Mes prunelles étaient closes. Je pouvais sentir le vent caresser mon visage, jouer avec ma chevelure fauve que je pensais raser. L'herbe dansait autour de moi, me procurant ainsi des frissons dans tout mon être. Un sourire naissait alors sur mon visage, un de ces rares rictus de joie qui pouvaient se figer sur mes lèvres. Je n'étais pas de nature à sourire, avant si, à présent et ce depuis la mort de Tom, je ne l'étais plus. C'était sans doute dommage, du moins c'était ce qu'avait affirmé ma mère mainte et mainte fois mais, je m'en moquais. Il n'y avait plus rien qui pourrait me faire sourire en permanence comme avant, jamais plus je ne pourrais être un jeune homme joyeux et insouciant, bien au contraire, à présent j'étais devenu un homme mature qui devait se battre pour la liberté. C'était beau dit ainsi mais, c'était surtout quasiment impossible. Depuis un certain temps déjà nous vivions sous un régime de dictature et même si je voulais plus que tout au monde que cela cesse je ne le pouvais guère ici et seul. C'était pour cela que j'avais rejoint un groupe de rebelles clandestins bien entendu mais, je n'avais pas réellement l'impression d'être utile ... soupirant, je me redressais doucement pour m'asseoir en tailleur dans les herbes hautes. « J'y arriverais Tommy ... je ferais tout pour y arriver ... » Avais-je alors murmurer. Alors que mes prunelles s'emplissaient de scintillements propres aux larmes sur le point de dévaler mes joues, je regardais un point au-delà de tout, plus loin que le lac, quelque part dans la végétation abondante. Je me souvenais alors de son visage, de son sourire ... Tom était avec moi et le serait toujours, non seulement parce qu'il était dans mon cœur mais, aussi parce que son nom était tatoué sur ma poitrine, sous mon cœur. Posant une main sur mon t-shirt, où se situait mon tatouage, je soupirais plus fort lorsque j'entendais un bruit résonné non loin de moi. « Putain mais, c'est quoi ça encore ... » Avais-je alors soupirer lorsque j'apercevais Joyce, une amie proche. Interdit et curieux mais, surtout inquiet, je me relevais, déplissant mon jean en passant mes mains par maintes reprises dessus, la rejoignant. Arrivant doucement prêt d'elle, je me laissais tomber sur mes genoux, remarquant que quelque chose de terrible avait dû se produire. Regardant un point, une fois encore au-delà de la forêt, je passais un bras autour d'elle, tentant sans doute en vain de la réconforter où d'apaiser cette peine brûlante qui avait surgit en elle. Alors, je commençais à chantonner une douce mélodie, celle que me chantait ma mère lorsque je n'étais qu'un enfant et qu'elle voulait que je m'endorme. C'était selon ses dires une berceuse qui avait le pouvoir de faire chasser toutes les peines mais, aussi toutes les craintes et les cauchemars et c'était pour cela que je m'étais mis à la chantonner. Le soleil jouait alors avec l'eau, créant des reflets et des scintillements magnifiques, comme si des milliers de diamants drapaient le lac. Le spectacle était fabuleux mais, teinté de tristesse et de désespoir étrangement, du moins c'était ainsi que je le percevais. Pourtant, je ne savais pas encore ce qu'il s'était produit et je n'osais pas le demander à mon amie, après tout si elle désirait m'en parler elle le ferait d'elle-même. Alors, dans cette atmosphère morose et lourde, je continuais de chantonner pour elle, la réconfortant comme je le pouvais, me joignant ainsi au chant des oiseaux et au son du vent s'engouffrant dans la cime des arbres.