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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES Mer 30 Mai - 14:05 | |
| do you feel cold and lost ? Vide. Je me sentais vide. Adossé au mur, le regard fixé sur un point incertain face à moi, je ne savais pas comment réagir aux évènements récents. C'est comme si tout cela n'avait été qu'un rêve, comme si j'allais me réveiller d'une minute à l'autre... Je ne parvenais pas à me faire à l'idée que dans quelques semaines, j'allais être jeté dans l'arène des Hunger Games. Une telle chose m'avait toujours paru grotesque, et de surcroît cette année, alors que c'était la dernière fois que mon nom était soumis au hasard... Bon sang, j'étais vraiment maudit. Pourquoi moi ? Pourquoi m'envoyait-on aux Jeux alors que ma vie était au crépuscule d'un nouvel horizon ? Moi qui pensais commencer un nouveau chapitre en quittant l'orphelinat... Quelle désillusion. Le chapitre que j'entamais n'en était pas vraiment un. C'était un épilogue. Mon épilogue.
Cette constatation m'emplissait d'un mélange de mélancolie et de rancœur teinté de haine. J'avais envie de baisser les yeux, de frapper dans quelque chose, de hurler... Mais non. Je ne faisais rien. Je n'en avais pas la force, et puis de toute manière, ç'aurait été inutile. Puisqu'on m'avait choisi comme tribut, autant en assumer les conséquences dignement. Viha, elle, ne devait pas être en train de se lamenter sur son sort. Viha... Elle avait irréfutablement plus de chances que moi de gagner ces Jeux. Ça me dépitait un peu plus. Le fait de me retrouver face à elle m'enchantait bien moins qu'avant. Je n'avais pas envie de la tuer... J'aimais beaucoup Viha. Et voilà que nous nous retrouvions tous les deux tributs. Le sort n'était définitivement pas en ma faveur, aujourd'hui.
Le bruit d'une porte qu'on ouvre me sortit de ma léthargie. Sans grand entrain, je jetai un coup d'œil à l'entrée de la pièce. Qui avait bien pu avoir le cran de me rendre une ultime visite, en ce jour qui m'était funeste ? Je n'avais plus de famille. Rares étaient mes amis. Je me demandais franchement qui avait pu avoir envie de venir me dire adieu. Car oui, c'étaient les adieux. Mes derniers contacts avec les gens de mon district. J'espérais secrètement avoir beaucoup de visites, mais c'était peine perdue. Les habitants du Onze n'aimaient pas se confronter à la peine que pouvaient ressentir leurs tributs – le malheur, à dire vrai, était déjà bien trop présent au sein du district. Ils appréciaient encore moins se rendre au Palais de Justice, qui symbolisait pour eux l'opulence du Capitole. Personnellement, ce n'était pas la première fois que je venais ici. Je m'étais déjà rendu dans cet affreux bâtiment, dans cette même pièce, il y a un an jour pour jour. Et ce souvenir me laissait un goût âpre sur les lèvres. J'étais intimement persuadé que mon passage dans les Jeux n'aurait pas la même issue que celui de la jeune fille que j'étais venue visiter l'année passée...
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| Sujet: Re: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES Mer 30 Mai - 20:38 | |
| La foule se disperse. Ils font docilement la queue et retournent à leurs occupations. Ils le font tous, sauf toi. Tu restes plantée là, vêtue de ta robe blanche occasionnelle que tu portes seulement lors des moissons. Tes cheveux longs cheveux châtains clairs retombent en cascade dans ton dos, et ton regard fixe la porte que vient de franchir Ezea. Des gens te bousculent, il faut dire que tu es dans les pattes de tout le monde, à ne pas bouger ainsi. Tu le ferais bien, tu aimerais simplement tourner le dos à l’hôtel de justice et retourner chez toi, comme tu le fais chaque année après la moisson du district onze, mais tes pieds ne veulent pas bouger. La grande place se vide rapidement, et tu te retrouves seule au centre de l’endroit. Tu tournes la tête à gauche, à droite, il n’y a personne, sauf quelques Pacificateurs qui te regardent d’un air étrange. Tu les fixes du regard pendant un instant et tes pieds se décident enfin à bouger. Tu agis machinalement. Tu ne veux pas franchir ses portes à ton tour, mais tes mouvements se font automatiquement. Un pied devant l’autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tu te trouves à quelques centimètres de ces grandes portes. Tu n’as jamais mis les pieds dans l’hôtel de justice et aurait aimé ne jamais y entrer, mais deux Pacificateurs t’ouvre les portes et te fixent eux aussi, comme s’ils attendaient quelque chose. Un lourd silence s’installe entre toi et les deux hommes. Qu’attendent-ils? L’un d’entre eux toussote et émet un petit grognement, énervé. –Je…Eum…Le tribut, Ezea… Ta voix était anormalement plus aigüe qu’à l’ordinaire, tu as l’impression qu’une boule est en train de se former au niveau te ta gorge, tu la racles et les deux Pacificateurs soupirent. Ils se positionnent à tes côtés et t’escortent dans un long couloir qui ne semble jamais finir. Tu penses qu’ils t’emmèneront au bout mais ils se stoppent devant une porte. L’un d’entre eux te dit alors d’une voix brutale et froide. –Vous avez cinq minutes. Tu acquiesce, incapable de répondre quoi que ce soit. Ton cœur bat vite, et c’est à ce moment-là que tu te rends compte que le Capitole te vole quelqu’un qui t’es cher pour la première fois. Tu te fichais des moissons, tant que tu n’étais pas pigée. Alors pourquoi aujourd’hui, tu ressens cette peine qui semble prendre d’avantage possession de ton être, au fur et à mesure que tu tournes la poignée de la porte?
Il se retourne et tu refermes la porte derrière toi. Tu le fixes, il te fixe, mais personne ne bouge. Tu baisses les yeux, pourquoi? C’est sans doute la dernière fois que tu les poseras sur le grand blond qui te fait face. Tu fais un pas en avant, mais tu t’arrêtes dans ton geste. En fait, tu ne sais pas trop quoi faire. Jamais tu n’as eu à venir dire adieu à quelqu’un, et encore moins à quelqu’un que tu aimais, quelqu’un que tu considérais comme étant un ami, ton seul et unique ami, le seul qui avait mérité ta confiance, celui qui avait réussi à te faire parler, à faire de toi une fille moins distante, moins froide. Et on te l’enlevait. Tu sens tes yeux te brûler, et tu sais qu’ils se remplissent lentement de larmes. Tu n’as pas pleuré depuis si longtemps, et au fond de toi, ça te fais du bien. Tu évacues ton chagrin, que tu as accumulé depuis dix-sept années. Tu aurais simplement aimé qu’il s’évacue dans d’autres circonstances. Sans un seul mot et d’un pas rapide, tu franchis les quelques mètres qui te sépare d’Ezea. Tu hausses la pointe des pieds et enroule tes bras autour de son cou pour le serrer dans tes bras fins et menus. Tu sens les larmes couler le long de tes joues, mais aucun son ne sort de tes lèvres. Tu pleures en silence. |
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| Sujet: Re: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES Mar 5 Juin - 19:05 | |
| do you feel cold and lost ? Le battant de chêne verni pivota. Une Oxalide au teint livide s'infiltra dans la pièce, précédée de quelques volutes de cheveux aussi blonds que le blé. Je retins mon souffle cependant que la porte se refermait derrière mon amie, et que cette dernière dardait un regard blessé sur moi. Elle n'osait pas bouger. Là, sur le pas de la porte, elle se contentait de me fixer, simplement. Comme on eût fixé un proche sur son lit de mort. Je tentai d'humecter mes lèvres, mais m'aperçus que ma langue était étonnement sèche. Alors je me concentrai moi aussi sur le regard triste d'Oxalide, ce regard dans lequel mes prunelles se plongeaient pour un dernier adieu. Oui, c'était la dernière fois que je la voyais. Et je ne savais que trop bien ce qu'elle ressentait – un sentiment vraiment affreux, mêlant regret et rage, mais où la gêne prédominait. Et puis soudain, Oxalide fit un pas. Elle baissa les yeux dans un geste fluide ; personnellement, me mouvoir me semblait être une fantaisie tout à fait risible. La force m'avait quittée. Je tentai de dire quelque chose, de lui demander de relever le visage, peut-être, mais mes lèvres ne daignèrent pas s'écarter. Une seconde s'écoula avant que j'aperçoive une perle d'eau glisser sur la joue de mon amie. Elle releva le visage et se précipita à mon cou, comme transportée par une pulsion d'ultime folie. Elle pleurait. Pas bruyamment, pas comme l'aurait fait une adolescente de son âge, non. En silence. Comme si les larmes qui tombaient sur sa peau et roulaient jusqu'à mon cou ne lui importaient pas.
Je n'avais jamais vu Oxalide pleurer. Je l'avais toujours considérée comme une fille forte, pas forcément dénuée de sentiments, mais qui ne se laissait pas abandonner à de telles faiblesses. Et la voir dans un tel état me tordait le ventre. J'avais l'impression que mon cœur allait imploser. « Oh, non, s'il te plaît, ne pleure pas... » Je tentai de donner à ma voix une dimension plus ou moins joyeuse... Tout cela était bien assez déplorable. Pas la peine d'en rajouter. Je m'écartai légèrement d'Oxalide sans m'éloigner totalement de sa silhouette gracile. Je pris son visage entre mes paumes – tremblaient-elles réellement, où avais-je cette impression parce que ma vue se troublait ? « Ça va aller, ne t'inquiète pas. » Je souris. Difficilement, mais avec conviction. Mon regard ne quittait pas celui de mon amie. « Je compte sur toi pour rester en forme, pour rester forte. Tu dois devenir quelqu'un. Ne reste pas un simple pion du Capitole... Tu vaux tellement mieux, Oxalide. Tellement. » Je la serrai à nouveau dans mes bras, succinctement mais passionnément. Puis je l'entrainai à mon côté jusqu'au canapé qui trônait au centre de la pièce. Durant ce bref laps de temps, j'eus l'occasion d'écarter toute la peine qui menaçait d'envahir mon visage. Je devais me montrer fort. J'étais fort.
Une fois que nous fûmes assis, je me tournai vers elle et décidai de lui parler franchement. « Moi, je... Je vais essayer de gagner. Tu sais, j'en suis sans doute capable... Avec un peu de chance et de courage, je peux peut-être gagner ces Jeux. Ouais. J'essaierai... » J'essayais de conférer à ma voix toute la certitude que j'aurais voulue ressentir, mais ce n'était pas le cas. Alors tant pis. De toute manière, Oxalide me connaissait assez bien pour savoir que je n'étais pas franchement en pleine forme, actuellement... Car non, je n'étais pas certain de gagner ces Jeux. Je ne savais même pas si j'en avais les capacités. Plus le temps passait, et plus l'idée même d'une victoire me semblait chimérique. Tout ce que je voulais, maintenant, c'était dire adieu à mon amie. Je voulais qu'elle sache tout le bien que je pensais d'elle, qu'elle sache qu'elle était pour moi une personne formidable, que je ne l'oublierais jamais, que... Oui. Je devais lui dire que je l'aimais. D'habitude, nous ne nous essayions jamais à de telles déclarations, ou même à tous ces gestes affectueux que je lui avais adressés jusqu'ici. Mais aujourd'hui, c'était différent. Parce que c'était sans doute notre dernier rendez-vous. Combien de fois nous étions-nous vu depuis notre rencontre ? Combien de phrases lui avais-je adressées ? Combien de mots ? Maintenant, j'aurais aimé revivre tous ces moments. J'aurais aimé en profiter davantage. Le fait est que désormais, ils nous étaient comptés. Les mots que j'allais lui dire allaient être les derniers, alors je voulais qu'ils soient parfaitement réfléchis. Je voulais que ce soit parfait. « Et, tu sais, Oxa, je... » Mais rien n'était parfait. J'étais trop ému pour cela. Ma voix venait de se briser, trahissant une peine que je tentais de masquer au maximum. Je poursuivis tout de même. « J'ai vraiment été content de te connaître. Tu... tu m'as beaucoup apporté. Grâce à toi, ma vie n'a pas été si nulle, tu vois ? Merci. Je... » Ma gorge me fit à nouveau défaut. Et soudain, alors que j'aurais voulu poursuivre, je m'aperçus que je venais d'enlacer Oxalide. Violemment. Pour qu'elle ressente toute mon amitié, et toute la peine que j'avais de la quitter. « Je ne t'oublierai jamais. »
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| Sujet: Re: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES Mer 13 Juin - 0:55 | |
| « Oh, non, s'il te plaît, ne pleure pas... » Tu ne le voulais pas non plus, mais c’était plus fort que toi. Les larmes coulaient le long de tes joues sans que tu ne puisses rien faire pour les en empêcher. Tu t’agrippais au cou de taureau d’Ezea comme si ta vie en dépendait, mais ce dernier n’eut aucune difficulté à s’écarter légèrement de toi. Après tout, avec tes petits bras, tu ne pouvais pas vraiment retenir grand monde. Mais il avait raison. Tu ne devais pas pleurer, si tu ne le faisais pas pour toi, il fallait le faire pour lui. Voir ses proches en larmes n’allait certainement pas arranger les choses pour, si ce n’est que de le faire souffrir encore plus. Du revers de la main, tu essuyas tes larmes et sentis les paumes d’Ezea contre ton visage. Elles tremblaient et tu compris qu’il devait sans doute être dans le même état que toi. Lui par contre, ne le démontrait pas. Pendant toutes ces années où tu n’avais pas démontré le moindre signe de faiblesse, tu flanchais aujourd’hui et au final, c’était lui, le jeune homme fort et courageux, pas toi. Il n’y avait plus de traces de larmes sur tes jolies joues rosies par l’émotion, ou presque. Il avait plongé ses yeux océans dans tes prunelles vertes. Jamais tu n’avais eu un contact aussi personnel avec lui, depuis votre première rencontre. Il tentait de te rassurer. C’était assez ironique. Après tout, ce n’était pas toi qui quittait le district onze pour le Capitole, tu n’avais pas été moissonnée, tu n’aurais pas besoin de te battre jusqu’à la mort, d’enlever la vie à quelqu’un. Tu allais rester au district de l’agriculture, à soigner de pauvres gens victimes d’infections ou d’autres blessures…Et c’était LUI qui te rassurait, pas l’inverse. Tu avais même aperçu l’ombre d’un sourire sur les lèvres de ton ami, et ta lèvre inférieure se remit à trembler. « Je compte sur toi pour rester en forme, pour rester forte. Tu dois devenir quelqu'un. Ne reste pas un simple pion du Capitole... Tu vaux tellement mieux, Oxalide. Tellement. » Non…Tu ne pouvais pas, certainement pas sans lui. Comment pouvais-tu rester forte alors qu’on t’enlevait ton seul et unique pilier? Sans lui, tu n’étais plus grand-chose, tu redevenais la petite guérisseuse du district onze…Si Ezea n’avait pas été moissonné, cette année, sans doute aurait-il réussi à te convaincre que le Capitole, c’était le méchant dans l’histoire…-Comment?...J’suis personne. Je sais pas quoi faire, je sais pas si je peux…Je…Je ne sais même pas ce que je vaux...Ta voix se brisa. C’était la première fois que tu doutais de toi-même. Tu réalisais maintenant à quel point la présence de ton seul ami était importante pour toi. Il te serra dans ses bras, et tu fermas les paupières, dans les espoirs de les rouvrir, et de réaliser que le tout n’était qu’un cauchemar. Mais non…Tu avais entouré tes bras autour de la taille du jeune homme, alors qu’il t’enlaçait une nouvelle fois. Tu n’avais pas eu assez de temps avec lui, on te l’arrachait trop rapidement, et tu t’en rendais compte aujourd’hui.
Il t’attira alors vers le canapé, au centre de la pièce. Tu étais faible, et tu détestais ce sentiment de ne rien pouvoir faire, d’être impuissante face à cette situation. Tu te retrouvais assise près de lui. Tu entrouvris les lèvres, t’apprêtant à lui dire quelque chose, mais il te devança. « Moi, je... Je vais essayer de gagner. Tu sais, j'en suis sans doute capable... Avec un peu de chance et de courage, je peux peut-être gagner ces Jeux. Ouais. J'essaierai... » De nouveau, ton cœur rata un battement, et il se serra. Tu n’avais pas encore accepté le fait que c’était sans doute la dernière fois que tu voyais Ezea. Non…Ce n’était pas la dernière. Tu ne voulais pas le croire. Il allait se battre, il allait gagner et revenir victorieux au district onze, tu allais l’attendre, et pleurer une deuxième fois dans un si court laps de temps. De joie cette fois. Ce n’était pas un adieu, tu refusais d’y croire. À ton tour, tu pris son visage en coupe. Il était plus grand que toi, alors tu levas les yeux vers lui. –Bats toi, tout simplement…Ne leur rend pas la tâche facile, bats toi et reviens nous…Reviens moi. Je sais que tu peux y arriver…Je compte sur toi, s’il te plaît reviens moi. Avais-tu répété, de ta voix anormalement aigue, à cause de l’émotion. Tu ravalais les larmes qui te montaient une seconde fois aux yeux. Deux gagnants de suite dans le même district, c’était rare, extrêmement rare même. En fait tu n’avais jamais vu cela de ton vivant. Mais tout était possible non? Et puis, Ezea n’était pas seul, loin de là. Il t’avait toi. Tu ne comptais pas le laisser se débrouiller seul dans l’arène. Non, tu allais l’aider, récolter un maximum d’argent pour l’aider…Tu allais le supporter jusqu’à t’en ruiner. Tu ne savais pas encore comment, mais tu allais trouver un moyen. Tu trouvais toujours un moyen. « Et, tu sais, Oxa, je... » Tu sortis de tes rêveries en entendant ton prénom, et tu levas de nouveau les yeux vers ce jeune homme qui représentait énormément pour toi. Maintenant plus que jamais. Pourquoi à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, les larmes te montaient aux yeux. Tu fis non de la tête, ayant plongé tes prunelles vertes dans son regard océan. Ce qu’il allait dire rendrait les choses encore plus difficiles, tu le savais. Mais Ezea avait continué, et d’un côté, tu avais besoin d’entendre ces mots. Tu le laissas donc terminer. « J'ai vraiment été content de te connaître. Tu... tu m'as beaucoup apporté. Grâce à toi, ma vie n'a pas été si nulle, tu vois ? Merci. Je... » Pourquoi disait-il ces choses? Pourquoi parlait-il ainsi? Pourquoi étais-tu si faible? Tu avais l’impression qu’en t’enlevant Ezea, le Capitole t’enlevait une partie de toi-même. Après tout, c’était le seul à qui tu avais osé te confier, tu lui avais permis de fouiller en toi, de faire ressortir de vieilles histoires. En partant aux Jeux de la Faim, il emmenait avec lui une partie de toi, en quelque sorte… Tu l’avais aimé, et tu l’aimais toujours. Ce n’était pas un amour passionné à l’eau de rose, non, loin de là. Tu aimais Ezea comme une petite sœur aimerait son grand-frère. –Arrêtes…Les paupières closes, le souffle irrégulier, tu poursuivis. –Merci à toi...C’est toi qui m’as beaucoup apporté…Sans toi je…Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. C’était vrai. Sans Ezea, tu aurais sans doute continué de rester cloîtrée chez toi, tu serais sans doute aussi renfermée et froide. Il t’avait appris comment t’ouvrir, comment aimer. Ezea t’avait alors enlacée violemment dans ses bras puissants, et tu pus ressentir toute l’amitié qu’il éprouvait pour toi. De nouveau, tu te mis à pleurer, en t’agrippant à lui. Tu voulais qu’il ressente aussi tout l’amour et l’amitié que tu avais à son égard. Jamais tu ne t’étais sentie aussi peinée de toute ton existence. « Je ne t'oublierai jamais. » Tu hoquetas, en enfouissant ton visage dans le cou de ton ami. L’entendre parler ainsi, comme si c’était votre dernière discussion te brisait le cœur. –Je ne t’oublierai pas non plus, Ezea. Tu es et tu resteras à jamais dans mon cœur. Tu n’avais jamais prononcé de telles paroles, et tu ignorais totalement si elles faisaient du sens. Mais tu savais qu’Ezea comprenait. Il te connaissait, c’était le seul, d’ailleurs. Toujours dans les bras de ton ami. Un petit silence s’installa entre vous. –Je t’aime, Ezea…J’t’en prie reviens…Il savait de quel genre d'amour tu parlais. Un amour fraternel. Tu avais terminé ta phrase en un murmure, et tu ignorais s’il avait entendu. Tu te répétais, mais c’était la seule et unique chose que tu voulais. Le voir revenir, sain et sauf, couvert de gloire. Tu ne savais pas si Ezea réalisait à quel point le voir partir te rendait triste, sans défense. |
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| Sujet: Re: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES Ven 6 Juil - 16:36 | |
| Cette situation me brisait le cœur. Je n'aurais pas voulu rendre Oxalide triste, la rendre si faible et sans protection... Rien que pour ça, je détestais le Capitole. J'aurais aimé pouvoir rester au district Onze et poursuivre ma vie tranquillement, pour qu'elle, mon amie de toujours, puisse continuer à vivre sans avoir le poids de ma disparition sur le cœur. Je voulais réellement qu'elle continue à vivre normalement... Oxalide n'avait pas l'habitude de se montrer aussi démunie. J'espérais simplement que ce n'était que passager et que mon départ pour les Hunger Games n'allait pas la déstabiliser sur le long terme. Sinon, je n'allais pas pouvoir me le pardonner.
Elle prit mon visage entre ses doigts fins et froids, qui étaient parcourus de légers tressautements. Nous nous fixâmes pendant un certain temps, les yeux dans les yeux, sans oser briser le silence de peur de flancher une nouvelle fois. C'est elle qui reprit cependant la parole, d'une voix cristalline et faible. « Bats toi, tout simplement… Ne leur rends pas la tâche facile, bats toi et reviens nous… Reviens-moi. Je sais que tu peux y arriver… Je compte sur toi, s’il te plaît reviens moi. » J'entourai son poignet de ma main, et l'étau de mes doigts adressa une pression amicale sur son épiderme. Je voulais la rassurer, juste un peu, mais elle me faisait perdre mes moyens. Ses mots étaient trop décisifs... Trop difficiles à entendre. « Merci à toi...C’est toi qui m’as beaucoup apporté… Sans toi je… Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui. » Était-ce vrai ? Ma rencontre avait-elle changé sa vie ? Au moins, mon existence n'avait pas été vaine, et avant de mourir dans l'arène, j'aurais quelque chose à quoi me raccrocher. C'était une certaine consolation. Sans pouvoir m'en empêcher, mon regard s'embua de larmes. Mais je n'allais pas pleurer. Je ne voulais pas montrer à Oxalide que tout cela m'effrayait. Que j'avais peur. Même si je sentais que ça me dépassait, je pensais avoir la force de contenir mes larmes, nonobstant ses propos qui menaçaient de me faire lâcher prise. « Je ne t’oublierai pas non plus, Ezea. Tu es et tu resteras à jamais dans mon cœur. » Elle enfouit son visage dans mon cou, et une perle salée roula sur ma joue. Je l'effaçai rapidement et me mordis la lèvre inférieure pour éviter un sanglot de ruiner cet instant. Je serrai le corps frêle de mon amie contre moi, en caressant tendrement sa chevelure qui prenait des reflets auburn. « Pour toujours, Oxalide, » glissai-je dans un souffle inintelligible. Elle me répondit sur le même ton, calme et déchirant : « Je t’aime, Ezea…J’t’en prie reviens… » Je fermai les yeux en grimaçant, et mon étreinte se fit plus intense.
On toqua à la porte, sans doute pour nous indiquer l'imminence de la fin de notre entrevue. Déjà ? Non ! Ce n'était pas possible ! Je ne voulais pas qu'elle parte. J'avais encore tellement de choses à lui dire... Tellement de sourires à partager avec elle... Mon rythme cardiaque s'accéléra soudainement, et je me reculai à regret d'Oxalide. Je saisis ses mains avec fermeté et plongeai mon regard dans le sien. « Je reviendrai, t’inquiète pas, débitai-je rapidement. Mais au cas où, je… Je voudrais que tu ne m’oublies pas. Rappelle-toi de mon nom et de nos souvenirs. Ils sont très importants pour moi, et si je ne suis plus là pour les faire vivre, j’aimerais que tu gardes au moins ça… Qu’on vive à travers au moins l’un de nous deux… » Je lui souris fébrilement, en reniflant pour m'empêcher de verser une nouvelle larme. Je me trouvais maladroit. Mais je tentais d'imprimer cet instant dans mon esprit ; la vision d'une Oxalide à la beauté rayonnante, qui me confiait son amour. Dans l'arène, cela m'aiderait peut-être. « N’oublie pas notre amitié, Oxalide. Moi, je ne t’oublierai pas. Jamais. » Je me répétais inlassablement, mais je voulais que mes mots s'impriment dans son esprit. Comme un souvenir. Comme une promesse.
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| Sujet: Re: II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES | |
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| | | | II,1. ➺ FAILURE'S ALL YOU'VE KNOWN. ⊱ EZEA'S GOODBYES | |
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