Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Une charogne. Tu fermes les yeux et tu la vois, comme si on projetait un film, l'intérieur de tes paupières closes faisant office d'écran. Tu es plus que témoin de la chose. Ton pied retourne avec délicatesse le cadavre qui semble intact pour exposer au soleil une masse grouillante d'asticots se confondant dans les plumes. Une araignée a fait d'une orbite vide son nouvel habitat et elle semble le trouver fort à son goût, des mouches festoient sans vergogne sur les bords de la plaie immonde qu'il reste à la place du poitrail et du centre du corbeau. La carcasse est si imposante - pour peu, c'aurait pu être un des corbeaux de la tour de Londres - qu'un rat - de taille modeste mais un rat quand même - s'est mis dans la tête qu'une demeure de chair en putréfaction est des plus agréables. Lové au milieu des abats, son museau fouissant dans le sang, il couine de protestation à cette soudaine exposition aux rayons solaires. Cherchant à échapper à cette soudaine luminosité, il redouble d'ardeur pour s'enfoncer plus profondément dans l'oiseau. Tu le regardes avec fascination. C'est vraiment un gros corbeau. La senteur passée depuis longtemps de la charogne te fait grimacer un instant. Puis tu ouvres les yeux, neutre. Les charognes ne t'ont jamais émue alors ce n'est pas penser à elles qui va te donner envie de vomir. Tu es peut-être capable de pleurer devant un petit oiseau fraîchement "passé" mais les cadavres en putréfaction ne t'inspirent pas beaucoup d'affection, pas plus que de dégoût - on en voit souvent des oiseaux crevés quand on est jardinier. Tu aimes bien ce poème pourtant, ses sonorités te bercent. Même le nom de ce type qui les a écrits te plaît bien. Baudelaire. On en fait plus des comme ça. Tu aurais bien aimé le rencontrer mais apparemment il est mort depuis longtemps. Il ne devait pas avoir cette volonté de survivre. Tant pis pour lui. 

Tu sifflotes tranquillement en te dirigeant de la chambre à la salle de bain - ce qui prend bien cinq minutes car ton appartement n'est pas petit. Tu aimes beaucoup ta salle de bain, elle est très design avec son parquet d'un bois brun très sombre, ses lumières tamisées, sa baignoire encastrée dans le sol... Parlons-en tiens de la baignoire. Trois fois plus grande qu'une baignoire standard, des spots colorés en tapissent le fond et les côtés, donnant un air très design et artistique au bain lorsqu'il est rempli d'eau. Des dizaines de robinets d'argents sont alignés sur les côtés, prêts à vomir différentes substances - de la mousse, de l'eau parfumée, des sels de bain et à peu près tout ce que tu désires - à la moindre torsion que tu imprimeras à ton poignet pour les ouvrir. À ce propos, tu tournes deux-trois d'entre eux, faisant cascader de l'eau chaude mais pas trop, de la mousse bien épaisse et des bulles qui s'envolent avec légèreté. Soupirant d'aise, tu retires tes vêtements pour te draper dans un peignoir léger. Assise en haut des marches - oui parce que la baignoire est dans le parquet mais quand même dans un endroit un peu surélevé - tu commences à t'appliquer de la cire chaude sur les jambes, toujours en sifflotant. Ta télé est allumée - que serait une salle de bains sans télé ? - et passe les Jeux de la Faim bien évidemment. La fille du huit est morte. Tant pis, elle n'était pas aussi belle que la jeune du six qui l'a tuée. Secrètement, ton favori c'est Chamberlain, le carrière du deux. Tu serais tout à fait prête à le sponsoriser s'il en avait besoin. Dommage qu'il ait déjà une petite amie. Quoique rien ne dise qu'il s'en sorte de toute façon et même si c'est le cas, une blondinette ne t'arrêtera pas. 

Couché au bord de la baignoire, Méphisto laisse nonchalamment trainer sa queue dans la mousse qui monte peu à peu. Il baille. Qu'est-ce qu'il en a à foutre des jeux lui ? Il les fait souvent : deux participants, un survivant. Tout se joue toujours entre le canari et lui. Inutile de dire qu'aucun canari n'a jamais remporté ces jeux-là. Ce ne sont pas les poils qui font du chat un chasseur. Tu arraches la première bande de cire sans la moindre grimace - l'habitude - quand tu es interrompue par la sonnette de l'appartement. Tu ne bouges pas mais la clochette retentit à nouveau. Allons bon, que fout Rhapsody ? Soupirant, tu fais afficher à l'écran les images de la caméra de la porte d'entrée pour découvrir que celui qui poireaute est ton frère aîné - la mention aîné est inutile vu que tu n'as qu'un frère mais c'est toujours plus classe de dire ça. Allons bon, que fout-il ici celui-là ? Tu appuies sur le bouton qui déverrouille la porte et lorsque les images t'indiquent qu'il est entré, tu cries : « Je suis dans la salle de bains ! » Tu vas quand même pas arrêter de t'épiler parce qu'il est là, la beauté avant tout que diable ! « Je suis visible ! » Tu en fais la remarque parce que ça semble le gêner de te voir dans des tenues pas vraiment décentes. Tu n'en as pas grand chose à foutre personnellement - la pudeur c'est pas ton truc - mais s'il y attache de l'importance...

Je ne suis pas du genre à m’accoutrer des tenues du Capitole. Je n’en ai rien à faire des couleurs roses bonbons ou du vert criard. Non, ce que j’aime, ce sont les couleurs neutres et surtout, aucun maquillage. Si je n’étais pas le fils de Claudius Templesmith, je ne pourrais certes pas me permettre cette différence. Aux yeux des autres, c’était une calomnie, mais bon, qu’est-ce que j’en avais à faire? Les paillettes, je n’en avais rien à foutre, du moins en pleine rue et au quotidien. Je me laissais faire pour les apparitions pour les Jeux. C’était la moindre des choses. Mais aujourd’hui était une journée comme les autres. On m’avait accordé une pause entre deux jugements. Eh oui, j’avais l’honneur d’être un des juges des Jeux de la Faim. Regarder des jeunes s’entretuer à longueur de journée était ma vocation. Personnellement, la majorité du temps, cela ne me faisait ni chaud ni froid. L’habitude sûrement était à blâmer pour mon manque de sensibilité. Parfois, je me surprenais à avoir des regrets et des remords, mais les Jeux ne me dégoutaient pas pour autant. J’étais pro-Capitole après tout.

Mais que ferais-je de ma journée de congé? Très certainement aller voir ma sœur chez elle. Valkyrie Templesmith… Elle, elle aimait bien les Jeux de la faim. Elle serait certainement en train de les regarder. Elle n’avait rien d’autre à faire après tout.

Je sonnai donc à la porte. Une fois, deux fois. Personne ne vint m’ouvrir ou personne n’actionna le mécanisme à distance, du moins dans les premières minutes. Mon front se plissa laissant apparaitre les traces de ma frustration. Soudain, alors que j’allais partir, la porte se déverrouilla et je pus l’ouvrir. Je pénétrai dans la maison, me demandant bien où pouvait se trouver ma jeune sœur. « Je suis dans la salle de bains ! » cria une voix féminine. Ce ne pouvait qu’être elle. Je pourrais reconnaitre sa voix à des kilomètres à distance tellement j’étais proche d’elle.

Cependant, j’avais une quelconque gêne à aller la voir dans la salle de bain. On avait beau être proche, elle restait quand même ma sœur. Et elle ne restait pas moins une fille, avec des formes. Je l’avais vu quelque fois lorsqu’elle était plus jeune, mais maintenant, non, je n’étais pas très favorable à l’idée. Elle dut le sentir, puis qu’elle rétorqua; « Je suis visible ! ».


Cela n’eut pas d’autre choix que de me rassurer. J’entrai donc dans la pièce. Aussitôt, l’humidité m'assailli. C’en était presque étouffant. « Comment tu fais pour survivre ici? » lui demandais-je avant de lui sourire. « Ça va? » lui demandais-je par la suite. Visiblement, je la dérangeais durant sa journée « beauté ». Elle avait de la cire sur les jambes et semblait prête à prendre un bain.

Tu pince les lèvres quand Stain entre, un peu comme McKayla. Non mais franchement ? Il est sérieux là ? Tu sais qu’il n’est pas friand du maquillage et toi-même évites de de tartiner comme un pot de peinture mais quand même il pourrait faire un effort, ne serait-ce que se souligner l’oeil d’un trait d’eye-liner doré ou même s’il y tient noir. Ne serait-ce qu’un peu de distinction. Tu soupires de désespoir. Non vraiment, ton frère est irrécupérable. Tu pourrais bien le prendre en otage pour le maquiller et l’habiller chic mais les effets n’en seraient pas assez longs. Il faudrait quelque chose de... Permanent. Mais dans l’immédiat tu n’as pas le temps de t’occuper de son cas. « Comment tu fais pour survivre ici ? » Allons bon, oublierait-il qui tu es ? Si tu avais des lunettes de soleil - ce serait ridicule puisqu’on est à l’intérieur dans une pièce sombre et qu’il y aurait une buée folle dessus - tu les baisserais un peu et lui lancerais par-dessus les verres un regard WTF. Mais tu n’as pas de lunettes de soleil puisque comme je l’ai déjà dit ça ne servirait à rien. Absolument rien du tout. A part peut-être à avoir l’air conne et beauf. Pour compléter le tableau tu aurais pu mâcher un chewing-gum et faire de temps en temps des bulles roses mais il est définitivement inutile de spéculer sur ce qui aurait pu être puisque tu n’as pas ces attributs. Du moins pas pour l’instant. Wait and see. « Allons bon Stain, aurais-tu oublié qui je suis ? Tu parles à une femme là. » N’importe quelle femme sait survivre dans... N’importe quelle femme adore survivre dans l’environnement d’une salle de bains où la baignoire se remplit de substances odorantes et chaudes - et accessoirement d’eau. « Ça va ? » Cette fois-ci tu ne le regardes même pas. tu appuies ta main sur la bande de cire pour vérifier son état et tu en saisis le haut pour tirer dessus d’un coup sec. Elle se décolle de ta peau dans un bruit de scotch arraché, laissant l’épiderme un peu rouge en-dessous. Même pas mal. Tu as souffert depuis ta puberté, tu connais maintenant. Tu es une warrior de l’épilation, plus rien ne peut te blesser.

« On ne peut mieux ! Quoique je serai plus heureuse quand j’aurai enfin fini. Et toi ? » Sans aucune hésitation et avec la main d’une experte, tu arraches une bande sur ton autre jambe et commences à en appliquer une autre sur la jambe précédentes. Tu pourrais écrire un livre. Ça s’appellerait ‘‘Les arcanes d’une épilation parfaite par Valkyrie Templesmith’’. Et en-dessous sur la bande additionnée on pourrait lire ‘‘votre référence en la matière’’. Mais de toute façon écrire ce n’est pas ton truc. Alors même que tu finis une autre bande de cire - tu le fais plus vite que son ombre, en fait c’est ton pouvoir secret - Méphisto cède à sa tentation et saute avec un plaisir non dissimulé dans le bain presque rempli et disparaît dans la mousse. Abandonnant tes jambes et leur épilation à leur triste sort, tu penches ton buste vers la baignoire et plonges les bras dedans pour récupérer la sournoise créature - qui tente vainement d’échapper à ton emprise de pince mécanique - et la tires de l’eau, toute dégoulinante de savon. Sévèrement tu la tiens par la peau du coup devant ton visage et regardes droit dans ses yeux avant de la lâcher. Continuant certainement dans son optique de faire chier le monde, il va saluer ton frère aîné en frottant son corps sinueux - et... trempé d’ailleurs - contre son pantalon. « Stain, n’achète jamais un chat comme lui. » Tu n’en penses bien évidemment pas un mot. Ton chat c’est ton chouchou, comment auraient pu en témoigner les dizaines de canaris d’appartement subitement disparus au détour de sa gueule. Tout en recommençant à t’épiler - après avoir essuyé tes bras mouillés dans la serviette qui te cache le corps - tu lèves un visage poupin et quémandeur vers ton aîné. « Allez, s’il te plaît Stain, dis-moi ce que vous avez prévu pour les Jeux... »

Lorsque je pénétrai dans la salle de bain, ma sœur me lança un de ses regards de découragement. Je savais pourquoi elle agissait ainsi. Elle se disait sûrement que mon accoutrement faisait pitié et que je ne faisais pas honneur au Capitole. Certes, j’aurais pu essayer de me fondre dans la masse, pour elle, du moins. Mais je n’avais pas fait cet effort aujourd’hui. Il faudrait qu’elle s’habitue, du moins, pour le moment. « Ne me regarde pas ainsi. On dirait que j’ai de la salade entre les dents. » lui dis-je. C’était une blague de mauvais goût. À vrai dire, je ne savais pas avoir de l’humour. Dans notre famille, on était un ne peu plus sérieux. Mais nous y étions habitués, alors pourquoi changer?

Je lui fis ensuite part du fait que c’était étouffant dans la pièce de manière détournée. Encore là, elle me regarda comme si j’étais un extraterrestre. Mais que se passait-il avec moi aujourd’hui? « Allons bon Stain, aurais-tu oublié qui je suis ? Tu parles à une femme là. » me répondit-elle. Bah, ce n’était pas toujours vrai. Beaucoup se serrait plainte de cette chaleur excessive…. Du moins, je le pensais, mais je n’en étais pas une, alors… Je ne préférai pas m’avancer là-dessus. « Non, tu as raison. Mais où ais-je la tête? » lui répondis-je avec un faible sourire. « Ça va ? » lui demandais-je par la suite. Cette fois-ci, elle ne me regarda pas d’un drôle d’air. Elle n’avait même plus la tête tournée dans ma direction. J’acceptai ce silence, regardant le plafond en attendant. Elle fit ce qu’elle avait à faire, c’est-à-dire retirer la bande de cire qu’elle avait sur la jambe. Je ne pus m’empêcher de faire une grimace lorsqu’elle la retira. Je n’accepterais jamais de me faire cela. Ça devait faire vraiment mal. Mais encore une fois, Valkyrie y était habituée, comme toutes les femmes.


« On ne peut mieux ! Quoique je serai plus heureuse quand j’aurai enfin fini. Et toi ? » dit-elle en arrachant une autre bande. « J’imagine. » lui répondis-je en guise de réponse. Et puis, alors qu’elle s’apprête à en remettre une autre, Méphisto, son chat décida d’aller patauger dans la baignoire. Je n’avais jamais vu une boule de poile aimer autant l’eau. Cela me faisait toujours froncer les sourcils. « Stain, n’achète jamais un chat comme lui. » me dit ma sœur en le sortant de l’eau. Il vint ensuite se frotter contre ma jambe, la mouillant du même fait. Je le repoussai rapidement. Je ne l’aimais pas vraiment. Je n’aimais pas les chats en général de toute façon. « Ne t’inquiètes pas. Cela n’arrivera jamais. » lui dis-je. Peut-être qu’elle n’en pensait pas un mot, mais c’était tout le contraire pour moi.


« Allez, s’il te plaît Stain, dis-moi ce que vous avez prévu pour les Jeux... » me demanda-t-elle. Je la regardai quelques instants. Évidemment, je m’attendais à cette question. Elle était si curieuse. « Ce qu’on a prévu? Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise et tu n’apprécieras pas autant les regarder… » lui dis-je.

« Ne me regarde pas ainsi. On dirait que j’ai de la salade entre les dents. » Tu plisses les yeux pour t’assurer que ce n’est pas le cas parce qu’on ne sait jamais au fond. Personne n’est à l’abri d’un bout de salade vicieux et kamikaze. Personne. Ils sont partout. Partout. Vous m’entendez ? Vous nous faites pas peur ! La guerre on la fera si vous voulez ; on vous combattra, quels que soient les moyens que nous devrons employer ! Nous vous traquerons, nous vous trouverons, nous vous torturons, nous vous mettrons face à vos actes. Ensuite seulement vous aurez notre permission de mourir. Lorsque nous serons sûrs que plus jamais vous ne sauterez dans la bouche de quelqu’un pour anéantir la beauté de son sourire ou même - dans les cas les plus extrêmes - empirer les dégâts sur une dentition déjà mal en point. Mais je crois que nous devrons reporter cette guerre - qui nous touche au plus profond de nous même - à la fin de la séance d’épilation. Cela devra attendre. De toute façon ton frère aîné n’a pas été lâchement attaqué par de la chlorophylle - pour cette fois. « Non ça va tu n’en as pas. » Et la vapeur dont il parle ne te gêne absolument pas au contraire. Tu es dans ton élément. Tu t’étires comme un chat avant de lui répondre. « Non, tu as raison. Mais où ai-je la tête ? » Visiblement pas ici. Enfin techniquement si. C’est même visible. Mais vous m’avez comprise non ? Je veux dire... C’est une expression connue. Non ? Même toi Valkyrie tu ne m’as pas comprise ? Je suppose qu’il faudra que je m’enterre dans un trou de marmotte en criant que Pippin est notre roi à tous - je ne recommande à personne de chercher à comprendre ceci - et que je vais fuir en Afghanistan. « Stain, Stain, mon cher... Elle est sur tes épaules cette pauvre tête même pas maquillée un minimum. » Aucun sens du second degré hein ? Enfin du moins pas cette fois-ci. Je sais que ça t’arrive de faire des blagues et tout mais là maintenant... Pitoyable princesse. Réponds-lui plutôt quand il te demande si tu vas bien. Décidément aujourd’hui tu as décidé de lui mener la vie dure. Encore une fois il a l’air mitigé. Puis il passe de ce dit air mitigé à un air dégoûté quand il se débarrasse prestement de Méphisto qui ne demandait rien de plus que des câlins. Enfin rien de plus... Cette chose est si vicieuse que ça ne m’étonnerait pas qu’il soit venu se frotter contre Stain dans le seul but de pourrir son pantalon. Lorsque se voyant chassé il revient vers toi, tu te demandes un instant ce que ça ferait si tu lui mettais de la cire, lui qui est déjà si peu poilu. Mais bien évidemment tu ne le fais pas. Ce serait un outrage pire encore que celui que Fae a commis. Tu préfères le questionner sur l’avenir des Jeux.

« Ce qu’on a prévu? Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise et tu n’apprécieras pas autant les regarder… » En un sens tu savais qu’il allait dire ça. Tu le connais ce rabat-joie, c’était obligé qu’il dise ça. Il est toujours en train de te surveiller et en échange il ne te file même pas des renseignements sur les Jeux. Tu soupires. « Allez Stain... Je sais que papa va bientôt annoncer le festin... Qu’est-ce que vous allez y faire ? » Ah le festin... Tu as hâte de le voir celui-là. Tu te demandes qu’est-ce qu’ils font y faire les Juges. Oui, les Juges, y compris ton propre frère aîné qui est en train de jouer les ingrats. Tssss... Tu boudes - et en profites pour t’arracher deux bande de cire de plus -, fusillant régulièrement du regard ton frère qui n’a toujours pas eu la présence d’esprit de s’asseoir dans le fauteuil qui se trouve devant la glace. Non mais sincèrement, vous avez vraiment de la semoule dans la tête aujourd’hui vous deux. D’un seul coup ton portable - posé à côté de toi - sonne avec vigueur. Tu l’attrapes entre tes doigts fins. « Excuse-moi Stain. » Tu réponds. Ah bah tiens c’est... « Sapphyre ma puuuce ! » Je ne l’aime pas elle. Personne ne l’aime ici. Pas plus Méphisto qu’elle ne cesse de caresser avec une vigueur à lui arracher le peu de poils qu’il lui reste que Rhapsody à qui elle ne cesse de parler méchamment. Tu es bien la seule à lui trouver quelque chose de sympathique. Sans te soucier un instant de la présence de ton frère - il ne veut rien dire ? qu’il aille se faire voir, point - tu commences à relater ta soirée d’hier. « Ouais tu sais, y’a ce gars qu’on avait vu là, il m’a accostée il m’a fait ‘‘Hey Mademoiselle ! Vous avez de très jolies jambes. Elles ouvrent à quelle heure ?’’. Nan mais sérieux t’y crois ça ? » Ah oui je m’en souviens de celui-là. Quel exemple de galanterie... Ridicule. Un vrai beauf cet abruti. Bien foutu mais tellement ringard et malpoli... « Au final ? Oh bah c’était pas un mauvais coup mais franchement j’ai vu mieux hein... S’il t’accoste ma puce n’y va pas sans être sûre de n’avoir rien de meilleur sous la main. » Euh ça je sais pas si c’est la meilleure chose à dire devant ton frère. Il doit de toute façon certainement savoir que tu n’es pas des plus chastes du Capitole vu qu’à un moment il te faisait suivre par un mec - que tu as finalement mis dans ton lit par ailleurs - mais c’est pas une raison pour le confronter de la sorte au fait que sa petite soeur de dix-neuf ans est une espèce de nymphomane. Et que ce n'est pas tellement mieux pour Charybde. Pis c’est vrai que ce genre d’exploits tu peux les garder pour toi. Comme tu l’as toi-même dit c’était pas non plus le coup de ta vie quoi. Je n’arrive pas à croire que tu parles toujours de ce genre de gars à Sapphyre alors que tu ne touches jamais un mot sur Izaiah à qui que ce soit d’autre que Charybde ou Rhapsody. Croisant le regard de ton frère, tu raccroches en vitesse après u bref ‘‘bisous ma puce je te rappelle je peux pas te parler là’’. Avec une tête innocente, tu t’étales une nouvelle bande de cire sur la jambe.