Cette journée-là avait été une très longue journée. Le temps était pluvieux et très humide, forçant la belle Mackenzie à rester dans sa chambre après être revenue du boulot. Après avoir pris une douche froide, elle avait contemplé le pain qui reposait sur sa petite table. Elle avait très faim, son estomac grognait de mécontentement et c’était l’enfer... Sauf qu’elle ne voulait pas le manger. Ce soir, elle allait voir son amie Jen et elle se sentirait mal si elle n’apportait rien pour manger, même si c’était du pain. Depuis la mort de ses parents, l’orpheline se débrouillait tant bien que mal afin de pouvoir avoir deux repas par jour. Malheureusement, il y a des journées où on ferait tout pour grignoter un truc, mais on sait très bien que peu importe ce qu’on mange, ça ne nous rassasiera pas. Donc, pendant quelques heures, elle se refusa à manger et but beaucoup d’eau afin de faire passer son envie. Ses voisins de chambre criaient encore, en proie à une dispute de couple dont Mackenzie n’avait pas envie de se mêler. La pension était rarement calme et ça ne lui plaisait pas, mais c’était mieux avoir une chambre qu’être à la rue. Ses parents, tués par des Pacificateurs il y a cinq années de cela, l’auraient bien hébergée jusqu’à ce qu’elle se marie, mais les choses ne s’étaient pas passés autrement.

L’humidité dans l’air faisait friser encore plus les cheveux de la belle brune qui passa dedans quelques coups de brosse. Elle se prépara pour sortir, revêtant un manteau de laine, un foulard et des bottes de cuir. Dès qu’elle sortit de la pension avec le sac, contenant le pain, elle se sentit mieux. Le moins de temps qu’elle passait dans la pension et elle était contente. La pluie lui tombait sur les épaules et, mettant sa capuche, elle se mit à courir. Elle se dirigeait vers le petit secteur réservé uniquement aux vainqueurs des Jeux de la Faim, là où résidait son amie. Jen était effectivement une gagnante. Mackenzie ne la connaissait pas avant, mais elle était sûre qu’elle aurait aimé la connaître. Bref, quelques minutes à la course et Mack était rendue. Elle ne respirait même pas rapidement, habituée à courir rapidement de longues distances. Trempée, elle toqua à la porte quelques petits coups discrets, sans être inaudible. Quelques secondes s’écoulèrent et la porte s’ouvrit sur une belle blonde. C’était Jen, bien sûr. Ce qui était prévu pour la soirée était de se faire un repas et discuter entre amies, vu que ça faisait un petit moment qu’elles ne s’étaient pas vues. Mackenzie était souvent occupée, dernièrement. Menuisière, elle passait la plupart de son temps dans l’atelier de ses parents - le sien désormais. Elle travaillait de longues heures pour parvenir à se payer un loyer. C’était une chance qu’elle était enfant unique: elle n’avait pas à payer à d’autres personnes que soi-même. C’était plus facile, mais l’argent ne coulait pas à flots.

« Bonsoir, mademoiselle ! Je t’ai apporté du pain. Il est frais. Ce n’est peut-être pas du vin, mais je ne voulais pas venir sans rien. »

Elle entra dans la luxueuse demeure après que son amie le lui ait autorisé et elle retira son manteau de laine, son foulard ainsi que ses bottes. Mack ne voulait quand même pas salir le plancher avec ses bottes boueuses suite à sa course jusqu’à la maison. Après s’être dévêtue, elle s’approcha de Jen et lui donna un gros câlin. Son amie lui avait manqué.

« Tu sais pas comment ça me fait plaisir de te voir... J’ai l’impression de ne plus parler à personne ces derniers temps. Le temps est laid et je passe le plus clair de mon temps à travailler. »

Avec la moisson qui approchait à grands pas, Mackenzie devinait que Jen ne devait pas se sentir au meilleur de sa forme. Trempée jusqu’aux os, elle se mettait à greloter légèrement. Jen lui dit qu’elle aurait préféré qu’elle garde le pain pour le manger, puis l’aida à retirer ses vêtements. Elle prit la serviette que lui tendait son amie et s’épongea les cheveux avec celle-ci. Ses cheveux bouclèrent rapidement, tombant en cascade sur ses épaules. Mack accepta également une couverture dans le but de se réchauffer puis écouta Jen lui dire qu’elle devait prendre des vacances de temps à autres. Elle ajouta aussi que sa maison était toujours ouverte. Un sourire passa sur les lèvres de la brunette et elle prit une bouchée du morceau de pain offert par la belle blonde. Elle avala et dit:

« Ces derniers temps, c’est plutôt difficile de prendre des vacances. Il pleut, j’ai moins de travail et j’ai de la difficulté à payer mon loyer à temps. »

C’était vrai: la pluie la ralentissait un peu dans son travail, ce qui signifiait qu’elle avait moins d’argent, donc son loyer était difficile à payer et on ne parle pas encore de nourriture. Mack retira ses chaussures et ses chaussettes trempées et les filles se dirigèrent vers la cuisine, où une bonne odeur de nourriture attaqua l’estomac de la jeune femme. Elle avait mangé en entier le morceau de pain que Jen lui avait proposé et elle avait encore faim, mais demander d’en manger d’autre serait impoli.

« Assez parlé de moi. Comment tu vas ? La moisson t’inquiètes ? »

Jen, était une ancienne vainqueur des Hunger Games, était devenue obligatoirement un mentor suite à la sortie de l’arène. Mackenzie détestait ces jeux horribles et savoir que son amie allait bientôt repartir pour aider deux jeunes personnes du district à se battre et survivre, c’était répugnant. Elle n’aimait pas comment le Capitole se servait de Jen. Elle méritait mieux, mais chaque année, elle perdra deux personnes à qui elle se serait attachée malgré tout. Comment pouvait-on lui faire subir un tel sort ? Mackenzie replaça la couverture sur son corps et observa Jen. Était-elle déjà en proie à des nouveaux cauchemars ? Un long gargouillis, venant de l’estomac de la jeune femme, trahissait à quel point elle avait faim. Elle avait pris un simple petit-déjeuner et n’avait pas mangé depuis. Les pommettes de Mackenzie se colorèrent un peu et elle fit un mince sourire gêné. Elle n’aimait pas montrer qu’elle était pauvre, ne mangeait pas beaucoup et avait de la difficulté à payer son loyer. C’était en quelque sorte une honte, pour elle. Elle ne put s’empêcher de demander à son amie:

« Est-ce que c’est bientôt prêt ? »

Elle ignorait c’était quoi qu’elles allaient manger, mais ça sentait énormément bon. Sans doute qu’elle allait profiter pour manger un peu plus que ce qu’elle pensait manger cette soirée-là. Et puis bon, qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Se regarder chaque soir dans un miroir et observer qu’elle n’avait quasiment que de la peau sur les os, c’était difficile à avaler. On voyait ses côtes qui ressortaient un peu, grâce au fait qu’elle se privait et ne mangeait pas régulièrement. Heureusement qu’elle portait des vêtements: on ne voyait rien de son corps affaibli.

Spoiler:

Spoiler:

Lorsque Jen lui dit qu’elle pouvait prendre un autre morceau du pain qu’elle avait apporté, Mackenzie le prit sans même penser à le refuser. Elle savait que cette journée-là était une journée où peu importe la quantité de nourriture qu’elle avalerait, ce serait comme si elle avait l’estomac toujours vide: pourtant, elle acceptait et savourait ce pain délicieux. La belle blonde allait chercher du vin ainsi que deux coupes pour y laisser couler le liquide rouge. La question que Mack lui avait posée, à propos de la moisson, semblait l’inquiéter. C’était sûr qu’elle ne voulait pas affronter la moisson: celle-ci allait permettre à deux enfants de leur district d’aller mourir dans des Jeux barbares. Ces enfants, elles les connaissaient peut-être. Mack prit son verre de vin et avala une bonne gorgée de son contenu. C’était probablement la deuxième ou troisième fois qu’elle y goutait et c’était simplement exquis. Jen lui fit part de son inquiétude et du fait qu’elle ne pouvait rien changer à la planification des Hunger Games. Préférant dévier le sujet sachant qu’il était plutôt lourd et difficile à en parler, la belle brune parla du repas et son amie alla au four pour le sortir.

Un ragout. Avec beaucoup de viande et de légumes. Mackenzie inspira profondément et se mordit la lèvre inférieure: ça avait l’air divinement bon. Elle aida à servir le repas et à s’installer à table, toujours aussi accrochée à son verre de vin. Déjà bu à moitié, la jeune femme se dit qu’elle devrait peut-être y aller doucement, car les effets commençaient déjà à se faire sentir: c’est ce qui arrive, la plupart du temps, quand une personne n’est pas familière à l’alcool et ses effets. Lorsque Jen eut pris sa première bouchée, Mack s’autorisa à manger et elle soupira longuement de plaisir.

« C’est tellement délicieux... »

Elle était loin d’être une aussi bonne cuisinière que son amie: normalement, c’était sa mère qui faisait de telles merveilles culinaires... Excepté que, maintenant, ses parents étaient décédés -pour ne pas dire assassinés- et elle était laissée à son sort. Être enfant unique, sans mari à 23 ans, travaillant toujours du plus fort qu’elle pouvait, c’était difficile à gérer et cela surtout pour une femme. Elle se méprisa de penser à sa famille alors qu’elle était avec une amie et, surtout, devant un si bon repas, donc elle mangea goulument toute son assiette. Elle finit celle-ci avant même que Jen eut terminé la sienne. Elle se demandait si elle pouvait en prendre d’autre: c’était son premier vrai repas complet depuis toute la journée et, même si Jen était une très bonne amie à elle, redemander de la nourriture la mettait mal à l’aise. Montrer qu’elle était pauvre et n’avait pas assez d’argent pour mettre sur sa table trois repas suffisants par jour, c’est horrible pour une personne ne supportant pas la pitié...

« J’ai encore un petit creux... Ça t’ennuie si je vais en prendre d’autre ? »

Après l’accord de son amie, elle alla en prendre une autre petite portion -trop petite à son goût- et reprit sa place aux côtés de Jen. Son verre et son assiette ne tardèrent pas à être terminées. Par politesse, elle alla nettoyer son assiette, mais garda le verre pour y ajouter encore du vin. Mack vint se positionner près de la belle blonde, debout et les fesses contre la table, regardant son amie de ses magnifiques yeux noisettes.

« Tu ne sais pas à quel point tu m’as manqué ni comment je te remercierai pour ce si bon souper... »

Sur ce, elle se pencha vers elle pour l’enlacer tendrement pendant un moment, fermant les yeux et appréciant le contact de sa peau à la sienne. Mack se laissa enivrer par cette chaleur et cette odeur rassurante de son amie, laissant sa tête aller dans son cou, son souffle caresser la peau tendre de Jen. Elle espérait qu’elle ne sentirait pas à quel point son corps était maigre, quasiment squelettique - il ne manquerait plus que ça. Elle ferma les yeux et releva sa tête pour plaquer un tendre baiser sur sa joue: l’alcool faisait son effet et ça se sentait dans les faits et gestes de Mackenzie...