rien demander en retour. A part le fait qu'elle ne se rapproche pas trop de son fils, Jayson.

Un an plus tard. Blossom-Olly Mercury. Eponine, elle est morte un an plus tôt, avec le reste de sa famille, et puis de toute façon, cette fille-là n'existait plus. Tout a changé en un an. Blossom se baladait dans les rues du district. C'était un après-midi ensoleillé. Il ne faisait pas froid, contrairement à la majorité des jours, ici, dans le 7. Elle était seule, parce que les quelques personnes qui s'occupaient d'elle ne s'inquiétait pas de laisser une gamine de 10 ans se balader sans adulte. Elle tourna au coin de la rue et arriva sur l'une des places principales, celles où il se passait des choses. Plusieurs petites boutiques étaient ouvertes, la boulangerie, l'épicerie... Elle glissa sa main droite dans la poche de son pantalon et toucha une clé du bout des doigts. A quelques mètres se trouvait la boutique de ses parents. Meubles Mercury, voilà ce qu'on lisait sur la pancarte. Un jour, les lettres s'illuminaient la nuit, mais cela faisait des mois qu'il n'y avait plus l’électricité. La pancarte "ouvert" se trouvait sur la porte, mais tout le monde savait que la menuiserie était fermée. Tout avait été laissé ainsi... Les meubles se trouvaient encore en place dans la boutique, il restait quelques pièces dans la caisse. A l'arrière, une table de chevet jamais achevée attendait patiemment qu'on daigne se charger d'elle. Le tiroir était entrouvert, un tournevis reposait là. Blossom passait parfois, mais elle ne touchait à rien. La seule chose qu'elle ait fait dans la menuiserie fut de passer son doigt dans la couche de poussière qui couvrait une armoire.
Elle marchait, inspirant l'air frais, souriant pour dieu-sait-quelle raison. Puis son regard se posa sur lui. Lui. Il avait son age, elle le savait, il était dans l'une des classes de son niveau, à l'école. Elle ne lui avait jamais parlé. Elle ne savait pas son nom. Elle prenait soin d'éviter un autre garçon qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau; sans doute son frère jumeau, très différent de lui, un peu plus comme elle. Ce garçon là, il semblait seul lui aussi. Elle le regarda un instant, il ne semblait pas l'avoir vue. Il ne devait même pas savoir qui elle était. Elle lâcha alors la clé qui retombe vers le fond de sa poche. Blossom alla dans la direction du garçon. Il ne souriait pas, il semblait juste ailleurs... ou peut-être mélancolique. C'était dur à dire. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle avait envie d'en faire son nouveau meilleur ami. Elle se précipita dans sa direction, et sans lui demander son avis, le serra dans ses bras et colla sa tête sur son épaule. Elle ne le lâcha plus. « Je t'aime » lui dit-elle finalement.

Le temps passe si vite. Les gens ont beau lui répéter : "grandis donc Blossom ! Tu as 17 ans, arrête d'être une gosse, tu es adorable, tout le monde t'adore... mais merde, déjà que tu es toute seule, réveille toi..." Blossom ne grandira jamais. Elle restera une gamine à tout jamais et même si elle mourrait à 110 ans, elle serait morte en tant que gosse. Elle ne veut pas se prendre la tête, c'est trop compliqué de grandir. Elle laisse faire, c'est plus simple. Ça ne veut pas dire qu'au fond, elle est immature, non, du tout. Elle est intelligente, comprend les choses de la vie, sait dans quel monde elle vit, mais elle aime le cacher. Les gens ne se prennent pas la tête, ils ne t'embêtent pas, quand tu es stupide, inutile, enfantine. C'est plus simple comme ça. Le seul qui est cool dans ce monde, c'est Athos... Et Jayson, lui aussi, il est cool. Jayson Sandbird, le fils du médecin, celui dont elle devait rester éloignée. La seule règle imposée se devait bien d'être transgressée. Jayson et Blossom, ils se voyaient souvent, tout le temps, sauf en présence du docteur. Ils se voyaient en cachette. Blossom, elle le trouvait délicieux, comme un fruit interdit, et pourtant, ils n'avaient pas grand chose à faire ensemble. Ils n'étaient même pas amoureux, ils n'étaient même pas amis. Mais ils avaient fini par tenir l'un à l'autre et par se servir mutuellement de support, d'appui. Ils se tiraient vers le haut. Et c'était très bien.
Avec le temps, les souvenirs d'enfance deviennent flous. C'est dingue, comme une journée très claire dans notre esprit pouvait s’effriter en quelques années. Des morceaux disparaissaient, et on finissait par ne se souvenir que d'une image, ou d'une odeur, d'un son, d'une couleur... Qui nous rappelait cet instant, mais nous laissait dans l'impossibilité de se souvenir. On avait beau chercher, creuser... Des morceaux d'enfance s'envolaient, ils étaient partis. Blossom oubliait peu à peu. Le souvenir de ses parents se faisait de moins en moins distinct. Elle se rappelait leurs visages, grâce aux photos qui entretenaient sa mémoire. Elle avait du mal à se rappeler ne serait-ce qu'une petit anecdote, une journée en famille, un moment passé avec eux. Le seul qui occupait sa mémoire était Liam. Elle se souvenait de lui, de tout ou presque, du soir où il avait repeint le carrelage de la cuisine avec son sang. Elle ne se souvenait pas des autres corps, ne se souvenait pas des boyaux sur le sol. Tout ça était parti, ou du moins, c'était bien enfoui. En réalité, elle ne se souvenait de presque plus rien datant d'avant ses dix ans, avant Athos, Jayson, le docteur Sandbird. Comme si sa vie avait recommencé à ce moment.