Il faisait nuit, nuit noire. Ma gorge brûlait, mon visage se déchirait par petits morceaux. Mon cri résonnait encore dans mes oreilles et la lame du couteau qui s’enfonçait dans ma chair était une souffrance intolérable. Je criais, jurait, pleurait mais rien ne put arrêter la douleur. Cette douleur qui t’empêche de bouger et te cloue au sol. Cette affreuse réalité que tu ne veux pas assimiler ; la mort. Celle qui te condamne pour l’éternité à errer dans les limbes, celle qui te juge coupable des faits passés qu’ils soient bons ou mauvais. Cette impression qui te fait croire que tu vivras, si c’est le mot, à jamais dans le vide.
Mais enfin, tout se tait. C’est le noir total. Tu ne ressens plus rien, n’arrive plus à penser. C’est simple, tu as fini d’exister. La mort t’a enveloppé et t’emmène ailleurs là où personne ne te verra. Mais des bruits te parviennent, flous et incertains. D’où proviennent-ils, que sont-ils ? Tant de questions qui restent sans réponse. Encore et encore la douleur qui te consume. Tu as bon hurlé, aucun son ne parvient à tes oreilles. Que se passe-t-il ? Tu as envie de sombrer mais l’on ne te laisse pas faire. Quelque chose ou quelqu’un te retiens à la vie. Tu ne veux pas, te débats. Cet endroit lugubre rempli de sang ne t’intéresse pas. Pourquoi ne peut-on pas te laisser tranquille ? Tu veux bouger pour protester mais rien ne répond. Est-ce donc cela la mort ? Cette liberté de penser, de sentir sans ne rien pouvoir faire ? Un supplice intolérable que tu devras vivre à tout jamais.
Soudain, quelque chose te réchauffe et ta poitrine se soulève. De l’air s’insinue dans ton corps et tu respires à nouveau. Tu peux sentir les battements de ton cœur qui t’annoncent la vie. Tu étais censée être morte et pourtant, tu te retrouves vivante. Non, je ne veux pas ressentir à nouveau cette torture. Je voulais mourir et m’arrêter de vivre. Et voilà, je me remets à penser. Des pensées cohérentes où je prends enfin conscience de mon être. J’aspire l’air à grandes goulées mais très vite, le noir reprend le dessus. Des brulures se font sentir sur ma poitrine et mon corps se cambre. Serait-on en train de me faire un massage cardiaque ? Et si le Capitole voulait se servir de moi ? Je tente de bouger mais rien ne réagit. Mon cerveau ne peut-être déconnecté de mon corps. Alors pourquoi mes yeux ne s’ouvrent-ils pas ? Je suis vivante mais je n’ai aucune emprise sur mon corps …

Des bips répétitifs me sortent de mon sommeil. Je grommelle. Où suis-je, qui suis-je ? Je ne sais plus. C’est un immense vide qui se fait dans ma tête. Je dois me souvenir de mon prénom. Je m’appelle comment déjà ? Ah oui, Ever. Ever January pour être précise. Bon c’est déjà un bon début. Maintenant, il va falloir que j’apprenne à ouvrir les yeux pour voir où je me trouve. Bon je vois un rai de lumière. Cela doit sûrement vouloir dire que j’ai réussi à soulever cette chose qui se trouve sur mon œil. Ce petit morceau de peau dont je ne me rappelle pas le nom. Je refais la même chose pour le deuxième. Voilà qui est mieux. Maintenant, il faut que je me mette en position assise. Je m’appuie sur mes bras et me tends vers le haut. Je tourne la tête sans reconnaître les lieux. J’hausse les épaules. Après tout, je ne sais que mon prénom. A quoi je ressemble, je n’en sait rien ! Un soupire s’échappe de ma bouche et j’avale un peu de salive histoire de l’humidifier. C’est bizarre, j’ai mal à la gorge. Je porte ma main à cet endroit lorsqu’elle est stoppée net. Curieuse, je regarde pourquoi. Je suis reliée à un lit d’hôpital – enfin je crois – par une corne nouée autour de mon poignet. Cela se répète pour mon autre main et mes pieds. Pourquoi suis-je attachée ? Je tire dessus mais sans succès. Je peste légèrement et le son de ma voix me surprend. Depuis quand ai-je une voix aigue ? Je me laisse retomber sur le lit et fixe le plafond. Cette histoire ne me dit rien qui vaille. Je ne me souviens plus de rien mais mon instinct me dit que ça sent le roussi.