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 stilana ▷ i can feel you in my bones.

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stilana ▷ i can feel you in my bones.  Vide
MessageSujet: stilana ▷ i can feel you in my bones.    stilana ▷ i can feel you in my bones.  Icon_minitimeMar 24 Juil - 22:44




and i think that he could be the better half of me.
« Papa, tu sais quel jour on est ? » demandé-je en passant ma tête dans l’entrebâillement de la porte. Il est là, assis sur ce canapé dépouillé, et je ne peux pas m’empêcher de me demander qui du canapé ou lui l’est le plus. Sûrement mon père. Parce que le canapé a beau être défoncé jusqu’à l’os, ça crève les yeux qu’il a quand même vécu, qu’il a quand même une âme. Avant, il appartenait à une vieille femme vivant deux rues plus loin. Elle avait une dizaine de chats qui l’obligeaient à acheter un nouveau divan régulièrement. Et si tout le monde lui avait conseillé de foutre ses bêtes dehors, elle avait toujours refusé, répétant à qui voulait l’entendre qu’ils lui tenaient compagnie là où l’humanité l’avait laissée de côté. Je n’ai jamais su pourquoi Loukian avait pris ce canapé et pas un autre. Tout ce que je sais, c’est que depuis ce jour où il l’avait ramené à la maison, il n’avait pas bougé d’un pouce. Il reste là, dans l’angle de ce qui nous sert de salon. Et je suppose que si papa y passe toutes ces journées sans exception c’est parce que ça lui donne l’impression d’être un peu plus près de Loukian. Contrairement à ce vieux canapé, papa, lui, a laissé filer son âme le jour où mon frère s’est fait poignarder en plein dans le cœur, le jour où le Capitole nous l’a réellement enlevé. Parce qu’il nous l’a d’abord enlevé une première fois, lorsque son nom a été tiré au sort pour les Hunger Games. Mais il pouvait en sortir indemne et à la maison, on s’accrochait à ça plus qu’on ne s’accrochait à la vie. Puis il nous l’a arraché une seconde fois, une dernière aussi. C’était la bonne, c’était la fin. Depuis ce jour, papa ne sait plus comment se lever, comment manger, comment exister. Quand j’y pense, je crois qu’il ne sait même plus comment être un père, comment être mon père. Tout ce qu’il sait faire, c’est s’asseoir dans ce vieux canapé et regarder le mur d’en face du matin jusqu’au soir. Parfois, il pose ses yeux sur moi et il se passe quelque chose : c’est comme s’il se réveillait d’un long rêve et qu’il foutait à nouveau ses pieds dans la réalité. Alors il se lève et part se promener. Pour prendre des nouvelles du monde qui a continué de tourner pendant son absence. Comme le ferait quelqu’un qui rentre d’un long voyage. Dans ces moments-là, je sens l’espoir renaître au fond de mon estomac. Puis mourir comme il est apparu. Parce que papa finit toujours pas retourner s’asseoir sur le canapé du salon. « Papa, on est le vingt juillet. » Silence. « C’est aujourd’hui que Stiles vient. » Le prénom de son neveu le fait ciller du regard un instant, trop court cependant pour espérer capter son attention. « Peut-être qu’il nous ramènera du poisson frais. J’en rêve. » Je continue de lui parler même si tout ce que je reçois en retour est son silence. Discuter avec lui, même si je ne suis pas sûre qu’il entende, m’aide à ne pas devenir folle, à ne pas le laisser en plan pour m’en aller ailleurs. N’importe où loin de cette baraque déprimante à mourir, loin de ces murs qui ne cessent de me rappeler que l’un est mort et que l’autre n’est plus qu’un fantôme. Mon frère et mon père. « J’y vais papa. A ce soir. » Je dépose rapidement un baiser sur son front avant de me diriger vers la porte et de sortir. Et le soleil sur ma peau agit sur moi comme un baume. Je crois que je suis presque heureuse. Ou alors, peut-être que c’est juste l’idée de savoir que je quitte la maison pour le retrouver qui me rend comme ça, qui me rend si rayonnante que je pourrais me laisser mourir dans l’instant avec l’impression d’avoir vécu ma vie comme il faut. C’est pour tout ça que je cours vers le lac à m’en arracher les poumons, c’est pour lui. Ce serait trop bête qu’il pense que j’aie oublié de venir, qu’il pense que je ne serai pas au rendez-vous.
Dix minutes, peut-être quinze, c’est le temps qu’il me faut pour arriver là-bas. Une seconde, peut-être deux, c’est le temps qu’il me faut pour apercevoir sa silhouette un peu plus loin, près des arbres qui bordent le grand lac. Et à mesure que je m’approche de lui, je remercie le ciel d’avoir fait qu’il soit là, je remercie le ciel de faire qu’il sera là aussi demain et les jours d’après. « Stiles ! » Je me jette sur lui comme un prisonnier juste libéré se jetterait sur sa liberté. Je le serre contre moi comme si c’était notre première et dernière minute ensemble, comme si, à la fin du décompte, il disparaîtrait comme ça. Pour me laisser seule. Seule avec mon chagrin que lui réussit toujours à taire, même si ce n’est que quelques heures. C’est comme ça. Il suffit que je le serre pour oublier que tout ne tourne plus très rond ici bas, pour oublier que tout se casse la gueule et que bientôt, moi aussi je ramperai. « J’avais peur que tu m’oublies. » Je m’éloigne de lui et arque un sourcil. « Ce qui aurait été vraiment, vraiment très vexant. Et tu sais de quoi une fille vexée est capable. » Ou peut-être qu’il ne le sait pas. Mon cousin n’a jamais été très doué avec les filles. Un peu trop timide, un peu trop à l’ouest aussi. Mais peu importe. Parce que moi, je suis persuadé qu'il pourrait plaire à n'importe qui avec sa gueule qui suinte l'espoir et l'amour. Lui prenant la main, je l'invite à se poser avec moi sur l'herbe sèche. « On a combien de temps avant qu'il vienne te chercher ? » Et alors que j'attends sa réponse, je hais Panem et ses lois. Je hais cette distance qui nous éloigne tout au long de l'année sans pour autant nous séparer. Et je hais l'idée de savoir que, dans quelques heures, il s'en ira encore. Jusqu'à la prochaine fois.
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MessageSujet: Re: stilana ▷ i can feel you in my bones.    stilana ▷ i can feel you in my bones.  Icon_minitimeJeu 26 Juil - 11:09

J’ai bien fait d’emporter mon manteau, il fait plus froid au District 3 qu’au District 4. Normal en même temps, moi je suis dans le sud, au bord de la mer. J’ai regardé les résultats des jeux de cette nuit avant de partir. Sagitta est toujours en vie. Je n’ai jamais eu l’occasion de bien la connaitre, elle est plus jeune que moi. Mais bon, c’est la fille du District 4. Aloysius, lui est mort. Sagi est donc la seule encore en lice. Intérieurement je me sens coupable. Parce qu’en essayant de supporter Sagi je rentre dans le jeu moi aussi, je rentre dans la tuerie. Je déteste ce jeu qui transforme les amis en ennemis, tout ça pour empêcher les Districts de se rebeller à nouveau. Je suppose qu’en créant ça le Capitole essayait de faire en sorte que plus jamais les Districts ne puissent s’allier, parce que maintenant, plus personne ne pourra oublier que nous sommes tous coupables du meurtre d’enfants innocents. Et puis c’est aussi une bonne méthode pour affirmer sa puissance, regardez donc, on prend vos enfants et on les fait s’entretuer juste pour le plaisir. Ça fait 2 jours que les jeux ont commencés et j’ai déjà envie de fracasser l’écran géant.
Je m’emmitoufle dans ma veste et attends. Svet ne devrait pas tarder à arriver. Je ne sais même plus depuis combien de temps je ne l’ai pas vu, mais en tout cas une chose est sure, ça va me faire un bien fou. C’est Stephen, un vieil ami de la famille qui nous permet de nous voir régulièrement, elle et moi. Il se prétend « rebelle », mais franchement j’imagine mal ce vieux grincheux en train de mener une résistance au sein du District 13, même s’il raconte tout le temps y être allé, avoir tout vu… tout ça je m’en moque. Tant qu’il continue d’aider Svet et moi à nous voir… C’est ma cousine après tout, et mon cousin, son frère, est mort aux Jeux il n’y a pas si longtemps que ça. La blessure est encore fraîche, alors je fais de mon mieux pour être là et la soutenir. Au moins, ni moi ni elle n’avons été tiré au sort pour être tribut, et nous faisons tout pour que chacun ait le moins d’inscriptions possibles au Tesserae.
On s’est donné rendez vous au lac pour pouvoir être tranquille. Parce que si jamais je me fais choper par les Pacificateurs, ça risque de poser quelques soucis. Surtout que bon, dans mon sac j’ai légèrement tout un tas de provisions qui tournent toutes autour du poisson et des crustacés. J’aurais du mal à faire passer ça pour autre chose. Tout ça c’est pour elle. Pour ne pas qu’elle s’inscrive à un nouveau Tesserae, pour nourrir son père. J’ai tout pêché moi-même le matin même, Alice m’a laissé me servir autant que je voulais. « Stiles ! » Je sursaute et me retourne vers la source du cri, et puis je la vois. Ma petite blonde préférée, ma cousine, mon sang. On se jette dans les bras l’un de l’autre, je referme mes bras autour de son corps mince et fragile en me répétant mentalement que je ne veux jamais, jamais, jamais la perdre. J’aspire une grande bouffée d’air frais mêlé à l’odeur naturelle de ses cheveux. J’ai envie de chialer, mais j’me retiens, ça fait vraiment pas viril. Mais bordel, la revoir c’est magique. Elle m’a tellement manqué, c’est comme de retrouver une partie de soi-même. J’me rends compte de la chance que j’ai qu’elle soit encore là, en vie, contre moi, dans mes bras. A cette pensée je la sers encore plus fort, j’enfouis mon visage dans sa nuque et je lui chuchote au creux de l’oreille : « Tu m’as manqué. T’es magnifique. » On se sépare, elle arque un sourcils à l’air mécontent mais je sais que c’est faux, alors un sourire narquois plisse le coin de mes lèvres. « J’avais peur que tu m’oublies… Ce qui aurait été vraiment, vraiment très vexant. Et tu sais de quoi une fille vexée est capable. » Je lâche un petit rire. Je sais de quoi une fille vexée est capable, et la première personne qui me vient à l’esprit est Alice, ma patronne. Ou encore Nat mon ex. Et Svet, bien sur que je sais de quoi elle est capable. Elle et son caractère de cochon, je n’aimerais pas être celui sur lequel elle jettera son dévolu, parce qu’il en bavera sévèrement. « Tu vois bien que je t’ai pas oublié, mais moi j’ai bien cru que je ne pourrais jamais venir, Stephen est arrivé avec du retard, j’ai cru que j’allais l’étrangler. » On se pose ensemble sur l’herbe, je m’assois contre elle, passant un bras au dessus de son épaule pour l’inviter à poser sa tête sur mon torse. « On a combien de temps avant qu'il vienne te chercher ? » Cette question provoque un pincement de cœur qui me coupe le souffle. J’ai pas envie de repartir, mais pourtant il faudra bien. Tout d’abord parce qu’Alice ne m’autorise qu’à une seule journée de congé, et puis parce qu’être absent plus de deux jours au District 4 paraitrait surement étrange aux yeux du Capitole, si jamais les Pacificateurs le remarquait. « Il voulait aller voir plusieurs personnes aujourd’hui, alors on a jusqu’à ce soir. Environ cinq bonnes heures ! » Cinq heures tous les 3 mois, c’est tout ce à quoi nous avons le droit. Je m’empresse de retirer mon sac à dos pour le ramener sur les genoux de Svet. Je commence à détacher l’ouverture, mais je le laisse entre ouvert pour quand même lui garder la surprise. « Bon je sais que je te ramène toujours la même chose mais bon... Je suis désolé, j’ai que du poisson chez moi. » D’ailleurs je dois puer le poisson. Moi je la sens même plus cette odeur, depuis le temps que je suis dedans. Le poisson, j’en mange tous les jours, tous les soirs. Poisson fris, poisson cramé, poisson poêlé, purée de poisson, soupe de poisson, poudre de poisson. Et des fois pour changer : homards, écrevisses, crevettes, huîtres. Au District 4 si t’aimes pas le poisson, t’es dans la merde.



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MessageSujet: Re: stilana ▷ i can feel you in my bones.    stilana ▷ i can feel you in my bones.  Icon_minitimeLun 30 Juil - 12:26



it's a new day, it's a new life and i'm feeling good.
Je ne prends jamais le temps d’observer les paysages tout autour de moi, je ne prends jamais le temps d’apprivoiser ce district qui n’est pas fait pour moi. Le district trois. Je traverse à longueur de journée ces sentiers que je connais par cœur sans m’arrêter un seul instant, ne serait-ce que pour me rendre compte qu’une saison en a laissé place à une autre. Je ne prends jamais le temps d’observer tout ce qui se cache sur ma terre parce que je sais pertinemment que je n’y resterai pas jusqu’au bout, jusqu’à ma fin. Un jour, quand le moment sera venu, il me faudra partir. Pour de bon. Pour le district Treize. Peut-être ne m’apportera-t-il rien de mieux, peut-être ne répondra-t-il pas aux nombreuses promesses qu’on nous fait aux alentours à son sujet. Mais il le faudra quand même. Un jour, ce sera à mon tour de franchir cette étape, de laisser ici ce qu’il restera de papa, ce qu’il restera de chez moi. Ce qu’il restera de Stiles et moi. C’est du moins ce que je me dis quand il n’est pas là. Stiles, mon cousin, ma vie. Et puis il fout sa vie entre les mains du destin, fout sa vie en danger –parce que s’il y a bien une chose que mon cousin refuse, c’est que ce soit moi qui fasse le trajet et me rende dans un autre district pour qu’on puisse se rencontrer- simplement pour me retrouver et je me dis que je n’ai pas le droit de penser comme ça. C’est égoïste. De le laisser penser qu’on sera toujours main dans la main alors qu’un jour, sa main étreindra sûrement du vide. La mienne aussi. Parce que jamais personne ne pourrait remplacer la sensation que ça me procure de le savoir près de moi, même pour quelques heures. Alors si on venait à être séparés, si le destin nous poussait à emprunter des chemins différents, j’aimerais qu’il se souvienne de ça : je l’aimerai toute ma vie comme jamais personne ne pourra l’aimer, même avec la plus grande volonté du monde. Il m’est impossible d’imaginer le contraire, ce serait comme penser à des bateaux qui volent, à un soleil qui pleure, à des maisons qui dansent. Ce serait comme penser à un futur plus beau. Irréel. Jamais personne ne pourra l’aimer comme je peux l’aimer parce qu’il est mon sang, mon espoir, aussi. « Tu m’as manqué. T’es magnifique. » Je souris, malgré moi. Je n’aime pas les compliments car ils me plongent toujours dans un léger mal-être, une légère gêne qui empourpre mes joues et me rend vulnérable à la vue de tous. Mais quand ça vient de lui, c’est différent. « Tu vois bien que je t’ai pas oubliée, mais moi j’ai bien cru que je ne pourrais jamais venir, Stephen est arrivé avec du retard, j’ai cru que j’allais l’étrangler. » Avec lui, tout est tellement différent que je me mets à rire, légèrement certes, mais à rire quand même. Sans me forcer. Comme si toutes ces choses banales faisaient encore partie de mon quotidien alors qu’elles appartenaient à celui de Loukian. Je pose ma tête contre son torse lorsqu’il m’y invite –chose que j’aurais faite même s’il ne me l’avait pas proposé- et me rends compte une nouvelle fois que son corps a changé depuis la dernière fois ; qu’il a changé. Je le quitte toujours pour retrouver quelqu’un dont les muscles sont plus développés. Stiles devient chaque jour plus fort et je suis forcée de constater que l’époque où nous n’étions que des gamins grimant dans les arbres du district Trois est belle et bien révolue. Le Capitole emporte finalement tout, sans exception. Et en redécouvrant les paysages de mon district à travers les yeux de mon cousin, je supplie en secret ceux d’en haut de faire en sorte qu’il n’emporte pas ça aussi : ces maigres retrouvailles qui nous permettent de tenir trois mois de plus. Trois mois. Jusqu’à la prochaine fois.

Je ne trouve rien à répondre quand il me dit qu’on a cinq bonnes heures pour nous. Qu’aurais-je pu lui dire, de toute façon ? N’importe quel mot aurait sonné creux, vide. N’importe quelle phrase aurait été un mensonge, une infamie. Cinq heures. Ce n’est qu’un putain de soupir dans le temps, qu’une parenthèse à notre vie. Et pourtant, c’est tout ce à quoi on a droit ici bas. Enfin, même pas. C’est tout ce à quoi on se donne droit. Parce que si on ne le faisait pas, je ne me souviendrais pas du sourire de Stiles, de ses yeux qui n’ont jamais perdu l’éclat de la vie. Même après les batailles. Même après les horreurs. Même après les coups durs. Et Dieu sait comme ils sont nombreux. Je devine que Stiles a compris que je ne répondrais rien lorsqu’il dépose un sac sur mes genoux. Et même s’il prend tout son temps pour l’ouvrir, je devine de mon côté ce qui s’y cache. « Bon je sais que je te ramène toujours la même chose mais bon... Je suis désolé, j’ai que du poisson chez moi. » Du poisson. A cette pensée, mon ventre émet un grognement. Depuis combien de temps n’ai-je pas mangé quelque chose de décent ? Je ne préfère même pas compter. Le sac est plein je me mets à sourire à l’idée de pouvoir, enfin, cuisiner autre chose que des céréales bouillies dans de l’eau pour plus de consistance. Et puis, je suis soulagée de pouvoir enfin offrir quelque chose à papa. Même s’il ne se plaint jamais. Comment le pourrait-il ? Il n’a pas dit un seul mot depuis près de huit mois. Rien. Un sale silence meurtrit sa gorge et, après tout ce temps, la peine que je lui vouais au départ s’est faite la belle. Maintenant, il n’y a plus que de la colère et des accusations. Je lui en veux. De me foutre dans un pétrin pareil. De nous foutre dans la misère plus qu’on ne l’est déjà. Un seul misérable salaire. Et des tesserae pour moi. « Merci. » Il me faut un certain temps pour me rendre compte que c’est bien de la nourriture et que, ainsi, je ne crèverai plus de faim pendant un certain temps. « Merci, merci, merci. » Je me jette sur lui et son dos bascule en arrière tandis qu’il m’entraîne dans sa demi chute. Et je ris. Je ris parce que je suis heureuse, parce qu’il écrase tous mes soucis et qu’il me vend un peu d’insouciance, un peu d’illusions qui sont les bienvenues. Alors quand j’ai fini de rire, je prends appui sur mes coudes et le regarde d’un air malicieux. « Le premier dans le lac a gagné. » J’arque un sourcil, histoire de me donner un peu plus de contenance. « Trois. Deux. » Trop tard, je claque un bisou sur le bout de son nez et me voilà déjà partie. Tant pis pour le décompte. Je cours à toute allure vers l’étendue verdâtre en enlevant maladroitement mes affaires dans ma course. Et je me jette dans l’eau en poussant un cri de victoire. J’ai gagné. En trichant. Mais j’ai gagné. Et cette victoire, aussi petite soit-elle, est une victoire sur le monde. Une victoire sur ma vie.
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