Ashley. Une liste de prénoms plus grande que tout Panem, et ils ont choisi Ashley. Il aurait dû le porter fièrement, comme le dernier vestige d'une vie de famille a peine entamée, non. Le deuxième prénom, l'initial oublié, a pris ses droits. « Je m'appelle Kaas. Juste Kaas. » Steadworthy, pour tout dire, mais l'importance accordée au nom de famille n'est qu'une sombre exagération, selon lui. Né il y a vingt-cinq ans, presque vingt-six, dans le nord du district 7, et c'est tout.
Le reste, il le cache derrière son regard froid, glacial à en avoir peur. Les discussions stériles avec les inconnus, ce n'est pas son trip. S'il n'envoie pas chier, il ignore simplement. Antipathique pour certains, connard pour d'autres, c'est selon. De toute façon, rares sont ceux qui veulent réellement lui parler par pur plaisir, avec un physique d'ours comme le sien, et des poings aussi efficaces. C'est souvent ce qu'on retient, sa capacité à foncer tête baissée au combat, parfois à raison, parfois à tort. C'est presque une passion, de tabasser les gens, ça soulage, ça fait les muscles, et ça règle rapidement tous les problèmes. Un vrai bourrin, donc. Mais il ne faut pas s'y méprendre, ce n'est pas parce qu'il ne parle pas qu'il ne sait pas parler, au contraire. Sans être un grand génie de la rhétorique, il sait poser la bonne question, et sa pertinence agace. De plus, il peut se montrer assez doué pour faire craquer quelques récalcitrants. Un méchant de film, somme toute. Ce serait simple et clair, plié, rideau.
Sauf qu'il a une certaine tendance à la contradiction, un lunatisme très mal géré, qui le rend assez dur à suivre. Une fois les barrières tombées -encore faut-il avoir la patience d'attendre jusque là, c'est un type cool, avenant comme il faut, un petit peu plus souriant sans être trop expansif pour autant. Son sourire, une affaire d'état, à croire qu'il a un quota à ne pas dépasser, tant ils sont rares. Mais quand ils se montrent enfin, c'est gagné, il aime. Et Dieu sait qu'il aime beaucoup. Derrière un calme olympien de grand frère modèle, il se sent jaloux comme un amoureux, et possessif comme un avare. Pas question de modération, c'est comme ça. Il s'implique dans la vie de ses proches comme si la sienne en dépendait. Le bon côté de la chose, c'est qu'il reste un ours aux poings efficaces, dont il n'hésite jamais à se servir, encore moins pour le bien de ses amis. Le mauvais, c'est son honnêteté et son manque de tact. Les vérités dures à avaler, il les met sur le tapis sans trop faire attention à la manière, « pour leur bien », dit-il. Le fond est bon, c'est déjà ça. L'autre mauvais côté, c'est sa tendance à l'isolement quand ça ne va pas. Il a un problème, il le règle seul, pas question d'y mêler qui que ce soit, pour le préserver.
La seule exception notable, qui n'a jamais eu à trimer pour recevoir tout l'amour du monde, qui a le droit aux sourires les plus heureux à outrance, qui peut tout se permettre ou presque sans lui donner envie de partir en croisade, c'est sa fille. Sa niaiserie dépasse l'entendement quand « sa princesse » est dans les parages, à croire que c'est lui l'enfant, ici.


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