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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| Our time is running out [ Silk ]. | |
| Auteur | Message |
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Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Our time is running out [ Silk ]. Dim 27 Mai - 22:35 | |
| Ses talons touchèrent de nouveau le sol. Ses sourcils se froncèrent. Certes, il y avait une foule pas croyable devant l'hôtel de ville, devant cette estrade d'infortune construite pour accueillir les deux tributs moissonnés. Mais de là à ne pas le trouver, c'était étrange. Trop étrange. Les enfants commençaient à se précipiter vers leurs parents. Des cris, des pleures, des rires, des effusions de joie. Sauf peut-être pour deux familles. Adonis tourna la tête cherchant dans l'assemblée les deux familles qui devraient préparer leur deuil alors que leurs deux enfants entraient dans l'hôtel de ville. Il secoua la tête en soupirant longuement. Il leva les yeux vers le grand édifice. Ce n'était pas eux deux enfants qu'il irait dire au revoir. Ce n'était pas eux qu'il allait encourager. Mais leur mentore. Le Pacificateur pinça les lèvres. Serait-il assez cruel pour lui cracher son bonheur au nez ? Jérémy n'était pas moissonné. Jérémy ne mourrait pas. Et il en était bien content. Alors qu'elle, elle devrait affronter, une fois encore, la mort de deux adolescents. Et comme si cela ne suffisait pas, elle devrait affronter le regard des parents qui auront vu leurs enfants crever à la télévision. Il savait comment Silk allait réagir. Il connaissait son petit rituel par cœur ; elle vomissait avant l'annonce des deux tributs moissonnés, elle vomissait après l'annonce des deux tributs moissonnés, elle jouait la mentore parfaite lors du voyage en train jusqu'à ce qu'ils entrent dans l'arène, elle se cassait le cul à leurs obtenir des sponsors, elle n'en obtenait que rarement, elle pleurait, hurlait, envoyait tout le monde chier lorsque ses deux tributs mourraient et elle reviendrait. Elle reviendrait en feignant l'indifférence aux yeux de tous. Mais lorsqu'elle se retrouverait seule avec lui, elle s'effondrerait. Et il n'y avait rien qu'il puisse faire pour l'apaiser. Sous ses airs de femme forte, elle était tellement fragile, sa Silk. Tellement fragile et brisée. Et s'il allait la voir finalement sans lui parler de Jérémy ? Si tout simplement, il ne lui disait rien ? Ne serait-ce pas plus simple ? Il pourrait alors la réconforter du mieux qu'il pouvait. Faire comme si de rien était. Faire comme chaque année. Rester impassible. C'était le mieux à faire... Pour elle.
Le Pacificateur ajusta son casque sur sa tête avant de faire signe aux autres Pacificateurs qu'il se rendait à l'intérieur de l'hôtel de ville. Il n'y aurait pas de soucis. Depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait, et qu'il connaissait Silk surtout, il entrait dans l'hôtel de ville pour aller la saluer avant qu'elle parte. Beaucoup de ses collègues se doutaient qu'ils couchaient ensemble, mais peu se doutaient qu'ils étaient amis. Tant mieux, ils pouvait rester crédibles. Adonis se fraya un chemin à travers les enfants et les parents qui se serraient les uns contre les autres, soulagés de ne pas être séparés cette année. Il en poussa beaucoup qui ne voulaient pas dégager de son chemin. Il les poussa en les insultant ou en grommelant. Ce qu'ils pouvaient être chiants à clamer leur joie. Ne pouvaient-ils pas faire ça chez eux, sérieusement ? Il monta sur l'estrade et l'un de ses collègues lui fit un signe de tête en lui ouvrant la grande porte.
Une à une, il gravit les marches de l'hôtel de ville. Il arpenta un long couloir. Il savait quelle pièce on lui avait attribuée. C'était la même, chaque année. Devant la porte, il leva la main, serra le poing et s'apprêta à toquer. Finalement, sa main se baissa et il posa son front contre le bois. Il en pouvait pas. Il ne pouvait plus. La voir dans cet état était insupportable. Il avait l'habitude de sortir tout un tas de conneries, de petites piques pour l'emmerder, l'éviter de stresser. Il savait que ça lui faisait du bien et que ça la détendait. Mais après, elle partirait. Elle se retrouverait seule face à tout ça et même un coup de fil ne l'aiderait pas. Et lui alors ? Il y avait Jérémy désormais... Pourtant, l'idée même qu'elle parte encore pour une durée indéterminée le tuait. Sa main caressa la bois. Il lui offrirait une dernière étreinte, peut-être un baiser et quelques caresses avant qu'elle ne s'en aille. Il lui sourirait, la réconforterait. Et elle partirait. Mais merde... Il ne devait pas se sentir aussi mal. Elle reviendrait.
Adonis se racla la gorge avant de taper à la porte puis d'entrer. Tout de suite après être entré, il referma derrière lui et resta dos contre la porte. Que pouvait-il bien lui dire ? C'était elle qui savait maîtriser les mots, les bons mots. Et lui, il se retrouvait face à elle, affichant une mine triste, muet. Non... Ce n'était pas des mots dont elle avait besoin. Ce n'était pas ça du tout. Il se décolla du mur, la tête penchée sur le côté. Il s'approcha d'elle. C'était une première de la voir allongée sur le bureau, un bureau qu'elle détestait qui plus est. Il lui offrit un sourire attristé avant de passer ses doigts sur sa cuisse, remontant jusqu'à son torse puis sur son visage. Il le lui caressa doucement avant de tirer sur son bras pour l'attirer contre lui. Il la serra fort contre lui, les yeux fermés, le souffle court. L'une de ses mains vint se perdre dans ses cheveux bruns. C'est tout ce qu'il pouvait lui offrir. Une étreinte. Une étreinte pour lui montrer qu'il était là. Et qu'il serait là. Il l'attendrait. |
| | | Silk Preston △ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ âge du personnage : 32 ans
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Lun 4 Juin - 17:38 | |
| Il est difficile de quantifier le temps lorsqu’aucune horloge ne vient apporter une quelconque indication. Silk n’arrivait pas vraiment à se saisir de l’écoulement des secondes, puis des minutes, allongée ici dans la semi-pénombre du petit bureau. Les fins rayons lumière qui filtrait à travers les volets fermés de la pièce ne suffisait pas l’éclairer totalement. La tête reposée sur le bois, Silk pouvait contempler la valse des fines particules de poussières virevoltant au soleil. Il y avait du bruit au-dehors, derrière la porte en bois elle pouvait entendre les pas lourds, les mots murmurés et les sanglots étouffés. Personne ne viendrait la chercher ici, pourtant tous savaient qu’elle était là.
On ne crache pas dans la soupe qui nous est servi, on ne mord pas la main qui nous nourris. C’était le genre de chose que sa tante avait l’habitude de lui répéter. C’est le genre de précepte que Silk avait tenté de suivre durant toute sa vie d’adulte. Elle avait essayé d’être reconnaissante envers le Capitol, pourtant chaque billet gagné l’avait été au prix du sang versé, chaque seconde de plus hors de l’arène un combat. Le Capitol avait brisé le cocon de l’enfant pour en sortir la femme comme un papillon monstrueux. Elle était sortie de sa chrysalide et avait été éblouie par les lumières du Capitol. Elle avait pensé que les jeux finiraient pas n’être plus qu’un souvenir lointain, comme ces flashs incomplets dont on n’est pas tout à fait sûr qu’ils nous appartiennent. Il n’en était rien bien sûr, seuls les sots pensent que l’ont peut faire le deuil de l’enfant perdue, celui qui est mort à l’instant où le décompte est arrivé à zéro. On lui avait conseillé la thérapie, elle avait choisi de vivre avec, essayer de vivre avec.
Des années plus tard elle se rendit compte qu’elle aurait dû choisir la thérapie.
Les premiers jeux de son mentorat avait été passés à contempler les vas et viens des proches anéantit, spectacle fascinant de la douleur humaine dans son plus simple appareil. Elle avait vu la colère et la haine, la résignation ou l’optimisme, les pleurs cachés dans un mouchoir blanc. Elle avait contemplé tout cela sans ciller, actrice et pourtant spectatrice du film se déroulant devant ses yeux. Et puis un jour, quand les tributs ne revenaient pas et que la liste des pertes se faisait de plus en longue d’année en année, quand une mère la supplia en suffocant de ramené sa fille, elle n’en fut plus capable. Petit à petit, les émotions avaient rongé sa carapace comme de l’acide, trouvant une faille dont la tortue n’avait même pas conscience pour s’engouffrer. Silk Preston pouvait se soucier de quelqu’un d’autre qu’elle-même. Et cette révélation lui était tombée dessus sans plus d’avertissement, un instant elle était la gagnante impassible, la seconde suivante il n’en restait plus rien. Ce fut la première année où elle se cacha, ce fut la première année qu’Adonis la trouva. Il n’aurait pas dû venir, vraiment. Mais il semble que c’est ainsi que se déroulent les histoires, sans événement perturbateur, un incipit reste un commencement sans suite. Adonis n’avait aucune raison de l’aider, aucune raison de s’intéresser à son sort. Ils n’étaient pas amis, rien de plus que deux amants occasionnels, un corps contre un corps, sans réfléchir et sans s’investir. Et puis, ils étaient devenus autre chose en l’espace de quelques minutes de douleur partagée et de mots hésitants. Parce qu’un Pacificateur sans cœur avait pris le temps de s’attarder sur une gagnante qui venait de découvrir qu’elle en avait un.
La porte s’ouvrit doucement et Silk tourna la tête vers le rectangle lumineux. Une silhouette blanche se tenait dans l’encadrement. Et elle eut l’impression de reprendre pied. Il aurait pût s’agir de n’importe qu’elle autre pacificateur venu l’accompagner jusqu’au train. Mais dès qu’il referma la porte derrière lui, elle sut. Adonis n’était pas un sauveur, il n’était pas un héros. Pourtant, à cet instant elle n’aurait voulu voir personne d’autre.
Ses pas lourds résonnèrent sur les murs de la pièce silencieuse. Il y a avait quelque chose de solennel à voir Adonis vêtu ainsi un jour de moisson, comme pour rappeler ce qu’il était et qu’il serait toujours quelques soit les circonstances ; un soldat du Capitol. Un homme qui avait vendu son âme au diable contre un uniforme blanc. Adonis avait la foi, une fois inébranlable dans le Capitol comme ces gens que l’on croisait encore parfois et qui murmuraient des paroles incompréhensibles sur l’existence d’un Dieu miséricordieux. Il croyait au système, aux les jeux et à leur barbarie. Pourtant, il était là, à ramasser les morceaux de quelque chose qui ne pouvait pas être réparé, brisé par ce même Capitol qu’il vénérait. Peut-être que c’était cela, avoir la foi après tout.
Elle ne bougea pas lorsqu’il s’approcha. Il la connaissait, mieux que quiconque. Il savait que certaines choses étaient trop dures à porter, qu’il y avait des choses auxquels elle ne pouvait pas faire face, pas toute seule. Elle ferma les yeux et inspira quand ses doigts entrèrent en contact sa peau. Parfois, un simple geste exprime beaucoup plus que des mots. Elle voulait être forte, ne pas laisser passer les sanglots qui semblaient bloqués dans le fond de sa gorge. Elle aurait voulu lui montrer qu’elle pouvait être forte, qu’elle n’avait pas besoin de lui, besoin de personne. Elle en était incapable pourtant. Elle ne put retenir ses larmes le visage enfoui dans son cou. Elle resta ainsi de longues minutes bercées par les mains confortant d’Adonis dans ses cheveux, comme une mère confortant un enfant après un cauchemar. Elle avait déjà tenu ce rôle pour Adonis parfois lorsque lui non plus ne pouvait plus être fort, lorsque lui non plus ne pouvait plus prétendre. Entre le plaisir et la douleur, il y avait parfois de la tendresse, juste assez pour ne pas craquer, juste assez pour que cela en vaille la peine.
Elle se détacha finalement et d’une main tremblante déboucla la sangle du casque du Pacificateur. Elle lui retira doucement et le posa à côté d’elle sur le bureau miteux et toucha sa joue du bout des doigts. Juste un petit peu de tendresse, parfois.
« Je n’étais pas sûre que tu viendrais. Tu n’es pas obligé de le faire, tu sais. »
Il n’avait aucune obligation, pas envers elle. Silk n’était même pas certaine de pouvoir lui en vouloir s’il décidait un jour de ne plus perdre son temps pour sa cause perdue.
« Mais je suis contente que tu l’aies fait. Merci Nightsprings. »
Elle lui sourit, reproduisant la mimique triste qu’il lui avait adressé quelques minutes auparavant. Elle essuya d’un revers de main les quelques larmes qui commençaient à sécher sur ses joues. Dans ces moments-là, quand la petite fille blessée et terrifiée se laisser approcher suffisamment pour remonter à la surface, quand il n’y avait plus de masques et plus de faux semblants elle se prenait à rêver. D’un jour ensoleillé passé allonger dans l’herbe au bord de la rivière, d’un monde où elle ne verrait plus ses tributs mourir, d’un Panem libre où une révolution aurait marché. Et puis la réalité la frappait de plein fouet. Rien de tout cela n’était possible, pas quand il ne lui restait que quelques minutes avant de se rendre au Capitol, pas quand l’homme en fasse d’elle portait un uniforme pâle comme la mort. Ce n’était pas si grave au fond, parce qu’il existait des mondes pire que celui-ci. Il existait des mondes où Adonis n’était pas là.
Elle lui sourit une nouvelle fois tentant d’avaler la boule qui venait de se former dans sa gorge, sans succès. Elle tremblait, incapable de contenir les émotions contradictoires qui embuaient son esprit. Elle avait longtemps pensé que les larmes finiraient par s’en aller qu’à un moment ou à un autre elles finiraient par s’épuiser et qu’elle n’en aurait plus, comme une fontaine vidée de son eau.
« Je ne pourrais pas, tu sais. Pas une année de plus… je… Qu’est-ce qu’il va se passer tu crois quand je reviendrai encore une fois avec deux cercueils ? Ils ne me le pardonneront pas, je sais qu’ils ne me le pardonneront pas encore une fois. Je ne me le pardonnerai pas. »
Les larmes étaient toujours là. Adonis également.
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| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Mar 5 Juin - 23:02 | |
| Et elle se mit à pleurer. Des sanglots, qu'elle essayait d'enfouir au plus profond d'elle. Des sanglots, qu'elle ne voulait pas laisser sortir. Des sanglots qu'elle avait retenu depuis bien trop longtemps. Toute sa joie venait de retomber. Ce qu'il ressentait pour Jérémy, il venait de le mettre de côté, dans un coin de son cœur et l'oublia. Juste pour ce moment. Pour qu'elle ne soit qu'à lui et qu'il ne soit qu'avec elle. Oui, ses sentiments pour Jérémy étaient bien loin désormais. Juste assez pour se confronter aux sanglots de la femme qui comptait le plus pour lui. Il en avait presque oublié pourquoi il souriait dehors. Et la serrer contre lui n'empêcherait pas ses larmes de couler. Ses doigts se glissaient dans les cheveux de Silk alors qu'il plissait les yeux pour ne pas l'accompagner. Silk était bien plus forte que lui, c'était certain. Pas de doute la-dessus, même si jamais il ne l'avouerait. La voir dans cet état était un véritable déchirement. C'était tellement rare de la voir comme ça. Pourtant, cela lui rappelait Ô combien il était humain. L'impuissance. Cette impuissance qui faisait de lui un être si faible. Il avait l'impression de se retrouver parent d'un enfant qui partait au front. Parent d'un enfant qui ne reviendrait jamais. Mais elle reviendrait. Il savait qu'elle reviendrait. A chaque fois, elle revenait. Sa fillette, elle revenait toujours. Et il l'attendait. Sagement mais impatiemment. Mais c'était tellement dur... Il savait qu'elle revenait et pourtant... Son corps avait peur. Et encore ce sentiment qui faisait de lui ce pauvre petit être faible et pitoyable. Il n'y avait qu'avec elle qu'il se sentait aussi minuscule. Il n'avait qu'à la laisser partir, après tout. Il n'avait qu'à la laisser s'en aller, loin, très loin et ne plus jamais se soucier d'elle. Oublier pour ne plus rien ressentir. Mais que lui resterait-il si jamais elle partait ? Oh, il ne se sentirait plus aussi vulnérable. Il redeviendrait l'homme fort qu'il était avant de la connaître, l'homme inébranlable et sans craintes. Mais ce serait tout. Il redeviendrait une machine sans personne pour le faire marcher. Plus personne pour tourner la clef et faire marcher ces putains de rouages. Si elle partait, il ne alors plus rien du tout. Et cette sensation de dépendance semblait tout aussi horrible que cette impuissance.
Adonis aurait pu la garder contre lui durant des heures, des jours, des années. Tout ce qu'il voulait, c'était l'entendre se moquer de lui. Tout ce qu'il voulait, c'était revoir ce sourire narquois sur ses lèvres. Mais il n'était pas apte à la faire rire. Il n'était même pas capable de sourire lui-même. Et lorsqu'elle se détacha de lui pour lui retirer son casque, il se sentit mis à nu. Son corps trembla. Ses yeux le piquèrent. Il n'allait quand même pas se mettre à chialer ? Les doigts de Preston touchèrent sa joue. Si elle savait Ô combien son cœur se brisa ! Il ne put que tourner la tête, fermant les yeux. Soutenir son regard serait trop dur, il se devrait alors de céder lui aussi aux larmes. Leur peau, leurs larmes étaient si chaudes, pourtant, leur cœur était glaciale. Et il n'y avait pas moyen de les réchauffer. Sauf peut-être une étreinte, un baiser, quelques mots. Mais ces mots doux... Ce n'était pas eux. Ou tout simplement, ils ne voulaient pas que ce soit eux. Ils ne voulaient peut-être pas céder aux sentiments. Si les sentiments l'emportaient, ils seraient perdus. Morts, mais vivants. Doucement, Adonis attrapa la main de Silk dans la sienne, la porta à ses lèvres et y déposa un baiser. Cela semblait tellement spontané, presque naturel. Pourtant, c'était sûrement la première fois qu'il agissait comme cela avec elle. La voix de Silk se perdait dans ses sanglots, celle d'Adonis aurait voulu se perdre contre sa peau :
« - Tu croyais vraiment que j'allais pas venir, hein ? C'est pas comme si ça faisait des années que je venais te voir avant que tu partes... ».
Esquisser un sourire semblait bien trop difficile. Ce n'était même pas un rictus, mais une sorte de grimace qui lui déformait le visage. Il n'avait pas lâché sa main. Lorsqu'elle le remercia, il s'humidifia les lèvres en souriant de son mieux, au bord des larmes. Il n'avait pas vraiment de raison de se mettre à pleurer si ce n'est de la voir dans cet état. Silk Preston serait sûrement la seule personne en ce monde capable de le réduire à néant. La seule à être capable de le mettre plus bas que terre. La seule à être capable de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Une nouvelle fois, il déposa un baiser sur sa main. Il avait envie d'essuyer les larmes de cette femme. Il en avait plus qu'envie. Mais ses mains tremblaient et trahissaient ce qu'il ressentait. Il ne pouvait pas se permettre de passer pour faible. Encore. Mais elle n'eut pas besoin de son aide pour ça. Elle se débrouilla toute seule. Comme une grande. Essuyant les larmes qui avait tracé un passage de sillon noir à cause de son maquillage qui avait coulé. Sa main ne tenait plus la sienne. Comme si elle s'échappait déjà. Il voulait encore la serrer, lui dire que tout irait bien, que quand elle rentrerait ils se saouleraient jusqu'à n'en plus pouvoir, qu'ils baiseraient durant des heures, qu'ils riraient en fumant, qu'ils pleureraient encore l'un sur l'autre, qu'ils seraient encore jeunes et qu'ils n'auraient rien à craindre. De rien ni personne. Car ils seraient tous les deux et que rien ne pourrait les atteindre. Mais rien qu'à l'idée d'y penser, il se mit à trembler comme une feuille, tout comme elle. Parce que ce n'était que des chimères. Des conneries qu'ils s'inventaient pour tenir le coup.
Et elle pleurait encore. C'était en train de le tuer. La voir comme ça était insupportable. Pourquoi maintenant ? Après toutes ces années passées à la voir pleurer, à la voir vider son sac, à la voir partir puis revenir... Pourquoi après tout ce temps ? Pourquoi maintenant ? Avait-il réalisé que lui aussi, au plus profond de son être, Adonis Nigthsprings était au bout du rouleau ? Jérémy était loin. Très loin. Comme sur une autre planète. Et lui, il était là, sur une planète ravagée, avec une Silk dévastée. Et ce qu'elle disait... Il n'avait même pas la force de démentir. Car tous les deux, ils savaient à quel point c'était vrai. Tout le monde la détestait, la voyait comme un monstre, produit du Capitol. Tout le monde la détestait alors qu'elle faisait de son mieux. Tout le monde la détestait alors qu'elle était la seule à se soucier de ces connards et de leurs progénitures. Les jambes tremblantes, il n'était même pas capable de se soutenir. Comment pourrait-il la soutenir, elle, alors qu'elle était bien plus forte que lui ? Adonis tomba à genoux. Ses bras l'encerclèrent, sa tête posée sur son ventre. Ses yeux se fermèrent. Il retenait ses larmes. Il devait être fort. Juste là. Juste maintenant. Pour elle. Ne pas pleurer. Il pleurerait, il le pourrait ; lorsqu'elle serait partie. Mais là, il devait tenir. Et il la serrait. Il la serrait tellement fort. Le souffle court, son cœur battant contre sa poitrine. Et les mots... Il ne les avait pas. Il ne les avait jamais eu. Il ne les avait pas comme elle, elle les avait.
« - Arrête... Arrête... Ne dis pas ça... J'ai foi en toi... J'ai... ».
Adonis avait foi en elle. Bien plus qu'en lui-même.
« - Je serais là. J'attendrais. Toujours. ».
C'était sûrement l'une des seules choses dont il était capable : attendre. Il leva la tête vers elle. Ses yeux bleus brillaient intensément. Elle avait dû deviner qu'il se retenait de pleurer, lui aussi. Son visage était tout rouge, comme les yeux de Silk. Il se détacha, juste assez pour prendre ses mains dans les siennes. Comme une promesse. Une promesse qu'il ne tarda pas à formuler :
« - Tu vas te battre. Comme tu l'as toujours fait. Tu vas te battre. Et du mieux que tu peux. Tu vas te battre et me revenir, Preston. Tu vas te battre. Parce que tu es une battante. Une gagnante. Et que quelqu'un ose dire le contraire. Je lui arracherais la langue à mains nues. ».
Bats-toi et reviens-moi. |
| | | Silk Preston △ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ âge du personnage : 32 ans
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Mer 4 Juil - 2:44 | |
| Silk savait qu’un jour ou l’autre même les mots d’Adonis ne suffirait plus. C’était peut-être écrit au fond qu’elle finirait sa vie seule, comme elle l’avait vécu. Seule parce qu’elle voulait l’être, parce que se soucier des autres revenait à s’exposer à souffrir, c’était redevenir vulnérable. Elle s’était promise de ne plus jamais l’être. Elle n’avait pas tenu sa promesse, bien sûr. Silk n’était pas une femme de parole, elle n’était pas une femme d’honneur, ne l’avait jamais été. Elle n’était même pas capable d’être fidèle elle-même. Peut-être parce qu’au fond, elle s’était perdue en chemin. Elle n’était plus qu’une coquille vide ; le contenu sans le contenant. Elle avait entendu des histoires, à propos de morts sortant de leurs tombes pour marcher parmi les vivants. Peut-être qu’au fond elle était comme eux, pas d’âme, pas de but. Rien d’autre qu’un corps usé et abusé.
Pourtant, il lui arrivait parfois de se sentir vivante. Vivante, quand un cœur battait contre le sien, quand elle hurlait à s’en user les cordes vocales, quand elle riait sans vraiment de raison, juste parce qu’Adonis avait ce pouvoir-là sur elle. Lui permettre de se sentir vivante, juste quelques minutes, des interludes éphémères, quelques lucioles dans la nuit noire. Et c’était peut-être pour cela que malgré le poids des années, malgré la souffrance et la peine accumulées de leurs côtés, au final ils finissaient par revenir l’un vers l’autre, comme un bateau en perdition cherchant un phare dans la tempête. Adonis était son port d’attache, il était cette douce sensation de familiarité. Il était le fils, le frère, l’ami, l’amant. La seule personne pour laquelle Silk pouvait sincèrement dire qu’elle ait compté. Il y avait des voix, des visages, ses odeurs, des noms oubliés. Elle avait vécu 1000 vies, porter autant de noms, mais jamais personne ne l’avait vue telle qu’elle était. Personne sauf Adonis. Tout le monde a ses faiblesses, tout le monde a ses torts. Peu arrivent à les admettre, encore moins arrivent à les montrer. Adonis ne se souciait pas de ces choses là. Il faut un être brisé pour en reconnaitre un autre. La noirceur appelle la noirceur, c’était aussi simple que cela. Ils auraient pût être mauvais l’un pour l’autre, ils auraient pût s’attirer vers le fond, se laisser couler ensemble. Cela aurait été plus facile que de résister, plus facile que de lutter contre les démons qui semblait vouloirs les engloutir. Ils auraient pût être toxique, se faire plus de mal que de bien. Pourtant, comme deux forces s’annulent, ils arrivaient à garder la tête hors de l’eau. Parce que sans lui, elle aurait certainement faibli depuis longtemps, sans elle dieux sait où il en serait à présent. Peut-être qu’ils auraient été plus heureux, sombrer et ce noyer dans l’obscurité pour ne jamais en sortir, peut-être que c’était leurs natures, d’être des désastres et qu’ils ne faisaient que gagner du temps. Tic toc, l’horloge tourne, tic toc, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’eux que deux épaves à la dérive.
Elle suivit des yeux sa bouche sur sa main, captivée par le spectacle de ses lèvres contre sa peau. Adonis n’était pas le genre de personne à faire de grands discours. Au fond, il était un homme de sentiment. Un homme écorché vif qui préférait cacher ses émotions sous un casque blanc et une mine sarcastique, le visage impassible. Elle ne savait pas pourquoi il avait choisi de se dévoiler à elle, pourquoi, parmi toutes les âmes errantes il avait choisi la sienne. Elle n’avait jamais vraiment compris comment ils en étaient arrivés là. Peut-être qu’il y avait une destinée au fond, peut-être qu’une force supérieure était en marche pour rapprocher ceux qui en avait besoin. Suis-je le gardien de mon frère ? Car Adonis était sa famille, une famille étrange et dysfonctionnelle, mais une famille tout de même. Et le voir souffrir pour elle, sentir le désarroi semblable au sien, c’était trop dur. Ils n’étaient pas faits pour ressentir, pas conçus comme des êtres sensibles. Toutes les émotions elle se remit à pleurer, comme une gamine, passant une main douce dans les cheveux ébène d’Adonis, lissant un épi avec la paume de la main. Elle aurait voulu le consoler, lui dire que tout allait bien se passer, mais les sanglots ne semblaient pas pouvoir s’arrêter.
Il avait foi en elle ? Elle avait foi en lui. Juste assez pour avoir une chose à laquelle s’accrocher encore ? Elle était terrifiée, à l’idée qu’il puisse la laisser seule, qu’il puisse décider un jour de partir et de la laisser moisir dans ce district pourri. Il finirait par partir un jour. Parce que tout le monde finit par partir. Elle se demandait parfois s’il finirait par trouver quelqu’un, quelqu’un capable d’amour et qui compléterais ce qu’il était. Quelqu’un qui pourrait accepter Adonis, quelqu’un qui pourrait le guérir. Un malade n’en guérit pas un autre. Elle se demandait si elle arriverait à le laisser partir, si elle pouvait se détacher de lui et de ce qu’il représentait. Si la partie égoïste d’elle-même, celle qui ressentait cette satisfaction perverse à le voir aussi malheureux qu’elle, arrivait à laisser s’envoler cette constante dans sa vie. Pourtant, elle voulait qu’il trouve le bonheur quelque part. Et ce n’était pas elle qui pouvait le lui donner, pas quand elle était ce qu’elle était, pas tant qu’elle se complaisait encore dans cette situation.
« Un jour tu en auras ta claque de m’attendre et je ne pourrais même pas t’en vouloir. »
Parce que tout le monde finissait par se lasser d’une vie pareille. Personne n’était fait pour vivre aussi malheureux. Son pouce vint caresser celui d’Adonis, liant un peu plus leurs mains jointes. C’était comme si un blocage entre eux venait d’éclater en morceaux. Comme si tant d’années de retenues et de faux semblants avaient eu raison de la volonté qu’ils avaient toujours eue de maintenir une distance verbale entre eux. Un accord tacite comme pour signifier qu’ils pouvaient ressentir, mais ne pouvait jamais l’exprimer. Car dire les choses les rend réelles et qu’il est plus facile de se mentir à soi même. Elle porta à son tour la main d’Adonis contre ses lèvres. Il avait tort. Elle était faible et l’avait toujours été. Elle ne pouvait pas le lui dire, ne pas laisser son esprit former les mots pour lui dire tout ce qu’elle était. Une lâche, une faible, un cas désespéré. Elle ne vivait que parce qu’elle n’avait rien d’autre à faire. Elle ne vivait que parce qu’elle n’avait pas le courage d’en finir. Peut-être qu’elle espérait encore au fond, elle ne se l’avouerait jamais. Well, you know what they say about hope. It breeds eternal misery. Surtout quand il est déçu, et il finissait toujours par l’être. Alors non, elle ne lui dit rien. Elle se contenta de ravaler ses larmes, parce que c’était la chose à faire, parce que peut-être qu’elle se sentirait mieux si Adonis se sentait mieux. Elle était consciente que les problèmes d’Adonis allaient bien plus loin que cela. Pourtant, elle savait également qu’ils n’iraient pas mieux tant qu’ils ne le décideraient pas. Parce que leurs misères étaient entremêlées au point qu’ils n’arrivaient plus à distinguer à qui elle appartenait réellement. Une seule douleur, deux personnes. Et elle était presque sûre d’aimer Adonis. Autant qu’elle pouvait aimer quelqu’un dans ces circonstances. Elle sourit presque à la réalisation. Pendant des années, elle avait prêché à qui voulait bien l’entendre qu’aimer c’était s’exposer à souffrir. Pourtant, il la rendait plus forte. Bien sûr qu’elle aimait Adonis, elle l’aimait certainement depuis des années. Il n’y aurait jamais de grandes déclarations, parce qu’ils n’en avaient pas besoin. Les familles ressentent l’amour sans avoir besoin de l’exprimer, c’était comme ça qu’elle aimait Adonis.
« Je vais revenir, bien sûr que je vais revenir. Je peux pas te laisser croupir ici avec tous ces connards. J’aurai trop peur que tu détruises le district. »
Et il en était capable, tout comme il était capable de mettre sa menace à exécution. Elle descendit du bureau et vint s’assoir à côté de lui sur le sol poussiéreux.
« Tu dois me promettre un truc Nighsprings. Et tu dois le jurer. Tu vas trouver un moyen d’être heureux. Tu dois trouver quelque chose et même s’il m’arrive un truc Nightsprings, même si je crève, tu continueras sans moi. »
Elle l’embrassa sur les lèvres et murmura :
« Tu jures ? » |
| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Mer 18 Juil - 2:04 | |
| Les genoux à terre, ses mains dans les siennes, Adonis paraissait être le plus beau des chevaliers. Brave, prêt à tout pour sauver sa promise. Prêt à tout... Mais il en était incapable. Il était incapable de se sauver lui-même, comment pourrait-il l'être pour sauver quelqu'un d'autre, qui que ce soit même ? Sauver les gens, ce n'était pas ce pourquoi il était fait. Détruire, c'était la seule chose qu'il savait faire. Le règne par la terreur, comme on dit. La terreur et la destruction. En réalité, seule sa position le désignait comme un chevalier. Oui, il n'en avait que l'allure. Même s'il aurait voulu la sauver, sa vieille princesse.Il n'avait pas à être blâmé. Il l'avait choisi, d'être le méchant de l'histoire et non le héros. On a toujours le choix. Il l'avait eu. Adonis n'a jamais pensé, à un seul moment de sa vie, qu'il avait fait le mauvais choix en devenant ce qu'il était. Il n'avait personne à blâmer pour sa condition et il s'en foutait totalement. Il était lui seul maitre de sa Destinée. Pourtant, il lui arrivait parfois de songer à devenir quelqu'un d'autre et il se prenait à rêver d'une autre vie. Avec Silk. L'idée lui avait effleuré l'esprit plusieurs fois. Très souvent, même. Sûrement que, elle aussi, puisqu'il leurs arrivait d'en parler en riant. Toujours en riant. Il n'y avait pas d'autres choix que le rire et les pleurs, avec eux. Parfois la peur ou la colère. Rares fois, les promesses et le sérieux avaient réussis à se frayer une place dans leur relation. C'était peut-être mieux ainsi. Adonis ne savait pas tenir les promesses. Il préférait sourire et croiser les doigts derrière son dos en se mordant la langue. Mais pas cette fois. Pas pour sa vieille princesse. Il jouerait les véritables chevaliers. Il avait scellé son pacte, il avait décroisé les doigts et il planterait son épée dans la terre pour l'attendre. Le combat de sa vie pouvait bien attendre, lui. Le monstre qui se prenait pour un héros. Ses yeux étaient bien trop mouillés pour qu'il ne se mette à rire.
Il avait fait son choix et s'y tiendrait. Il resserra ses mains dans celles de Silk jusqu'à ce qu'elle passe une main dans ses cheveux. Il lui sourit. Personne ne lui avait donné tant d'affection que Silk. Et pourtant, Dieu sait qu'ils ne sont pas fais pour la tendresse. Du moins, ils n'arrivaient pas à l'accepter. Sa propre mère n'avait jamais passé une main dans ses cheveux, sur son visage, comme Silk l'avait fait. Adonis avait fait ses choix, mais auraient-ils été différents avec une vie différente ? Un père, une mère différents ? Des amis ? Un monde différent ? Peut-être. Et peut-être aurait-il eu la capacité, le besoin d'enlacer cette femme complètement anéantie. Peut-être aurait-il eu le courage qu'il n'avait pas aujourd'hui. Mais comme tous les hommes, il était faible et égoïste. Surtout parce qu'il y avait quelqu'un d'autre désormais qui se crée une place dans sa vie. Dans son cœur ? Jérémy aussi avait réussi à poser ses mains sur son visage et dans ses cheveux. Lui aussi avait réussi à transpercer sa carapace. Lui aussi lui avait sourit, lui faisant tout oublier. Et il était trop bête, trop fragile, trop lâche et trop égoïste pour soutenir la seule femme qui l'avait jamais aidée. Des promesses, toujours des promesses. Il ne voulait pas la briser, sa promesse. Pour elle. Pour tout ce qu'elle avait fait et ce qu'elle ferait encore. Parce qu'il savait qu'elle aussi ne l'abandonnerait jamais. Jamais. Ça paraissait tellement long... Il se sentait pourtant capable d'attendre. Toujours. Oui, pour elle. Adonis porta l'une des mains de Silk à ses lèvres et y déposa un énième baiser, cherchant son regard du sien.
Silk et Adonis étaient vraiment les mêmes. Ils étaient peut-être frère et sœur. Si les vies antérieures existaient, il jurerait que ce serait vrai. Ils étaient pareilles. Ils avaient peur de la même chose ; la solitude. Et pourtant, ils s'évertuaient à repousser les autres. C'était maladif. Cette peur, sûrement, aurait raison d'eux un jour. Mais pour le moment, Adonis ne voulait plus jouer à ce jeu. Il voulait exister. Juste... Un moment. Juste, entre ses doigts. Il voulait ressentir, la ressentir. Juste cette fois. Son pouce caressa sa main et il ferma les yeux. Sa main contre ses lèvres, il frémit. Silk était et restera sûrement la seule femme de sa vie. La seule en qui il ait jamais cru. La seule qui ait jamais cru en lui. La seule capable de le faire ressentir. Il avait longtemps été anesthésier de tout sentiment. Pas à pas, grâce à elle, il savait ce que c'était. Comme un enfant, il avait redécouvert tant de choses. Et il redécouvrait avec Jérémy désormais. Et les mots restaient coincés. Putain, il aurait voulu lui dire à Silk. Lui dire ce qu'il était en train de découvrir. Il aurait vraiment voulu le lui dire. Mais ne serait-ce pas mal que de profiter de sa tristesse pour le lui avouer ? Ce serait bien trop cruel. Et il était incapable de faire ça à Silk, malgré tout le mal qu'ils pouvaient se faire. Ces maux là, lui-même ne pourrait pas s'en remettre si elle les lui faisait partager. Alors il resserra ses mains dans les siennes. Après tout, c'est tout ce qu'il pouvait faire.
Un rire, pourtant triste, s'échappa de ses lèvres. Il n'avait pas le cœur à rire mais même les mots les plus stupides qu'elle pouvait bien dire avaient le pouvoir de guérir son cœur et sa tristesse. Mais elle avait raison. Il était autant capable de se laisser crever dans ce trou à rat que de le détruire. C'était d'autant plus drôle qu'elle le sache. C'était juste... Pas possible. Pas possible qu'elle puisse mettre le doigt, comme ça, sur des choses qu'elle n'était pas sensée savoir. Elle était douée. Très douée. Elle descendit de sa table pour venir s'assoir à ses côtés. Perplexe, il pencha la tête sur le côté sans la quitter du regard. C'était mauvais. Vraiment mauvais. Cette proximité le gênait terriblement, surtout quand il sentait que cela allait vraiment être mauvais. Il recula sa tête et son torse d'un mouvement rapide, comme s'il craignait quelque chose. Et il craignait vraiment ce qu'elle allait dire ou faire.
Pourquoi ces mots ? Pourquoi ces promesses maintenant ? Adonis déglutit avant d'ouvrir en grand ses yeux et sa bouche. Il n'avait rien à répondre à cela. Pas même une promesse. Que pouvait-il lui dire ? Qu'il avait réussi, à sa manière, de trouver quelque chose qui le rendait partiellement heureux ? Que cette chose n'avait pas plus de quinze ans ? Il plissa les yeux, croisant son regard avant qu'elle ne l'embrasse sur le front. Dans le fond, elle le rendait heureux aussi. Il donnerait tout pour ne pas être lâche.
" - Je...".
Il ne s'attendait pas à ça. Pas à ces mots-là. Il secoua la tête en soupirant.
" - Tsss...".
Dans tous les cas, il l'attendrait. Il attendrait qu'elle revienne. Il ne l'avouerait jamais, mais... Sans elle, il était comme un chien perdu sans son maitre. Un petit chiot qui s'évertuait à aboyer alors que personne ne l'attraperait pour l'emmener à la maison, lui offrir un foyer et juste assez d'affection pour survivre. Il avait juste besoin de ses doigts dans les siens, juste son regard planté dans le sien, ce semblant d'affection pour continuer.
" - Il ne t'arrivera rien, alors, arrête tes conneries maintenant. Et puis, dans tous les cas, quand tu reviens, on va boire comme des trous, se bourrer la gueule et baiser jusqu'à ce que je t’entendre dire...".
Adonis se trouvait douer pour imiter les mimiques de Silk. Elle était douée aussi pour l’imiter, mais étrangement, il trouvait cela bien moins drôle :
" - Adonis, oui Adonis, hmmm ! Je t'en prie arrête ! ".
Son sourire narquois lui était revenu. Il la regarda droit dans les yeux, espérant que cela la ferait rire autant que lui. Il leva enfin les yeux au ciel en soupirant :
" - Mais si ça peut te faire plaisir, ouais, voilà ; j'te jure. Je s'rais heureux, hein. ".
Doucement, il croisa les doigts derrière son dos. Le chevalier redevenait monstre de mensonges. Mais ce n'était pas réellement un mensonge, puisqu'il était déjà partiellement heureux, n'est-ce pas ? |
| | | Silk Preston △ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ âge du personnage : 32 ans
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Mer 18 Juil - 23:10 | |
| Il mentait, son visage le trahissait et le trahirait toujours. Cette bouille d’ange auquel on aurait donné le Bon Dieu sans confession, c’était tellement peu lui. Bien sûr qu’il mentait, sans se démonter. Il aurait dû savoir que ce genre de chose ne marchait pas avec elle. Elle les connaissait trop bien, ses combines. Elle le connaissait par cœur. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Tout le monde ment, surtout elle. Elle mentait sans cesse. Sur ce qu’elle était ou pouvait bien ressentir, elle se mentait à elle-même parfois. Non, Silk ne pouvait pas le blâmer. Alors, elle lui sourit simplement, retenant les mots amers et les regrets qui s’accumulaient sur le bout de sa langue. Toutes ces choses qu’elle aurait voulu lui dire, toutes les promesses qu’elle aurait voulu lui faire tenir. Elle ne pouvait pas le changer, elle ne voulait pas le changer. Il était Adonis, inchangé et inchangeable. Et pourtant, elle le sentait glisser entre ses doigts depuis quelque temps. Différent, il était différent. Dans sa manière de sourire, dans sa manière de l’enlacer. Elle sentait l’hésitation quand il la regardait, comme s’il aurait voulu voir quelque chose, quelqu’un d’autre. Peut-être qu’elle n’était pas assez bien, peut-être qu’elle n’était pas assez tout simplement. Ou peut-être qu’il l’avait trouvé, ce qui le rendait heureux, cette chose qu’il avait semblé chercher si longtemps. Et si Adonis ne l’aimait pas autant qu’elle l’aimait, est-ce que c’était vraiment si important au fond ? Tant qu’il était heureux ? Tant qu’il continuait d’être l’Adonis qu’elle avait toujours connu, celui qui était toujours là quand elle avait besoin de lui, comme aujourd’hui ?
« T’es vraiment un connard Nightsprings. Je t’ai jamais entendue te plaindre. Peut-être parce que t’étais trop occupé à gémir comme si c’était ta première fois. »
Elle lui donna un coup dans l’épaule. C’était fini, ce moment suspendu dans la mascarade qu’ils s’évertuaient tous les deux à préserver, parti aussi vite qu’il était arrivé. Elle était Preston, il était Nightsprings et leur vie était toujours la même. Un énorme bordel sans fin. Bien sûr qu’elle rentrerait des jeux, mais il ne viendrait pas. Pas cette fois, elle ne le laisserait pas faire. Ruiner sa vie avec elle. Pas quand il avait la possibilité d’être heureux. Et même si elle devait en crever, de le voir aimer quelqu’un d’autre, elle le ferrait. Elle pourrait peut-être partir, aller au Capitol quelque temps, voir Hawkins dans son district pour une fois. Juste s’éloigner, juste le laisser vivre sa vie. Peut-être que c’était une erreur, d’essayer. Peut-être qu’il fallait lâcher prise. Encore une fois.
Il y a une période de sa vie de laquelle elle avait du mal à se souvenir. Une période floue, de couleurs et de bruits inintelligibles. Une période où elle pensait sincèrement être heureuse, les quelques mois qui suivirent sa victoire. Quand le monde était encore à ses pieds, quand elle était un objet d’envie, une personne à laquelle on aurait voulu ressembler. Elle était encore assez naïve pour croire aux mensonges du Capitol. Elle se foutait de ce que les gens de son district pouvaient bien penser. Elle avait vu ce qu’ils avaient fait subir à Anja, elle avait vu le mépris et parfois l’envie. Elle pensait qu’elle allait pouvoir s’en sortir, qu’elle allait enfin vivre. Alors, elle avait lâché prise. Les pilules étaient jolies et les gens si gentils. Elle avait de l’argent et les sirènes si attirantes qui nageaient autour d’elle chantaient de si belles chansons. Elle avait touché du bout du doigt l’extasie de la liberté. Elle avait été si proche. Elle regrettait parfois cette époque. Et puis elle se souvenait aussi des visages déformés, des jours passés sans se souvenir de la moindre minute. Elle se souvenait aussi de la solitude, de n’avoir personne à réveiller à quatre heures du matin lorsqu’elle n’arrivait pas à dormir. Elle se souvenait n’avoir personne pour l’attendre sur le quai. Elle se souvenait de la vie sans Adonis et de l’insupportable manque qui se faisait sentir à cette idée. Elle ne lâcherait pas prise, pas une nouvelle fois. Juste parce que malgré tout, elle aimait à croire qu’il avait besoin d’elle autant qu’elle avait besoin de lui.
Le sol en parquet était recouvert d’une fine couche de poussière. Elle y traçait inconsciemment des spirales, des arabesques indéchiffrables du bout du doigt. Un jour elle redeviendrait poussière, juste un grain de poussière dans l’univers. Elle se tourna légèrement vers Adonis et appuya son dos contre son bras.
« Tu as vu l’horreur que la femme de Noah m’a envoyée ? Si elle compte faire porter la même chose à mes tributs, je pense la noyer dans une coupe de champagne. »
Elle allongea les jambes et passa ses mains sous ses cuisses pour en arrêter le tremblement. Dans quelques minutes elle allait devoir sortir, rejoindre le train et ses tributs. Il allait falloir parler stratégies, regarder la rediffusion des jeux et son lot de pleurs. Elle aurait voulu rester ici. Juste quelques heures de plus, quelques heures avant que tout change. Fermer les yeux et ne plus se poser de questions, juste deux respirations dans le noir. Juste Silk et Adonis avant la tempête. Il allait lui en vouloir, elle le savait. Il ne comprendrait pas, pourquoi elle lui fermerait sa porte et son lit.
« Tu aurais une cigarette Nightsprings ? »
Quand on est amoureux de quelqu’un on ne couche pas avec quelqu’un d’autre, quand on est amoureux de quelqu’un on ne leurs brisent pas le cœur, pas pour quelqu’un comme Silk. Adonis le savait, mais Adonis n’était encore qu’un enfant qui ne voulait pas respecter les règles d’adultes. Et c’était peut-être pour çà qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser à Adonis enlaçant le corps frêle d’une adolescente et avoir l’air heureux.
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| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Jeu 19 Juil - 4:06 | |
| Le mensonge avait toujours fait parti de leurs vies. Mentir était comme une seconde nature. Ils étaient capables de le flairer, même, ce mensonge. Chaque mensonge. Tous les mensonges. Ils s'en jouaient. Ce n'en était pas pour autant de la mythomanie. Ils savaient qu'ils mentaient. C'était... Un peu comme s'ils mentaient... Pour faire le bien, dans le fond ? Les mensonges sont là pour cacher une douloureuse vérité après tout. La vérité est toujours bien trop douloureuse. Ce n'est jamais agréable d'entendre la vérité. Elle fait souffrir, Ô, bien trop souffrir. Ça fait mal. Et il est tellement difficile de s'en remettre. Silk pourrait-elle seulement se relever s'il lui disait toutes les vérités du monde ? Saurait-il se relever, lui aussi ? Auraient-ils la force d'affronter le monde avec toute cette horrible cruauté révélée ? Adonis, lui, savait qu'il ne le supporterait pas. Alors, il mentait. C'était son arme contre l'humanité. Son arme qui le rendait encore plus faible et plus lâche. Le mensonge et les moqueries. C'était tellement plus simple de se cacher et dissimuler ses sentiments. Les Hommes sont cruels, mais les sentiments le sont tout autant. Ses sentiments étaient cruels. Partagés. Incomplets. Hésitants. Peut-être que c'était pour ça, qu'elle mentait aussi dans le fond. Parce que c'était cruel. Que ses sentiments étaient cruels. Qu'elle était cruelle. Alors mentir, c'était fortifier sa propre forteresse. Mentir, cela assurait l'avenir. Même si cet avenir devenait incertain avec le temps et que, petit à petit, les pierres et les briques de leur forteresse finissait par tomber, laissant doucement la vérité éclater. Oh, elle éclaterait un jour. Mais pas maintenant. C'était bien trop tôt. Pour elle comme pour lui. Ils étaient incapables d'encaisser. Incapables de le supporter. Alors, à son tour, il lui sourit. Ses doigts se décroisèrent pour se poser sur sa propre cuisse. Faire comme si de rien était et essayer de croire à ses propres mensonges. Le bonheur était subjectif, de toute façon. Et sûrement étaient-ils masochistes pour se complaire dans cette situation. Cela leurs allait si bien, la douleur et le mensonge...
Non. Il n'avait pas à se plaindre. Pas quand il était entre ses cuisses. Pas lorsque leurs doigts finissaient par s'entrelacer. Pas quand ils finissaient par murmurer des mots qu'ils ne pensaient pas être prononcés. Son sourire s'élargit. C'était tout ce dont il avait besoin ; des mensonges et des moqueries. Avec elle, tout pouvait passer. Le coup dans l'épaule lui rappelait tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils ne feront sûrement jamais. Ce coup dans l'épaule valait tout l'or du monde. Il était synonyme de tellement de choses. Des petits moments de joie, ceux que jamais personne pourrait leurs enlever. Ces moments à se rouler dans les draps en éclatant de rire, ces moments où parfois les coups commençaient à fuser, ces moments où le sang commencer à couler, ces moments où les mots les dépassaient, ces moments où finalement il n'y avait que les baisers capables de tout pardonner. Cette douleur dans son épaule, elle le faisait vivre. Vivre et mourir, lentement. Il finirait par en mourir, c'était certain. Avant de rencontrer Silk, ou même Jérémy, il aurait pu dire que la seule personne capable de le tuer, c'était lui-même. Il n'en était plus aussi sûr, désormais.
" - Je sais que tu aimes quand je jouis comme une pucelle. Alors, fais pas ta farouche, Preston. ".
A son tour, de lui donner ce coup dans l'épaule. Te souviens-tu, Preston ? Te souviens-tu de ces nuits à pleurer dans le noir ? Te souviens-tu de cette douleur qui nous broyait l'estomac ? Te souviens-tu qu'après cela, tu m'embrassais, croyant panser mes plaies ? Il l'embrassait aussi. Encore un mensonge. Ils pensaient que les baisers pouvaient guérir. Ils n'étaient que des enfants, des fous, pour y croire encore. Des enfants... Ils avaient grandi bien trop vite, bien trop tôt. Et cette proximité qui le fit frémir. Il tourna la tête, juste assez pour l'apercevoir. Il en avait besoin. Malgré tout ce qu'elle représentait, ce chaos omniprésent dans sa vie, la personnification même de sa rage et de sa douleur, elle réussissait tout de même à lui apporter cette sérénité. Ce calme. Ce silence. Pas ce silence gênant qui peut nous rendre fou. Ce silence... Lorsque les voix finissent par s'éteindre et qu'il ne reste plus que les gestes. Le bruissement du tissu sur la peau, l'ongle contre le parquet en bois soulevant la poussière, la respiration rapide ou saccadée, le tambourinement du cœur contre le torse. Ce silence qu'elle lui apportait. Le silence des mots. Elle seule, à même de pouvoir annihiler la parole ou de l’ériger en reine. Il l'enviait tant pour ça. Elle avait ce pouvoir que nul autre avait. Il l'enviait, mais ne le voulait pas. Car s'il l'avait, ce pouvoir, saurait-il autant l'apprécier venant de Preston ? Pourrait-il encore fermé les yeux et l'écouter si lui-même le posséder. Il ne préférait pas savoir. Il ne préférait pas vouloir connaitre ce secret-là. C'était le seul qu'il voulait qu'elle garde. Le seul qu'il ne voulait vraiment pas savoir. De ce fait, il pourrait encore passer des heures contre elle, à écouter ce silence ou ses mots.
Un petit rire étouffé. C'était comme ça que le débat Harvey-Cain commençait, généralement. Lorsque cela venait de lui, c'est qu'il s'agissait de Silk, proliférant des horreurs à l'égard de la femme. Lorsque cela venait d'elle, c'est qu'il s'agissait d'Adonis, rageant sur Ô combien le mari pouvait être important pour elle. Il préférait quand ils parlaient d'Orube Harvey-Cain. Au moins, ce n'était pas lui qui s'énervait. Il tourna de nouveau la tête vers Silk en souriant de toutes ses dents. Il ne pouvait que se ranger du côté de la jeune styliste. Après tout, il préférait lorsque les affaires de Preston se faisaient courtes. Même s'il voulait être le seul à voir sa peau. Il s'humidifia les lèvres, lui lançant cet air moqueur qu'elle connaissait si bien :
" - Arrête. J'adore. Plus on voit ta culotte, de toute façon, plus j'aime. Et puis, ce serait du gâchis de la noyer dans du champagne ; tu ne te rends pas compte à quel point c'est bon, le champagne.".
Le champagne. Oui, c'était vraiment bon. Il n'en avait goûté que deux fois dans sa vie ; la première, c'était lorsqu'il avait réussi son diplôme de Pacificateur et que les officiers, ainsi que les jeunes recrues, avaient partagé un bon moment en se bourrant la gueule avec toutes sortes de liqueurs et la seconde c'était lorsque Silk en avait ramené une bouteille. Ils l'avaient savourée, cette putain de bouteille, jouant toute la nuit comme s'ils étaient des capitoliens. Il s'en souvenait comme si c'était hier, de cette soirée, de ce goût. Ce serait vraiment du gâchis.
Sa main vint chercher, dans la petite poche de son pantalon, au niveau du genou, son paquet de cigarette. Il ne fumait pas pendant le service. Il ne buvait pas, non plus. Avoir les idées claires, c'était bien mieux ainsi. Être conscient de cette réalité qui l'entourait. Être conscient de ce qu'il était et de ce qu'il serait. Il trouva le paquet et en sortit deux cigarettes, ainsi que son zippo. Il les porta toutes deux à ses lèvres et les alluma avant d'en tendre une à Silk. Il tira une longue bouffée, expirant ensuite par le nez :
" - La dernière clope du condamné, hein ?".
Ils étaient si proches. Tellement proches qu'il aurait pu tourner sa tête et l'embrasser. Ou... Ne serait-ce que de glisser ses doigts dans ses cheveux d'ébène. Ou l'encercler de ses bras. Il aurait pu lui donner plus de réconfort. Tellement plus. Il aurait pu lui donner tellement plus. Mais il y avait cette barrière. Et il y avait ce nouveau bonheur qui voulait s'imposer dans sa tête. Il pinça les lèvres, portant une nouvelle fois le filtre à ses lèvres. Sa main vint finalement tapoter la cuisse à Silk avant de finalement se lever :
" - Ça va être l'heure. ".
Une nouvelle bouffée avant d'éteindre sa cigarette et de la remettre dans son paquet. Il n'avait pas le courage de la finir. Ses mains tremblaient, de toute façon. Il savait qu'il ne fumerait pas avec elle avant longtemps. Entre ses doigts, lorsqu'il écrasa le tabac pour l'éteindre, il savoura la brûlure. C'était sûrement la dernière douleur qu'elle pourrait provoquer avant longtemps. Longtemps. Dans sa tête, ça sonnait comme être une éternité. Ça l'était sûrement. Il cligna plusieurs fois des yeux. Plus de sanglots. Plus de larmes. Pas maintenant. Il se tourna vers elle, lui tendant la main pour la redresser. C'était bientôt l'heure. L'heure des adieux. Ils avaient passé des années à vivre cette même scène. Pourtant, aujourd'hui, il y avait quelque chose de différent. Ce goût amer des mensonges qu'ils n'avaient cessé de créer. Le goût sucré du champagne était bien loin.
" - Je t'accompagne jusqu'à la gare.".
Cela n'avait rien d'une question. Sa phrase sonnait comme autoritaire.
" - Ça va aller ? ".
Un ultime mensonge. Il avait besoin... Juste... D'un ultime mensonge. Et il savait qu'elle croiserait les doigts, elle aussi. |
| | | Silk Preston △ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ âge du personnage : 32 ans
| Sujet: Re: Our time is running out [ Silk ]. Mar 31 Juil - 0:00 | |
| Tellement de choses auraient pu être différentes. Tellement de mots n’avaient pas été dits, tellement de gestes qui n’avaient pas été faits et qui auraient pu tout changer. Des si et des peut-être perdus au milieu des mensonges et des faux semblants, des ce qui auraient pu être et ce qui ne sera jamais. Pourquoi continuer à se mentir ? À prétendre quand eux-mêmes n’y croyaient plus ? Parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Il n’y avait pas de solutions, pas d’échappatoire à tout çà. Et à présent qu’ils étaient si profondément perdus dans cette toile de mensonges, il n’y avait plus de solutions. Juste prétendre, quelques secondes, quelques années de plus. Continuer à vivre, car aucun d’eux n’avait le courage de mourir. Il était plus facile de mentir, de prétendre que tout allait bien, qu’un jour leurs châteaux d’illusions ne finiraient pas par s’écrouler soufflé par le vent. Il n’y avait plus de retour en arrière possible, juste une fuite en avant. Adonis et Silk n’avaient plus d’avenir, pas ensemble. Ils avaient manqué leur chance. Par fierté ou par peur, quand ils n’avaient pas voulu admettre qu’ils représentaient bien plus l’un pour l’autre que ce qu’ils espéraient. Quand ils avaient menti encore et toujours en prétendant n’être rien d’autre que des amants, rien d’autre que deux corps sans esprits et sans émotion. Comme ils s’étaient trompés et comme ils avaient été heureux de se cracher aux visages comme pour prouver cette théorie. Silk aurait préféré, qu’il ne représente rien, que la boule dans son ventre à l’idée d’être séparé d’Adonis n’ait pas de raisons d’être.
Elle porta la cigarette à ses lèvres et esquissa un sourire à sa remarque. C’était juste, tellement juste. Une dernière cigarette avant de partir à l’échafaud, une dernière cigarette avant de monter dans le train et partir pour une nouvelle édition des jeux. Elle allait retrouver le Capitol, le centre d’entrainement et les autres vainqueurs. Redevenir la gagnante avec ses grands sourires et ses pirouettes devant les sponsors. Se fondre dans cette masse bruyante et colorée du Capitol, voir tous ces gens s’extasier devant une éventration comme devant un châle en soie. Supporter de redevenir la poupée de chiffon pliable à la volonté de ceux qui détiennent le pouvoir. Et ne rien dire, supporter ce manège, une année de plus. Pas la première et pas la dernière, juste une année de plus. Pourtant, cette année avait un gout différent, une sensation de fin de course, une amère sensation d’inachevés. Et si elle c’était écouté, elle l’aurait pris dans ses bras, elle l’aurait bercé une dernière fois, l’aurait embrassé juste comme avant. Mais elle ne pouvait pas faire çà, pas maintenant. Si la révélation de ses sentiments n’était pas si malvenue, elle aurait peut-être pu, ses mains se seraient peut-être faites plus douces, ses mots plus tendres. Elle ne serait jamais sienne et il ne serait jamais sien. Parce qu’ils étaient Adonis et Silk et que les choses n’étaient pas si simples, qu’elles ne l’avaient jamais été. Parce qu’ils à force de se convaincre qu’ils n’étaient pas fait pour l’amour, ils n’avaient jamais essayé de l’être. Et ils étaient deux idiots, deux stupides imbéciles.
Les doigts d’Adonis tapotant sur sa cuisse la firent sursauter légèrement. Elle ne voulait pas partir, elle ne voulait pas revenir à la réalité. Elle était bien, ici dans le petit bureau obscur, à l’abri. Elle écrasa la cigarette à peine consumée sur le sol en bois, laissant une trace aux bords foncés. Elle passa le doigt sur la brûlure, indélébile. Pourtant, rien n’est éternels, ni Silk, ni Adonis, pas même le Capitol. Tout à une durée de vie, un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps. La fin de celui de Silk viendra bientôt, plus tôt qu’elle ne pouvait certainement l’espérer. Et Adonis la rejoindrait un jour. Et peut-être qu’ils avaient raisons, ces gens qui racontaient à qui voulait bien l’entendre qu’il y avait une vie après la mort. Une vie sans peine et sans douleur, une vie paisible ou tous les péchés sont pardonnés à ceux qui veulent s’en repentir. Et peut-être que dans 10 ou 100 ans, sous une autre forme, dans une autre vie, ils pourraient être heureux, ensemble. Mais pas maintenant, pas dans cette vie, pas aujourd’hui.
Elle se leva et épousseta tant bien que mal sa robe. Elle savait que ses yeux rougis et les traces de larmes sur ses joues ne tromperaient personne, mais il fallait essayer, parce qu’il n’y avait aucune autre solution que se plier aux règles du Capitol. Elle enviait parfois les rebelles qui arrivaient à croire en leur cause perdue, cela devait avoir quelque chose d’agréable, d’espérer encore.
« Je connais le chemin Nightsprings. »
Peut-être avait-il peur qu’elle s’en aille. Elle ne partirait pas, elle n’avait nulle part où aller. Nulle part s’il n'était pas là.
Il y a tellement de choses qu’elle aurait voulu lui dire, tellement de choses qu’elle ne lui dirait jamais. Elle aurait voulu le faire rire, lui faire une blague potache sur le temps qu'il fallait pour enlever son uniforme et à quel point cela compromettait ses plans. Elle aurait voulu être franche. « Je serais là, quoi qu’il arrive » pour commencer, car il avait besoin de le savoir. « Tout va bien se passer », ensuite même si c’était un mensonge, même s’il n’y croyait pas une seconde, il avait parfois besoin de l’entendre. « Je t’aime » pour finir, parce que c’était la stricte vérité. Elle n’était pas amoureuse de lui, elle l’aimait tout simplement. Pas un amour d’adolescent, pas un amour d’adulte, un amour né dans l’adversité et qu’eux seuls pouvaient comprendre. Elle ne lui dirait rien de tout cela, peut-être qu’il le savait, peut-être qu’il aurait voulu lui dire la même chose. C’était égal, elle ne pouvait pas et ne voulait pas. Et même si cela ressemblait beaucoup plus à un adieu qu’elle aurait aimé l’admettre, elle s’approcha de lui et posa une main sur sa joue.
« Bien sûr que je vais bien Adonis, je suis en vie non ? »
Elle lui sourit et laissa sa main tombée contre son flan. Ça n’était pas des adieux, pas vraiment. Elle reviendrait après les jeux, elle reviendrait comme toujours. Et Adonis serait là, fidèle au poste. Il ne l’attendrait peut-être pas à la gare, mais c’était sans importance. Qui a besoin de ce genre de chose ? Les gens qui s’aiment peut-être. Mais ça n’était pas eux, pas vrai ?
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