Cher journal,
Les jours s’enchaînent depuis que je suis revenue au Capitole. J’ai l’impression pourtant que c’était hier que je me trouvais au district quatre. Je n’arrive pas simplement à ôter Hunter de mes pensées, et pourtant je sais qu’il n’est pas bon pour moi. Il n’est pas fait pour moi. Je me le suis assez répété pour avoir finalement accepté cette idée. Tout du moins était-ce ce que je pensais, car il semblait qu’une part de moi espère encore me le voir revenir. Je ne peux pas m’empêcher de l’aimer. Il est sans nul doute l’homme qui a le plus compté dans ma vie, et même plus encore que Owl-Inn… je suis injuste. Owl-Inn me connaît et me comprend sans doute mieux que n’importe qui dans ce monde. Cependant, est-ce qu’il n’en profite pas pour se jouer de moi ? Je crois que… en réalité… Ma peur des hommes est toujours présente. Je pensais avoir passé ce stade. Mais apparemment ce n’est pas le cas. Je ne donne toujours pas mon cœur, ni ma confiance. Je cherche simplement à être aimée parce que moi-même je ne m’aime pas. Qu’il est dure de se détester…
Peut être qu’il est tant que je retourne parler à Roxy. Cela me fera sans doute du bien.

Silayan relu la dernière phrase de son journal avant de le fermer. Soupirant, et elle ouvrit le double-fond de son bureau et y posa le cahier. Il était neuf. C’était le quatrième qu’elle entamait en quatre ans. Avant cela elle ne trouvait pas l’intérêt d’écrire dans un cahier. Tourna son regard, elle fixa pendant un temps la bibliothèque en bois noir qui se trouvait dans sa chambre. Il était empli de roman et de conte, mais également de vieux journaux dont elle ne se séparait pas. Elle avait commencé à avoir des journaux à l’âge de six ans, et elle n’avait jamais cessé depuis d’en avoir. Cependant, ces journaux lui servaient surtout à dessiner à l’époque. Elle faisait des portraites des gens qu’elle rencontrait, des inconnus, mais également de ses parents, et plus particulièrement de sa mère. Les deux femmes n’avaient pas eu une relation facile, mais la mère de Silayan avait toujours constitué un mystère pour cette dernière qu’elle devait comprendre. Depuis qu’elle était enfant, elle vouait un véritable culte à sa mère. Et encore depuis qu’elle vivait au Capitole elle n’avait jamais coupé les ponts avec elle. Mais il y a quatre ans, en revenant de son voyage, le moral de Silayan était si changé et instable qu’elle s’était trouvée contrainte d’être suivie. Depuis elle n’avait jamais vraiment arrêté de rendre visite régulièrement à sa psychiatre : Roxy. Elle appréciait la jeune femme, plus que d’un point de vue professionnel. Elle aviat le sentiment que Roxy l’avait sauvé d’elle-même et de la perdition. Grâce à elle, elle avait continué à exercer son métier de Styliste, et elle avait pu reprendre peu à peu gout à l’existence. Mais son problème avec les hommes n’était toujours pas réglé. Apparemment.

La jeune styliste alla trouver refuge dans les draps de son lit, elle éteint les lumières en tapant des mains, et tenta de s’endormir. Elle savait qu’elle aurait une grosse journée demain. Elle devait s’occuper de la robe de mariée et des robes de demoiselles d’honneur pour le mariage d’un futur juge. Cela pourrait lui rapporter gros, et même si elle n’en avait pas besoin, elle essayait de se convaincre que c’était sa motivation première pour se lever demain matin. En réalité, depuis quelques jours, Silayan avait un désir ardent de ne pas bouger de son lit. Soupirant, elle essaya de ne plus y penser, vidant son esprit, elle atteint le monde des rêves.
Des rêves atroces en réalité, car elle se trouva dans un lieux qu’elle ne connaissait que trop bien. Il s’agissait du bord de mer du district quatre. Là, elle regardait la plage, sans bouger. Elle ne se souvenait pas comment elle était arrivée là. Mais elle appréciait le paysage. Cependant le ciel semblait incroyablement rouge. Elle était sceptique. Elle ne comprenait pas où était le problème. Elle sentait quelque chose de collant sur ses doigts, et en baissant le regard elle découvrit qu’elle portait une grande robe blanche, serti de diamants. La robe de mariage de sa mère. Et dans sa main, une aiguille disproportionnée, et surtout, dégoulinante de sang. Elle sentit les sanglots monter d’un coup, et eut le souffle coupé. Ses mains étaient couvertes de sang, et sa robe tachée. Elle recula mais butta contre un corps chaud et dure. « Regarde ce que tu as fait. » La stupeur la pris. Hunter… Il s’agissait de la voix d’Hunter. Il s’empara de ses mains et l’obligea à regarder ses mains. Devant elle, une silhouette se dessina. Elle crut d’abord reconnaître une ancienne tribute. Cela la perturba. Mais en réalité, il n’en était rien. Elle regardait la jeune fille blonde, d’à peine dix-huit ans qui la regardait d’un air candide. C’était elle. « Finalement, ce n’es pas moi le monstre, Silayan. » elle ne comprit pas. C’est alors qu’elle se rendit compte que le coup de la jeune fille était ouvert, et que le sang en dégoulinait. Elle tomba morte aux pieds de Silayan. Celle-ci se mit alors à crier.

Elle se réveilla en sursaut sur son lit. Elle avait des frissons, et elle n’attendit pas plus longtemps pour partir. Elle s’habilla rapidement, revêtant un pantalon en toile blanche et une chemise rouge qui traînait près d’elle, et elle partie en vitesse. Prenant sa voiture, elle démarra, et prit la direction de la maison de Roxy. Elle n’avait pas hésité, et, dans un tel moment de panique il lui semblait que c’était la meilleure chose à faire. Elle s’arrêta devant la maison de sa psychiatre dans un bruit de crissement de pneus, et sorti de sa voiture en courant. Paniquée, elle arriva devant la porte de la jeune femme et commença à taper sur le battant frénétiquement. « Roxy ! Roxy ! » Appela-t-elle frénétiquement. Son cœur battait à tout rompre, et elle avait du mal à respirer. Elle sentait les pleurs l’envahirent et tomber sur ses joues. « Il faut que tu m’aide ! Roxy ! Viens, je t’en supplie…. Viens… » Elle se sentait revenir quatre ans auparavant. Perdue, déprimée, et seule.