rheagan eurydice falmsteed

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

« La mort n'est que le commencement d'une autre vie. Certaines sont violentes. D'autres plus douces. C'est un sujet tabou. Personne n'en parle. On l'évite. On est mal à l'aise. On n'a aucune envie de se confronter à cette femme en noire qui viendra tous nous chercher un jour ou l'autre. On a peur, on pleure, on hurle. On préfère ne pas y penser, parce qu'au fond, tant que l'on est en vie, on s'en fout. Conneries. Idées erronées de la plus belle chose qui puisse exister sur Terre. Elle est belle. Inaccessible. Incomprise des autres. J'en rêve la nuit. J'en jubile. Ce sera grandiose. Extraordinaire. Inoubliable. Et terriblement violente. Des coups par dizaines pour tout ce que j'aurais pu réaliser dans ma vie. Du sang giclant sur le sol pur, dégoulinant sur mon visage, glissant sur ma peau. Un massacre pour les autres. L'apogée d'une existence. La mienne. »

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

« L'on se doute très certainement de ma réponse. Il me hante. Je le sens au plus profond de mon être qu'il m'appelle. Il me brûle de l'intérieur, me tue à petit feu. La douleur est inqualifiable. Incomparable aux autres. Et pourtant, lorsqu'elle s'estompe, je ne peux pas m'empêcher d'en redemander. Une drogue. J'ai besoin de lui. De ma dose quotidienne. Cette sensation d'être emprisonnée par ses propres émotions. Son odeur imprégné dans mon esprit, ses yeux plongés dans les miens, ses bras encerclant mon corps, ses doigts caressant ma peau et ses lèvres enivrant mes pensées. Titus. Parce que je préférerais mourir que de ne plus revoir son sourire narquois sur ses lèvres. Mourir à ses côtés serait sans doute la chose la plus envisageable. »

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

« Mes parents m'ont appris à manier l'épée comme personne. Personne ne peut me battre au corps en corps. Et je ne vous conseille pas de tenter le coup. Depuis ma plus tendre enfance, je passe la plupart de mes journées à m'entrainer. Me battre fait partie de mon quotidien. Je suis également agile et rapide. Je n'ai aucune difficulté à monter dans les arbres et à sauter d'obstacles en obstacles. Mes entrainements sont constants et je garde donc une certaine souplesse que tous, n'ont pas. Un grand avantage. Et forcément, ma plus grande arme reste ma persuasion. Avec des yeux de cockers, un petit sourire charmeur et quelques mots innocents, qui ne pourrait pas tomber dans le panneau ? Je ne suis pas parfaite, je possède comme tout le monde, des faiblesses. La seule différence, c'est que je les connais assez bien pour essayer un minimum de les corriger. »

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

« Ma mère n'avait pas encore fêté son seizième anniversaire qu'elle se portait déjà volontaire pour les Jeux. Forte et vicieuse, au visage souriant, tellement innocent, elle n'a eu aucun mal à les remporter. Deux ans plus tard, c'était mon père qui en faisait de même. Sans aucune pitié. Ils étaient fait pour ça. D'une certaine manière, les Jeux sont une tradition dans notre famille. Les Falmsteed ne sont plus des inconnus pour personne. A côté de ça, nous avons bien évidemment eu à faire des sacrifices. « Proche » serait sans doute un bien gros mot pour les qualifier. Des connaissances qui ne méritaient pas d'y participer. Pauvre petit garçon d'une douzaine d'années qui avait succombé d'une simple déshydratation. Pauvre demoiselle de dix-sept ans, incapable d'esquiver un seul coup de couteau. Elle était bien vite tombée, éventrée par un tribut du district huit. »

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

« Je ne me sens absolument pas concernée par cette histoire. Je n'ai aucun avis à apporter sur cette supposée révolte et je ne m'avancerais pas tant que je n'en saurais pas plus. Il serait fâcheux que tout ceci se termine mal. Au fond, nous savons tous que cette révolte ne durera pas. Elles ne durent jamais. »

JE VIENS D'UN MILIEU favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE est abondante. DU COUP, MON NOM A six chances d'être tiré aux sorts. J'EXERCE LE MÉTIER D'étudiante ET POUR TOUT VOUS DIRE, Je n'aime pas spécialement cela. JE SUIS DANS LE 2ÈME DISTRICT. AYANT dix-sept ans JE peux PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'attends la prochaine moisson avec une impatience non dissimulée. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

tell us your story.

« Quiconque est un jour la cible d'une rumeur devient
ensuite vulnérable à toutes les autres. » — Jacques Attali.

Assises l'une à côté de l'autre au fond de la salle, deux jeunes filles discutent en chuchotant. Appelées aussi des commères, elles sont deux meilleures amies, l'une blonde, l'autre brune.
« Elle est quand même bizarre cette fille... » « Rheagan Falmsteed ? Franchement, j'sais pas... pt'être qu'elle est bizarre mais elle doit pas être si méchante que ça. » « Tu plaisantes, j'espère ? Elle est complètement barrée cette fille ! En fait, il parait que ça doit être de famille. Ses parents sont pas non plus très clairs... Tu vois le Chamberlain ? » « Le brun ténébreux ? M'en parle pas, il est... terriblement mystérieux, mais plutôt canon. » « Ouais, bah si j'étais à ta place, j'y toucherais pas... il vaut pas mieux qu'elle. J'ai appris de Jessica, qui elle, l'a appris d'un ami à Jérémy que c'était lui qui avait tabassé à mort le pauvre Rawls. » « Noooon ?! Raah mais quand même... son regard ténébreux me fait craquer... » « Non mais laisse tomber. Il est barré ce type. Tout autant qu'elle. En plus de ça, il a l'air de prendre plaisir à frapper les autres ! » « Maintenant que tu le dis... la dernière fois, je les ai vu rire comme des fous furieux après avoir cassé le bras à un élève qui ne voulait pas ramasser les livres qu'elle avait fait tomber. » Elle frissonne. « J'crois même qu'ils s'entrainent à trouver de nouvelles techniques pour martyriser les autres ! » « Chut, quelqu'un arrive. »
Une femme d'une cinquantaine arrive et les deux commères se dépêchent de ranger leurs affaires pour sortir de la salle.

II.

« Elle a l'air de passer sa vie avec le Chamberlain. » « Non mais laisse tomber, ces deux-là sont collés-serrés depuis qu'ils se sont rencontrés. » « Dommage. » « Oula, fais pas ça, si tu tiens à ta vie. Vraiment. » « Ça va. Si tu penses qu'elle va me faire peur. » « Tu veux que je te dise ? » Son amie lui fait signe de se rapprocher après avoir balayé les alentours du regard. « Tu te souviens de Sanya ? » « Non. » « Bah justement, elle s'est fait oublier celle-là. Il parait que Rheagan a essayé de la noyer après qu'elle se soit trop approchée du Chamberlain. » « Non ? T'es pas sérieuse ? Qu'est ce qu'il en dit, lui ? » « Il a l'air d'être aussi accroc à elle qu'elle l'est de lui. Tu sais pas quoi ? Je les ai vu se battre comme des sauvages hier après-midi. Et juste après, ils s'embrassaient comme si leur vie en dépendait. » Elle soupire. « Ils sont un peu dérangés, non ? » « Ah, tu penses ? Non mais si tu les voyais ces deux-là. On dirait des jumeaux. Ils sont tellement... indissociables. » « C'est malsain c'que tu me dis ! » « J'te jure ! Ils n'ont honte de rien. » « Ouais fin... quand même... j'comprends pas qu'on puisse en arriver là. » « Y'a rien à comprendre, d'accord ? Tiens-toi éloigner d'eux le plus possible et tout ira très bien. » « T'exagères... » « On en reparlera lorsqu'ils t'auront attrapé... sauf qu'à ce moment-là, ce sera trop tard. »

III.

Un garçon d'une douzaine d'années, en pleurs, interpelle les deux jeunes filles qui se précipitent vers lui pour le réconforter. Ses cheveux sont en bataille, du sang dégouline de ses lèvres.
« Oh mon Dieu, qu'est ce qui t'es arrivé ? » « Je... c'est Rheagan. Et Titus. » La brune se tourne vers la blonde. « Qu'est ce que je te disais ? Qu'est ce qui s'est passé ? » « C'est elle. Elle m'a posé pleins de questions étranges sur la mort. Quand j'ai voulu partir, Titus m'a attrapé... » « Qu'est ce qu'elle t'a demandé ? » « Elle... elle m'a demandé si j'avais déjà pensé à la façon dont j'allais mourir plus tard. » Les deux filles s'échangent un regard. « J'ai répondu qu'elle était folle. Elle s'est mise à faire la moue et Titus lui a dit que c'était pas vrai. Qu'elle était parfaite. Et ensuite, ensuite... » « Ça va aller... tout va s'arranger, tu verras. » « Il m'a poussé vers elle. J'avais rien fait ! Je voulais juste rentrer chez moi ! Mais ils ne voulaient pas. Ils ont volé mon sandwich et ils ont jeté mes affaires dans la forêt. Elle a fini par sourire à Chamberlain et ils sont partis en sifflotant, comme si de rien n'était. » « De toute façon, c'est bien connu. Plus personne ne peut les supporter, mais personne ne dit rien. Ils ont trop peurs d'eux ! » « Ah oui ? Parce que toi, t'irais les voir peut-être ? » « Et finir comme son frère ? » « Tu vas pas me dire que... ? » « Mais si ! Il a bien essayé de prévenir ses parents, mais ils l'ont jamais cru. Tu parles, avec son sourire d'ange, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. N'empêche que maintenant, c'est lui qu'est interné. » « Ca n'a pas l'air de la déranger plus que ça... » « Bah évidemment. Il était toujours derrière elle. Maintenant, elle est tranquille... Bon, aide-moi, on va le nettoyer. »

Il me toisait du regard. De ce regard d'incompréhension qu'il avait l'habitude de me lancer depuis quelques temps. Gawen et moi avions quatre ans de différence. C'était l'ainé de la famille. Celui qui était censé devenir mon modèle sur Terre. Pourtant, nous étions tous les deux très différents. Trop peut-être pour réellement se comprendre. Il avait constamment ce visage trop grave, qui caractérisait les jeunes des autres districts. Ses traits étaient tirés par la fatigue d'avoir à nous affronter, mes parents et moi-même, sur les mêmes sujets. C'était un garçon qui n'aimait pas la vie. Ni même la mort. Il détestait absolument tout et n'avait aucune réelle passion. Il se laissait vivre, pourrir dans ses propres rêves d'un monde meilleur. Les journées semblaient se ressembler pour lui. Plus rien n'avait de gout. Il s'y était pourtant fait, ne cherchait pas à changer son quotidien. Autrefois, il croyait encore en la bonté des autres. Pourtant, avec le temps, il avait compris que tout ceci ne menait à rien. Il était fou. Et nous n'étions décidément pas sur la même longueur d'onde. Nous aurions pu nous unir à nous deux. Un duo qui aurait fait la misère des autres. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Des conneries à n'en plus finir. Il m'aurait enfoncé un peu plus dans ma propre démence. L'apocalypse, qui nous aurait mené tout droit vers le bonheur. Et pourtant, la réalité avait été tout autre. Je grandissais. J'essayais de l'impliquer dans mes plans. Rien y faisait. Il s'obstinait à tenter de m'aider. Balivernes. Je n'avais pas besoin d'aide. « Arrête Rheagan ! » Finit-il par s'exclamer, détournant les yeux du spectacle qui lui faisait face. Je ne pus m'empêcher de sursauter à l'entente de ses mots. Mon regard se tourna doucement vers lui, un petit sourire narquois en coin de mes lèvres. Il n'avait jamais compris cette fascination que je nourrissais pour la mort. En réalité, cela en devenait presque une obsession. C'était idiot. Personne ne comprenait. « Tu ne trouves pas ça fascinant ? » Soufflai-je en retournant vers le pauvre pigeon. Égorgé. Cela avait été si simple. Je n'avais eu qu'à l'apprivoiser. Je l'avais sauvé d'un piège en tirant sur le filet qui le gardait prisonnier. Je n'étais pas très douée lorsqu'il s'agissait de combats à distance mais j'y étais parvenue. Mes parents s'étaient plutôt concentrés vers le combat au corps à corps, pensant probablement que cela m'aiderait plus pendant les Jeux. Les entrainements étaient quotidiens. Gawen ne comprenait pas non plus cette lubie. Il avait refusé d'y participer. Mes géniteurs avaient tenté de le persuader, à leur manière, et avaient fini par reporter leur attention sur moi. Et sans plus attendre, j'étais tombée dans cette spirale. Je m'étais rendue compte que j'adorais ça. Plus que tout au monde. Je ne pouvais plus m'en passer. C'en devenait presque jouissif. Et il fallait avouer que certaines techniques étaient utiles. J'avais sauvé le pigeon et l'avais soigné comme si cela avait été mon propre enfant. Je l'avais bichonné et nourri. Lorsque sa confiance avait été totale, je m'étais jeté sur lui et avait appliqué les conseils de mon père en enfonçant mon poignard au bon endroit. J'avais ensuite entrepris de le disséquer, cherchant un peu plus de réponses à mes questions. Cela ne semblait pas plaire à mon grand frère. Pauvre de lui, il s'y était attaché, à cette bête. « Tu ne peux pas comprendre de toute façon... » Dis-je doucement, ne faisant même plus attention à lui. Mes doigts glissèrent doucement sur le corps inerte de l'animal, caressant les quelques plumes qui lui restaient encore sur la peau, formant quelques cercles ici et là. Il semblait endormi. Apaisé. « Pauvre petit oiseau qui ne se doutait absolument de rien. Une journée comme une autre qui commençait pour toi et ta famille... il aurait fallu être un peu plus prudent. Ne sais-tu pas qu'il ne faut pas parler aux inconnus ? » Un soupir se fit entendre de la part de mon ainé. Détournant mon regard pour croiser ses grands yeux gris qui m'observaient d'un air de dégout, je le vis lever les yeux au ciel dans un geste théâtral. Même si toutes mes activités le répugnaient, il avait fini par y être habitué. Plus ou moins... Il n'écoutait même plus ce que je murmurais, sachant très bien que cela ne mènerait à rien. Il avait tenté de me faire enfermé mais mes parents s'y était opposé avec toute la ferveur qu'ils possédaient, déclarant que je ne faisais que m'amuser. Pour lui, nous étions de toute façon, tous les trois tous aussi jetés. « Complètement folle... » Mes sourcils se froncèrent un instant, alors que je me redressais brusquement pour lui faire face, le couteau toujours à la main. Il eut un mouvement de recul. « Si tu penses que tu vaux mieux que moi, tu te trompes. » Mes pas s'approchèrent de lui, le couteau pointé vers son torse. Nous nous fixâmes un instant, avant que je le bouscule pour m'éloigner d'ici. Gawen ne bougeait plus.

(...)

Un bruit se fit entendre à ma droite. Un autre. Puis un autre. Pourtant, emmitouflée dans ma couverture, je ne bougeais pas. Mes doigts serrèrent un peu plus la dague sous mon oreiller. Je la gardais toujours près de moi, au cas où. Il m'apaisait. J'avais sans doute bien fait. Depuis quelques temps, l'ambiance familiale s'était dégradée. Des tensions subsistaient entre mon très cher frère et moi-même. Mes parents, eux, ne semblaient rien voir. Gawen était devenu brutal. Plus brusque. Moins doux. Moins compréhensif. Il avait abandonné toute quête de « me ramener vers la lumière. » Il s'était peu à peu enfoncé dans le délire. La paranoïa. Il est vrai que je n'aidais en rien la situation. J'avais toujours aimé le voir se démener pour rester dans le droit chemin, malgré les nombreux obstacles que lui offraient la vie. Il pataugeait dans son univers. Il résistait à la tentation qui l'appelait. Et cette fois-ci, tout était terminé. Il avait perdu la bataille. Il semblait m'apercevoir à chaque recoins. Il ne me supportait plus. Il avait peur de me voir débouler dans un sombre couloir pour l'abattre. Entre nous, ce n'était pas de l'amour. Ni même de la haine. C'était une relation morbide, que je ne pouvais m'empêcher de nourrir. Gawen n'était sans doute pas assez fort pour le comprendre. Il avait longtemps essayé d'en finir avec moi. Pourtant, il était incapable de me blesser. N'ayant suivi aucun entrainement, il ne faisait, de toute façon, pas le poids. « Ce soir, c'est le grand soir... » Murmura-t-il doucement en s'approchant un peu plus de moi. Je gardais les yeux fermés, attendant le bon moment pour réagir. Je l'avais immédiatement reconnu, à sa démarche grossière. Il n'était pas discret. Il ne l'avait jamais été. Mais ça, je m'étais bien gardé de le lui dire. Ses doigts se posèrent doucement sur ma chevelure blonde, glissant sur ma joue pour se terminer sur mes lèvres. Son manège recommença plusieurs fois avant que je sente la lame de son arme remplacer ses doigts. « Tu ne le feras pas... » Soufflai-je en ouvrant péniblement mes yeux pour les plonger dans les siens. Interloqué, il s'était immédiatement écarté. Il était en pleine crise de délire. Je le savais. Et tout ceci, c'était bien à cause de moi. Pourtant, je n'éprouvais absolument aucune compassion. J'en étais fière. Mon œuvre. La mienne. Et personne d'autre. « Tu me rends complètement fou... J'en peux plus. » Gardant toujours ma dague avec moi, je me redressai pour lui faire face. Il ne bougeait pas, son arme toujours pointé vers moi. Ça y était. Il semblait plus déterminé que jamais. « Mais c'est terminé. Tout est terminé, Rhea. Ce soir, c'est toi ou moi. » Un sourire se dessina sur mes lèvres. Cette situation aurait pu effrayer n'importe qui. Pourtant, ce n'était pas mon cas. Au contraire, je jubilais à l'idée de le voir à l’œuvre. Il risqua un pas vers moi. Un pas mal assuré. Et sans même avoir le temps de réagir, il se jeta sur moi. Le combat fut bref. Un coup sur son épaule, qu'il riposta en effleurant ma joue. Nous atterrîmes tous les deux sur mon lit, nos dagues nous ayant abandonné. Il était sur moi, m'écrasant de tout son poids, ses mains agrippés à mon cou. J'avais beau le frapper de toutes mes forces, plus rien ne semblait le contrôler. Attaquant ses yeux avec mes doigts, un énième hurlement se fit entendre de sa part. J'avais l'habitude de recevoir des coups et mon calme le rendait encore plus fou qu'il ne pouvait l'être déjà. « Crève espèce de saleté ! » S'exclama-t-il alors qu'il ne lâchait toujours pas ma gorge. L'air me manquait. Je commençais cruellement à suffoquer, alors que j'accentuais mes coups. Je n'avais pas peur de mourir. Je ne voulais seulement pas finir ainsi, étranglée aussi facilement dans mon lit, comme n'importe quel autre abruti. Ce n'était pas moi. Soudainement, la lumière de ma chambre nous aveugla, arrêtant le combat que nous avions commencé. Ses doigts me relâchèrent brutalement, alors que je me mettais à tousser, tentant de reprendre mes esprits. La porte s'était rouverte, face à mes parents, le visage déconfite. Leur regard se tourna un instant vers moi, puis vers mon frère, plusieurs fois, avant qu'ils nous séparent, encerclant leurs bras protecteurs autour de ma taille. « Oh mon Dieeeeeu, qu'est ce qui s'est passé ?! Tu es complètement fou ! » Hurla ma génitrice en jetant un regard assassin vers Gawen, qui s'était figé, les larmes aux yeux. « C'est elle ! C'est le démon ! Le Diable cette fille ! Il faut me croire maman, papa, c'est vrai ! Elle est... » Hurla-t-il. Il ne termina pas sa phrase. Il n'y avait plus rien à faire. Il avait signé son arrêt de mort. Il le savait. Il se tourna vers moi, me lançant un regard désespéré. Je ne fis aucun commentaire, mais je n'en pensais pas moins. Le lendemain, il était interné, contre son gré. Il avait joué. Il avait perdu. Try again.

(...)

Traversant le lac, je me concentrais sur chaque pas que je posais. L'endroit était glissant. J'entendis soudainement un bruit derrière moi et relevai aussitôt les yeux. Le ciel était dégagé, laissant pointer un magnifique soleil. Il faisait terriblement chaud aujourd'hui, mais je n'avais aucune envie de me baigner. J'avais d'autres plans. Notamment, torturer plus jeunes que moi. Reprenant la marche, je n'eus pas le temps de réaliser qu'une lame effleura mon bras, déchirant ma peau, laissant un filet de sang dégouliner sur mes vêtements. Aïe. Mes sourcils se froncèrent, sentant la douleur monter dans mon esprit. Qui était l'idiot qui osait s'attaquer à plus fort que lui ? « Vous devriez faire attention où vous mettez les pieds, mademoiselle. » La surprise passée, un sourire se dessina sur mes lèvres. Si cela n'avait pas été cet homme en particulier, mon interlocuteur serait sans aucun doute mort. Je connaissais cette voix par cœur. Elle guidait chacune de mes pensées. Elle me hantait à chacun de mes rêves les plus fous. Elle était gravée dans mon cœur. Titus. Le Chamberlain. L'homme qui m'avait immédiatement compris. Il ne nous avait pas fallu une seule seconde pour réaliser que nous étions fait pour être ensemble. Nous avions échangé un seul regard pour connaitre les pensées de l'autre. Il avait cette aura maléfique qui m'attirait comme un aimant. J'étais folle de lui, mais ce n'était pas de l'amour. C'était plus que ça. J'entendis ses pas s'approcher de moi. Il était si près à présent que son souffle pouvait caresser ma nuque. C'en était enivrant. Ses doigts agrippèrent mes bras mais avant même de pouvoir lui laisser le temps de réagir, je me retournai pour lui asséner mon poing dans l'estomac, le poussant dans le lac. La surprise fut de taille, mais je savais que d'une certaine manière, il s'y attendait. Peut-être pas ainsi, mais tout de même. Son plongeon éclaboussa mon jean. Il lui fallut quelques secondes pour émerger de l'eau et je ne pus m'empêcher de me mettre à rire, sautillant presque sur place de voir mon acolyte préféré à cette heure de la journée. « Je vous retourne le conseil, monsieur. » Il avait le sourire aux lèvres. Ce sourire énigmatique qui effrayait les autres, mais qui m'avait toujours fait craquer. Cela ressemblait à un rictus mauvais, mais qui lui allait si bien. Il passa une main dans ses cheveux mouillés et nagea jusqu'à mes pieds. Il était beau. Fort. Un vrai cliché à lui tout seul. L'on pouvait apercevoir ses muscles se contracter. Nul doute qu'il faisait partie des carrières et qu'il était prêt pour les Jeux. Plus prêt que n'importe qui. Ses mains agrippèrent mes jambes, qu'il attira vers lui et je glissai, tombant sur le sol dur, dans un mouvement dès plus gracieux. Tentant de me dégager de son emprise, il tira mes jambes vers lui, alors que je me débattais toujours. Aussitôt, je le rejoignis dans l'eau froide du lac. Moi qui pensais ne pas m'y baigner, c'était raté. Malgré la douleur de mes bras et de mon dos, rappés par le sol, je me mis à rire stupidement, alors qu'il encerclait mon corps de ses bras protecteurs pour poser sauvagement ses lèvres sur les miennes dans un baiser fougueux. J'accueillis cette attention comme un cadeau du ciel. La violence. La meilleure manière pour nous, de montrer notre amour à l'autre. C'était trop simple de s'aimer. Trop banal pour un couple comme nous. On préférait se faire du mal, parce que c'était le seul moyen de marquer l'autre. Titus était ma propriété. Et les nombreuses cicatrices sur son corps en était la preuve. Celui qui tentait de l'approcher, même en connaissant très bien l'existence de ces empreintes, se risquait à affronter ma colère. J'étais possessive avec lui. Jalouse. Tous, le savaient. Et pourtant, il arrivait encore à certaines de penser pouvoir m'abattre. Folie. Ses bras toujours entourés autour de ma taille, ma tête se nicha sur son épaule, mes lèvres se dirigeant vers son cou, mordillant un instant sa peau si pâle. Je l'aimais tellement. Il m'obsédait. Et l'idée de le perdre me rendait complètement folle. Pourtant, bien malgré nous, nous avions signé le pacte qui nous séparerait à tout jamais. Les Hunger Games. Nous étions prédestiné. Après tout, nous avions passé plus la moitié de notre vie à nous entrainer ensemble pour y participer. Et c'était ensemble que nous allions y concourir. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Surtout pour le pire. L'un de nous devait gagner. Et ce serait lui. J'en faisais la promesse.