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| GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Lun 21 Nov - 21:57 | |
| Cela doit bien faire une semaine que je n'ai pas adressé la parole à Freya, et cela me rend un peu triste. Au lac, je me sentais vraiment en confiance, et j'ai l'impression que sa fuite rapide m'a refroidi, et qu'elle se fiche à présent royalement de moi. Plus un contact, plus un regard, même pas un bonjour, le matin, en arrivant dans le champ. Ca me désole. J'avais cru comprendre que le courant était bien passé, mais je crois que j'ai dû tout simplement me tromper. C'est triste, mais c'est mieux, sûrement: je ne sais pas vraiment si j'avais passé autant de temps avec elle parce que je voulais, ou parce que c'était une manière de me faire pardonner pour avoir été si distant après la disparition de Tate. Toujours est-il que je me sens trahi, et que je me déçois que m'être autant livré à Freya. Ca devait bien être la première fois que je parlais autant. Pendant toute cette semaine, j'ai essayé de me convaincre que ce n'était qu'un mauvais rêve que j'avais fait, mais rien que d'apercevoir Freya me ramenait à la réalité, et la seule consolation que j'ai, c'est de l'avoir presque noyée. C'est ainsi - soupirant et assez dégoûté - que j'achève ma dernière journée dans le champ de coton. On m'a réquisitionné pour entreposer les sacs de graines dans les grands greniers du district onze, ce qui n'est bien évidemment plus compatible avec mon travail de récolteur de coton. Je n'en ai parlé à personne. De toute façon, qui s'en soucie? Rien ne changera réellement pour mes collègues, à part qu'ils mettront une petite journée de plus pour s'occuper de ce que je fais. Le coeur gros, je range mon couteau - plié - dans ma poche et essuie mes mains sur mon pantalon. Brutalement, la température a baissé dans le district, comme si la météo reflétait la relation entre Freya et moi. Je soupire et regarde le petit groupe qui prend le chemin en sens inverse. Peut-être que Freya a raison, et que je devrais tenter de m'intégrer... Non. C'est stupide. Je suis ce que je suis et je me verrais mal changer. Les gens ont une opinion de moi et cela serait gênant de devoir m'adapter aux autres.
Je remonte donc le chemin qui mène aux vestiaires en plein air, un peu triste, me rappelant de la première discussion sérieuse que j'avais eu avec Freya. Je sais qu'elle va me manquer, car même si nous ne nous parlons plus depuis notre rencontre au lac, sa présence m'apaise et je sens mon coeur se serrer à l'idée que je ne la verrais probablement plus, à part peut-être pour la Moisson de l'année prochaine, et encore. Les greniers où je vais bientôt travailler sont à l'autre bout du district, et je ne pense pas que le hasard nous offrira la chance de nous revoir à l'avenir. Le ciel se voile de nuages et je me dis que je n'ai définitivement pas assez profité des beaux jours, comme je n'ai pas assez profité de Freya lorsque je le pouvais encore. Je pourrais le jurer, mais je me demande bien pourquoi je n'ai pas pris le temps de mieux la connaître. Nous sommes similaires sur certains points, et je suis sûr que nous aurions pu nous entendre. Mais maintenant, avec ce qu'il s'est passé et l'idée qu'elle a de moi - un chercheur d'attention qui prend plaisir à avoir une cour de femelles gloussantes autour de lui - je doute que la situation s'améliore. Je me dis que c'est comme ça que les choses doivent se passer, et que je dois avoir un karma vraiment mauvais pour que cela m'arrive à moi. Bientôt, j'arrive aux vestiaires et je prends à part mon groupe, laissant délibérément Freya seule. Un peu triste de devoir leur annoncer mon départ maintenant, j'explique la réquisition de ma force et les réactions fusent. Certains sont déçus - simplement parce qu'ils auront plus de travail à effectuer - et d'autres se contentent d'hausser les épaules, marmonnant que je ne suis pas le premier jeune homme à être affecté autre part. Finalement, j'aurais peut-être dû inclure Freya. Elle n'aurait sûrement rien dit, mais encore une fois, je me serais senti plus serein si elle était là, comme si je lui confiais la garde de notre petit groupe d'une quinzaine de personnes. Loin de moi l'idée que j'étais le leader, mais en cas de pépin, on venait directement me voir. Chacun finit donc par s'éclipser, et je me retrouve seul avec Freya, dans les vestiaires, comme si le sort avait décidé que puisque notre première rencontre s'était produite ici, notre dernière se déroulera au même endroit.
Ma mère a eu la gentillesse - ou l'hypocrisie, je ne sais pas vraiment - de me prêter un sac en tissu et une gourde, qui est malheureusement vide et qui résonne douloureusement à chaque coup. Je remballe rapidement mes affaires, prenant soin de ne pas rompre le silence entre nous deux. Jusqu'au bout, je ne flancherais pas. Je retire le couteau de ma poche et le range tout au fond de mon sac, faisant bien attention de ne pas l'abîmer. La lame de ce couteau est particulièrement aiguisée, et j'ai une cicatrice fine et brillante sur la paume gauche pour le prouver. Je relace mes chaussures, prenant mon temps. J'ai comme l'impression que je n'ai pas envie de quitter Freya malgré toute la haine qu'elle doit ressentir envers moi et que je peux sentir dans l'air. D'un côté, je peux comprendre que je sois allé un peu trop loin au lac, mais je n'avais aucune mauvaise intention, elle a réagit bien trop vite pour que je ne puisse tenter de m'excuser. J'en ai presque des regrets. Je remonte mes manches, essuie de nouveau mes paumes rugueuses sur mon pantalon et je prends la direction du chemin qui permet de sortir des vestiaires et du domaine. « Je te laisse le groupe, Freya. » je lance sans m'en rendre compte. Avec elle dans les parages, je deviens un véritable moulin à paroles, et cela me déplaît. « Fais les mieux travailler. Ils ne sont qu'aux trois quarts de leurs capacités. » j'ajoute comme pour appuyer mes propos. « Je ne reviendrais probablement alors... prends soin de toi. Et évite de nager seule. » Je me surprends à revenir vers elle et à lui tendre la main pacifiquement, lentement, sans aucune sous-intention. Je n'ai pas envie de partir sur un malentendu, et j'aimerais particulièrement qu'elle accepte de faire la paix, même en apparence, que je puisse dormir sans me remettre en question.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mar 22 Nov - 17:27 | |
| Sans doute, cette semaine a été l'une des plus pesantes depuis quelques temps. Il m'est habituellement assez facile d'oublier mes altercations si elles ne sont pas très importantes, et le moment que j'ai eu avec Graham au lac ne cesse de revenir dans mon esprit. Je ne suis pas retournée près de cet endroit durant mes courses, craignant de croiser ce cher monsieur. Notre attitude de cette semaine pourrait ressembler à des enfants se boudant, mais ayant des raisons assez concrètes et plausibles pour l'ignorer, je n'ai pas honte de ça. Je me suis surprise parfois à l'observer lorsque je m'arrêtais de travailler quelques secondes, mais me reprenais très rapidement. Je me dis juste que ça deviendra plus facile, au fil du temps. Peut-être que je me sens juste coupable par rapport à Tate, qui serait surement bien content que je m'entende avec son meilleur ami. Mais Tate est parti, et cela ne me regarde plus, après tout. La journée s'achève lentement et je coupe à travers champs, comme chaque soir, pour que l'envie ne prenne pas à Graham de m'aborder. Il doit surement penser que ça ne me fait rien, de ne pas lui parler, comme ça, mais c'est faux. Cela me rend un peu triste, même si je ne veux pas me l'avouer. Si je dois choisir un ami à avoir, pourquoi ne pas prendre quelqu'un de peu loquace et d'intelligent, comme moi ? Mais je me suis rendue compte que ça ne marcherait jamais, alors j'ai préféré cesser avant que nous ne nous attachions trop à l'autre. Et j'ai bien senti que j'en étais totalement capable. Alors que je vais récupérer mon sac à mon endroit habituel, j'observe du coin de l'œil Graham qui a un air plus étrange que d'habitude. Alors que je reviens, après avoir récupéré mes affaires, je le vois rassemblé avec tous les paysans qui travaillent avec nous. S'il a choisi de me mettre à part, est-ce à cause d'une raison particulière ? Mes sourcils se froncent. Et s'il est en train de leur parler de moi ? En train de répandre de vilaines rumeurs à mon sujet à cause de sa colère ? Je me prépare à fondre sur le groupe et décide de me contenir. Ne pas faire une scène devant tout le monde, ils en parleraient durant des semaines.
J'attends que tout le monde se disperse, mais même là, je n'ose pas aller lui parler pour lui demander de quoi tout ceci s'agit. Il reste planté, moi aussi, mais je ne l'observe pas parce que ce serait un peu trop évident. Je feins de rattacher mes lacets et l'entends enfin partir. Je vois qu'il a récupéré un sac -bien pour lui après tout- et le regarde s'éloigner petit à petit. Je soupire et attends qu'il disparaisse totalement de mon champ de vision pour me diriger moi même vers la sortie, quand sa voix m'interpelle. Je ne comprends pas vraiment de quoi il parle, la journée est finie, le groupe s'est dispersé ? Et pourquoi parle-t-il, de toute façon, comme s'il était en charge de notre groupe ? Il parle comme s'il était en train de prononcer ses adieux, et je dois avouer que cela ne me plait pas du tout. Alors qu'il revient, je l'observe fixement, attendant de plus amples explications, et il me tend la main, comme ça. Alors, est-ce vraiment un adieu ? Je croise les bras, lui faisant comprendre explicitement que ce n'est pas la peine d'essayer ça avec moi. « Tu t'en vas ? » Même si j'ai déjà compris la réponse, je veux l'entendre de sa bouche. Et savoir le pourquoi. Est-ce qu'il s'en va à cause de moi ? Bien sûr que non, il ne prête pas autant d'importance à ma personne. Est-ce qu'il déménage ? Quitte le district ? Je le sais pas bien plus riche que moi, alors ce n'est surement pas ça. « Tu es bien gentil, au final. A un moment, tu veux me donner tes rations de tesserae, et l'autre, tu t'en vas en me laissant la certitude de ramener moins de nourriture chez moi le soir. » Je ramène mes cheveux derrière mon oreille droite, feignant l'indifférence. « Je m'en fiche, après tout .. de toute façon. » Même si je suis plutôt habile pour mentir, d'habitude, ma voix ne peut cacher une certaine émotion. Je secoue la tête comme pour me dire que ce n'est qu'une impression et reste plantée. Il faudrait probablement que je parte, maintenant. Mais si c'est vraiment la dernière fois que nous nous voyons, pourquoi ne pas être gentille, après tout ? Il ne dirait rien. Il ne parle jamais. Mais je me rappelle qu'il ne quitte surement pas le district et qu'il pourrait très facilement venir me voir ensuite, si je lui donne des signaux qui pourraient porter à confusion.
« Je peux te poser une question tout de même ? Avant que tu partes. » Qu'il me dise non ou oui, je lui poserais quand même. Juste pour voir sa réaction, s'il répond, ou pas. Je saurais interpréter tout ce qu'il dira ou fera par la suite et me ferai ma propre réponse. Elle n'est pas tellement surprenante, cette question, après tout. Je me la suis posée pendant tout le temps au lac, alors qu'il était gentil avec moi. Peut-être que je n'aurais pas dû réagir comme ça, mais je ne peux pas l'empêcher. Inutile de rester sur ce sujet. Finalement, je fixe mon regard à terre, me mord la lèvre et me jette à l'eau. « Je suis persuadée que tu n'es gentil avec moi, quand tu l'es, que parce que tu te sens obligé de l'être. Je suis sûr que tu te sens coupable et l'une des raisons pour laquelle je ne veux plus que l'on se parle, c'est que je me demande constamment si tu te comporterais comme ça avec moi si je n'étais pas la sœur de Tate. Je déteste que l'on ait pitié de moi, ou quoi que ce soit. Et je me dis que peut-être tu essayais de te racheter, en m'aidant, peut-être que cela t'allégeait la conscience. Le fait est que je ne veux pas être cette fille et que je ne le serai pas, et que si quelqu'un veut me parler, c'est parce qu'il s'intéresse à moi. Chose impossible, je le sais bien, et c'est pour ça que je suis solitaire. » Je serre la main et mes ongles s'enfoncent dans ma paume. « Je sais, ce n'est pas une question, au final. Ce n'est pas important. » Je soupire et met le sac à dos sur mon épaule. « Au revoir, ou adieu, vu la façon dont tu le présentes. »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mar 22 Nov - 18:52 | |
| Freya ne me serre pas la main et je me sens comme un idiot. Je soupire et plaque le bras le long de mon corps, crispé. Je la regarde tristement et acquiesce lorsqu'elle me demande si je pars . « Je vais bosser aux greniers. » je dis, détaché. J'ai déjà tout expliqué à nos collègues, alors si elle veut des détails, elle leur en demandera. Je ne me sens pas de tout répéter, d'autant plus que mon émotion de lancer un au revoir à Freya me rattraperait et je me retrouverai avec la voix tremblante. Je ne dis rien alors qu'elle lance une pique en feignant l'ignorance. Que je sache, elle a refusé mon aide, alors bon, elle est mal placée pour critiquer mon attitude. Je voulais lui offrir mes tesserae, et elle l'a refusé. Je pense que Freya est assez grande pour comprendre que c'est elle qui serait la plus à blâmer sur ce point là, mais je ne dis rien. Pas la peine de se quitter sur un malentendu, sachant que je suis du genre à ne pas pouvoir dormir, pensant trop aux évènements de la journée. Je lève un sourcil, gardant une contenance, et je croise à mon tour mes bras douloureux sur ma poitrine. Elle s'en fiche de toi, elle s'en fiche complètement. Je tente de me convaincre de cela, et réussis pour une fois plutôt bien. Après tout, elle le dit elle-même que je lui importe peu. Moi qui était assez triste de lui présenter mes adieux, je ressens une pointe de colère mais je n'ose rien dire. De toute façon, c'est trop tard, elle a embrayé sur une question qui n'en est pas réellement une. Freya fait vraiment la pluie et le beau temps sur mon humeur. Tantôt elle me fait sourire, tantôt elle m'énerve, mais elle ne me laisse jamais indifférent. Et en l'occurrence, après m'avoir rendu énervé, elle me brise un peu le coeur. Croit-elle vraiment que je m'intéresse qu'à elle que pour obtenir son pardon? Je secoue la tête avec dépit. Elle se trompe complètement, et je n'ai pas vraiment le courage de la contredire, mais je me force et les mots découlent de ma bouche dans un flot sans fin que je n'arrive pas à contrôler.
« Je ne suis pas comme ça. » je commence en reniflant. « Tate me manque. C'est indéniable, et je m'en veux de ne pas avoir eu la présence d'esprit de me manifester plus tôt, mais c'est le passé et je ne peux pas le changer, et encore moins tenter de me faire pardonner. C'est trop grave pour qu'une ou deux conversations puissent l'effacer. » Je ne reconnais pas facilement mes erreurs, mais cette fois je le fais sans grande difficulté. Je suis étonné par le propre son de ma voix, qui semble posé et un peu plus mature. « Je n'aurais jamais pitié de toi, bien au contraire. Tu es forte, bien plus forte que la majorité des gens du district, et j'ai trop de respect pour toi pour te réduire à une petite chose sans défense. » Et je pense réellement ce que je dis. Je renifle et jette un coup d'oeil au ciel. « Et puis tu es vraiment intéressante. C'est triste que les autres ne le remarquent pas. » Nous avons déjà abordé le sujet de l'intégration à la communauté, alors je n'ajoute rien. Un silence s'installe entre nous deux alors que le ciel se grise progressivement. Quelle ironie. J'hausse les épaules, décroise les bras et resserre la prise de ma main sur la ance de mon sac en bandoulière. « Donc oui. Je pars. » J'essaye de prendre encore une fois un air détaché, mais ma voix se brise sur le dernier mot et me fait l'effet d'un pétard mouillé. Quelle triste fin pour une relation qui n'a même pas frôlé le stade d'ami mais qui n'est pas juste une connaissance parmi tant d'autres. Je sais, je sens qu'il y a quelque chose entre Freya et moi - Tate ? Nos points communs ? - qui est indéfinissable, et je doute que ça le soit un jour. J'esquisse un sourire désolé. « Bref... » Je ne sais pas trop quoi ajouter. C'est délicat de parler avec elle, parce que je me suis rendu compte qu'il faut que je choisisse mes mots. En sa présence, je me contredis et ça me laisse une mauvaise impression de moi-même que je pense qu'elle partage.
« Tu vas me manquer. Vraiment. » J'ai l'impression d'être l'un de ses adolescents stupides qui rougit face à son premier amour de vacances. Pas qu'il y ait quoi que ce soit de romantique entre nous - elle se fiche totalement de moi, j'ai eu l'occasion de le remarquer au lac, et même si je le trouve agréable à voir, ce n'est pas pour autant que je développe des sentiments plus qu'amicaux à son égard - mais j'ai l'impression que nous avons traversé trop de choses ensemble - quoi que, en quelque sorte séparés - pour que ça s'arrête sur cette situation. J'ai envie de la connaître, de la voir rire, de l'entendre parler, et je me trouve soudainement stupide alors que mon visage devient rouge. J'espère qu'elle ne l'a pas remarqué. Je crois bien que mes semelles sont collées au sol car je ne bouge pas d'un poil, je ne cille pas, à moins que je n'ai juste pas le courage, ni l'envie de la laisser. Je laisse mon regard vagabondé, mais je suis trop obnubilé par ce silence angoissant pour fixer un point et attendre quelque chose de sa part. Freya ne fera sûrement pas plus, et cette conversation est stérile. Elle n'acceptera pas le fait que je puisse l'apprécier indépendamment de Tate, et je peux la comprendre. Qui ferait confiance à celui qui ne s'est pas manifesté depuis deux ans? C'est une réaction humaine, et je ne me ferais même pas confiance à moi-même. Je lance un énième coup d'oeil au ciel et constate qu'il ne va pas tarder à pleuvoir. On va peut-être même avoir droit à un orage. Je me sens sourire à cette idée - la pluie est apaisante. « Il va pleuvoir. Je t'accompagne jusqu'à chez toi ? »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mar 22 Nov - 20:11 | |
| Je me trouve incroyablement stupide. L'entendre répondre à mes phrases, cela ne fera que rendre la tâche plus difficile. C'est un garçon gentil, il ne dira pas des choses qui me feront m'éloigner de lui. Alors qu'il commence à parler, je souris quelque peu face à sa réponse. Il est exactement comme ça, à dire ce que n'importe quelle personne voudrait qu'il dise dans la même situation que moi. Mais je ne suis pas comme eux, et je n'ai pas envie d'avoir plus de sympathie pour Graham. Je veux le détester comme je le faisais avant, mais je n'y arrive plus. Cela me met dans une rage incroyable. Je suis sûre que ce numéro marche à fond sur les filles, mais tout ce qu'il me dit ne me fait que me rendre mal à l'aise. J'aurais préféré qu'il m'appelle égoïste ou hypocrite comme au début. Forte, je ne le suis qu'en apparence, quand à intéressante .. Il peut dire ce qu'il veut, mais je sais qu'il ne le pense pas. Je reste stoïque en écoutant ce qu'il dit et remarque la cassure dans sa voix lors de sa dernière phrase, sans le dire. Pendant une seconde, je me plais à croire qu'il pense vraiment ce qu'il dit, et puis je me rappelle d'une des phrases que je me répète constamment : ne faire confiance à personne. Il ne bouge pas, et je n'ai pas envie d'être celle à rompre cet entretien. J'attends donc. Il semble avoir envie de rester, et envie de partir à la fois, ce qui me flatte d'un côté, et me gêne d'un autre. Il prononce alors quelques mots qui me font relever la tête et paraître surprise quelques instants. Est-ce qu'il le pense ? Je suis, la plupart du temps, plutôt forte pour voir si les gens sont en train de mentir. Mais là, je ne sais pas trop quoi penser. J'ouvre la bouche pour dire « moi aussi » et finalement ne dis rien. Cela ne ferait que rendre la tâche de séparation plus difficile. Et pourtant, je l'aurais pensé. Ce temps au lac, même la dispute dans le champ, ces moments m'ont fait me sentir plus vivante que jamais. La plupart du temps, j'ai l'impression d'être un robot sans âme, et de me rendre compte que j'étais encore capable de ressentir et d'avoir de la surprise, cela me plut.
Je le vois observer le ciel et sourire. Les nuages gris ne sont annonciateurs que d'une chose : la pluie. Et je ne dois pas dire que cela me réjouit. Je n'ai pas envie d'être trempée et de prendre de nouveaux jours de congés. Il me propose de me raccompagner et je considère la chose pour quelques instants, puis acquiesce. Cela ne peut pas faire du mal, et puis il n'habite pas si loin de chez moi. Ce serait assez étrange de marcher à une distance respectable, en silence, sans se parler pendant la majorité du chemin. Je commence à marcher et garde mes bras croisés, me rappelant de sa manie de m'attraper la main. Pendant à peu près dix minutes, nous restons tous les deux très silencieux. Ce n'est pas pesant, enfin je ne crois pas, mais je ne cesse de chercher quoi dire. Je ne sais pas vraiment de quoi l'on parle durant une « dernière » conversation, quand on se connait aussi peu que lui et moi. Et puis, j'ai une idée folle. Et quand je dis folle, c'est .. que je ne comprends même pas ce qui me passe par la tête. Mais je me dis que puisque nous ne nous verrons plus, ce n'est pas très important, et je suis sure que cela lui fera plaisir. Lentement, je déplie mes bras et sans bouger le regard -qui est sur le côté inverse de celui où graham se trouve-, j'essaie d'attraper sa main au hasard. La première fois, je rate -il faudrait sérieusement que je m'entraine-, et la deuxième fois j'arrive à attraper ses doigts, et remonter pour que nos paumes se rencontrent. Je serre ma main fermement mais rien ne transparait sur mon visage, pour moi, rien n'a changé. Sa main est rugueuse, mais à part ça, la sensation est plutôt agréable. Quelques secondes plus tard, la pluie commence à tomber. Enfin, pluie est un petit mot. J'ai plus l'impression d'être sous une cascade qu'autre chose, et même si je rêve d'envie d'aller me réfugier quelque part, je me rappelle du petit sourire de Graham et je pense qu'il préfère rester sous l'eau. J'oublie le risque d'être malade, je lui dois bien ça.
En quelques dizaines de secondes, je suis trempée jusqu'aux os. Superbe, surtout que je n'ai pas de veste, ou de manteau (ce n'est pas forcément le genre de truc qu'on prend pour aller aux champs), et c'est donc assez désagréable. Je resserre ma prise sur la main de Graham puisque pour l'instant, c'est la seule source de chaleur que je puisse trouver. Quand je pense que je ne peux vraiment plus supporter ce temps, je me retourne vers Graham et lui crie -sinon il n'entendrait pas, à cause de la pluie- : « On fait la course ? » et avant qu'il puisse répondre, je lui lâche la main et commence à courir au devant, pas trop vite au début pour qu'il ait le temps de comprendre, puis j'accélère. Au bout d'un moment, je ne regarde même plus derrière moi pour voir s'il suit, et comme à chaque fois que je cours, je me concentre sur toutes les sensations de mon corps. Étonnamment, courir sous la pluie est quelque chose que je trouve apprécier plus que je ne l'aurais imaginé. Je ne me sens pas transpirer à cause de l'eau, cela me rafraichit, je peux même ouvrir la bouche pour boire un peu. Le problème c'est qu'avec ces trombes, on ne voit pas à plus de quelques mètres devant soi, et ce n'est pas pratique. Au bout d'un moment, je trouve un endroit où m'abriter et m'y dirige, regardant enfin derrière moi pour voir où Graham en est. Et là, horreur, personne en vue. Je me redonne du courage pour repartir en sens inverse et refais toutes les rues que j'ai traversé, j'espère sans exception.
La pluie ne s'arrête pas. Je jure que je n'ai jamais vu autant de pluie tomber dans ce district, à croire que tout est là pour qu'il m'arrive des problèmes ! Après une quinzaine de minutes à le chercher à pleine allure, je reprends mon souffle dans une petite allée quand je sens quelque chose sur mon épaule. Sans réfléchir, je me retourne et assène un coup de poing à mon assaillant, qui tombe en arrière dans une grande flaque d'eau. J'écarte les mèches de cheveux qui m'obstruent la vue et vois Graham, à terre, saignant du nez et de la bouche. Je me couvre la bouche, étouffant un bruit de surrise, et j'espère de tout cœur que je ne lui ai pas cassé une dent. Rapidement, je l'aide à se relever et lui touche la machoire pour voir s'il n'a pas quelque chose de cassé. « Désolée Graham .. »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mar 22 Nov - 21:03 | |
| Je ne peux pas m'empêcher sourire timidement lorsqu'elle accepte que je la raccompagne. Nous habitons presque la même rue, et même sans que je ne lui demande, nous nous serions retrouvés assez proches, même si je sais qu'elle aurait sans aucun doute couru. Bizarrement, le silence qu'il y a entre nous deux pendant la majeur partie du trajet est apaisant. J'ai l'impression d'être parfaitement à l'aise avec elle, ce qui est une contradiction par rapport à mon caractère, et à mes habitudes. Je me surprends à tendre l'oreille pour entendre sa respiration, et je calque la mienne là-dessus. L'expérience est amusante, et m'empêche de penser trop au fait que c'est notre dernière chance de se crier dessus. Et puis, alors que je suis sur le point d'ouvrir la bouche et de dire une énième stupidité, je sens sa main frôler la mienne et je retiens un frisson. Je me dis qu'elle n'a pas fait exprès, que ça arrive à tout le monde, et puis je sens soudainement sa paume se coller contre la mienne et le frisson que j'ai tenté de retenir revient en force et parcourt tout mon corps. J'écarquille les yeux malgré moi, fixant toujours un point au loin. Le fait que ce soit elle qui ait engagé le contact me choque, me surprend, et me fait terriblement plaisir, en même qu'il ne rend triste. Finalement, elle m'a accepté dans son espace vital... le dernier jour. Je me dis que c'est toujours comme ça, que ma vie ressemble à un film de mauvaise qualité ou à un livre à l'eau de rose destiné aux gens du Capitole. Mais la chaleur de la main de Freya me sort de ma réflexion.
Elle me propose alors une petite course sous la pluie drue que j'apprécie tant et je mets quelques secondes à tilter ce qu'elle vient de me demander. Moi qui croyait qu'elle ne courait que seule, je me sens honoré qu'elle me fasse cet honneur. Elle prend rapidement de l'avance mais je ne pense pas qu'elle soit à son maximum. Elle est si fine, si fluette, qu'elle se perd entre les gouttes d'eau, et je me mets à courir le plus vite que je peux, ne voyant pas grand chose dans ce véritable torrent qui nous tombe dessus. Je songe à toutes ces plantations que la pluie va abîmer, mais ce n'est à présent plus mon travail et il faut que je me détache de tout cela. Mes jambes me portent et je sens mes muscles s'activer sous la peau. Mon coeur bat si vite que j'ai l'impression qu'il va exploser, mais je ne suis pas sûr que cet état soit dû à la course. Je serre les dents alors que je la perds totalement de vue. Zut. Mais comme à toute chose malheur est bon, j'en profite pour reprendre mon souffle et chercher un sujet de discussion. L'eau m'empêche de voir quoi que ce soit, alors je me réfugie sous l'espèce de porche d'une petite chaumière. Je me frictionne les bras, tentant de garder ma propre chaleur, et je me mets à croire que Freya a fait exprès de me laisser seul. Jusqu'au bout, elle aura été intenable. Je soupire et claque des dents. Je déteste ce son, mais puisque cela permet à tout mon corps de se réchauffer, je ne m'arrête pas. Quelle stupidité de croire qu'elle aurait pu tenir à moi, ou du moins m'apprécier... Je laisse mon regarde divaguer, et remarque soudainement la silhouette familière de Freya. Je me relève rapidement et me dirige vers elle, dans son dos.
Et puis, alors que je pose ma main sur son épaule, tout s'enchaîne vite. Je sens ma mâchoire se déformer pour accueillir un coup de poing et je tombe au sol. Un goût salé et écoeurant se déverse dans ma bouche mais je suis trop sonné pour réagir. Elle vient de m'envoyer un crochet dans la tête, la garce! Je tente de me mettre en colère mais mon corps ne veut pas répondre, et Freya me remet debout tant bien que mal. Elle pose une main froide sur mon visage et je grimace. J'ai encore toutes mes dents, mais mon visage va garder longtemps une marque de cette attaque. Je porte une main à mon nez et constate que lui aussi a pas mal pris. Sans parler de mon dos déjà douloureux qui ne va pas s'en remettre avant longtemps... Je m'essuie le sang qui coule lentement en filet du coin de ma bouche et je crache par terre - pas très gentleman, certes - pour effacer ce goût persistant. Je prends un instant pour me remettre de mes émotions, mais la douleur est toujours là sans que je puisse y remédier. Je sens mon visage se déformer, mais de toute façon, personne ne me voit. J'ai envie que Freya remette ses mains froides sur mon visage, mais elles les a enlevé, et cela devait bien être pour une raison. Quant aux miennes, au bout d'un long moment non quantifiable, je ne sais pas pourquoi, mais elles se posent comme naturellement sur les hanches osseuses de Freya, et je sens mon corps se basculer vers elle, l'étreignant comme une poupée de chiffon. Mais brusquement, je reprends vite mes esprits en me détachant d'elle, me confondant en excuses.
« Désolé..? » Je termine en grimaçant.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mar 22 Nov - 21:52 | |
| Si seulement la pluie n'était pas là ! J'aurais entendu ses pas derrière moi, et je me serais retournée avant de lui envoyer un poing dans la face .. Le nombre de fois qu'on a essayé de me voler quand je ne faisais pas attention. Je suppose que cela m'est rentré dans la tête. Il n'a pas l'air trop prêt à me crier dessus alors cela me rassure, parfois, il change d'humeur sans que je ne puisse le prédire. Je me sens terriblement confuse, et cela ne m'arrive que très rarement. Je me sens stupide. J'aurais pu faire autre chose que le blesser, et maintenant, son visage est .. un peu abimé. Je ne peux retenir un sourire sarcastique en pensant à toutes les filles du district qui trouveront que cela lui ajoute un côté bad boy séduisant. Alors que je pense à ça, je sens ses mains sur mes hanches et bientôt, tout son corps est contre le mien. J'essaie de comprendre ce qu'il se passe, est-ce qu'il est vraiment en train de m'enlacer ? Alors que je viens de le frapper au visage ? Ce garçon est définitivement étrange. Je ne le serre pas dans mes bras mais je ne le pousse pas, ce qui pour mon cas, est quand même très, très important. De toute façon, il se retire bientôt par lui même avant de s'excuser, se rappelant très bien de l'autre fois au lac. J'aimerais oublier cet épisode autant que lui. Je rigole de manière légère et lui frappe légèrement la tête.[color=crimson] « On va dire que c'est à cause du choc, d'accord ? » J'espère qu'il ne s'est pas fait mal à la tête en tombant par terre, tout de même. Il doit juste être un peu sonné. Alors que je l'observe en souriant, la pluie s'arrête d'un coup et je lève les yeux au ciel pour voir le soleil qui pointe son nez. Tout est étonnamment calme, à présent. Ce n'est jamais aussi calme, dans le district, mais tout le monde a dû s'abriter à cause de la pluie. Je me rends compte à quel point nous sommes fous tous les deux, surement les seuls à pouvoir faire la course sous la pluie comme si c'était absolument naturel.
Maintenant que la pluie ne nous empêche plus de voir, je ne peux m'empêcher de regarder Graham des pieds à la tête. Je dois avoir surement l'air d'un chien mouillé, pas très joli, mais ce look « je viens juste de sortir de l'eau » ne lui va pas si mal. Je recommence à marcher rapidement pour ne pas m'attarder plus longtemps à l'observer et fourre mes mains dans mes poches mouillées, les retournant pour en enlever ce qui reste d'eau. « Je crois que le ciel était très triste de te voir aller travailler à l'autre bout du district. » Oui, c'est vraiment ce que je peux dire de plus proche sur mes propres sentiments. Qu'il prenne cela comme il le veut, mais je ne lui dirai jamais directement qu'il allait me manquer ou quoi que ce soit. Je ne suis même pas sûre que cela change quoi que ce soit à ma vie, de toute façon. Je m'en remettrai vite. « Dis donc Graham, pourquoi tu essaies de me tremper sur 2/3 de nos rencontres ? Trouverais-tu un certain plaisir pervers à me voir aussi belle qu'un chien … rat mouillé ? » Je marche quelques minutes sans rien dire, en réfléchissant. Je ne me reconnais plus, à vrai dire. Parler, faire de l'humour, rire, m'amuser. C'est vrai, je passe un très bon moment, à part la partie où je lui ai donné un coup de poing. J'ai envie que nos maisons soient si lointaines qu'il nous faudrait des jours pour arriver, et où nous pourrions jouer et parler tout du long.
« J'ai été stupide. » Quelle façon étrange de commencer une conversation. Et de toute façon, ce n'est pas quelque chose que je dis habituellement : Freya a toujours raison. Alors, je me corrige un peu. « Enfin, non, justement. J'ai été logique, j'ai pensé de façon rationnelle. » Comment se parler à soi même, et arriver à se contredire dans deux phrases à quelques secondes d'intervalle. Je reste silencieuse quelques temps, histoire de mettre tout en place dans ma tête, et recommence à parler. « Le problème c'est que, je ne pense pas que l'on puisse penser de manière rationnelle par rapport aux relations. Je pense que c'est tout le contraire de rationnel, logique, attendu. Si on m'avait dit que je ferai la course avec Graham St William sous la pluie pour m'amuser, je ne l'aurai pas cru. Mais n'est-ce pas la beauté de la chose ? La surprise, l'inattendu. Je ne sais pas quoi penser. » Je tourne la tête vers lui, le regarde dans les yeux et lui souris, en continuant d'avancer. « Pour être tout à fait honnête avec toi, je ne crois pas que j'ai autant parlé avec quelqu'un depuis la mort de Tate. Ni souri, ni ri, ni sentie ... » Je m'arrête quelques secondes pour trouver mes mots. [color=crimson]« Apaisée, bien. » Je me cache subitement la tête avec les mains, comme gênée par ce que je viens de dire. « Je suis stupide, je sais. Je me sens stupide en ce moment, et je me demande bien si tu n'es pas en train de me voler tous mes neurones. »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 15:21 | |
| Je m'entends rire à sa remarque sur l'eau, et nos rencontres. Maintenant qu'elle le dit, ça me semble évident, presque trop, et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un jour, je l’emmènerai voir une plage, une vraie, avec des coquillages naturels et du sable blanc à perte de vue, comme dans les représentations que je me fais du quatrième district. « Je dois dire que voir ton corps trempé est un véritable plaisir ... » J'espère qu'elle ne prendra pas ma réplique mal, puisque je n'ai aucune intention qu'elle le fasse. J'ai envie de rester avec elle pour toujours, et de savoir reconnaître chacune de ses mimiques, et qu'elle connaisse les miennes. J'ai rapidement l'impression d'être stupide et excessif, alors je plante mon regard au loin et entends sa respiration comme une berceuse. Je tente de faire disparaître ce sourire niais de mon visage, mais c'est peine perdue, je ne parviens pas à adopter une expression plus décente. Tant pis. Je peux laisser tomber mon masque d'indifférence un peu: je sais que Freya n'est ni du genre à se moquer, ni du genre à se vanter que moi, Graham St. William, lui ai sourit pendant plus de trois minutes. Alors que mes pensées divaguent un peu plus et rêve de souvenirs avec elle que je n'aurais plus jamais l'occasion d'avoir, je l'entends s'excuser. Enfin, s'excuser, c'est un grand mot. Disons simplement qu'elle utilise les bons mots pour se justifier par rapport à son attitude. J'hausse les épaules. J'aurais réagi pareil, et avec du recul, je me rends compte que la plupart du temps, avec elle seule dans les parages, je me mettais à faire n'importe quoi, juste pour attirer son attention une seconde, ce qui a dû la mettre mal à l'aise. Je ne m'étais pas senti aussi en confiance avec quelqu'un depuis longtemps, ça doit être pour cela que je ne me reconnais pas lorsque je pense à tout ce que j'ai pu dire, ou faire, ou même penser.
Je rougis et sens mon coeur accélérer ses battements lorsqu'elle parle de son apaisement et de son impression de vivre un peu plus en ma présence. Je sais que de sa bouche, c'est une véritable compliment et que cela lui a demandé beaucoup d'efforts. A vrai dire, je ne sais pas comment le prendre : est-ce qu'elle veut dire qu'elle m'apprécie ? Est-ce qu'elle veut continuer à me fréquenter ? Je ne dis rien, et la laisse continuer. Elle n'est pas stupide, et j'espère qu'elle le sait. Et juste différente des autres. Si je parlais à une fille du district de cette façon - ce qui m'étonnerait, je n'ai aucune envie de supporter une seule d'entre elles - je n'entendrais que des gloussements agaçants et j'aurais le sentiment de gâcher mon temps. Et ici, ce n'est pas le cas. Au contraire, chacun des moments que je passe avec Freya, je tente de le garder dans un coin de ma tête, comme un souvenir précieux que je ne veux perdre sous aucun prétexte. « Tu ne peux pas être plus stupide que les autres, je te rassure.. Et puis, ça doit être l'effet Graham, non? » Je lui lance un petit coup de coude, avant de regarder rapidement autour de nous deux. Les gens commencent à sortir de leurs maisons, comme des escargots. Ils ne sont pas nombreux, mais c'est suffisant pour que je me crispe et pour que mon sourire si sincère s'efface brusquement. Je suis désolé pour Freya, parce que je l'apprécie vraiment, et que j'aimerais passer du temps avec elle, rien qu'avec elle, mais ma petite réputation de torturé incapable de sourire me rattrape. Même si je ne vais plus travailler dans cette partie du district, ma renommée me précède, et je me doute bien que mes futurs collègues riront de moi si ils apprenaient que j'aime beaucoup - enfin, que j'apprécie - quelqu'un. Inconsciemment, je m'éloigne d'un pas sur la droite de Freya. Maintenant, c'est à moi de me sentir stupide. J'ai envie que la pluie revienne, qu'ils partent tous et qu'il ne reste plus qu'elle et moi.
Mais après tout, ça pourrait sembler évident aux autres que j'ai besoin de me retrouver avec Freya, puisqu'elle aussi a souffert et - je le sais maintenant - souffre toujours de sa mort. Je me dis que si on me demande pourquoi je traîne avec elle, j'utiliserais ça comme excuse. Et vu que beaucoup ont perdu un proche dans les Jeux de la Faim, ils nous laisseront tranquilles. Mes épaules se décrispent mais je ne tente pas un pas pour me rapprocher d'elle, car je sens les regards des gens que nous dépassons dans mon dos. « C'est bien la première fois que je vois le beau temps aller et venir aussi vite. Ca doit être comme pour dire que le soleil n'a pas envie de quitter le district. » je dis, comme une réponse à sa petite phrase à propos de mon départ du district et de la météo. Mais rapidement, je me rends compte qu'une conversation sur quelque chose d'aussi futile est stérile, alors je me tais pendant un instant, avant de reprendre. « Toi aussi tu me rends stupide. Dès que je suis près de toi, je change du tout au tout, et je m'embarrasse autant qu'un gamin. Ce qui n'est pas pour me déplaire, évidemment ! » Elle sait aussi bien que moi que ça me déplaît, que ça me gêne, et que ça me fait extrêmement plaisir en même temps, ou du moins je l'espère. Je veux qu'elle sache qu'elle compte beaucoup pour moi, mais c'est terriblement idiot que me dire ça parce que je ne pourrais jamais lui dire, alors, comment pourrait-elle un jour le deviner ? Je rougis de mes propres pensées et me frictionne les bras, que je croise ensuite sur ma poitrine. Une de nos collègues de notre âge, occupée à tendre son linge sur un fil de fer en dessous de son porche, dévisage Freya avec dédain et j'ai la brusque envie d'aller la voir et de lui dire ses quatre vérités. Dans un coin de ma tête, je me dis qu'il serait bien que je ne commence pas à surréagir dès que l'on touche à la jeune fille qui marche à côté de moi. Je soupire, et m'aperçois que nous ne sommes qu'à quelques rues de nos maisons respectives. Ca y est alors. C'est terminé. Mon coeur se serre alors que nous empruntons une ruelle moins fréquentée. Je m'arrête brutalement et ai un petit sourire rempli de tristesse. « Bon bah... On est bientôt arrivé. » Je résiste à la tentation de refaire le chemin en sens inverse, mais nos vêtements sont trempés, et ça serait dommage de ne pas attraper qu'un simple rhume, mais carrément une pneumonie et être cloué à nos lits. « C'est triste qu'on s'entende bien uniquement la dernière fois qu'on se parle, je trouve. » Je reprends ma marche sans conviction. « Donc je pensais qu'on... » J'inspire profondément. « Qu'on pourrait se voir. Enfin, tu me comprends, pour discuter, et tout ça... »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 17:32 | |
| Tout doucement, les gens commencent à sortir de leurs maisons. J'essaie de ne pas penser aux remarques que l'on me fera dans les jours à venir, qui viennent systématiquement dès que j'adresse une seule parole à un garçon du district. Et là ce n'est pas seulement n'importe quel garçon, c'est Graham. Mais je sais les faire taire alors je n'ai pas vraiment envie de changer de comportement. Graham s'autorise même un peu d'humour, et je suis plutôt heureuse de découvrir un peu plus ce qui avait surement charmé Tate dans sa personnalité. Il n'est pas aussi froid et coincé qu'il en a l'air, au loin. Et je suppose que je ne suis pas aussi méchante que j'aime le montrer, d'habitude. Je sens Graham s'éloigner de moi et comprenant que c'est à cause des gens qui nous regardent, je me sens quelque peu blessée. Mais après tout, j'y suis habituée, à présent. Ne pas salir sa réputation en trainant avec Freya ! Totalement normal. Je l'écoute me parler et je retiens un sourire en l'entendant dire que je le rends stupide. C'est vrai que je ne l'avais jamais vu agir comme ça auprès de quelqu'un auparavant, ces blagues et ces moments où il agit comme un enfant qui aurait fait une bêtise. Mais c'est mignon, je suppose. En tout cas, cela m'amuse. Alors que je suis en train de marcher, je vois que plusieurs personnes me regardent avec dédain, mais je leur souris de manière sarcastique, comme je sais si bien le faire. Inutile d'aller les provoquer, cette histoire de mènerait à rien et ne ferait qu'empirer les choses. Bientôt le quartier devient bien plus reconnaissable puisque nous nous trouvons très près de nos deux maisons. La mienne est plus proche du champ que celle de Graham, de quelques centaines de mètres seulement. C'est bête, que ce soit seulement notre dernière conversation. Enfin, ce n'est pas vraiment ce que je veux .. Comme je l'ai laissé entendre il y a quelques minutes. Plus ou moins explicitement ? Je ne crois pas qu'il ait compris. Ou que je me suis faite comprendre. Il s'arrête et je fais de même, et serre les dents en entendant sa phrase. Oui, on est bientôt arrivés. Mais j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas remarquer. Je l'écoute parler .. C'est triste, en effet. Nous recommençons à marcher et j'essaie de réprimer mon sourire lorsqu'il me propose, très explicitement cette fois là, que nous nous revoyons.
« Est-ce que tu le veux vraiment ? Ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère. Ce n'est pas parce que là, nous ne nous sommes pas disputés, que nous ne nous disputerions pas à une autre rencontre. Je crois que nous nous sommes tous les deux retenus parce que c'était la dernière fois. Moi, si je me laissais aller, je te dirais oui, avec mon cœur, comme je te l'ai expliqué. Mais mon cerveau n'est pas tout à fait OK avec cette idée vois-tu ? J'ai peur que cela ne nous porte plus de préjudice que cela ne nous apporte de bonheur. Mais on peut toujours y réfléchir. » Nous arrivons devant ma petite maison, et en jetant un coup d'œil par la fenêtre, je remarque que personne n'est là. Je pose la main sur la poignée de la porte et me retourne vers Graham. « Tu veux rentrer ? Je peux nous faire du thé. » Sans écouter sa réponse, j'ouvre la porte et ne la referme pas, attendant qu'il rentre. Je serais assez vexée s'il ne rentrait pas, mais bientôt je le vois entrer dans le salon tandis que je verse de l'eau à chauffer. Nos deux maisons doivent sans doute être les mêmes, vu nos conditions sociales. Il n'y a pas grand chose dans la pièce principale, mais en tout cas, c'est impeccablement propre. Le ménage que je fais tous les soirs et matins y est surement pour quelque chose. « Tu peux t'asseoir si tu veux » dis-je alors que je met la bouilloire à chauffer. La maison n'est pas grande mais cela me suffit. Au moins, je ne dors pas dehors. Alors que tout est mis en place, je m'assois sur les couvertures face à lui, en tailleur. J'enlève mes chaussures et mes chaussettes et agite mes doigts de pied, cela fait du bien. Ce qui est bien, dans le fait d'être chez moi, c'est que personne ne peut nous entendre, et que personne ne nous surveille. Et que du coup, on peut faire et dire à peu près tout ce qu'on veut.
« J'espère que tu ne te feras pas sélectionner pour les jeux l'année prochaine. Le bon côté c'est que c'est ta dernière année ! Après ça, tu es libre. Plutôt chouette. » Je le regarde dans les yeux et essaie d'imaginer comment il agirait s'il se retrouvait Tribut. Je ne le vois pas s'allier avec les Carrières, il serait surement solitaire, mais je ne le vois pas non plus tuer quelqu'un. En fait cela me briserait le cœur de le voir se plier à la volonté du Capitole de cette façon. Cela m'avait fait déjà bien assez de peine pour Tate, de le voir jouer le jeu, comme ça. Mais il n'était pas aussi cruel que d'autres, qui tuaient à mains nues. Tate laissait les autres s'entretuer la plupart du temps, et essayait juste de rester en vie. Je pense que c'est son manque de cruauté qui l'a fait perdre. Il aurait très bien pu gagner ce combat mais je pense qu'il a fait exprès, d'une certaine façon. Il est mort fidèle à lui même. Quand à moi, je suis sure que je pourrais tuer des gens que je ne connais pas, c'est triste mais la vérité. Quand on pense aux gens qui sont à la maison et qui ont besoin de nous. A notre district qui a besoin de nourriture. La chose qui me dérange le plus, en vrai, c'est que l'on soit forcé à se comporter comme des animaux pour le plaisir du Capitole. Juste pour qu'ils s'amusent. Pendant qu'eux sont au chaud, dans leur canapé et devant leur télévision. Cela me révulse, qu'ils trouvent autant d'intérêt à envoyer des enfants à la sentence de mort. Des enfants innocents, pour la plupart. Je me rends compte que je suis restée assez longtemps silencieuse et me lève pour aller vérifier la bouilloire. Je verse l'eau dans deux tasses et les apporte en faisant attention avant de les poser par terre entre nous deux. « ça s'est déjà vu, des frères et sœurs sélectionnés pour les jeux. Je me demande parfois si c'est vraiment par hasard qu'ils choisissent les Tributs. Enfin bon. Si je me fais sélectionner, ce ne sera pas une grande perte pour le district, mais c'est pour ma famille que je me pose des questions. » Je pose mes mains sur ma tasse pour me réchauffer les mains et attrape celles de Graham. « On ne sait jamais ce qu'il va nous arriver. Mais est-ce que tu peux me promettre quelque chose ? Si je meurs, ne fais pas la même chose qu'avec Tate. Occupe toi de ma famille, un petit peu, s'il te plait, je ne pense pas qu'ils y arriveront d'eux même. C'est beaucoup te demander, je sais, mais je ferais la même chose s'il t'arrive quelque chose. Même si nous ne sommes pas amis, même si nous ne le devenons jamais, même si nous finissons par nous haïr. » Je garde mes mains dans celles de Graham, parce que cela me semble naturel. Et puis il ne fait pas très chaud dans la pièce, c'est la moins qu'on puisse dire. « Parfois je me demande comment la vie serait, si le Capitole ne nous prenait pas tout. Nos proches, notre argent, notre nourriture. Si les Pacificateurs ne faisaient pas régner ce climat de terreur qui empêche chaque mouvement. Je me demande ce que cela ferait d'être libre. Mais ça n'arrivera jamais … Et la mort est à chaque coin de rue. Je me demande parfois s'il ne faudrait pas vivre la vie à fond pour ne rien avoir à regretter par la suite, quand nous n'aurons plus rien. »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 18:21 | |
| Je souris, et je la suis, bien content que Freya me propose d'entrer chez elle. A sa place, je l'aurais probablement laissé dehors, mais seulement à cause du désordre ambiant de la pièce à vivre. Celle de Freya, a contrario, est parfaitement rangée, et malgré le manque flagrant de place et de meubles, je trouve sa maison assez chaleureuse. Lorsque j'étais ami avec Tate, je n'avais jamais été autorisé à entrer dans sa maison, et je me demande bien pourquoi. J'ai terriblement envie de poser la question à mon hôte, mais elle prend la parole avant moi, après avoir mis de l'eau à bouillir pour un thé. Je soupire lorsqu'elle se lance sur le sujet des Hunger Games. A vrai dire, avec toutes les tesserae que j'ai choisi de prendre - un peu plus d'une quinzaine, je crois -, et mes nombreuses entrées dues à mon âge, je crains d'être sélectionné parmi des centaines et des centaines de billets. Je n'ai jamais eu beaucoup de chance, et je me suis toujours persuadé que quelques centimètres à côté du billet fatal de Tate se trouvait le mien. C'est peut-être stupide, mais c'était une manière de me dire que ce n'était pas de ma faute, juste le destin, ou sa malchance, je ne sais pas comment définir cette force. « C'est vrai que vu le nombre d'autres garçons qui sont obligés de concourir, je dois avoir à peine une ou deux chances sur plusieurs centaines d'être tiré au sort, et puis, certains autres prennent beaucoup plus de tesserae que moi. » je dis, peu convaincu par mes propos. De toute façon, si je devais participer aux Jeux, ma technique serait celle de m'allier avec les plus forts pour survivre, et de retourner ma veste au dernier moment. Avec ma force, je suis persuadé que des Carrières m'accepteraient dans leur groupe, surtout si je parviens à obtenir de bons sponsors. Mais ce qui est sûr, c'est que je n'ai aucune envie de mourir sans m'être battu, c'est ma fierté qui est en jeu. Freya n'ajoute plus rien, et je me dis que j'ai dû jeter un froid en parlant de tesserae, mais elle se lève, remplit les tasses d'eau chaude et revient, posant les tasses au sol.
Ca me déçoit que Freya pense à elle d'une telle façon, moi qui la trouve si intéressante et si indispensable à la vie de beaucoup de gens - dont moi ? D'une certaine manière, chaque habitant est important à son district, et égoïstement, ça serait elle qui me manquerait le plus si elle venait à mourir dans l'arène. Je ne crois pas que je penserais une seconde à la famille de l'autre tribut du onze, et encore moins à sa famille. Alors que je réfléchis, les yeux fixant la tasse qu'elle m'a donné, je sens ses mains se glisser dans les miennes et ce contact m'est apaisant. Je décide de ne pas poser de questions sur le pourquoi-du-comment un tel geste, et je me contente de la presser brièvement. Elle parle alors d'un monde sans ce Capitole si omniprésent et omnipotent, mais je ne suis que peu convaincu: d'un côté, je comprends ce qu'elle veut dire, mais de l'autre, un Panem sans Capitole voudrait dire aucun Peacekeeper et l'anarchie totale. Je ne suis pas partisan du gouvernement en place, mais je pense qu'un bazar d'une telle ampleur serait bien plus dangereux que ce que nous devons supporter. Je soupire lourdement. « Moi, je pense que si ce n'était pas le Capitole qui nous prenait tout, ça serait quelque chose. Et peut-être quelque chose de pire, alors, quitte à choisir, je préfère rester dans cette situation et endurer plutôt que de vouloir autre chose. Les hommes sont des bêtes en cage. On reviendrait toujours plus ou moins à la même situation, tu crois pas? Des districts exploiteurs, des districts exploités, des districts souffre-douleurs et des districts assez indépendants, mais en minorité. » Je lui lance un regard et je me demande soudainement si elle... Si elle ne croirait pas réellement à un district treize toujours vivant. Je ne veux pas qu'elle devienne une rebelle. Les risques qu'elle soit abattue sont trop importants pour que je la laisse gâcher sa vie, mais de toute façon, je ne suis même pas sûr de son statut, alors, je préfère ne pas faire de suppositions hâtives. « Et puis, nous n'avons déjà rien, ça serait peine perdue de vouloir vivre la vie à fond pour ne rien regretter, comme tu dis. Si nous étions d'un district un peu plus riche, comme dans le sept, ou dans le cinq... Là, se battre, ça servirait vraiment. Mais dans un district comme le notre, ça ne ferait que multiplier les risques d'une guerre civile. » Et si on reste parfaitement neutre, rien ne pourra nous arriver, je rajoute pour moi-même. Je lance un sourire un peu déconfit à Freya, espérant qu'elle ne prenne pas mal mes paroles.
« Tu y crois toi, au treizième district ? » je demande en baissant d'un ton, la voix blanche. « Moi, j'y crois pas. On s'en serait aperçu depuis bien longtemps, et puis, je ne pense pas que les treizièmes ont réellement survécu. On m'a toujours dit qu'avec ce que le Capitole avait lancé pour mater la rébellion, ils étaient tous morts et enterrés. » Je n'ai aucune envie de remettre en cause ce que l'on m'a appris. Je préfère être ignorant. Je ne dis pas que j'ai confiance en le gouvernement, bien sûr. Ils ne sont pas clairs du tout, et puis, je déteste la manière qu'ils ont d'envoyer à l'abattoir des innocents chaque année. En faisant cela, ils ne font qu'accroître les risques de voir toute une génération se lever contre eux, et je ne trouve pas cela fin de leur part. Après tout, ne sont-ils pas censés tout pouvoir contrôler ? Et si la situation leur échappait ? Ma sécurité serait alors instable, et je me refuse à cela. Je suis peut-être lâche, et les petites lâchetés des uns mènent tout le monde à la perte collective, mais j'ai choisi mon camp, et tant qu'on ne me met pas directement face à mes responsabilités, ma conscience est propre comme un sou neuf. Je prends une gorgée de thé, délaissant la main de Freya et lui jette un coup d'oeil, avec le regard plein de sous-entendus dont la subtilité lui échappe peut-être. A travers la question à propos du treizième district que je lui ai posé, je lui demande indirectement, « Est-ce que tu fais partie des rebelles ? » Je me rends soudainement compte que j'ai prononcé ces mots à haute voix, sans prendre la peine de chuchoter, et j'ai un instant la frousse de ma vie à l'idée que les vitres éclatent et que des Pacificateurs envahissent la maison de Freya, mais cette futile paranoïa se dissipe rapidement alors que je laisse ma main se reposer sur la sienne, exerçant une pression douce. Je n'ai pas envie qu'elle évite la question. Mon coeur bat plus vite que d'habitude, et je ne sais pas pourquoi. Peut-être que j'ai tout simplement peur qu'elle m'avoue que oui, c'est une rebelle, et qu'elle ne puisse plus me fréquenter à cause de ma neutralité par rapport au Capitole et à toute cette révolte qui gagnerait, selon des gens, de la puissance.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 18:58 | |
| Je ne sais pas vraiment ce que je ferais, si Graham se faisait choisir. Dans l'état où est notre relation à présent, cela me rendrait surement triste mais je n'en serais pas traumatisée. Nous ne nous sommes pratiquement pas parlé, et en plus, nous nous sommes beaucoup disputé. Dans l'hypothèse ou nous deviendrions amis, par contre, ce serait différent. Mon premier ami depuis Tate, ce ne serait pas quelque chose d'anodin. Le voir se faire tuer dans les jeux, ce serait encore pire. C'est encore une des raisons pour lesquelles je déteste vraiment le Capitole. Tate n'était pas aussi révolté contre le gouvernement en place que moi, mais je savais qu'il n'était pas d'accord avec tout ce qu'il se passait. Nous n'en parlions jamais, cela n'aurait fait qu'alourdir les moments passés ensemble. Graham, j'ai toujours pensé qu'il était plutôt du côté des gens qui ne supportaient pas la société actuelle et qui deviendraient volontiers des rebelles si ils n'avaient pas une famille à protéger, comme moi même. Alors s'il était en plus enrôlé dans cette machinerie du Capitole pour effrayer les gens et qu'il en périssait, cela serait un coup dur pour moi. Inutile de dire que je n'essayerai plus d'accorder ma confiance à qui que ce soit, tant que la société ne changerait pas. Enfin bon, c'est plutôt inutile de se faire du mauvais sang pour rien à ce stade, je ne sais pas si son nom sera pioché, ou même si nous deviendrons amis. Quand je l'entends parler, mon léger sourire s'abaisse très vite. Ses idées sont tellement pessimistes ! Et pourtant ce n'est pas venant de la personne la plus optimiste au monde ! J'aime à rêver, tout le monde a le droit de rêver. Et je pense que l'on pourrait avoir mieux. C'est lâche de ne pas essayer. Je me renfrogne en l'écoutant et essaie de me dire qu'il ne pense pas ce qu'il dit. Je pensais qu'il aurait plus d'imagination que ça. Qu'il rêvait à un monde meilleur, comme moi. Je serais devenue rebelle sans aucun doute, s'il n'y avait pas mon frère et mon père. Je ne suis pas lâche. En fait, rien que l'idée de l'être m'arrache un rictus de dégoût, et c'est ce même dégoût que je ressens à présent pour Graham. Quand il me demande si je crois au treizième district, j'ouvre la bouche pour répondre mais il me devance en répondant de lui même. Et là, je tombe encore plus bas. Il croit donc tout ce qu'on nous dit ? A la télé, par le Capitole ? Ce n'est que du lavage de cerveaux. J'aime à croire que le district 13 est toujours en vie, mais le fait est que beaucoup qui y croient ont des théories trop farfelues. Je suis sûre qu'il y a des gens sains qui ont la preuve de cette existence mais comme je ne parle pas à beaucoup de monde, je ne risque pas de les trouver. C'est trop dangereux, en plus. Mais si j'ai un jour l'occasion d'aller vérifier par moi même l'existence ou non de ce district, je le ferai. Si je peux y déménager avec ma famille, je le ferai. Je les convaincrai, peut-être les forcerai, si je pense que c'est pour leur bien. Il remet sa main sur la mienne, mais je ne peux plus supporter cette proximité, alors je croise les bras en le regardant d'un air plus ou moins mauvais.
« Je ne te croyais pas comme ça, Graham. Tu me déçois. » Je le laisse interpréter cette phrase comme il le veut, après tout, nous ne sommes pas assez proches pour que je souffre réellement de ce qu'il peut bien penser. « Non, je ne suis pas une rebelle. En tout cas, officiellement. Mais si je le pouvais, si je n'avais pas d'attaches dans ce district, si je n'avais pas de père et de petit frère ... » Je baisse la voix, contrainte de m'avancer un peu pour qu'il m'entende. « Je le serais. Sans aucun doute. » Je soupire et passe la tête dans mes mains quelques secondes. « Je veux croire que nous pourrions mieux vivre. Les différentes classes sociales, cela existera toujours. Mais cela ne veut pas dire que l'écart entre celles-ci doit être aussi grand. Rien que manger à notre faim, cela ne devrait pas être un si gros problème. Il paraît qu'ils ont tout ce qu'ils veulent au Capitole. J'en ai marre de n'avoir aucune liberté. Personne ne devrait vivre de cette façon. Je hais les habitants du Capitole qui suivent tout comme des moutons. Nous sommes tellement, dans les districts, que nous pourrions vraiment faire quelque chose. Je pourrais sacrifier ma vie si cela voulait dire que les autres vivraient mieux, et tout le monde devrait être prêt à faire une telle chose. » Je prends ma tasse et bois quelques gorgées. Je ne veux pas m'énerver, et je m'efforce de garder une voix calme. Peut-être que Graham a juste peur de dire ses véritables opinions parce qu'il ne sait pas ma position sur tout ça. Je doute qu'il ne me dénonce à un Peacemaker, mon frère n'aurait jamais été meilleur ami avec un tel homme, alors je n'ai pas vraiment peur de lui dire ce que je pense. Et si on m'arrête, si on me tue en public, je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour ce en quoi je crois. Je ne veux pas mourir dans un mensonge.
« Tu ne trouves pas ça dingue ? Qu'on doive travailler tous les jours, toute la journée, sous tous les temps pour un si maigre salaire ? Que l'on saute des repas et que notre ventre gargouille la majorité du temps ? Que tous ces enfants meurent d'épuisement ou de faim ? Des enfants ! Et pendant ce temps ceux du Capitole se gavent à en vomir ! Et bien sûr, qui on envoie dans une arène pour se combattre à mort ? Je trouve ça injuste. Totalement injuste et je ne vois pas comment on peut même penser l'inverse ! Oui, ça pourrait être pire, mais ça pourrait être mieux ! Et tant qu'à faire, autant essayer de se battre pour aller dans le bon sens ! Quant au district treize .. J'ai envie d'y croire, oui. Le Capitole nous ment constamment, et cela peut très bien être encore une de leurs supercheries.»
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 20:20 | |
| Je ne vois pas trop quoi répondre à Freya. Je sais qu'elle a plus que raison, que c'est terrible, injuste et que c'est écoeurant que nous, les plus pauvres, les plus fragiles, devions être aussi soumis que cela au Capitole, et que nous devions payer pour eux alors que nous nous battons déjà pour survivre. C'est terriblement gênant pour moi qu'elle mette des mots sur des choses que j'ai toujours tenté d'oublier, et ma lâcheté qui au départ de ne me dérangeait pas plus que ça me rend à présent mal à l'aise. Cette discussion a jeté un froid entre nous, et le fait qu'elle me dise directement que je la dégoûte me serre le coeur. J'aurais vraiment dû me taire, mais le mal est fait. J'ai l'impression qu'entre Freya et moi, c'est toujours trois pas en avant, deux pas en arrière et cela me fatigue. Elle me confie qu'elle pourrait devenir une rebelle sous certaines conditions, et je me dis que si elle me fait assez confiance pour me dire cela, il y a toujours une infime chance de corriger mon tir. Je l'écoute, lancée sur le sujet, et je remarque dans sa voix toute la haine, tout le dégoût et tout le désespoir qu'elle ressent. J'aimerais faire un geste, mais cela me semble mal placé, et je me ravise finalement. J'analyse chaque vibration dans sa voix, je guette chaque mot qu'elle prononce. J'entends et comprends tout ce qu'elle me dit, mais je n'ai pas envie de la soutenir. C'est assez confus dans ma tête. D'un côté, je veux rester sur mes convictions et rester ignorant pour me protéger, d'endurer toutes ses conditions de vie effroyables sans broncher, mais elle parle avec une telle ferveur que je n'arrive pas à ne pas vouloir approuver chacune de ses paroles. De toute façon, elle ne me laisse pas le temps de placer un mot, enchaînant les phrases à toute vitesse. Elle termine finalement rapidement et je fixe un point au fond de ma tasse, concentré. Il est trop tôt pour une révolte. Ca serait du suicide de sortir du district. Le onze est un véritable concentré de Pacificateurs, et même si quelqu'un arrivait à s'enfuir, il serait probablement rattrapé dans le deux, ou dans le cinq. Peine perdue. Mieux vaut attendre l'arrivée des rebelles dans notre district ou le retrait des forces armées plutôt que de tenter quoi que ce soit, du moins, c'est mon avis.
Je ramène mes genoux à la poitrine après avoir posé ma tasse sur le sol. « Je suis désolé de te décevoir. » je dis simplement, dans un souffle. Je pense un instant à lui mentir et à lui dire que je veux moi aussi être un rebelle, mais ça ne me ressemblerait pas de mentir sur des choses aussi graves. « Je sais que je suis lâche, mais comme je te l'ai expliqué, j'ai peur que ça ne devienne pire si le Capitole vient à être renversé. Après l'euphorie de la victoire, qu'est ce que les rebelles feront? Je ne remets pas en doute leur bonne volonté, mais ... » Je n'arrive pas à terminer ma phrase, car une ombre vient de passer devant la fenêtre. J'attends un instant - est-ce que je deviendrais paranoïaque? - et reprends lorsque je suis sûr que personne ne peut nous entendre. « Mais est-ce qu'ils ne vont pas simplement inverser les rôles? Le district onze devient le district un et vice-versa. » Je fixe le sol, un peu déboussolé. « Mais je sais que tu as raison. Il y a un vrai, gros problème, mais ce n'est pas le moment d'y penser. Je pense qu'il y a encore une ou deux années avant que nous atteignons le coeur de la révolte. Pour l'instant, je pense que le plus important, c'est de passer le cap des dix-huit ans et de ne plus être éligible pour les Jeux. » Je reprends une gorgée de thé sans la regarder. « Je ne veux pas vraiment prendre d'initiative. Mais quand le moment sera venu, je me battrai jusqu'à ce que nous obtenions enfin justice. » Je trace le contour de la tasse d'un doigt, distraitement. « Nous servirons bien mieux vivants que morts. Il y a un moment pour tout. Un moment pour se battre, un moment pour vivre et un moment pour se préparer. » Je termine ma boisson et la pose sur le sol. Je me redresse un peu et la regarde dans les yeux. « Il me reste encore une Moisson à éviter pour pouvoir aller me battre, et il t'en reste deux. Tu crois pas que pour l'instant, il faudrait mieux attendre un peu? » je demande sans grand enthousiasme. Je me doute bien qu'elle n'est pas d'accord avec moi, et que si elle pouvait, elle partirait aussi vite que possible d'ici. Je soupire et passe une main sur mon front brûlant. Et si je suis tiré au sort ? Et si je ne survis pas ? Je n'ai aucune envie de laisser Freya voir ça et devoir se battre seule. Si je dois mourir, je veux que ce soit quand je le décide. A ce moment précis, je comprends tout ce que Freya veut dire et je me rends enfin compte que la neutralité ne fera que retarder l'échéance fatidique. Après tout, dans district treize, il devait bien y avoir des innocents, mais ils ont quand même été punis... Un frisson parcourt ma colonne vertébrale à l'idée que j'ai été dans le faux pendant autant de temps. Il n'y aura pas de neutres.
« Quand il faudra partir, je voudrais venir avec toi. » je dis sans m'en rendre vraiment compte. Avec un peu de chance, mon père sera assez vaillant et fou pour venir avec nous. Quant à ma mère, elle se cloîtrera avec mes soeurs et se rangera du côté du Capitole. Je le sais, puisqu'elle me rabâche sans cesse qu'il faut que je sois aussi partisan du gouvernement. Mais ça ne sert à rien de faire des plans en l'air. Freya n'a sûrement pas envie de devoir se coltiner quelqu'un comme moi, surtout si notre situation ne s'améliore pas d'ici-là. Et puis, même si tout allait pour le mieux, je ne pense pas qu'elle voudrait de moi. Elle ne voudrait pas s'encombrer de quelqu'un comme moi. A quoi je pourrais lui servir ? A part ma force et ma capacité à nager, je suis pas d'une utilité brillante. « Enfin, tu ne dois sûrement pas me croire, hein ? » je soupire en esquissant un sourire triste.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 21:20 | |
| Je n'écoute pas vraiment ce qu'il dit. Il veut attendre, attendre que le moment soit le bon, et tout ça. D'accord. Mais dans ses mots, c'est comme s'il allait attendre pour toute la vie. Il faut déjà avoir de la volonté et prendre position, même si l'on agit pas tout de suite. Il n'a pas l'air totalement convaincu par ses paroles pourtant, et j'essaie de me calmer un peu. Cela n'enlève pas toute ma sympathie pour lui mais c'est sûr qu'il redescend dans mon estime. Mais quand viendra le temps de s'enfuir, et je sais que ce ne sera pour dans si longtemps que cela, je ne veux pas le laisser derrière. Je sais qu'il ne voudra pas devenir un rebelle, mais je pourrais toujours le forcer. Lui faire miroiter des choses qui le pousseraient peut-être à se mettre dans mon rang. Ce serait vraiment méchant et hypocrite mais j'en serais capable. Peut-être feindre une amitié, même feindre plus pour l'intérêt de tous ? Une personne de plus, c'est quand même beaucoup. Si tout le monde faisait cela, nous aurions une vraie foule pour soutenir nos idées. Je soupire et me perds dans mes pensées, me demandant si j'étais vraiment capable de faire semblant de l'aimer peut-être pour l'attirer de mon côté, quand il prononce une phrase qui me fait relever le regard, et le fixer droit dans ses prunelles. Encore une de ses contradictions, j'imagine. Le pense-t-il vraiment ? Je le regarde d'un air interrogatif, sans vraiment savoir. Mais je m'en fiche, au fond, qu'il mente. S'il ment jusqu'au bout. S'il ne me trahira pas. Il peut partir avec moi, même sans penser que la rébellion est la bonne chose à faire. Il peut se battre à mes côtés, même sans être complètement convaincu. Et à partir de ce moment là, je décide de faire tout ce que je peux pour le rallier à ma cause, et faire qu'il fasse tout ce que j'ai envie qu'il fasse. Cela peut sembler extrême comme tournure, mais c'est un peu ce que je pense. Tous les grands le font. Pas que je veuille devenir une grande, mais il faut évidemment que j'use et abuse de mes maigres pouvoirs pour aider le peuple. Quand il finit de parler, je fais de mon mieux pour sourire de manière progressive. Ce n'est pas feint, mais j'essaie juste d'y aller pas à pas.
« Je peux te croire. Je choisis de te croire parce que j'essaie d'être optimiste. » Je me sens coupable pour ce qui est en train de se passer dans ma tête, mais après tout, je n'ai rien à perdre. Après une minute de silence, je décroise les bras et reprends les mains de Graham dans les miennes, en souriant toujours. Mon visage a l'air très calme, doux, détendu. C'est fou ce que j'arrive à faire quand je m'en persuade. « Actuellement, je dois dire qu'il n'y aurait de chose qui me ferait plus plaisir. Mais c'est un engagement, il ne faut pas le prendre à la légère. Tu dois partir avec moi quand le moment est venu, même s'il y a des complications. » Je me rapproche un peu et resserre ma prise sur ses mains. C'est agréablement plus facile que je ne l'aurais imaginé, mais bon, ce n'est que le début .. Que le début, j'essaie de me répéter. « Alors finalement, je me suis vraiment trompée .. Je veux dire, si tu es prêt à faire ça, peut-être pas pour moi mais avec moi … c'est déjà beaucoup. » Je l'observe dans les yeux et remarque que, malgré la couleur commune de ses yeux, ils restent quand même très jolis et profonds. Ce n'est pourtant pas le temps de s'égarer en de telles pensées, pas avec ce que je suis en train de préparer. « Je crois que si nous devons préparer une échappée ensemble il faudrait que nous passions plus de temps ensemble. J'essaierai du mieux que je peux de ne pas t'agacer, mais il semblerait que ce soit ma nature. Tu n'as pas choisi la fille la plus facile ! » Je me met à genoux et l'enlace soudain, serrant mes bras autour de son cou. J'essaie à tout prix de ne pas penser à son odeur, à la sensation de ses cheveux dans mes mains ou de sa chaleur contre mon corps, cela ne ferait que rendre tout plus difficile. Au moins, dans cette position là, il ne peut pas voir mon visage, mon visage désolé.
Je reste longtemps dans ses bras, le temps de reprendre mes esprits. Il ne me repousse pas, alors je ne vois pas pourquoi j'arrêterais. Je me dis que le plus longtemps je reste contre lui, le plus il me fera confiance. Mais comme je ne me vois pas passer toute la soirée à l'enlacer, je me détache doucement au bout d'un moment, et baisse la tête avec un petit sourire. Nous sommes quand même très proches physiquement, nos genoux sont presque collés, mais je fais du mieux que je peux pour ne pas relever le regard. Oui, cela me mettrait mal à l'aise, je n'ai pas l'habitude d'avoir une telle proximité avec n'importe quelle personne, alors encore moins avec un garçon. C'est quand même plus facile que le meilleur ami de Tate ait été un garçon, comme ça, j'ai des moyens plus .. disons faciles de le persuader. Pas avec mon corps, bien entendu, de ce côté là on ne peut pas dire que j'aie les formes appropriées. Si j'avais à manger, je les aurais surement. Mais dans ce cas là, je n'aurais pas besoin de faire ça. « Je peux te poser une question ? » Je ne le laisse pas répondre et enchaine directement. « Au risque de paraître complètement clichée .. Je pense toujours ce que j'ai dit tout à l'heure. Au fait que je me sens bien en ta présence. Et je ne pense pas que ce soit parce que tu connaissais Tate ou quoi que ce soit, puisque tu n'es pas du tout comme lui .. Et moi ? Encore moins .. Je ne pense pas que tu cherches en ma personne un substitut à mon frère que je ne suis même pas une pâle copie. Le fait est qu'il est évident que nous nous comprenons, dans un sens. Peut-être que l'on se trouve par désespoir mais c'est une manière comme une autre, et je serais plus que triste si nous étions amenés à nous séparer. Encore une fois, ce n'est pas une question mais qu'importe. » Je relève le visage et le fixe. C'est encore plus dur à une distance si petite. Je peux voir tous ses traits, marqués par l'expérience et le travail malgré son jeune âge. Cela me peine presque, mais je trouve une beauté certaine dans son visage. « Tu ... » Je ferme la bouche, ne sachant pas quoi dire. Je n'ai pas vraiment envie d'engager quoi que ce soit, de peur de me faire rejeter. Cela mettrait tout mon plan à mal. A la place, je baisse légèrement le regard pour observer ses lèvres, me demandant si ce que je met lentement en place va marcher.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 22:13 | |
| Freya me sourit et je me sens d'un seul coup beaucoup plus calme. Mon visage se détend et lorsqu'elle me dit qu'elle me croit, un véritable poids s'ôte de les épaules. Elle m'apprécie assez pour me faire confiance, et je me vois hocher la tête à chacun de ses mots, boire ses paroles avec presque un fanatisme exagéré. Je suis totalement absorbé à ses paroles, je n'arrive pas à regarder autre chose que son visage parfait et je me dis que j'ai bien de la chance qu'elle me parle à moi, et moi seul. Plus elle se rapproche, plus je deviens fébrile. Pour la première fois, je me rends compte que je tiens réellement à elle. Difficile de croire que ce matin-même, nous n'avons pas échangé un seul mot, et qu'à cet instant précis, elle me tient la main, le visage d'une douceur extrême. Je souris sans avoir besoin de me forcer. Elle me procure un sentiment d'apaisement, et je crois bien qu'elle est l'une des rares à pouvoir me comprendre. Elle propose de passer encore plus de temps ensemble pour préparer notre départ - ou du moins juste se connaître le maximum possible - et je me demande bien ce qui la pousse à agir de la sorte. Mais je n'ai pas le temps de me questionner plus, elle ouvre ses bras et m'enlace. Je reste ainsi, comme une poupée de chiffon, sous le choc. Est-ce qu'elle vient vraiment de faire ce que je pense ? Alors que je pense qu'au bout de quelques secondes, elle se détachera, consciente de son erreur, elle reste accrochée à moi pendant longtemps, assez longtemps pour que j'arrive à sentir l'odeur de ses cheveux et que je parvienne à apprécier la chaleur délicate de son corps. Et si nous pouvions devenir plus qu'amis.. ? Je ne pense pas qu'elle voudrait, pourtant. Elle n'est sûrement pas du genre à apprécier quelqu'un à ce point... Mais ce contact qu'elle vient d'engager, quelque part au fond de moi, je sais que ce n'est pas anodin. Rien n'est anodin avec elle. Tout signifie quelque chose. Des milliers de questions sans réponse possible se bousculent dans ma tête, mais elle les écarte toutes en se détachant de moi.
Ses cils longs et son petit sourire m'achèvent sans qu'elle ne s'en rende compte. Je me demande si elle est consciente du pouvoir qu'elle peut avoir sur moi, mais je ne pense pas, elle est trop innocente, trop éloignée de ce type de futilités. Certes, cela ne fait que quelques instants que je commence à véritablement l'apprécier, mais elle m'hypnotise déjà. Nous sommes proches, physiquement. Peut-être un peu trop proche, mais je m'en fiche un peu. Tant qu'elle reste près de moi, ça me va. Et puis elle me dit qu'elle tient à moi, à sa manière, et j'ai l'impression que mon coeur va sauter de ma poitrine. Ses yeux parfaits fixent mes lèvres pendant que je détaille son expression toute entière. J'ai envie d'apprendre à connaître chacune des parcelles de son visage. Elle commence une phrase, qu'elle ne termine pas. Je fixe ses lèvres, puis son nez, le contour de sa mâchoire, je m'empreigne d'elle. Je veux tout faire pour elle. Tout ce qu'elle veut, tant qu'elle reste à mes côtés et qu'elle me dit qu'elle tient ne serait-ce qu'un peu à moi. Une mèche de cheveux tombe devant son visage. Je la cale derrière son oreille avec une lenteur maladive, toujours hypnotisé par ses traits. Est-ce que je dois prendre ça comme une espèce de signal ? Est-ce que j'ai le droit de tenter une approche, ou est-ce qu'elle va me repousser. Dès que je pense à elle, j'ai les idées qui se multiplient comme par magie, ou qui au contraire, disparaissent les unes après les autres sans que je puisse y faire grand chose en un rien de temps. Et c'est ce qui m'arrive à cet instant précis, quand je relève son menton, plonge mon regard dans le sien et que je m'abandonne complètement à elle.
Et je pose mes lèvres sur les siennes. Ce contact m'électrise, tous mes sens sont en éveil, aussi bizarre que ça puisse me paraître. C'est un baiser doux d'enfant que je lui offre, et je me détache lentement d'elle, à regrets, un peu. Je n'ai qu'une envie, l'embrasser à nouveau, mais je crains sa réaction. Je suis peut-être allé trop loin, et j'ai peut-être tout brisé en quelques secondes. Je détourne mon regard rapidement et recule un peu. Ca me gêne d'être aussi proche d'elle maintenant. J'ai un peu chaud et j'ai envie d'éternuer. Ca m'apprendre à rester sous la pluie. « Je ... » A mon tour, je suis incapable de terminer ma phrase. Je viens de prendre conscience qu'elle est mon premier baiser - est ce que c'en était vraiment un au moins ? - et je ne sais pas si ça me plaît ou si ça me rebute. « Je suis ... désolé. » je parviens enfin à articuler. Je me lève en trombe, maladroitement et je me frotte les yeux. « Je suis vraiment désolé, j'aurais pas dû, c'était idiot, je le reconnais.. » Je lance des excuses à tout vent, mal à l'aise. Tout ça va trop vite, et je ne me reconnais pas. Je regarde autre part. Ca serait malpoli de partir comme un voleur, alors je reste planté en plein milieu de la pièce à vivre, les mains tremblantes et rempli d'une émotion que je ne crois pas avoir connu avant et qui est délicieusement dévastatrice. J'avale ma salive difficilement et fourre mes mains dans mes poches, rougissant, tentant de garder une contenance. « .. Désolé.» je finis par conclure.
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Mer 23 Nov - 23:09 | |
| Les secondes semblent infinies. Je me demande depuis combien de temps je suis en train de le regarder, comme ça. Peut-être qu'il ne fera jamais le premier pas, après tout. Peut-être que je devrais me lancer, mais je me dis que cela le convaincra encore plus s'il pense que c'est lui qui s'est engagé sur cette voie. Une mèche de cheveux tombe, mais je n'ose pas bouger le bras pour la déplacer. Cela casserait le moment. A mon plus grand plaisir, Graham se décide enfin à bouger et replace la mèche de cheveux derrière mon oreille, et je ne suis pas débile. S'il se sentait vraiment mal à l'aise avec cette situation il serait déjà parti, et je suis sure que si j'attends, si je pousse un peu, il tombera dans mes bras. Cette idée me rend coupable, je me joue de lui, totalement, mais ce n'est que pour son bien. Ou le mien. Ou celui de toute la société. Je pense qu'il doit avoir peur que je le repousse, que je le gifle, que je lui redonne un coup de poing, je ne sais pas. Mais je ne le ferai pas, non, je devrai me retenir. Finalement, il relève mon menton ce qui m'oblige à le regarder dans les yeux, et je sens le moment arriver. Il va avancer. Il avance. Et il m'embrasse, simplement, sur la bouche. Quelques secondes plus tard, le moment est passé, et je me demande réellement pourquoi j'avais un peu peur de ce qu'il se passerait. C'est simple, ce qu'il s'est passé : absolument rien. J'ai bien moins ressenti par rapport à tout à l'heure, lorsque nous nous tenions la main, par exemple. Surement parce que c'était honnête, sous la pluie, et que maintenant, ce n'est qu'un jeu. Un jeu incroyablement cruel, quand on y pense, mais nécessaire. Absolument nécessaire. Je reste sur place. Je n'ai pas fermé les yeux, ni avant ni pendant ni après. Alors je l'observe, sans rien dire. J'attends les excuses, la gêne, qui va probablement arriver. Parce qu'il croit que je vais lui en vouloir. Je le trouve tellement prévisible. Finalement, il se recule précipitamment et commence à parler, et à s'excuser. Ah ben ça n'a pas tardé. Je le regarde sans rien dire, se lever, et se frotter les yeux. Je serai obligée d'être en colère s'il s'enfuit, c'est sûr. Mais non, il reste sur place. Et il s'excuse, encore une fois. Et une autre encore. J'attends qu'il ait fini.
Je me relève enfin en soupirant, mais pas un soupir exaspéré. Un sourire amusé, en quelque sorte. Je m'approche de lui avec un regard qui veut dire que je ne suis pas énervée, et que je ne lui veux aucun mal. « Tu as peur que je te frappe ? Que je m'enfuie ? Je n'en ferai rien. » Je reprends ses mains, histoire qu'il ne s'échappe pas. Ou que je puisse le rattraper s'il essaie quand même. A vraiment y penser, c'était mon premier baiser. Mais ça ne compte pas vraiment. D'ailleurs, aucun baiser ne comptera jamais, si cela se reproduit, puisque je sais être totalement incapable d'aimer quelqu'un de cette manière. Je n'ai jamais rêvé d'avoir un mari et des enfants comme les autres filles, au contraire. Je me suis toujours vue seule, et je me sentirais de trop avec quelqu'un derrière moi. C'est un peu dangereux de jouer à ce jeu, comme diraient d'autres, mais je sais pour source sure que je ne pourrais jamais tomber amoureuse de Graham, même si je le voulais. Je ne sais pas quoi dire pour lui prouver que je ne rigole pas, que je ne mens pas, que je ne vais pas le réprimander, même si ce n'est pas exactement la vérité. Je continue de l'observer en silence pour qu'il arrête de se sentir mal à l'aise et j'essaie de ne pas paraître confuse. Mais de paraître décidée, déterminée. « Si je ne voulais pas que tu m'embrasses, je t'aurais repoussé depuis longtemps. » Je cherche une phrase que je pourrais dire, qui signifierait vraiment quelque chose pour lui. Qui lui montrerait que je tiens vraiment à lui, que j'ai envie de passer du temps avec lui .. Je ne pense pas avoir autant réfléchi depuis un moment. J'aurais pu choisir un autre plan parce que celui là est plutôt complexe, mais vu que j'ai commencé, je ne vais pas arrêter maintenant.
« Peut-être que ça ne signifie rien pour toi et que tu ne veux rien avoir à faire avec moi mais .. Je pense que je n'aurais pas voulu avoir mon premier baiser avec quelqu'un d'autre. » ça me donne envie de vomir, je n'aurais pas pu dire quelque chose de plus gnangnan à souhait. Mais je pense avoir l'air plutôt convaincante. Au moins c'est sûr, niveau stratégie et négociation, je me débrouillerais comme une chef dans les jeux. Mieux vaut ne pas penser à ça néanmoins. Je m'approche encore car j'ai l'impression de l'avoir traumatisé et qu'il ne voudra plus jamais s'approcher de moi sans avoir peur. N'empêche, je ne pensais pas être capable de me faire apprécier par un garçon, et plus qu'apprécier. Il m'a embrassée, quand même. J'aurais surement dû m'en rendre compte avant, cela aurait pu m'être bien utile. Par contre, je ne veux pas paraître charmeuse ou pire vulgaire, j'essaie d'être à peu près fidèle à ma propre personnalité en ajoutant une touche de romantisme et de sentiments que je suis incapable d'avoir. Tout à fait crédible, pourtant. « Si tu veux me rejeter, fais le maintenant et vite. »
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| Sujet: Re: GRAHAM&FREYA ♛ take care of yourself Jeu 24 Nov - 17:56 | |
| J'ai les paumes des mains moites, le visage en feu et le sang qui bat lourdement dans mes tempes. Quelque chose me semble bizarre, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je suis tellement confus que cette impression s'éclipse rapidement, remplacée par le plaisir de sentir ses mais dans les miennes. Je baisse la tête, un peu honteux, n'arrivant pas à lui répondre. Est-ce que c'est le vrai moi qui agit comme ça ? Je ne me reconnais pas, mais je me dis que changer, finalement, ne peut que m'être bénéfique. Surtout si c'est changer pour Freya. Je me sens près à faire n'importe quoi pour elle, tout ce qui est possible et imaginable, même attaquer le Capitole de mes propres mains. Ou à me rebeller ouvertement devant les Peacekeepers du district. Je pourrais faire n'importe quoi si elle me le demandait, même les choses les plus honteuses et dangereuses au monde. Simplement parce que je sens qu'il y a quelque chose entre nous d'indéniable, et qu'elle est la seule à me comprendre réellement. Je ne me vois pas vivre ma vie avec quelqu'un qui n'aurait pas connu et traversé les mêmes épreuves de la vie. Ca serait trop contradictoire. Et puis, je crois qu'elle tente de me faire comprendre que l'attirance que j'ai pour elle est réciproque, et mon coeur s'emballe, tambourinant dans ma poitrine jusqu'à m'en faire mal. Je suis son premier baiser ? J'ose un sourire discret comme une ombre et relève timidement la tête vers elle. Elle voulait que ce soit moi. Et personne d'autre. Je me sens fier d'avoir eu l'initiative de l'embrasser par moi-même, et je me demande bien si elle aurait été capable de faire de même. Probablement pas.
Cette idée me fait bomber le torse malgré moi : j'ai eu le courage de faire quelque chose qu'elle n'a pas pu faire. Et Freya lance cette dernière phrase qui me fait froncer les sourcils. Est-ce que je suis du genre à embrasser quelqu'un et le rejeter après ? Certes, je n'ai jamais connu cette situation auparavant, mais je ne peux pas que je suis ce type de personne. Je mords ma lèvre, cependant, et cette impression sordide que quelque chose cloche m'attaque à nouveau. Et si elle se fichait de moi ? Si ce n'était qu'un plan pour que je la rejoigne dans les rebelles ? Une personne de plus, c'est considérable pour eux, je pense. Mais encore une fois, j'éclipse ce sentiment. Je sais que Freya n'est pas une manipulatrice, et même si elle l'était, le respect de Tate envers moi lui ôterait toute envie. Il faut vraiment que je me mette à faire confiance aux gens, et que j'arrête de chercher partout le problème. Peut-être que parfois, on me dit la vérité. J'avale difficilement ma salive, et guette la tombée de la nuit, qui n'arrivera que dans quelques heures. J'ai envie de partir, malgré mon désir de rester auprès d'elle et de l'embrasser. Tout va un peu trop vite. Ce matin, elle ne me parlait pas - ou plus, je ne sais pas vraiment - et maintenant elle m'avoue avoir quelques sentiments envers moi... Ca me rend heureux, bien évidemment, mais... Mais je ne sais pas. Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte que je n'ai pas envie, voire peur, d'être si proche de Freya. Tout serait plus facile si je la détestais, comme avant. Je n'avais pas à me poser tant de questions, je pouvais rester dans l'ignorance parfaite des sentiments et me construire une petite vie tranquille. Mais maintenant qu'elle est entrée dans ma vie, je ne peux plus faire demi-tour, et cela me gêne en quelque sorte, et beaucoup.
Je suis effrayé du fait qu'elle puisse me trouver pathétique, gnangnan, stupide. Les idées fusent dans ma tête, s'heurtent, se confondent, et je ne sais plus quoi penser. J'essaye de me concentrer, et de réfléchir posément. Est ce que j'ai envie d'être avec elle ? Oui, et non à la fois, pour les raisons que j'ai déjà cité. Mais je me verrais mal la rejeter, pas après avoir été son premier baiser. Je plisse le front, et reste silencieux une dizaine de secondes supplémentaires. Peut-être que ce n'est qu'un rêve, finalement ? Je me mords l'intérieur de la joue discrètement, mais tout est réellement en train de se produire. « Que ce soit clair, je n'ai aucune envie de te rejeter. Je te trouve exceptionnelle, et je pouvais pas rêver mieux comme... » Je baisse le regard. « Comme premier baiser. » J'ai l'impression de me retrouver dans un roman bas de gamme. « Mais je vais travailler à l'autre bout du district. On ne pourra pas se voir souvent, encore moins se parler... » Mon visage se pare d'une expression désolée. Est-ce rejet en douceur fait de moi une mauvaise personne ? J'ai l'impression de repousser une part de Tate et cela me rend particulièrement malheureux, mais c'est pour son bien. Et puis, je n'ose pas imaginer les horreurs que les autres pourraient raconter sur nous dans le district, rien que pour penser à autre chose que leurs ventres qui grondent famine. « Ca ne veut pas dire que je ne teins pas à toi, loin de là, ou même que je n'ai plus envie de me battre... Mais je pense que ça serait plus simple pour nous deux de ne pas s'engager vers cette pente là. C'est trop tôt, et je ne pense pas que tu rendes compte de ça. » Elle va me crier dessus, je le sens, mais il fallait que ça sorte, même seulement en partie.
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