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The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER
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Sujet: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Mer 11 Jan - 4:08
If I laugh just a little bit, maybe I can recall the way that I used to be, before you, and sleep at night and dream.
Un chez soi. C’était un concept qui avait perdu tout sens depuis bien longtemps pour Rumer. Un endroit où on se sent bien, un endroit où on se sent en sécurité. Elle était peut-être née dans le District Neuf, elle avait peut-être toujours vécu dans cette petite maison près de l’entrée des bois, mais ce n’était plus son chez soi depuis longtemps. Elle croyait encore récemment que son chez soi c’était sa jeune sœur, Avalon. Mais même cette affirmation lui paraissait douteuse aujourd’hui. Avalon avait encore pour maison le District Neuf. Elle n’avait rien connu d’autre que les champs et les chemins de cette cage. Peut-être qu’il n’y avait que la forêt qui pouvait être la maison d’une personne comme elle. Un endroit où chasser, un endroit où se cacher. C’était l’endroit où elle se sentait le mieux, l’endroit où elle pouvait se surprendre elle-même à être plus détendue. Elle tâchait de se faire discrète depuis la soixante-quinzième édition des Jeux. L’annonce pirate de l’existence du treizième district avait eut l’effet d’un souffle glaciale sur le Neuf. Les habitants savaient qu’il y avait un attroupement de rebelle au sein de la communauté. Certains noms revenaient souvent. Dont celui de l’ainée de la sororité des Sweenage. Rumer. Que lui restait-il à perdre? La famille avait été écorchée par la vie et les Jeux plus de fois qu’à leur tour. Elle n’avait jamais fait l’effort de démentir les croyances populaires – de toute façon, elle agissait bien contre la dictature du gouvernement du Capitole. Elle marchait la tête haute et la haine au cœur lorsqu’elle marchait devant des pacificateurs. Elle endurerait leurs séances de questionnements, sachant aussi bien qu’eux qu’elle serait foutue à la moindre erreur. Mais avait-elle réellement rien à perdre? Avalon. Paradoxalement, sa sœur cadette était à la fois sa motivation et sa pire faiblesse. C’était par rage, par son plus profond désir de protéger sa sœur qu’elle avait joint les rangs des rebelles. Elle était si maigre, si fragile et innocente. Chaque orage et hiver représentait le risque de tomber malade. Elle ne pourrait peut-être pas survivre à une violente pneumonie. Rumer en était consciente. Elle voyait les autres tomber, malades et impuissants. C’était pour lui offrir un sort différent qu’elle était prête à risquer sa propre vie, mais, si elle venait plutôt à mettre celle de sa seule famille sur la corde raide, elle ne pourrait jamais s’en remettre. La neige avait recouvert le sol du District, les conifères de la forêt, les branches alourdies de neige, offrait toujours cette cachette qui plaisait tant à Rumer. Elle se souvenait du Onze, avec Julian. En octobre, les feuilles commençaient à quitter les branches et elle s’était sentit à découvert, facilement repérable et à la merci de ces pacificateurs, habitués à leur forêt, qui les cherchaient. Ce n’était pas sa forêt. Ici, elle se sentait bien. Vêtue du vieux manteau de chasse de son père, d’un cuir brun abîmé, et, accrochés à son corps en bandoulière, son sac, son arc et son carquois. Elle pourrait y passer la nuit. Elle n’y serait pas moins confortable que dans sa chambre, tourmentée par ses mauvais rêves.
Malgré qu’elle fût complètement seule, Rumer pouvait s’imaginer la présence rassurante de son défunt père. Donald Sweenage, chasseur de profession. Père de famille, mari amant. Il avait été toutes ces choses avant que le malheur ne commence à s’abattre sur sa famille, la mort s’emparant cruellement de celles qu’il aimait : Emilia et Billie. Les parents sont censés être enterrés par leurs enfants et non le contraire. De voir son enfant, encore si jeune et douce, tuée en direct à la télévision avait été plus qu’il ne pouvait le supporter. Tous ces longs séjours de chasse, tous ces soirs où il avait dû se priver de repas pour nourrir ses trois filles… Tout ça pour quoi, au final? Pour regarder, impuissant, son enfant mourir pour le simple divertissement de leurs dirigeants. Rumer pouvait voir que son père était toujours regretté. Quand les plus vieux chasseurs qui avait été des amis et des complices la croisaient à l’entrée du périmètre autorisé pour la chasse, avant qu’elle ne disparaisse sous la clôture vers son vrai terrain de jeu. Ils reconnaissaient le manteau et puis l’arc. Ils n’avaient jamais chassé avec des fusils, les munitions étant hors de leurs moyens. Sans parler de leurs yeux. Les mêmes. Chaque fois, ils baissaient le regard. Ils ne disaient rien, mais que peut-on dirait à quelqu’un qui a presque tout perdu, alors que nos familles ont été épargnées par le massacre annuel de Snow? C’était lui, Don, qui lui avait enseigné à chasser. Qui lui avait enseigné à prendre soin de ceux qu’elle aime, de sa famille. La forêt, c’était aussi son endroit préféré. Tué dans un malheureux accident. Suite à sa mort, Rumer eut peine à retourner au-delà des limites autorisée, traumatisée par une autre perte.
Avant l’arrivée de l’hiver, après la visite de Julian à la base militaire des rebelles au Treize, Rumer était partie avec son arc, prétextant devoir chasser sans quoi elle ne remplirait pas son quotta minimal. Elle faisait en réalité comme elle avait pris habitude de faire avec Avalon lorsqu’elles se disputaient. Elle prit la fuite, vexée et blessée par les paroles et la réaction de Julian. Elle s’était ennuyé de lui, plus qu’elle ne se l’était admis durant son absence. Après l’avoir eu à ses côtés pendant sa rémission, après avoir pris soin de lui comme on lui avait enseigné de le faire avec les personnes à qui elle tenait, elle n’avait pu se contrôler en le voyant, sain et sauf, devant elle. Elle l’avait enlacé et avait déposé un baiser à la commissure de ses lèvres avant même qu’elle ne réalise ce qu’elle était en train de faire. Elle s’était prise par surprise et Julian aussi. Elle s’était réfugiée dans les bois, pensant qu’à son retour, ils pourraient faire comme si rien ne s’était passé. Il était partit. La chasseuse nouait un nœud sur un corde, elle confectionnait un des quelques pièges qu’elle connaisse. Un craquement de branche la fit sursauter. Balayant rapidement les alentours du regard, elle ne pouvait pas voir ce qui se cachait. Pas une bête, elle en était sûre. Ni un chasseur. Ce n’était pas le pas habile et habitué d’un chasseur qui se promène à la recherche de gibier. Ils étaient presque imperceptibles ces pas là. La première chose qui lui vint à l’esprit fut de ranger d’une main la corde dans une de ses poches et de l’autre saisir son arc et une flèche. Ce devait être un pacificateur. Ce serait le scénario parfait pour eux, de lui mettre la main dessus alors qu’elle chassait en-dehors du territoire autorisé, en dehors du district. Deux infractions. Son instinct lui criait de se cacher plutôt que de confronter le danger. C’est ce qui faisait la différence entre les rebelles des districts et les vrais rebelles entrainés du District Treize. La capacité de tuer, la faculté d’étreindre cet interrupteur et de faire taire nos émotions. Elle n’était un soldat. Elle ne pouvait pas oublier ce qu’elle risquait. Sa vie qu’elle mettait en jeu, laisser Avalon seule, … Une silhouette émergea d’entre deux sapins. Elle était à découvert. La corde déjà tendue, elle n’avait plus qu’à lâcher prise pour lancer sa flèche. Fronçant les sourcils, elle parvint à constater que quelque chose clochait, malgré la montée d’adrénaline et sa détresse. Ce n’était pas un ensemble de pacificateur… Elle releva les yeux vers le visage qu’elle reconnu aussitôt. « Julian! » Le mélange de surprise et de colère évident dans sa voix. Elle laissa son arc au sol et se passa une main dans les cheveux, en soupirant. « Tu essaies de te faire tuer? » Il n’avait rien fait, mais elle lui en voulait. Les émotions de sa surprise lorsqu’elle était rentrée uniquement pour trouver la maison vide, une simple note laissée sur la table, lui revenaient. Elle lui en voulait. Parce qu’elle ne pouvait jamais savoir sur quel pied danser, parce qu’elle ne pouvait jamais prédire ou anticiper ses réactions, parce qu’elle ne pouvait le chasser de son esprit même quand il la repoussait.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Sam 14 Jan - 5:13
Deux mois. Voilà maintenant deux mois que Julian n'avait pas mis les pieds dans cette forêt, deux mois à contourner le neuvième district par peur de tomber sur une seule personne en particulier, deux mois à s'interroger, regretter. Enfin, en tant que chef des rebelles, il avait toujours une tâche quelconque à accomplir afin de s'occuper l'esprit, mais, cette fois, il avait été presque impossible de détourner ses pensées. Il revoyait toujours la même scène tourner en boucle dans sa tête, ne lui laissant comme seul répit les quelques heures de sommeil qu'il pouvait se permettre chaque nuit. Autant avait-il désiré éviter la situation, il savait qu'un jour ou l'autre il devrait retourner ici, au neuf. Malgré le long laps de temps où il ne put déambuler dans cette dense forêt, ses pieds semblaient connaître le chemin par coeur, sans qu'il n'ait dû user de sa mémoire... C'était comme retourner chez soi après une longue période d'absence; même le temps ne pouvait effacer cette habitude qui s'était profondément ancré en nous. Depuis plusieurs mois maintenant, Julian passait davantage de temps dans le neuvième district que dans n'importe quel autre district, le sept, sa maison, y compris. Quelque chose - ou plutôt quelqu'un - le retenait. Son inconscient le poussait toujours à revenir, malgré lui, malgré l'épaisse carapace qu'il pouvait s'édifier autour de sa personne. En vain. Il n'y pouvait rien. Cependant, Julian demeurait Julian... Deux mois en arrière, vers le mois d'octobre, le rebelle venait de franchir la limite du district alors qu'il ne l'avait quitté qu'une ou deux semaines auparavant. Il était parti en hâte, sentant le besoin de faire bouger les choses alors qu'il avait été blessé par un gendarme entraîné par le Capitole. Le treize avait été sa destination. Et la découverte qu'il fit l'obligea à revenir au bercail. Certes, rien ne l'obligeait vraiment, mais il tenait à partager ces informations à Rumer. Si une personne devait savoir, c'était elle. Toutefois, il s'attendait à rencontrer la rebelle en arrivant devant sa demeure et non la Rumer qu'il avait appris à connaître depuis cette fameuse nuit où ses pulsions avaient pris possession de tous ses moyens. Lorsqu'elle s'accrocha à son cou et que ses lèvres vinrent déposer un bref baisé au coin de ses lèvres, il se crispa. Son regard balaya presque automatiquement les alentours, craignant d'être vu par un habitant du district. Et ses paroles dépassèrent sa pensée. Il savait qu'il pouvait faire preuve d'une grande insensibilité et de rudesse lorsque la situation l'exigeait, mais même lui trouva qu'il était allé un peu trop loin. Mais cette vilaine carapace, cette vilaine peur qu'elle devienne sa faiblesse le poussa à agir comme jamais il n'aurait voulu se comporter envers Rumer. La seule personne avec qui il se sentait réellement lui-même. Et une fois que la rebelle s'évada dans les bois afin d'expulser sa frustration, il ne put rester une seconde de plus, effrayé par ses propres réactions. Il avait peur de faire face au conflit et de devoir justifier son comportement, voilà tout. Il n'aurait pas su quoi dire... Ou peut-être désirait-il tout simplement pas s'avouer les véritables raisons de sa soudaine anxiété... « J’ai une mission importante à accomplir, dis à Aiden que je reviendrai quand je le pourrai. Julian. » Et c’était tout ce dont il laissa à Rumer comme excuse avant de quitter le district.
L'hiver était une saison propice aux déplacements tout comme elle pouvait apporter davantage de risques. Le froid et la neige dissuadaient la plupart des Pacificateurs à effectuer de longues heures de garde à l'extérieur, préférant la chaleur de leur foyer. Ainsi, il était beaucoup plus facile de s'écarter des limites des districts sans se faire pincer par l'un d'eux. Toutefois, le blanc nacré de la neige laissait les voyageurs à découvert alors que toute verdure ou camouflage avaient disparu. Sans oublier les hauts risques d'engelures ou autres complications causées par une trop longue exposition aux températures froides. Cependant, Julian avait l'habitude aux changements thermiques radicaux. Devant voyager de district en district à longueur d'année, il voyait toutes les saisons, vivaient toutes les conditions météorologiques qui pouvaient traverser Panem. Et il devait s'avouer chanceux; certains habitants des districts, reconnaissant de son travail en tant que chef rebelle, lui offraient parfois des vêtements appropriés. Comme ce manteau rembourré de fourrure qu'il portait sur le dos. Il lui avait été donné par un vieil homme du septième district qui désirait le remercier au nom de son fils qui avait été exécuté sur la Grand Place par un Pacificateur. Ce dernier aurait été condamné à mort pour trahison envers le Capitole... Au départ, Julian avait été réticent d'accepter un tel cadeau de la part d'un homme mal fortuné, mais lorsqu'il vit ses prunelles miroitantes d'espoir, il ne put refuser. Il le portait aujourd'hui en l'honneur de tous ces habitants qui perdirent la vie des mains de cette dictature qui dirigeait le monde. Et cette marque de reconnaissance lui prouvait que son travail avait une raison d'être, qu'il influençait réellement la population de Panem. C'était là une grande source de motivation pour le grand rebelle qu'il était.
Ses bottes s'enfonçaient profondément dans la neige neuve qui laissait parfois prédire le passage ultérieur d'un petit animal. Mais Julian ne pourrait dire à quelle espèce ses traces pouvaient bien appartenir, n'ayant jamais pris la peine d'approfondir ses connaissances sur le domaine de la chasse. Il était plutôt doué pour se confectionner un camp improvisé en milieu sauvage, mais demandez-lui de traquer un gibier et il reviendra certainement les mains vides. La discrétion, il connaissait, mais davantage par le biais de la ruse que de l'expertise. Toutes ces années à se cacher des 'gardes de la paix' lui avait appris à éviter certains lieux stratégiques, agir d'une certaine manière afin de ne pas se démarquer d'une foule, par exemple. Mais dans un milieu aussi silencieux qu'une forêt... Et ses songes étaient préoccupés, ce qui l'empêchait de se concentrer sur sa discrétion alors que chaque pas le rapprochait un peu plus du district neuf. L'angoisse montait peu à peu en lui. Il la sentait faire battre son coeur un peu plus vite, le faire froncer des sourcils alors qu'il cherchait les mots propices à employer. Oui, il s'était enfin résigné à faire face à Rumer. Leur conflit passé lui avait empêché de dévoiler les informations si importantes qui l'avaient poussé vers elle après son séjour au treize. Peut-être aurait-il dû prendre initiative beaucoup plus tôt - plus il attendait, plus la confrontation sera envenimé, il le savait -, mais il n'en avait pas eu le courage jusqu'à maintenant. « Julian! » Son coeur voulut littéralement sortir de sa poitrine. Il cessa brusquement sa marche alors que sa main vint empoigner la crosse de son pistolet attaché à sa ceinture, sans toutefois le dégainer. Sa tête se tourna instinctivement vers la source de cette détonation pour alors constater... Rumer. Il s'agissait de Rumer. Il pouvait l'apercevoir au loin, habillée chaudement de la tête au pied, tenant un arc dans sa main. Julian demeura un instant inerte, évaluant la situation, comme s'il ne parvenait pas à réaliser qu'il croisait la rebelle avant même qu'il n'ait eu le temps de préétablir ce qu'il allait lui dire exactement. Pourtant, elle était bien là. « Tu essaies de te faire tuer? » Oui, peut-être. Il était certainement suicidaire de faire face à Rumer alors qu'elle était armée et que sa voix laissait présager une 'légère' rancune. Lâchant son arme de sa main, il ajusta son sac de voyage sur son épaule et effectua de grandes enjambées dans la neige, vers son interlocutrice. Enfin, valait mieux écourter la distance entre les deux afin d’éviter de hurler à tue-tête et d’attirer l’attention de quiconque se trouvant dans les alentours. S’ils parvenaient à garder un ton de voix respectable, mais vu la situation… « Justement, c'est toi que je voulais voir » dit-il malgré lui, ses paroles contrastants avec son ton froid et dur. Aucune chaleur, aucune joie. Alors qu'à l'intérieur... La peur lui retournait l'estomac, la nervosité l'empêchait de réfléchir, les regrets renforçaient cette vilaine carapace d'insensibilités.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Mar 17 Jan - 9:21
La rebelle n’avait pas vraiment été active à la cause depuis ces derniers temps. La rébellion lui tenait toujours à cœur. Plus que jamais, même. C’était encouragent d’avoir obtenu des nouvelles inespérées du District 13 qu’on croyait bombardé et complètement mort depuis des générations. Si, au sein des districts, l’effet avait été pénible pour les simples habitants, la poigne de fer des pacificateurs ayant été resserrée, il fallait voir au-delà de la peur collective. Les habitants n’étaient pas les seuls à avoir peur. Snow et ses hommes aussi. Plus de rebelles se joignaient à la cause et, accueillant secrètement les hommes et femmes recherchés, les groupes parvenaient à se tenir au courant de ce qui se passait dans les districts et surtout à en apprendre d’avantage sur la base militaire secrète et sous-terraine de l’ancien District. Seulement il lui semblait plus difficile de quitter les alentours de sa région natale depuis l’accident du District 11 avec Julian. Il avait été blessé gravement. Il aurait pu mourir. D’ailleurs, la chasseuse ne comprenait pas encore comment elle avait fait pour le tenir en vie jusqu’ici, au Neuf. Elle savait que ses voyages et ses activités illégales étaient dangereuses et qu’elle avait échappé à de nombreuses de très peu à faire des rencontres indésirables avec des pacificateurs, mais la chance ayant toujours été de son côté, elle pouvait encore se rassurer en se faisant croire que rien n’arriverait. Plus maintenant. Les choses se compliquaient, elles prenaient de l’ampleur. Tout devenait plus difficile, tout devenait plus téméraire et risqué. C’était là où les vrais rebelles seraient divisés de ceux qui ont peur. C’était là qu’on verrait qui étaient réellement prêts à mourir pour le bien des autres. Peut-être que Rumer ne savait pas encore à quel groupe elle appartenait. Peut-être qu’elle avait trop peur, peut-être qu’elle se laissait trop guidée par ses émotions et ses sentiments ainsi que ses pires craintes pour aller plus loin. Dorénavant, tout ce qu’elle faisait pourrait avoir d’énormes répercussions. Sur elle, sur sa vie, comme la vie de tous ceux qu’elle connaissait. Est-ce que faire souffrir ceux qu’on aime en se justifiant de leur faire pour eux-mêmes et leur bien-être était suffisant pour qu’elle s’accorde enfin le droit d’oublier ce qu’elle est et ce qu’elle aime pour devenir une soldate. Une vraie… Une machine à tuer.
Depuis que l’existence du District avait été dévoilée, Rumer songeait souvent à s’y rendre. Elle pourrait y emmener Avalon. C’était sans doute le seul moyen de s’assurer que sa sœur soit en sécurité, dans le seul endroit qui n’était pas gardé par des pacificateurs. Cependant, les histoires que lui avaient contées ses compatriotes rebelles au Neuf l’avaient dissuadée de le faire. Pas avant d’avoir eu le récit d’une personne de confiance. De Julian. Pas avant de l’avoir vu elle-même de ses propres yeux. La rumeur voulait que cet endroit ne soit guerre plus chaleureux et accueillant que la vie connue dans les districts. Des dizaines et dizaines d’étages sous-terraines, des emplois assignés accompagnés d’horaire peu flexibles, toujours que le strict minimum à manger, à se reposer. Ce n’était pas l’idée que la chasseuse s’était faite de la liberté. Elle n’avait qu’une seule image qui pouvait lui venir en tête lorsqu’elle écoutait les récits du Treizième district : une fourmilière. La reine, Coin, et ses ordres de fourmis. Travaillantes, fortes, ordonnées. Des soldats. Les seules fois où elle pouvait s’accorder du répit, où elle parvenait à décontracter ses muscles toujours tendus étaient lorsqu’elle était dans le grand air, entourée de verdure et de vie végétale et animale. Elle perdrait la tête si on lui interdisait de sortir, si on lui collait un horaire au bras. Elle avait quand même considéré l’idée de demander à Julian de l’y conduire. Elle serait sans doute prête à se priver d’air frais et de la lumière du jour si c’était le prix à payer pour s’assurer d’avoir Avalon en sécurité. Elle n’avait pas eu le temps de le faire. Ni de lui demander comment était le Treize. Il était parti. Même si elle n’avait en rien le droit d’attendre quoi que ce soit de lui, Rumer ne pouvait se dire autre chose que : il l’avait abandonnée. Dans un univers hostile, privée de nouvelles sur les situations actuelles des autres troupes alliées. C’était peut-être par son instinct de survie qu’elle se faisait discrète depuis des mois.
La chasseuse inspira profondément, fermant les yeux, laissant le stress et l’adrénaline redescendre. Ironiquement, elle n’avait pas vu Julian depuis plus longtemps que lorsqu’il était parti rejoindre l’armée de rebelles et leur dirigeante, mais, cette fois, elle n’aurait aucun mal à se retenir de se montrer trop sentimentale envers lui. Son regard rivé sur lui durant de longues secondes, elle ne réalisait même pas que ses lèvres formaient une ligne droite et que ses sourcils étaient froncés. Elle était toujours en colère. Humiliée, blessée. Pourquoi? Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas simplement balayer les ressentiments suite au rejet de Julian? Elle ne savait trop. Peut-être parce qu’il était l’une des très rares personnes à qui elle s’était ouverte ne serait-ce qu’un minimum depuis si longtemps. Peut-être qu’elle était plus fragile qu’elle ne serait jamais capable de l’admettre. C’était peut-être aussi parce qu’elle ne pouvait accorder sa confiance qu’à peu de gens et que, pour elle, ce lien représentait réellement quelque chose. A qui fait-on confiance quand nos parents sont quittés? De qui acceptons-nous d’être liés quand tous ceux que nous aimons nous sont cruellement arrachés? De personne, se disait Rumer. C’était mieux ainsi, plus facile. Mais elle ne pouvait pas contrôler ce qu’elle ressentait et elle avait fait l’erreur d’accorder sa confiance au grand rebelle, plus fort et courageux que les autres. Plus grand que nature. Elle l’admirait. Pour ce qu’il avait fait pour la cause. Rumer détacha péniblement son regard de la silhouette du rebelle et s’accroupit au sol afin de ramasser son arc et de resserrer sa flèche. « Justement, c'est toi que je voulais voir. » Rumer resta figée sur place. Instantanément, son esprit se mis à produire les pires scénarios impliquant des pacificateurs, Avalon ou encore Aiden. Forcément, il devait s’agir du pire. Il lui fallut de nombreuses secondes avant de réaliser que Julian ne pouvait revenir du District de par le chemin où il était arrivé. Elle s’était tellement souvent imaginé entendre ces mots prononcés, précédant un ‘il y a eu un accident’ ou ‘ils ont mis la main sur Ava’. Elle releva finalement les yeux vers Julian qui s’approchait d’elle. « C’est pour une mission? » Rumer se releva et ajusta son arc derrière son dos. « Ça fait longtemps qu’on ne m’en a pas attribuée. Trop longtemps. Je suis prête à partir. » Elle pouvait entendre une légère hésitation dans sa voix, malgré son ton rempli d’assurance, mais elle n’était pas arrivée à totalement la contrôler. Parce qu’elle n’était pas convaincue de ce qu’elle disait. Parce que sa tête était embrouillée de peurs et d’hésitations. Parce qu’elle regardait Julian et ne pouvait faire autre chose que de l’envier. Il n’avait jamais cessé d’être le chef rebelle qu’il était. Droit, impassible, … Aucune trace d’émotions, ni dans ses traits, ni dans sa voix. En avait-il seulement? C’était sans doute la grande différence entre eux : il avait toujours eu pleinement confiance de leur situation et ne s’était pas attachée à elle. Capable de bloquer ses émotions, de les contrôler. Il faisait partie des rebelles, des vrais. Elle n’avait aucun doute là-dessus.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Mer 18 Jan - 23:50
Le mensonge n’avait jamais fait partie de sa philosophie. Il pouvait bien se mentir à lui-même – volontairement ou pas -, mais Julian tenait à être honnête avec tous ceux qu’il pouvait côtoyer, qu’il désirait respecter, surtout lorsqu’il s’agissait des rebelles. Certes, certaines informations n’étaient pas nécessairement dévoilées au grand jour auprès de tous les soldats qui militaient pour la cause, mais dans une situation où il devait garder le secret, il préférait affirmer qu’il ne pouvait rien divulguer plutôt que de feindre l’ignorance. Et c’était peut-être ce côté si humain de sa personne qui rassurait les habitants des districts désireux d’une révolution contre le Capitole. Il devait se l’avouer, ce n’était certainement pas en raison de sa grande chaleur et son grand sourire que tous l’appréciaient… Et peut-être que de savoir que leur chef était en mesure de garder des informations secrètes, de faire la part des choses ou encore qu’il sache beaucoup plus sur la révolution les rassuraient, les mettaient en confiance. Peut-être, oui. Cependant, lorsqu’il s'agissait de sa vie personnelle, c’est-à-dire de ses proches ou de sa famille, le concept d’honnêteté était mis à l’épreuve. Car pour ce faire, il devait en quelque sorte s’ouvrir à eux… Il ne pouvait tout simplement leur dévoiler qu’il allait en mission suicidaire pour les rebelles sans avoir la crainte d’apercevoir de l’inquiétude et du désespoir dans leur regard. Et ça, il ne pouvait supporter. Il préférait ignorer ses principes de vérité et mentir à ceux qu'il aimait, plutôt que de les blesser et de les voir souffrir... Était-ce de l'égoïsme ? Empirait-il les choses en gardant ses lèvres scellées plutôt que de tout révéler ? Il ne pourrait dire, car d’aussi loin qu’il pouvait se rappeler, il avait toujours agi ainsi. Et il croyait pouvoir être honnête avec Rumer, lui dévoiler sans attendre que l’une de ses plus proches amies était toujours en vie. Mais les circonstances en ont décidé autrement… Toutefois, il savait qu’il devait lui en parler, ce qui expliquait sa venue dans le district après tout ce temps d’absence. Serait-il tout de même revenu même s’il n’avait aucune nouvelle à lui divulguer ? Qui sait. Plus il s’approchait de la rebelle, plus il parvenait à percevoir l’état dans lequel Rumer se trouvait. S’il avait pu, il aurait tourné les talons volontiers et parti en courant afin d’éviter ce regard rancunier et accusateur. Habituellement, Julian était difficilement intimidé, mais avec Rumer c’était différent. Tout était différent… Il connaissait la cause de cette frustration et autant refusait-il d’accepter le fait qu’il avait mal agi avec elle, autant savait-il qu’il devait se rendre à l’évidence. Il avait traité Rumer comme… comme une moins que rien… Et peut-être était-ce justement la raison pour laquelle son air mécontent l’affectait autant. Malgré tout, Julian abaissa le regard alors qu’il marchait vers elle, les bottes à moitié ensevelis par la neige à chaque pas. Il avait peine à supporter cette culpabilité qu’il trainait depuis deux mois maintenant. Serait-il au moins assez courageux pour demander pardon ? Pour lui faire des excuses ? Pour ce faire, il devait emmener le sujet de leur dernière rencontre, de leur première dispute qui aurait très bien pu être évité, et il ignorait s’il désirait retourner en arrière. Revivre cette scène qui tournoyait dans son esprit depuis l’instant où il quitta le district neuf.
« C’est pour une mission? » À ces paroles, Julian rehaussa aussitôt le regard, les sourcils légèrement froncés. Une mission ? Rumer se redressa sur elle-même alors qu’elle ajustait son arc sur son épaule, ses traits démontrant une détermination qui sommeillait en elle. « Ça fait longtemps qu’on ne m’en a pas attribuée. Trop longtemps. Je suis prête à partir. »Pendant un bref instant, Julian demeura inerte, pris de court par cette déclaration. Maintenant à sa hauteur, il put cesser sa marche et ne put s’empêcher d’afficher un air d’incompréhension, limite surpris. Non, il n’était certainement pas venu pour une mission quelconque. L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit ! Lorsqu’il songeait à envoyer Rumer en mission, il revoyait la scène au onze où ils s’étaient faits interceptés par des Pacificateurs… Ils leur avaient été difficiles de rester discret dans ce champ de graminées alors que les toutous de Snow baignaient dans leur état naturel. Il n’avait pas fallu bien longtemps avant qu’ils ne trouvent les deux rebelles et qu’ils tentent de les détruire. Cette fois-ci, Julian parvint à protéger Rumer. Il avait pris une balle dans le torse alors que l’arme avait été en fait portée vers sa collègue rebelle. Il ne regrettait aucunement son geste – malgré qu’il lui a fallu plusieurs jours de convalescence et qu’une vilaine cicatrice tapissait maintenant le derme de son ventre, une parmi tant d’autres. Cependant, il ne pourrait pas toujours être là pour la protéger… Et s’il l’envoyait en mission ? Et s’il lui demandait d’effectuer une tâche pour les rebelles et qu’elle se retrouvait face à un Pacificateur ? L’appréhension de savoir qu’elle pourrait être blessée ou capturée par eux, l’obligeait à balayer la possibilité de l’envoyer seule – ou même accompagnée – accomplir une mission venant de lui. Il ne pourrait supporter la culpabilité... Reprenant ses esprits suite à cette déclaration, Julian retrouva quelque peu sa contenance, faisant signe que là n’était pas la raison de sa venue. « Non, je ne suis pas venue pour ça » dit-il de sa voix grave afin qu’elle ne se fasse pas trop d’idées. Mais il réalisa alors que le moment était venu. Après deux mois d’attente, il était temps qu’il lui dévoile ce qu’il avait vu au treize. Bizarrement, le chef rebelle devint soudainement nerveux. Une nouvelle fois, son regard fuit celui de son interlocutrice qui devait certainement s’interroger sur les raisons de son arrivé. Maintenant qu’il était face à elle, il ne savait plus comment aborder le sujet. Il s’était répété nombres de fois dans sa tête des petits dialogues qui pourraient faire passer la nouvelle sans trop de dommages, mais son esprit semblait avoir tout oublier alors que le moment était venu. Elle avait probablement visionné le meurtre de Kathleen lors de la diffusion des Jeux… Elle avait peut-être même réussi à vivre avec cette perte, faire son deuil. Et voilà qu’il se pointait pour venir démentir cette réalité. Comment réagira-t-elle ? Si on mettait en compte le fait qu’il a attendu tout ce temps avant de lui dire et qu’ils étaient, de plus, en froid, Julian craignait sa réaction.
Contractant la mâchoire, Julian affronta le regard de Rumer. Et, contrairement à son habitude, son masque d'impassibilité tomba, laissant transparaître au travers de ses prunelles et de son visage son hésitation, sa nervosité. « Tu te souviens, il y a quelques mois, lorsque je suis allé au treize ? » Bien entendu qu’elle se souvenait… Se repositionnant sur ses pieds, Julian se racla brièvement la gorge avant de poursuivre : « J’ai rencontré quelqu’un… Quelqu’un que je croyais perdu. » Il fit une légère pause – ce qui ne faisait que languir Rumer, il en était conscient – et afficha un air qui balançait entre l’appréhension et la nostalgie. Car ce qu’il allait dévoiler ne faisait que lui rappeler son séjour au treize... L'état dans lequel il retrouva une alliée... « Kathleen est vie, Ru. Je l’ai vu, elle est toujours vivante et elle se réfugie présentement au treize, avec les rebelles. »
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Ven 27 Jan - 6:18
La famille. Il faut souvent avoir perdu ceux de qui on était uni par les liens du sang pour comprendre que c’est un concept qui s’étend beaucoup plus loin que par la simple génétique. C’est ce qui fait qu’une personne qui a presque perdu toutes les personnes à qui elle tenait depuis sa plus tendre enfance, comme Rumer, ne se retrouve jamais vraiment sans famille. Elle n’était pas seule. Elle avait Avalon et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu’Avalon ne disparaisse jamais. Mais il y avait Aiden qu’elle pouvait considérer comme son meilleur ami. Si jamais il devait arriver quelque chose à Rumer, elle savait qu’elle laissait sa jeune sœur entre de bonnes mains. Que quelqu’un prendrait la relève pour la garder en sécurité et la rendre heureuse. Il y avait aussi des chasseurs du district que Rumer cotoyait. Des gens qui avaient été là pour elle à la mort de son père, qui avait pu se priver de quelques morceaux de viandes pour nourrir ce qui restait des Sweenage. Le temps que Rumer se remette sur pieds. Ils savaient que si la vie venait à les placer dans une telle situation, elle serait là pour eux. Et il y avait eu Kathleen Harper. Elle était plus jeune qu’elle, mais elles étaient pareilles. Comme une troisième sœur. Mais le sort ne leur avait pas été favorable – comme tant d’autres fois – et elle avait dû plier bagages pour ce qui serait, sans doute, un allé simple vers le Capitole. Rumer avait dû la regarder mourir. Comme elle avait regardé Billie mourir. C’était la même douleur qui s’abattait sur elle. Un scénario similaire dont, malgré les années qui s’étaient écoulées, Rumer ignorait comment se protéger de cette douleur qu’on ressent lorsqu’on perd une personne qui nous est chère. C’était toutes ces personnes la famille de Rumer. C’était peut-être naïf de sa part, mais, jusqu’à sa dernière visite dans le District Neuf, Rumer avait cru qu’elle pouvait compter Julian parmi ces personnes qui seraient toujours là. Elle s’était trompé, apparemment.
« Non, je ne suis pas venue pour ça. » Elle laissa s’échapper de ses lèvres un long soupire, profond. Il témoignait bien de sa frustration à l’égard de Julian. Pourquoi est-ce qu’elle devait rester sagement à attendre dans le district alors que partout autour tout bougeait – tout s’orchestrait, se mettait en place pour la révolution ? Était-ce à cause de ce qui était arrivé dans le onzième district? Rumer baissa la tête, les sourcils froncés formant quelques plis sur son front. Il aurait pu mourir. Ils s’étaient retrouvés dans une situation périlleuse et, en se mettant devant elle, il était celui qui avait dû faire face à un danger de mort. Était-ce une façon de la punir? Avait-il perdu foi en sa capacité à être une rebelle sur le terrain? Peut-être. Peut-être même qu’il n’était le seul. « Qu’est-ce que tu veux, alors? » Son ton froid la surprenait elle-même. Elle avait dû se retenir pour ne pas continuer en lui disant qu’elle avait déjà été une rebelle ‘indépendante’ et qu’elle pouvait bien retourner à ce statut. Évidemment qu’elle se souvenait comment elle se sentait inutile et sans moyen. C’était son premier contact avec l’illégalité. Elle n’avait pas de contact dans les autres districts. En fait, elle n’en avait pas même dans son propre district. Elle se retrouvait à transgresser les barrières implantées par le gouvernement, à ‘voler’ les prises qu’elle chassait en ne les déclarant pas, en ne les donnant pas. Ce n’était ça qui allait libérer le peuple de Panem. Puis est arrivé Aiden qui l’a incluse dans le groupe, qui lui a fait confiance. Rumer se souvenait comment elle se sentait inutile à la cause avant son intégration, mais elle ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était peut-être mieux de retourner à ce statut que de rester là à ne rien faire au Neuf. Indépendante, au moins, elle pourrait choisir elle-même ses allées et venues. « Tu te souviens, il y a quelques mois, lorsque je suis allé au treize ? » Elle hocha la tête, lentement. Comme réticente à entendre la suite des événements. Évidemment qu’elle se souvenait de son voyage jusqu’au district rebelle. C’était juste après leur mésaventure dans les champs du Onze. C’était juste après qu’elle ait passé des jours à son chevet. Elle s’était sentie responsable de ce qui lui était arrivé. La balle, après tout, avait été tirée pour elle. Elle avait été à son chevet, parce que c’était la chose à faire, selon ses convictions. C’était une façon de remercier Julian de lui avoir sauvé la vie. C’était aussi parce qu’elle vouait y être. Près de lui. Il n’y avait que lorsqu’elle pouvait le voir de ses yeux qu’elle arrivait à croire qu’il était bien en sécurité. Il était repartit trop tôt. Fidèle à ses habitudes, pressé de retourner à ses devoirs de Chef dans la cause des rebelles. Rumer aurait voulu lui demander de l’emmener avec lui, mais c’était trop tôt. Elle savait qu’Avalon ne lui pardonnerait pas, surtout pas depuis qu’elle avait ramené un Julian en mauvais état suite à une de leurs escapades. Rumer se cachait derrière ses responsabilités de grande sœur, mais c’était aussi trop tôt pour elle. Elle revoyait la scène dans ses cauchemars. Les visages des deux pacificateurs, un Julian inerte et ensanglanté couché au sol. Chaque fois, elle ne parvenait pas à le sauver. « J’ai rencontré quelqu’un… Quelqu’un que je croyais perdu. » Rumer déglutit difficilement. Elle pouvait sentir son niveau de stress monter, les battements de son cœur s’accélérer. Elle balayait rapidement les traits du visage de Julian, comme si elle espérait y avoir apparaître la réponse. Qui? Qui avait-il vu? Impatiente, elle aurait voulu lui dire d’aller plus vite. Le suspense la tuait. Elle essayait de penser, de trouver de qui il pouvait s’agir, mais aucun nom ou visage ne lui venait en tête. Julian avait vu et connu de nombreuses personnes au fil des années. Parce qu’il avait gagné les Jeux, parce qu’il était impliqué dans la rébellion depuis longtemps et qu’il voyageait clandestinement dans tous les districts. Elle aurait voulu lui dire de se continuer, mais elle-même se retrouvait comme paralysée. Elle devait s’attendre au pire. S’il s’était senti obligé de venir lui partager ses retrouvailles, après avoir démontré qu’il ne voulait pas … d’elle, c’est que c’était une personne qu’elle aussi connait. « Kathleen est en vie, Ru. Je l’ai vue, elle est toujours vivante et elle se réfugie présentement au treize, avec les rebelles. » ‘Kathleen’ eut l’effet d’une bombe. Littéralement. Rumer seccouait la tête, machinalement. Ce ne pouvait pas être vrai. Kathleen était morte. Elle l’avait vue mourir. Elle l’avait vue alors qu’elle poussait son dernier souffle… Son petit corps fragile qui avait été emporté hors de l’arène après que le coup de canon ait raisonné dans le labyrinthe des gamemakers. Le sang. Le désespoir… Il n’y avait aucun doute que Kathleen était morte. Rumer ne voyait plus rien, sa vision complètement brouillée par le rideau de larmes qui tapissait ses yeux. Ça ne faisait aucun sens. Les paroles de Julian qu’elle dût se répéter mentalement à plusieurs reprises avant de ne les saisir ne faisaient aucun sens. Comme si elle reprenait finalement le contrôle de ses muscles, Rumer releva brusquement la tête et s’avança vers Julian. Il devait mentir. C’était absolument impossible… Il mentait. « Arrête! Tu dis n’importe quoi! » Cria Rumer en le giflant. Sous le choc de ses propres actes, elle couvrit sa bouche avec sa main tremblante. Elle n’avait pas voulu le frapper, mais le coup était parti avant qu’elle ne le réalise. N’importe qui dans les alentours avait pu les entendre, mais c’était le moindre de ses soucis.
Elle partit. Laissant son sac et son arc derrière elle. Ses pas rapides et précipités se transformèrent rapidement en une course légère alors qu’elle s’enfonçait dans la forêt de pins. Comme inconsciente de ce qui se déroulait autour d’elle, Rumer n’écoutait pas, ne guettait pas les alentours. Elle finit par s’arrêter, aussi subitement qu’elle était partie. Aussi subitement qu’elle avait frappé Julian. Elle se laissa tomber à genoux dans la neige qui amortit sa chute. Son torse était légèrement secoué par ses sanglots. Elle n’avait pas réalisé qu’elle pleurait. C’était dur – cruel, même – de ramener la mort de Kathleen à sa pensée. Elle avait su rester forte après que son amie soit morte dans l’arène. Parce qu’elle avait mis ses énergies dans ses missions, dans sa chasse. Dans n’importe quoi qui lui occupait les pensées et qui l’empêchait d’aller sur ce terrain dangereux et douloureux. Encore une personne qui était partie. Trop tôt. Injustement. Mais, ce que disait Julian, pouvait-il être vrai? D’une part, Rumer ne pouvait pas croire qu’il lui mentirait. Pas sur un sujet aussi difficile que ce deuil d’une vieille amie. Un deuil qu’elle n’avait pas encore réussi à faire, d’ailleurs. Ce serait trop cruel… Et ce peu importe ce qui ait pu se passer entre eux, peu importe comment ce qu’ils ressentent – ou ne ressentent pas – l’un pour l’autre. Mais, d’une autre part, pourquoi? Pourquoi viendrait-il lui dire ça maintenant? Des mois plus tard… Pourquoi ne pas lui avoir dit lorsqu’il était passé au Neuf à son retour du District Treize? Ce pouvait-il qu’il ne représente rien pour lui à ce point?
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Ven 3 Fév - 22:07
Comment avait-il trouvé le courage? Julian pouvait accomplir les missions les plus périlleuses, risquer sa vie sans jamais ne sentir le moindre frisson de peur et voilà qu’il s’interrogeait sur ses capacités à parler. Combien de fois avait-il été atteint par un projectile? Combien de fois avait-il été mutilé par la lame effilée d’un Pacificateur? Combien de fois dû-t-il panser ces nombreuses blessures qui laissaient aujourd’hui de blanches cicatrices sur sa peau? Il pouvait supporter d’être maltraité physiquement. Il pouvait accepter son rôle de rebelle et subir toutes les tortures nécessaires à la cause, tant et aussi longtemps que ses gestes avaient une signification. Il pouvait poursuivre ce train de vie s’il avait la certitude que personne n’écoperait de ses accusations si ce n’est que lui-même. Faire souffrir les gens qu’il chérissait? Il devenait alors une toute autre personne. Jamais il ne pourrait lever la main sur des innocents, sur des gens qui occupaient une place de choix pour lui. Et aussi insistante soit l’envie de se détacher de Rumer, d’afficher un masque d’indifférence et de froideur, il ne pouvait nier le fait que jamais il ne pourrait lui faire le moindre mal. Autant physiquement que psychologiquement. La relation qu’elle avait eu avec Kathleen était précieuse… Beaucoup trop précieuse. Julian n’avait jamais osé aborder le sujet suite au faux décès de l’ancienne tribut, mais les mots n’étaient nullement nécessaire pour comprendre la douleur qui habitait la rebelle. Sa perte l’avait sans aucun doute affecté au plus haut point. Il ne pouvait se mettre à sa place, imaginer l’épreuve qu’elle devait surmonter. Elle avait tant perdu. Sa mère, son père, sa sœur… Comment surmonter un autre deuil alors que la vie semblait s’acharner sur notre sort? Elle était si forte, si courageuse. Elle avait tant souffert et la voilà toujours prête à servir les rebelles pour faire de ce monde une meilleure terre où vivre. Dans un sens, Julian l’admirait. Elle avait tant de pression sur ses épaules, tant de douleur non-exprimée, et jamais elle ne semblait craquer sous ce fardeau. Il aurait tant aimé revenir dans le passé et à diriger ses pensées ailleurs que sur sa crainte que sa relation clandestine avec la rebelle ne soit dévoilé au grand jour… Il aurait dû lui dire il y a bien longtemps déjà… Pour l’une des seules fois dans son existence, Julian avait peur. De quoi? De sa réaction peut-être. Mais surtout de rajouter une énième blessure au cœur déjà blessé de la rebelle. Et il ne pouvait supporter d’être la source de cette nouvelle souffrance… « Qu’est-ce que tu veux, alors? » Sa voix était froide, voire glaciale, ce qui ne faisait qu’amplifier ses appréhensions. Jamais elle n’avait paru aussi détaché de lui. N’était-ce pas ce qu’il désirait? Se détacher l’un de l’autre avant que ce ne soit trop tard? Sa tête, sa logique et sa crainte lui dictait une voie, tandis que son cœur lui montrait un tout autre chemin… Et ce petit pincement au cœur de la savoir aussi impassible à sa présence ne faisait que confirmer sa confusion. Il ne pouvait plus afficher ce masque de marbre, il devenait trop lourd. Il tenta de rassembler tout ce courage qui lui venait si naturellement à l’habitude, mais qui semblait, à ce moment, le déserter sans prévenir, et il se jeta à l’eau.
Ce regard. Comment pouvait-il supporter ce regard? Ces prunelles azurs miroitant bientôt de larmes d’incompréhension et de désespoir mélangés. C’était comme si on venait enfoncer doucement une dague directement dans sa chair, creusant un trou béant au niveau de sa poitrine. Et autant ne pouvait-il pas endurer d’observer une telle douleur naître dans le regard de la rebelle, autant il ne saurait se résigner à détourner la tête. Il s’obligeait à regarder. Il s’obligeait à ressentir tout ce désarroi qui traversait l’âme de Rumer. Coupable, Julian déglutit péniblement de sa gorge serrée alors qu’il sentait ses battements cardiaques se répercuter jusqu’à ses tempes, résonnant comme un coup de feu dans son crâne. Il se contenta d’observer la jeune femme secouer de la tête, tentant probablement de procéder l’information sans n’y voir aucune logique. Après un moment, elle fit volte-face, défia Julian de son regard lourd et accusateur. Elle réduit les quelques mètres qui les séparaient, inquiétant un bref instant le grand brun. Toutefois, il demeura immobile sur ses jambes, patient, attendant une réponse ou une réaction de sa part. Réaction, qui ne saurait tarder. « Arrête! Tu dis n’importe quoi! » Une détonation qui atteint ses tympans comme le tonnerre qui vous surprend avant l'arrivé d'une tempête. Et avant qu’il ne puisse même procéder ses paroles, sa tête fut projetée sur le côté alors qu’une brûlure y apparaissait malgré le froid qui régnait dans les environs. Elle l’avait giflé. Sa main venait d’atteindre son visage, lui n’anticipant jamais une telle réaction. La tête toujours tournée, Julian sembla pendant un instant déboussolé, dépassé par ce qui venait de se dérouler. Mais, aussi surpris fut-il, jamais il ne ressentit la moindre colère. Non, il ne pouvait lui en vouloir, car il devait certainement le mériter, s’étant comporté comme un pauvre gamin égoïste. Le temps qu’il retrouve ses esprits, qu’il décide enfin à affronter de nouveau le visage ravagé de la rebelle, elle lui avait déjà tourné le dos.
Elle s’éloignait. Sa silhouette se dissipait peu à peu alors qu’elle s’enfonçait de plus en plus profond dans la forêt, alors que les arbres nus camouflaient sa présence en ces lieux. Et les évènements avaient paralysé le chef rebelle. Sa main s’était peu à peu élevée vers son visage afin de toucher délicatement sa joue toujours légèrement brûlante par la gifle qui était venue s’y ancrer. Et pour une fois dans son existence, Julian ne désirait pas fuir. Il voulait arranger les choses, être là pour Rumer puisqu’il était en fait l’instigateur de cette peine… Trouvant finalement le courage de bouger ses muscles, Julian laissa tomber son sac de voyage au côté de l’arc qui gisait dans la neige et suivit les traces de son prédécesseur. « Rumer! » Interpella-t-il alors qu’il craignait qu’elle ne se soit enfoncée trop loin dans les bois, risquant d’attirer l’attention de bêtes sauvages alors qu’elle était désarmée. Ou peut-être avaient-ils attiré la curiosité de Pacificateurs à la bordure du district? Heureusement, Julian trouva facilement la jeune femme, lui permettant de calmer légèrement ses inquiétudes à ce sujet. Elle s’était effondrée dans la neige, son corps parcouru de soubresauts violents. Il pouvait entendre ses sanglots désespérés, ce qui ne fit qu’amplifier son sentiment de culpabilité. Doucement, le cœur battant la chamade, le rebelle s’approcha alors qu’il ignorait comment rectifier la situation. « Rumer… » murmura-t-il d’une voix étonnamment douce. Ton qu’il n’usait que très rarement. Lentement, une fois qu’il eut contourné la petite silhouette de la rebelle en pleurs, Julian s’accroupit à sa hauteur, hésitant pendant un bref instant. Incertain, il éleva tranquillement la main avec l’intention de lui caresser l’épaule ou pour tout simplement lui indiquer sa présence et sa passivité. Qu’il ne lui en voulait aucunement… Qu’elle avait raison d’être en colère contre lui, d’être contrariée. Mais avant que le bout de ses doigts ne puisse entrer en contact avec le manteau de la jeune femme, il les rétracta. Son bras se recroquevilla afin de venir s’accouder contre sa cuisse. Les sourcils légèrement froncés par l’incertitude, Julian serra la mâchoire, contenant son envie de la serrer tout simplement dans ses bras avec l’espoir de faire taire cette douleur qui lui lacérait le cœur. Il ne pouvait supporter de la voir dans un tel état… Il ne pouvait supporter l’idée d’être celui qui causait toute cette souffrance! « J’aurais dû… J’aurais dû te le dire avant. » Dit-il d’un air honteux. Oui, il était coupable. Il ignorait si sa réaction avait été différente quelques mois plus tôt ou si elle avait été la même, mais, par principe, il lui avait manqué de respect. Il savait également que l’identité des tributs toujours en vie au Treize était tabou, un secret même, mais Julian ne pouvait pas plus s’en ficher. Rumer avait le droit de savoir. Comme tous les proches de Kathleen d’ailleurs. « Je suis désolé… Vraiment désolé… » Sa tête tomba vers l’avant alors que ses paupières se fermaient afin de camoufler cette honte qui transparaissait au travers de ses prunelles. Si seulement il avait le pouvoir de tout recommencer… Si seulement il avait le pouvoir de prendre son fardeau sur ses épaules…
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Dim 12 Fév - 5:35
« Rumer! » Elle parvint à entendre l’appel de Julian, difficilement, gênée par sa propre respiration saccadée et bruyante. Ça ne la fit pas stopper, au contraire, ça lui donna comme un nouveau souffle pour s’aventurer plus loin dans le sentier encore jamais battu auparavant. Elle laissait derrière elle des traces de pas évidentes qui pourraient mener n’importe qui, Julian comme n’importe quel pacificateur, à elle. Elle ne pouvait se résoudre à s’en soucier. Elle avait simplement le besoin d’être seule et, surtout, d’être loin de lui. N’était-ce pas ce que lui-même avait fait des mois plus tôt, partir ? Pourquoi ne pouvait-il pas la laisser faire de même. Elle finit par se laisser tomber dans la neige. Désarmée, ayant fourni un sentier frais de traces à quiconque voudrait la trouver et confirmant sa présence avec ses sanglots qu’elle n’arrivait à étouffer. Peut-être que c’était mieux si elle alertait un pacificateur. Il pourrait mettre fin à ses souffrances une fois pour toute, à celles d’Avalon aussi. Une fois morte, elle ne pourrait plus la mettre en danger par ses propres activités illégales. Les pas dans la neige l’avertirent qu’on s’approchait d’elle. C’était sans doute Julian, mais Rumer ne pouvait chasser l’anticipation d’entendre le claquement singulier d’un cran de sureté retiré derrière sa tête. « Rumer… » Elle resta immobile, les yeux, espérant qu’il ne s’approche pas d’avantage d’elle. Quelques pas supplémentaires se firent entendre et elle aperçu ses jambes du coin de l’œil avant qu’il ne s’accroupisse devant elle. Aussitôt, la chasseuse tourna brusquement la tête, sans avoir d’abord croisé brièvement le regard de Julian. Elle ne se sentait pas prête à se relever et repartir. Où pourrait-elle aller pour le fuir de toute façon? C’était ici qu’elle venait normalement se réfugier… Mais elle ne voulait pas non plus s’offrir en un pathétique spectacle pour Julian. « Laisse-moi, Julian. » lança-t-elle d’une voix autoritaire et étrangement claire, vu son état. Comme pour appuyer ses propos, pour montrer hors de tout doute qu’elle ne voulait pas sa présence auprès d’elle, Rumer fit le quart d’un tour. S’il ne partait pas, au moins, en ne le voyant pas, elle pourrait faire comme s’il n’était plus là.
« J’aurais dû… J’aurais dû te le dire avant. » Entre deux sanglots, Rumer tenta d’inspirer profondément, tenta de reprendre le dessus sur ses émotions, d’arrêter de pleurer et de stopper les tremblements qui lui secouaient le corps en entier. Elle était plus frêle qu’elle ne l’avait été depuis longtemps. Elle passait énormément de temps dans le bois, mais elle mangeait peu et chassait moins également. L’hiver ne rendait pas la chasse plus difficile quand on connaissait le coin et le comportement des animaux comme Rumer les connaissaient. Ça devait venir de son moral. Elle se contentait de chasser son quota imposé par le Capitole, pour les satisfaire et s’assurer de pas avoir de pacificateurs à sa porte – du moins, pas pour cette raison – et elle s’assurait d’avoir quelque pièces de viandes pour sa sœur. Elle n’avait jamais fait affaires pour ses prises supplémentaires avec le Capitole. Certains chasseurs, qui n’étaient pas prêts à enfreindre la loi, préféraient leur vendre ces prises. Ils obtenaient un prix ridicule. Au marché noir, en revanche, on pouvait facilement se dénicher bien mieux. Les risques étaient infiniment plus élevés, mais Rumer avait pris l’habitude de fonctionner ainsi. C’est comme ça qu’elle pouvait s’offrir des produits considérés comme de luxe. Les petits biscuits trop secs et durs qu’elle aimait acheter pour les visites de Julian. Les miches de pain à peine brûlées qu’elle avait en rabais contre quelques prises à la boulangerie. Elle avait déjà remarqué comment, depuis qu’elle avait pris la relève pour son père, après la mort de Billie, les gens donnaient plus. Parfois c’était presque imperceptible – pas pour ceux qui ont faim, pour qui une simple bouchée de plus représente le plus beau cadeau de la Terre – et parfois c’était flagrant, comme le maire le faisait. Ils étaient pris en pitié, mais pour une fois que tout le malheur des Sweenage pouvaient leur apporter un peu de bien… Peut-être que Rumer ne prenait pas assez soin d’elle, peut-être qu’elle aurait dû se forcer à manger plus que quelques minuscules bouchées ces soirs où les peines du passé lui revenaient en tête. Elle ne l’avait pas fait, elle n’avait pas le moral. Ce n’étaient pas les paroles de Julian qui allaient l’aider à se remettre sur pieds. Pas cette fois. « Je suis désolé… Vraiment désolé… » La dernière fois qu’elle avait pleuré devant quelqu’un, c’était devant Julian. Elle avait pleuré devant lui cette nuit où ils s’étaient parlé à cœurs ouverts, assis sur le perron de la maison, puis lors de ce voyage au Onze qui avait mal tourné. Il y avait tellement de sang, elle avait cru qu’il allait mourir. Par sa faute. Et la voilà, une fois de plus, complètement prise au dépourvue, au désespoir devant lui. Était-ce lui, ou plutôt son appréciation qu’elle ne pouvait nier pour lui, qui la rendait si … faible? Le vent s’éleva et la brise fit qui lui soufflait dessus fit virevolter ses cheveux, entraînant un profond frisson de sa nuque jusqu’au bas de son dos. Si l’air frais l’aidait à se ressaisir, un peu, maintenant Rumer réalisait qu’elle avait froid. Elle ferma les yeux ce qui fit tomber les larmes qui avaient formé un voile embrouillé devant ses yeux. Ses joues aussi étaient glaciales. Sa tête se balançait délicatement, d’une façon presque imperceptible, de la gauche à la toile. Elle était toujours dans le déni. Rumer avait dû faire tant de deuils, dire adieu à toutes ces personnes qu’elle aimait qu’il lui était simplement impossible de se laisser concevoir que Kathleen pouvait être en vie. Comment? Le Capitole était bien plus avancé technologiquement que la vie minable qu’elle avait connu toute sa vie dans le District Neuf, elle le savait ça, mais le District Treize l’était à un point où ils pouvaient rivaliser avec le Capitole et même le surpasser? Comment les rebelles auraient-ils pu s’emparer des cadavres et faire le voyage jusqu’à la base sous-terraine? Mais elle avait perdu suffisamment de gens pour savoir qu’une fois mort, rien ne peut nous ramener… Billie, sa mère et son père. Rien ne pourrait les ramener.
Rumer poussa un profond soupire, quelques sanglots étouffés évidents dans le tremblement de son souffle, et passa ses mains nues sur ses joues pour effacer le passage de ses précédentes larmes et essuyer les quelques unes qui y ruisselaient encore. Elle essayait de rassembler le peu des forces qu’il lui restait pour se rebâtir une carapace avant qu’elle ne soit prête à affronter Julian. Elle aurait voulu savoir que si elle ignorait suffisamment longtemps sa présence il finirait par en avoir assez et partir. Il resterait, elle le savait. S’avouant vaincue, sachant qu’elle ne pouvait pas éviter la confrontation, Rumer se retourna vers lui, en évitant son regard des yeux. Elle s’assied sur la neige et passa ses mains sur ses jambes, chassant la neige de ses pantalons trempés. Elle fixa longuement ses mains, ses doigts rougis par le froid semblaient particulièrement intéressant, mais elle débâtait mentalement de quoi dire, quoi demander. Une part d’elle refusait de croire que Kathleen pouvait être revenue à la vie, mais, d’autre part, Julian semblait honnête. Pourquoi serait-il venu au District uniquement pour lui mentir? « Pourquoi? » Le son de sa propre voix la surprit. Elle avait parlé alors qu’elle était perdue dans ses pensées. Prononcée à voix haute, la question semblait ridicule. Un mot si vaste que, dans leur situation, il ne voulait plus rien dire tellement il pouvait vouloir dire de choses. « Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit avant? Tu aurais pu l’écrire sur ta foutue lettre! » Le ton détaché qu’elle avait voulu adopter pour préciser sa question ne parvint pas à masquer toute la rancœur et la douleur qu’elle éprouvait. Elle s’en voulait d’avoir parlé de la lettre. De toutes les interrogations qui lui venaient en tête depuis que Julian lui avait dit que Kathleen était en vie, c’était vraiment de reparler de comment il était simplement disparu qui lui avait paru comme étant la plus grande priorité? Elle avait peur de sembler égocentrique, ce l’étant sans doute, d’ailleurs, mais il n’y avait pratiquement pas une journée qui passait sans qu’elle repense à cet instant où elle retrouva la maison complètement silencieuse, vide.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Dim 12 Fév - 23:40
Cette culpabilité qui le rongeait de l’intérieur aura bientôt raison de lui. Comment en était-il arrivé à ce point? Comment avait-il pu faire preuve d’autant de négligence? Dans un sens, Julian avait toujours agi ainsi. Lorsque la situation devenait trop dure à gérer, lorsqu'il devenait trop près de ses sentiments risquant de toucher sa plus grande vulnérabilité, il fuyait. C’était tellement plus facile… C’était si simple de se voiler les yeux et de tourner le dos à ce qui importait le plus. Était-ce si difficile de faire face à ses réels sentiments plutôt que de se cacher la tête dans le sable? Pour Julian, ce l’était. Car de reconnaître qu’il se faisait du souci pour quelqu’un d’autre signifiait qu’il possédait un point faible, une vulnérabilité que ses ennemis pourraient utiliser contre lui. Et rien ne l’effrayait plus que de voir les gens qu’il aimait souffrir à sa place. Peut-être croyait-il réellement pouvoir protéger Rumer en la repoussant de la sorte… Si on remontait quelques mois plus tôt, son instinct premier de désapprouver la moindre marques d’affection de la part de la rebelle n’était pas fonder sur de la haine, mais sur de la peur. Julian craignait de s’ouvrir de nouveau. La fois où il laissa transparaître ses blessures dues à son passage aux Jeux, celle où il laissa tomber son épaisse carapace d’insensibilité, celle où il réalisa enfin ce que Rumer représentait pour lui. Il avait inconsciemment repoussé cette envie d’abandon, sachant fortement où ce manège l’emmènerait. Était-ce réellement ce qu’il avait craint en laissant Rumer le serrer dans ses bras? Ou était-ce simplement cette vilaine habitude de détruire le moindre bonheur qui lui était accordé? Julian tentait de comprendre son propre comportement, cette attitude ingrate de repousser les gens alors qu’ils étaient prêts à tout pour lui. Rumer. Elle avait toujours été si bonne à son égard. Et comment lui rendait-il la pareille? Avec un air renfrogné, froid et détaché, comme si rien ne s’était jamais passé entre eux. Comme s’il ne ressentait absolument rien pour elle… Ce qui était faux. Aussi borné soit-il d’ignorer ses propres sentiments, il ne pouvait se mentir plus longtemps. De voir Rumer dans un tel état, en sanglots, bouleversée à ce point, lui transperçait le cœur d’une façon jamais expérimenté jusqu’à ce jour. Il ne l’avait jamais vu aussi désemparé. Elle était au bord du gouffre, dévastée, et tout était de sa faute. Elle souffrait par sa faute. Ses larmes lui étaient destinées, elles étaient son châtiment. Car une Rumer en pleurs parvenait à faire ressortir ce Julian qui s’inquiétait, celui qui avait laissé sa tendresse parler d’elle-même. « Laisse-moi, Julian. » Elle en avait marre… Marre de sa pitié, marre de ses erreurs… Elle ne désirait visiblement plus de sa présence à ses côtés. Julian fronça durement les sourcils, sentant son cœur se torde douloureusement au creux de sa poitrine. Même cette douleur n’était rien comparativement à sa culpabilité… Elle lui avait tourné le dos, pivotant sur elle-même afin qu’il n’aperçoive pas ces larmes de détresse. Désemparé, le rebelle laissa tomber sa tête vers l’avant, se maudissant intérieurement des dégâts de son égoïsme. S’il n’avait pas fait tout un plat de l’enthousiasme de Rumer, s’il avait simplement été flatté et reconnaissant d’être accueilli à bras ouverts, jamais cette situation n’aurait eu lieu. Il lui aurait ouvertement annoncé la survie de Kathleen suite aux derniers Jeux et rien de tout ça ne les aurait atterré. Certes, elle aurait certainement été choquée… Mais elle n’aurait pas eu ce poids de solitude sur les épaules, ce sentiment d’abandon qu’il lui avait laissé.
Que pouvait-il faire d’autres que de s’excuser? Ces plates excuses n’étaient pourtant rien comparativement à toute la honte qui l’habitait. Il aurait tant voulu pouvoir lui offrir plus… Lui démontrer combien il regrettait de n’avoir rien dit plus tôt, de s’être comporter comme un insensible sans scrupule. Il n’était pas mieux qu’un de ces ignobles Pacificateurs dépourvus de tout remord. Il était désolé. Tellement désolé. Pour son manque de tact, pour avoir ignorer les sentiments de la rebelle et les répercussions de ses gestes et de ses paroles, pour tout ce qu’il était et tout ce qu’il n’avait pas été. Il aurait tout fait pour revenir en arrière et reprendre ses paroles, rectifier ses gestes. Mais il devait faire face à ses erreurs, apprendre de celles-ci afin de ne plus les répéter. Incertain, Julian tenta un regard vers la jeune femme qui tentait toujours de camoufler son désarroi. Des larmes tapissaient le derme rougi de ses joues alors qu’elle tentait de faire disparaître toute trace. Elle semblait si fragile, si menue. Il ne l’avait jamais perçu d’un tel œil. Pour Julian, Rumer était la rebelle forte et courageuse du neuf, celle qui partageait ses missions, toujours prête à servir la cause. La grande sœur pleine de bonté qui prenait soin de sa jeune sœur avec détermination alors que toute famille l’avait déserté. Et la voilà, si faible, si bouleversée. Julian jurerait qu’elle ait perdu quelques kilos depuis ces deux mois d’absence. Sa peau était plus pâle, ses joues plus creuses et les os de ses mains plus saillantes. Il croyait même percevoir son corps frissonner sous le froid de la neige, amplifiant son inquiétude soudaine sur son état de santé. Cependant, il n’était pas en position de lui faire le moindre reproche ou de lui souligner combien elle pouvait paraître mal en point… Il garderait toutefois ces constatations pour plus tard, car si les choses ne s’amélioraient pas, il ne pouvait tout de même pas quitter le district sans s’assurer qu’elle se portait bien.
Julian laissa la rebelle reprendre ses esprits, car peu importe ce qu’il dirait à présent, il avait la certitude qu’il ne ferait qu’empirer la situation. Affichant toujours ce même air honteux, il baissa de nouveau les yeux, sachant pertinemment qu’elle n’aimait guère sentir un regard de pitié porter sur elle. Ils se rejoignaient sur ce point… Il entendait toujours quelques sanglots lui échappés, signalant qu’elle avait peine à calmer sa détresse. Il était prêt à attendre. Car, cette fois, il n’allait certainement pas la laisser seule. « Pourquoi? » Rehaussant la tête, Julian croisa le visage maintenant tendu de la rebelle. Elle gardait son calme, mais il pouvait facilement percevoir sa rancune. « Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit avant? Tu aurais pu l’écrire sur ta foutue lettre! » Et sa culpabilité frappa de plus bel. Cette fameuse lettre. Ce message ingrat! Un simple bout de papier indiquant son départ précipité avait semblé propice vu leur querelle, mais c’était stupide de penser qu’elle n’en serait pas vexée. Il s’en était longtemps voulu de ne pas avoir attendu le retour de Rumer avant d’annoncer son nouveau départ. Toutefois, à l’époque, il n’aurait pas su supporter son regard rempli de reproches… Il n’aurait pas su rester de glace devant elle alors qu’il savait aussi bien qu’elle qui était le fautif dans toute cette histoire. Julian déglutit péniblement et décida d’affronter ses démons, affronter le regard haineux qu’elle lui portait. « J’en sais rien. » Ce qui n’était pas faux. Il ignorait encore aujourd’hui pourquoi il n’avait pas pris la peine d’au moins lui glisser un mot… Mettre de côté leurs différents et lui divulguer cette information primordiale. Kathleen avait été si importante dans sa vie. Julian transgressait les règles du Treize pour elle! Il mettait la rebelle dans une position délicate en lui annonçant l’un des plus grands secrets de la base rebelle. L’homme détourna le regard et fixa un point lointain au travers des arbres dépourvus de feuillage, cherchant les mots juste pour se faire pardonner. Malgré qu’il doutait de pouvoir obtenir le pardon de Rumer suite à une telle négligence… « Je n’ai jamais voulu te cacher quoi que ce soit, Rumer. J’ai simplement… pris peur. J’ai eu tord. Tu ne mérites pas d’être traitée comme je l’ai fait, tu mérites mieux, beaucoup mieux. » Mieux que lui… Se détestant alors de plus bel, Julian secoua la tête et serra la mâchoire, comme il avait l’habitude de faire lorsque les remords faisaient surface. Elle avait toujours été si bonne avec lui, même lorsqu’il n’était qu’un simple inconnu hébergeant chez elle pour la cause des rebelles. Et il continuait à la traiter comme si elle n’était personne. Un simple pion dans la vie du grand Julian Kennedy-Fawkes. Mais au fond, il n’était rien. Absolument rien. Si elle méritait mieux, lui ne la méritait pas.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Lun 13 Fév - 4:20
C’était étrange pour Rumer d’être autant déstabilisée, autant prise au dépourvu dans la forêt du District Neuf. De tous les endroits qu’elle avait pu visiter et voir, c’était celui-ci, précisément, qui lui offrait le plus de sécurité, l’endroit dans lequel elle se sentait le plus à l’aise. Enfin, c’était le cas normalement. Toutefois, elle n’était jamais loin de son arc, ayant toujours quelques flèches à portée de la main. Elle pouvait se défendre contre les bêtes sauvages, contre des clandestins ou des pacificateurs. Mais contre des mots, contre son cœur qui se brisait que pouvait-elle faire? Elle avait eu l’habitude de se montrer forte, de refouler tous les coups et les dures épreuves, mais, visiblement, elle n’en pouvait plus. Elle était épuisée, blessée, … Elle avait refoulé et nié pendant trop longtemps. Avait-elle seulement déjà été la femme forte et capable qu’elle avait toujours prétendu être? « J’en sais rien. » Rumer fronça les sourcils avant de détourner le regard. Il ne savait pas? Ça lui avait semblé être la bonne chose à faire, peut-être? Elle avait toujours fait en sorte d’être une bonne hôtesse pour lui, elle l’acceuilait dans sa maison comme on acceuille notre propre famille, mettant de côté les inquiétudes quant aux dangers qui accompagnait Julian lorsqu’il était sous son toit. Elle s’était occupée de lui quant il avait été au bord de la mort, elle s’était privée de sommeil pour rester à ses côtés, pour veiller sur lui. S’était privée de nourriture pour qu’il reprenne des forces… Et il ne pouvait même pas trouver les mots pour lui expliquer pourquoi elle ne méritait que si peu de considération? Rumer ne pouvait pas supporter de le regard, pas à cet instant. Pas parce qu’elle ne pouvait pas qu’il la voit pleurer, car elle ne pleurait pas. Parce qu’il la faisait sentir si … petite. Une moins que rien, qui ne faisait que servir à la cause et qui, éventuellement, mourrait. Peut-être garderait-on une minute de silence pour elle, mais, après ses soixante secondes, elle serait oubliée. « Je n’ai jamais voulu te cacher quoi que ce soit, Rumer. J’ai simplement… pris peur. J’ai eu tort. Tu ne mérites pas d’être traitée comme je l’ai fait, tu mérites mieux, beaucoup mieux. » Rumer observait Julian avec un air incrédule, les sourcils haussés et en secouant très légèrement la tête de droite à gauche. Sans toute que son arrogance était provoquée par sa colère, par sa rancune et aussi la douleur qu’elle pensait avoir réussi à mettre derrière elle qui, pourtant, était revenue au galop avec l’apparition inattendue du chef rebelle. Elle poussa un léger rire, visiblement moqueur, en leva les yeux au ciel. Comment pouvait-elle mériter mieux? Julian le disait comme si elle était une sorte de Sainte. Comme si elle, Rumer Sweenage, était une bonne personne. En quoi était-elle une si bonne personne? Elle agissait si cruellement avec Avalon la plupart du temps. Elle la mettait en danger en étant téméraire, en étant une rebelle. Peut-être que ses actions étaient justifiés par des motivations justes, par une bonne intention, mais, au final, elle n’était qu’une grande sœur trop contrôlante qui, en plus d’interdire à sa sœur de faire comme elle, la mettait dans des situations précaires. Elle n’avait peut-être jamais tué – pas encore, du moins – mais elle le ferait éventuellement. Elle aurait pu le faire. C’est ce qu’elle avait voulu faire, au Onze, mais sa peur et sa position après être trébuchée ne lui avaient permis que de blesser le pacificateur. Elle repensait souvent à ce moment, c’était quelques instants après que Julian se soit pris la balle qu’on lui avait réservée. Elle repensait à la faiblesse dont elle avait fait preuve à cet instant. Si elle pouvait revivre ce moment, elle n’hésiterait pas. Elle tirerait la première. Rumer avait la conviction qu’elle n’était pas une bonne personne. Comme les rebelles, comme les pacificateurs, elle avait du sang sur les mains.
Rumer lâcha un long soupire et passa sa main sur son front d’un geste lent après frissonné. Elle ne voulait pas lui répondre, elle n’avait pas la force de le faire. Pas la force d’argumenter avec lui. Il était borné, elle le savait, mais elle aussi l’était. Elle ne pouvait être sûre que ce qu’il disait, qu’elle méritait ‘beaucoup mieux’ ne s’appliquait qu’à ce bout de papier sur lequel il avait griffonné la raison de son départ. Pouvait-il faire allusion à la façon dont il lui avait crié dessus et dont il l’avait repoussée? Rumer voulait le savoir. Peut-être pour pouvoir mieux tourner la page et enfin arrêter de se repasser en boucle ces souvenirs. Mais elle ne le saurait pas, parce qu’elle ne ressentait que de la honte et de l’humiliation quand elle y repensait, la pathétique petite chasseuse qui va s’imaginer on ne sait trop quoi parce que le grand rebelle a eu le malheur de lui accorder un peu d’attention? Elle n’était que pathétique, mais aussi trop fière pour y faire allusion. Elle resta donc en silence durant de longues minutes, les jambes remontées contre sa poitrine et son menton posé dans le creux de sa paume de main. Rumer fixait un point à l’horizon, le regard vide. Elle était fatiguée, exténuée. Mentalement et physiquement. C’était étrange pour elle d’être ici et de penser à Kathleen. Elle avait dû éviter le bois quelques semaines après la mort de son amie, trop de souvenirs qui lui revenaient en tête. Elles avaient chassé ici, elles avaient parlé. Elles étaient devenues amies. Elle aurait voulu pouvoir insister sur sa question, insister jusqu’à ce que Julian lui offre une autre réponse que : je n’en sais rien. Il savait qu’elle portait Kathleen dans son cœur, mais peut-être qu’il n’avait fait qu’obéir aux ordres données avec le privilège de savoir qu’on avait ramené à la vie les tributs décédés en gardant le secret. Pouvait-elle lui en vouloir d’être professionnel? N’étaient-ce pas sa droiture et sa dévotion pour la cause qui l’avaient poussée à l’admirer? De plus, il n’avait aucune raison de l’inclure dans le secret, après tout… La rebelle passa ses mains sur son visage avant de les glisser au travers de sa chevelure. « Comment est-elle? Est-ce qu’elle va bien? » Les larmes remontèrent aussi à ses yeux qui étaient restés sec depuis qu’elle avait accepté de faire face à Julian. Ça s’était déjà vu, dans l’arène, de créer des mutations ressemblant aux anciens tributs, mais est-ce ce que les rebelles avaient fait? Créer des sortes de clones des feux tributs? Était-ce vraiment Kathleen et, même si c’était bien elle, était-elle pareille? Peut-on rester le même après être mort, surtout mort dans l’arène. Là où, ceux qui en ressortent vivants, ne sont plus les mêmes… « Mais pourquoi font-ils ça? Ils vont les former pour qu’ils deviennent des parfaits petits soldats de la rébellion? » Ils ne seraient pas mieux que le Capitole qui les avaient utilisés pour envoyer leur message, pour exercer un autre de leurs nombreux jeux de force. Rumer avait toujours eu cet avis partagé au sujet du District 13. Les rumeurs voulaient qu’on y soit si strict que la vie sous la surveillance des pacificateurs ne paraissait soudainement plus si dictée – bien que plus dangereuse. Quel puissant message ils pourraient envoyer au Capitole en affichant fièrement leurs anciennes victimes… Mais, au final, ils n’auront fait que la même chose que le Capitole : utiliser des innocents. La brise s’éleva à nouveau et provoqua un nouveau frisson dans le corps de la rebelle. Elle commençait à avoir chaud, comme des bouffées de chaleur. Rumer les mises sur le compte de l’émotion. Elle avait posé ses questions rapidement, tout se bousculait dans son esprit et elle devait s’exprimer à vive voix parce qu’elle sinon elle allait craquer et perdre le peu de sang froid qu’il lui restait. Mais, maintenant, elle était prête à écouter. Prête à entendre l’histoire qui, elle l’espérait, lui permettrait de comprendre ces paroles qui ne faisaient encore aucun sens et qui, malgré tout, lui donnaient envie de croire Julian.
« Est-ce qu’ils… Et les autres éditions? » Sa voix étaient si faible que lorsqu’elle se brisa dans un sanglot, elle ne pouvait même pas être certaine que Julian ait entendu la fin de celle-ci. Bien sûr qu’elle avait pensé à Billie, c’était tellement inévitable. Mais Rumer connaissait déjà la réponse à sa question : non. Même s’ils avaient pu essayer de faire l’expérience avant qu’elle ne soit finalement concluante, l’année où sa sœur périt dans l’arène devait remonter à il y a trop longtemps. Malgré sa logique, malgré sa raison, Rumer ne pouvait se retenir d’espérer.
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Lun 13 Fév - 6:17
De simples mots pouvaient faire tant de ravages. Des mots aux apparences inoffensives, dépourvus de sens lorsque prononcer les uns sans les autres, mais ensemble, devenaient dévastateurs. Julian connaissait la puissance des paroles, par expérience, par son vécu chargé. Non seulement son passé tumultueux de chef rebelle lui apporta un lot de souffrances physiques, mais il lui créa également des moments de pures douleurs morales. L’humain savait jouer de ses atouts et les paroles en faisaient sans aucun doute partie. Il avait lui-même utiliser les mots nombres de fois pour heurter les autres, pour mieux se faire comprendre, pour toucher ses alliés tout comme ses ennemis. Il connaissait l’effet d’une phrase. Malgré tout, malgré son lourd bagage, il ne parvenait toujours pas à mettre des mots sur ses sentiments du moment, à exprimer véritablement les raisons pour lesquelles il se comportait de manière si ingrate avec Rumer. Il pouvait mettre la faute sur sa vilaine habitude de se refermer sur lui-même lorsqu’il s’attachait un peu trop aux autres, mais ce n’était pas suffisant. Il ne parvenait pas à se contenter de cette justification… Et elle ne le pourrait pas, elle non plus. Elle savait tout aussi bien que lui que quelque chose d’autre l’avait poussé à agir de manière aussi froide envers elle et de lui offrir une piètre excuse comme celle-ci ne ferait qu’amplifier sa rancune. Alors il préférait être honnête. Lui affirmer véritablement qu’il n’en avait aucune idée. Que son attitude n’était pas la représentation réelle de ses pensées et de ses sentiments. Car si ce n’était que de son cœur, il y a bien longtemps qu’il serait de retour dans le neuf, implorant le pardon. Et aussi sincère soient ses paroles et ses justifications, Rumer semblait toujours vexée, insatisfaite. Son rire sec et agacé eut l’effet d’un poignard en plein cœur. Comment avait-il pu croire qu’il parviendrait à lui faire voir la vérité? À lui faire comprendre qu’il avait agi comme un idiot et qu’il en était tout à fait conscient? Elle ne réalisait pas combien il pouvait se torturer de remords… Elle ne comprenait pas qu’il ne se sentait pas à la hauteur face à elle, que ses gestes n’étaient pas dignes de sa personne. Lorsqu’il affirmait qu’elle méritait mieux que lui, il le pensait sincèrement. Mais sa honte l’empêchait de pousser davantage… Aussi borné soit-il, il ne semblait plus avoir le courage de regarder Rumer dans les yeux et lui répéter inlassablement qu’il se percevait comme un ingrat, jusqu’à ce qu’elle comprenne enfin qu’il s’agissait de la vérité. Son regard demeura égaré au loin, ignorant s’il devait pousser de nouveau ou s'il devait simplement subir l’insatisfaction de la rebelle comme punition à ses erreurs passées. Peut-être méritait-il toute cette haine, cette colère. Peut-être que de chercher à coller les pots cassés ne ferait qu’empirer la situation et blesser que davantage les sentiments de Rumer qui avait déjà assez souffert de son ignorance… En y repensant bien, Julian ignorait ce qu’elle pouvait vraiment ressentir pour lui. Il ignorait l’importance qu’il pouvait avoir pour elle et, de ce fait, les répercussions de son insensibilité pour elle. Portant un regard de biais, Julian put constater que les larmes avaient cessé de se déverser sur le visage blafard de la rebelle, alors que ses interrogations le faisaient à présent hésiter. Pourquoi ne s’était-il jamais posé la question? Peut-être avait-il tout simplement désiré l’éviter afin de ne rien compliqué… Peut-être, oui.
Dans un soupire, Rumer ne semblait pas vouloir se prononcer sur les dernières paroles du rebelle. Mais même si elle demeurait silencieuse, Julian pouvait imaginer ce qu’elle en pensait. Depuis les quelques années qu’ils se côtoyaient l’un et l’autre, il avait pu constater que l’estime de la rebelle n’avait jamais été très élevée. Ce qui était vraiment fâcheux à ses yeux. Elle valait beaucoup mieux que ce qu’elle croyait… Se résignant laisser ce moment de silence à la jeune femme, Julian laissa ses genoux s’enfoncer dans la neige, ignorant la sensation de froid qui montait le long de son corps. Heureusement, l’épais manteau qu’il avait reçu en cadeau lui permettait de garder toute sa chaleur et de ne pas attraper froid. Il ne saurait quoi ajouter de plus, si ce n’était d’autres excuses. Mais il se doutait que de couvrir Rumer de pardons n’arrangerait absolument rien. Ses yeux évitaient toujours de croiser son regard, espérant que cette marque d’attention lui permettrait de calmer légèrement son animosité à son égard. « Comment est-elle? Est-ce qu’elle va bien? » Julian avait redouté la question… Il avait lui-même peine à resonger à sa visite au Treize, toujours déboussolé par l’état de l’ancienne tribut. Kathleen n’allait pas bien. Pas bien du tout. Les quelques heures qu’il put discuter calmement avec elle, un moment elle s’était montrée hystérique, l’autre vulnérable et affaibli. Comment pouvait-il divulgué à Rumer que sa plus grande amie était victime des traumatismes des Jeux sans l’affecter davantage? « Mais pourquoi font-ils ça? Ils vont les former pour qu’ils deviennent des parfaits petits soldats de la rébellion? » L’agacement dans sa voix lui rappelait sa propre réaction face aux tributs supposément morts… Le Treize cachait bien son jeu et Julian détestait leurs petits secrets bien gardés. Ils servaient la même cause, non? Alors pourquoi ne pouvaient-ils pas avoir tous droit à la même information? « Je l’ignore » répondit-il en haussant des épaules. Son regard s’était finalement élevé vers son interlocutrice, cherchant les bons mots pour poursuivre la réponse à ses questionnements. Car, oui, il avait bien l’intention d’être totalement honnête avec elle. Chose qu’il aurait dû faire il y a bien longtemps déjà. « Kate… Elle ne va pas très bien. Elle était dévastée quand je l’ai vu… D’après les médecins, elle souffrirait de délires psychotiques dus à son passage dans les Jeux. » Sachant que ces informations n’allaient pas être facile à digérer pour Rumer, Julian fit une légère pause, observant sa réaction. Il ne voulait pas la blesser davantage, là n’était pas son but, mais elle avait le droit de savoir puisqu’elle n’avait pas le luxe de se rendre elle-même à la base rebelle. « Je vais la sortir de là, Ru’. Je ne la laisserai pas tomber, je te promets. » La même promesse qu’il fit à Kathleen. Et il avait bien l’intention de la tenir.
« Est-ce qu’ils… Et les autres éditions? » Bien entendu. Elle pensait à sa défunte sœur, Billie, qui avait perdu la vie lors des Hunger Games. Ils avaient déjà brièvement échangé à ce sujet et Julian savait combien celle-ci pouvait manquer à Rumer… Il aurait tant voulu pouvoir la rassurer, lui confirmer ou lui infirmer ses espoirs. Mais ses connaissances au Treize demeuraient limitées… Il avait déjà été chanceux de croiser Kathleen lors de son dernier passage, rares étaient les fois où il rencontrait des habitants de ce district. « Je suis désolé, je ne sais pas si… si elle a été sauvé. Je sais que certains tributs des années précédentes y sont encore vivants, mais j’ignore qui… Désolé… » Dans un élan de compassion, la main de Julian, cette même main qui avait décidé de se rétracter à la dernière minute il y a quelque temps à peine, vint se poser l’épaule de la rebelle. Et il ne put s’empêcher de constater qu’elle tremblait… Son corps chétif était constamment parcouru de frissons, annonçant un flagrant manque de chaleur. Assise dans la neige ainsi, elle ne pouvait qu’avoir froid après tout, mais Julian sentait que quelque chose n’allait pas… Ce teint pâle, ces tremblements incontrôlables, cette faiblesse flagrante. Les sourcils maintenant froncés, le rebelle oublia leur présente conversation, oublia leur conflit animé, et commença sérieusement à s’interroger sur l’état de la jeune femme. Se penchant vers l’avant, sa main quitta son épaule et vint se poser contre son front, sans se soucier de la réaction de son interlocutrice. Elle était brûlante! Comment pouvait-elle être brûlante alors qu’elle était installée sur un sol gelé? « Tu fais de la température? » s’alarma Julian alors qu’il se rapprochait davantage et qu’il portait un regard soucieux sur son visage de plus en plus blanc. Elle perdait de la vitalité, elle perdait toute couleur, toute force. « Rumer? »
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Mar 14 Fév - 2:18
Et si c’était vrai? Rumer doutait de moins en moins que Julian lui mentait. Le concept que certains tributs soient toujours en vie était toujours complètement absurde, trop fou pour être aveuglément cru par une personne aussi terre-à-terre, une personne aussi désillusionnée par la vie que l’était Rumer. Mais elle ne pouvait tout simplement pas trouver de motif qui expliquerait que Julian ait fait le voyage seul jusqu’au District pour la voir elle spécialement afin de lui raconter un pareil mensonge. Que pouvait-elle faire d’autre que de le croire? N’est-ce que pas ce qu’elle avait toujours fait devant le grand Julian Kennedy-Fawkes? Rumer avait toujours été impressionnée par lui. Il représentait tout ce qu’elle aspirait être : forte, courageuse et résolu. Elle l’avait toujours suivi jusque là, même aveuglément. « Je l’ignore » Mais s’il avait vu Kathleen, qu’il lui avait parlé, cela voudrait dire qu’elle non plus ne sait pas pourquoi elle est toujours en vie, elle ignore le sort qu’il lui est réservé. Cette pensée fit souffrir Rumer. Son amie devait être complètement perdue. Seule, les souvenirs traumatisants de l’arène, le traumatisme de sa propre mort … Tout ça sans même connaître la raison de sa deuxième chance à la vie. « Kate… Elle ne va pas très bien. Elle était dévastée quand je l’ai vu… D’après les médecins, elle souffrirait de délires psychotiques dus à son passage dans les Jeux. » Ses mots faisaient mal. Parce que Rumer se mettait à la place de son ancienne complice de chasse, parce qu’elle s’en voulait d’être ici, au Neuf, alors qu’elle souffrait ailleurs. Elle s’en voulait de s’être morfondue de sa mort durant toutes ces semaines, tous ces mois alors qu’au lieu de se montrer si passive, elle aurait pu y trouver la force de se battre et non la peur et le découragement. Les yeux fermés, ses incisives enfoncées avec force dans sa lèvres inférieures – dernier recours pour retenir les cris ou les sanglots – et ses bras serrés fermement autour de ses jambes, Rumer devait se retenir pour ne pas demander à Julian d’arrêter. Ce qu’il disait était pénible à entendre, pénible à digérer, mais c’était elle qui avait voulu savoir. C’était le seul moyen pour qu’elle puisse le croire s’il lui disait tout ce qu’il savait. « Je vais la sortir de là, Ru’. Je ne la laisserai pas tomber, je te promets. » Elle voulait y aller. Elle se rappelait de ce soir où elle avait demandé à Julian ce qu’il se souvenait de son passage à l’arène. Visiblement, il n'avait pas oublié grand-chose. On en restait traumatisé. Mais le traumatisme de sa propre mort ne peut qu’être plus difficile à gérer. Elle se devait d’être là pour amie, d’être là pour la sortir de cet enfer, c’était la seule façon qu’elle pourrait se pardonner d’avoir été absence durant ce calvaire. Elle ne demanda pas à Julian de l’amener avec lui, il refuserait sans doute. Elle ne savait même pas si elle pourrait supporter d’être avec lui pour une si longue route. Elle se débrouillerait. Après tout, se débrouiller, c’est ce qu’elle faisait depuis toujours.
« Je suis désolé, je ne sais pas si… si elle a été sauvé. Je sais que certains tributs des années précédentes y sont encore vivants, mais j’ignore qui… Désolé… » Le cœur de Rumer se serra brusquement dans sa poitrine, sa main vint instinctivement se placer vis-à-vis de celui-ci sur sa poitrine, par-dessus son manteau, alors qu’elle empoignait solidement le cuir souple. Ses paupières étaient fermement closes et sa lèvre inférieure tremblotait. Elle se faisait sans doute des idées pour rien. Quelles étaient les chances, après tout? Ils y avaient eu tant de tributs qui étaient morts entre les soixante-dixièmes Hunger Games et les soixante-quatorzièmes… Vingt-trois enfants à chaque année qui mourraient. Pourquoi, sur tout ce lot, Billie aurait été choisie? Elle était si jeune, si fragile. Elle n’avait rien qui pouvait intéresser les rebelles du District 13 à priori… « Je dois savoir… » Murmura-t-elle alors que son corps se balançait légèrement de l’avant vers l’arrière. Peut-être pour se réchauffer, peut-être pour s’occuper l’esprit et s’empêcher de perdre le peu de raison qu’il lui restait. Elle ne savait pas, elle ne le contrôlait pas, qu’à moitié Billie n’avait reçu qu’un coup de pieu en bois fait avec les moyens du bord par les enfants du troisième District. Elle ne faisait pas partie de ces autres gamins, les carrières de la soixante-dixième édition, qui avaient péri dans la finale qu’on qualifiait encore aujourd’hui de grandiose, dans l’explosion provoquée par le garçon du district des technologies. On n’avait pas eu à la sortir de l’arène en pièces détachées. S’ils avaient été en mesure de ramener Kathleen a la vie, pourquoi n’auraient-ils pas pu en faire de même avec le cadavre de sa sœur qui n’avait presque pas été mutilé? Rumer voulait s’accrocher là-dessus, sur cet espoir que peut-être sa sœur était aussi en vie, qu’elle attendait patiemment qu’on vienne la chercher. Si elle ne trouvait pas quelque chose à faire, si elle ne se trouvait pas une motivation, une raison de se lever le matin, une raison de vivre … Ce serait le début de la fin pour elle. Elle le savait. Elle sombrerait et serait rapidement perdue, comme l’avait été son père avant de mourir. Mais était-elle prête à se dédier à cette cause, à ce voyage vers des retrouvailles avec sa sœur qu’elle croyait perdue à jamais sans avoir la moindre certitude qu’elle puisse la retrouver? Il n’y avait seulement même aucun signe, aucun indice qui puisse la faire croire qu’elle avait raison d’espérer trouver quelque chose pour elle au District Treize. Possédait-elle la force mentale d’endurer une telle déception si le scénario le plus probable s’avérait être la réalité? Rumer balaya du revers de sa main quelques gouttelettes de sueur froide qui perlait à son front. Ce serait comme perdre Billie une nouvelle fois. Il y avait peu de chance que la rebelle soit en mesure de le supporter.
Son angoisse devait être lisible sur les traits de son visage, puisque Julian vint poser sur son épaule. Perdue dans ses pensées, Rumer n’avait pas vu venir le geste et ses muscles se crispèrent au moment du contact. Elle fixa longuement sa main et son épaule fini par se relaxer, elle fini par se relaxer aussi. Elle n’avait plus la force de le combattre et devait se résoudre à accepter sa sympathie. Rumer n’avait qu’à demi-conscience de la présence de Julian. Elle ne pouvait s’enlever Billie de la tête, évidement. Elle refusait de laisser cette petite flamme qui s’était allumée en elle, elle devait s’accrocher à ce peu d’espoir comme si sa vie en dépendait. A quelque part, ce devait d’ailleurs être le cas. Lorsqu’elle releva finalement les yeux vers ceux de Julian, Rumer fut surprise d’y lire de l’inquiétude. Elle pensait y trouver de la pitié. Peut-être même des regrets. Lorsqu’il leva la main vers son visage, elle fronça les sourcils, mais restait comme figée. Ses paupières se fermaient lentement, au rythme de sa respiration. « Tu fais de la température? » Pourquoi lui demandait-il ça? Elle ne se sentait pas bien parce qu’il venait de lui annoncer une nouvelle qui l’avait bouleversée. Il n’aurait sans doute pas meilleure mine si les rôles étaient échangés… Ces bouffées de chaleur, c’était toutes ses émotions qui les lui donnaient. Ses goulettes de sueur, c’était parce qu’elle se tracassait pour son amie et que, quelque part à des kilomètres d’où se trouvait, il y avait peut-être sa sœur qui l’attendait. Rumer eut un regain d’énergie, court. Assez d’énergie pour écarter la main de Julian de revers de la sienne. « Je dois aller au Treize… » Ses lèvres remuaient à peine alors qu’elle prononçait ces mots. Il aurait été étonnant que Julian les comprenne, même. « Rumer? » Elle le fixa un instant et déglutit péniblement. Rumer se racla la gorge, en grimaçant légèrement suite à la douleur qu’elle ressentit. Sa gorge était sèche, mais elle avait laissé sa gourde où elle avait été surprise par Julian. « Je dois aller au Treize. » Cette fois, ses mots étaient plus clairs, peut-être même compréhensibles. Comme encouragée par ses propres paroles, la chasseuse se releva rapidement, presque d’un bond, suivie par Julian. Elle dû fermer les yeux alors qu’elle mit sa main sur son front. Tout était comme embrouillé et l’étourdissement lui fit perdre l’équilibre. Elle penchait vers l’avant et fut rattrapée par Julian. « Je me sens pas très bien… »
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Sujet: Re: The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER Mar 14 Fév - 4:29
Julian la sentit se crisper sous son manteau alors que sa main se posait sur son épaule, comme s’il la réveillait d’un long songe perturbateur. Et il ne pouvait nier ce qu’il percevait… Son inquiétude avait été instantanée, fulgurante. Maintenant qu’il était alarmé, rien ne pouvait plus le distraire. Leur querelle semblait tout à fait enfantine au côté de ce qu’il venait de découvrir, au côté du potentiel état de santé de Rumer. Cette maigreur flagrante n’avait rien de normal. Certes, au Neuf, les habitants ne mangeaient pas toujours à leur faim, ils devaient tous rationner leur nourriture pour pouvoir nourrir tous les membres de la famille. Toutefois, Rumer était une bonne chasseresse. Elle ramenait toujours plusieurs gibiers au marché noir pour les revendre et obtenir quelques sous de ses prises. Et parfois, elle gardait quelques pièces de viande pour se mettre sous la dent et pour subvenir aux besoins d’Avalon également. Quelque chose avait changé depuis ces derniers mois? Elle ne parvenait pas à tuer suffisamment de bêtes pour satisfaire sa faim? Ou avait-elle tout simplement perdu l’appétit? Lorsqu’il vérifia sa température corporelle en déposant sa main sur son front, ses doutes ne furent que renforcés. Elle était en mauvais état. Il avait sous les yeux tous les signes d’une fièvre ardente qui, si ignorer, deviendrait potentiellement dangereuse pour sa vie. Combien d’habitants de Panem avaient succombé aux complications d’une vilaine pneumonie lors des hivers arides des districts du nord? Beaucoup trop. Étant lui-même le fils d’une infirmière, Julian savait reconnaître les symptômes d’un rhume. Peut-être était-ce encore bénin pour le moment, mais elle devait se reposer avant que les choses ne s’aggravent. Rumer ne semblait pas apprécier cette soudaine attention posée sur elle alors qu’elle balayait la main du rebelle afin de libérer son front. Elle ne semblait point se soucier de sa santé actuelle… Elle semblait même agacée des préoccupations de Julian à son égard. « Je dois aller au Treize… » Son murmure était si bas que Julian crut rêver. Elle n’y pensait tout de même pas? Mais bien entendu, il aurait dû se douter de sa réaction, il aurait dû s’attendre à ce qu’elle tente d’atteindre le Treize et de constater de ses propres yeux si sa jeune sœur était toujours vivante, comme Kathleen, ou si elle était réellement morte durant les Jeux. « Quoi? Tu n’y penses tout de même pas… » Elle ne survivrait même pas une journée dans les bois dans un état pareille… Elle ignorait le chemin, elle ignorait ce que ce périple signifiait, elle ignorait où elle s’aventurait! Julian refuserait qu’elle s’y rendre. Le Treize était simplement la solution de secours, tant et aussi longtemps qu’elle pouvait vivre dans un environnement plus ou moins sécuritaire, il n’accepterait pas de l’y conduire. « Je dois aller au Treize. » Il n’y avait plus aucun doute, elle désirait réellement partir. Ses gestes exprimèrent la sincérité de ses paroles alors qu’elle s’élevait d’un bond de contre terre. Alarmé, Julian suivit le mouvement et se retrouva à son tour ses pieds, le regard soucieux. À l’affût, il n’osait pas l’obliger à reprendre place au sol, mais il demeurait tout près, craignant le pire. Et comme il l’eut prédit, Rumer sembla soudainement désorientée, vacillant sur ses pieds, les yeux clos et la main posée contre sa tête. D’instinct, Julian rattrapa la rebelle de ses bras ouverts alors qu’elle perdait l’équilibre. « Je me sens pas très bien… » Cette petite voix faible eut raison de lui. Retenant le corps tremblotant de la jeune femme, Julian balaya quelques mèches blondes de son visage maintenant enduit de sueur froide alors que la température semblait monter en flèche. « Tu n’iras nul part dans cet état… » dit-il d’un ton aussi autoritaire qu’attentionné. Se penchant légèrement, il glissa son bras derrière les jambes de la rebelle et la souleva du sol, la portant comme une mariée. Il était temps de rentrer.
Alors que le soleil s’enfonçait un peu plus profondément dans le sol, Julian traversa la forêt du Neuf, direction la maison des Sweenage. Il avait parcouru suffisamment de fois cet environnement pour connaître le chemin de la demeure, sans se faire pincer par les Pacificateurs du district. Durant le trajet, Rumer semblait de plus en plus mal en point, rendant Julian encore plus hâtive de retrouver la chaleur de la maisonnée. À destination, le rebelle ne se fit pas prié et entra, Rumer toujours dans ses bras, même si ses muscles commençaient sérieusement à faiblir. Sans plus attendre, il se dirigea d’instinct vers la chambre qui lui servait de repère lorsqu’il séjournait ici, déposant enfin la rebelle sur le matelas. Il s’assurait qu’elle était en mesure de garder son équilibre en position assise pour finalement lâcher prise. Soufflant enfin de son trajet au travers les bois, Julian vérifia à nouveau la chaleur de sa peau, espérant que la situation n’avait pas empiré. Elle semblait tout aussi mal en point, elle tremblait toujours et son teint était aussi terne, mais au moins rien ne s’était aggravé. Il était alors temps de mettre à l’œuvre tout ce qu’il avait appris dans sa jeunesse. En premier lieu, elle devait retirer ses vêtements froids et trempés. Julian tourna momentanément son attention et fouilla dans les tiroirs de la table de chevet, croyant peut-être y trouver un morceau quelconque qui s’y était caché. Heureusement, il dénicha un de ses t-shirts – qu’il avait probablement oublié par inadvertance lors d’un de ses passages au Neuf – et décida de l’offrir à Rumer pour lui permettre d’être au sec. Il se retourna vers elle et déposa le bout de tissu sur le lit, tout près d’elle. S’agenouillant devant elle, il l’aida à retirer son manteau de cuir qui n’était certainement pas assez chaud pour des températures hivernales et le tint dans ses bras afin d’aller l’accrocher. « Je vais te préparer une tisane chaude pour faire baisser la fièvre. Pendant ce temps, changes-toi et installes-toi dans les couvertures. Je reviens, d’accord? » demanda-t-il calmement de son regard attentionné. Regard qu’il ne portait qu’à très peu de gens… Chose dite, Julian put quitter la pièce, prenant soin de refermer la porte derrière lui, et se concentra sur la boisson qu’il avait l’intention de concocter. Laissant le manteau de Rumer sur une chaise au passage, le rebelle mit de l’eau à faire bouillir alors qu’il cherchait dans les armoires de la cuisine les ingrédients adéquats. Il se souvenait les breuvages médicinales que Rumer lui avait préparé lorsqu’il fut touché par une balle et il s’avérait qu’il possédait lui-même des connaissances à ce sujet. Ayant une mère infirmière ainsi qu’un frère médecin, il acquit des facultés primordiales pour sa survie. Connaissances qu’il allait faire profiter à Rumer. Une fois que l’eau fut suffisamment chaude, Julian mélangea les herbes en question et ajouta un peu de sucre pour adoucir le goût. Une fois prêt, le rebelle attrapa une serviette et la passa sous l’eau froide, confectionnant une compresse pour aider à faire baisser la température élevée de la jeune femme. Ainsi, Julian revint sur ses pas, serviette et tasse en main, s’immobilisant devant la porte fermée de la chambre. Il toqua deux coups et attendit une réponse avant de pénétrer de nouveau. Il retrouva alors une Rumer affaiblie, étendue sous les draps, attendant patiemment son retour. Silencieux, Julian s’approcha et déposa la tisane fait maison sur la table au côté du lit. Ensuite, il plia précautionneusement la serviette froide et la déposa sur le front brûlant de la rebelle. « Ça va aider pour la fièvre. Je t’ai préparé une boisson avec des quelques herbes pour aider ton corps à combattre le virus. Et tu as besoin de sommeil. Si tu pouvais dormir quelques heures, tu te porterais déjà mieux. » Le regard soucieux, Julian demeura au chevet de la blonde quelques instants, espérant pouvoir faire plus pour elle. Mais il semblait avoir fait tout ce dont il pouvait pour le moment… Maintenant, il devait attendre de voir si son état allait s’améliorer ou, au contraire, empirer. « Je… Je serai sur le divan, juste à côté. Si tu as besoin de moi, tu n’as qu’à m’appeler. Ça ira? »
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The way that I used to be, before you ▬ JULIAN&RUMER