Une journée chargée s’annonçait. En effet, j’avais réussi à obtenir une interview avec Mia Merryweather, l’une des fameuses conceptrices des Hunger Games. Apparemment, du moins à ce que j’en avais entendu, c’était une passionnée de son travail, comme moi à vrai dire. Elle était extrêmement intelligente, avait de nombreuses capacités en sciences et s’était vu proposé un poste de conceptrice des jeux. La chance. J’ai toujours été passionné par tous ceux qui organisent les jeux. Comme cela devait être excitant… S’acharner à créer de nouveaux projets dans le but d’assurer une mort atroce aux tributs… Sa vie devait être bien remplie. Dès lors où j’en avais entendu parler, à savoir à une soirée organisée par le Capitole, j’avais voulu la rencontrer. Cependant, elle avait toujours de bonnes raisons de décliner mes propositions, par manque de temps ou autre. Mais le moment était enfin arrivé. Certes, ce n’était pas une personnalité ultra importante et connue de tous, mais je me réjouissais à l’idée d’avoir une entrevue avec elle. J’espérais lui soutirer le maximum d’informations, tant sur elle que sur son travail ou sur les jeux. Mais je savais que la tâche allait être complexe. Ce n’était pas une femme comme les autres. J’avais l’habitude d’interviewer toutes sortes de personnes, tant des vainqueurs que des habitants de districts ou des pacificateurs, et j’en avais vu des choses. Certains étaient complètement stupides et je savais que ça n’allait pas être le cas de Mia. Toutes les personnes qui la connaissaient ventaient ses capacités intellectuelles. Elle n’allait donc surement pas se laisser influencer bêtement comme tant d’autres. Il allait donc falloir que je mette le paquet.
Le rendez-vous était fixé aux alentours de 16h au parc du Capitole. Apparemment, la jeune femme n’appréciait pas d’être trop entourée. Elle voulait que l’entrevue se déroule dans un lieu fermé. Il m’était donc impossible d’organiser ça dans un café ou dans un lieu qui attirait trop l’attention. Puisque le parc était souvent désert, Mia avait accepté mon idée de s’y rendre pour notre rencontre.
Comme à mon habitude, j’avais prit le temps de prendre de plus amples renseignements sur la personne que j’allais interviewer. Malheureusement, on ne disait pas grand-chose sur elle ce qui me perturba. J’aimais bien en connaître un minimum sur les personnes à qui je m’intéressais mais ce ne fut pas le cas ici. Je n’avais sur elle que ce que l’on m’en avait dit. Cette situation me déplaisait mais en même temps, cela m’intriguait. J’avais donc encore plus envie d’en connaître d’avantage.
Lorsque je posai mon regard sur ma montre, je vis que je n’avais plus le temps de faire des recherches supplémentaires. Je devais y aller, même si le parc ne se trouvait qu’à quelques minutes de chez moi.
Arrivé sur les lieux, comme je m’en doutais, tout était désert. Je me rendis à côté de l’horloge où nous nous étions donné rendez-vous puis jetai un dernier coup d’œil pour voir l’heure qu’il était. Elle n’allait surement pas tarder.

Alors que j’attendais la jeune femme devant l’horloge du parc, je songeai à pas mal de choses. Je n’avais pas le droit à l’erreur lors de cette interview. Il fallait donc que je réfléchisse à toutes les questions que j’allais lui poser, à comment j’allais aborder les choses, de quelle façon j’allais m’adapter à Mlle Merryweather avec qui j’avais eu beaucoup de mal à obtenir un rendez-vous etc. J’y avais déjà pas mal réfléchi mais quelques points restaient flous. Bien évidemment, ce qui m’intéressait le plus, c’était les jeux. Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’honneur de parler à une conceptrice. Je voulais en savoir plus sur son travail, sur les tâches qu’elle avait à accomplir, sur sa vie en dehors du travail et puis… sur les Jeux à venir. Je ne m’attendais pas à un miracle. Je savais très bien qu’elle était contrainte à respecter des règles très strictes au niveau de la confidentialité. Je n’étais pas le seul journaliste assoiffé d’informations juteuses sur les Jeux. Le Capitole avait donc pris pas mal de précautions pour éviter les fuites. Je savais donc que j’avais de grandes chances de repartir bredouille à ce niveau là. Cependant, j’allais quand même essayer d’obtenir ne serait-ce qu’un tout petit élément sur la prochaine édition des Hunger Games.
Je pris un petit carnet qui se trouvait dans une de mes poches et sorti un stylo qui se trouvait dans une autre puis commençai à rajouter quelques idées qui me venaient à l’esprit. Même s’il était déjà bien rempli, j’avais encore un bon nombre de questions à poser et je voulais les noter pour être sûr de ne pas les oublier. «Quel est votre emploi du temps au travail?», « Avez-vous réussi à vous intégrer facilement dans le milieu de la conception des jeux, qui est, à ce qu’on en dit, plutôt hostile ? » et pas mal d’autres questions par rapport à son travail. Je savais que ça allait lui plaire d’en parler puisque c’était ce qui la passionnait. Et puis, il n’y avait rien d’ambigu. Je pris une autre page du carnet pour noter d’autres questions plus personnelles que j’avais l’intention de poser plus tard « Parvenez-vous à mener une vie normale en dehors de votre travail ? ». Bien entendu, elle n’était pas obligée de répondre. Mon but n’était pas de l’embarrasser. Je n’étais pas comme ces journalistes complètement indélicats qui se fichent d’intimider ou de blesser les personnes qu’ils interviewent. J’aimais mettre en confiance les gens et ce n’était pas de l’hypocrisie. Si je n’obtenais pas de réponse, tant pis. Je n’étais pas du genre à m’acharner.
Soudain, une voix m’interpella et me sortit de mes pensées. Je me retournai et aperçus la conceptrice.

- Bonjour. Vous êtes bien M.Thompson ? Je suis Mia Merryweather. Allons nous asseoir sur un banc, vous voulez bien ?

J’esquissai un sourire puis tendis la main :

- Bonjour, oui en effet. Enchanté Mlle Merryweather, dis-je en lui serrant la main. Bien entendu, allons-y.

Après nous être assis, je commençai à discuter.

- Je suis ravi de pouvoir vous interviewer. Il est vrai que j’ai eu beaucoup de mal à obtenir un rendez-vous en votre compagnie! Mais je comprends, vous devez avoir un planning extrêmement chargé avec votre travail.