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| Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:06 | |
| Heidi-Lyn Primrose Edelwiess❝ We are not defined by what we die for, but by what we live for. ❞ « Cette rousse frêle aux beaux yeux bleus, là ? Son nom est long et compliqué, mais tout le monde l'appelle Heidi. Je la trouve sympathique et charmante. Polie, aussi. Pas étonnant, vu qu'elle a reçu une excellente éducation. Ses parents sont plutôt riches , ce qui est rare au district 5. Ils ont une boutique dans le centre-ville, où ils vendent un peu de tout, autant des articles nécessaires pour les pauvres que des babioles luxueuses pour ceux qui peuvent se le permettre. Des gens honnêtes, ces Edelwiess, et de bons commerçants, si vous voulez mon avis. Je ne connais pas vraiment Heidi, car elle est plutôt discrète. Elle ne fréquente jamais mon bar clandestin, même si son défunt mari venait y prendre un verre de temps en temps. Ah, Andy... Un homme qui avait du plomb dans la cervelle, et de l'énergie à revendre... Pauvre Heidi. Je lui ai parlé quelques fois, et puis je lui suis reconnaissant parce qu'elle a aidé ma femme à mettre au monde notre petite Lisana. C'est une sage-femme excellente, et elle a un don pour calmer les jeunes mères et pour leur donner de bons conseils. Si vous me le demandez, ce métier lui va beaucoup mieux que celui de marchande. Elle est douée pour négocier, c’est vrai, et elle possède un certain sens des affaires, mais j’ai l’impression qu’elle s’ennuie dans sa boutique. Mais bon, il faut de l'argent pour vivre, et il n'y a pas de naissances tous les jours, alors elle combine les deux boulots. Ces derniers temps... Je ne la vois plus souvent. Elle reste enfermée chez elle. Pas étonnant après tout ce qui lui est arrivé... Sa petite fille, Luna, qu'elle adorait et gâtait honteusement, a été moissonnée, et elle est morte au sixième jour des Hunger Games. Cela fait déjà un an que cela s'est passé, mais j'ai entendu dire qu’Heidi la pleure toujours avec la même intensité. Certains disent même que le chagrin et le deuil l'ont rendue folle... » Byron, un habitant du district cinq.
« La petite Heidi... En fait, elle s'appelle Heidi-Lyn Primrose Edelwiess. Je la connais bien, car je suis sa voisine et la meilleure amie de sa mère. Je l'ai vu naître, cette gamine... Enfin, ce n'est plus une gamine, vu qu'elle a déjà 35 ans. Comme le temps passe vite... Je me souviens encore de l'époque où elle jouait sur le seuil de sa maison avec sa soeur. Les Edelwiess ont de la chance d'avoir une fille comme Heidi, plus de chance qu'ils n'en ont eu avec leur deuxième enfant, Birdy-Lou. Cette fille-là, je vous le dis sans détours, c'est une folle. Une psychopathe. Elle n’arrêtait pas d’embêter sa grande soeur, de lui faire peur, de la harceler. Et cette brave petite ne disait rien, elle ne se plaignait pas ; au contraire, elle faisait tout pour cacher à ses parents ce que Birdy faisait de mal. Heidi a toujours eu un grand coeur, mais aussi une force intérieure étonnante chez une femmelette frêle comme elle. Je crois que c'est ce qui a plu à Andy, cette petite flamme, cette passion. Oh, ne vous trompez pas, elle a toujours été discrète et simple, modeste, parfois même timide... Mais lorsqu’elle prenait la parole, les yeux brillants, avec ferveur, cela émouvait tout le monde. Andy et elle étaient faits l'un pour l'autre. Je n'ai jamais vu de couple mieux assorti. Ils sont tombés amoureux lorsqu'ils avaient seize ou dix-sept ans, je ne sais plus... Et ils ne se sont plus jamais quittés depuis, jusqu'à la mort d'Andy. Une bien triste journée... Andy était un rebelle très actif et connu. C'était un peu le héros du district, le gars populaire... Mais il ne se rendait pas compte de sa célébrité et de son importance. Il était fort, lui aussi. Courageux, mais sans être téméraire. Il avait l'âme d'un vrai leader. Quand il parlait de la révolte, j'avais envie de tout laisser tomber pour le suivre, de prendre les armes malgré mon âge avancé pour battre Snow une bonne fois pour toutes. Des rebelles comme lui, on n'en trouve plus beaucoup aujourd'hui. Il s'est engagé corps et âme dans la révolution. A dix-huit ans, Heidi et Andy se sont mariés. Un an plus tard, elle a eu une petite fille adorable, Luna. Un vrai bonheur, cet enfant ! Heidi était tellement fière… Elle a toujours eu un petit côté maternel. En même temps, elle devenait de plus en plus réticente à l'idée que son mari prépare la révolte. Elle n'a jamais été pro-Capitole, mais elle n'avait jamais vécu dans la pauvreté et le besoin, elle n'avait jamais dû prendre le moindre tessera, et elle refusait de s'engager dans la rébellion. Andy et elle se disputaient souvent à ce sujet. Elle était folle d'inquiétude, car elle avait toujours peur qu'on le prenne sur le fait et qu'il soit exécuté. C'est ce qui est finalement arrivé. Après ça, Heidi a changé. Elle n’a plus jamais été la même. La seule chose qui l'empêchait de sombrer dans la dépression était sa fille, Luna. Elle s’est accrochée à cette petite comme à son dernier espoir, elle lui a consacré toute son attention. Malgré cela, elle a été profondément marquée par le deuil. Quand Luna a été moissonnée... Et lorsqu'elle est morte pendant les 75th Hunger Games... Heidi a complètement perdu la tête. Il y avait toujours eu une certaine mélancolie chez elle, mais là, elle est devenue taciturne, renfermée sur elle-même. En un mot : dépressive. Oh, elle ne sanglote pas en public en s'arrachant les cheveux, elle ne fait pas de scènes... Non, sa douleur est plus profonde. Elle la phagocyte, la ronge, la mine, chaque jour un peu plus. Heidi me fait pitié. Elle ne sort plus que rarement, et n'ouvre son magasin que lorsque ses parents l'y obligent. Depuis qu'elle a perdu Luna, elle trouve des excuses pour ne plus devoir jouer le rôle de sage-femme. Je pense qu’elle ne supporte plus de voir des familles heureuses alors qu’elle est privée de ce bonheur à tout jamais. Quand elle vient faire des courses, elle plaque un sourire artificiel sur ses lèvres, mais son regard... Oh, son regard... Il est vide, tellement vide… Hantée par ses souvenirs, Heidi semble à peine remarquer ce qui se passe autour d’elle. On dirait qu’elle ne voit que les fantômes de son ancienne vie et néglige la réalité. De temps en temps, dans ses beaux yeux bleus, j’aperçois un éclair de douleur pure, de désespoir à l’état brut… Mais puis, elle retourne à son apathie. Elle est détruite, brisée. Cette petite flamme en elle a disparu, laissant place à un vide immense et à la culpabilité. Sa mère me dit qu'elle est torturée par les remords autant que par ses cauchemars, parce qu’elle a survécu alors que son mari et son enfant sont morts. Quand je la vois dans la rue, elle ressemble à une biche traquée, elle rase les murs et marche rapidement, le regard baissé comme si elle cherchait quelque chose sur le sol. Avant, elle était joyeuse. Non pas exubérante, mais simplement heureuse de vivre, bien dans sa peau. Maintenant, elle n'est plus qu'amertume et tristesse. Les gens n'aiment pas cela. Il se dégage une telle impression de solitude et de mal-être d'elle que tout le monde la fuit. On dirait qu'elle a la peste. Les gens murmurent dans son dos, avec pitié mais aussi avec peur. Certains disent qu'elle attire la malchance. D'autres n'osent pas lui parler parce qu'elle donne l'impression de pouvoir s'effondrer à chaque instant. Son attitude presque hostile repousse même les plus aimables. Elle ne veut pas partager son chagrin, ni même le soulager; non, elle s’y vautre, elle l’alimente et s’enfonce chaque jour un peu plus. L'isolement social dans lequel elle vit me fait mal au coeur. Le seul qu'elle voit régulièrement, c'est Thybalt, un jeune homme sympathique qui sait lui arracher un sourire de temps en temps ou la persuader d'aller se promener. Ils deviennent de plus en plus proches, ces deux-là, et je crois que cette amitié fait beaucoup de bien à Heidi.» Irina, meilleure amie de la mère de Heidi et amie de Heidi
« Heidi-Lyn Edelwiess ? Ne m'en parlez même pas ! Cette sale garce, cette folle... Autrefois, je l'appréciais. A première vue, elle avait l’air d’une fille banale : sage, jolie sans être exceptionnelle, intelligente, gentille. Quand j’ai appris à mieux la connaître, j’ai découvert qu’elle n’était pas superficielle pour un sou, au contraire de toutes ces autres poulettes gloussantes qu’étaient les adolescentes de sa classe. Quand elle parlait avec moi d’un sujet qui lui tenait à cœur, je voyais une étincelle farouche s’allumer dans son regard. Non, ce n’était pas une pimbêche. Ni une naïve, toujours à rêver du prince charmant, prête à aider les autres et à se faire marcher sur les pieds. Elle était… calme, patiente, et réaliste. Egoïste sur les bords, parce qu’elle refusait de se laisser ronger par la détresse des autres ou leurs problèmes. Elle aidait les autres, mais pensait aussi toujours à elle et à sa famille. En plus, elle était riche. Malheureusement, elle a préféré cet idiot d'Andy à moi. Un rebelle. Je m'en doutais bien. Ce n'était pas le bon choix pour elle ; je savais qu'il n'allait pas la rendre heureuse ! Mais bon, notre petite Heidi a toujours été obstinée, et elle n'a pas voulu m'écouter... J'ai eu l'immense plaisir de loger moi-même une balle dans la cervelle d'Andy. Je pensais qu'après, Heidi reviendrait peut-être vers moi, mais non... Au fil du temps, j’ai aussi découvert ses défauts ; j’ai compris qu’elle était rancunière, maladroite et perfectionniste. Sa gamine est morte aux Jeux, et je dis qu'elle l'a mérité. A mon avis, c'est une femme à surveiller. Avant, elle n'aimait déjà pas trop le Capitole, mais depuis que Luna est morte... Son regard accusateur suit les Pacificateurs partout où elle va. Je n’avais encore jamais vu une telle colère, une telle haine chez elle. Oui, elle est bel et bien devenue anti-Capitole. C'est ce que je m'échine à expliquer à mon supérieur, mais il ne veut rien entendre. A mon avis, la seule chose qui l'empêche de rejoindre la rébellion, c'est sa dépression. Elle reste cloîtrée chez elle. Je sais ce qu'elle attend. Un autre message, un signe que sa fille est encore en vie, quelque part au District 13. Ce message pirate des rebelles annonçant que certains tributs avaient survécu lui a donné de l'espoir... Un espoir que je compte bien anéantir. De simple camarade de classe, elle est devenue la fille que j’admirais, mais maintenant, ce n’est plus que l’ombre d’elle-même, une plante, sans vie, et elle ne mérite que mon mépris.» Un Pacificateur du district 5
about games and relative.
➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ? Ma mort… Il me semble que je suis déjà morte, non ? Je suis morte quand ce Pacificateur a logé une balle dans la tête de mon mari. Je suis morte quand Luna, ma petite Luna, ma chérie, a été achevée d’un coup de poignard par cette folle du district 6. J’ai vu leur sang couler comme si c’était le mien, et je ne pouvais rien faire pour les aider… Rien… Andy est mort sans un bruit, les yeux fermés mais les poings crispés. Luna a crié, elle s’est débattue, et son agonie a duré des jours, des mois, des siècles. La mort n’est pas paisible, ni facile. Ils se sont accrochés à la vie. Ils ne voulaient pas partir. Ils ont souffert. Et moi, moi… Je suis partie avec eux. Une partie de moi, une Heidi plus jeune et heureuse, s’est envolée à tout jamais. Oui, je suis morte. J’ai vu l’horreur dans les yeux de ma fille, j’ai senti le dernier souffle qui s’échappait de la bouche de mon mari. De toutes mes forces, je me suis tendue vers eux. J’ai aspiré à trouver le néant avec eux, ou mieux encore, à leur place. Mourir pour qu’ils puissent vivre. Je ne sais plus pourquoi je vis encore toujours. Est-ce une horrible plaisanterie ? Un sale tour joué par quelqu’un, là-haut, quelqu’un qui tire les ficelles de notre vie ? J’ai parlé à la mort, je lui ai dit ‘Prends-moi, je ne veux plus de cette vie, si c’est une vie sans ceux que j’aime’… Mais elle ne m’a pas écoutée, elle s’est moquée de moi. La seule chose à laquelle je m’accroche encore, c’est l’espoir dérisoire que ma fille soit encore en vie, quelque part au district 13. Ah, comme je déteste cet espoir ! C’est lui qui me fait avancer alors que je n’ai plus de forces, lui qui m’oblige à donner un sens à ma vie, mais si je découvre que Luna est morte, il m’abandonnera, et ce sera pire qu’avant. J’ai peur de mourir. J’ai peur de mourir de ma propre main. Parfois, cela me semble simple… Passer une corde autour de mon cou, et sauter… Un pas dans le vide, et tout sera terminé. Pourtant, quelque chose m’en empêche. Pas seulement l’espoir que Luna soit vivante, ou ma lâcheté et mon angoisse face à l’agonie. Non, malgré tout, un instinct primitif subsiste au fond de moi, un désir de vivre plus fort que mon envie d’en finir. Je pense qu’Andy n’aurait pas voulu que je meure comme ça. Et puis, si je ne suis plus là, qui déposera des fleurs sur sa tombe ? Comment pourrais-je mourir, alors ? Exécutée froidement sur la place publique pour un crime que je n’aurai pas commis… Ou battue à mort par des Pacificateurs qui s’ennuient… Ou fouettée pour découvrir si je suis une rebelle… Il y a tant de façons de mourir, à Panem, et la plupart sont douloureuses, longues et horribles. Si j’échappe à tout cela, il ne me restera plus qu’à mourir de vieillesse, seule dans mon lit, sans personne pour me tenir la main, sans enfants pour me pleurer.
➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ? Je pouvais mourir pour Andy. Je pouvais mourir pour Luna. Sans hésitation. Mais maintenant, ils sont partis, et je n’ai pas pu les sauver. J’ai supplié les Pacificateurs, pourtant. Je leur ai dit que c’était moi la rebelle, et que mon mari était innocent. J’ai déclaré qu’il avait pris ma place, l’espace d’une journée, parce que je voulais me reposer. Je me suis mise à genoux devant eux en jurant que j’étais coupable d’activités rebelles, mais pas lui, et en leur demandant de le libérer. Mes suppliques ont fait hurler de rire les Pacificateurs. Peut-être ne m’y suis-je pas assez bien prise. Peut-être que j’aurais pu faire autre chose pour le sauver. Mais voilà, il est mort. Ma Luna… Si j’avais pu prendre sa place, je l’aurais fait. Je me serais portée volontaire, et j’aurais gagné les Jeux pour revenir auprès d’elle. J’étais prête à n’importe quoi pour lui épargner cela. Elle n’avait pas pris le moindre tessera… Oh, Luna… Sans tous ces Pacificateurs pour la garder, je me serais enfuie avec elle. Elle est morte aussi. Toutes mes bonnes intentions, mes efforts, mes prières n’ont servi à rien. Rien. Aujourd’hui, je ne peux plus donner ma vie. A personne. Je ne peux plus donner ma vie, parce que je n’ai plus de vie. Rien qu’une existence, une survie. Se lever tous les jours, se forcer à manger, à faire le ménage, à sourire aux gens qu’on rencontre, à travailler, à parler… Et savoir, chaque soir en se couchant, que cette journée n’a servi à rien et que cette comédie ne me rendra pas ma vie d’avant… C’est horrible. Non, je n’ose plus aimer, car mon cœur a déjà trop souffert. Mes parents, et mes amis… Je préfère les tenir à distance. S’attacher à quelqu’un, c’est souffrir, et j’ai déjà eu mon compte de douleur et de désespoir. Non, je ne peux mourir pour personne. Sauf pour Luna, si elle est toujours vivante…
➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ? Je n’ai aucune force. Je suis frêle et maladroite. Si j’essayais de me battre avec une épée ou un poignard, je finirais sans doute par me blesser moi-même. Mes yeux ne sont pas excellents, et j’aurais donc du mal à bien viser pour tirer à l’arc. Allumer un feu en pleine cambrousse ou poser un piège, c’est aussi hors de ma portée. Je n’ai jamais manqué de rien à la maison, et je ne supporte donc pas la faim. Bref, je ne suis pas une survivante. Dans l’arène, je tiendrais sans doute beaucoup moins longtemps que ma Luna. Elle était tellement courageuse, tellement forte… Mais j’ai quelques autres aptitudes qui m’aident dans la vie. J’ai des connaissances plus qu’excellentes en matière de plantes. Cela m’a toujours intéressé, et Thybalt m’a beaucoup appris, car il est guérisseur. Je n’ai pas le même don que lui pour soigner les gens, mais je me débrouille très bien. Je suis frêle, et mon apparence semble susciter la sympathie des gens, voir même les pousser à me protéger. Je suis calme et patiente. Je sais bien négocier, on pourrait donc dire que je suis diplomate. Je réfléchis avant d’agir. Oui, c’est vrai, ce n’est pas grand-chose, mais ces quelques capacités m’ont déjà beaucoup servi.
➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ? Luna. Ma Luna. Ma fille. Mon soleil. Mon diamant. Mon petit pinson. Mon cœur. Elle était à moi, mais on me l’a arraché. Impitoyablement. Cinq malheureuses minutes, voilà le temps qu’on m’a accordé pour lui dire adieu. Je lui ai fait promettre d’être forte et d’essayer de gagner. J’ai séché ses larmes et je lui ai donné un dernier baiser. Elle est partie. Partie pour ne plus jamais revenir. J’ai suivi sa progression à la télévision. D’abord, la parade des tributs. Elle était tellement belle, dans sa robe verte… Puis, l’interview, où elle s’est montrée charmante et adorable. Son quatre pour l’entraînement m’a déçue, mais je me suis dit qu’il s’agissait peut-être d’une stratégie pour tromper ses adversaires. Enfin, l’arène. Horrible. Je ne trouve pas d’autres mots. Redouter, à chaque instant, qu’un adversaire surgisse pour mettre fin à la vie de ma fille. Trembler de peur lorsqu’elle prend des risques. Soupirer de soulagement lorsqu’un nouveau jour se termine sans qu’elle soit éliminée. Croiser les doigts pour qu’un sponsor lui envoie des cadeaux. Devenir folle d’inquiétude parce qu’elle est blessée. Et finalement, prier, prier, prier pour que cela cesse, lancer des encouragements qu’elle n’entend pas, et crier, hurler jusqu’à se casser la voix lorsque… Lorsque… Elle est morte. Morte, au sixième jour. Elle aurait pu gagner. Elle aurait dû gagner. Tout ce qui m’est revenu, c’est un petit cercueil, qui ne pesait presque rien. Quel est le poids d’un rêve brisé, d’un bonheur mis en pièces ? Oh Luna, s’il te plaît, sois encore en vie au district 13. Je viendrai te chercher. S’il te plaît, s’il te plaît, ne sois pas morte.
➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ? La révolte m’a fait perdre mon mari. Andy était le rebelle le plus actif de notre district. Tout le monde l’adorait et le respectait. Son courage et sa force m’impressionnaient. Il restait toujours prudent. Pour lui, revenir sans morts ou blessés était plus important que réussir une mission. Le bien-être des autres rebelles passait avant tout. Ses soldats l’adulaient. Parfois, pour le taquiner, je lui disais qu’il n’était pas marié avec moi, mais avec la révolte. Il en parlait souvent, avec un enthousiasme qui contaminait tout le monde. C’était le but de sa vie. Maintenant, il est mort. Fusillé pour activités rebelles. Tous ses beaux discours n’ont servi à rien. Il est mort, et Snow est toujours là. Au début, je détestais les rebelles. S’ils n’avaient pas engagé Andy, s’ils n’avaient pas animé la flamme de sa haine envers le gouvernement, il serait encore en vie. Finalement, ma colère s'est tarie. Il y a un an, le Capitole m’a pris ma fille, ma merveilleuse Luna. Maintenant, je connais mon camp. Je soutiens la rébellion. Je n’ai encore rien fait… Mais peut-être devrais-je m’y mettre. Me rendre au district 13 pour sauver ma fille, et si elle ne s’y trouve pas… M’engager comme soldate, ou espionne, peu importe. Faire quelque chose pour donner un sens à ma vie. Je pourrais me contenter d’aider un peu, comme Thybalt. Entreposer du matériel dans ma cave, laisser loger des rebelles chez moi. Je ne sais pas si j’ose faire cela. Je hais Snow, le Capitole et tout ce qu’il représente, je hais les Pacificateurs… Mais j’ai peur, affreusement peur. Peur de subir le même sort que mon mari et de ne plus être là si Luna revient un jour. Je ne sais pas quoi faire. Perdue, oh oui, je suis perdue…
JE VIENS D'UN MILIEU favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE n'a jamais manqué. DU COUP, MON NOM n'A plus aucune chance d'être tiré au sort. J'EXERCE LE MÉTIER DE marchande et sage-femme ET POUR TOUT VOUS DIRE, Je préfère le deuxième au premier. JE SUIS DANS LE 5ÈME DISTRICT. AYANT 35 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET je suis soulagée. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.
tell us your story. If music be the food of love, play onShakespeare « Oui, je le veux. » Un merveilleux sourire illumina le visage d’Andy. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur mes lèvres, un baiser léger, plein de promesses. Sous les acclamations des habitants du district 5, je jetai mon bouquet de fleurs au beau milieu de la foule. Ensuite, il était temps de faire la fête. Comme ni Andy ni moi n’étions pauvres, le buffet était plutôt bien garni. Nous déambulions parmi les invités, main dans la main. Les félicitations pleuvaient autour de nous. Je pris un petit four et le goutai ; il était délicieux. Cela n’égalait sans doute pas la nourriture du Capitole, mais je m’en fichais. Même si je portais une couronne de fleurs dans les cheveux au lieu d’une parure de perles, même s’il n’y avait que les chansons de quelques jeunes filles avec des instruments rudimentaires et non pas un orchestre entier pour accompagner les danses, même si Andy portait le vieux costume de mariage de son père, c’était parfait. Pour rien au monde je n’aurais changé cette journée. Pendant que je tournoyais sur l’herbe qui nous servait de piste de danse dans les bras de mon mari, j’avais l’impression d’éclater de bonheur. Il me menait avec délicatesse à travers de la danse, au rythme lent de la musique. Dans ses bras, j’avais l’impression d’être infiniment précieuse et belle. Puis, les autres invités nous rejoignirent et je dansai avec mon père, qui souriait lui aussi. Après quelques danses, je retournai au buffet pour prendre un verre. Andy m’y attendait, nonchalamment appuyé contre un arbre. « Vous êtes radieuse, Madame Kennedy. » Dit-il d’un air amusé. Je relevai le menton, toute fière. Madame Kennedy. Mon nouveau nom de femme mariée. « Votre époux a de la chance. » J’oubliai ma soif et me dirigeai vers lui. « Oh, je suis sûre qu’il mesure très bien la chance qu’il a… » Murmurai-je avant de lui voler un baiser. « J’espère qu’il n’est pas trop jaloux, ce mari. » Dit-il, moqueur, en me prenant dans ses bras. « Oh non, pas du tout. C’est le plus merveilleux des hommes. » Il ricana et commença à danser sur place, lentement, sans suivre le rythme de la musique. Comme si nous étions seuls dans une bulle. Quelqu’un siffla, quelqu’un s’exclama ‘Regarde les amoureux !’, mais nous n’y prêtions aucune attention. Andy chantonnait. Collée contre lui, je déposai ma tête contre sa poitrine et écoutai les battements de son cœur. J’avais les yeux qui piquaient à cause du soleil. « Tu pleures ? » Demanda-t-il soudain avec une certaine inquiétude. D’une pression des doigts, il me releva le menton avant de recueillir une unique larme dans la paume de sa main. «Tout le monde pleure aux mariages. » Rétorquai-je avec un petit clin d’œil, avant de lui fermer la bouche d’un nouveau baiser.
§§§ A mother's love for her child is like nothing else in the world. It knows no law, no pity, it dares all things and crushes down remorselessly all that stands in its path.Agatha Christie Pourquoi cela faisait-il tellement mal ? « Tiens bon, ma chérie. » Murmura Andy. Pour toute réponse, je lui écrasai la main. « Tout se passera bien. » Ajouta-t-il tendrement en dégageant une mèche de cheveux de mon front moite. Je hochai la tête et réussis à sourire. Une nouvelle contraction me surprit, et je poussai un petit cri. Voilà déjà neuf mois que j’attendais cet instant. Neuf mois d’espérance et de joie, neuf mois de doutes. Aujourd’hui, enfin, cette attente prendrait fin. J’allais bientôt pouvoir tenir mon enfant dans mes bras. Mon premier enfant. Fille ou garçon ? Je l’ignorais encore, mais je m’en fichais éperdument. Si c’était un garçon, Andy voulait l’appeler Magnus, en mémoire de l’ancien gagnant des Jeux, un rebelle fort et courageux. Cela me convenait parfaitement. Si c’était une fille… Je n’y avais pas encore réfléchi. J’étais convaincue que je devais d’abord voir mon bébé avant de lui donner un nom. Je lâchai un petit gémissement lorsqu’une nouvelle contraction me surprit. Je haletais ; j’avais soif, et beaucoup trop chaud. « Poussez. » Me dit la sage-femme. Je me mordis les lèvres et poussai, poussai, poussai… Mon corps était tendu comme un arc, et pourtant, j’avais l’impression que rien ne bougeait. « Encore. » Ajouta-t-elle, impitoyable. Je pensais qu’il était impossible de pousser plus ou plus fort, mais j’y parvins. « Ça ne marche pas… J’y arrive pas… » J’avais l’impression que j’allais me déchirer de l’intérieur. « Poussez, par pitié ! Vous voulez que le bébé suffoque ? » Affolée, je secouai la tête. Pousser. Ne pas oublier de respirer. Pousser encore. « Je vois sa tête ! » S’exclama Andy. Je lâchai un soupir de soulagement. Respirer, pousser, pousser, respirer… D’abord la tête, lentement, péniblement… Et soudain, d’un coup, l’enfant sortit. La sage-femme eut juste le temps de tendre les bras pour attraper mon bébé. Un silence angoissant. Puis… Les cris indignés d’un nouveau-né. « C’est une fille ! » Lâcha Andy, ébahi et fou de joie. « Une ravissante petite fille ! » ‘Ravissant’ n’est pas exactement le mot qui s’appliquait au nourrisson à la peau toute fripée et couvert de sang qu’on me mit dans les bras après avoir coupé le cordon ombilical… Mais pour moi, cette petite était la plus belle du monde. « Oh… Tu es magnifique. » Murmurai-je au bébé. Je voulais l’admirer, encore et encore, mais la sage-femme me l’arracha pratiquement des mains pour aller laver et examiner l’enfant. Je lui lançai un regard perplexe. Pourquoi était-elle aussi antipathique ? Parce que j’étais sa concurrente ? « Ne lui prête pas attention. » Me conseilla Andy en me caressant les cheveux. Je lui souris. Le travail n’était pas encore terminé ; il fallait que le placenta sorte. Mais… J’étais heureuse. Radieuse. Même si j’étais en sueur et au milieu de couvertures pleines de sang, je me sentais bien. Alors, lorsque la sage-femme déposa ma fille dans mes bras, je poussai un long soupir de contentement. Elle était tellement… Fragile. Tellement douce. Elle sentait bon. J’examinai ses petites mains aux ongles miniatures, ses petits pieds mignons. Ses lèvres roses formèrent un O lorsqu’elle se mit à téter, d’abord avec hésitation, puis de plus en plus frénétiquement. Elle enserra mon pouce de sa petite main. « Je suis fier de toi. Fier de vous. » Andy caressa doucement la joue de l’enfant. « As-tu déjà trouvé un nom ? » Je regardai ma fille. Son beau visage rond. Ses grands yeux bleu-gris. Puis, je jetai un coup d’œil par la fenêtre. C’était la nuit. Une nuit de pleine lune. Une nuit douce comme je les aimais. Alors, je souris à Andy et murmurai : « Luna. » Il hocha la tête ; il avait les yeux pleins d’étoiles. « Luna. » Confirma-t-il.
§§§ Death is not the greatest loss in life. The greatest loss is what dies inside us while we live.Norman Cousins C’était un beau dimanche de mai. Mon jour préféré de la semaine. Un jour calme, normal, paisible. Nous avions décidé d’aller pique-niquer dans une prairie. Luna portait une jolie petite robe à fleurs et un chapeau de paille pour protéger son visage du soleil. Nous étions assis sur une vieille couverture. Andy avait sorti une bouteille de vin. Nous n’en buvions pas souvent, car il coûtait très cher. C’était le jour de mon anniversaire. Le gâteau que ma mère avait préparé trônait à côté du panier de fraises et du poulet. Que des délices… Luna, toute excitée, courait de droite à gauche. Les vaches dans le pré d’à côté l’intéressaient beaucoup. Elle arrachait des touffes d’herbe et les présentait aux animaux, qui ne voyaient aucun intérêt à se déplacer pour recevoir cette collation alors qu’ils avaient déjà plein d’herbe autour d’eux. Cela ne réussissait pas à doucher l’enthousiasme de ma fille ; elle appelait les vaches, leur donnait un nom, chantait pour elles… Je lui avais appris à faire un collier de fleurs avec les marguerites de notre prairie, et elle était occupée à en confectionner un pour sa vache préférée, qu’elle avait baptisée ‘Capucine’. Très concentrée, la pointe de sa langue dépassant de sa bouche, ma fille travaillait et oubliait de manger. « Encore un peu de poulet, Luna ? » Demandai-je. Elle me lança un regard distrait avant de poursuivre la confection de son collier. « J’ai plus faim. » Précisa-t-elle. Andy rit et lui demanda, taquin : « Si tu n’as plus faim, je peux manger tout le gâteau, tout à l’heure ? » Cela la sortit immédiatement de ses rêveries. « Nooon ! » S’écria-t-elle. Andy fit mine de prendre le gâteau. Elle se leva et essaya de l’en empêcher. Ils bataillèrent jusqu’à ce que mon mari s’avoue vaincu. Je félicitai ma fille et lui promis la plus grande part du gâteau.
Un coup de vent soudain emporta mon châle. Je me levai pour le poursuivre en maugréant, sous les rires de Luna. Il se prit dans la clôture, et j’essayai tant bien que mal de l’ôter de là sans l’arracher. A une centaine de mètres de moi, je vis deux Pacificateurs, mais je n’y prêtai pas attention. Ils contrôlaient souvent les clôtures. Je retournai vers notre couverture. Allongée un peu à l’écart, Luna fredonnait en tressant sa couronne. « N’est-ce pas parfait, ainsi ? » Demandai-je tout bas à mon mari. Il me prit dans ses bras et déposa un baiser dans mes cheveux. « Oui. C’est parfait. » Murmura-t-il. D’une voix encore plus basse, pour que Luna ne nous entende pas, je dis : « Ne serait-ce pas… mieux… si tu arrêtais… » Andy soupira. « Nous en avons déjà parlé mille fois, Heidi, et ma réponse reste la même. Les rebelles ont besoin de moi. » Je me détachai de lui. « Tu préfères les rebelles à la sécurité de ta fille ? » Il secoua la tête et prit mon visage entre ses mains. « Je ferais tout pour protéger Luna, tu le sais. En étant un rebelle… Je lui donne peut-être une chance d’avoir un avenir plus heureux dans un monde meilleur, sans devoir craindre la Moisson ou les Pacificateurs. Ne t’inquiète pas, chérie. Je suis prudent. Profite de ton anniversaire. » J’acquiesçai, mais je me sentais un peu déçue. J’avais espéré profiter de sa bonne humeur pour le faire changer d’avis… Mais cela n’avait pas marché. Bon. J’allais suivre son conseil alors, et profiter de ma journée. A peine avais-je formulé cette pensée qu’une tâche blanche, un peu plus loin, attira mon attention. Une tâche blanche comme un uniforme de Pacificateur. Comme plusieurs Pacificateurs. « Andy… » Il l’avait vu aussi. Ils étaient six. Les deux que j’avais vu plus tôt et quelques autres collègues. Ils marchaient droit vers nous. Peut-être n’était-ce pas grave. Peut-être étaient-ils là pour une autre raison… Mais j’avais un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment.
J’appelai Luna. Ma fille dut entendre la peur dans ma voix, car elle lâcha immédiatement sa couronne pour venir se blottir dans mes bras. « Bonjour, pouvons-nous vous aider ? » Demandai-je d’une voix aimable lorsque les Pacificateurs furent suffisamment proches de nous. Leur chef s’approcha de quelques pas. « Bonjour, Madame Kennedy. Nous cherchons des rebelles. En auriez-vous vu ces derniers jours ? » Andy se raidit, mais je plaquai un sourire artificiel sur mes lèvres et répondis : « Des rebelles ? Si nous en avions vu, nous vous aurions prévenus. » Le chef grimaça. « Menteuse. » Un seul mot. Un seul mot qui disait tout. Il savait. Quelqu’un nous avait trahis. Il fit signe à ses hommes, qui se déployèrent autour de nous. « Vous avez le choix. Vous me suivez sagement… ou vous essayez de fuir. Je ne vous conseillerais pas la seconde option. » Andy était très pâle, mais il avait l’air déterminé. Il se mordilla les lèvres, l’air nerveux. « Ma femme et ma fille… Elles n’ont rien à voir dans cette affaire. Laissez-les partir. » J’allais protester, répliquer que je ne voulais pas le laisser seul… Mais le Pacificateur fut plus rapide que moi. Son ‘non’ était catégorique. Pourtant, Andy essaya de marchander, de le persuader que Luna et moi ne savions rien. Au beau milieu de sa plaidoirie, le chef lui donna une gifle en plein visage de sa main gantée. Je lâchai un hoquet de saisissement. Comme s’il s’agissait d’un signe, les autres Pacificateurs entrèrent en action. Deux nous séparèrent, Luna et moi, d’Andy. Deux autres s’avancèrent pour maîtriser mon mari. Ils le frappèrent. Il riposta. Je leur hurlais d’arrêter, je griffais les homes qui me retenaient, mais ils ne me lâchaient pas. Luna pleurait. Finalement, Andy fut tenu en respect par quelques Pacificateurs. « Quelle belle petite fête… » Dit leur chef en donnant un coup de pied dans le gâteau, pendant que son collègue s’emparait avidement de la bouteille de vin. Je bouillais de rage. Ils avaient marché sur la nourriture. Ils avaient cassé les assiettes. Ils avaient tout gâché, tout, tout. Et maintenant… qu’allaient-ils faire? Que deviendrait Andy? Et Luna ? Et moi ? Ma colère s’évanouit, laissant place à la peur, une peur immense, horrible… Pourquoi ?
*** Parfois, notre vie nous échappe. Parfois, nous perdons le contrôle. Malgré tous nos efforts pour faire dévier le cours du destin, nous n’y parvenons pas. Le temps nous file entre les doigts comme du sable, et chaque instant nous semble pire que le précédent. Parfois… Parfois, quelques minutes peuvent durer une heure. Quelques secondes peuvent laisser des souvenirs indélébiles. Une odeur, un son, une image… Le cerveau humain est doué pour se rappeler la souffrance.
Il était couvert de sang. Ses vêtements étaient déchirés. Son dos portait les marques de coups de fouet. Son nez, sans doute cassé, était enflé et violet. Ils le trainèrent jusqu’au podium comme un chien. Il faisait un effort pour marcher, pour relever la tête, mais ils prenaient un malin plaisir à le faire trébucher. Quelques horribles gamins avaient applaudi et sifflé à son arrivée, quelques personnes lui avaient lancé des insultes, mais ils s’étaient rapidement tus. La foule était silencieuse. Le silence… Oh, ce silence ! Ni calme ni paisible. Tendu. Plein de haine et d’angoisse. Un silence à faire froid dans le dos. Les Pacificateurs le lâchèrent enfin, et il resta debout, vacillant, jusqu’à ce que l’un de ses tortionnaires lui donne un coup derrière les genoux, le forçant à s’asseoir par terre. Un Pacificateur lisait un texte à voix haute. Ses paroles s’envolaient avec le vent, s’embrouillaient dans mon esprit. ‘Coupable d’activités rebelles’ , ‘Un danger pour la société’, ‘Un avertissement pour tout le monde’, ‘Un homme cruel, plein de haine et nocif pour son entourage’, telles étaient ses paroles. Et moi, moi… Je me disais que c’était impossible. Ils ne pouvaient pas parler d’Andy. Mon mari n’était pas comme ça. Tout le monde le savait. Tout le monde l’admirait. Alors pourquoi personne ne contredisait-il les mensonges du Pacificateur? Il fallait aider Andy, bon sang ! L’aider, pas le regarder comme des vaches stupides! Ils allaient le tuer ! Pourquoi les rebelles ne le sauvaient-ils pas ? Il aurait donné sa vie pour eux… il allait donner sa vie pour eux… mais ils ne faisaient rien pour le sauver. Rien. Un Pacificateur s’avança. Pas n’importe quel Pacificateur. Lui. Lui qui détestait Andy depuis toujours. Lui qui serait heureux de le tuer. Mon regard s’arrêta sur son arme. Le révolver qui ne contenait qu’une seule balle. Je posai Luna par terre et la serrai contre moi, son visage contre mon ventre. Ils m’avaient obligée à l’amener ici, mais je ne voulais pas qu’elle voie la mort de son père. Je refusais que cette image la hante comme elle allait me hanter. La fillette ne dit rien mais se cramponna à moi. Je mis mes mains sur ses oreilles. Andy releva la tête. Son regard erra sur la foule et finit par me trouver. « Je t’aime. » Articula-t-il silencieusement, mais son regard disait autre chose. Son regard m’obligeait à être forte. A poursuivre ma vie après sa mort. A prendre soin de Luna. Son regard, infiniment tendre mais aussi chargé de douleur, me cloua sur place. Le temps s’était arrêté. Le brouhaha de la foule me parvenait comme de très loin. Mes oreilles sifflaient. Mon cerveau avait du mal à assimiler ce que je voyais. Le révolver sur la tempe d’Andy. Puis le doigt du Pacificateur qui appuya sur la détente. Un bruit… horrible. Du sang. Et le corps de mon mari qui s’affaissa lentement sur le côté. Son regard devenu fixe. Il ne me voyait plus. Et malgré toutes les promesses que je m’étais faites, malgré tout le courage que j’avais essayé de rassembler, je hurlai son nom. Comme si cela pouvait le faire revenir. Luna commença à pleurer. Je la pris dans mes bras, la serrai contre moi. Ma petite fille. Ma petite fille de six ans. Sans père à présent. Tout, tout reposait sur mes épaules. Tu ne peux pas lâcher prise. Ne pense même pas à lâcher prise, Heidi, espèce d’idiote ! Je me retournai et heurtai quelqu’un. Quelqu’un. Qui, cela n’avait pas d’importance. Je ne voyais plus de visages. Seulement une épaule. Je m’y agrippai, j’enfonçai mes ongles dans le tissu du T-shirt. J’avais le tournis. Quelqu’un voulait me prendre Luna. Je ne comprenais pas. Non, on ne pouvait pas me l’enlever ! Je la serrai plus fort contre moi. « Heidi, chérie, donne-la-moi. » C’était ma mère. Mais je ne voulais pas lui donner Luna. Je n’avais plus qu’elle, à présent. Des bras plus forts que moi me l’enlevèrent. Je voulus crier mais seul un horrible croassement sortit de ma bouche. Quelqu’un m’appela. Je ne voyais plus rien. J’avais fermé les yeux. Andy… Andy… Quelqu’un me prit maladroitement dans ses bras. Quelqu’un me murmura des paroles rassurantes. Quelqu’un, quelqu’un… peu importe qui c’était. Le seul qui comptait pour moi n’était plus là. Il était mort. Mort. Alors ce mot prit enfin tout son sens pour moi, et j’éclatai en sanglots.
§§§ I could easily fall in love with youCliff Richard Comment en étions-nous arrivés là? Quels évènements, quelles paroles, quels actes nous avaient amenés ici, ensemble ? Qui avait fait le premier pas ? Je ne le savais pas. Je ne savais plus rien. Je ne pouvais que penser à une seule chose. A lui. A ses lèvres qui ne quittaient pas les miennes. A ses bras qui m’entouraient. A son souffle rapide qui se mélangeait au mien. Thybalt… Toute pensée cohérente avait été effacée de mon esprit par son baiser. Pourquoi l’embrassais-je ? Pourquoi ne le repoussais-je pas, alors que c’était certainement la seule chose à faire ? Pourquoi avais-je tellement envie de poursuivre ce baiser, d’aller plus loin ? J’avais pourtant promis de… Mes pensées s’égarèrent lorsqu’il passa doucement ses mains sous mon T-shirt. Il fallait que je me rappelle quelque chose… Mais quoi ? Ah oui. Ma promesse. J’avais promis de… Non, cela n’allait vraiment pas. Il fallait arrêter. Quelque part au fond de moi, je trouvai la force de mettre fin à notre baiser. Je brisai brusquement notre étreinte… Mais je ne voulais pas le blesser, alors je posai ma tête contre sa poitrine et murmurai d’une voix étranglée : « Donne-moi un peu de temps. » Il comprit et se tut. Je fermai les yeux. J’étais encore distraite par lui, sa proximité, sa chaleur… Mais il fallait que je réfléchisse. Nous étions seuls. Seuls. Luna était partie dormir chez une amie. Nous étions seuls et libres de faire ce que nous voulions. Non. Nous n’étions pas seuls. Nous ne serions jamais seuls. Il y aurait toujours le fantôme d’Andy entre nous. Toujours son souvenir pour m’empêcher de donner mon cœur à quelqu’un d’autre. Toujours ma promesse de ne plus jamais aimer ni même toucher un autre homme. Je poussai un soupir. Je ne pouvais pas m’attacher à Thybalt. Pas alors que je risquais de le perdre aussi. Je ne pouvais pas, je n’en pouvais plus. Perdre Andy m’avait vidée de mes forces. Sans ma famille… sans Luna… Sans Thybalt… Je n’aurais pas survécu au chagrin immense qui m’avait écrasée. Et maintenant, maintenant… Alors que j’étais si proche du bonheur dans les bras de Thybalt… Je me sentais aussi déchirée. Coupable. Comme si je trahissais, comme si je trompais Andy. Je repensai aux paroles de Luna, quelques jours plus tôt : ‘ Je ne veux pas de nouveau papa. Je suis heureuse avec toi, maman.’ Il fallait que j’arrête de fréquenter Thybalt pendant un moment. Il fallait que je lui demande de partir. Sinon, le souvenir de cette nuit entacherait à jamais notre relation. Je me redressai et levai les yeux vers Thybalt. Il avait toujours été plus grand que moi, même s’il était plus jeune… Encore un obstacle qui se dressait entre nous. L’âge. J’allais lui demander de partir, lui dire que ce baiser avait été une erreur… Mais lorsque je le regardai dans les yeux, j’en fus incapable. Incapable de le blesser. Incapable de lui demander de partir, parce que j’avais besoin de lui. Alors, je rendis les armes et l’embrassai.
§§§ No language can express the power, and beauty, and heroism, and majesty of a mother's love. It shrinks not where man cowers, and grows stronger where man faints, and over wastes of worldly fortunes sends the radiance of its quenchless fidelity like a star. Edwin Hubbell Chapin « Happy Hunger Games ! Et puisse le sort vous être favorable ! » S’exclama l’hôtesse avec son enthousiasme habituel. Je ne lui prêtai aucune attention. Je fixais Luna. Ma fille me lança un regard apeuré, et je répondis en souriant et en levant les pouces pour l’encourager. Elle avait déjà 16 ans. Bientôt, elle cesserait d’être éligible. Enfin, enfin, ce long cauchemar allait cesser. Je craignais de la perdre. Je craignais de la voir partir pour les Jeux, non seulement parce qu’elle allait souffrir et sans doute mourir, mais aussi parce que je savais que je n’allais pas survivre à sa perte. Pourtant, cette année-là, j’étais plutôt confiante. Luna n’avait pris aucun tessera, alors que beaucoup d’autres enfants en avaient. Mais… cette année, c’était l’Expiation. Qu’allaient-ils encore inventer ? Toute occupée à regarder Luna, je n’écoutais pas vraiment le discours de l’hôtesse jusqu’à ce que j’entende : « Malheureusement, votre district a été choisi pour apporter plus de tributs. Deux supplémentaires viendront m'accompagneront donc pour rejoindre l'arène. » Je me tournai vers ma mère, qui était debout à côté de moi. « Quoi ?! » Demandai-je, atterrée. « Nous devons envoyer 4 tributs ? » Avais-je bien entendu ? Ma mère hocha la tête en grimaçant. Luna se rongeait les ongles. « Les dames d'abord! » Lança l’hôtesse en enfonçant sa main dans la boule de verre. Je retins mon souffle et croisai les doigts. « Kristen Gold! » Je lâchai un soupir de soulagement. « Et Luna Kennedy! » Luna… Ma mère me serra le bras, tellement fort que cela fit mal, en lâchant un gémissement. Luna… Mon père avait pâli et s’accrochait à la barrière devant lui comme pour éviter de lâcher prise. Luna... Les gens autour de nous murmuraient. Luna… Thybalt avait l’air à la fois révolté et perdu, comme s’il venait de recevoir un coup. LUNA ! Ma Luna. Ma fille, ma fille qui me lança un regard affolé, désespéré. Ma fille que je voulais sauver sans le pouvoir. ‘Je suis volontaire !’, aurais-je voulu crier. ‘Je prends sa place. Prenez ma vie, prenez tout, mais laissez-la tranquille !’ J’étais pétrifiée. Elle me regardait toujours. « Luna Kennedy, chérie, où te caches-tu ? Ne sois pas timide ! » Lâcha l’hôtesse avec agacement. Les gens autour de Luna s’écartèrent pour la laisser passer. Comme si elle était une pestiférée. Mais elle ne bougeait toujours pas. Elle avait les larmes aux yeux. Elle allait passer pour une faible. Ils allaient la tuer. Et moi… Je n’arrivais pas à la rassurer. Ni à sourire. Elle se détourna de moi. J’eus l’impression qu’on me l’arrachait, qu’on me l’enlevait déjà. Qu’on coupait une deuxième fois le cordon ombilical. Je ne réfléchis pas. Je me jetai en avant pour aller la chercher, pour la protéger… Mais quelqu’un me retint. Thybalt. Il m’empêcha d’avancer, il m’immobilisa avec une facilité déconcertante. Je voulus appeler Luna, mais il mit sa main devant ma bouche. « Chhht. » Me chuchota-t-il à l’oreille. « Sois courageuse. Pour elle. » Je hochai la tête et il me relâcha. Oui. Être courageuse pour elle. Pour elle. Après, je pouvais sombrer. Mais aujourd’hui, pour elle, je devais être forte.
§§§ « Attendre, encore et encore. De temps en temps, jeter un regard furibond à l’horloge. Tic tac, tic tac. Toujours le même bruit, monotone, agaçant. Tic tac. Reporter son regard sur la télévision. Soupirer. S’étirer parce que ça fait mal au dos de rester assise sans cesse. Rêver d’un verre d’eau mais ne pas oser aller jusqu’à la cuisine pour le chercher. Se ronger les ongles jusqu’au sang. Se mordiller la lèvre. Observer le chat qui flâne dans la maison. Tic tac. Reporter son regard sur la télévision. Soupirer. S’étirer parce que le mal de dos ne part toujours pas. Se lever pour aller chercher ce maudit verre d’eau mais ne pas parvenir à faire les quelques pas jusqu’à la cuisine. Se rasseoir. Se frotter les doigts avec un mouchoir parce que ça saigne trop fort. Se mordiller l’intérieur de la joue. Attraper le chat lorsqu’il passe et le serrer comme un doudou. Tic tac. Reporter son regard sur la télévision. La télévision où… Enfin ! Quelque chose bouge ! C’est elle. C’est elle. Non, ce n’est pas elle. C’est une autre fille aux cheveux bruns. Une autre idiote qui se fait tuer. Où est-elle ? Tic tac. Tic tac. Même la pendule ne le sait pas. »
Elle était là. Luna. Ma petite Luna. Je poussai un petit cri étranglé et me levai. Mes jambes, endormies par les longues heures à rester assise, protestèrent. Je m’assis devant la télévision. Tout devant. Je levai une main et touchai son visage sur l’écran. Elle était là. Elle allait bien. Ses cheveux bruns étaient emmêlés. Ses vêtements étaient déchirés à plusieurs endroits et couverts de sang. Ses yeux bleus, bleus comme les miens, bleus comme ceux d’Andy, ressortaient d’une façon saisissante sur son visage sale et amaigri. Elle marchait lentement, son couteau à la main. Elle boitait légèrement. Son arme était minuscule, mais elle s’y accrochait comme à sa propre vie. Elle s’arrêta pendant quelques instants et dégagea une mèche de cheveux de son front. Elle haletait. Ses lèvres étaient craquelées. Cela faisait un jour qu’elle n’avait plus bu et le soleil était brûlant. Elle se pencha pour regarder l’entaille à son mollet. Doucement, elle bougea le bandage. La chair était rouge, enflée, et un pus verdâtre en suintait. Elle pâlit et remit le bandage en place, les larmes aux yeux. Puis, elle se remit en route. « Courage, Luna. Vas-y. Vas-y. C’est bien. » Murmurai-je. Une main se posa sur mon épaule et je sursautai. C’était Thybalt. Je lui offris un pâle sourire avant de retourner à la contemplation de l’écran. Il venait souvent me voir, il m’apportait de la nourriture et il m’obligeait à dormir de temps en temps. Sa présence me rassurait. Nous ne parlions jamais beaucoup. Pendant la parade des tributs, où Luna était éblouissante malgré son costume de piètre qualité, pendant l’interview où elle s’était montrée adorable, et après… Après, le premier jour, où Luna avait échappé de justesse aux carrières, le deuxième où une fumée étrange avait failli mettre fin à sa vie, le troisième où une mutation génétique l’avait attaquée, le quatrième où elle avait paru horriblement mal en point et le cinquième où elle avait perdu son long couteau dans un combat, ne lui laissant qu’un ridicule petit poignard… Pendant tous ces jours, tous ces évènements, Thybalt avait été là. Lorsqu’il partait, mes parents ou mes amis venaient me tenir compagnie. Il ne restait jamais longtemps absent. Peut-être parce qu’il savait à quel point sa présence m’apaisait.
Jour six. Jour six déjà, et ma Luna était toujours en vie. Blessée, souffrante, mais en vie. En moi naissait lentement l’espoir, l’espoir fou qu’elle puisse survivre. Que je puisse la revoir, la serrer dans mes bras. Thybalt me demanda si je voulais manger quelque chose, mais je secouai la tête. Il s’assit à côté de moi, sur le tapis devant la télévision. Le chat sauta sur ses genoux en ronronnant. Je me concentrai sur l’écran. Il y avait un autre tribut. La fille du… sept ? Du six ? Elle était assise à quelques mètres de ma Luna et ne l’avait pas entendue. « Fuis, Luna ! Cours ! Ne l’attaque pas ! » Je fixais intensément ma fille, comme si je pouvais ainsi la pousser à faire ce que je voulais. Elle ne le fit pas. Elle aurait pu poignarder l’autre tribut dans le dos, mais elle préféra essayer de lui voler son couteau. Une seconde. Je retins ma respiration. Deux secondes. Sa main se posa sur le couteau. Trois, elle l’attrapa et commença à courir. L’autre se leva. Furieuse. Et se mit à la poursuite de ma fille. « Cours ! » Hurlai-je. Mais la fille rattrapa Luna. Elle lui sauta dessus, la faisant tomber par terre. « Je t'interdis de toucher à ça sale garce ! » S’exclama-t-elle. Luna roula sur le côté, brandit son couteau. « Oui ! Tue-la ! » Je me fichais de cette autre fille, je voulais que ma Luna, ma belle Luna vive. Oui. Non. Elle réussit simplement à égratigner le bras de son adversaire. « Relève-toi ! Cours ! Cours ! » Par miracle, elle le fit. Elle le fit et l’autre se jeta sur elle. L’autre se jeta sur elle et elle tomba contre un arbre. Elle tomba contre un arbre et elle… et elle…
Un cri. Pas n’importe quel cri. Le cri de ma Luna. Le même cri que lorsqu’elle faisait des cauchemars, mais cent, mille fois pire. Quelque chose… Quelque chose sortait de son ventre. Une branche d’arbre. Son T-shirt se teintait de rouge. Elle saignait. Elle hurlait. « Luna ! Luna ! » M’époumonai-je. Il fallait qu’elle bouge. Il fallait qu’elle parte. Ce n’était pas tellement grave, si ? Elle allait s’enfuir et survivre, oui. Mais pourquoi ne cessait-elle pas de hurler ? Son visage était tordu de douleur, ses pupilles dilatées. Du sang… Du sang sortait de sa bouche. De sa bouche. L’autre fille ramassa son couteau. « Fuis ! Fuis, bon sang ! » Elle s’avança d’un pas. Je vis son bras qui bougeait. Le couteau qui s’avançait vers la poitrine de ma fille. Le couteau qui se planta dans son cœur. Le dernier sursaut, la souffrance sur ses traits. Puis, l’immobilité. Son regard fixe. Un coup de canon.
Tic tac. Comment était-il possible que cette satanée horloge marche encore ? Comment était-il possible que je vive encore, que je respire, alors que Luna… Ma Luna… Mes oreilles bourdonnaient. Je fermai les yeux. Il fallait que je me calme, que je me calme, que je me… « … la mort de la jeune Luna du district 5... » Dit Claudius Templesmith, au loin. J’ouvris la bouche et la refermai. J’ouvris la bouche mais aucun son n’en sortit. J’ouvris les yeux et la vis. Je vis le corps emporté par l’hovercraft. Le corps. Le cadavre. Ma respiration se bloqua. Ces cheveux bruns qui flottaient au vent… Cette tête qui dodelinait… Ces yeux bleus, toujours ouverts… La trappe de l’hovercraft se referma, et elle disparut. Un cri, un cri sans fin sortit de ma bouche. Je hurlai jusqu’à manquer d’air. Je me jetai contre la télévision. Luna, Luna, il fallait qu’ils me montrent Luna ! Ma Luna en bonne santé, souriante. Ma Luna en vie, en vie, bon sang, parce qu’elle ne pouvait pas être morte, parce qu’ils n’avaient pas le droit de me l’enlever comme ça, parce qu’elle n’avait pas le droit de m’abandonner ainsi ! Thybalt me toucha doucement le bras, mais je me dégageai brutalement. Je criai le nom de ma fille, je l’appelai en sanglotant. Pourquoi ne la montraient-ils pas ? Je voulais la voir ! « … plus que 4 tributs, après le décès de la courageuse Luna. » « Noooooooon !!! » Hurlai-je en donnant un coup de poing dans l’écran. « Non, non, non ! » Je martelais l’écran. « Luna ! » Je haletais. Mon poing dérapa. L’écran éclata en mille morceaux. « Ma Luna… » J’étais couverte d’éclats. Il y avait du sang sur mes mains… « Ma petite Luna… » Chuchotai-je. Pourquoi cela faisait-il tellement… mal ? Pourquoi avais-je l’impression d’avoir des morceaux de verres plantés, non pas dans la peau, mais dans le cœur ? Je baissai les yeux sur mes mains blessées. Toute force m’abandonna. Je me sentis glisser, glisser… Ma tête heurta le sol. Le sol couvert d’éclats provenant de l’écran. Je m’en fichais. Je m’en fichais. Je m’en fichais ! Quelqu’un me parlait. Thybalt. « Luna… » Soufflai-je. Thybalt me redressa. Je réussis à entrouvrir les yeux. Je croisai son regard et y vis de la peur et de la tristesse. Le noir. Le noir m’accueillit et je m’y laissai glisser avec reconnaissance. Dans le néant, il n’y avait pas de peur, pas de douleur. Rien que… le vide. Le calme. Puis, le retour à la conscience. « J’ai mal. » Croassai-je d’une voix incertaine, comme un enfant. Il me dit quelque chose, mais je ne l’écoutais pas. Il m’allongea sur le canapé. Le canapé. Le chat qui reniflait la télévision. Le vase. La table. La peinture accrochée au mur… Tout me semblait étrange. Je secouai la tête, confuse. Ma vision se brouillait. Thybalt ? Où était-il ? « Thybalt ?! » Comme il ne vint pas tout de suite, je hurlai : « Thybalt ! » Il arriva, affolé, les bras chargés de bandages. Il s’assit à côté de moi. Je lui pris la main et la serrai fort, du bout des doigts. Il commença à me soigner. Je clignai des yeux. Son visage était flou. J’avais l’impression d’avoir les oreilles remplies de ouate. Il fallait que je lui demande quelque chose. Quelque chose d’important. « Thy’… Où… Où est Luna ? »
§§§ If a man does not die of a wound, then it heals in some fashion, and so it is with loss.Robin Hobb « Le temps qui passe ne cicatrise pas les plaies. Il les referme en surface, mais ne guérit pas en profondeur. La souffrance reste, mais la vie poursuit son cours. Le temps qui passe n’efface pas les souvenirs. Il les recouvre d’une couche de sable, mais sans pouvoir les supprimer. Le temps qui passe, parfois, peut nous faire oublier, l’espace d’une seconde de bonheur. La douleur finit toujours par revenir. Le temps qui passe, ce salaud de connard de Père Temps, n’y peut rien. Personne ne peut nous aider. Personne. Malgré tous leurs efforts. Quand on souffre, on souffre seul. »
Voilà dix ans déjà que je n’avais plus vu ce visage, plus entendu cette voix. Elle était rentrée chez moi. Comme ça. En silence. Elle me regardait. Était-il possible qu’elle ne soit qu’un fantôme, une apparition ? Je l’espérais. Elle était toujours aussi… Quoi ? Mignonne ? Détestable ? « Je voulais juste vérifier que c'était vrai. » Quoi ? Que j’avais perdu tous ceux que j’aimais ? Que j’étais devenue folle de chagrin ? Que j’étais brisée, finie, condamnée à vivre alors que je ne voulais que mourir ? Était-elle venue pour voir ce que le temps avait fait de moi ? « Que tu avais vraiment perdu la boule. » Elle s’approcha de moi. Souriante, se délectant de ma souffrance. Je ne répondis pas. Qu’est-ce que je pouvais répondre ? Qu’elle avait raison ? Qu’elle avait raison depuis le début ? « Maintenant sœurette … Tu sais ce que ça fait ! » Elle déposa un baiser sur mes lèvres avant de s’éloigner en sautillant. Je la regardai partir. Sans bouger. Incapable de faire la moindre chose. Paralysée par la douleur.
reality is here.
Bonjour, je suis folle depuis 18 ans déjà et j'habite donc à l'hôpital psychiatrique. On me donne des pilules roses tous les jours pour que je cesse de voir des éléphants partout. Une voix dans ma tête, du nom de Titi, m'a dit de prendre ce scéna... J'ai adoré dévorer les livres Hunger Games avec du ketchup et des frites. Tous les jours, je sacrifie des nounours en chocolat sur l'autel du dieu MJ. Je suis schizophrène, car c'est déjà mon troisième compte ici.
FEATURING Jessica Chastain © COPYRIGHT britsterzstupidtumblr
Dernière édition par Heidi-Lyn P. Edelwiess le Jeu 21 Juin - 19:51, édité 12 fois |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:14 | |
| AILEEN JE T'AIME MAIS TU LE SAIS DEJA Pis si tu le savais pas je te le dis quand même Re-bienvenue ma belle |
| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:20 | |
| Ree Contente de te voir avec ce personnage |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:22 | |
| Richard> Ah ? Tu m'aimes ? Moi aussiiiiiiiiii (mais moins que Titi ) ! Fais attention, Aileen est mariée, Zozo aime Jessie et Heidi a Titi... Trois mâles protecteurs et très méchants. Merci merci ! Mimi> Merci ma Mimi chérie ! |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:27 | |
| TRES TRES MECHANT Zozo Bonne chance pour ta fiche |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 20:29 | |
| Merci mon Jess ! |
| | | Silk Preston △ correspondances : 1057 △ points : 0 △ multicomptes : Fenugreek (✝) Auden (D2) △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ âge du personnage : 32 ans
| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 23:23 | |
| Re-bienvenue. |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Ven 25 Mai - 23:28 | |
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| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 0:06 | |
| Re miss !!! |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 8:32 | |
| Silk> Merci ! Phoenix My Love> Oooh sois pas triste ! Normalement, la suite (et la fin) de ma réponse devraient arriver aujourd'hui, et je vais m'en occuper avant de faire la présa de Heidi. Je t'aime (enfin, pas moi, mais Aileen ). Adodo> Merci ! |
| | | Alexiane R. Hawthorne △ correspondances : 11154 △ points : 75 △ multicomptes : hunter, pepper-swann (leevy, ivory) △ à Panem depuis le : 08/05/2011 △ humeur : indifférente △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : mentor
| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 11:54 | |
| Rebienvenue parmi nous Tu es belle avec Jessica Bonne chance pour ta fiche, je suis sûre que ce sera une merveille (Je bosse toujours sur des avatars de Jessica t'inquiète pas ) |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 11:59 | |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 14:00 | |
| Re-Bienvenue |
| | | Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 14:47 | |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. Sam 26 Mai - 15:15 | |
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| Sujet: Re: Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. | |
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| | | | Heidi - Death is not the opposite of life, but the opposite of choice. | |
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