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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Sujet: POZRAEL □ until the end Mar 26 Juin - 17:19 | |
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azrael & posy❝ COME AWAY LITTLE LASS, COME AWAY TO THE WATER ❞ Un trèfle. Une cuillère. Un stylo tordu. Une rame. Une langouste. Ne pas s'arrêter. Se concentrer, pour faire le vide. Une chaise. Un chien. Un pompon. Une agrafe. Une flèche. Un pin. Une constellation. Une fleur de lys. Mais le vide ne se faisait toujours pas, bourdonnement inlassable battant la chamade tout contre ses tempes. Posy avait tellement fait ce "jeu" autrefois, les soirs où le sommeil ne désirait pas l'emporter. A cause de la peur, la veille d'une moisson. A cause de la tristesse ou d'un cauchemar. Mais toujours Il avait été là. Figure devenue plus que fraternelle, veillant à chaque geste de sa cadette, serrant fort ses doigts lors du tirage au sort précédant les jeux. L’accueillant au creux de ses bras les soirs d'insomnie comme celui-ci. Et alors ils s'étaient inventés ce passe-temps pour oublier les violences qui les entouraient, nommant chaque forme dessinées par le temps sur le plafond noirci. Mais l'ennui, c'est qu'elle connaissait tout ça par cœur, en devinait chaque contour avant de les voir, si bien qu'elle aurait pu en dessiner la carte dans les moins détails. Alors elle se leva dans un soupir fatigué, laissant ses pieds nus rencontrer le parquet froid qui grinça en protestation. Ses longs cheveux blonds détachés descendaient avec indiscipline aux côtés de son visage alors que ses yeux bleus brillaient sous le rayon lunaire qui traversait la grande fenêtre de la chambre. Elle chercha l'heure mais ne trouva dans la pièce qu'une vieille horloge rendu inactive par Posy à cause de son tic-tac exaspérant. Et elle n'avait pas la notion du temps, c'était un fait avéré depuis des années. Elle grommela. Pourquoi avait-elle cassée cette foutue horloge ? A en voir la demi-lune haute dans le ciel, la nuit devait déjà être bien avancée, ce qui ne voulait en soir absolument rien dire. La blonde décida qu'elle n'en avait rien à faire, prit un gilet dans son armoire pour couvrir ses épaules et entreprit de descendre les grandes marches creusées par les passages. Elle habitait aujourd'hui l'appartement au-dessus de la boutique familiale. Bien trop grand pour elle toute seule d'ailleurs. En arrivant dans la boutique, elle passa devant un portrait des Rowblade, à l'époque où ils étaient encore au complet. Elle n'avait que douze ans. Le cliché un peu décoloré respirait la joie et l'insouciance du moment, avant que tout ne dégringole pierre par pierre. Elle se refusait à se séparer de la seule preuve que tout ceci est existé un jour, autre que ses propres souvenirs qui s’effaçaient peu à peu... Mais ce soir, elle coucha avec indifférence le cadre d'un revers de main avant de sortir de la boutique.
La rue était déserte et le calme qui y régnait immaculé. Posy ne devrait certainement pas être dehors à cette heure-là, pas plus qu'à chacune de ces autres échappées nocturnes. L'air était tiède, légèrement rafraichi par l'air marin qui soufflait toujours dans les rues du district quatre. Resserrant les pans de son gilet autour de son torse, elle croisa ses bras sous sa poitrine et prit la direction qu'elle prenait à chaque fois, laissant ses pieds qu'elle n'avait pas chaussé, la guider au travers de la ville. Les images du défilé des tributs ornaient sa mémoire comme un parasite trop accrocheur. Comment une telle parade pouvait-elle exister ? Comment pouvait-on autant se réjouir avant la mort ? Toute cette mise en scène, comme toutes les autres qui précédaient les jeux lui donnaient envie de vomir. Et au fur et mesure qu'elle traversait la ville, elle pouvait revoir en boucle le visage de Sagitta et d'Aloysius alors qu'ils étaient apparus l'espace de quelques secondes à l'écran. Et bientôt, ce serait dans l'arène qu'ils seront et Posy tentait de ne pas réfléchir au fait qu'un seul au mieux pourrait revenir vivant. Elle savait que le district treize avait réanimé quelques tributs des jeux derniers, et si habituellement elle n'était pas pour, elle se surprenait à espérer n'importe quoi pour les revoir vivants...
Secouant imperceptiblement la tête comme pour évacuer les sombres pensées qui l'envahissaient, elle se rendit compte que ses pieds nus marchaient désormais sur le doux et froid sable blanc qui bordait les plages du district qu'elle connaissait si bien. Elle posa ses yeux cristallins sur l'eau noire, légèrement éclairée par la demi-lune et les étoiles parsèment le ciel dévoilé. Après tout ceux qu'elle lui avait pris, la rebelle ne parvenait pas à haïr l'étendu d'eau salé qui s'étendait chaque jour sous son regard. Car elle était encore la seule à l'apaiser là où personne ne le pouvait, la seule confidente de ses tourments les plus secrets. Pourtant, ce n'est pas le repos qui l'attendait cette nuit-là et alors qu'elle regarda à nouveau devant elle, Posy vit une silhouette étendue près de l'eau et dangereusement immobile. Et imperceptiblement, les images se mirent à se superposer devant ses yeux. Les corps rigides et froids de ses parents. Celui de Terry, qui malgré le fait qu'elle n'est pas assisté à sa mort, s'était souvent matérialisé dans ses pires cauchemars. Elle se mit alors à courir, projetant autour d'elle les grains d'or sablonneux, jusqu'à arriver à la silhouette, qu'elle parvint au début avec difficulté à identifier à cause de l'obscurité. Puis elle le reconnut. Le type qu'elle avait déjà croisés eux fois en quelques jours, lors de rencontres plutôt mouvementés. Sur le coup, elle se surprit à se demander si elle ne devrait pas le laisser crever là. N'était-ce pas ce que le brun cherchait à faire en se droguant à longueur de temps ? Une mort rapide ne lui serait-il pas plus bénéfique que la mort lente à laquelle il s'adonnait Dieu seul sait depuis combien de temps ? Bien sûr que non et au fond d'elle-même, la blonde se surprit à penser qu'elle aurait voulu l'aider. Parce qu'on en arrive pas à être si détestable ni négligent envers soi-même sans raisons. Chaque être possède ses démons. La réaction pour les combattre est juste différent selon les gens et Posy était bien placée pour le comprendre. La jeune femme se rendit compte qu'elle ne savait même pas son nom, comme à peu près tout à son sujet. Elle ne parvenait pas à voir sa poitrine se soulever ou non et approcha alors son visage du sien, jusqu'à être capable de déceler son souffle, ses cheveux blonds retombant avec légèreté des deux côtés du visage masculin. Et au moment où une inspiration vint effleurer ses lèvres, elle vit les paupières du brun s'ouvrir, réagissant au quart de tour en se redressant vivement, quittant cette curieuse proximité et remerciant la pénombre masquant le rouge qui lui était monté aux joues. Elle ne comprit pas les raisons d'une telle réaction de sa part mais ce n'était pas le moment le plus adéquate pour y réfléchir.
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| Sujet: Re: POZRAEL □ until the end Dim 1 Juil - 16:22 | |
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azrael & posy❝ COME AWAY LITTLE LIGHT COME AWAY TO THE DARKNESS ❞ La mer, j'avais toujours trouvé ça dégueulasse. Les poissons et ces putains de dauphins, sans parler des crustacés répugnants qu'on y trouvait, ça me levait le coeur en temps normal, et rien que d'y penser, je me retrouvais la gueule dans la cuvette des WC, à vomir mes tripes comme après une soirée trop alcoolisée. Je comprenais pas comment on pouvait manger quoi que ce soit qui venait de là. C'était trop salé, et puis putain, ça sentait tellement fort... Franchement, si j'avais été un habitant du Quatre, j'aurais pété un câble et je serais resté bien loin de la mer et de la plage. Tout ça pour dire que j'avais toujours trouvé la mer vomitive, dégoûtante, la pire chose qui existait après le manque. Le manque. Avec cette sensation d'étouffement, ces frissons froids, cet état de mort imminente et d'impuissance. En évoquant ça, j'avais l'impression que ça se répétait, et pourtant, j'avais avalé trois pilules bleues et j'avais fumé un joint le midi-même. C'était pas grand chose, mais j'avais trouvé que ça dans ce putain de district. Au Deux, on trouvait pas de quoi se défoncer à chaque coin de rue, mais en fouillant bien on pouvait toujours trouver quelqu'un qui avait des herbes médicinales bizarres. Au Quatre, je connaissais personne, même pas une petite pute à se taper. C'était pour ça que j'avais voulu me faire une salope dans une impasse. J'avais trop envie d'un peu de chair... Putain ! Si cette idiote était pas venue m'interrompre, j'aurais eu ce que je voulais. A la place, en rentrant dans ma résidence, j'avais dû me calmer en buvant.
Ladite salope, si je me souvenais bien, elle n'avait pas fait que m'empêcher de me taper une pucelle. Deux ou trois - qu'est-ce que j'en sais de toute façon, putain.. - jours plus tard, j'étais en train d'agoniser, à cause du manque, dans une rue. Personne ne peut comprendre à quel point on se sent au bord de la mort, sur le point de crever comme un chien bâtard que personne ne regrettera, quand on a pas eu sa dose. Je me voyais déjà en train de bouffer les pissenlits par la racine, dans un terrain vague, pendant que tout le monde se dirait "c'est pas mal, cet enculé du Deux a disparu de la circulation!". Autant dire que je pensais bien que c'était la fin, et à chaque fois que ça m'arrivait, j'étais dans un état second, un état où je pouvais raconter de la merde sans m'arrêter, chialer comme un gosse, me confesser à la première personne qui osait poser ses yeux sur moi. Je crois bien que j'étais en train de dire que les personnes que j'avais tuées méritaient pas qu'un petit merdeux comme moi les achève, que j'aurais du crever il y avait bien longtemps lorsque ladite salope m'avait ramassée et que, sans doute prise de pitié - car oui, avouons le, je faisais pitié - elle m'avait déposé tant bien que mal à l'hosto le plus proche. Sans doute pour éviter que je crève dans les rues. Une espèce de clodo dégueulasse dans les rues, ça fera toujours tache. En tout cas, je devais avouer que cette connasse m'avait fait une belle chandelle. A l'hosto, on m'avait reconnu et on m'avait mis dans les veines le produit le plus assommant possible, et quand je m'étais réveillé, j'étais dans la résidence, tout propre, et même mes cheveux sentaient bon. Depuis bien longtemps, j'avais arrêté de me soucier de mon apparence, voire même de mon hygiène. Vivre dans ma propre merde, ça m'allait. N'empêche que ladite salope m'obsédait. Enfin... C'était un grand mot. Disons simplement que je voulais la tabasser. Ou bien me la taper. Ou bien quelque chose dans ce genre, putain, qu'est-ce que j'en savais?
J'avais beau dire que la mer c'était dégueulasse, ça m'empêchait pas de traîner sur la plage comme un idiot, de nuit. Je sais pas, je crois que j'étais simplement en train de devenir timbré, à rester dans la résidence. D'habitude, j'avais aucun problème pour rester cloîtrer dans le même espace toute la sainte journée, mais depuis le début de mon séjour au Quatre, ça m'était impossible. En fait, c'était vraiment la grosse merde. J'avais même pu l'impression que ma bite était la mienne, c'est pour dire! Enfin, peu importe. Le plus important à retenir de tout ça, c'était qu'il devait être deux ou trois heures du matin, que j'étais drogué jusqu'au cerveau et que je trouvais soudainement que la mer était classe. Le flot des vagues m'apaisait. Il faisait repartir mon souffle sur un rythme normal, obsédant, mais normal. Les images qui traversaient mon esprit étaient un peu moins violentes, un peu moins gerbantes que d'habitude. Et c'était agréable.
Je m'étais allongé sur le sable encore chaud, comptant les étoiles. Une, deux. Ma co-tribut et mon dernier adversaire. Trois, quatre. Papa, maman. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que mes paupières se ferment d'elles-même. Le vent glissait sur mon corps et ma peau frissonnait mais putain, je me sentais bien. L'eau venait caresser mes doigts de pied nus. Sérénité totale. Jusqu'à ce que je sente quelque chose au dessus de moi, et la chaleur de quelque chose près de mes lèvres. J'ouvrai les yeux et me raidis presque instantanément, avant de me lever en trombe. Je pouvais sentir mes joues devenir chaudes, putain ! Je pris un long moment pour me calmer, pour me remettre de cette proximité bizarre, pour reconnaître, dans la nuit noire, le visage de la personne qui avait osé me troubler. Troubler? Non. Mon visage se durcit, passant de la surprise à la rage. Personne ne pouvait me troubler. Pas même elle. « Ca t'arrive souvent de faire chier les braves gens qui se détendent sur la plage?! » Il n'empêchait que si j'étais elle, j'aurais peut-être fait pareil. Peut-être pas pour les mêmes raisons. Elle, elle voulait sans doute se la jouer super héros en pensant que j'étais noyé. Moi, je serais juste venu pour me venger.
« Putain ! » Je fronçai les sourcils, constatant que j'avais les pieds dans l'eau. « Génial, espèce de timbrée ! » J'étais moins brutal, moins piquant qu'à mon habitude. Habitude... Encore une fois, je n'étais pas comme j'étais censé l'être, et cela acheva de m'énerver. « Mais qu'est-ce que si c'est passé dans ta tête de conne ?! T'as que ça à faire ? » Je dus serrer les poings pour éviter un geste malheureux. J'avais toujours la sensation de chaleur sur mes lèvres et c'était franchement bizarre. Je détestais qu'on se montre aussi familier avec moi. J'étais peut être un cadavre ambulant qui puait à vingt mètres, j'étais supérieur.
Putain, je me retrouvais à être contradictoire. La situation n'était pas toute blanche ou toute noire, elle était grise, et ça m'emmerdait bien. Elle était grise, parce que d'une certaine manière, j'étais content. Peut-être pas content au sens où on pouvait l'entendre, mais ça me faisait franchement marrer que quelqu'un ait eu un geste envers moi. Envers un petit branleur de première catégorie. D'autant plus que cette conne savait très bien que je n'étais pas un saint, et que si je devais mourir, ma mort serait bénéfique à Panem. « Retourne dans ta grotte. » je fis en soupirant, incapable d'ajouter quoi que ce soit d'autre.
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