La folie. La folie parfaite accompagnait chacun de nos pas, nous attendait à chaque coin de rue, plus fort et plus dangereuse à mesure que le temps passait. Comme cette histoire de ce que l'on appelait depuis bien trop long des « Jeux ». Mais en réalité, cela n'avait rien de marrant, pire encore c'était mortel pour quiconque tentait d'entrer dans l'arène. Il n'y avait rien ni personne pour nous protéger, Juste des gens pour nous regarder en pariant sur notre sort, sur la façon dont nous allions mourir ou qui arriverait à survivre. Il y avait une chance sur vingt-quatre de sortir vivant des Hunger Games... Une seule petite chance pour celui qui prouverait être le plus fort au combat, le plus habile au maniement des armes, le plus doué pour se cacher et attendre son heure. Et cet être si solitaire qui devenait un héros pour son District et avait droit à tout ce qu'il désirait dans la vie, pour ces 69th Jeux, ça avait été moi... Moi, oui. Kieran Whitaker, simple fils fébrile du Maire du District Trois. Moi j'avais gagné !! Mais à quel prix... tout ce sang versé qui aurait pourtant pu être éviter si longtemps en arrière les gens ne s'étaient pas rebellé. La réalité faisait peur à voir, une vraie folie orchestrée par le Capitole dont j'étais devenu une sorte de membre VIP en devenant un des vainqueurs des Jeux. Bientôt, une nouvelle édition allait commencé. Bientôt, je devrais de nouveau quitter ma famille et mes amis pour m'enfermer dans cet endroit immense et entraîner de jeunes enfants qui n'auront peut-être aucunes chances. Il fallait les faire espérer tout de même.

Voir partir un des siens pour peut-être ne jamais revenir est difficile. J'ignore ce que mes parents ont ressentit lorsque mon nom a été tiré au sort et que j'ai dût partir. Bien sûr, j'ai vu ma famille pleurer comme si j'étais déjà mort, mais qui pourrait les blâmer quand on se rappelle à quoi je ressemblait. J'étais taillé aussi fin que ma sœur et n'avait pas vraiment d'expérience. Je n'ose pas imaginer ce qu'à été le visionnage des Hunger Games cette année là. J'avais été pour la première fois séparé de ma jumelle, ce double de moi qui partageait mes pensées les plus secrètes. Ce fut difficile pour nous. Mais ça l'était bien plus pour Moïra qui était très jeune à l'époque. Elle qui tous les jours me suivait comme une ombre, espérant apprendre à devenir forte comme moi, à devenir plus mûre et plus solide, qu'avait-elle ressentit en regardant la télévision ? Bien que nous n'étions pas les plus proches dans la fratrie, l'image que je lui renvois est importante pour moi. Je suis son aîné, l'homme de la maison quand Papa travaillait tard ou partait en voyage. Je devais montrer l'exemple et je me suis toujours appliquer à cette tâche. J'espère ne pas avoir déçu ma si précieuse petite sœur. J'ai prié pour que jamais son nom ne sorte de cette fichue boule de plastique ! Aujourd'hui, alors que la moisson va débuter, je suis soulagé. Aucun membre de ma famille ne va souffrir de nouveau, nous sommes tous trop vieux, merci mon Dieu.
C'est en pensant à cela que je me suis endormis la veille au soir, m'apaisant en sachant que Moïra n'aura plus aucune chance d'être tirée au sort. Mais, malgré cette pensée positive, il y avait toujours d'autres personnes dans notre districts, des amis de la famille avaient encore des enfants mineurs. Je connaissais une jeune fille du quartier qui risquait d'être sélectionnait. Blue n'était pas faite pour cela et je craignais que son nom ne soit tiré. Alors non, cette nuit encore, je ne dormais pas du sommeil du juste. Trop de questions dans ma tête, trop d'images sanglantes passaient par là que c'était à vous en donner la nausée. Je me réveillais bien trop tôt, sans pouvoir refermer l’œil. Le visage de ceux que j'ai tué me reviennent en tête. Cette arène m'a changé. Avant, je n'aurais jamais songé à faire du mal aux gens. Maintenant, je ne voyais plus les choses de la même façon et parfois aurait souhaité la mort de quelqu'un en sachant parfaitement les conséquences. La vie était devenue plus douce une fois rentré, mais certains gardaient une image étrange de moi. Le gamin souriant n'était plus, laissant la place à un homme plus droit, plus froid dans sa façon de se comportait. S'il m'arrivait de plaisanter avec mes amis, on ne me voyait pas souvent faire le pitre en société. J'avais un statut à tenir et y était attaché pour ne pas faire défaut au Capitole et montrer ce qu'est un mentor, un héros. Oui, je suis devenu un brin vaniteux mais j'ai toujours en moi cette part d'enfant qui se sent coupable pour le mal qu'il a fait. Personne ne voit l'envers du décors excepté Lorelei qui devine tout. Pour les autres, je passe pour quelqu'un qui se croit trop bien pour accorder de l'attention, mais cette façade me protège, même auprès du reste de la famille ainsi que devant Rose.

Mais ce matin, je ne me sentais pas le cœur en joie en ouvrant les yeux sur cette dernière image de la petite Trisha, la petite du District 7. Ses yeux sans vie me faisait frissonner dans la chaleur de ma chambre. Il était sept heures du matin et je n'étais pas prêt de me rendormir. Aussi, je décidais de prendre une bonne douche et de quitter la grande villa pour me rendre chez mes parents, mon véritable chez moi. Peut-être que certains seraient levés. J'avais toujours mes clés, je n'aimais pas rester trop loin des miens, mais parfois cela faisait du bien d'être au calme, pour réfléchir. Tout en marchant le long des chemins de mon enfance, je pensais. Le visage fermé, les quelques badauds rencontrés n'osèrent pas me saluer. Ma tête des mauvais jours faisait trembler les habitants qui pourtant me connaissaient tous depuis que j'étais né pratiquement. Il faut dire aussi que je n'étais pas enclin à dire bonjour, la politesse m'importait peu ce matin, je m'aérais juste l'esprit jusqu'à la résidence Whitaker. Je croisais mon père. Il allait à son travail ce matin, beaucoup de choses à régler, je le comprenais. Un bref salut entre nous et il prit la direction de la Mairie derrière moi tandis que je rentrais. Il n'y avait personne à l'horizon à première vue. Je me faufilais dans la cuisine pour préparer un petit quelque chose en attendant le reste de la famille. J'avais bien plus d'attention pour les femmes de ma famille depuis que je fréquentais Roseann en secret. Elle m'avait réapprit à vivre, à aimer ce qui nous entoure et à profiter de chaque instant qui passe. Je prenais soin de ma mère et mes sœurs tout autant que d'elle. Un jour, je l'épouserais.
Je souris à cette pensée, en déversant un peu d’œufs brouillés dans une assiette que je déposais sur la table. Absorbé par mon labeur, je n'avais pas entendu Moïra descendre et me retrouvais nez à nez avec elle au moment où elle pénétrais dans la pièce. « Bonjour toi ! Bien dormis ? » lui demandais-je en faisant le tour de la table pour déposer un baiser sur son front, comme à mon habitude. Son air endormis me plaisait – au point même de lui faire don de mon petit déjeuner pour m'en refaire un autre.

kieran & moïra

you and i, close together, a new dimension

Les Hunger Games allaient bientôt débuter. On avait le droit aux rediffusions des années précédentes, à des interviews donnant les impressions des habitants du Capitole. L'ambiance ne doit pas être vraiment la même dans les districts et au Capitole, quoi que dans les districts des carrières il y a peut-être la même ambiance qu'au Capitole. Comment peut-on être enthousiaste à l'idée que ces jeux commencent, à l'idée de voir des adolescents s'entretuer. Depuis soixante-quinze ans chaque district devait sacrifier deux adolescents pour le plaisir du Capitole. Comme si cela réjouissait les parents de devoir livrer leurs enfants à la mort. La Moisson est sans doute l'une des pires journées pour les parents, mais aussi pour les enfants. On ne peut pas oublier les moissons qu'on a vécues. On est obligé de se souvenirs de ces journées. Le matin on se réveille avec la peur de voir notre nom tiré et le soir on se couche en disant que cette année on est sauvé, si on n'est pas tirée au sort, ou alors que c'était la dernière fois qu'on voyait nos amis et notre famille. Je me souviendrais toujours de ma première et dernière moisson. La première, car mon frère et ma soeur me rassurait que je n'allais pas être tirée au sort. Qu'il n'y avait qu'une fois mon nom dans le vase. Que le nom Whitaker n'allait pas être tiré au sort. Ils avaient tort. Le nom Whitaker a été tiré cette année-là. Ce n'était pas moi, mais celui de mon frère. Oui, pour ma première moisson, j'ai du voir mon frère partir dans cette arène. Heureusement cette année-là, il était le gagnant. Et lors de ma dernière moisson, donc l'année dernière, c'est mon meilleur ami qui est partie aux jeux. Et contrairement à mon frère il n'est pas revenu vivant.

De ma chambre, on pouvait voir l'hôtel de ville. Il commençait à installer les écrans géants et l'estrade pour l'évènement. Demain, il y aurait sans doute des tests pour savoir si les caméras et le micro fonctionnent. L'hôtesse du district devrai bientôt arriver aussi. Oui, les Hunger Games commenceront bientôt. Et pour la première depuis sept ans, je n'aurais pas à espérer pour que mon nom ne sorte pas. Je devrais être soulagée. Et pourtant je ne le suis pas. J'ai encore cette peur d'entendre mon nom le jour de la moisson. J'ai peur que le Capitole instaure une nouvelle règle pour les jeux, qu'il change la limite d'âge. Après tout avec le Capitole tout est possible. Lorsqu'on voit les règles imposer lors des éditions de l'expiation on peut vraiment tout imaginer. J'imagine très bien les visages des enfants de douze ans participant à leur première moisson. Espérant ne pas être tiré au sort. Oui, car si on est moissonné à cet âge-là, il y a vraiment peu de chance qu'on gagne les jeux. A part si on vient d'un district les plus favorisés. Et encore. Sinon pour ceux qui participent aux jeux à douze ans, le jour de la moisson est sans doute le dernier jour où ils verraient leurs familles en étant en vie. Le sort ne nous ai pas toujours favorable. Et cette année encore le sort ne va pas être favorable pour vingt-quatre personnes de Panem. Qui seront obligés de se battre à mort devant tout Panem. Une nouvelle édition va commencer et pourtant j'ai l'impression que la dernière n'était pas si loin. Je revois encore la moisson de l'année dernière. Lorsqu'ils ont annoncés que Finley serait le tribut de notre district, nos adieux avant son départ pour le Capitole, la parade de tous les tributs, son interview avec Caesar. Et je me souviens surtout de sa mort. Tous les jours, j'espérais de le voir gagner. Je me disais que c'était possible. Et puis on l'a tué. Je ne voulais pas y croire au départ. Je pensais qu'il était seulement blessé. Mais non il était mort. Le Capitole venait de me prendre mon meilleur ami. Et ça les a amusés. Et c’est avec ces images que je m’étais couchée.

Autant dire que mon sommeil n'allait pas être calme du tout. C'était toujours comme ça lorsque la Moisson approchait. Je n'arrêtais pas de faire des cauchemars. Et cela a commencé lorsque mon frère et ma soeur étaient éligibles aux jeux. Et je ne pense pas que maintenant ça va s'arrêter. Et j'avais raison. Je me réveillais à peu près toutes les heures à cause des cauchemars que je faisais. Et lorsque le soleil commençait à se lever, il m'était impossible de me rendormir. Alors je restais à ma fenêtre et regardait la rue. A cette heure-ci, il n'y avait quasiment personne. Il n'y avait que ceux qui commençait tôt à l'usine, les pacificateurs qui faisaient leur ronde, d'ailleurs je n'ai même pas prêté attention pour voir si Jay était l'un deux, et il y avait ceux qui préparaient la Moisson à la mairie. J'entendais mon père se préparer pour aller à la Maire. Ma mère devait être aussi partie. Je regarde ne nouveau la rue. Un sourire se dessina lorsque j'aperçus au loin mon frère. Je n'allais donc pas être seule aujourd'hui. On avait ouvert la porte d'entrée, Kieran était là. Et c'est rapidement que je descendais les escaliers et vu l'odeur, mon frère était en train de préparer le petit déjeuné. Et c'est donc nez à nez que je me retrouvais face à lui et avec un grand sourire. Bon je devais certainement avoir l'air endormi, mais ce n'était pas grave. « Bonjour toi ! Bien dormis ? » Je prenais l'assiette qu'il me tendait, et sans doute qu'il avait préparé pour lui au départ. Si bien dormir, signifiait se réveiller quasiment toutes les heures, alors oui j'ai bien dormi. « Bonjour Ouais, on va dire que j'ai bien dormi. » Je commençais à manger, alors qu'il préparait son petit déjeuné, et j'avais toujours ce petit sourire. Je ne pouvais même imaginer ce qu'aurait été ma vie, si Kieran n'avait pas remporté les jeux. Imaginer une vie sans mon grand-frère m'était impossible. « Qu'est-ce que tu viens faire à la maison ? »

Il fallait admettre que se retrouver chez soit était la chose la plus apaisante qui soit. Lorsque je passais la porte de la maison familiale, je me sentais plus en sécurité, comme si rien ni personne ne pouvait venir m’enlever à cette atmosphère légère. Rien qu'en passant la porte on pouvait voir à quel point notre famille était soudée. Beaucoup de photos le prouvait aux murs. On en voyait beaucoup qui datait d'après les Jeux, quand j'étais revenu à la maison. Revoir ce petit garçon chétif et fragile me faisait un pincement au cœur, il me manquait parfois. J'étais si innocent avant... Depuis les horreurs que j'avais vu dans l'arène, j'avais changé. Quand j'étais rentré après la tournée des vainqueurs, j'avais repoussé ma famille, comme apeuré que l'on me fasse du mal. J'avais tâché de me modeler un peu plus pour ne plus me faire prendre pour une fiotte comme disent les gens. J'étais devenu un homme, un vrai et je me renfermais un peu plus chaque jours.

Et puis j'ai revu Roseann et tout sembla clair. Je ne devais pas m'éloigner des miens, leur fermer la porte ne servait à rien pour me reconstruire. C'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à parler avec mes sœurs. À leur parler de ce qui s'était passé dans l'arène concrètement. Les écrans pouvaient bien refléter une certaine réalité, ce qui se passait dedans était bien plus atroce. On ne montrait finalement pas tout et je fus soulagé de parler, même si mes faiblesses furent révélées. Je n'avais jamais pleurer devant mes sœurs, mais cette vulnérabilité m'aida à me refaire. Les relations se refirent naturellement, Moïra me suivant toujours comme mon ombre, fière que je sois son frère et que je sois en vie. Lorelei se montrant encore plus mon double qu'avant, partageant mes secrets. Roseann avait sut me faire ouvrir les yeux sur le véritable amour également. Bien que garder secret, cet amour s'épanouissait tout en nous rendant la vie plus simple. Enfin par moment seulement. Ce que l'on devait retenir, c'est que même si je gardais cet air impassible d'homme marqué à vie par les Jeux et les blessures de guerres dont les cicatrices étaient là pour rappeler par quoi j'étais passé, je me montrer un peu plus ouvert et tendre en privé, couvant ma famille un peu plus chaque jours, en particulier Moïra, priant le ciel pour qu'elle ne parte pas aux Hunger Games. J'aurais tué pour ne pas qu'elle y aille !
Mon vœux fut exaucé puisqu'elle avait atteint la majorité sans jamais connaître personnellement ces atrocités. En revanche, son meilleur ami fut enrôler. Et lui n'eut pas la chance de revenir malgré l’entraînement dont il avait bénéficier. Les sponsors n'avaient pas été de son côté et s'il avait eu une caisse de soin, je suis persuadé qu'il s'en serait sorti. Du moins il ne serait pas mort dans ces fourrés, abandonné à lui-même sans que nul ne se préoccupe de lui. Ce souvenir était douloureux pour a cadette, je le savais et n'en parlait que si elle abordait le sujet. Il valait mieux ne pas lui rappeler ces images violentes...

Ce matin, elle n'avait pas l'air aussi bien qu'elle le disait et je savais que son petit-déjeuner lu ferait un peu de bien. Manger calmait parfois les affres de la vie. Je ne dis rien pour le moment à son petit mensonge, ses yeux laissaient transparaître la fatigue. « J'avais envie de passer. C'est déprimant chez moi. Et ta frimousse si joyeuse ma manquait. » Je lui lançais un sourire un peu moqueur. Elle n'avait pas une mine bien réveillée vu les cernes et je savais qu'elle n'avait pas dormis aussi bien qu'elle le disait. Je m'assis face à elle, entamant mes œufs. Je devais lui poser la question, car je pensais connaître le réponse et elle devait être un peu identique à la mienne, avec l'approche des Jeux et cette estrade qu'ils remontaient. Ils feraient mieux de ne pas la démonter honnêtement... « Alors... Qu'est-ce qui t'as empêché de dormir ? Rien de grave j'espère. »