|
fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
|
| « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear | |
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Jeu 21 Juin - 12:00 | |
| « Let’s do some gratuitous violence » feat. Adonis Nightsprings & Ydris O. Candria Comme des relents de festivités macabres. Comme un feu d’artifice raté qui aurait brûlé le cœur de la ville et celui de ses habitants, le district huit n’est plus que cendres ce soir. Il traine des pieds sa douleur ; il en a déjà vu de toutes les couleurs. Du rouge, des bleus, dont il s’est pourtant toujours relevé. Pareil à un enfant il pleure un temps la chute avant de panser sa peine. Il se redresse déjà, riant, retournant à ses occupations futiles. L’insouciance fait écho dans les rues, les gens ont de nouveau revêtu leurs oripeaux de parfaits hypocrites. Deux gamins ont été sélectionnés avant-hier pour mourir au nom du pseudo bien de la communauté. Et même si leur sacrifice sauve ma fille, je ne peux m’empêcher d’y penser. Il y avait la routine de la moisson et la routine des trois-cent soixante-quatre jours restants. Le jour où l’on se tenait fier et ceux où l’on mettait la tête dans le sable en parfaits aveugles. J’ai longtemps ignoré ce constat, je l’ai même appliqué moi-même. Mais ce soir, ça me donne des envies de violence gratuite.
Adossé contre un mur je l’attendais. Lui, cette petite enflure qui faisait partit de mon quotidien depuis maintenant quelques années. Ce salopard que j’avais été chargé de prendre sous mon aile. Autant dire qu’il était une épine dans mon pied dont je me serais bien passé. J’étais en avance, comme toujours, m’infligeant la patience comme une seconde nature. Les quartiers résidentiels familiers du district huit devant mes yeux s’abandonnaient peu à peu à la torpeur du jour tombant. Malgré tout des enfants jouaient encore devant leur maison sous l’œil attentif de leur mère. Leurs éclats de voix me parvenaient depuis l’autre côté de la chaussée qui nous séparaient, résonnant dans le silence de mon esprit comme un éclat de vie. « Noah laisse ta petite sœur ! » Et ça pleurait, et ça criait. Tout ce que je n’avais pas, tout ce que j’aurais pu avoir. Je me suis souvent demandé à quoi ressemblerait ma vie aujourd’hui si elle n’avait pas basculé dans le sang. Peut-être aurais-je eus d’autres enfants, sans doute aurions-nous vécu une petite vie de famille sans prétentions. J’aurais continué à travailler aux carrières, attendant de rentrer le soir pour me reposer dans les bras de la seule femme que j’ai jamais aimée. La femme qui a tout changé. Une famille est comme un corps, chaque membre en est un organe. Lorsque l’un des membres cesse de fonctionner à l’unisson avec les autres c’est tout le système qui est en danger. Si le petit Noah décidait de se rebeller demain, alors c’est toute sa famille qui paierait le prix. Il n’y aurait plus de jeux sur le perron, plus de fillette blonde criarde et de mère souriante. Ils seraient tous fusillés comme des animaux, mis en scène sur la place publique à titre exemplaire. Je me chargerais moi-même d’appuyer la détente. Quand comprendront-ils ? Quand cesseront-ils d’espérer ? Et voilà qu'on m’avait donné rendez-vous pour réprimer l’une de ces familles soupçonnée de trahison. Les Scott pensaient sans doute qu’ils n’avaient rien à perdre, malheureusement pour eux les démarcheurs de la souffrance viendraient frapper à leur porte ce soir.
Il n’y avait maintenant plus mouvement sur les chemins, seulement les ténèbres se frayant le passage. Je fermais les yeux, abandonnant ma réflexion nébuleuse pour me concentrer sur la réalité des alentours. Le cliquetis de volets, le bruissement des arbres et les éclats de voix à peine audibles à travers les murs trop fins. Un mouvement proche attire mon attention, sans pour autant me faire dresser ma garde. Cette branche qui venait de craquer était sûrement l’annonciatrice d’Adonis. Pourtant aucun bruit de pas, ni même une salutation. Au moment même où j’ouvre les yeux une pierre vient percuter violemment ma tempe, me figeant de stupeur. « Va te faire foutre Candria ! » Une seule pierre peut tout détruire, quand comprendront-ils ? « Zorah Candria, vous êtes accusée de haute trahison envers le Capitole… »
Mon corps se redresse, alerte, sans parvenir à distinguer quoi que ce soit que les formes sombres des habitations. Un rire lointain m'indique que le lanceur a déjà fuit. Je laisse échapper un profond souffle, tentant de calmer le sursaut de mon cœur. Pendant un instant, la vision de ma femme crachant des bulles pourpres était venue me hanter.
Ce genre de débordements envers les pacificateurs étaient habituels et terminaient bien souvent d’une sanction violente. Mais à quoi bon pour ce soir, il y avait déjà bien à faire. Je lâche un soupire, essuyant le sang du bord de ma manche avant qu’il n’afflue trop sur ma joue. Ça m’apprendra à ne pas porter mon casque en toutes circonstances.
Mais voilà que le fils prodige fait son entrée. Blafard, l’uniforme d’Adonis capturait la lumière des fenêtres et renvoyait un aspect fantomatique qui renforçait son physique étriqué. J’adresse un signe de tête dans sa direction, épongeant une nouvelle fois ma tempe d’un revers de bras pour aller à sa rencontre. D’un bref sourire vide je pose une main sur son épaule, faussement content de le voir.
« Nightsprings, je t’attendais. »
Me positionnant à ses côtés je remets mon casque après un énième geste envers mon hémoglobine. Il était temps de redevenir un vulgaire outil.
« J’ai eus la confirmation que les Scott se trouvent bien à leur domicile ce soir. Nous allons pouvoir agir sans aucun problème. »
Je lui souris de nouveau, attendant qu’il ouvre la marche vers le foyer des traites qu’il avait débusqué. Après tout c’était à son honneur, en tant que supérieur je ne pouvais que l’encourager. J’ai envie de violence, mais faites un pacte avec elle et vous finirez toujours par payer le prix fort. |
| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Ven 22 Juin - 3:50 | |
| Silk était partie. C'était toujours la même chose lorsqu'elle partait : il lui lançait des vannes, elle répondait agressivement, il continuait, elle l'engueulait, ils se battaient puis s'embrassaient. Mais cette fois... Les pleurs et la peur avaient tout emporté. Cela ne servait à rien de lutter. Pourquoi tout avait si soudainement changé ? Leurs habitudes lui manquaient horriblement. Et il n'avait même pas su trouver les mots pour la rassurer. De toute façon, il ne croyait pas à ses propres mensonges, alors, à quoi bon. Il l'avait accompagnée jusqu'à la gare, il avait frôlé sa main avant de la laisser monter. Elle s'était à peine retournée, lui offrant ce regard d'enfant apeurée. Il avait eu l'impression de se retrouver des années en arrière, lorsqu'il avait regardé les Hunger Games auxquels elle avait participé. Une fois de plus, tout lui échappait. Il avait feint un sourire. Elle aussi. Et elle était partie. Silk était partie. Le train avait démarré, emportant la seule personne qui lui donnait un minimum de force pour avancer. Il cligna plusieurs fois des yeux, la bouche grande ouverte. Il ne réalisait pas que cette fois-ci, tout était différent. Et tout serait différent. Si l'un de ses tributs ne revenaient pas, Silk en mourrait. Littéralement. Et lui alors ? Que lui arriverait-il si Silk partait définitivement ? Il partirait, lui aussi ? Il se laisserait crever ? Ou serait-il capable d'oublier, de faire comme si rien avait existé et avancer ? La main de l'un de ses camarades se posa sur son épaule et le fit sursauter, le ramenant douloureusement à la réalité. Adonis tourna la tête vers lui avant de lui adresser un signe de tête pour le rassurer. Sans plus attendre, le Pacificateur suivit les siens jusqu'à l'hôtel de ville. Tête baissée, il avança jusqu'au centre du District, néanmoins, il jeta un regard derrière lui ; il était impatient de voir ce foutu train revenir. Impatient, mais effrayé. Ouais... Ils étaient de nouveau deux enfants apeurés qui ne savaient pas quoi foutre de leur vie. Et qui ne savaient même pas s'ils allaient s'en sortir.
La grande place paraissait tellement vide. Il n'y avait plus personne, sauf peut-être les charpentiers qui étaient en train de démonter la scène et d'enlever les décors. C'était comme se retrouver sur une autre planète, loin de tout, loin de la Moisson, loin de Panem. Le District 8 était redevenu le District 8, il n'y avait plus à s'en faire pour ses enfants. La tension retombait et tout le monde retournait à sa petite routine. Comment faisaient-ils ? Son regard balaya la place et le peu d'habitant qui y restaient. C'était incroyable cette façon dont les humains pouvaient se comporter en insectes. De tous petits insectes qui retournaient vite fait à leur besogne une fois l'orage passé. Adonis secoua la tête. Ils pouvaient bien se plaindre du Capitol, hein. Ils aimaient avoir quelqu'un à blâmer. C'était bon de rejeter la faute sur les autres. Ils ne faisaient que se conduire en petits insectes, en moutons qui aimaient seulement suivre le mouvement. Tant pis pour eux. Que leurs enfants crèvent après tout. Ils le méritaient bien. Tous, autant qu'ils étaient. Tous... Désormais dos à la scène d'infortune pratiquement démontée, il se souvenait de Jérémy. Il ne l'avait pas vu à la Moisson. En même temps, avec toutes ces petites têtes blondes dans l'assemblée, il était dur de pouvoir retrouver quelqu'un en particulier. Sans donner plus d'explications à l'un de ses camarades, il rentra chez lui au plus vite. Il se changea rapidement pour passer inaperçu dans le District, même si la plupart des habitants se souvenaient de son regard. Adonis savait que l'adolescent ne viendrait pas. Pas tout de suite du moins. Il devait sûrement être avec sa famille et tous être bien heureux que le garçon soit toujours parmi eux. Mais putain, qu'est-ce qu'il s'en foutait de sa famille. Il voulait le voir. Maintenant. Il n'attendrait pas la tombée de la nuit.
Devant la maison de Jérémy Scott, Adonis posa sa main sur le petit portail en bois. Un sourire apparut sur ses lèvres. Le premier depuis qu'il avait passé la porte de la mairie. Le premier depuis que Silk était partie. Il entendit la voix de la mère de Jérémy. Cette femme paraissait si douce. Même si elle semblait fatiguée, épuisée par la vie, elle se tenait droite, éduquée au mieux ses enfants et prenait soin d'eux. Ces gamins ne savaient pas à quel point ils étaient chanceux. Si seulement sa propre mère avait su avoir cette force et ce courage... Peut-être n'en serait-il pas là aujourd'hui. Peut-être que Karunta serait toujours en vie. Il se mordit la lèvre inférieure en voyant le petit frère de Jérémy sortir par la porte d'entrée et s'installer dans ce qui semblait être un jardin pour jouer. Comme la plupart des enfants qui se retrouvaient sur un petit tas d'herbes, il se mit à les arracher doucement, comme s'il boudait. L'enfant n'avait pas remarqué le Pacificateur. Sans un bruit, Adonis passa le portail et s'accroupit aux côtés du garçon. Lorsque ce dernier releva la tête, s'apercevant enfin de l'intrus, il plaqua ses mains sur sa bouche pour ne pas hurler. Il avait reconnu Adonis. Il savait ce qu'il était. Qui il était. L'homme lui sourit. Inspirer la peur était toujours bon. Toujours :
« - Je ne suis pas là pour te faire du mal. Je viens voir ton frère. ».
Adonis avait promit. Il ne ferait jamais de mal à la famille Scott. Jamais. Pourtant, vu la tête que tirait le gamin, cela ne signifiait rien de bon. Le garçon écarquilla les yeux, ses mains toujours plaquées sur ses lèvres, comme s'il refusait de parler. Son regard planté dans le sien, Adonis serra les dents jusqu'à les faire grincer.
« - Où est... Jérémy ? ».
L'enfant ne répondit pas. Adonis se releva sans le quitter du regard.
« - Dis à ton frère qu'il a une demi heure pour venir me voir. Ou ça ira très mal pour lui. ».
Ce n'était pas son petit frère pour rien. Il préférait rester muet plutôt que de cracher le morceau. Tant mieux. Adonis lui sourit et s'en alla. Il attendrait patiemment. De retour chez lui, il attendit. Assit sur son canapé, es minutes défilaient. La demi heure était passée. Puis une heure s'écoula. Deux. Ses mains se posèrent sur les accoudoirs alors qu'il serrait le fin tissu entre ses doigts. Son regard était perdu dans le vague. Peut-être que sa mère lui avait interdit de sortir et qu'il était coincé chez lui. Peut-être que son petit frère n'avait rien dit de peur de quelconques représailles. Peut-être... Des peut-être et encore des peut-être qui trottaient dans sa tête. Il allait devenir dingue. Deux heures et demi. Il ne viendrait pas. Le gamin avait-il oublié leur petit arrangement ? Adonis serra les dents et, dans un élan de colère, envoya la table basse valser contre le mur d'en face. Il n'avait pas le droit de le faire attendre. Pas après cette journée. Pas après qu'elle soit partie et qu'elle l'ait laissé dans la merde. Il était véritablement dans la merde. Surtout quand elle n'était pas là. Puisque c'était comme ça, qu'il jouait au petit con avec lui, il irait le chercher par la peau du cul. Un simple coup de fil à son supérieur et le tour était joué. Une simple petite information sur un potentiel rebelle. Au pire, si Jérémy décidait de se rendre à Adonis, ce dernier feindrait qu'il se serait trompé. Et il rentrerait avec le garçon. Son plan marcherait. Dans tous les cas, il devait marcher. Rapidement, il remit son uniforme, sa ceinture et son casque avant de sortir en claquant la porte de chez lui.
L'une de ses mains cherchaient un briquet alors que l'autre cherchait le paquet de cigarettes. Ces cigarettes fruitées que Silk lui avait ramené du Capitol. Une véritable merveille qui lui laissait un goût sucré sur le palais. Ses mains continuaient de chercher mais ne trouvaient strictement rien. Et en plus, il avait oublié ses clopes chez lui. Et merde... Là, il était vraiment énervé. Les ruelles du District 8 lui paraissaient interminables jusqu'à ce qu'il arrive face à Ydris Candria. Son supérieur. Ils s'étaient donnés rendez-vous non loin de chez Jérémy. Adonis sourit. Le deuxième sourire de sa journée. Ydris était le Pacificateur qui lui avait tout apprit. Franchement arrivé au District 8, cet homme l'avait prit sous son aile et l'avait formé pour qu'il devienne l'un des meilleurs Pacificateurs de tout Panem. C'était un peu le père qu'il n'avait jamais eu. Un père fort, doué, intransigeant et impassible. Lorsque la main de Candria se posa sur son épaule, il se sentit soudainement fier. Et coupable. Il aurait peut-être dû lui dire dès le début que Jérémy était un rebelle fraîchement débusqué. Non. Il avait promit. Adonis déglutit. Sa colère venait de retomber doucement et il se sentit intimidé. Depuis combien de temps n'avait-il pas fait d'opération avec Ydris ? Cela semblait si loin. Concentré. Il fallait rester concentré.
« - Candria. ».
Un bref signe de tête en retour et il se mit en marche vers la petite maison. Le petit portail en bois était fermé. Il retira le loquet et le poussa avant d'entrer dans le petit jardin. Son cœur battait à tout rompre. Faites qu'il soit là, faites qu'il se rende vite fait, faites qu'il ait juste oublié, faites qu'ils puissent tous les deux rentrer, faites qu'Ydris ne comprenne rien de ce qu'il se passe entre eux. Adonis prit une profonde inspiration et toqua fortement à la porte. La mère de Jérémy ouvrit et resta stupéfaite devant les deux uniformes blancs avant de devenir toute aussi livide. Sa main sur la poignée tremblait, ses yeux s'écarquillaient et elle n'était pas capable d'émettre le moindre son.
« - Madame Scott. Nous venons pour Jérémy Scott. Où est-il ? ».
Froid. Distant. Sans aucune compassion. Pourtant, en son fort intérieur, il avait juste envie de la secouer vivement et de lui dire que son fils avait intérêt à bouger son petit cul et qu'il ramène son petit cul chez lui illico. Mais une fois de plus, sa mère se décomposa et se mit à pleurer avant de tomber à genoux, agrippant la main d'Adonis :
« - Pitié, je vous en supplie, ayez pitié.. Pitié... Épargnez mes enfants... Pitié... ».
Adonis grimaça, essayant de retirer sa main des siennes.
« - Pitié ! Pitié ! Ne faites pas de mal à mes enfants ! ».
« - La ferme. On leurs fera pas de mal. On veut juste Jérémy. ».
Sa mère releva la tête, croisant le regard d'Adonis. Elle ne pouvait s'arrêter de pleurer.
« - Il est partit... ».
La suite, Adonis ne l'entendit pas. Il était trop occupé à entendre son cœur se briser. |
| | |
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Dim 15 Juil - 0:19 | |
| Cette histoire, je ne sais qui l’a contée en premier.
Cette histoire je l’ai répétée, amplifiée et déformée. Tout ce que je sais, c’est qu’elle commence comme toute les autres à grand coup de « il était une fois ». Ouais, il était une fois un homme, mais il ne connaitra pas de happy end.
Les monstres existent mon enfant. Personne n’est à l’abri. On croit se cacher derrière une couverture de certitudes, se terrer au fond de notre lit de mensonge. On écoute avec crainte leur récit, on se dit que ça ne nous arrivera jamais. Qu’on ne sera jamais la pauvre âme terrorisée, poursuivie par la mort incarnée œuvrant à nous arracher des cris. Mais bien souvent on oublie l’essentiel : n’importe qui peut devenir un bourreau griffant de toutes ses forces les murs de sa prison de démence. N’importe qui peut être le méchant du conte. Surtout celui qui en était le héros.
La froideur de sa voix avait posé le ton. Il semblait que lui aussi n’était pas dans son humeur la plus magnanime. De l’impatience perçait même par moment alors qu’il échangeait des mots brefs avec la mère de famille. Celle-ci tomba rapidement à genoux, suppliant la merci comme une pauvre âme sur l’échafaud. Elle me faisait pitié. Ce spectacle me rendait malade et augmentait à la seconde la tension dans mes veines. J’allais exploser ; briser cette patience qui m’était si familière. Peut-être était-ce la présence d’Adonis, peut-être le contrecoup de la moisson. Sans doute simplement le constat qu’une fois encore le rouage d’une mécanique s’était brisé. J’aurais pu me montrer compatissant pour cette femme, partager ses larmes de voir que son propre fils venait de signer leur souffrance par pur égoïsme. Elle n’avait pas la force pour les bâtir en ce monde, pas la ressource intellectuelle de fuir ou se défendre. Elle était là, sur le perron de sa maison, une bête à l’abattoir. Oui, c’était ça qui différenciait les monstres des brebis. Cette capacité à être créatif même dans les pires situations. Et quelle créativité.
Adonis Nightsprings. Comme moi originaire du deuxième district. Comme moi échoué dans ces rues pourries. Si semblables et pourtant si différents. Non. Je n’étais pas comme lui. Après des années en tant que son supérieur je ne pouvais me voiler la face sur les rumeurs à son sujet ni même ce que j’avais observé. Il me dégoutait, sa présence me rappelait combien un être pouvait déraper dans des noirceurs infâmes. A cet instant, je pouvais le sentir sombrer. Son dos qui se soulevait d’une respiration accélérée, cette goutte de sueur froide qui pointait sur sa nuque, sa main crispée entre celles de cette femme. Il me rappelait combien moi aussi j’étais comme lui. Oui, ce bruit que je venais de percevoir, c’était celui d’un homme brisé.
Non. Impossible.
Après quelques instants de silence, je me décide enfin à faire un pas, posant fermement ma main sur le poignet du jeune homme pour la retirer de son emprise. Je me dresse entre eux, le forçant à se mettre sur le côté alors que je me baisse légèrement vers la femme. Détachant d’une main la matraque à ma ceinture je viens forcer sa tête à se redresser, approchant mon visage du sien.
« Bien, nous allons avoir une petite discussion Mme Scott. Je vous suggère de nous laisser entrer, vous ne voudriez sûrement pas que tout le voisinage apprenne que vous êtes des parias. »
Son menton retombe avec le retrait de mon arme et elle continue de sangloter, vide de toute réaction. Je la saisis par l’épaule, la forçant à se relever pour rentrer. Au même moment quelque chose me percute, hurlant.
« Arrêtez ! Laissez ma maman tranquille ! »
Martelant mes côtes, l’un des enfants Scott tambourinait de ses poings, donnant des coups de pieds de toutes ses forces dans mes jambes. Je lâche sa mère, un peu surprit, avant de le saisir par le col pour le jeter violemment entre les pattes d’Adonis.
« Nightsprings ! Arrête de rêver et occupe-toi du mioche ou c’est moi qui vais m’occuper de ton cas ! »
Je lui jette un regard impérieux, suivant la mère dans la maison. L’intérieur est tout ce qu’il y a de plus simple, un petit salon typique des quartiers modestes du district huit. La femme a déjà pris place sur une chaise, s’agrippant à l’accoudoir pour contrer le malaise. Une petite fille effrayée se tient à moitié cachée derrière le canapé, ses doigts et le haut de son visage dépassent à peine. Son regard. Oui, je ne connais que trop bien ce regard.
C’est celui que les enfants posent sur le monstre qui va dévorer leur maman. |
| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Mer 25 Juil - 5:14 | |
| Adonis baissa les yeux. La mère en train de chialer n'était plus là. Son supérieur n'était plus là. La maison n'était plus là. Il ne restait que ce vide, ce néant qui était en train de l'engloutir. Était-il possible de se retourner ? Juste, de tourner la tête. Et de regarder le passé. Était-ce possible, après tout, de voir tout ce que l'on avait pu manquer ? Était-ce possible de voir tout ce que l'on avait pu rater dans sa vie ? Adonis les voyait, toutes ces choses. Toutes ces choses qu'il auraient pu changer ou éviter ? Un pas un arrière, seulement. Un pas en arrière pour tout voir et tout recommencer. Et tout avait commencé ce jour où ce merdeux l'avait insulté et frappé. Rares étaient les gosses qui se mettaient en travers de son chemin. Rares étaient ceux qui voulaient garder la tête haute. Oui, il l'avait gardé, la tête haute. Mais pas pour longtemps. Le gamin avait finalement plié. Comme tout le monde. On finit tous par plier. Même les plus forts finissent par s'agenouiller. Car il y a toujours quelque chose à perdre. Jérémy avait vendu son âme et son corps pour ne pas perdre ce quelque chose ; sa famille. Chaque nuit depuis, il s'était rendu chez Adonis pour expier ses conneries. Ses lèvres entrouvertes tremblaient. Il venait de se faire baiser. Dans tous les sens du terme. Il sentait encore la chaleur de la main du garçon sur sa joue. Et ses yeux... Si bleus. Dieu, s'il savait ; il aurait dû les lui crever avec ses pouces. Était-ce sa façon de finalement être puni pour ses propres péchés ? Ce goût de rage et d'amertume qui se mélangeait à la tristesse et son cœur brisé. Mais merde. Merde. Sa main sur sa joue, cette putain de chaleur sur sa joue. Ses mots... Il le lui avait répété et répété, encore et encore, jusqu'à ce qu'il en soit rassasié. C'était donc possible, de feindre l'amour ? C'était donc possible de regarder les gens, de leurs sourire, de les enlacer, de les embrasser et de les baiser en feignant ce sentiment de merde ? Sa main libre se posa sur son cœur. Il n'arrivait plus à respirer. C'était vraiment ça, alors, d'avoir le cœur brisé, métaphoriquement et littéralement. Sa main serra le tissu de sa combinaison. Ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas arriver, non. C'était... Un rêve ! Oui ! Il fallait bien une explication logique et rationnelle à toute cette merde ! Un pas en arrière, de nouveau, et il se réveillerait. Il cligna plusieurs fois des yeux, se sommant intérieurement de se réveiller. Allez, ce n'est qu'un rêve après tout. Réveille-toi... Réveille-toi connard. Mais lorsqu'il releva la tête, la mère eppleurée et son supérieur étaient toujours là.
Adonis pencha la tête sur le côté, la bouche grande ouverte. Le regard que lui lançait Candria n'était pas bon. Pas bon du tout. Et il connaissait parfaitement ce regard. Il avait compris. Il avait sûrement compris. Ce regard-là voulait aussi dire que tout autour de lui était réel. Ainsi que... Non. C'était trop tôt. Trop tôt pour envisager ça. Il n'avait pas pu partir. Pas en abandonnant sa famille. Il avait dû payer le prix cher pour épargner sa précieuse petite famille parfaite, il ne pouvait pas s'être cassé comme ça en les abandonnant. Car il savait. Le Pacificateur, dans sa combinaison si blanche, tâchée de son petit sang d'enfant, il le lui avait dit et redit ; sa famille risquait gros. Très gros, s'il tentait quoi que ce soit. Alors... Il ne pouvait pas être parti. Pas comme ça. On avait dû le forcer, oui. Mais qui ? S'il était prêt à écarter les cuisses pour sauver sa famille, qu'était-il possible de faire pour sa propre liberté ? Sa propre vie à lui ? Et merde. Voilà qu'il se mettait à tout envisager. Toutes ces possibilités. Il fixait toujours Candria. Mais encore une fois, il ne le voyait plus. Un pas en arrière encore, et il était perdu. Il aurait tout fait, tout, pour retourner dans le passé. Non pas pour arrêter Jérémy, le forcer, le supplier à rester, mais pour le buter dans cette putain d'usine de merde. Peut-être même avait-il tout planifié et ce, depuis le début. Non. Non. Stop. Il ne fallait pas y penser. Il fallait arrêter. Maintenant. Maintenant. La main de Candria se posa sur son poignet, obligeant la main de la mère à le lâcher, obligeant Adonis de reculer. Il fallait redescendre sur terre. Maintenant. Ravaler ses larmes et son orgueil. Et faire son job. Les sourcils d'Adonis se froncèrent, créant des petites rides sur son front. Ses yeux bleus disparurent, engloutis par ses pupilles noirs. Il n'y avait pas de place pour les sentiments, de toute façon. Pas dans sa vie à lui. Pas pour lui. Il n'y avait pas le droit et il n'y aurait jamais droit. Et Jérémy venait juste de le lui rappeler. Par son absence. Une absence de tout, de ce tout. Tant pis, comme on dit.
Enfin, il venait d'atterrir. Sa bouche était toujours grande ouverte. Mais il venait atterrir. Ses pieds, son esprit avaient enfin touché ce sol si abrupt. Il cligna des yeux, observant son supérieur. Oui. Il avait besoin de faire son job. Juste ça. C'était tout ce qui le maintenait en vie. Candria lui envoya le gosse qui s'évertuait à croire que sa famille pourrait échapper au pire. Qui s'évertuait à croire qu'il pouvait encore se battre. Plus d'espoir, gamin. Et tu n'as même pas les armes pour essayer de te battre. Alors, n'y crois plus et abandonne-toi. De toute façon, tu crèveras. Il l'avait déjà croisé, ce petit garçon. Il l'avait croisé la première fois qu'Adonis avait embarqué Jérémy pour son interrogatoire. Le petit garçon jouait avec des amis. Ils jouaient. Ce que les enfants faisaient de mieux, après tout. Mais le petit garçon lui avait jeté un regard mauvais. Ce regard qu'il était en train de jeter à Candria. Ce regard qu'il jetait aussi à Adonis. C'est fou comme l'histoire peut se répéter, encore et encore, sans qu'on puisse y faire quoi que ce soit. Et tu ne peux rien y faire, gamin. Sauf que cette fois, c'était le petit frère et non le grand qui se débattait sous les mains du Pacificateur. Une simple pression sur les épaules le força à se tenir tranquille. L'enfant ravala un gémissement. Sûrement voulait-il pleurer, aussi. Mais l'heure n'était pas aux pleurs. Pas encore, du moins.
" - T'inquiète. Je gère. ".
Non, il ne gérait rien du tout. Et ses mains s'enfonçaient dans les épaules du petit garçon alors que son supérieur et la mère pénétraient à l'intérieur de la maison. De nouveau, le garçon gémit. Adonis se vouta légèrement, Oh, juste assez pour venir coller ses lèvres contre l'oreille de l'enfant :
" - Si je t'entends gémir. Ne serait-ce qu'une seule fois. Je tue ta sœur. Puis ta mère. Est-ce que tu les aimes assez pour les sauver ? ".
Adonis serra les dents. Les aimes-tu plus que ton frère ne vous aime ? Ou es-tu aussi lâche que lui pour les abandonner, elles aussi ? L'enfant baissa la tête, reniflant avant de secouer la tête pour acquiescer. Les tuer avec tout leur amour. Ce serait bon. Tellement bon. Cruel, mais bon.
" - Bien. ".
Le petit garçon. Le bon petit garçon. Il le força à avancer, se dirigeant eux aussi vers l'intérieur de la petite maison. Le Pacificateur n'était jamais rentré chez son amant. Il faut dire qu'avec un uniforme pareil, on est jamais le bienvenue dans ce genre de maison. Son regard ce posa sur chaque petit objet, chaque meuble, la tapisserie sur les murs ou bien les volets ouverts pour laisser la lumière entrer dans la pièce. Aimait-il passer du temps dans le salon, avec sa famille ? Aimait-il s'assoir sur le canapé ou préférait-il rester par terre, jouant avec son frère ou sa sœur ? A table, quelle était sa place ? Faisait-il aussi à manger, chez lui ? Quel était son ustensile préféré ? Le couteau sûrement. Pour le planter dans le dos ou bien dans le cœur. Ou pour couper des couilles. Parce que ça, pour sur, Adonis les avait bien perdues. Il fit assoir le petit garçon sur le canapé. Le bout du nez de la petite sœur dépassait. Elle, il ne l'avait jamais vue. Il savait que Jérémy avait une petite sœur, aussi, mais jamais il n'avait vu son visage. Il ne voyait que la couleur de ses yeux et de ses cheveux, mais comme elle lui ressemblait. Elle affichait ce même regard effrayé, paniqué que Jérémy lorsqu'Adonis avait positionné le clou dans la paume de sa main avant de l'y enfoncer. Dieu, ce qu'il aimerait faire à cette petite fille... Adonis lui sourit. Ce n'était pas là le sourire rassurant des représentants de la lois. C'était ce sourire sournois. Ce même sourire sadique et pathétique qu'il avait offert à Jérémy ce jour-là. S'ils savaient comment l'histoire se répétait... S'approchant d'elle doucement, elle secoua négativement la tête sans le lâcher une seule fois des yeux. Il l’attrapa tout de même par le coude et l'installa sur la canapé. Il s'accroupit en face d'eux, posant l'une de ses mains sur la cuisse du garçon et l'autre sur celle de la fillette. Tour à tour, il les regarda :
" - Si tu pleures, ou même si tu cries, je le tue. Si tu pleures ou si tu cries. Je la tue. Est-ce que vous vous aimez assez pour ne pas voir l'autre mourir ? ".
La petite fille baissa la tête, ravalant un couinement alors que des larmes ruisselaient sur ses joues. Le petit garçon empoigna la main de sa sœur, fixant Adonis, ce qui força la fillette à se calmer, resserrant sa main dans celle de son frère. Ce qu'ils étaient touchants. Le sourire d'Adonis s'élargit. Jérémy avait eu raison de jouer avec les sentiments, c'est une si belle arme. La meilleure qui soit. Il se releva, satisfait. S'il avait été dans cette situation avec Karunta, aurait-il donné la main à sa sœur pour la rassurer ? Aurait-il défié le regard du monstre en face de lui ? Sûrement pas. Il aurait joué les lâches comme Jérémy, s'enfuyant seul dans la forêt. Mais il n'aurait pas feint l'hypocrisie. Et il n'aurait jamais vendu tout son être pour essayer. Il aurait fuit. Très loin. Il se tourna pour retourner vers son supérieur et la mère. Elle devrait mourir sur le champ pour chialer autant. Il s'avança vers elle, son sourire n'était plus. C'était sa faute à elle, de toute façon. Elle aurait dû être plus vigilante, savoir ce que faisait son fils et ne pas fermer les yeux. Elle avait vu. Elle avait sûrement vu les marques, les bleus, toutes ces cicatrices qui se dessinaient sur le corps de son enfant. Il fallait un coupable. Il en fallait toujours. Jérémy n'était pas là, il devait sûrement être loin. Alors, ce serait celle qui avait engendré ce traitre.
" - Où. Est. Il ?".
Sa main se plaqua sur la table, se penchant sur elle pour la regarder droit dans les yeux. Il voulait qu'elle voit. Qu'elle voit tout ce que son fils avait fait, tout ce qu'il venait de déclencher par sa simple connerie, que son propre fils était en train de signer leur arrêt de mort. Une main tremblante essuya ses larmes alors qu'elle levait la tête vers le jeune Pacificateur :
" - Je ne sais pas ! Je n'en sais rien ! Je ne savais rien ! Je ne savais pas qu'il avait prévu de partir, je vous le jure ! Je le jure sur ma vie et sur mes deux enfants ici présents que je ne savais rien, que je ne sais rien ! ".
Comment peut-on être aussi aveugle ? Adonis se redressa. Il se sentait de moins en moins pathétique, plus il la regardait. Sa tête penchée sur le côté, il fit la moue en faisant claquer plusieurs fois sa langue sur son palais :
" - Non, non, non... Ça ne va pas nous suffire... ".
Sa main se glissa rapidement dans les cheveux de la mère, lui cognant violemment le visage contre la table. Du sang coulait de son nez. Elle ne s'y attendait sûrement pas. Il tenait encore ses cheveux lorsque les deux enfants se levèrent en même temps, hurlant une chose ressemblant à " maman ". Il tourna vivement la tête, le visage déformé par la colère :
" - Qu'est-ce que j'vous ai dit, hein ?! Vous la fermez ! ".
Une nouvelle fois, il lui cogna le visage contre la table. Les enfants hurlèrent de nouveau.
" - Qu'est-ce que vous seriez capable de faire, par amour, hein, Mme Scott ? ". HRP : sorry babe, c'pas génial T_T. |
| | |
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Dim 19 Aoû - 15:18 | |
| A travers peine et joies. Jusqu’où est-on prêt à aller ? On ne le sait jamais avant d’avoir la tête encastrée dans le mur. Jusqu’où est-on prêt à aller? On ne le sait pas avant d’avoir testé. La première personne à avoir sauté dans le vide en espérant voler, la dernière personne à apprendre à aimer. Aucune ne savait ce qui les attendait avant d’avoir essayé. Comme lorsque la folie nous surplombe, à cet instant incertain où l’on ne sait pas ce qu’il va se passer. On ne connait les limites. Jusqu’où est-on prêt à aller par amour ? Cette question on me l’a déjà posé une seule fois. Elle me l’a déjà posé.
Nous sommes démunis face à l’amour, emprisonné par le poids d’un regard bleu qui s’enquit, se rassure et se love dans nos bras. Le bonheur nous caresse, nous asservit l’illusion que nous sommes prêts à tout, capables de voler en projetant une ombre protectrice. Tout comme nous sommes œil pour œil et dent pour dent nous nous pensons apte à chuter si c’est pour quelqu’un, s’écraser pour le simple honneur d’un sentiment. On se croit trop d’orgueil invincible, prêt à pourfendre des dragons pour sauver une femme en détresse quitte à y laisser des plumes. Mais quand les flammes surgissent, notre sens chevaleresque vole en cendres. Non, il n’y a aucun serment inviolable, aucune promesse maritale qui outrepasse ce fait. Nous sommes tous des égoïstes.
« A travers peines et joies. Consentez-vous à chérir votre amour et le protéger jusqu’à… » « Oui. »
Pourtant pas avares de mensonges.
Mon attention s’était perdue entre les fissures des murs. A l’image d’Adonis quelques minutes plus tôt il me semble que quelque chose s’est brisé en moi. Patience ou pitié, la cruauté recouvre tout. Elle me presse, bats la mesure de ma tempe au fil des pleurs de la femme. Je n’ai même pas réagit quand sa tête a heurté violemment la table, sonnant le gong de la violence gratuite. Une fois. Deux fois. La pierre ricoche sur la vitre puis la fissure. Le miroir de mon humanité.
Une fois. Deux fois. La pierre s’écrase sur son visage et le fissure. Et cette pierre, elle s’appelle Adonis Nightsprings.
La mère, la fille ; mes yeux font la balance des deux. Impossible d’ignorer leurs liens de parenté. Je me demande où est passé le père. Je me demande s’il n’a pas respecté sa promesse ou si la mort est son excuse. Peut-être que s’il était encore là madame Scott ne serait pas en train de répandre son hémoglobine sur la table comme on renverse une salière. Présage funeste, il est temps d’en finir. Je quitte le bout de la table, m’approchant du tortionnaire et de sa victime. Sans un mot je prends le relais en me mettant de nouveau entre eux, mes mains se posant délicatement sur les épaules de la femme secouée de soubresauts. Avec calme mes doigts écartent les mèches sur sa nuque, tirant de ma poche un mouchoir je le tamponne doucement contre son nez. Le regard de l’enfant s’est posé sur moi. Il a compris, il fulmine. Malgré son innocence, il sait combien ma compassion est feintée.
« Vous êtes mère, il s’agit de votre fils, votre sang, sous votre propre toit. On pressent toujours ce qu’il se passe dans la tête des gens qu’on aime. »
C’était totalement faux bien sûr. Quand bien même elle en aurait connaissance, elle ne saurait l’endiguer, je ne le savais que trop bien. Je ne l’avais que trop bien vécu.
« Mon coéquipier a raison, madame Scott. Cela ne va pas nous suffire. »
Je tapote doucement son épaule, contournant la table pour revenir près du canapé. Non, ce n’est pas Nightsprings le problème. Ma main se referme avec force sur le poignet de la petite fille. Ce n’est pas non plus la bêtise des Scott qui est à remettre en cause. Elle se débat, m’envoyant un coup de pied dans le torse alors que je la pose froidement sur la table, comme un poulet rôti en attente de découpe. Ce n’est pas le Capitole le problème. J’ai toute l’attention de l’assistance, la mère a étouffé un sanglot de plus. Ce n’est pas moi le problème.
« Commencez à inventer un mensonge aussi habile que ceux que vous aviez l’habitude de servir, de votre talent dépendra notre pitié. Mais si vous voulez une vérité… »
D’un geste violent je saisis la petite fille par les cheveux, stoppant net sa rébellion. Elle tremble comme une feuille. Voilà, c’est ça le problème. Tous autant que nous sommes, nourris aux mensonges.
« Nous n’en auront aucune. »
Je saisis mon couteau à ma ceinture, tranchant net la douce chevelure ondulée de l’enfant que j’envoie aussitôt échouer sur la table juste en face de la femme. Je m’acharne, intention ferme de provoquer un carnage en rasant dangereusement son crâne. La mère écarte les yeux d’horreur, incapable de prononcer le moindre cri. Déjà épuisé son stock de protestations ? Le petit frère est le seul à réagir, se précipitant sur sa sœur. Quelques cheveux dorés pendent tristement sur ses tempes, la gamine est sous le choc, volaille plumée en direction de l’abattoir. Mon regard a croisé celui d’Adonis un bref instant. Je sais qu’il a compris.
« Il y a quelque chose que vous ne semblez pas comprendre. Que vous couvriez ou non la fuite de Jeremy, nous nous en fichons. Vous êtes coupable d’avoir laissé l’espoir naitre dans l’esprit de votre fils. Coupable de passivité. Coupable de trahison envers votre statut de rampant. Nigthsprings ? Soit galant et montre à Mme Scott le sens du mot discipline. »
Je lâche la petite, envoyant mon arme se planter dans le bois. Il est temps de se mettre à table. « Consentez-vous à chérir votre amour et le protéger… »
Jusqu’à ce que la mort vous sépare. - Spoiler:
Désolé chachou, ça craint ;A;
|
| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Dim 2 Sep - 0:49 | |
| Ce son. Ce son que l'on peut produire en frappant quelque chose contre le bois. Il ne le connaissait que trop bien. Pourtant, jusque-là, ce son lui avait procuré un certain bien être. C'était un son qui lui était agréable, qui lui rappelait des souvenirs et des pensées agréables. Mais ce son-là, celui du crâne de la mère de son amant se fracassant contre la table, ce n'était pas bon du tout. Il ne ressentait rien du tout. Et ce n'était pas agréable. Il fallait penser à quelque chose d'agréable. Quelque chose avec le bois. Preston. Une sensation de chaleur, un baiser mouillé, des rires entre-coupés et l'écorce de l'arbre qui lui râpait le dos. C'était agréable. Jérémy. Ses mains d'enfant parcourant son corps, un frisson, une légère hésitation et ses pieds se balançant dans le vide alors qu'il était assis sur la table en bois. Ça aussi, c'était agréable. Il y avait aussi ce vague souvenir d'un jeu avec sa sœur... Ils n'étaient encore que des enfants, tellement jeunes... Il avait plu la veille et même les yeux fermés alors qu'il était en train de compter, il pouvait sentir cette odeur. L'odeur du bosquet après la pluie. Cette odeur spécifique qu 'a la bois lorsqu'il est mouillé. Cette odeur l'avait tellement déconcentré qu'il n'avait même pas remarqué que Karunta s'approchait de lui, tout doucement, évitant de faire bruisser les feuilles. Et elle le frappa dans le dos, le faisant tomber la tête la première sur le sol. Il avait heurté la terre, ses doigts s'enfonçant dans la boue. Le coup était désagréable, mais la sensation de ne faire qu'un avec la nature, c'était agréable. Doux. Chaleureux. L'espace d'un instant, Adonis avait perdu pied. Il n'était plus dans le salon des Scott durant un interrogatoire. Il était ailleurs. Quelque part où il faisait bon y vivre. Quelque part où les souvenirs n'étaient pas douloureux. Quelque part où les personnes qui ont compté pour lui étaient toutes présentes. Le Pacificateur cligna des yeux alors que ses doigts se détachèrent lentement de la chevelure de la mère de Jérémy. Ses doigts étaient engourdis, il avait même enfoncé ses ongles dans la paume de sa main tant il avait serré les cheveux entre ses doigts. Il recula de quelques pas lorsque Candria s'interposèrent entre eux. Adonis s'était perdu. Bouche bée, il avait du mal à réaliser. Tout allait trop vite. Il avait l'habitude de prendre son temps, de réfléchir. Tout devait être clair, précis, calculé. Ça n'allait pas du tout. Ce n'était pas sa façon de procéder. Déconcerté, déconcentré, déconnecté. Il s'était bel et bien égaré. Mais il y avait Candria. Toujours là pour le ramener à la réalité. Ses mains se posèrent sur les épaules de la mère avant d'écarter d'un revers de main les cheveux trempés de sueur. Il jouait au flic gentil, celui qui pouvait comprendre ce qu'elle endurait et qui pourrait l'aider. Adonis n'avait jamais aimé ce jeu parce qu'on ne lui laissait jamais la possibilité de jouer les gentils. En ce qui concernait cette affaire, c'était un peu tard pour essayer d'être gentil.
Les mots de Candria résonnèrent dans sa tête. On sait toujours ce qu'il se passe dans la tête de ceux qu'on aime, hein ? Bien sur que ça sonnait faux. Le regard d'Adonis se posa sur son supérieur. Etait-il en train de se persuader lui-même que ce qu'il disait était vrai ? Cela ne l'étonnerait même pas. Adonis aussi voulait y croire. S'il savait vraiment ce qu'il y avait dans la tête des personnes qu'il appréciait, il aurait senti que sa sœur ferait la même connerie que lui et ne se louperait pas, sa façon à elle de prouver une fois de plus qu'elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait comparé à lui. Il aurait senti que Silk ne l'écouterait pas. Il aurait senti que Jérémy voulait partir. C'était le devoir de sa mère avant tout de l'empêcher de penser à toutes ces conneries mais en l’entraînant, en lui donnant une chance de développer quelques capacités physiques, c'était l'inciter à se détourner du droit chemin. Il était responsable. Responsable de sa passivité, responsable d'avoir aimé et ressenti. Les yeux d'Adonis se baissèrent, fixant le sol. Putain. Il était responsable de toute cette putain de merde. Il déglutit. Candria contourna la table et se dirigea vers le canapé, attrapant la gamine et la soulevant comme un vulgaire sac à patates. Le Pacificateur releva la tête, observant son coéquipier à l’œuvre. Son sang ne fit qu'un tour dans son corps. Il avait fait une promesse, une promesse qu'il ne pouvait plus vraiment tenir. Il ferma les yeux. Le regard implorant du garçon, son pouce caressant à peine ses lèvres avant de les sceller par un baiser. Je ferais tout ce que tu voudras, mais promets-moi que tu ne leurs feras pas de mal. Promets-moi. Adonis pinça les lèvres. Jérémy aussi avait promit. Sa main se plaqua sur sa bouche alors qu'il réprimait un sanglot. La transparence. La transparence... Il déglutit. Le son. Ce son revint. Cette fois, c'était la petite fille qui était sur la table. Le Pacificateur croisa le regard de son supérieur. Ce qui allait se passer, c'était le style de torture habituelle pour une jeune fille ou une femme fragile psychologiquement. Sa main retomba contre son flanc alors qu'il s'adossait contre le mur derrière lui, profitant de la scène. C'était lui d'habitude qui s'adonnait à ce genre de pratiques. Les cheveux. C'était l'une des choses qui représentait la féminité, cette façon de se démarquer des hommes comme des autres femmes. C'était une partie de la personnalité d'une femme. C'était sa façon de se sentir jolie. C'était sa façon d'exister. Le couteau sorti, Candria ramena les cheveux de la petite fille en queue de cheval et les trancha d'un coup net. Le froissement des cheveux sectionnés le fit frissonner.
Ils auraient pu en avoir de la pitié pour cette gosse. Elle n'avait rien demandé. Elle n'avait pas demandé à être assise sur une table et à être rasée comme une collabo, elle n'avait pas demandé à ce que son frère trahisse sa famille et s'en aille, elle n'avait pas demandé de naître au District 8, elle n'avait encore moins demandé à naître du tout. Adonis n'avait pas de pitié, Candria non plus. Elle était tombée sur les pires Pacificateurs qu'elle aurait pu rencontrer. Et dire que vingt quatre heures auparavant, si Jérémy était resté et que la petite aurait eu des problèmes, il aurait tout arrangé... Il tourna la tête vers le petit garçon qui ne semblait plus capable de contenir sa colère. L'enfant se rua sur sa sœur mais c'était déjà trop tard, la petite dinde venait de se faire plumer. Le petit garçon tendit les bras vers sa petite sœur qui vint se blottir contre lui. Elle était, tout comme sa mère, incapable de dire quoi que ce soit ou de verser une larme. Tout ce qu'elle pouvait faire à présent, c'était rester dans les bras de son frère en tremblant. Adonis se décolla du mur et vint se placer derrière la mère. Il posa ses mains sur ses épaules comme l'avait fait Candria mais son geste ne se voulait absolument pas rassurant. Ses yeux se posèrent sur son supérieur. La petite fille avait bien souffert en moins de cinq minutes et même un psy pour le restant de ses jours ne risquerait pas à lui ôter ses prochains cauchemars. Avec ce qu'il venait de vivre, le petit garçon serait sûrement le prochain à rejoindre les rangs du 13 pour des raisons stupides comme sa pauvre petite famille qui auraient été exterminée par les autorités du Capitol. Et la mère... La mère, elle allait payer le prix fort. Sous les yeux de ses enfants. Ses mains remontèrent jusqu'à son visage, faisant basculer doucement sa tête en arrière. Horrifiée, elle ne savait plus qui regarder. Ses yeux allaient de sa fille, à son fils en passant par Candria ou Nightsprings. Elle savait, elle aussi, que c'était terminé. Tout était terminé. Mais ce serait long. Long et tellement douloureux. Et personne ne surgirait de nulle part pour les sauver. Pas même son traître de fils.
Adonis se pencha. Juste à sa hauteur, ses lèvres frôlant à peine son oreille :
« - J'espère que ton fils court vite... ».
Bien sur qu'il court vite. Bien sur... Il avait reçu l'entraînement d'un Pacificateur. Il pouvait se débrouiller seul dehors, il pouvait se défendre et se battre. Il en était capable. Et tout ça, c'était la faute d'Adonis. Un traître, un rebelle en fuite. C'était sa putain de faute... Penser à quelque chose d'agréable... Bientôt, tout ça deviendrait agréable. Il y aurait encore du sang sur ses mains, du sang chaud. Il y aurait des cris et des pleurs ; tout ce qu'il aimait. Ils entendraient les os se briser. Tout se briserait. Un dernier regard vers Candria. Il avait son consentement. Pas besoin d'un hochement de tête, pas besoin d'un autre mot. Son regard suffisait amplement. Ils étaient déjà bien brisés et les morceaux ne pouvaient pas être recollés.
« - Je ne savais rien... Je ne savais rien... Mes enfants... Ne leurs faites pas de mal... Ils ne savent pas, ils ne savent rien, ils ne se rendent compte de rien... Je ne sais pas où il peut être je vous le jure, je vous le jure, je...».
La mère se mordit la lèvre inférieure en fermant les yeux. Elle devait sûrement se retenir d'en appeler à leur pitié. Les doigts d'Adonis glissèrent dans ses cheveux blonds, les caressant doucement. Ce qu'ils pouvaient être doux. C'était plutôt paradoxal vu le peu de moyens dont elle disposait pour prendre soin d'elle. Mais comme toujours, c'était son seul moyen de se sentir femme. Sa main se retira de ses cheveux et, doucement, retira le couteau que Candria avait planté dans la table. Il se racla la gorge alors qu'il plaça la lame sous celle de la mère Scott :
« - Je me doute que vous ne savez pas. Et je me doute que vos enfants n'en sachent pas plus que vous. Mais comme l'a si bien dit mon supérieur ; on s'en fout royalement. De toute façon, votre fils a sûrement essayé de rejoindre le District 13. J'espère pour lui qu'il a crevé en chemin. ».
Il valait mieux pour Jérémy qu'il soit mort. Ce gamin n'avait plus rien à faire au District 8, à Panem ou même sur cette Terre. Il était mort, mort au moment même où il avait passé le pas de la porte. Mort pour sa famille, mort pour ses amis, mort pour Adonis, mort pour ceux qui l'aimaient. Petit ingrat. Petit imbécile. Quel fou... Pensait-il réellement qu'il avait une chance de s'en sortir ? Si la nature ne l'avait pas tué en reprenant ses droits, ce serait alors les hommes qui s'en chargeraient. Il ne pourrait y échapper.
« - Et s'il n'est pas mort sur son petit chemin... Je tuerais ce petit bâtard moi-même. ».
La pointe du couteau caressa la peau de la femme. Elle tremblait, autant que ses enfants. Le petit garçon avait gardé sa sœur dans ses bras. Il était sensé. Il avait compris que s'il y avait bien une personne à protéger, une personne qui pouvait encore s'en sortir dans cette pièce, c'était bien sa petite sœur. Sûrement croyait-il que sa mère aurait le même sort que la petite. Mais ce serait tellement redondant... Il lui attrapa le poignet et posa la main de la femme à plat sur la table, le couteau près de l’auriculaire.
« - Vous devez payer votre trahison envers Panem, envers le Capitol et envers le District 8. A cause de vous, ce District va être plongé dans l'Enfer. Vous serez responsable de tout ce qu'il va se passer ici... J'espère que vous en êtes consciente... ».
D'un coup sec, la lame trancha le petit doigt. Les yeux de la mère Scott s'écarquillèrent progressivement et un cri aigu s'échappa de ses lèvres. Les enfants
« - Nous avons tout notre temps pour vous faire ressentir votre trahison. Vous avez dix doigts après tout... Enfin... Neuf. ». hrp : Bon anniversaire - en retard - encore. Bisous vieille branche, même si t'es beurré j't'adore quand même <333333 mon petit chachou ♥
|
| | |
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear Mar 4 Sep - 21:38 | |
| Qui est-ce qui décide vraiment de notre sort ? Est-ce le Capitole, une entité supérieure, est-ce nos pairs ? Un simple signe de tête, une mise en scène morbide orchestrée par un inconnu et nous voilà les marionnettes d’un théâtre qui nous dépasse. Pourtant acteurs de nos conséquences, pour autant l’enfant mérite-il la main de la maladie qui s’abats sur la sienne ? Ou commence et où s’arrête sa faute ? Et si nous étions au final tous coupables, la présomption d’innocence un concept idéaliste. Qui manipule dans l’ombre nos rêves et nos espoirs ? Qui dirige notre incessante folie ? L’homme qui ploie sous les rides d’un trop plein de temps est-il le prisonnier de la peine capitale qu’il a mérité depuis sa naissance ? La providence est cruelle. Aussi horrible que les cris étouffés d’une femme mutilée se tordant de douleur. La vie est monstrueuse à l’image de ses conséquences. Mais surtout, de ceux qui en décide.
Parfait petit soldat que voilà. Jeune chien fou au collier rutilant d’obéissance. Je fréquente Nightsprings depuis longtemps et pourtant il parvient encore à m’étonner. Qui ne connait pas dans le district sa ferveur pro-Capitole et son dédain journalier pour tous ceux qui ne portent pas d’uniforme blanc. Un petit roi dans son royaume de violence où l’obole se paie par le sang versé à la moindre occasion. Il me fascine autant qu’il me répugne, me renvoi à ce que je suis devenu. J’aurais pu maintes fois taper du poing sur la table et exiger un autre coéquipier, un subordonné encore bleu et tremblant sur ses jambes. Pourtant je ne l’ai pas fait. Je n’ai jamais cherché à le remplacer du jour où je l’ai formé. Peut-être que j’ai trouvé en lui une raison de le garder, une raison d’endurer sa noirceur qui de jour en jour déteint sur moi. Oui, je me noie dans son ombre, je deviens symbiose avec sa cruauté. Peut-être est-ce aussi par sécurité. Jamais on ne me soupçonnera de trahison si mon nom apparait à côté du sien. Nous endossons à deux nos costumes de bourreaux et parachevons à merveille nos tâches. Parfois je me demande si ce n’est pas le monstre qui revêt la peau du pacificateur Candria plutôt que l’inverse. Parfois je me demande si je ne cherche pas un prétexte dans la personnalité d’Adonis pour me rassurer de ce que je suis devenu. Non. Je ne suis pas comme lui.
Et pourtant, le voir jouer de mon couteau sans vergogne sur cette femme me rappelle à mes propres actes perpétrés il y a quelques mois. Aussi froidement qu’il venait de le faire j’avais blessé ma propre fille. Mes oreilles sont sourdes aux cris. Mon empathie fermée à la souffrance. Je me contente de rester là les bras croisés dans une bulle d’indifférence salvatrice. Mes pensées essaient de se tourner vers autre chose que le sang bu par le bois mal entretenu de la table. Mon regard lui-même s’est posé ailleurs. Sur Nightsprings. Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Sa violence est différente de ce que j’avais pris l’habitude d’endurer. Non, il y a quelque chose qui me tracasse depuis que j’ai observé son regard vide sur le seuil. Quelque chose occupe son esprit d’ordinaire si impénétrable. Et cette chose qui le parasite est en train de faire de même avec ma concentration. Je ne connais personne qui obtienne grâce à ses yeux. Bien qu’avec extrêmes, je dois bien lui reconnaitre qu’il traite chaque criminel de la même manière. Égalité et fraternité de l’éternel poing dans la gueule. Il avait au moins le mérite d’être en général prévisible dans ses sanctions. Adonis est généreux et impartial dans sa haine. Pourtant aujourd’hui me semble différent. Comme si cette fois ses motivations avaient changées. Comme si volontairement il cherchait à dépasser ses propres limites déjà bien floues. Ses mots me font cligner plusieurs fois des yeux. Oh je les ai entendues maintes fois ses menaces et son venin envers les rebelles en fuite. Il en faisait toujours une affaire personnelle. Mais le ton de sa voix vient de balayer mes doutes même les plus tenaces. Je crois que les Scott ne seront pas les seuls à subir un interrogatoire ce soir.
Ma main se glisse à mon holster et caresse distraitement mon arme. J’hésite encore et pourtant je suis déjà persuadé qu’il me cache quelque secret. Ce constat m’écœure moi-même car cela m’indique qu’à force je le connais bien. Malgré tout et même si nous travaillons ensemble chaque jour, il y a tant de choses que j’ignore sur Nightsprings. Je ne veux pas savoir, non, j’en vois déjà bien assez. Mais je ne peux m’empêcher de me questionner. Surtout si cela remet en cause les raisons de notre intervention chez ces gens ce soir. Résolu je quitte à nouveau mon inactivité pour me diriger vers la porte d’entrée. Jetant un œil au battant je le verrouille à double tour, mettant la clé dans ma poche. Aucune chance de fuite par les fenêtres pour la famille alors c’en était finit de la seule sortie possible. Je contourne pour la énième fois la table, attrapant le petit doigt sectionné non sans dégout. Je l’élève à la vue de tous, ébouriffant les cheveux du petit garçon qui émet un cri de rage.
« Mon coéquipier et moi allons avoir une petite conversation. Pendant ce temps je vous suggère fortement de ne pas tenter la moindre fuite. Sans quoi je me verrais dans l’obligation de faire de même avec vos orteils. »
Me penchant vers le petit diable qui se débat, je lui fourre le doigt sanglant entre les mains, ajoutant un « Tiens, pour te souvenir de ta mère quand on en aura fini avec elle tout à l’heure. » avant de le pousser de côté en lui ébouriffant de nouveau les cheveux. Mon regard se pose sur Adonis, glacial.
« Nightsprings ? J’apprécierai de m’entretenir avec toi dans la pièce d’à côté. »
Je le devance en ouvrant la marche sans un mot en lui empoignant le bras. Nous passons l’embrasure d’une porte qui donne sur un étroit couloir mal éclairé et je rabats presque aussitôt le battant derrière nous d’un coup de pied. Mon bras lâche le sien, venant se caler sous sa gorge alors que je le plaque violemment contre le mur. Mes doigts fermement serrés sur le métal froid alors que je le mets en joue, mon regard se plante dans le sien.
« Je peux savoir à quoi tu joues, Nightsprings ?! »
Me croyait-il idiot ? Me prenait-il pour un imbécile incapable de voir que quelque chose clochait dans l’action de ce soir ? A-t-il oublié que je fais ce job depuis toutes ces années ? Se croit-il à ce point digne de ma confiance pour que je n’aille pas vérifier ses dires au préalable avant la mission ? Je m’étais renseigné sur les Scott. Mais je n’avais rien trouvé de plus que ce qui se disait déjà dans le voisinage. Personne n’avait encore signalé la disparition de l’enfant. Même la mère semblait sonnée de la nouvelle. Personne n’avait donné l’alerte. Personne, sauf Adonis.
« Me crois-tu idiot à ce point, Nightsprings ? Tu mériterais que je t’offre une balle dans le caisson en guise d’appréciation de ton supérieur pour ta note de ce mois-ci. Chercherais-tu à faire obstruction à cette enquête ?! Je pourrais très bien t’accuser d’avoir orchestré tout cet interrogatoire des Scott pour cacher une potentielle trahison. Qu’est-ce qui me dit que tu n’as pas aidé toi-même ce gamin à s’échapper ? Il y a trop de choses étranges dans cette affaire Nightsprings. Je ne suis pas idiot au point de ne pas voir que tu as un lien avec cette famille. Alors mets-toi à table tout de suite, on commence ton interrogatoire avant que je fasse un trou dans ta jolie langue. »
Bien sûr qu’il n’aurait pas aidé ce mioche à s’échapper. C’était complétement incompatible avec ce qu’il était. Mais cela n’empêchait pas mes certitudes de se préciser quant aux raisons qui faisaient miroiter ses yeux de pareille lueur. Aller, déballe ton sac Nightsprings.
« Ce garçon là, Jeremy. Mets-toi à table Nightsprings. Je compte jusqu’à trois. »
Je desserre l’emprise de mon bras, le gardant toutefois en joue plus pour appuyer mon propos que par réelle intention de lui vouloir du mal. Pourtant je gage que ce que je vais découvrir me donnera envie d’appuyer la détente. Oui, Adonis trouve toujours le moyen de m’étonner un peu plus de sa cruauté. Qui est-ce qui décide de notre sort ? Tout dépends de si c’est vous qui tenez le flingue ou non. |
| | |
| Sujet: Re: « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear | |
| |
| | | | « Let’s do some gratuitous violence » - feat. Pedobear | |
|
Sujets similaires | |
|
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|