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 survival is a bitch ♆ dana

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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeDim 7 Oct - 13:36


Début du mois de septembre, commencement des hostilités dans le district sept.

Quelle journée pourrie. Une révolution ? Sérieusement ? Pauvre fous. Ils allaient tous se faire tuer, tous autant qu’ils étaient. Et si mon frère faisait partie de ceux qui tombaient, je ne me le pardonnerais pas. Je ne leur pardonnerais pas. La seule pensée de sa disparition gonfla une boule de haine au creux de mon estomac. S’il venait à être blessé, ou tué à cause de ses engagements, je raserais le district treize à mains nues. En gardant leur présidente de pacotille pour la fin. Mes doigts se crispèrent sur le dossier de la chaise devant moi, laissant cinq demi lunes bien nettes dans le bois sombre. Devant moi, à un mètre tout au plus, il y avait Dana. Pas une amie, pas une collègue, même pas une connaissance. Non, une fichue rebelle. Peut-être même devrais-je dire la fichue rebelle. Elle laissait de trop bons souvenirs à chacun de ses passages pour qu’on l’oublie, la confonde avec d’autres. Dana. Rencontrée la première fois dans des circonstances aussi agréables que le melting pot de sentiments que je ressens à cet instant précis. Une patrouille banale près des limites du district après un flagrant délit de braconnage, un seul collègue. Et soudain, elle. J’avais vu la mort d’un peu trop près à mon goût, ce jour là. Le pauvre garçon qui m’accompagnait l’avait vue d’encore plus près, et aux dernières nouvelles, était toujours truffé d’agrafes médicales dans les deux bras. Elle n’avait pas fait dans la dentelle. Alors pourquoi je m’en étais sortie sans la moindre petite égratignure, je me le demande encore. Même pas une mèche de cheveux de dérangée. Si j’avais été capitolienne et coiffée au millimètre, j’aurais sûrement apprécié le geste. Elle était juste partie aussi vite qu’elle était arrivée. Ce qui pour être tout à fait franche, ne m’avait pas vraiment dérangée. Je n’avais jamais éprouvé ce sentiment d’échec, comme les autres, lorsque qu'un quelconque hors-la-loi filait sous mes yeux. Je m’estimais juste heureuse de ne pas me déplacer dans une chaise roulante. Non pas que l’idée de descendre une côte dans un de ces machins me déplaisait, mais paraît-il que ce n’était pas l’usage commun de l’objet.

Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, hein ? Quelle idée de se balader dans un district truffé de pacificateurs, et en pleine guerre. Si seulement je ne l’avais pas vue. Si seulement elle ne m’avait pas vue. Nous aurions pu continuer nos routes comme si de rien n’était, et rien de tout ceci ne serait arrivée. J’avais fui le centre de la ville, lieu de combats acharnés, précisément pour éviter ce genre de situations. Mais voilà, il avait fallu qu’elle ai la même idée. Il avait fallu qu’elle me saute dessus avec autant de délicatesse qu’un habitant du douze sur un rôti. Et voilà où ça l’avait menée. Maintenant, elle était attachée sur une chaise, cachée dans une ancienne réserve de bois au milieu de la forêt. Là où ses petits camarades ne la retrouveraient jamais. Et moi, j’étais là, à la fixer, en attendant qu’elle se réveille. Il fallait dire que le grand crétin qui l’avait assommée par derrière n’y était pas allé de main morte. Je m’en sortais très bien toute seule. J’aurais pu m’arranger pour qu’elle file sans demander son reste, et que je reste en vie par la même occasion. Je l’entendais encore, celui-là. « Bien joué Reagan, on se défend mieux qu’il n’y paraît. N’empêche que sans moi, tu y passais… » La donne avait changée. Elle allait devoir passer un très mauvais après midi, et par voie de conséquence, moi aussi. J’aurais dû rester couchée aujourd’hui. J’avais tellement de choses à lui faire dire que je ne savais même pas par où commencer. Si seulement elle était d’accord pour tout avouer directement sans que je pose un seul doigt sur elle… mais je suppose que ce sera plus compliqué. Même endormie, elle a l’air fermée. Coincée dans sa carapace. Et je ne pense pas pouvoir la faire craquer, cette carapace. Je ne pourrais même pas torturer un traître bavard comme une pie, alors une rebelle dans l’âme, pensez-vous.

Un regard en arrière. Mes bien-aimés collègues m’ont apporté un attirail tout à fait fascinant. Des outils plus sophistiqués les uns que les autres, tous destinés au même usage : délier les langues. Mais ce qui me tue, c’est que je connais l’usage exact de chacun d’eux. La façon de l’utiliser, ses effets précis sur le corps. Ça me donne la nausée. Et je regrette d’avoir eu un tel intérêt pour l’étude de l’anatomie lors de ma formation. Si l’on en croit mes supérieurs, cela me prédispose parfaitement à exécuter les tortures. Si l’on en croit mon estomac, ça me prédispose juste à rendre mon déjeuner plus vite, parce que je sais exactement ce que je fais. Mon but était de me défendre efficacement. Je crois qu’on est passés à un tout autre niveau.
Elle ne se réveille toujours pas. Bon dieu, quelle brute. Et s’il avait frappé trop fort ? S’il lui avait laissé des séquelles graves ? Je ne sais même pas pourquoi je m'inquiète. Tout serait bien plus simple si elle avait perdu la vie sur le coup. Je pourrais la tuer, là, maintenant. On me demanderait des comptes, évidemment. Mais il serait tellement facile de me défiler. Et pourtant... j'en serais incapable. Comme toujours. Parce qu'elle se battait pour ce qu'elle croyait juste, et que je ne pouvais la blâmer pour ça. Parce que je ne pouvais pas loger une balle dans la tête d'une personne incapable de se défendre, qui plus est lorsque la personne en question vous avait laissé la vie sauve, contre toute attente. Et si… si elle était réveillée, mais faisait comme si de rien n’était? Ce n’est pas improbable. C’est ce qu’on nous apprend : récolter un maximum d’informations pour tenter une sortie avant de ne plus en être capable. Mais là… dans un silence écrasant, les yeux fermés, je ne vois pas ce qu’elle pourrait récolter comme informations précieuses. L’odeur de la forêt, du bois ? Elle flotte dans tout le district. Un léger mouvement. Elle est en bonne santé, dieu merci. Enfin, pour le moment. « Ahh, Dana. Bienvenue parmi nous. Bien dormi ? » L'appréhension me tord le ventre, la culpabilité brouille la logique de mes pensées. Sur mon visage, une neutralité banale. Les apparences, messieurs-dames, les apparences. En ce monde, rien ne compte plus qu’elles. Celui qui les maîtrise sans sourciller contrôle les évènements. Aujourd’hui, il va falloir que celui-là, ce soit moi.
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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeDim 7 Oct - 18:32





« What if I wanted to break, laugh it all off in your face. What would you do ? Come break me down. Bury me, bury me. I am finished with you ... »





Décidément en ce moment, le monde ne tournait pas rond. Les hostilités et les missions se déroulaient à bien dans bon nombre de districts. Cependant, et comme toujours, il y avait un hic dans l’engrenage. Comme si c’était fait exprès que tout ne soit jamais blanc comme neige. Clyde l’avait rapidement prévenu qu’il fallait un superviseur sur le terrain dans le District 7. Il y avait beaucoup de gamins chez les rebelles, certes, mais parfois cela devenait légèrement exaspérant. Certains n’étaient pas capables de foutre un pied devant l’autre sans qu’on leur tienne la main. Comme quoi, il fallait bien de tout pour faire un monde. Des petits soldats obéissants, des têtes pensantes et bien entendu, ceux qui se disent chefs mais qui ne mettent jamais un pied dehors. Enfin bref, c’était toujours la même histoire. On envoyait le bras droit dans la merde plutôt que de faire le boulot soit même. Dana était habituée à ce genre de choses et elle ne comptait plus sur la présence de Coin. Après tout, avec 19 ans de terrain derrière elle, Dana était surement l’une des plus expérimentées dans les rangs des rebelles. C’est donc tout naturellement que le sort, une nouvelle fois, décida de s’en prendre à elle. Car bien entendu à chaque fois qu’un truc dérapait, c’était pour sa pomme.

Tout était noir et indistinct dans sa tête et elle avait la douloureuse impression qu’elle était enfermée dans le noir. Seule avec elle-même, dans sa propre petite bulle, Dana tentait de reprendre ses esprits. A vrai dire elle ne se souvenait pas de grand-chose. Dans le centre-ville, les combats faisaient rage et elle s’était éloignée de ce dernier pour ne pas attirer tous les regards sur elle. Après tout, elle était bien trop précieuse aux yeux de la Résistance pour crever là-bas. Sa mort, elle l’imaginait autrement qu’un simple combat avec un pauvre petit pacificateur de pacotille. De ce fait, elle avait laissé les jeunes là-bas, histoire qu’ils fassent le plus de dégâts possibles le temps qu’elle s’occupe elle-même du véritable attentat. Mais voilà, il avait fallu qu’elle tombe sur cette jeune femme, celle qu’elle avait déjà croisé auparavant en compagnie d’un autre gus. Ce simple souvenir la fit sourire intérieurement, le pauvre gars devait avoir de sacrées balafres mais qu’importe. Dans cet univers c’est marche ou crève, on n’a pas le temps pour les explications et les hésitations. Alors elle s’était simplement élancée vers Azalea. Après tout, c’était l’une ou l’autre, mais pas les deux. Instinctivement, Dana s’était jetée sur cette dernière dans l’espoir de poursuivre sa mission par la suite. Malheureusement pour elle il semblerait qu’il y eu un gros revirement de situation. Elle avait un vague souvenir d’une présence derrière elle avant que ce ne soit le noir complet.

Cet abruti l’avait assommé par derrière, et maintenant que tout cela lui paraissait plus clair, elle commença à ressentir une étrange douleur à l’arrière du crâne. Reprenant peu à peu ses esprits, elle n’ouvra cependant pas les yeux, préférant écouter tout ce qu’il y avait aux alentours avant d’indiquer le fait qu’elle était désormais consciente. A l’affut du moindre petit bruit, elle ne perçut que le son d’une légère respiration et l’odeur boisée de la forêt. Ces informations n’allaient pas la mener très loin mais au moins, elle savait désormais qu’elle n’était pas seule dans la pièce. Au bout de quelques minutes, elle dut cependant se remettre réellement de ses émotions. Relevant l’échine, elle bougea la tête sur la droite puis sur la gauche avant d’ancrer son regard bleuté sur la jeune femme. Azalea, comme de par hasard… Puis soudain, sa voix résonna dans la pièce, tuant ce silence pesant. « Ahh, Dana. Bienvenue parmi nous. Bien dormi ? » Elle n’avait jamais compris pourquoi une fille avec de tels airs de petit ange était devenue pacificatrice. Alors bien entendu, Dana avait fait des recherches mais cela n’expliquait pas tout. A ses yeux, Azalea était encore une gamine alors pourquoi avait-elle bien pu choisir ce camp et surtout en temps de guerre ? Car oui, Dana ne doutait en rien quant à l’acheminement de ce combat. Toute dictature est vouée, un jour ou l’autre à l’échec et cela lui était suffisant. Certains osaient tenir un discours tel que le gouvernement actuel permettait de garder la paix et, qu’en le reversant on tombait dans l’anarchie. Dana approuvait cette idée mais elle y apportait une légère nuance. En détruisant cet empire, elle savait parfaitement qu’elle amènerait le chaos mais qu’importe au fond. Ce qu’elle leur apporterait en premier lieu, c’est la liberté. Et à ses yeux, ça n’a pas de prix. Qu’ils se démerdent après avec les restes du monde, qu’ils les dévorent tous comme les seules miettes de pain restantes. Tout ce qui comptait c’était de leur offrir autre chose. C’était peut être purement poétique mais dans son esprit, tout était clair. Elle rêvait d’un monde où chacun serait libre de faire ses propres choix. C’était utopique, surtout en ces temps de guerre, mais cela importait peu.

Relevant l’échine, elle observa celle qui venait de briser le silence. Dana esquissa un léger sourire avant de cracher aux pieds de cette dernière. Le goût ferreux du sang n’était pas réellement sa tasse de thé alors autant en faire profiter les autres. Sur ce chaleureux accueil, elle observa le reste de la pièce pendant quelques secondes avant que son regard ne se pose sur le petit étalage qui se trouvait derrière la pacificatrice. « On va dire qu’il y a mieux qu’une chaise. Mais bon... » Discrètement elle tira sur ses liens mais ses mains, fermement maintenues derrière la chaise ne parvinrent pas à les délier. C’est clair, qu’elle aurait amplement préféré dormir dans un bon lit que sur ce foutu truc en bois qui lui bousillait le dos. Après avoir détaillée longuement la jeune femme et les objets qui se trouvaient derrière celle-ci, la jolie rousse ne put s’empêcher de sourire. D’un air amusé, elle pointa l’attirail du menton. « Je sens que la journée va être longue. » Ironique comme à son habitude, elle défiait la pacificatrice avec cet air hautain qui en agaçait plus d’un. Bien entendu, Dana était en train de tester les limites et la patience de cette dernière. Qu’importe qu’on lui donne des coups, qu’on la cisaille ou bien pire encore. Elle avait déjà vécu cet épisode des dizaines de fois et commençait sérieusement à trouver le temps long. Alors bien sûr, elle n’était pas invincible, loin de là. Mais elle encaissait très bien la douleur, préférant crever que de trahir ses convictions. Quand on est tête brûlée un jour, on le reste jusqu’à sa mort. Amusée par la situation, elle se mit à chercher vainement quelqu’un dans la pièce. « Il est où ton copain ? On a une petite histoire à régler lui et moi. » Cette fois-ci, sa voix était bien plus froide et tranchante qu’auparavant. Après tout c’était une simple mise en garde, bien placée certes, mais elle espérait réellement avoir sa réponse.
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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeJeu 11 Oct - 17:57



Finalement en bon état. Cette fille semblait incassable. Et il fallait que ça tombe sur moi. Vas-y, tire en ce que tu peux. Ce que je pouvais risquait fort de se résumer à pas grand-chose. Elle bougeait lentement, avec précaution. Elle évaluait les dégâts. Est-ce qu’elle se demandait si elle était capable de m’avoir, là, maintenant ? Peut-être. Mais je lui faisais confiance pour ne pas trop me sous-estimer quand même. C’est extrêmement agaçant d’être toujours prise pour celle qui a besoin de protection. La petite fille fragile, l’enfant sans défense à couver à tous prix. C’était peut-être un des avantages de l’uniforme, à mes yeux. Il avait beau me faire porter le poids de la culpabilité jour après jour, je n’étais plus un oisillon tombé du nid. J’étais capable de me débrouiller toute seule, et les gens respectaient ça. Non, pas exactement. Ils craignaient ça. C’était le mauvais côté. Voir les mères demander à leurs enfants de rentrer quand on passait dans la rue. La lueur de méfiance dans les yeux de tout le monde. Savoir qu’on ne croit plus en votre sincérité. C’était le revers de la médaille. Pas d’avantage sans inconvénient, je suppose.

Ses yeux froids sur les miens. Elle ne comprend pas. Je n’ai pas cherché ça. Je ne sais même pas ce que je fiche là. Pourquoi pacificatrice ? Je ne sais pas. Parce que ça me blesse autant que je fais du mal aux autres. Parce que je préfère que ce soit moi plutôt qu’une autre. Comment lui expliquer ça ? C’est insensé. De toute manière, qu’est-ce qu’elle pourrait bien y faire… je suis là, incapable de prendre une décision. Nev avait une expression que j’aimais bien, pour ça : le cul entre deux chaises. Ça représentait plutôt bien mon état. A tout instant, l’une ou l’autre pouvait se dérober, et ce serait la chute. Je soutenais son regard comme si ma vie en dépendait. Ne pas montrer une seule minuscule faille. Garder sa crédibilité. Pour une fois. Je me détourne, quelque secondes, récupère le premier objet qui me passe sous la main, et en profite pour respirer un peu. Un petit canif. C’est pas comme si je comptais m’en servir. Je le tourne et le retourne entre mes doigts, dans un ballet rapide, mais un peu macabre. Elle me sourit. Elle a l’air à l’aise. Est-ce que c’est un genre d’habitude pour elle, de se retrouver dans ce genre de situation ? Un truc assez blasant qu’elle laisse passer comme un enfant attend la fin de la colère parentale ? Je suppose qu’on va vite le découvrir. Encore une moue, et elle crache un peu de sang à mes pieds. Peut-être qu’elle va un tout petit peu moins bien que prévu ? Je lui lance un sourire en coin à grand peine. C’est compliqué de mentir dans chaque geste alors que tout ce que je voudrais, c’est vérifier qu’elle va bien et appeler un médecin. «On va dire qu’il y a mieux qu’une chaise. Mais bon... » Très exact, j’aurais moi-même préféré éviter. Ça devait être extrêmement désagréable pour le dos, et ne parlons pas du confort général d’un meuble en bois. «Ne blâme pas la chaise, c’est une fabrication locale. Et puis, tu sais bien pourquoi tu es ici… tu aurais pu éviter ça. Et par pitié, évite le sang sur l’uniforme, s’il te plaît, c’est pas toi qui fait la lessive et ça part très mal. » Bon, y’avais au moins une petite part de sincérité. Il était tout à fait véridique que le sang était une horreur à retirer totalement des tissus blancs.

J’étais tellement absorbée par le mouvement du canif entre mes doigts et par notre petite conversation, que je ne la vis même pas tester ses liens. Erreur, puisque je n’avais même pas fait moi- même le nœud. En fait, elle aurait très bien pu se détacher et me mettre K.O. dans la seconde, ce qui à l’instant, ne me traversait pas le moins du monde l’esprit. « Je sens que la journée va être longue. » Sur ces paroles, je ne pus m’empêcher d’échapper un long soupir las. Oui, la journée allait être terriblement longue, autant pour elle que pour moi. Si ce n’est plus. «Tu n’as même pas idée… » Ca pouvait passer pour une menace. En fait, ça sonnait plutôt terrible. Carrément classe, si seulement j’avais été une quelconque supervilaine cruelle et déterminée. Dommage, je n’étais ni l’un, ni l’autre, aux dernières nouvelles. Cependant, il y avait une chose de sûre : plus vite j’obtenais une bribe d’information, plus vite je pouvais débarrasser le plancher. Manque de chance, je n’eu même pas le temps d’ouvrir la bouche. «Il est où ton copain ? On a une petite histoire à régler lui et moi. » Je lève un sourcil, interloquée. Mon copain ? Quel individu pourrait bien être nommé comme ça ? Oh, oui. Evidemment. L’autre abruti, celui qui l’avait eue par derrière. Elle voulait se venger, c’était… compréhensible. Plutôt compliqué, voire irréalisable, mais compréhensible. J’aurais été agacée aussi, à sa place. Et sa voix ne laissait pas tellement de place au doute. «Qu’est-ce que j’en sais, je suis pas sa nounou. Mais te bile pas, je suis sûre qu’il t’apportera le thé un de ces quatre. » En fait, j’en étais même persuadée. Si elle restait en bon état assez longtemps, ce ne serait pas grâce aux autres pacificateurs du district. Histoire de me mettre à l’aise, je contourne la chaise vide qui fait face à Dana, et m’installe tranquillement. Ça évitera à mes genoux de jouer des maracas. Bon. Une info. Il faut qu’elle me donne quelque chose, n’importe quoi. Ce qu’ils bouffent au treize, la couleur de leurs draps, si possible leur nombre et leur force de frappe armée, mais ça, j’y compte pas trop. «Bien, les choses sérieuses maintenant ! Qu’est-ce qui t’amène dans le sept ? » Je fais tourner le canif, la lame siffle, luisante dans la semi-pénombre qui nous entoure. Ne serait-ce pas parfait si elle parlait sans même que j’aie à la toucher ?
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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeVen 12 Oct - 22:37





« What if I wanted to break, laugh it all off in your face. What would you do ? Come break me down. Bury me, bury me. I am finished with you ... »





Du regard, elle tentait d’examiner la pièce et, par la petite fenêtre essayait d’apercevoir son futur goûter, l’autre gus qui avait osé s’attaquer à elle. Même pas le cran d’agresser quelqu’un en face. Décidément les pacificateurs, et particulièrement les hommes baissaient de jours en jours dans son estime. Alors déjà que ce n’était pas bien haut, vous imaginez ce qu’elle pensait d’eux désormais. Le goût ferreux du sang dans sa bouche la dérangeait fortement mais elle y était tellement habituée qu’elle passa outre cette sensation désagréable. A force, cela lui devenait aussi courant que de croquer dans du pain. A tel point que certains jeunes rebelles venaient automatiquement la voir lorsqu’elle revenait de mission, histoire d’écouter les péripéties qu’elle avait enduré. Parfois elle se demandait si cela ne devenait pas limite malsain mais elle faisait avec. Après tout, il fallait entretenir le mythe, histoire que des rumeurs circulent. Car en vérité, elles avaient un bon fond. La plupart des ennemis hésitaient à frapper en premier, soit par crainte soit parce qu’elle était une femme. Ce dernier point s’avérait d’ailleurs très pratique dans ce monde d’hommes mais qu’importe. Dans cette histoire, elle se retrouvait ligoter sur une chaise avec une pacificatrice à tête d’ange et toute une série d’instruments de torture. Génial, franchement, on ne pouvait pas rêver mieux…

La petite qui se trouvait face à elle semblait hésitante ce qui troubla Dana. D’ordinaire, ces gens-là faisaient leur sale boulot, tentaient d’obtenir des réponses en utilisant des méthodes peu catholiques puis ils vous foutaient au fond d’un trou et on attendait plus parler de vous. Cependant avec Azalea, ça semblait étrangement différent. La jeune femme tentait de rester le plus crédible possible et d’une froideur incalculable, mais Dana sentait quelque chose. Au plus profond de son être, son instinct lui hurlait que cette dernière était différente. Mais en quoi, ça elle n’en avait aucune idée. Etait-ce une bonne chose ou, au contraire, un mauvais présage ? Elle encra aussitôt son regard froid sur cette dernière tentant vainement de l’analyser. Quelque chose clochait et elle n’appréciait pas ce genre de situations. Dana ne supportait pas le fait de ne pas réussir à cerner quelqu’un. D’ordinaire elle avait un don pour ça mais là, rien. C’était le néant. Comme s’il y avait une couche en métal impénétrable, qui cachait tout autre chose en dessous. « Ne blâme pas la chaise, c’est une fabrication locale. Et puis, tu sais bien pourquoi tu es ici… tu aurais pu éviter ça. Et par pitié, évite le sang sur l’uniforme, s’il te plaît, c’est pas toi qui fait la lessive et ça part très mal. » Pour ça au moins elle n’avait pas tort. Plusieurs de ses blousons portaient encore les marques de ses différentes altercations. Alors certes il y avait bien pire, mais étant légèrement maniaque sur les bords, elle devait avouer que les tâches de sang étaient extrêmement énervantes.

Dana ne pouvait plus désormais quitter le petit canif des yeux. Beaucoup auraient rigolé à la vue de ce dernier mais la jolie rousse savait qu’entre des mains expertes, les dégâts pouvaient être irréparables. Et sincèrement, hors de question de finir avec un nerf sectionné ou toute autre chose s’y rapportant. Elle était certes habituée à la douleur mais pas encore au point d’en ressentir du plaisir et de devenir masochiste. Non merci, elle s’en passerait. Cependant le long soupir d’Azalea la sortit de ses réflexions. « Tu n’as même pas idée… » Il est vrai que sa phrase sonnait légèrement comme une constatation macabre mais il y avait toujours ce petit quelque chose qui tiquait dans son esprit et elle s’efforçait désespérément à trouver ce que c’était. « Qu’est-ce que j’en sais, je suis pas sa nounou. Mais te bile pas, je suis sûre qu’il t’apportera le thé un de ces quatre. » Cette fois-ci elle ne put s’empêcher de sourire. La demoiselle avait de la répartie. Ça changeait des pauvres imbéciles qui lui cognaient dessus sans réel but précis. Décidément cette gamine était des plus intéressantes. Relevant la tête vers cette dernière, elle fronça les sourcils l’air amusé. « Je ne suis pas fan de thé, je préfère le café. Mais si vraiment il n’y a que ça, ce sera 1 sucre pour moi. Tu lui transmettras le message ? » Tout à fait charmante vous disais-je. Sans broncher, elle la contempla s’assoir face à elle et peu à peu toute émotion s’effaça de son visage.

« Bien, les choses sérieuses maintenant ! Qu’est-ce qui t’amène dans le sept ? » Mais oui, bien sûr. Non mais c’était bien connu, à peine les présentations de faites, qu’on se met à blablater comme si on se connaissait depuis des années. Dana leva un sourcil et afficha une mine dépitée. Sincèrement la petite pacificatrice s’attendait-elle réellement à ce qu’elle lui serve ses plans sur un plateau d’argent ? Si c’était ça, elle se mettait franchement le doigt dans l’œil, jusqu’au coude même. « Oh tu sais, du tourisme. Le paysage et les petits papillons sont magnifiques parait-il. » Parfaitement détestable. Un immense sourire étira ses traits tandis qu’elle se foutait ouvertement de sa gueule. Pourtant, son regard givré ne quitta pas la lame des yeux, ce serait trop risqué de sous-estimer son adversaire. Surtout que, dans cette situation, sa position n’était pas des plus favorables. « Sinon en ce moment j’ai un autre passe-temps. J’adore voir les tiens se faire étriper par mes hommes. Mais ça, j’crois que je le savoure plus que toi. » Les hostilités étaient ouvertes. Si vraiment la jeune femme voulait des réponses à ses questions il faudrait y aller plus fort que ça. Car dans le jeu du chien qui se mort la queue, Dana était devenue maître...
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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeSam 13 Oct - 18:41



Elle ne dirait rien gratuitement. Ça crevait les yeux. Et je continuais à y croire, priant pour que je puisse m’en sortir sans la blesser. Et pourtant, au fond de moi, quelque chose s’était résigné. Résigné à blesser. Le moins possible, le plus proprement possible. Juste… juste de quoi obtenir quelque chose de suffisant pour contenter ceux qui tiraient les ficelles. Ensuite, je lui faisais confiance pour qu’elle s’en sorte par ses propres moyens. C’était… un arrangement pour le plus grand bien, ou quelque chose d’approchant. Je souffrais de devoir faire couler le sang, mais elle me mettait dos au mur. Impossible de reculer maintenant. C’était moi ou elle. Si je partais, c’était toute ma crédibilité que je laissais ici. C’était impossible. Si je perdais ma place, ou que je mourrais, qui est-ce qui resterait au sept pour protéger les habitants ? Peu de mes collègues étaient disposés à laisser passer les infractions, même les plus infimes. Depuis l’annonce publique de ces crétins du treize, tout le monde était sur ses gardes. C’était encore pire depuis les premiers jours de la révolte. Les pacificateurs devenaient impitoyables. Plus personne ne cherchait à comprendre. Il fallait sévir le plus vite possible, empêcher une prise de pouvoir de Coin sur un maximum de district, et les cadavres se compteraient plus tard. Mais ce qui me réveillait la nuit, ce n’était pas les agissements des pacificateurs. J’avais appris à réprimer la haine, la douleur quand il s’agissait eux. Je pouvais la cacher. Je l’avais remplacée par de l’espoir, placé sur tout ces rebelles. Mais ils n’en valaient pas la peine. Ils étaient tous les mêmes. Sanguinaires. Ces apprentis défenseurs de la liberté ne valaient pas mieux que les autres. Eux aussi tuaient sans comprendre. Eux aussi torturaient, mentaient, trichaient. Ils faisaient même pire : ils instillaient l’espoir dans le cœur des gens. Ils leurs demandaient de tout donner pour un idéal. Pourquoi ? Pour user au final des mêmes méthodes. Ils ne valaient pas mieux. Coin, Snow, il n’y avait aucune différence. Une dictature ou une autre, quelle importance. Ils se battaient tous pour la plus grosse part du gâteau.

« Je ne suis pas fan de thé, je préfère le café. Mais si vraiment il n’y a que ça, ce sera 1 sucre pour moi. Tu lui transmettras le message ? » Quels goûts de luxe pour une pauvre petite rebelle du treize… ils étaient ainsi mieux fournis que prévu. Pour avoir des préférences, elle avait dû y goûter plusieurs fois. Traitement de faveur ou cas répandu ? Nous devions envisager des approvisionnements massifs en provenance des districts capables de produire des denrées de ce type. Resserrer les contrôles autour des trains de marchandises, procéder à des listings exhaustifs. Enfin, ce serait sûrement ce qui se produirait… si j’en parlais à qui que ce soit. Ou peut-être que je tirais des conclusions hâtives. Mais si j’avais appris une seule chose de ma situation, une seule, ce n’était pas me battre, comment blesser, ou comment utiliser telle ou telle arme. C’était faire attention aux détails. Aux petites choses insignifiantes que les gens vous disent dans même y penser réellement. C’était prêter une importance à tout, banal ou absurde, évident ou caché. Parce que l’essentiel se situait toujours dans les détails. Pourtant, je ne pouvais pas continuer cette discussion aux apparences innocentes plus longtemps. Si un de mes collègues entrait maintenant, nul doute qu’il ne verrait pas la situation d’un bon œil. Je serais soupçonnée, évidemment. Quelle pacificatrice digne de ce nom discuterait thé avec une rebelle ? Aucune. Ce qui expliquait clairement que je n’étais pas une pacificatrice digne de ce nom. Pas au sens où la majorité l’entendait. « Oh tu sais, du tourisme. Le paysage et les petits papillons sont magnifiques parait-il. » Eh, pas de moqueries sur les papillons. Comment était-il possible de ne pas aimer les papillons ? Monstre.

Ça allait s’avérer plus encore plus compliqué que prévu. Si madame avait décidé de jouer au plus fin, on était pas rendus. Et ce grand sourire. Même avec tout l’amour du monde… doux jésus, est-ce que les gens n’avaient pas envie de la frapper parfois ? Cependant, il était impossible de ne pas remarquer que son petit manège tenait plus de l’esbroufe bravache que d’autre chose. Elle n’était pas folle, elle ne me provoquait pas assez pour que je perde mon sang-froid, occasionnant ainsi un geste malheureux. Comme si j’en étais capable. Elle ne me connaissait pas assez pour taper là où ça fait mal. Donc, elle tenait quand même à la vie. Pas folle. « Comme c’est mignon. » Je me lève. « Sinon en ce moment j’ai un autre passe-temps. J’adore voir les tiens se faire étriper par mes hommes. Mais ça, j’crois que je le savoure plus que toi. » Garder son calme, paraître plus forte qu’elle, c’était la clé. Amoureuse de liberté ou pas, elle appréciait le gâchis de vie inutilement perdues. Comment le pouvait-elle ? La plupart des pacificateurs n’étaient certes pas des enfants de chœur. Mais tous autant qu’ils étaient méritaient de se voir offrir un choix, une seconde chance. Ils méritaient que quelqu’un prenne la peine de leur ouvrir les yeux. En ça, les rebelles étaient tout aussi exécrables que le Capitole. J’avance lentement vers elle, la contourne à pas mesurés. L’épaule. Dans le creux, juste au dessus de la tête de l’humérus. Un coup sec, puis effet de levier. Douloureux, pas irréparable, et avec un peu de chance, pas la moindre séquelle. La main qui tient le canif se met à trembler. Dieu merci, elle ne peut pas le voir. Un coup sec. Allez. Pense à un steak. Voilà. Pas de Dana, pas de douleur, pas de sentiments. Un bon vieux steak tout ce qu’il y a de plus mort. La lame virevolte entre mes doigts, et brusquement, je la plante dans son épaule. Dégâts théoriques, un muscle abîmé, peut-être un ou deux tendons en mauvais état. Les articulations sont des zones tellement sensibles. J’imprime une rotation à la lame, et un petit craquement m’apprend que j’ai touché l’os. Suffisant. La retirer provoque un haut le cœur que je cache du mieux que je peux. Du sang. Partout. Ce qui fait mal, c’est que je sais parfaitement ce que je viens de faire. C’est que chaque geste est calculé. Je pourrais utiliser ce que je sais pour soigner, pas pour détruire. Violence gratuite. Ai-je le choix ? Une grande respiration silencieuse, et je termine de la contourner, jusqu’à me retrouver derrière ma chaise. Une expression neutre. Un sourire narquois ou je ne sais quelle autre provocation est au dessus de mes forces pour le moment. Alors je m’efforce de garder un masque lisse.

« Tu sais, les autres ne sont pas aussi délicats. Je ne te demande pas grand-chose. Dis-moi juste ce que je veux savoir. Quelle était ta mission ? Et combien d’hommes t’accompagnent ? » Accessoirement, il pouvait être utile de savoir ce que j’allais devoir affronter ensuite. Combien de fous seraient prêts à sacrifier leur vie pour la récupérer ? Quel fichu pétrin. Tout ce que je voulais, c’était rester à la maison et continuer à brûler ma bouffe, c’était pourtant pas compliqué. Pourquoi fallait-il qu’à chaque fois, elle me tombe dessus et installe un foutoir pas permis ? « Tu ne veux pas mourir... Il y a bien quelqu'un à qui tu tiens. Plusieurs personnes. Penses-y. Ne les laisse pas seuls. Tu n'es pas obligée de laisser ta peau ici, Dana. » Essayons nous à leurs méthodes. L'espoir. Le vil espoir, le sale espoir. Et pourtant, il y a une part de vérité. Je ne la laisserai pas mourir. Je me penche, et m’accoude sur le dossier de ma chaise, l’air faussement nonchalant. Jusqu’où vais-je devoir aller ? La culpabilité me tord le ventre. Par pitié, je ne demande pas grand chose. Juste une bonne raison de me tirer d’ici…
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MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeSam 13 Oct - 20:22





« What if I wanted to break, laugh it all off in your face. What would you do ? Come break me down. Bury me, bury me. I am finished with you ... »





Dans la vie rien n’est jamais gratuit. C’est une constatation douloureuse et c’est presque offusquant mais c’est ainsi. La Terre tournant sur elle-même avec l’homme à son bord est la preuve même que pour obtenir quelque chose, une autre doit être déposée. C’est la triste histoire de la balance, chacun met ce qu’il a échangé sur la table et les jeux sont faits. Elle finit toujours par pencher d’un côté ou de l’autre. Après il vaut mieux espérer que ce soit pour sa pomme plutôt que pour l’adversaire. On a tous cette envie de gagner au plus profond de nous et, même le plus parfait des bisounours trouvera toujours quelque chose à apprécier pour lui plus que pour un autre. Dans ce foutu univers délabré, l’homme n’est qu’un terrible pantin, mené par des ficelles qui lui sont bien supérieures. On a beau se battre pour des idéaux, il y a toujours quelqu’un derrière. Dans l’ombre, il existe ce manitou que personne ne connait mais que tous redoute. A chacun ses envies et ses rêves inaccessibles. Dana faisait partie du petit groupe de gens qui pensaient que, malgré l’état avancé de ce monde décharné, quelque chose de meilleur attendait patiemment son heure. Elle ne voyait ni les bons ni les mauvais. Il n’y avait pas véritablement de camps à ses yeux vu que Coin et Snow était à mettre dans le même panier. Chacun envoyait des hommes se faire massacrer tandis qu’ils restaient gentiment cachés à l’intérieur. Dana quant à elle vivait pour le terrain, pour cette terre qu’elle avait toujours foulée et connue opprimée. Qu’importe ce que lui apporterait l’avenir, tant que cela lui permettait de changer d’horizon. Mais peu parvenait à comprendre son raisonnement. Elle était trop différente, trop dérangeante finalement pour qu’on ne s’intéresse trop à elle. Si les rebelles gagnaient cette guerre, elle foutrait son rang de Colonel à la poubelle. Elle n’espérait rien, aucune récompense, juste la sensation d’avoir ouvert quelque d’autre. Dana partirait sans demander son reste, s’étant battue pour une cause qu’elle pensait être juste. Ce qui adviendrait après ? Elle s’en tapait le coquillard. De toute manière, elle ne resterait pas pour voir la suite des évènements. La liberté apportée lui suffisait et elle ne voulait pas assister à la construction d’un nouvel empire. De toute manière, ils étaient tous voués à se casser la gueule un jour où l’autre, qu’importe celui que se trouvait à sa tête. Elle était simplement résolue à accomplir sa tâche dans ce petit monde écaillé, tentant de lui redonner un minimum de couleurs et, si possible, sauver ces gosses du massacre auquel ils étaient conviés.

« Comme c’est mignon. » Cette phrase la fit sourire intérieurement. Cela faisait bien longtemps qu’on n’avait pas employé ce terme avec elle dans une conversation. Elle en venait même à se demander si un jour, quelqu’un avait utilisé un tel adjectif en sa présence. Au bout d’un moment, elle dut constater que cela ne faisait pas partie de son vocabulaire, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Relevant l’échine, elle observa les moindres faits et gestes de la pacificatrice. Elle savait que tôt ou tard, sa chair goûterait au métal froid de la lame. Elle connaissant cette sensation, la matière lisse et glaciale qui effleure la peau avant de la brûler comme de la lave. Alors elle patientait, attendant simplement son heure. C’est de cette manière, qu’elle vit la jeune femme disparaître dans son dos, le canif à la main. La tête haute et fière, Dana se mit à fixer un point invisible droit devant elle, essayant de faire le vide dans sa tête. Il était inutile de stresser ou de paniquer, cela ne ferait qu’envenimer la situation. Alors, avec un calme olympien elle se mit à compter sa respiration, ralentissant son rythme cardiaque comme elle avait appris à le faire. Puis soudainement, elle entendit le sifflement dans l’air que la lame parcourut avant de s’enfoncer dans son épaule. Sa respiration fut coupée sous le choc et elle ferma les yeux le plus fort possible. Ses mâchoires se contractèrent jusqu’à ce qu’elle ressente une douleur dans les muscles des joues puis elle relâcha la pression. Elle ne put retenir un cri de douleur lorsque la pacificatrice émit une rotation de la lame dans sa chair. Elle sentit ses tissus se déchirer peu à peu tandis que le sang commençait à affluer. Mais le pire était à venir malheureusement... Lorsque cette dernière retira la lame, Dana dut serrer les mâchoires une nouvelle fois pour contenir la douleur. Sa respiration saccadée lui brûlait terriblement les côtes mais le pire était les vagues qui se diffusaient peu à peu dans son bras. Elle avait l’impression que son cœur avait élu domicile à l’endroit de sa blessure. Avec tout le courage qui résidait au fond de son être, elle posa un regard noir sur sa tortionnaire avant de se redresser sur sa chaise. A présent le sang coulait en abondance le long de son bras pour former peu à peu une marque sur le sol. Le seul avantage était que ce dernier coulait également sur ses liens qui devenaient bien plus glissant qu’autrefois mais même le plus petit mouvement était pour le moment trop douloureux pour tenter quoique ce soit.

« Tu sais, les autres ne sont pas aussi délicats. Je ne te demande pas grand-chose. Dis-moi juste ce que je veux savoir. Quelle était ta mission ? Et combien d’hommes t’accompagnent ? » Tentant de reprendre son calme, elle ne quitta cependant pas la jeune femme des yeux lorsque celle-ci lui adressa une nouvelle fois la parole. « Tu ne veux pas mourir... Il y a bien quelqu'un à qui tu tiens. Plusieurs personnes. Penses-y. Ne les laisse pas seuls. Tu n'es pas obligée de laisser ta peau ici, Dana. » Malgré la douleur lancinante au creux de son épaule, elle lui offrit un sourire amusé, teinté d’une légère grimace due à ce qu’elle endurait. « Je n’ai pas tant d’amis que ça, je te rassure. » Même si elle en avait tout l’air, Dana n’était pas un monstre, juste une incomprise. Des idées trop innovantes pour être acceptées, un caractère trop dur pour un corps de femme. Un regard trop clair pour une âme si tourmentée. Elle n’était pas cette chose façonnée par la guerre, cette arme vivante mise en place par les rebelles comme beaucoup le pensaient. Non, elle était juste Dana. Une simple fille ayant grandi trop vite, à qui l’on a volé trop de choses pour qu’elle puisse rentrer dans la petite case des gens normaux. Puis elle devint beaucoup plus sérieuse, essayant de ravaler sa douleur. « Malgré tout ce que tu peux penser, je ne suis pas comme eux. » Elle toussota sous l’impulsion des vagues de douleurs et souffla désespérément de l’air qui lui semblait brûlant. Son sang continuait à se répandre peu à peu sur elle comme au sol mais à ce stade, ça n’avait plus d’importance. Ses yeux givrés croisèrent les siens, elle était tout à fait sincère dans ce qu’elle venait de dire. Dans ce « eux », elle incluait à peu près tout le monde, tout du moins tous ceux qui se battaient sans avoir de but, juste pour choisir un camp. « J’ai des convictions auxquelles je crois. Et qu’importe que je meurs ici ou là-bas, ça n’y changera rien. Je ne souhaite pas tuer pour tuer. Je tue car au fond, je n’en ai pas le choix. » Pourquoi se confiait-elle ainsi à une pacificatrice ? Aucune idée, mais son instinct lui dictait qu’elle faisait les bons choix. Le souffle court, elle tenta d’apercevoir les dégâts commis sur son bras mais à peine eut-elle tourné l’échine que la piqure de rappel fut plus violente encore. Elle encaissa le coup en fermant les yeux, essayant vainement de se concentrer sur une pensée douce et loin de tout cet enfer. « Pour ce qui est de ma venue ici, saches que je suis seule, je venais juste voir si tout se passait bien. Pour le reste, quelqu’un d’autre s’en chargera à ma place… » Elle parlait bien entendu de son attentat mais ça Azalea n’était pas au courant. Cependant dans quelques minutes ou plus, une explosion retentirait, elle le savait. N’étant pas au point de rendez-vous, d’autres prendraient sa place…

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MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeJeu 18 Oct - 20:46



Le sang coulait, lentement, et goutte à goutte, rougissait le béton. Et chacune de ces gouttes me donnait envie de vomir. Je me force à oublier, à éviter la blessure des yeux. Et pourtant, je l’ai faite. Elle est de moi. C’est ma faute. Entièrement. Et elle me jette un regard furieux. Si tu savais comme je suis désolée. Sa douleur était mienne. Peut-être pas physique, mais bien réelle. Je me rassure en me disant que la blessure est propre : elle ne risque pas de complications, à moins qu’elle ai la brillante idée de se rouler dans la boue. Ou bien d’être enfermée dans une de ces cellules en sous sols à faire fuir un rat de dégoût. Tout dépendait de son comportement, pour ça, je suppose. Quoique, les autres seraient capables de l’y jeter par simple mesure de précaution. Elle avait trop bonne réputation pour qu’ils prennent le risque de se faire avoir. J’essaie de mettre un mouchoir sur mes bons sentiments, et je prends un air dégagé. L’important, c’est qu’elle me croie prête à recommencer, pendant des heures s’il le faut. Qu’elle croie que je ne suis pas sur le point de vomir tripes et boyaux sur le béton. Moi qui parlais de propreté des uniformes…

Elle restait droite, son regard sévère comme si elle venait de me prendre la main dans le sac pour je ne sais quel forfait. Amusant comme ça inversait les rôles. J’étais celle qui venait de la prendre sur le fait. Et j’étais aussi celle qui se sentait fautive. Amusant, l’ironie des choses. J’avais mal pour elle. Pourtant, je savais de quoi elle était accusée. Ce qu’elle avait fait. Meurtres. Attentats. Tortures ? Rébellion, en somme. Quel outrage, penser différemment… Mais elle avait tué, des innocents peut-être, des pacificateurs sûrement. Et les deux me révoltaient tout autant. Pas pour les bonnes raisons, je sais. Mais les pacificateurs étaient devenus une seconde famille, une sorte de substitut à ce que j’avais perdu. Parce qu’ils ne se posaient pas de questions : j’étais des leurs. Et c’était le principal. Une protection mutuelle. Je savais que jamais je n’aurais été capable d’abandonner l’un d’eux s’il avait besoin de moi. Même le plus abject, le plus cruel, le plus méprisable. Je devais être une bonne poire. Un truc comme ça. L’abrutie de l’histoire. Tant pis. Il en fallait bien une. Mais est-ce qu’elle était seulement capable de s’accrocher à la vie pour quelqu’un ? Est-ce que Dana était capable de sacrifier de beaux principes pour des sentiments ? Peut-être les croyait-elle éphémères. Peut-être l’était-ils. Mais de toute façon, c’était bien le cas de tout dans ce monde, non ? « Je n’ai pas tant d’amis que ça, je te rassure. » Peu suffisaient. Un seul suffisait, non ? Et puis peut-être plus qu’un ami, même si elle n’avait pas vraiment l’air encline à s’embarrasser d’une attache de plus. Et même sans ces supposés amis, il y avait plus important. Il y avait les liens du sang. Indéniables, sans commune mesure avec une amitié. En fait, c’était la seule chose qui n’était pas éphémère. Quand mes yeux se perdent dans le vague, c’est elle que je vois. Nev, ma Nev. Ma sœur, ma moitié, mon double. Celle que personne ne pourra jamais remplacer. Etrangement, elle a pris encore plus d’importance depuis qu’elle est partie. Elle est indissociable de moi. Par delà la mort. Elle n’est pas éphémère. Elle est éternelle.

« Qui te parle d’amis… Il y plus important. Il y a la famille, Dana… » Et malgré moi, mes pensées divaguent, et Neveah s’installe dans ma tête. Comme à chaque fois que je pense à elle. Je la vois presque. Je vois son ombre dans tous les coins, j’entend son rire à chaque coup de vent, je sens son regard quand je ferme les yeux. "Je serais toujours là." Protège ceux à qui tu tiens Dana, envers et contre tout. Fais ce que je n’ai pas eu le courage de faire. Jusqu’au bout. Nev s’en va, et la réalité revient. Je préférais le rêve. « Malgré tout ce que tu peux penser, je ne suis pas comme eux. » Que sait-elle de ce que je pense ? Certainement pas la vérité. Tout au plus la version officielle, assaisonnée de quelques doutes. Elle n’est pas comme eux. Pas comme ces soldats aveuglés par de belles promesses ? Pas comme ces décideurs empâtés à force de rester à l’abri dans leurs bastions ? Pas comme ces innocents qui subissent les coups sans pouvoir rien y faire ? Pas comme ces fous qui profitent du chaos pour régler leurs comptes ? Pas comme ces solitaires qui ne croient en rien si ce n’est en leurs intérêts ? Pas comme qui, Dana ? Si elle tentait de gagner ma confiance, c’était peine perdue. On ne fait pas confiance à ceux qui cherchent à vous tuer. En temps normal… Mais il était hors de question que je me laisse aller à des effusions sentimentales avec une fille qui au fond, ne voulait probablement qu’ajouter mon nom à la liste des victimes de cette guerre. La probabilité que Dana soit motivée par autre chose que le renversement du capitole sans aucun projet précis était bien faible. Dérisoire. « J’ai des convictions auxquelles je crois. Et qu’importe que je meurs ici ou là-bas, ça n’y changera rien. Je ne souhaite pas tuer pour tuer. Je tue car au fond, je n’en ai pas le choix. » Emouvant. Pourquoi elle me disait ça à moi, je n’en avais pas la moindre idée. Est-ce qu’elle cherchait à me faire passer de son côté, à opérer un genre de révélation fulgurante ? Sur une fidèle admiratrice du capitole, c’était osé. « On a toujours le choix. » Mourir pour une cause, cette idée revenait fichtrement souvent. Et pourquoi ne pas vivre pour une cause, pour changer ! Il était scientifiquement prouvé qu’on était plus efficace vivant que mort. Alors, de temps en temps, il fallait oublier l’idée de mourir héroïquement, façon martyr emblématique. Je me force à ignorer sa souffrance. Sa façon de se crisper, de serrer ses paupières est plus que révélatrice. J’ai frappé juste. Pas étonnant, n’importe quel benêt pourrait faire mal à une personne ligotée à une chaise. Je prend une grande inspiration silencieuse. Rester nonchalante. Imaginer que je suis à la maison. « Pour ce qui est de ma venue ici, saches que je suis seule, je venais juste voir si tout se passait bien. Pour le reste, quelqu’un d’autre s’en chargera à ma place… » Bien sûr, seule. Foutaises. Et le petit-neveu de Snow était venu samedi dernier tout seul pour voir si « tout se passait bien » aussi. Quel dommage qu’ils se soient loupés. Et puis, le reste ? C'était d'aussi bonne augure qu'un ciel noir de nuages. « Tu n’aimes pas tuer ? Bien, je comprends ça. Alors pourquoi ne pas me dire directement la véritable raison de ta venue ? Ça éviterait beaucoup de morts inutiles, j’en suis persuadée… » Je me voyais déjà contempler un massacre… un massacre que je pourrais éviter. Des vies qui pourraient être sauvées. Il fallait juste qu’elle m’en laisse la possibilité. Une toute petite chance. Le temps de prévenir les autres, parce qu’il était probable que je n’arriverais jamais à temps. « On sait toutes les deux que tu n’est pas là pour une pauvre petite mission de supervision. S’il te plaît, ne me force pas à être désagréable encore une fois. » Je jette un coup d’œil à la lame dans ma main, qui me semble soudainement bien moins jolie couverte de sang. Sans relâcher mon attention, du moins en apparence, je me dirige vers la table, où j'attrape un chiffon, pas forcément bien propre, pour nettoyer consciencieusement le canif. Peut-être qu’au fond, se focaliser sur un geste aussi répétitif et simple m’empêchait de laisser Dana là, et de partir en courant.


Dernière édition par Azalea J. Green-Reagan le Sam 8 Déc - 17:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeMer 31 Oct - 11:15





« What if I wanted to break, laugh it all off in your face. What would you do ? Come break me down. Bury me, bury me. I am finished with you ... »






Le sang qui s’écoulait de sa blessure lui semblait être de la lave liquide. Aussi chaude et dévastatrice que lors d’une éruption. En fermant les yeux, elle pouvait facilement retracer le parcours d’une seule goutte qui partait doucement du sommet de son bras jusqu’au creux de ses reins avant de s’écraser lourdement sur le sol. La douleur était telle que ses côtes la faisaient souffrir sous le rythme incessant de sa respiration saccadée. Son muscle littéralement mis à nue, pulsait juste sous l’impact des tissus tandis qu’elle sentait peu à peu ses forces diminuer. Après tout, elle n’était pas invincible, simplement humaine. Cette perte de sang allait très prochainement devenir un souci bien plus important que ce qu’elle avait envisagé. Relevant l’échine, elle encra son regard sur la porte d’entrée pour tenter d’obtenir un minimum d’informations quant à la probabilité qu’un autre pacificateur se tienne de l’autre côté. Mais rien, ses sens affaiblis ne lui permettaient plus la même concentration qu’autrefois. Alors, avec un calme olympien elle se mit à attendre simplement que le temps passe. La jeune femme qui se tenait face à elle pourrait toujours essayer d’obtenir quelque chose sur les rebelles, c’était peine perdue. Elle donnerait des noms s’il le fallait mais cette dernière n’aurait ne serait-ce même pas une petite miette quant aux plans de ces derniers. Elle préférait amplement qu’on lui tranche de suite la gorge. Prenant sur elle, Dana ferma les paupières, tentant de se fixer sur les paroles de sa tortionnaire, car c’était la seule chose qui la retenait désormais à la réalité. Qu’importe ce qu’il adviendrait désormais. Elle encaisserait jusqu’à ce que tout soit fini.

« Qui te parle d’amis… Il y plus important. Il y a la famille, Dana… » Dans un sursaut, la voix de cette dernière la ramena à elle. Ce ne fut que lorsqu’elle parvint à comprendre les mots d’Azalea qu’elle laissa sa tête basculer vers l’avant. Tel un pantin désarticulé, elle observa durant de longues secondes ses jambes et le sang qui maculait son corps. L’arrête de son nez se mit à la picoter tandis que ses yeux s’embuaient. Elle serra fermement les mâchoires tandis que son esprit se remettait à divaguer sous la douleur. La famille dans sa bouche était un mot qui sonnait terriblement faux. Elle avait perdu tous ceux qui lui étaient chers il y a bien longtemps de ça. Et automatiquement une personne lui vint en mémoire. Un seul visage s’imposa comme un flash dans son esprit. Sitaël. Unique et douloureux à la fois, malgré les années, elle n’avait jamais pu oublier son regard. Il était celui qu’elle avait endurcit, traumatisé, repoussé jusqu’à faire de lui un monstre. Autrefois véritable petite bête sans défense, il était revenu des Jeux comme un homme que rien ne pouvait arrêter, comme l’être immonde et terrifiant du District 11. Il était simplement devenu l’Homme au Masque. En voulant lui sauver la vie, elle l’avait condamné à errer dans un monde sombre et solitaire. Jamais elle n’était parvenue à ôter de son esprit le dernier regard qu’il avait posé sur elle avant de partir pour les Jeux. Jamais. Il y avait tant d’incompréhension, de non-dits et de tristesse au fond de ses yeux que cette image était restée gravée en elle. Elle l’avait profondément détruit en faisant de lui un vainqueur alors que ce dernier aurait souhaité crever là-bas. Au fond, elle lui avait volé sa vie. Alors que voulez-vous, quand vous êtes persuadé d’avoir fait plus de bien que de mal sur votre unique « famille »; comment ce terme, pourrait-il sonner autrement qu’amèrement dans votre bouche ?

Dix-neuf ans qu’elle ne l’avait pas vu. 228 mois qu’elle avait laissé derrière elle son chef d’œuvre, son petit frère accablé d’un masque témoignant de sa douleur et de sa noirceur. Alors à quoi bon parler de liens du sang lorsque plus rien ne nous rattache à eux ? Lorsque leurs simples évocations nous font plus de mal que de biens ? Il n’y avait plus de souvenir, plus de rires. Simplement des larmes solidifiées par le temps tout au fond de son cœur aujourd’hui cadenassé. Dans son délire, une petite voix lui parvint soudainement d’un coin sombre de la pièce. Relevant l’échine, elle reporta son attention dans le coin juste derrière la pacificatrice. Plissant les yeux, elle aperçut dans l’ombre un petit garçon agenouillé qui la contemplait de son immense regard bleu. « Tu as beau dire ce que tu veux Dana. Je suis mort là-bas, voilà tout. » Fiévreuse, elle se mit à tousser fortement, ce qui lui arracha une légère plainte avant qu’elle n’encre ses yeux dans celui du gamin. « Ta gueule… je sais que t’existe pas. » Elle affrontait ses propres démons tout en combattant la douleur, autant dire que c’était peine perdu. Cependant l’image du gamin s’effaça peu à peu et elle se mit de relever la tête pour contempler la jeune femme qui se tenait face à elle. Cette dernière avait dû assister à ce spectacle de désolation mais qu’importe, Dana n’en avait plus rien à secouer. « Je… je n’ai plus de famille. » Même si beaucoup de gens se souvenaient d’un dénommé Astaroth, on ne les associait plus depuis des années. « Je ne manquerais à personne. » Le souffle court, elle tenta de refouler la voix du gamin qui tournait en boucle dans sa tête, celle qu’elle entendait parfois la nuit lorsqu’elle se retrouvait seule. « On a toujours le choix. » Malgré ses délires dus à sa perte de sang devenue importante, Dana se mit à sourire le plus sincèrement du monde. « Ce n’est pas pour autant qu’on fait toujours les bons. » Alors oui, elle devait se concentrer sur l’instant présent pour ne pas repartir dans ses mirages psychotiques mais elle en venait à se demander si cela ne serait pas plus facile. Sombrer dans le noir serait tellement plus simple.

« Tu n’aimes pas tuer ? Bien, je comprends ça. Alors pourquoi ne pas me dire directement la véritable raison de ta venue ? Ça éviterait beaucoup de morts inutiles, j’en suis persuadée…. » De toute manière plus la conversation avançait plus la rebelle avait l’impression de tourner en rond. Mais qu’importe, ni l’une ni l’autre ne lâcherait ses positions alors autant continuer dans ce sens. Une nouvelle vague de souffrance se déchargea dans son épaule et elle contracta douloureusement les mâchoires. « Tu n’aimes pas tuer ? Bien, je comprends ça. Alors pourquoi ne pas me dire directement la véritable raison de ta venue ? Ça éviterait beaucoup de morts inutiles, j’en suis persuadée…. » Tirant sur ses liens de la manière la plus discrète possible elle remarqua que ses derniers s’étaient légèrement desserrés grâce à son sang qui ruisselait partout. Mais dans l’instant, elle ne pouvait pas tenter quoique ce soit. Les endorphines ne s’étaient pas encore assez propagées dans son corps pour qu’elle se mette à s’extirper de sa prison. « Charcutes moi autant de fois que tu le voudras. Tu n’obtiendras rien de plus venant de moi. » Un sourire provocateur illumina son visage tandis qu’elle serrait une nouvelle fois les dents pour encaisser la souffrance. Finalement, la petite pacificatrice avait du toucher bien plus que la tête de l’os car son sang continuait à se répandre en une marre continue autour de la chaise. Cependant, depuis le temps qu’elle avait disparu de la circulation, Dana était persuadée que quelqu’un avait pris sa place dans l’attentat. Relevant l’échine, elle encra son regard bleu dans celui d’Azalea. « Au moins, dis-toi que tu ne crèveras pas là-bas. Au final je t’ai sauvé la vie, d’une certaine manière. » Elle ne put s’empêcher de sourire devant l’ironie de la situation. Mais qu’importe ce qui allait désormais advenir de sa peau. Elle savait que la détonation allait retentir d’une seconde à l’autre dans la moitié du District. Il lui suffisait juste d’être patiente, et, en vérité, elle était pressée de voir la tête de sa tortionnaire lorsque cela se produirait.
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survival is a bitch ♆ dana Vide
MessageSujet: Re: survival is a bitch ♆ dana   survival is a bitch ♆ dana Icon_minitimeDim 9 Déc - 14:07



Quand est-ce que cette mascarade touchera à sa fin ? La comédie n’est décidément pas mon passe-temps préféré. Surtout quand elle implique des qualités de boucher-charcutier, de psychologue, et une bonne dose de temps à perdre. Cette fille était un bloc de marbre. Elle était de celles qui pensent n’avoir rien à perdre. Intouchables parce sans réelle attache. Sans rien pour la retenir. A ce qu’elle savait. Ne dit-on pas tout ce à quoi on tient est une faille ? Peut-être que Dana avait décidé de ne tenir à rien. Je sens le regard de Neveah sur ma nuque, aussi brûlant que si elle se tenait juste là, bien vivante. A quoi est-ce que je tiens ? Plus à grand-chose… Mais elle est toujours là. Comme prête à pardonner celle que je suis devenue. Comme si le pardon était ne serait-ce qu’envisageable. J’ai choisi ma voie en toute connaissance de cause. Et pour ça, il n’a pas d’excuse. Dana ferme les paupières, comme résignée à laisser la tempête passer. Et sans un mot, elle me renvoie tous mes torts au visage. C’est comme une gifle. Tu tues, tu mens, tu blesses, tu triches et tu fermes les yeux. Avec tout le monde. Lâche. Mes phalanges se serrent, se crispent sur le manche du canif. Blanches. Et quand je relève les yeux, Dana n’est plus là. Plus vraiment. Son regard se perd dans le vague, comme le mien le fait si souvent, et il n’est pas difficile de comprendre qu’il n’y a pas qu’un seul fantôme dans la pièce. Qui ? Qui a-t-elle pu perdre, qu’est-ce qui a pu la blesser si profondément qu’au fond d’elle-même, elle ne peut pas se pardonner ? La famille. Je lui parlais de famille. Un père ? Une sœur ? Un ami proche peut-être ? Qu’est-ce que j’en sais. « Ta gueule… je sais que t’existe pas. »

Alors Dana, insurgée de la première heure, toujours droite dans ses bottes, a donc des choses à se reprocher. Des choses qu’elle ne peut pas oublier. Je ne relève pas, et attend la suite. Elle divague. La douleur ? Peut-être. « Je… je n’ai plus de famille. » J’avais prononcé cette phrase de nombreuses fois. D’abord comme une gamine en pleine crise d’adolescence, puis comme une fille inconsolable, et enfin comme une pacificatrice fraîchement recrutée. Et elle ne voulait rien dire. Nombreux étaient les faits qui pouvaient se cacher derrière de telles allégations. Peut-être même qu’elle était en train de me raconter n’importe quoi. « Je ne manquerais à personne. » Plus je la regardais, et plus je comprenais qu’elle m’inspirait plus de peine que de haine, ou de peur. Mais il n’était pas de mon ressort de la consoler. Si j’étais là pour ça, ça se saurait. Et puis, quelque chose me disait qu’elle n’avait que faire de ma sollicitude, ou de celle de n’importe quel être humain sur cette planète. Il était plus que temps que je coupe court à cet arrière-goût de pitié qui ne manquait certainement pas de transparaître dans mes yeux. « Tu n’en sais rien. » Mon ton était plus sec que prévu. Mais je ne pouvais pas me permettre de passer la nuit à bavarder avec elle en attendant qu’elle se soit totalement vidée de son sang. Pas plus que je ne pouvais la regarder mourir sans rien faire. Il fallait être un peu plus offensive. Extraire la plus petite bribe d’informations, et partir d’ici tant que je le pouvais. « Ce n’est pas pour autant qu’on fait toujours les bons. » Elle commençait à s’ouvrir. Un tout petit peu. Il ne m’en fallait pas plus. « Nous sommes humains ! C’est normal. Et aujourd’hui, tu peux faire le bon choix. Tu peux me dire ce que tu préparais. Personne ne sera blessé. Plus de morts inutiles. Je peux te promettre que je ferais tout ce que je peux pour tes amis. S’ils tentent quoi que ce soit, ils seront écrasés sans la moindre pitié. Tu peux les sauver. Tu peux empêcher leur famille, leurs amis, de perdre ceux à qui ils tiennent. N’est-ce pas ce que tout le monde veut ? Protéger ceux qu’on aime ? » C’est quasiment une supplication, et je m’en rend soudainement compte. Mais comment pourrait-elle vivre avec le poids de tous ces cadavres sur ses épaules, sur sa conscience ? Comment pourrait-elle se regarder en face ? « Tu peux éviter ça. Dis-moi pourquoi tu es venue. »

Elle s’en fiche. Elle ne reculera devant rien avant de pouvoir contempler les ruines fumantes de tout ce que Panem avait jamais pu être. Elle ne parlera pas. Du moins, elle ne me parlera pas. Je dois avoir des méthodes trop douces à son goût. Fichus rebelles et leur tendance à l’héroïsme inutile. Comme si leur seul but était de mourir en martyr et d’avoir leur nom gravé sur un pauvre caillou, quelque part, sur lequel personne ne posera jamais les yeux. Tant pis. Qu’elle reste là, dans cet entrepôt répugnant, qu’elle chope une infection, et grand bien lui fasse. Un autre prendrait ma place. Avec plus de muscles, plus de questions et moins de pitié. Et pourtant, je savais que je serais incapable de me pardonner. De l’avoir laissée là. De ne pas avoir pu la sauver. On ne pouvait pas sauver tout le monde. Spécifiquement ceux qui ne voulaient pas être sauvés. « Charcutes moi autant de fois que tu le voudras. Tu n’obtiendras rien de plus venant de moi. » Merveilleux. Elle voulait se transformer en steak haché. Quel sens magnifique de l’honneur. Un rire aussi nerveux qu’inhabituel passe la barrière de mes lèvres, incontrôlable. Je crois qu’elle est gentiment en train de me faire perdre patience. « Charcuter ? Vraiment ? » Un dernier éclat de rire, et je prends le temps de m’assoir tranquillement. « Ce n’était même pas un avant-goût de ce que quelques brutes décérébrées pourraient te faire. Je n’ai pas de réelle passion pour le sang et les boyaux, crois-le ou non. » De toute façon, ce n’était un secret pour personne. Quand torture il y avait, j’étais toujours celle qui avait quelque chose de plus intéressant à faire ailleurs. « Au moins, dis-toi que tu ne crèveras pas là-bas. Au final je t’ai sauvé la vie, d’une certaine manière. » Je manque de hurler de joie sous mon masque impassible. Par tous les anciens Dieux, c’est pas trop tôt ! Il n’y avait pas si longtemps, elle s’éloignait du centre-ville. Deux solutions, une attaque imprévue pour prendre les pacificateurs entre deux fronts, ou pire, une bombe. Une bombe. Ils ont déjà perdu assez d’hommes aujourd’hui pour ne pas en envoyer plus. Qu’est-ce qui, en dehors du centre-ville, aurait pu mériter Dana en personne ? La gare, peut-être ? Impossible de deviner. Mais s’ils allaient assez vite, ils pourraient fouiller les principaux bâtiments représentant le Capitole, et trouver le problème avant qu’il ne devienne très gros. Ou peut-être pas. J’ai l’impression de penser à deux cent à l’heure. Dans tous les cas, Dana meurt. Elle réussit, et elle est tuée par revanche, elle échoue, et elle est tuée pour l’exemple. Ça ne peut pas arriver. Mais je ne vais pas non plus étriper tous ceux qui se posent devant moi et la porter jusqu’au district 13 ! Elle va devoir se débrouiller toute seule.

La décision est prise. Je me lève, et contourne la chaise lentement, pour m’appuyer sur son dossier. « Tu auras tous ces morts sur ta conscience Dana. Chacun d’eux. » Je me redresse brusquement, ce qui pousse la chaise en avant d’une dizaine de centimètres. Et je fais semblant de ne pas m’en rendre compte. Il lui faut une arme. Quelque chose pour couper les liens, sur ses chevilles. Le canif. Mais elle ne peut pas savoir que je suis de son côté. Ni elle, ni les rebelles, ni le Capitole. Et ne doit voir que haine et rancœur. Alors violemment, je plante le canif dans l’assise de la chaise, qui s’enfonce dans le bois tendre comme dans du beurre. « Ce n’est pas fini Dana. C’est tout, sauf fini. » Je lui lance mon plus beau regard haineux, et détale vers la porte d’un pas rapide. Je suis une actrice pitoyable, j’en ai bien peur. Il va falloir prier pour qu’elle n’aille pas chercher plus loin. La fraîcheur des bois est la bienvenue. Une silhouette sombre malgré l’uniforme immaculé se tient à quelques pas. Il n’y a pas besoin de mots. L’habituel « personne n’entre, personne ne sort » est devenu tacite. Je m’enfonce dans la forêt, droit vers la lisière… et fait demi-tour une fois hors de vue. Je veux juste être sûre qu’elle va s’en sortir. Alors je choisis un arbre, et grimpe laborieusement le plus haut possible, avec un nombre incalculable de jurons. Avec un tel talent de grimpeuse, je dois être la honte du district sept. Une fillette serait plus rapide.
Aujourd’hui, je laisse une chance de s’échapper à une des rebelles les plus recherchées. Elle va disparaître dans la nature, et elle était sous ma garde.

J’en connais une qui va passer un sale quart d’heure.

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