Freja Lone Svanhild Ekström

❝ ALL I EVER WANTED WAS THE WORLD ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Un ciel bleu, quelques rayons de soleil et une légère brise venant effleurer les rideaux de ma chambre. Là, allongée sur le lit, c'est moi. J'attends, tout simplement. Ridée, épuisée par les efforts quotidiens, je me demande quand je partirai. Et après un long soupir, après que j'ai pu entendre une dernière fois le mélodieux chant des oiseaux, je m'en irai, une bonne fois pour toute. Bien sûr, bien sûr. Une telle mort n'arrive plus à Panem depuis des années déjà. Pourtant, ce serait faux de vous dire que ce n'est pas ce qu'on cherche tous. Néanmoins, je sais que je finirai bien par moisir au fond d'un trou, quelque part entre des ruelles crades et puantes de ce district. Je n'en sortirai probablement jamais et j'y mourrai sûrement. Bien rongée par les mites, ou les rats. En tout cas, je ne m'imagine pas mourir vieille, ça c'est sûr. Attendez, croyez-vous vraiment qu'on aura assez de nourriture pour survivre jusqu'à trente ou quarante ans ? Jamais.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Mourir, mourir, mourir. Vous avez tous le même mot à la bouche. On dirait presque que la vie ne se résume plus qu'à cela, maintenant. Je suis sure qu'il y a des années de cela, tout le monde pensait à la vie, et à rien d'autre. Indubitablement, c'est un sujet qui nous concerne tous, c'est vrai. Mais mourir pour ... Bien sûr que je le ferais pour sauver ma soeur, ma mère ou bien mon père. Ou bien cet ami-là, ou cette autre fille à qui j'ai parlé l'autre jour. Je pense avoir une émotivité trop développée, en fait. Par amour, par amitié, par filiation, par connaissance; j'aurais bien trop mauvaise conscience si je vivais avec un mort sur le dos. Alors savoir que j'aurais pu prendre sa place, juste avant qu'il ou elle meure, et que malheureusement je n'ai rien fait sur le coup. Voilà une chose qui me ferait le plus de mal. On ne dirait pas, n'est-ce pas ?

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Depuis toute petite, on ne cesse de souligner mes aptitudes physiques. Non, je ne suis pas cette brute qui, d'un coup de poing, déplacera une montagne ou réduira un arbre en poussière. Je suis plutôt le genre d'athlète soft, si vous voyez ce que je veux dire. Qui n'a pas besoin d'utiliser ses biceps, quoi. La course est mon point fort. On a toujours cru que c'était mes longues jambes qui me donnaient la possibilité d'atteindre des pics de vitesse impressionnants. Moi, je crois que c'est plutôt parce que j'ai appris à courir en me faisant poursuivre par ces chiens que les marchands lâchaient à mes trousses, lorsque je volais un maigre bout de pain à la marchande du coin. Depuis, je m'imagine que ces molosses sont toujours là, la bave à la bouche, ne rêvant que de mordre mon postérieur. Rapide et agile, car ces courses-poursuites ont développé mes facultés à sauter par dessus poubelles et tonneaux d'alcool, à me recroqueviller dans des coins-cachettes et à me suspendre parfois en hauteur, histoire de les éviter, à tout prix. Enfin voilà, je pense que je serais plus la personne qui fuirait et qui s'évaderait en silence, plutôt que celle qui prendrait le risque de se mettre devant une terreur du district un et de lui barrer la route. Et puis, je ne sais pas si ça peut aider beaucoup, mais j'ai des facilités à trouver quelque information que ce soit.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Je pense que dans un district aussi pauvre que le nôtre, nous sommes tous plus ou moins proches. C'est comme si nous étions une grande famille de pouilleux : sans le sou, mais obligés de se soutenir un minimum. Alors je vous répondrai que oui, un de mes proches a déjà participé aux Hunger Games. Enfin, participé ... il y a été forcé, quoi. Je me rappelle encore de sa tête. Et honnêtement, à ce moment-là, j'ai cru que sa mâchoire allait se déboîter. Il devait avoir deux ou peut-être trois ans de plus que moi qui n'en avait alors que treize. Là, sur l'estrade, je l'avais vu pour la dernière fois. Nos regards se sont croisés et j'ai compris que le sort ne lui avait été que très peu favorable, qu'il nous priait de l'aider. Puis la dernière image que j'ai de lui, c'était à l'écran : la gorge ouverte et les yeux en sang, mort à la corne d'abondance. C'était un bon garçon, un ami même.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Entre nous, moins je m'engage et mieux je me porte. Je préfère n'avoir rien avoir avec ces deux camps. Le Capitole et les Pacificateurs ne m’inspirent en rien (même si je dois avouer que toutes ces couleurs à la capitale m'attirent particulièrement, mais ça doit être normal pour une fille de mon genre), et je n'irai sûrement pas me donner corps et âme aux côtés de ces rebelles suicidaires. Je ne veux pas de plus gros ennuis que ceux que j'ai déjà. Alors la révolte attendra pour m'avoir à leurs côtés; car pour que ça se fasse, il faudrait qu'il arrive quelque chose de mauvais à ma précieuse et famille. Et plutôt crever que de les laisser périr, ces trois-là.



JE VIENS D'UN MILIEU défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende QUE D'AUTRE CHOSE. DU COUP, MON NOM A trente-cinq chances d'être tiré au sort. J'EXERCE LE MÉTIER DE couturière (styliste) ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime bien. JE SUIS DANS LE huitIÈME DISTRICT. AYANT dix-huit JE peux PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'appréhende un peu, puisque c'est la dernière fois que j'aurais à stresser autant. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

« Je me rappelle encore ce jour, bien sûr. Lone nous avait dit qu'elle était sortie tôt pour essayer d'attraper un poisson ou deux dans un des fleuves qui passait pas loin de la maison. En réalité, on savait qu'elle nous racontait des cracks à la maison, pour qu'on ne s'inquiète pas trop. Papa qui passait des heures à dépecer les animaux pour pouvoir en récupérer leur peau, et maman qui tissait pour presque rien. Avec moi qui n'avait pas l'âge de faire grand chose, Lone s'était mise en tête de nous nourrir convenablement. Ce qu'elle faisait de bon matin, c'était aller voir s'il était possible de chiper une miche de pain ou un petit fruit au marché, pendant que les marchands tournent la tête, bien trop occupés à installer leur étalage pour surveiller vraiment. Elle volait pour nous, et combien de fois a-t-elle échappé aux crocs affamés de ces clebs ? Je me le demande moi-même. Elle n'avait que treize ans. Je regrette seulement de n'avoir pas été assez mature pour l'aider, pendant ces temps-là. Mais aujourd'hui, je le peux et me rachète comme je le peux ! » Siri Ekström, seize ans.

Cette tête de noeuds, je vous jure. Siri et moi, c'est plus que des soeurs. Malgré nos deux années de différences, on s'entend comme si on était jumelles. Alors forcément, lorsque j'étais plus jeune, la voir beugler qu'elle avait faim me faisait mal au coeur. Ce n'est pas une vie, qu'on mène au District Huit. D'après quelques rumeurs que j'ai entendues, on ne serait pas les pires. Mais d'après ce que je vois en classe, quand on nous passe ces cassettes de lavage de cerveau, nous ne sommes pas les meilleurs non plus. On a de beaux fleuves, un climat parfait et on est quand même bien dans la merde. Si vous pensiez que les couturiers du Huit avaient la belle vie, et bien détrompez-vous. Nous ne somme sûrement pas la famille la plus pauvre, il faut l'admettre, mais comparé à ces extravagants du Capitole, nous ne pouvons dire que cela. Nous ne pouvons que rager en silence. En effet, je ne m'engagerais sans doute jamais dans la révolte, car j'aurais bien trop peur d'y laisser ma peau (plus vite qu'en attendant de mourir de faim ici), et celles de ma famille en même temps.


« Lone, c'est la poupée blonde qui nous ferait sans doute rire aux Hunger Games. Elle arriverait à trébucher devant une caméra et insulter le petit écureuil qui se trouverait à côté, comme pour l'accuser. Même si je ne le lui souhaite pas − à qui souhaite-t-on d'être tiré au sort pour ces jeux de la mort ? − je pense que Lone serait une bonne candidate. Au moins, même si on la verrait périr à la Corne d'Abondance, on aurait probablement ri. Parce Lone, elle fait rire. » Ami de Lone, dix-huit ans.

S'il y a une chose que je redoute, c'est bien d'être tirée au sort cette année, à la Moisson. C'est ma dernière, alors me voir sur l'estrade, là, devant tous ces jeunes du District ... Et voir ma soeur, rester seule avec mes parents, serait sans doute la pire image. Une image qui me trotterait dans la tête jusqu'à la fin. Si jamais j'étais choisie, je ne m'imagine pas rester très longtemps en vie. Je suis peut-être agile, rapide et tout ce que vous voulez, je ne suis pas violente pour un sou. Et puis, voilà, je n'ai jamais tué autre chose de ma vie que des poissons et des musaraignes. Alors planter un couteau ou une quelconque autre arme dans le thorax de quelqu'un me donnerait probablement des frayeurs incommensurables. C'est la dernière Moisson à subir, et je serai enfin libre. Enfin libre de moisir dans ce District.