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 We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT

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Thybalt M. Homens
DISTRICT 5
Thybalt M. Homens
△ correspondances : 8988
△ points : 29
△ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/12/2011
△ humeur : désabusé
△ âge du personnage : trente quatre ans
△ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles


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MessageSujet: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeDim 19 Fév - 1:07




LET ME SEE YOU STRIPPED DOWN TO THE BONE ? « come with me Into the trees, we'll lay on the grass and let the hours pass. take my hand, come back to the land, lets get away just for one day. let me see you stripped down to the bone, let me see you stripped down to the bone. metropolis has nothing on this, you're breathing in fumes, I taste when we kiss ; take my hand, come back to the land where everything's ours for a few hours »

Aileen Ҩ Thybalt

gifs © epedd & fandomgifs • codage © yumita • musique stripped, by shiny toy guns


Thybalt avait fait tous les efforts du monde pour tenter de ne pas claquer la porte d'entrée violemment ; Ces types du treize avaient une capacité presque déconcertante à lui mettre les nerfs en pelote et à lui taper sur le système. Avaient-ils seulement conscience que Thybalt n'était pas à leur service, et qu'il n'était ni à leurs ordres ni redevable en rien envers eux ? Le jeune homme en doutait fortement ... Et bon dieu, il y avait certains jours où il avait très fortement envie de jeter l'éponge. Le district treize ne se préparait pas à une révolte, il se préparait à une guerre, et tout cela pour Thybalt c'était tout bonnement inacceptable ... Ceux du treize ne comprenaient rien, ils étaient cloitrés dans leur monde sous-terrains comme s'ils vivaient sur une autre planète, et ils n'avaient aucune idée de ce qui se passait pour le majorité des habitants de Panem. Tous avaient déjà bien assez de raisons de souffrir et de se savoir dans la misère sans que des soldats aussi bouchés que fermés d'esprit ne viennent en plus plonger leur quotidien dans le chaos. La misère était suffisante, ils n'avaient pas besoin du chaos. Et tout cela pourquoi ? Quelle preuve donnaient-ils que les choses iraient mieux une fois que le district treize aurait joué les héros ? Rien du tout ... Et Thybalt lui ne croyait ce qu'il voyait. « Ton père était plus efficace à ce que j'ai entendu dire, soit à l'heure la prochaine fois. » Non mais vous y croyez vous ? Ces types se pointaient le plus souvent au beau milieu de la nuit, sans prévenir à l'avance, ils vous assaillaient de questions comme si vous étiez le messie, ils entreposaient tout un tas de saloperies dans votre remise, buvaient toute le tord-boyaux que vous aviez en stock, et en plus ils se permettaient de vous faire ce genre de réflexion. Ce sale petit con, Thybalt n'avait encore jamais eut affaire à lui jusqu'à présent mais une chose était certaine il espérait que ce type ne remettrait pas les pieds sur sa propriété de sitôt. Il préférait avoir affaire à Miléna, ou Ever, ou même Donovan ... Cela faisait un moment qu'il n'avait pas vu Miléna ; Il s'était même risqué à poser la question, mais tout ce à quoi il avait eut droit en guise de réponse c'était un « C'est pas ton problème ça petit. » Sale petit con. Et cette façon qu'il avait eut de l'appeler 'petit', il devait avoir quoi, cinq ans de plus que lui à tout casser, et il se prenait pour on ne sait quoi simplement parce qu'il avait un uniforme et n'avait pas eut à vivre sept années durant terrorisé de voir son nom tiré au sort. Sale petit con.
Après être arrivé la veille au beau milieu de la nuit et avoir exigé - non pas demandé, exigé - de parler à plusieurs autres contacts du district, cet imbécile du district treize dont Thybalt n'avait même pas retenu le nom était enfin reparti dès la nuit tombée, après avoir récupéré quelques vivres stockés dans le sous-sol de la remise il était repartit, tout cela n'était qu'une visite de routine comme il l'avait dit lui même. « Ça t'as pas empêché de me pourrir ma journée. Bon débarras. » Voilà qu'il se mettait à parler tout seul. Mais il en avait besoin, il ne pouvait en toute logique se plaindre du district treize à personne, et il avait besoin d'évacuer verbalement sa rancœur envers eux. Il y avait des jours où il regrettait amèrement d'avoir promis à Magnus de continuer à aider les rebelles et le treize après sa mort, il n'aurait jamais du promettre cela, maintenant il était coincé ... On ne trahissait pas les dernières volontés d'un défunt. Et malheureusement pour lui Thybalt avait bien trop de respect envers la mémoire de son père adoptif pour que cela ne soit une solution sérieusement envisageable.

Il avait passé plus d'une heure à ranger, à effacer toute trace d'une présence autre que la sienne dans la maison durant ces dernières vingt-quatre heures. Les pacificateurs foutait habituellement la paix aux habitants du village des vainqueurs, mais on n'était jamais trop prudent au fond, alors sans doute valait-il mieux ne pas tenter le diable en baissant sa garde. Lorsqu'il avait à nouveau levé les yeux vers l'horloge de l'entrée il était presque vingt-trois heures, et puisqu'il ne se sentait pas d'humeur à dormir, et encore moins d'humeur à tourner chez lui comme un lion en cage il avait finalement décidé de sortir prendre l'air. Dehors l'air était encore froid, mais on sentait que l'hiver touchait bientôt à sa fin et qu'on se le dise, Thybalt avait hâte de voir l'été revenir ... Les jours étaient plus longs, la météo bien meilleure, et les gens moins malades ce qui pour un guérisseur était toujours une bonne nouvelle. Même si l'été était aussi synonymes de jeux, et après avoir vu Luna mourir de manière atroce sur son écran l'année dernière Thybalt appréhendait la prochaine moisson presque autant que s'il avait à nouveau l'âge d'être tiré au sort. Les mains dans les poches il avait quitté le village des vainqueurs à petite allure pour rejoindre le chemin qui menait au centre-ville, ne croisant en tout et pour tout que deux individus sur son chemin, avant de finalement arriver à destination.
Le bar clandestin du vieux Byron était ouvert de la tombée de la nuit et jusqu'au lever du soleil, et ce tous les jours de l'année. Thybalt faisait partie du cercle des habitués, particulièrement depuis la mort de Magnus ... La solitude était parfois dure à encaisser, et même si on buvait seul, ici on était jamais totalement seul ; On écoutait les discussions des autres, on faisait cinq minutes la causette avec l'un ou avec l'autre avant de retourner à son verre ... C'était ce genre d'endroit où l'on venait pour tenter d'échapper au quotidien pour quelques heures. Sans doute était-ce pour cette raison que ceux qui travaillaient aux abattoirs étaient si nombreux, sans doute était-ce parce que les pacificateurs trouvaient leur compte dans l'alcool qu'on y servait qu'ils n'avaient pas encore fait fermer l'endroit manu militari. Le vieux Byron était un peu comme Thybalt, c'était un rebelle passif, mais il se plaisait parfois à dire à voix basse que s'il avait été moins vieux et en meilleure forme il aurait pu se lancer dans la rébellion avec conviction ... Thybalt ne savait pas trop s'il s'agissait de paroles en l'air ou non, mais là n'était pas le souci. Au lieu de ça Byron se contentait d'ouvrir les yeux et les oreilles, il en entendait des vertes et des pas mûres dans son bar, et ce qu'il pouvait entendre était précieux aux rebelles ou au district treize.

Il n'y avait pas foule dans l'endroit ce soir là, outre deux hommes qui jouaient une partie de carte dans un coin, une verre vide à côté de chacun d'eux, et un vieillard qui n'avait plus toute sa tête mais n'aurait pas fait de mal à une mouche. Mais ce n'était pas tout, il y avait aussi une jeune femme assise à une table dans un coin de la pièce, et Thybalt connaissait assez le district pour savoir qu'elle n'était pas d'ici ... C'était amplement suffisant pour qu'il soit intrigué. Bien sûr il se méfiait, il n'était pas non plus le dernier des crétins, mais il en fallait beaucoup plus pour le dissuader de se faire sa propre idée sur cette jeune personne. Demandant au vieux Byron un verre de ce qu'il avait sous la main, il avait attrapé son verre et d'un air décidé avait rejoint la table de l'inconnue, où il s'était installé en face d'elle avant même de lui en demander la permission.

    « J'ai horreur de voir une femme boire seule. » Voilà donc sa justification pour s'être installé à sa table sans y avoir au préalable été invité. Maintenant qu'il l'avait face à lui il pouvait se rendre compte par lui-même qu'en plus d'une tignasse blonde elle possédait de magnifiques yeux verts. Et elle avait une prestance et des manières qui laissaient penser qu'elle ne vivait certainement pas dans une masure miteuse ... Pour faire court, elle avait une certaine classe. Pas de quoi arrêter notre téméraire de Thybalt cela dit. « Désolé je suis impoli, je peux m'assoir ? » Inutile de préciser que sa question était purement rhétorique, puisqu'il n'avait pas attendu son avis pour cela. A vrai dire il attendait surtout de savoir si elle serait de celles qui rentraient dans son jeu ou bien de celles qui l'envoyait balader dès le départ.


Dernière édition par Thybalt M. Homens le Jeu 1 Mar - 12:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeMar 28 Fév - 20:57

Cela faisait trois jours. Trois jours que je travaillais sans relâche au district 5, sans beaucoup de résultats. Snow en personne m'avait confié cette mission peu dangereuse mais délicate : démasquer les espions des rebelles et démanteler leur réseau d'informations. Cela faisait plusieurs semaines que, mystérieusement, les habitants du district semblaient être au courant de tous les plans des soldats du Président. Les trafiquants d'armes échappaient comme par miracle des pièges qu'on leur tendait, les personnes soupçonnées d'activités illégales étaient prévenues des raids des Pacificateurs et les actions militaires étaient à chaque fois sabotées. Ce n'était pas le travail d'un seul homme. Je pensais qu'il serait facile de trouver les coupables, vu qu'il s'agissait d'un groupe. Vingt personnes peuvent travailler plus efficacement qu'une, mais sont aussi plus vulnérables. La chance que l'une des personnes parle trop et trahisse ainsi ses collègues était beaucoup plus grande. Malheureusement, j'avais mal calculé mon coup. Mon arrivée au district s'était passée en toute discrétion. Le premier jour, je m'étais contentée de fureter à droite et à gauche, toujours en déguisement. J'avais récolté beaucoup d'informations, mais pas assez pour désigner les espions parmi les Pacificateurs. Le deuxième jour, j'avais interrogé tous les soldats. Un par un. J'avais une sorte de talent pour ça, pour poser les bonnes questions et deviner quand l'autre personne mentait. Pourtant, ma petite enquête n'avait donné aucun résultat. Le troisième jour, j'avais fini par arrêter un couple qui me semblait suspect. Ils étaient proches du maire, et connaissaient plusieurs Pacificateurs. J'avais passé la matinée à essayer toutes les méthodes possibles : les menaces, le chantage et l'intimidation, pour n'en citer que quelques-unes. Finalement, l'homme avait cédé... mais il avait refusé de me donner d'autres noms. Normalement, je devais les torturer pour leur extirper les informations nécessaires. Depuis que j'étais mariée, j'avais encore plus de mal à faire ce genre de choses. Je le cachais à Snow, parce que je craignais sa colère. A chaque fois, cela devenait plus difficile. Dans les cris de mes victimes, j'entendais ceux de ma famille. Cela me rendait malade. J'avais commencé avec l'homme. Je l'avais attaché, le coeur au bord des lèvres, et sorti le matériel nécessaire. Il avait beaucoup crié, même avant que je le touche. J'avais fait de mon mieux pour l'effrayer sans vraiment lui faire de mal. Son coeur avait fini par lâcher. D'habitude, cela ne m'arrivait jamais. Comment aurais-je pu savoir qu'il avait des problèmes cardiaques ? Ce n'était pas mon traitement qui l'avait tué, c'était la peur. Je n'avais même pas eu le temps de passer aux choses sérieuses. Il me restait la femme. La femme qui était enceinte. Je lui avais caché que son compagnon était mort. J'avais menacé la vie de son enfant pour qu'elle me révèle les noms. Elle avait cédé assez rapidement. Malheureusement, elle ne savait pas grand-chose. Ce n'était pas une vraie rebelle. Je l'avais laissée partir. Normalement, je devais la mettre en prison. Ou lui arracher d'autres informations. Je n'en avais pas eu la force. La nouvelle de la mort de l'homme l'avait anéantie. En la regardant partir, je m'étais vu à sa place et je m'étais traitée de monstre. Oui, ce que j'avais fait aujourd'hui me révulsait. Pourtant, je continuais à détruire des vies sous les ordres de Snow. Pas pour la gloire ou l'argent. Ni parce que je pensais que 'la bonne cause' justifiait ce que je faisais. Pour ma famille. Mes parents, mon grand-père, mes soeurs, mon mari. Le moyen de pression idéal, le Président le savait. Parfois, je me demandais jusqu'où je serais prête d'aller pour les protéger. Combien de vies avais-je déjà échangé contre leur sécurité ? Aujourd'hui, j'étais responsable de la mort d'un homme. Tout ça pour un seul nom.

Il était déjà tard lorsque j'entrai dans l'hôtel de ville. C'était la première fois que je dormais au district 5, et le maire n'avait pu me proposer qu'une petite chambre à l'étage. Une chambre qui sentait le moisi. Je m'assis sur mon lit en soupirant. Le matelas était dur et froid. Je me regardai dans le vieux miroir ; j'avais l'air fatiguée et triste. Rien n'allait plus. Rien n'allait plus depuis que... Depuis que Phoenix était parti au district 7. Tout avait commencé avec une dispute idiote. Depuis que je ne prenais plus mes cachets, j'étais souvent déprimée, angoissée ou de mauvaise humeur. La plupart du temps, mon mari supportait cela avec beaucoup de patience. Cette fois, j'avais été trop loin. Il me l'avait fait remarquer sans douceur. Je comprenais sa colère, mais cela ne m'empêcha pas de me disputer avec lui. Tout de suite après, il avait été obligé de partir. Le Président l'avait envoyé dans le district 7. Sans moi. J'étais restée seule à la maison pendant quelques jours, à me morfondre et à me ronger les ongles. Je n'aimais pas que Phoenix soit envoyé en mission seul. Je ne dormais pratiquement plus. L'inquiétude me minait le moral. Je craignais qu'il soit blessé ou tué. Et puis, notre dispute ne quittait plus mon esprit. Je pensais sans cesse à ce qu'il m'avait dit, et je n'avais qu'une seule envie : celle de retrouver Phoenix pour faire la paix. Lui pardonner, me faire pardonner. Lui dire que je l'aimais, et que je ne voulais plus qu'il me quitte comme ça. Je pensais être vraiment malheureuse... Mais j'ignorais que le pire était encore à venir. Au district 5, j'avais retrouvé une vieille amie. Une Pacificatrice qui voyageait beaucoup, sévère dans son travail mais sympathique avec moi. Ce qu'elle m'avait appris m'avait anéantie. Elle revenait du district 7, où elle avait vu... où elle avait vu... Phoenix avec une autre femme. Phoenix qui m'avait trompée avec une garce soupçonnée d'être une rebelle. Phoenix qui s'était promis à moi à peine quelques mois plus tôt, et qui avait... Je n'arrivais presque pas à le penser, à l'imaginer. Il avait couché avec cette Siloë. Cela me donnait envie de vomir, de hurler, de pleurer. Pourquoi ? Cela faisait deux nuits que je me le demandais sans cesse, trois jours que cette question me hantait. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? A cause de notre dispute ? Parce que son amour pour moi commençait à faiblir ? Parce qu'il avait fini par se rendre compte que je n'étais pas la femme merveilleuse de ses rêves ? Comment avait-il pu me tromper ? C'était tellement... injuste. Tellement cruel. Je n'avais jamais regardé les autres hommes depuis que j'étais mariée, et encore moins songé à tromper Phoenix. Pourquoi n'avait-il pas pu résister à la tentation de retrouver cette... cette pute ? Qu'avais-je fait de mal ? Ne lui donnais-je donc pas assez d'amour ? Etait-il malheureux avec moi ? « Je vais devenir folle. » Chuchotai-je à mon reflet. En moi, colère, peur, jalousie et tristesse se mêlaient, me déchiraient, me dévoraient. Qu'allais-je faire, à présent ? Je ne pouvais pas tout simplement faire comme si rien ne s'était passé. Non, il fallait que je lui en parle. Serait-il fâché, honteux, triste ? Regrettait-il seulement ce qu'il avait fait ? Je me pris la tête entre les mains. J'avais envie de pleurer. Phoenix... Mon Phoenix... Je jetai un coup d'oeil à ma montre. 23 heures. Je ne voulais pas dormir. Sans mon mari, sans ses bras pour me bercer, sans sa présence à côté de moi, je faisais toujours des cauchemars horribles. Alors, qu'allais-je faire ? Rester assise toute la nuit à me morfondre ? Non, je n'en avais pas envie. La solitude risquait de me rendre folle. Je voulais sortir. Il devait bien y avoir un bar ouvert, non ? Je me levai, me déshabillai et fouillai dans ma valise. J'en sortis des vêtements simples, qu'une fille d'un district pourrait se payer à condition de ne pas être trop pauvre. Inutile de me faire remarquer en arrivant dans l'une de mes robes voyantes du Capitole. En boutonnant le chemisier, mes pensées s'envolèrent vers la veuve de l'homme que j'avais tué. Arrête, Aileen. Je devais cesser de me torturer avec tout ça. Je voulais juste passer une soirée agréable, non ? Agréable... J'offris un pâle sourire à mon reflet. Je n'étais pas d'humeur festive... mais quelques verres d'alcool suffiraient peut-être à changer cela. Je m'observai pendant quelques instants et finis par détacher mes cheveux. Voilà. J'avais l'air d'une femme normale... ou presque.

Il faisait froid, dehors. Je marchais rapidement, en regardant droit devant moi. Mon révolver caché dans une poche intérieure de mon blouson me donnait une impression de sécurité. Arrivée au centre-ville, je tournai en rond, indécise. Il y avait plusieurs bars... Mais ils étaient fréquentés par des Pacificateurs, et des gens que je connaissais. Ce soir, je ne voulais pas être Madame Carter. Je n'avais pas envie de parler avec ces idiots. Je m'engageai dans une ruelle déserte, sans trop savoir pourquoi. Je voyais une lumière jaune et accueillante pas loin de moi. Lorsque je m'approchai, je vis qu'il s'agissait d'un bar -sans doute clandestin. C'était précisément le genre d'endroit qu'il me fallait. Comme je ne venais pas souvent au district 5, je ne risquais pas d’y rencontrer d'anciennes connaissances. Je pris une inspiration profonde avant d'entrer. Il y avait en tout quatre personnes dans le bar : deux hommes qui jouaient aux cartes, un vieillard qui n'avait pas l'air d'avoir toute sa tête et le barman. Lorsqu'il me demanda ce que je voulais boire, j'hésitai pendant quelques instants avant de lui demander sa boisson la plus forte. Il me regarda, et j'eus l'impression de voir de la pitié dans ses yeux. Je m'installai dans un coin, dos contre le mur, pour avoir une bonne vue de la salle. Ma boisson me brûla le gosier et me réchauffa aussitôt. Je réprimai une grimace. Je savais que je ne tenais pas du tout l'alcool, et je n'avais pas non plus l'intention de rentrer ivre... mais peut-être ce verre pourrait-il m'aider à me détendre un peu. La deuxième gorgée fit moins mal que la première. Rapidement, trop rapidement, mon verre fut vide. J'en commandai un nouveau. J'avais la tête qui tournait un peu, et je me sentais plus légère. C'était vraiment fort, ce truc. Quelque peu dégoûtée, je repoussai mon verre et décidai d'attendre un peu avant de boire de nouveau. Je ne savais vraiment pas boire beaucoup... Tout comme Phoenix, d'ailleurs. Phoenix... Ce nom me fit mal au coeur. Je ne pouvais pas penser à lui. Pas ce soir. Heureusement, l'arrivée d'un nouveau client m’occupa. C'était un grand blond, l'air sympathique et, il fallait bien l'avouer, plutôt séduisant. Je lui donnais peut-être un an ou deux, trois de plus que moi. Il regarda autour de lui et commanda un verre, avant de venir s'installer en face de moi. Sans me demander la permission. « J'ai horreur de voir une femme boire seule. » M'expliqua-t-il. Normalement, je lui aurais répondu d'un air glacial que j'avais horreur qu'on me dérange. Je l'aurais envoyé balader. Mais là... Je ne me sentais pas 'normale'. J'avais envie d'un peu de compagnie, d'un peu de chaleur humaine. Alors, je réussis à sourire et je murmurai : « Un peu de compagnie me ferait plaisir, en effet. » Je me surprenais... Je voulais être gentille, pour une fois. Rien que pour cet inconnu. « Désolé je suis impoli, je peux m'assoir ? » Il s'excusait... Cela me plaisait. Je hochai la tête et répondis d'un ton légèrement ironique : « Comme vous êtes déjà assis... Vous pouvez rester. » En portant de nouveau mon verre à mes lèvres, je remarquai que ma main tremblait un peu. Arrête de te torturer comme ça, Aileen... Ça ne changera pas ce qu'il a fait... « Mais je vous préviens : je crains de ne pas être de compagnie agréable ce soir. » Ajoutai-je. Je commençais à avoir chaud et à me détendre. L'alcool créait une sensation de légèreté dans ma tête. Pourtant, je ne me sentais toujours pas d'humeur à blaguer ou à faire la folle. « Je m'appelle Aileen. »Comme l'homme ne semblait pas prêt à partir, il fallait au moins qu'il connaisse mon nom... « C'est la première fois que je viens ici. » Lui confiai-je. Ce n'était pas tout à fait un mensonge ; oui, j'étais déjà venu quelques fois au district 5, mais encore jamais dans ce bar. J'adressai un sourire charmant à l'homme, en me préparant à passer une soirée plus agréable que les précédentes. Pourquoi pas ? Après tout, qui me le reprocherait ?
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Thybalt M. Homens
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△ à Panem depuis le : 22/12/2011
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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeDim 4 Mar - 2:15

Le manque de civisme, et surtout d'amabilité de cet imbécile du treize jouait toujours sur les nerfs de Thybalt, et il n'y avait pas de doute sur le fait que si il ne trouvait pas un moyen solide d'occuper sa soirée il ruminerait cette mauvaise humeur jusqu'au lendemain. A bien y réfléchir Thybalt se demandait comment ils faisaient pour ne pas s'entre-tuer dans leurs sous-terrains, si ils étaient tous aussi insupportables que ceux qui venaient squatter sa maison les journées au treize ne devaient pas être tristes ... Sans compte le fait que Thybalt ne voyait vraiment pas comment ils pouvaient vivre sans jamais mettre le nez dehors, sans jamais pouvoir respirer l'air frais. Le jeune rebelle était affreusement claustrophobe, c'était là à vrai dire la seule chose qui le terrorisait totalement ; Un jour, alors qu'il devait avoir seize ou dix-sept ans, Magnus l'avait enfermé par mégarde dans la remise derrière la maison et en moins d'une minute l'adolescent qu'il était était devenu complètement incontrôlable, frappant de toutes ses forces contre la porte et criant comme si sa vie était menacée. Outre la fracture du poignet dont il avait écopé à cette occasion, il avait fallut à Thybalt presque deux heures pour retrouver un semblant de calme, et il avait évité la remise pendant des semaine après sa mésaventure. Parait-il que ce genre de phobies trouvaient leurs sources dans un traumatisme, Thybalt lui voyait cet accident là comme un traumatisme à lui tout seul, et au final cela n'avait fait que rajouter une question de plus à la montagne d'autres questions concernant les premières années de sa vie ; Celles dont il ne se souvenait pas. Et parce que les réponses possibles à ces questions le terrifiaient encore plus que le fait d'être pris au piège dans une pièce sans issues, il n'avait pas tardé à mettre ça de côté et à se contenter de veiller à ne plus jamais risquer de quelque manière que ce soit d'être enfermé dans cette satané remise. Tout ça pour en revenir au fait que Thybalt préférait encore être condamné à vivre reclus dans une des forêts de Panem plutôt que d'aller faire le mariole dans les sous-terrain du district treize.
La mauvaise humeur de Thybalt ne faisait donc aucun doute au moment où il avait quitté le village des vainqueurs pour rejoindre le centre-ville du district, mais elle avait quelque peu faibli au fur et à mesure qu'il s'était rapproché du bar clandestin ; Il avait cette capacité à passer d'une humeur à l'autre en très peu de temps, en temps normal on aurait appelé ça être lunatique mais dans le cas de Thybalt il s'agissait simplement de ne pas être capable de lutter de façon prolongée contre son optimisme naturel. C'était un peu paradoxal, être optimiste dans un monde comme celui dans lequel il vivait, mais Thybalt semblait être né avec cette capacité à toujours tenter de ne s'encombrer que du meilleur et de se délester aussi vite que possible du pire ... C'était quelque chose qu'il tenait aussi en grande partie de son père adoptif, et il était persuadé que c'était ce qui avait empêché Magnus de sombrer dans la dépression voir même la folie après son retour des jeux. Ce soir c'était ce qui permettait à Thybalt d'arriver au bar en ayant évacué presque toutes les mauvaises ondes que ce soldat du treize lui avait soufflé à la figure pendant presque deux jours, et de retrouver du même coups ses bonnes vieilles habitudes et sa tchatche des grands jours ... laquelle il ne pouvait en toute logique pas résister à utiliser en apercevant cette inconnue, sa crinière blonde et son air de ne pas cadrer dans le paysage. Par chance elle ne semblait pas contre un peu de compagnie, une aubaine.

    « Un peu de compagnie me ferait plaisir, en effet. » A ces mots Thybalt ne pu réprimer un sourire de satisfaction, si c'était un peu de compagnie qu'elle voulait alors il n'allait tout de même pas lui faire faux bon ... Il n'allait pas la laisser penser qu'on ne savait pas être accueillant au district cinq, pas vrai ? « Comme vous êtes déjà assis ... Vous pouvez rester. » Si Thybalt avait encore eut un tant soit peu d'hésitation sur le fait de s'inviter à la table de l'inconnue, cette hésitation avait de toute façon totalement disparue maintenant. Posant son verre il avait étendu ses jambes sous la table en prenant tout juste garde à ne pas gêner la jeune femme, laquelle ajouta comme pour le prévenir « Mais je vous préviens : je crains de ne pas être de compagnie agréable ce soir. » Haussant les épaules d'un air détaché, le jeune homme avait saisi son verre sans encore le porter à sa bouche, et répondu avec un sourire entendu sur les lèvres « Ça j'en doute beaucoup, j'ai confiance en ce joli minois » La fixant avec insistance, et surtout avec une assurance certaine, il scrutait la moindre de ses réactions, cherchant à voir jusqu'où elle serait prête à le prendre au mot, lui qui avait la fâcheuse habitude de passer pour le bouffon du roi. « Je m'appelle Aileen. » De mieux en mieux, voilà qu'elle prenait les devants en se présentant la première ; Voilà qui promettait une soirée plus intéressante que ce à quoi il s'attendait encore un quart d'heure plus tôt. « Un prénom aussi joli que le minois en question, de plus en plus intéressant. » Thybalt assumait sans souci son côté dragueur de pacotille, et puisque la méthode faisait régulièrement ses preuves il aurait tort de se priver. D'autant plus qu'Aileen, puisque c'était ainsi qu'elle se prénommait, l'intriguait beaucoup que ne l'aurait fait n'importe quel autre spécimen féminin du coin ... « C'est la première fois que je viens ici. » Parce qu'elle n'était pas du coin, son instinct ne l'avait donc pas trompé à ce sujet. Voilà maintenant notre jeune homme définitivement intrigué, et nous ne parlions plus uniquement du physique avantageux de la jeune femme ... Sans doute le côté rebelle de Thybalt qui reprenait le dessus. « Dans ce cas j'espère que l'accueil vous plait. »

Il n'avait pu empêcher cette fois-ci un certain cynisme de transparaitre dans sa voix. Bien sûr qu'il s'agissait d'ironie, au district cinq tout comme dans les autres districts de Panem on aimait pas beaucoup les étrangers, et on avait surtout tendance à s'en méfier presque comme de la peste ... Par les temps qui courraient on ne pouvait faire confiance à personne, pas même les gens de son propre district parfois, alors pour ce qui était de ceux qui venaient d'ailleurs autant dire que le mot étranger clignotait en lettres rouges au dessus de leur tête comme un avertissement. Restait qu'il y avait deux types d'étrangers, ceux qui aimaient la difficulté et ceux qui avaient un ou plusieurs pacificateurs dans la poche ... Franchement, à regarder cette femme Thybalt ne pu s'empêcher de se dire qu'elle avait bien trop de classe pour s'abaisser à n'importe quel pacificateur mais après tout allez savoir, les femmes étaient toujours tellement ... compliquées. Dans le doute en tout cas mieux valait se montrer prudent avec cette inconnue sortie de nul part. Comment disait Magnus déjà ? Ah oui, quelque chose comme « Ne jamais faire confiance à une femme, surtout si elle est séduisante. » Bon, cela dit Magnus n'avait jamais réussi à trouver aucune femme qui puisse le supporter sur le long terme, il était ce genre de vieil ours mal léché qui parlait peu, et était avare de compliments et de marques d'affection. Mais qu'à cela ne tienne les conseils de son père adoptif lui avaient jusqu'à présent toujours servi alors pour ce que cela coûtait.
Reportant rapidement son attention sur la conversation, et surtout sur son interlocutrice, Thybalt avait de nouveau saisi le verre qu'il avait reposé sur la table, et le levant vers la jeune femme d'un geste décidé il s'était penché vers elle et avait appuyé ses coudes sur la table avant de la questionner.

    « Alors ? A quoi trinque-t-on ? » Lui n'avait pas encore entamé son verre, quant à celui de la jeune femme Thybalt doutait qu'elle n'y ait touché elle aussi, il était pratiquement plein. Elle n'avait d'ailleurs pas choisi ce qui se faisait de plus agréable pour le palet, grand mal lui en avait pris de commander cette espèce de boisson du désespéré, celle que Byron réservait à ses clients qui semblaient bien trop à côté de leurs pompes pour remarquer la similitude entre l'odeur de leur boisson et celle de l'alcool à brûler qu'ils utilisaient pour le nettoyage dans les usines du district. Thybalt s'était d'ailleurs plusieurs fois demandé si le vieux Byron ne coupait pas sa boisson avec le dit alcool à brûler pour faire des économies. « J'avoue que vous attisez ma curiosité. J'ai du mal à imaginer ce qui peut amener une femme comme vous dans ce bon vieux district cinq. » Il fallait être un peu honnête, le cinq n'était pas le plus palpitant des districts, et même si on activité était essentielle au fonctionnement du pays elle n'était pas non plus des plus glamour. Ici vous aviez principalement le choix entre travailler dans les usines de production d'énergie ou élever du bétail destiné à terme aux abattoirs. Rien qui vaille le déplacement en somme, à moins d'aimer l'odeur de mort qui s'échappait des abattoirs de octobre à mars. « Je suis sûr qu'on s'ennuie beaucoup moins chez vous ... » Il avait laissé sa phrase en suspend, espérant qu'elle complèterait sa réponse en lui révélant d'où elle venait sans qu'il n'ait besoin de poser franchement la question.

Thybalt ne savait plus trop quel but avait sa démarche, s'il essayait simplement de tâter de le terrain dans l'espoir de passer une soirée agréable, ou bien si il était malgré lui repassé en mode rebelle en quête d'informations. Sans doute pouvait-il allier les deux, la demoiselle semblait réceptive et poser des questions ne l'empêchait certes pas d'apprécier la compagnie de la jeune femme. Peut-être était-elle là par hasard au fond, Thybalt n'était pas le genre de type qui voyait le mal partout ; Par les temps qui courraient c'était peut-être un peu naïf, mais le jeune homme détestait l'idée de vivre dans la méfiance absolue vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeVen 9 Mar - 21:39

C'était l'une de ces soirées spéciales, où le ciel sombre recèle infiniment beaucoup de promesses et où tout semble possible. C'était l'une de ces soirées où l'envie nous prend de danser, de crier, de pleurer, de changer le monde. C'était l'une de ces soirées qu'on ne peut pas passer seul, et qui nous poussent à faire les choses les plus folles, les plus absurdes, les plus merveilleuses. Je n'avais pas l'intention de rester enfermée dans ma chambre minuscule. Entre ces quatre murs, je me sentais presque claustrophobe, et je ne faisais que déprimer. Je ressentais le besoin de bouger, de me changer les idées. Alors, je sortis et pris la direction du centre-ville. Il faisait plutôt froid, et le seul bruit était celui de mes talons qui claquaient sur les pavés. Je pensais à Phoenix. Oui, d'accord, je m'étais promis de m'amuser, de penser à autre chose. Pourtant, son nom et son image ne cessaient de tourner dans mon esprit. Je ne pouvais pas m'empêcher de ressasser notre dispute, de me rappeler encore et encore ses reproches. Le vide qu'il avait laissé derrière lui en claquant la porte m'était insupportable. Il me rongeait, me dévorait peu à peu. Fatiguée, je me sentais tellement fatiguée... Tellement lasse, comme un élastique qu'on a trop étiré. Tellement triste. Meurtrie. Dans ma vie, j'avais très peu de certitudes. L'amour de ma famille était l'un des piliers principaux qui me soutenaient. Celui de Phoenix en était un autre. Lorsque j'avais appris qu'il m'avait trompée, j'avais eu l'impression que le sol s'ouvrait devant mes pieds. Je tombais dans un gouffre sans fond, sans ligne de vie pour me retenir. Seule. Horriblement seule. Seule avec mon pire ennemi : moi-même. Avec mes souvenirs, avec ma peine. Oui, je le savais, j'avais été heureuse. Je me rappelais le visage souriant de Phoenix, la douceur de son regard, ses paroles tendres. Cette époque semblait être révolue. Définitivement finie, brisée, comme piétinée par un enfant en colère. Ce qu'il avait fait... cela ne changeait en rien mes sentiments pour lui. Pourtant, cela nous avait marqué, tous les deux. Rien ni personne ne pourrait jamais effacer ce soir où il m'avait été infidèle. Je pouvais lui pardonner, il pouvait le regretter, mais cela ne changerait rien. Il nous avait condamné tous les deux à nous souvenir pour toujours de ça. J'avais l'impression qu'un mur nous séparait à présent, un mur construit avec les instants heureux qu'il avait passé dans les bras de cette autre femme, et cimenté avec mon chagrin et ma colère. Je brûlais d'envie de le frapper, de l'insulter, de pleurer dans ses bras, de le supplier de ne plus recommencer, de l'embrasser follement. Je m'imaginais en train de traquer cette garce qui l'avait séduit, je préparais sa mort. Pourtant, le sacrifice de sa vie ne suffirait pas à me rendre ce que j'avais à tout jamais perdu : ma confiance en Phoenix. Oui, j'étais encore toujours prête à mettre ma vie entre ses mains. Oui, j'étais toujours assurée de son aide pendant les combats. Mais plus de son amour. Peut-être que, si j'avais été quelqu'un d'autre, j'aurais pu passer plus facilement cet obstacle. Peut-être aurai-je été moins blessée par ce qu'il avait fait. Je ne pouvais pas nier qui j'étais, ce que j'étais. Une tueuse, certes, mais aussi une femme infiniment fragile, beaucoup plus vulnérable que tout le monde croyait. Mon mari m'avait sauvé du marécage de noirceur et de violence dans lequel je m'enfonçais sous les ordres de Snow. Il m'avait réappris le bonheur, l'amour et la joie. Maintenant, alors qu'il m'avait aidé à remonter à la surface, j'avais l'impression qu'il me laissait de nouveau tomber. Plus tu voles haut, plus la chute est douloureuse.

Depuis mon mariage, j'étais devenue beaucoup trop sensible. Aujourd'hui, la mort -le meurtre- de cet homme m'avait vidée de mon énergie. Je ployais sous le poids de la culpabilité. Avant, cela ne m'arrivait jamais. Il était tellement plus facile d'avoir un coeur de pierre que de rester humain. S'attendrir rime toujours avec souffrir. Je n'aurais jamais pu avoir pitié de cette femme. Je n'aurais jamais pu m'imaginer à sa place. Seule, veuve et enceinte. Son monde s'était écroulé à cause de moi. A cause de moi. Moi. Qui étais-je pour avoir démoli sa vie, pour avoir donné un coup de pied dans ses rêves, chassé son espoir ? Elle attendait un enfant. Cela pourrait m'arriver aussi, un jour. Que ferais-je si Phoenix mourrait ? Je ne préférais pas y penser. A vrai dire, je préférais ne plus penser du tout. Il fallait absolument que je cesse de me torturer à cause de mon mari, ou de cet homme que j'avais tué, ou de quoi que ce soit d'autre. Mon avenir me rattraperait bien assez tôt, et j'allais rapidement être forcée de faire face à Phoenix, de regarder la vérité dans les yeux. Ce soir, tout ce que je voulais, c'était d'oublier. Tout oublier. Même mon propre nom. Peut-être pourrais-je alors prétendre d'être quelqu'un d'autre. Une femme normale et heureuse, qui passe une bonne soirée. Je lâchai un soupir. Ce qu'il me fallait surtout, c'était un bon verre et un peu de compagnie. Sur la place du marché, je tournai en rond, indécise. Il y avait plusieurs bars, mais aucun d'entre eux ne me plaisait. De l'un, une musique bruyante et agressive s'échappait en même temps que la fumée des cigarettes. Un autre était rempli d'uniformes blancs de Pacificateurs. Qu'allais-je faire ? Retourner à l'hôtel de ville ? Non. Je redoutais l'instant où je devrais m'endormir. Alors, je continuai à marcher. Je m'engageai dans une ruelle sombre, sans réfléchir. Au bout, il y avait une lumière jaune, accueillante. Il s'agissait d'un bar, plus petit que les autres. Sans doute clandestin. Juste le genre d'endroit qu'il me fallait. Après avoir commandé une boisson forte, je m'assis à une table vide. Je regardai autour de moi avec curiosité, observai le barman, les hommes qui jouaient aux cartes, et le vieillard assis dans un coin. Je finis rapidement mon premier verre, malgré le goût immonde de la boisson. Le bar était calme. Trop calme, en fait. Une vague de déception m'envahit : non, ce n'était pas non plus l'endroit qu'il me fallait. J'avais besoin... d'un peu de compagnie.

Comme si quelqu'un, dans le ciel, avait écouté ma prière, la porte s'ouvrit soudain et un homme entra. Il alla chercher un verre avant de venir s'asseoir en face de moi, sans hésitation, avec l'excuse plutôt faible qu'il ne supportait pas de voir une femme boire seule. Je lui répondis qu'il pouvait rester. C'était... étrange. D'habitude, je n'aimais pas fréquenter des étrangers. Les hommes qui essayaient de m'approcher, je les envoyais balader rapidement et froidement. Mais maintenant... Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je n'avais pas envie qu'il parte, et cela ne tenait pas uniquement à mon besoin désespéré de compagnie. En plus d'être séduisant, il était intéressant. Parfait. C'était la personne qu'il me fallait. Je crus bon de le prévenir : je n'étais pas vraiment de compagnie agréable. Bien que légèrement étourdie par l'alcool, j'étais loin d'être ivre et je ressentais toujours une certaine tristesse. Le jeune homme saisit son verre et répondit en souriant : « Ça j'en doute beaucoup, j'ai confiance en ce joli minois ». Il me regarda fixement, avec assurance. Je me permis de sourire. Son impertinence me plaisait. Encore une fois, c'était bizarre. J'avais tendance à éviter ce genre d'individus, d'habitude... Bon, sans doute ma boisson faisait-elle déjà effet. « Comme vous voudrez. » Répondis-je en haussant les épaules, avant de me présenter. Il sembla plutôt satisfait. « Un prénom aussi joli que le minois en question, de plus en plus intéressant. »Là, malgré tous mes efforts pour me retenir, je rougis comme une adolescente. Cela ne m'arrivait presque jamais. Normalement, je maîtrisais mes émotions... Je détestais ça. Pourtant, je ne pouvais pas nier que sa tentative plutôt comique de flirt m'amusait... et me touchait. Il me trouvait jolie. Je ne savais pas pourquoi j'y attachais tant d'importance. Sans doute à cause de mon besoin énorme d'affection. Ne sois pas si stupide, Aileen. Je soupirai avant de rétorquer : « Votre prénom est-il aussi... téméraire... que vous, Monsieur ? » Demandai-je d'un ton plus détendu, plus joueur. Moi aussi, j'avais envie de m'amuser. Pour commencer la conversation, je lui avouai que c'était la première fois que je venais au district 5. Ce n'était qu'un petit mensonge. De toute façon, il avait sans doute déjà compris que j'étais une étrangère. « Dans ce cas j'espère que l'accueil vous plait. » Répondit-il avec cynisme. Bon, c'était vrai, on ne m'avait pas vraiment réservé un accueil chaleureux... Au district 5 comme partout ailleurs, on se méfiait des étrangers. Moi-même, j'étais plutôt réservée face aux gens que je ne connaissais pas... enfin, sauf quand j'avais bu un verre. Ma formation d'espionne m'avait rendue plutôt paranoïaque, et j'avais tendance à voir des pièges et des ennemis partout. Pourtant, ce soir, je me fichais de tout. « L'accueil n'était pas vraiment... sympathique. Sans parler de l'odeur des abattoirs. » Dis-je franchement. Même si ce jeune homme sympathique était un rebelle... quelle importance ? Je n'étais pas en fonction ; je n'allais pas le jeter en prison. Je me surpris même à envoyer un sourire charmeur à mon interlocuteur lorsqu'il se pencha vers moi pour parler. « Alors ? A quoi trinque-t-on ? » Sans vraiment réfléchir, je lâchai d'un ton lugubre : « Je n'ai pas vraiment de raisons pour trinquer. C'est plutôt l'inverse. » Immédiatement, je regrettai d'avoir dit ça. Cet homme n'y pouvait rien, et je n'allais pas l'assommer avec tous mes malheurs. « Désolée... » Murmurai-je. Je réfléchis pendant quelques instants, avant de lever mon verre et de trinquer. « A notre cher Président ! » Lançai-je d'un ton de défi en levant les yeux au ciel. Ce n'était pas non plus mon habitude de me moquer de Snow en public... Mais bon, puisque j'étais bien partie pour sortir des habitudes, pourquoi pas ? J'étais curieuse de voir de quel bois cet homme était fait. Je bus distraitement une gorgée de ma boisson, et m'étranglai. C'était vraiment trop fort. « Qu'est-ce que... c'est ? » Couinai-je en essuyant mes yeux qui larmoyaient sous l'effet de la brûlure. Le jeune homme n'avait pas commandé la même chose que moi, et sa boisson avait l'air moins... dangereuse. « J'avoue que vous attisez ma curiosité. J'ai du mal à imaginer ce qui peut amener une femme comme vous dans ce bon vieux district cinq. » Il était donc curieux ? Bien, très bien... J'allais devoir mentir, de toute façon. Si je lui avouais que je travaillais pour Snow, je gâcherais sans doute tout. « Une femme comme moi ? » Finis-je par demander, autant pour gagner du temps que par curiosité. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Etais-je donc tellement... différente ?

« Le travail, évidemment. » Révélai-je en soupirant. « Je suis guérisseuse. » Ce n'était pas vraiment un mensonge. J'avais suivi une formation de guérisseuse à l'école des Pacificateurs, et j'étais plutôt douée pour ce genre de choses. Je n'avais pas le véritable don qu'ont certains guérisseurs, mais je m'y connaissais bien, autant en plantes qu'en médecine du Capitole. C'était donc un rôle que je pouvais aisément jouer. Je réfléchis pendant quelques instants, puis je choisis de me taire. Au plus je parlais, au plus j'étais sûre de faire des erreurs. En plus, je n'étais pas là pour ça, n'est-ce pas ? J'étais entré dans ce bar pour oublier un peu mon identité d'espionne, pas pour subir un interrogatoire. Enfin, je comprenais la méfiance de cet homme... Mais s'il avait encore des questions, il n'avait qu'à les poser lui-même. « Je suis sûr qu'on s'ennuie beaucoup moins chez vous ... » Il laissa sa phrase en suspens, sans doute dans l'espoir d'apprendre d'où je venais. Je consentis à lui dire la vérité. Après tout, cela ne pouvait pas me nuire, si ? J'avais un léger accent du district 2, il ne servait à rien de mentir. « En effet, on ne s'ennuie pas, au district 2. » Dis-je, toujours avec une certaine ironie. « Entre les exécutions publiques et les accidents à la mine, on s'amuse comme des fous. » Je devais bien l'avouer, j'étais curieuse de savoir ce que cet homme pensait de notre gouvernement. Pas pour mon travail. Pour moi. Il m'intriguait. « Je suis curieuse aussi... Comment se passent les choses, ici? » Cela pouvait signifier tout et n'importe quoi. En fait, je me demandais surtout si les Pacificateurs étaient très actifs au district 5, et s'il y avait beaucoup de rebelles. Je ne connaissais vraiment pas bien ce district, au contraire du 11 ou du 4... J'allais encore ajouter quelque chose, mais la porte s'ouvrit. Trois Pacificateurs rentrèrent et commandèrent à boire. Ils étaient manifestement ivres, et se querellaient. Je me raidis, mais heureusement, je ne les connaissais pas. Ils s'assirent à une table non loin de nous, ce qui n'était pas difficile puisque le bar était petit. Je me concentrai de nouveau sur l'homme. La présence des Pacificateurs me gênait. Je lançai un regard à la porte. Si j'avais été seule, je serais sortie... Mais là... Par automatisme, je portai mon verre à mes lèvres et avalai une gorgée en grimaçant. Je commençais à avoir vraiment chaud. Une sensation assez agréable de flottement m'envahissait. Les yeux de mon interlocuteur m'attiraient comme un aimant. J'avais envie d'être gentille avec lui. « Parlez-moi un peu de vous. » Proposai-je impulsivement, mais à voix basse. Je lui lançai un clin d'oeil, ainsi qu'un sourire légèrement plus qu'amical. J'avais conscience de sa proximité, et cela me rendait... Je ne savais pas vraiment... Etrange. C'était bien le mot. « J'avoue que vous m'intriguez... Que fait un homme comme vous seul dans ce bar, tard le soir ? » Demandai-je d'un ton plus mystérieux en haussant les sourcils. J'imaginais qu'il devait avoir une famille, ou au moins des amis... En plus, son visage me disait quelque chose. Je le regardais, sans me départir de mon sourire, fascinée comme un papillon par la lumière d'un phare.
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Thybalt M. Homens
DISTRICT 5
Thybalt M. Homens
△ correspondances : 8988
△ points : 29
△ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/12/2011
△ humeur : désabusé
△ âge du personnage : trente quatre ans
△ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles


can you save me?
statut: the one that got away
relationships:


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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeMar 20 Mar - 0:18

Thybalt était ce genre de garçon que l'on pouvait qualifier de grande gueule, le genre qui l'ouvrait beaucoup mais n'agissait que beaucoup moins. Il faisait souvent le malin et il avait du mal à la mettre en sourdine c'est vrai, mais uniquement parce que c'était sa manière à lui de ne pas céder à la déprime et à la désolation par les temps qui courraient. Et puis avouez, qui se méfierait d'un guignol dans son genre ? Quel pacificateur irait le soupçonner lui, le bouffon du village, d'aider les rebelles et le district treize ? Sans doute aucun, et une bonne couverture c'était justement ce dont avait besoin Thybalt, qui ne tenait pas à faire les frais d'une exécution en place publique ... Le souvenir de l'exécution du mari d'Heidi, Andy, était encore dans les mémoires de tous au district, même s'il était un rebelle bien plus engagé que ne l'était Thybalt. C'était il y a un peu plus de dix ans, et pourtant il s'en souvenait encore beaucoup trop à son goût ... Sans doute était-ce justement le but recherché par les pacificateurs qui avaient décidé de sa mise à mort. Thybalt secoua légèrement la tête, comme pour chasser cette pensée de son esprit. Ce n'était pas le moment de se perdre dans ce genre de pensées funestes, il n'était pas venu ici pour ça ce soir, il était venu pour ... se changer les idées, et quoi de mieux pour arriver à ses fins qu'une créature aussi inconnue que séduisante ? C'était comme si le karma avait entendu ses désirs et avait décidé de lui faire une fleur ... ce genre d'opportunités ça ne se laissait pas passer, vous en conviendrez. Voilà pourquoi il n'avait pas fait de manières et s'était invité à la table de la jeune femme sans plus attendre, et ce malgré qu'elle lui ait ensuite assuré ne pas être de la meilleure des compagnies ... Chose dont il doutait fortement. « Comme vous voudrez. » avait-elle simplement répondu sur un ton que Thybalt interprétait comme un vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu. Mais soit, il prenait le risque. Rares étaient de toute manière ceux qui venaient ici en n'ayant aucune raison de forcer leur sourire, ni aucun soucis à noyer dans un verre d'alcool bon marché.
Était-ce sa témérité ou bien sa curiosité qui l'avait poussé à la table de cette femme qui, il n'en avait aucun doute en l'observant, ne semblait pas être du genre à se laisser marcher sur les pieds ? Il ne savait pas trop, ce qu'il savait en revanche c'était que la chance devait lui sourire un peu ce soir, il doutait d'avoir été accueilli aussi facilement tous les soirs ... Mais il n'allait pas s'en plaindre. Boire, discuter ... et plus si affinités, cette soirée s'annonçait sous de bien meilleurs augures qu'il ne le pensait voilà encore une heure à peine. Faisant jouer son verre encore plein entre ses doigts, les yeux de Thybalt eux ne quittaient plus le visage de la jeune femme, comme par jeu, comme par défi, comme pour voir qui d'elle ou de lui détournerait les yeux en premier.

    « Votre prénom est-il aussi ... téméraire ... que vous, Monsieur ? » Elle semblait déjà, du moins c'était l'impression que donnait le ton de sa voix, d'être beaucoup moins sur la défensive que précédemment, comme si très vite elle avait décidé de se prendre au jeu, ou plutôt de rentrer dans son jeu à lui. Il n'allait pas s'en plaindre, il y avait un moment maintenant qu'il n'avait pas trouvé matière à ce genre de choses ... y'arrivait un moment où on finissait par avoir fait le tour des habitants dans le district, et là on s'ennuyait, on recherchait la nouveauté. Et quelle nouveauté avions nous là ce soir. « Possible ... Et c'est Thybalt, en fait. » Thybalt, un nom aux origines lointaines d'après son père adoptif ; S'appelait-il vraiment Thybalt d'ailleurs ? Rien n'était sûr, mais pour quelle autre raison le gosse terrorisé qu'il était aurait-il répété ce prénom pendant des jours lorsqu'il avait été trouvé. Il s'appelait forcément Thybalt. C'était le prénom qu'il portait depuis qu'il était arrivé ici, depuis qu'il avait fait du district cinq sa terre natale ... Une terre qui était entièrement la sienne, mais où les étrangers ne trouvaient pas forcément leur compte, ni dans l'ambiance ni dans l'accueil « L'accueil n'était pas vraiment ... sympathique. Sans parler de l'odeur des abattoirs. » Sourire cynique du jeune homme, ô combien étonnant que la réponse de la prénommée Aileen. Inutile de chercher à nier les choses, pour certains du Capitole qui osaient venir mettre les pieds ici le district cinq était un district de 'bouseux' habité par des rustres ... Il suffisait de voir l'air passablement dégoûté que prenait l'hôtesse chaque année lorsqu'elle montait sur l'estrade de la place de la mairie et posait son regard perçant sur la foule. « Faut excuser nos pacificateurs, ils sont un peu ... rustres. » répondit-il d'un air ironique, avant de rajouter sur le ton de la fausse confidence « Et encore, vous n'êtes jamais venue ici en été » Référence à l'odeur d'abattoir, qui dans la chaleur de la saison estivale devenait d'autant plus irrespirable, surtout lorsque l'on y avait pas été habitué depuis sa naissance.

Ne sachant alors pas encore d'où la jeune femme était originaire il ne pouvait bien entendu pas deviner qu'il évoquait les pacificateurs à quelqu'un qui venait de l'endroit même où ils étaient formés à devenir les brutes que l'on connaissait ... Mais à vrai dire même s'il l'avait su Thybalt ne se serait sans doute pas gêné pour faire cette même réflexion, ne serait-ce que par simple désir de provocation. Il ne pensait de toute façon pas que l'on puisse objectivement remettre en cause les tendances des pacificateurs à abuser de leur position vis-à-vis des habitants des districts, à de rares exceptions bien sûr ... de très rares exceptions. Ceci étant dit les problèmes de Thybalt avec l'autorité de façon générale ne l'aidaient pas à être tolérant envers les pacificateurs qu'il voyait au mieux comme des empêcheurs de tourner en rond, et au pire comme des types cruels et sans conscience ni scrupules ; Les parfaits chiens de garde du Président en somme. D'un point de vue extérieur notre jeune homme n'apparaissait pourtant pas comme quelqu'un dont il était nécessaire de se méfier, lorsque l'on ignorait tout de ses activités en rapport avec la rébellion il apparaissait comme un gentil garçon, le genre qui ne causait de tort à personne et qui sous ses airs de clown un peu tarte cachait un coeur en or. Mais il avait une grande bouche, et il avait tendance à l'ouvrir un peu trop souvent, ce qui suffisait malheureusement bien souvent à énerver les représentants de l'autorité qui ne supportaient pas que l'on remette leurs paroles en cause ou bien qu'on les tourne en ridicule. Le père de Thybalt n'avait eut cesse de lui répéter de calmer un peu ses ardeurs à ce sujet, et qu'il n'était absolument pas dans son intérêt de se mettre en mauvaise posture avec un pacificateur quel qu'il soit (parce que selon Magnus toujours, se mettre à dos un pacificateur c'était se mettre à dos tous les pacificateurs ou presque), mais rien n'y faisait, il semblait bien que l'insolence soit un trait de caractère dont Thybalt ne réussissait pas à se débarrasser.
Mais cette insolence n'était pas forcément toujours une mauvaise chose, c'était elle qui lui permettait d'avoir un contact aussi facile avec les autres, de ne jamais hésiter lorsqu'il avait quelque chose à dire, et de ne pas souffrir le moins du monde d'une quelconque forme de timidité. C'était cette insolence qui ce soir lui avait permis de tenter sa chance en venant s'installer sans hésitation aucune à la table d'une inconnue pour y engager la conversation ... On comprenait donc plus facilement pourquoi il n'était pas prêt à y renoncer et pourquoi aucun pacificateur ne réussirait à le faire changer sur cette question. Voilà comment à ce stade de la soirée il s'était retrouver à proposer à la dénommée Aileen de trinquer ; A quoi il lui en laissait le choix.

    « Je n'ai pas vraiment de raisons pour trinquer. C'est plutôt l'inverse. » avait-elle simplement répondu d'un ton sombre. Nous voilà donc dans un de ces moments où Thybalt regrettait de ne pas avoir tourné sept fois sans langue dans sa bouche avant de parler. Un moment qui ne dura pas plus de quelques instants cela dit, rapidement compensé par sa pensée selon laquelle il ne pouvait pas devenir que la jeune femme passait une si mauvaise soirée, et par le fait qu'elle avait rajouté presque immédiatement après « Désolée ... A notre cher Président ! » Elle avait levé les yeux au ciel d'un air ironique, une raison de plus pour Thybalt de se dire qu'il avait fait une bonne pioche ce soir ... Quelqu'un qui n'évoquait le Président Snow ni avec avec dégoût ni avec admiration mais plutôt avec cette pointe de moquerie que seuls les plus téméraires se permettaient. « Alors à lui, et qui vivra verra. » avait-il répondu en levant son verre vers celui de la jeune femme. Qui vivra verra, un diction qui prenant tellement de sens dans un pays comme Panem. Portant son propre verre à ses lèvres il avait vu Aileen en faire de même et manquer s'étouffer tant le goût de sa propre boisson semblait avoir du mal à passer. « Qu'est-ce que ... c'est ? » Thybalt ne put retenir un léger rire, plus amusé que moqueur, avant de reposer son propre verre sur la table et de finalement lui répondre sur le ton de la fausse confidence « Croyez-moi ... vous ne voulez pas connaitre la réponse à cette question. » Bon, il exagérait un peu, ce n'était pas non plus du poison qui était dans son verre, mais l'air dégoûté qui était apparu sur le visage de la jeune femme valait son pesant de cacahuètes « On échange ? » demanda-t-il enfin en désignant leurs deux verres du regard

Un verre et quelque sourires ne faisaient pas tout cela dit, ce soir Thybalt se sentait d'humeur curieuse. D'ordinaire il n'aurait peut-être pas perdu son temps à questionner la jeune femme sur laquelle il avait momentanément décidé de jeter son dévolu mais cette fois-ci les choses étaient différentes, cette fois-ci il était intrigué et sa curiosité doublée de son instinct façonné par la rébellion le poussaient à vouloir en apprendre plus. D'où venait-elle ? Pourquoi était-elle au cinq, qu'y cherchait-elle ? Une habitante lambda de district ne se baladait pas impunément hors de son district, pas sans prendre de risques et pas sans une très bonne raison du moins. Quelles étaient ces raisons, celles qui valaient le coup de prendre de tels risques ? Il n'espérait pas avoir de réponses à toutes ces questions, si la jeune femme en venait à répondre à toutes elle était soit naïve soit imprudente et Thybalt avait comme le sentiment qu'elle ne se classait dans aucune de ces deux catégories ... Mais des réponses il espérait tout de même en avoir quelques unes, un semblant d'informations tout du moins ; De quoi rassurer la méfiance chronique liée à ses activités rebelles. « Une femme comme moi ? » Une femme dégageant plus de classe et de mystère de la quais-totalité des habitants du district cinq, c'était ce qu'il avait voulu dire par là ... Mais en guise de réponse il se contenta simplement d'un sourire mystérieux, comme pour lui signifier qu'elle n'aurait pas d'autres précisions à ce sujet. Sans plus de cérémonie et à priori sans hésitation, chose qui surprit un peu Thybalt d'ailleurs, la demoiselle se contenta donc simplement de répondre à sa question.

    « Le travail, évidemment. » avait-elle répondu dans un soupir. Intrigué il s'apprêtait donc à lui demander quel pouvait bien être ce métier qui l'amenait hors de son district et jusqu'ici, mais il n'eut finalement pas à le faire puisqu'elle avait ajouté d'elle-même « Je suis guérisseuse. » Thybalt n'avait pu cacher sa surprise, le moins que l'on puisse dire c'était que ce n'était pas la chose à laquelle il s'attendait. Et pour cause, pour quelle raison le district aurait-il besoin d'une guérisseuse venue d'ailleurs lorsqu'il était déjà là, et entièrement compétant ? « Quelle coïncidence ... Nous voilà collègues en plus de ça ! » L'air mi-intrigué mi-méfiant désormais, il avait croisé les bras un instant avant de continuer « A croire que je ne fais plus l'affaire dans le coin, pour un peu je serai vexé. » C'était une boutade ... à moitié du moins. La vérité c'était qu'il avait du mal à cacher la pointe d'agacement qui grandissait en lui à l'idée qu'on vienne lui faire de la concurrence ... Cela dit il n'avait pas de souci à se faire, on lui ferait toujours bien plus confiance à lui qu'à une étrangère. « Je plaisante, bien sûr. Mais en cas de besoin vous saurez vers qui vous tourner. » avait-il ajouté d'un air plus doux ; Nul besoin de se montrer acide non plus, ce n'était pas le genre de la maison à vrai dire. Au lieu de ça Thybalt avait préféré orienter ses questions vers autre chose, le district d'où venait la jeune femme par exemple, à tout hasard. « En effet, on ne s'ennuie pas, au district 2. Entre les exécutions publiques et les accidents à la mine, on s'amuse comme des fous. » Rire cynique mais légère expression de dégoût, mêlée à du mépris à l'énonciation de ce qui semblait être le lot quotidien des habitants du district deux. Quoi, fallait bien que les apprentis pacificateurs se fasse la main c'est ça ? Pourquoi se gêner lorsqu'il avaient des habitants à portée de main après tout c'est vrai ... « Un vrai coin de paradis quoi ! Dire qu'à l'école on nous décrit le district deux comme agréable à vivre ... » Bien entendu, de la propagande pure et dure élaborée directement par le Capitole et délivrée par des professeurs et des livres de cours occultant tout ce qui pouvait représenter un danger. « Je suis curieuse aussi ... Comment se passent les choses, ici ? » Dès qu'il avait su que la jeune femme venait du deux il avait décidé qu'il n'en dirait pas trop. Assez pour ne pas montrer sa méfiance, mais assez peu pour ne pas risquer de faire une quelconque bourde ... Elle venait du deux après tout, alors qu'est-ce que lui assurait qu'elle ne connaissait pas des pacificateurs ? Il ne pouvait pas prendre de risque. Haussant les épaules d'un air désinvolte il avait répondu avec détachement « Les abattoirs, les centrales électriques ... C'est pas la franche rigolade mais on est pas les plus à plaindre. » Il avait presque eut envie de rajouter qu'ici, les pacificateurs étaient compréhensifs, mais il n'était pas certain que ce soit très prudent. Hessfield par exemple, c'était grâce à ce type que Thybalt n'avait pas eut à quitter la maison de son père après la mort de ce dernier, sans l'indulgence du pacificateur Thybalt aurait du quitter la maison dans laquelle il avait grandi pour trouver un autre endroit miteux où vivre et soigner ses patients. « Y'a qu'à voir ces gosses du onze ou du douze qu'ils nous montrent tous les ans à la télévision, ils ont l'air en bien plus piteux état que les enfants de chez nous. » Thybalt se mordilla quelques secondes la lèvres, comme regrettant ce qu'il venait de dire. Parler des Hunger Games était une mauvaise idée, il était même persuadé que c'était le genre de choses qui pouvait porter malheur. Mais il essayait seulement de trouver un moyen de comparaison ; Au district cinq on ne mourrait pas de faim, et le Capitole savait se montrer indulgent sans doute parce qu'il savait qu'un problème au cinq pouvait signifier l'arrêt de l'alimentation de tout Panem en électricité ... Le Capitole ne pouvait pas se passer de ce luxe, tout comme le Président Snow ne pouvait pas se passer de la propagande qu'il diffusait en boucle à la télévision.

Ni elle ni lui n'avaient eut le temps d'ajouter autre chose, ayant été coupés par l'entrée dans le bar de trois pacificateurs pourtant peu habitués de l'endroit. Le dos de Thybalt s'était raidi et il avait resserré sa main autour de son verre, ses doigts passant progressivement du blanc au rouge, ces trois là faisaient partie de la catégorie de pacificateurs qui voyaient le jeune guérisseur comme un opportuniste et un imbécile. Celui de droite, le plus vieux des trois, lui avait même déjà mis un gifle monumentale il y a de cela quelques années, après que Thybalt ait eut le malheur de ricaner quand celui-ci lui avait fait une réflexion sur il ne savait même plus quel sujet. Tous trois parlaient fort, ils avaient probablement déjà bu ailleurs et devant l'heure tardive ils avaient migré dans le seul bar encore ouvert dans le coin, celui du vieux Byron. Ils semblaient se quereller, à propos de quoi Thybalt ne saurait le dire, et à vrai dire il n'avait aucune envie de chercher à le savoir ... Bien sûr il était intrigué, des pacificateurs qui se cherchaient la petite bête c'était potentiellement intéressant, mais avec la jeune femme en face de lui il ne pouvait pas faire grand chose ... Il faisait confiance à Byron pour avoir les yeux grands ouverts et les oreilles attentives, il n'avait pas de souci à se faire là-dessus. Pour l'heure l'idée de se retrouver à proximité de ces trois énergumènes le mettait mal à l'aise, et par dessus tout il craignait que l'un des trois ne le remarque et ne vienne l'importuner ... Face à lui, son hôte elle non plus ne semblait pas des plus à l'aise. Pourtant elle venait du deux, elle devait être habituée à croiser des pacificateurs à longueur de journée, alors sa réaction avait tendance à l'intriguer et il en venait à se demander ce que la jeune femme pouvait bien cacher derrière ses jolis yeux et sa blondeur angélique. La belle décida cependant de changer de sujet, et baissant le ton de sa voix elle s'était rapproché de lui comme pour lui parler sur le ton de la confidence, le gratifiant d'un clin d’œil avant de le questionner.

    « Parlez-moi un peu de vous. » De lui ? Il doutait sérieusement que rien de ce qu'il puisse dire à son propre sujet soit d'un quelconque intérêt pour elle. Encore une fois Thybalt c'était surtout de la gueule, il aimait bien rigoler et faire le malin mais en définitive il ne parlait pas beaucoup de lui et hormis son humour potache et son dévouement pour son métier personne au district cinq ne pouvait plus se vanter de bien connaitre l'animal. « J'avoue que vous m'intriguez ... Que fait un homme comme vous seul dans ce bar, tard le soir ? » Esquissant un sourire, il avait décidé de rentrer à son tour dans le jeu de la jeune femme et avait réduit encore un peu plus la distance qui séparait maintenant leurs deux visages. Les bras croisés et les coudes appuyés sur la table il fixait désormais Aileen dans les yeux sans plus pouvoir s'en détacher, et le fait qu'elle en fasse de même suffisait à le persuader qu'ils étaient sur la même longueur d'onde pour le moment tout du moins. « L'homme comme moi a peut-être simplement été envoyé pour vous tenir compagnie ... voir même vous offrir un autre verre. » répondit-il avant de lui adresser à son tour un clin d’œil. Un nouveau rire gras venant de la table des pacificateurs les fit sursauter tous les deux, ce à quoi Thybalt ajouta finalement « A moins que vous ne préfériez ... aller prendre un peu l'air ? »

Il avait momentanément réussi à éluder la question de la jeune femme, à vrai dire il n'avait pas spécialement l'intention d'y répondre, chacun connaissait de l'autre son district, son métier et son prénom ; Ils étaient à égalité pour le moment, alors pas de besoin d'en dire plus. Attrapant le verre devant lui il avait terminé d'un coup ce qu'il restait au fond, sentant l'alcool lui brûler la gorge et l'étourdissant quelques instants. Prendre l'air n'était pas en soi une mauvaise idée, il commençait à avoir chaud, sans doute la différence de température entre le bar et le dehors était-elle plus importante qu'il ne l'avait cru au début ... Se levant, il avait tendu une de ses mains vers la jeune femme pour l'aider à se lever, plus par politesse que parce qu'il pensait réellement qu'elle avait besoin d'aide ... Quoi que l'alcool semblait commençait visiblement à faire son petit effet sur elle.
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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeSam 5 Mai - 20:08

Existait-il quelque chose comme 'le destin' ? Une sorte de force invisible, inflexible, capable de diriger la vie des gens ? En regardant l'homme assis devant moi, j'étais tentée de le croire. J'avais besoin de compagnie agréable, de rire, de m'amuser, et il était arrivé juste à temps. C'était la personne qu'il me fallait. Quelle que soit la force qui nous avait réunis, je l'en remerciais silencieusement. En entamant mon deuxième verre d'alcool, j'avais décidé de me laisser porter par les évènements et par la chance. Pour une fois, je voulais cesser de me débattre sans cesse dans le courant tumultueux de mon existence pour dériver calmement et accepter ce qui allait arriver. Le jeune homme assis en face de moi m'intriguait. Au lieu de l'envoyer promener, je me surpris même à parler avec lui. Etrange. Je n'avais pas l'habitude d'adresser la parole à des inconnus, et surtout pas dans un endroit comme ce vieux bar clandestin. Ce jeune homme avait quelque chose de... désarmant. Il me fixait d'un air insolent, comme pour me mettre au défi de détourner le regard. Je me laissai prendre au jeu et l'observai à mon tour. Cheveux blonds désordonnés, yeux d'un bleu surprenant, sourire aimable... Il avait l'air d'un ange rebelle venu sur terre pour semer le chaos. Cette pensée me fit sourire ; était-ce l'alcool qui me montait à la tête et m'incitait à faire cette comparaison étrange ? Je lui demandai son prénom d'un ton malicieux. Je ne pouvais pas expliquer pourquoi je me sentais tellement à l'aise... Mais j'acceptais cette sensation, m'y vautrais avec bonheur et insouciance. J'en avais marre d'être sans cesse responsable de tout. Moi aussi, j'étais humaine ! Moi aussi, j'avais le droit de sortir des sentiers battus de temps en temps ! « Possible ... Et c'est Thybalt, en fait. » Là, je n'eus plus la force de rester sérieuse et je ris, ravie. « Oui, votre nom est bien aussi téméraire que vous ! Boy, this shall not excuse the injuries that thou hast done me; therefore turn and draw. » Dis-je en citant Shakespeare. Le personnage de Tybalt dans 'Roméo et Juliette' m'avait toujours beaucoup plu... A croire que la bonne fortune avait décidé de me donner un coup de pouce ce soir. Comme il s'agissait d'un simple habitant d'un district défavorisé, je doutais qu'il connaisse même le nom de Shakespeare... Mais cela m'importait peu. Je me comprenais, et c'était ce qui comptait. Au pire, il me prendrait pour une folle. En soupirant, je lui révélai que l'accueil dans son district n'avait pas été vraiment sympathique. Il eut un sourire cynique. « Faut excuser nos pacificateurs, ils sont un peu ... rustres. » Je levai les yeux au ciel. 'Rustre', c'était bien l'adjectif qu'on utilisait le plus au Capitole pour parler du district 5. « Ils ne sont pas pires que ceux de mon district. Ou de n'importe quel autre district, sans doute.» Répondis-je en souriant. « Qui peut distinguer un rat d'un autre rat ? » Comparer les Pacificateurs à des rats étaient un peu risqué... Voir même dangereux. Mais j'avais l'impression que ce soir-là, je pouvais tout faire, tout dire, et je ne m'en privais pas. Thybalt ajouta, sur le ton de la confidence : « Et encore, vous n'êtes jamais venue ici en été » Je fis la grimace en songeant à l'odeur qui s'échappait des abattoirs. Mon humeur presque festive s'évanouit rapidement lorsque le jeune homme me proposa de trinquer. Comme si j'avais quelque chose à fêter... Comme si je devais être heureuse que mon mari m'avait trompée. La douleur me frappa de nouveau de plein fouet, sans prévenir, me coupant momentanément la respiration. Trompée. Trompée. Trompée... Sans réfléchir, je répondis que je n'avais aucune raison de trinquer. En voyant l'air... presque honteux... de mon interlocuteur, je me rattrapai rapidement en déclarant que je voulais trinquer au Président. Il s'agissait d'un défi, et Thybalt le releva admirablement bien. Décidemment, il me plaisait de plus en plus. « Alors à lui, et qui vivra verra. » Il trinqua et but une gorgée de sa boisson. J'en fis de même et faillis m'étouffer. Bon sang... C'était quoi, cette boisson ? J'avais l'impression d'avoir avalé un mélange d'acide et de souffre. Dégoûtant. Thybalt rit. « Croyez-moi ... vous ne voulez pas connaitre la réponse à cette question. » Oui, je croyais qu'il avait raison. Dans un endroit comme celui-ci... Cela pouvait être n'importe quoi. Même l'alcool à brûler qu'ils utilisaient dans les abattoirs. Tiens, quelle pensée étrange ! Non, bien sûr que non, ce n'était pas ça... Mais le goût m'y faisait penser. « On échange ? » Demanda Thybalt, à mon grand étonnement. « Si vous voulez mourir empoisonné... » Dis-je d'un ton léger en échangeant nos verres. «... Je ne vous en empêcherai pas ! » Sa boisson ne pouvait pas être pire que la mienne, de toute façon. J'en bus prudemment une gorgée, puis une autre. « C'est déjà beaucoup mieux. » Soupirai-je avec gratitude. Bon, cela ne valait pas l'alcool du Capitole... Mais c'était déjà très bien pour un petit district miteux.

Il était curieux, ce Thybalt... Peut-être même un peu trop curieux. Cela éveilla ma méfiance naturelle d'espion, mais je me rappelai aussitôt à l'ordre. Détends-toi, Aileen. Tu es là pour t'amuser, pas pour travailler. Il n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions... S'il était un rebelle, tant pis. Je pouvais côtoyer qui je voulais pendant mon temps libre. Lorsqu'il me demanda ce qui m'amenait dans son district, je répondis donc par la vérité : le travail. En le voyant prêt à poser une question, j'ajoutai que j'étais guérisseuse. A vrai dire, c'était un peu imprudent de ma part. Pourquoi une simple guérisseuse changerait-elle de district ? C'était suspect, mais j'avais le cerveau embrumé par l'alcool et je ne parvenais pas à réfléchir normalement. Thybalt avait l'air surpris. « Quelle coïncidence ... Nous voilà collègues en plus de ça ! »J'aurais voulu me frapper ou rentrer sous terre. Voilà qu'il était méfiant, les bras croisés, et c'était ma faute ! J'allais tout gâcher si je ne faisais pas attention. Heureusement, j'avais... disons un talent... pour me sortir de ce genre de situation. « Eh bien ! On dirait que 'le destin' a bien fait les choses ! » M'exclamai-je d'un ton enjoué, comme s'il s'agissait d'une merveilleuse surprise. « Peut-être que vous allez enfin pouvoir m'aider pour cette pommade que je ne parviens jamais à faire ! C'est ma grand-mère qui m'a légué la recette, mais le papier est vieux, rongé par l'humidité et je ne parviens pas à tout déchiffrer. Cela pourrait nous aider... surtout après les punitions des Pacificateurs. » Ma grand-mère... J'avais l'impression que sa mort ne datait que d'hier, et j'étais encore toujours partagée entre tristesse et joie en pensant à tout ce qu'elle m'avait appris. Elle avait été proche de moi, plus proche que n'importe qui, plus proche même que ma propre mère. C'était une femme intelligente, toujours dans l'ombre de son mari, qui se passionnait pour de nombreuses choses. Elle avait, entre autres, un talent pour s'occuper des plantes et expérimentait avec elles pour créer toutes sortes de parfums et de remèdes. La pommade dont je parlais à Thybalt existait bel et bien. C'était ce que grand-mère appelait 'le remède miracle' ou 'la pommade à tout faire'. Quand j'étais petite, elle me faisait croire qu'elle le préparait à base de poussière de fées et de bave de crapaud. Malheureusement, je ne parvenais pas à déchiffrer la recette de ce remède miracle à cause de l'état déplorable du manuscrit. Je lançai un sourire à Thybalt, certaine de l'avoir rassuré, mais il reprit : « A croire que je ne fais plus l'affaire dans le coin, pour un peu je serai vexé. » Il avait l'air moitié amusé, moitié agacé. Aïe... Il fallait bien que je trouve quelque chose à lui dire, maintenant. « Je plaisante, bien sûr. Mais en cas de besoin vous saurez vers qui vous tourner. »Ajouta-t-il d'un ton plus amène. Je souris mais secouai la tête. « C'est gentil... Mais je ne compte pas rester. Ni vous faire de la concurrence. A vrai dire... » Je me penchai vers lui et baissai le ton, comme s'il s'agissait d'un secret. « Je suis ici pour soigner une seule personne. Je lui dois beaucoup... Et elle ne peut pas demander l'aide du guérisseur local, c'est-à-dire vous. » Voilà, ce n'était pas trop précis, ni trop vague. J'espérais qu'il allait gober mon mensonge... Je décidai d'en rajouter une couche. « Je... travaille avec des plantes, d'habitude. Comme vous, sans doute. Mais parfois... Je parviens à me procurer quelque chose du Capitole. Pour dans les cas graves. Mais je ne l'utilise que pour les personnes auxquelles je tiens vraiment. » Air angoissé, comme s'il y avait vraiment l'un de mes amis en train de souffrir le martyre, mais sourire complice pour rappeler qu'il s'agissait d'un secret. Voilà, il pouvait en déduire ce qu'il souhaitait. En tous cas, cela allait bien le faire réfléchir. Aucun simple habitant d'un district pauvre ne peut obtenir simplement des médicaments du Capitole. Même les plus riches ont du mal à se les procurer. Alors, si j'en possédais... Cela voulait dire, ou bien que je les volais, ou bien que j'étais une rebelle, ou bien que j'avais trouvé le moyen de corrompre une personne riche et influente pour m'en acheter. J'avais envie de savoir ce que Thybalt en penserait.

Heureusement, la discussion passa rapidement sur un sujet moins dangereux, c'est-à-dire mon district d'origine. « Un vrai coin de paradis quoi ! Dire qu'à l'école on nous décrit le district deux comme agréable à vivre ... » Je ris et levai les yeux au ciel. Agréable à vivre... Oui, j'aimais beaucoup le district 2, mais c'était uniquement parce que j'étais riche et que j'avais une jolie maison dans le plus beau quartier... « C'est un endroit agréable pour les Pacificateurs et les riches, sans aucun doute. Mais nous, les simples habitants... Je lâchai un petit soupir. « Nous avons les grottes, les plaines... La nature est très belle. Ah, et nous avons l'Arbre Mort aussi. Il y a plein de légendes absolument passionnantes qui circulent à son sujet... Mais pour le moment, c'est juste le lieu de rendez-vous des amoureux. » Je ris, ironique, comme si je trouvais cela ridicule. L'Arbre Mort... C'était là que je m'étais mariée. Là que Phoenix m'avait dit oui. Là qu'il m'avait promis d'être fidèle... Alors que... La douleur dans mon coeur revint, plus forte que jamais. Avoir le coeur brisé... Ce n'était pas simplement un dicton, mais une réalité. J'avais l'impression d'avoir des éclats de verre plantés profondément dans ma poitrine. J'essayais de cacher la panique et la détresse que cette douleur éveillait en moi, mais je ne pus m'empêcher de crisper les mains autour de mon verre. Je me forçai à avaler une gorgée. Thybalt me parlait de son district. « ... pas la franche rigolade mais on n’est pas les plus à plaindre. »Je me rendis compte que je n'avais pas entendu la première partie de sa phrase, alors je me contentai d'une grimace compatissante. « Y'a qu'à voir ces gosses du onze ou du douze qu'ils nous montrent tous les ans à la télévision, ils ont l'air en bien plus piteux état que les enfants de chez nous. » Il se mordilla les lèvres, comme s'il regrettait d'avoir prononcé ces paroles. Je lui offris un sourire rassurant. « Je préfère ne pas imaginer les conditions de vie dans ces districts pour que ces gamins soient tellement maigres et hagards... Le sort ne leur est pas vraiment favorable, n'est-ce pas ? » Dis-je en ne cachant pas mon dégoût, avant de finir mon verre.

Avant que j'aie le temps de poursuivre cette conversation intéressante sur les Hunger Games, la porte du bar s'ouvrit et trois Pacificateurs entrèrent. A voir comment Thybalt serrait son verre, il n'était pas plus heureux que moi de les voir. Heureusement, je ne les connaissais pas. Je me calmai un peu, mais gardai néanmoins un oeil sur le trio. On ne pouvait jamais être jamais assez prudent avec cette racaille... Surtout lorsqu'ils étaient ivres. Je me concentrai de nouveau sur mon interlocuteur, et lui demandai de parler de lui. A vrai dire, je ne savais pas trop pourquoi je lui demandais cela. Je savais tout ce qu'il fallait savoir... Mais une curiosité soudaine m'avait saisie. Heureusement, il entra dans mon jeu, se penchant en avant pour réduire la distance entre nous, me regardant dans les yeux. « L'homme comme moi a peut-être simplement été envoyé pour vous tenir compagnie ... voir même vous offrir un autre verre. » Il me gratifia à son tour d'un clin d'oeil, et j'allais accepter son offre lorsqu'un rire gras nous fit sursauter. Apparemment, les Pacificateurs s'amusaient bien... « A moins que vous ne préfériez ... aller prendre un peu l'air ? » Me dit Thybalt, comme s'il avait deviné mes pensées. Je hochai la tête avec soulagement. Oui, je voulais sortir... Sentir l'air frais sur ma peau, me dégriser un peu, remettre mes pensées dans l'ordre... Thybalt me tendit une main pour m'aider à me lever. J'allais refuser, mais lorsque je sentis la tête me tourner, je me dis que c'était peut-être une bonne idée. Sa main était tiède et étonnement douce, et un frisson me parcourut à ce contact. Je me laissai docilement emmener dehors, sans même jeter un regard en arrière. L'air froid me mordit la peau, et je lâchai enfin la main de Thybalt. « C'est déjà mieux. Beaucoup mieux. Merci. » J'étais contente de ne plus devoir supporter le regard des trois Pacificateurs ivres. Je chancelai et fermai les yeux jusqu'à ce que l'univers cesse de tanguer autour de moi. Pas mal, cette boisson. J'avais la tête légère, comme si elle était remplie de nuages. Sans regarder en arrière, certaine que Thybalt me suivrait, je commençai à marcher. Je ne connaissais pas le district 5, et je ne savais absolument pas où j'étais ni où j'allais. C'était peut-être imprudent de ma part. Après tout, je ne connaissais pas vraiment Thybalt, nous étions seuls, et il faisait noir... Mais, d'un côté, mon arme cachée sur moi me donnait une impression de force, et puis... Je lui faisais confiance. Etait-ce à cause de l'alcool ? Au début, je me contentais de marcher en silence, savourant le calme de la nuit. Puis, je murmurai, nostalgique : « Le monde devrait toujours être ainsi, n'est-ce pas ? » Sans attendre la réponse de Thybalt, je poursuivis : « Beau, calme, simple mais spécial... » Je jetai un regard au jeune homme, et je me rendis compte que ces adjectifs s'appliquaient à lui aussi. Il appartenait à ce monde, à cette rangée de maisons dans le crépuscule, au ciel constellé d'étoiles. Même si sa vie n'était sans doute pas une partie de plaisir, il semblait... libre. Plus libre que je ne serai jamais. Il avait sa place ici, alors que je n'avais ma place nulle part. Un long soupir m'échappa. Voilà que j'avais le vin triste... Cette pensée m'arracha un éclat de rire impromptu. Je levai les yeux pour regarder le ciel, et mon sourire se figea. Je voyais un nuage. Un très gros nuage. Alors, la première goutte de pluie tomba sur mon nez. Puis encore une. Et encore une. « J'aime la pluie... » Déclarai-je d'un ton un peu pâteux en offrant mon visage à l'averse, qui redoubla soudain de vigueur comme pour me défier. « ... mais je préfère ne pas finir trempée ! » Je saisis Thybalt par le bras et l'entraînai en courant dans le petit refuge formé par l'entrée d'une maison. Nous étions plus ou moins à l'abris du déluge, mais il faisait tellement froid... Je frissonnai. A voir les maisons autour de nous, nous avions atteint le village des vainqueurs. Je me tournai vers Thybalt, et me rendis soudain compte de sa proximité. Nous étions obligés de nous serrer contre la porte pour ne pas être mouillés. J'allais lui dire quelque chose, mais ma gorge était sèche et je ne parvins pas à articuler le moindre mot. L'alcool me donnait à la fois envie de courir dans tous les sens et de m'asseoir pour éclater en sanglots. Mon coeur battait vite, trop vite. Lorsque je fermais les yeux, je voyais des lumières éclatantes qui bougeaient dans tous les sens. Je passai ma langue sur mes lèvres sèches. « Nous devrions entrer... quelque part. » Dis-je en regardant autour de moi. Entrer... quelque part. Nous. Nous deux. Lui et moi. Nous étions seuls. Entrer quelque part... pourquoi ? Pour quoi faire ? Je savais que c'était important, et que je devais y réfléchir... Mais le brouillard dans ma tête me rendait incapable de penser clairement. Phoenix... Oui, je devais penser à Phoenix... Mais son image était floue dans mon esprit. Pourquoi devais-je penser à lui ? Pourquoi devais-je penser à lui alors que cela faisait tellement mal ? N'y pense plus. Oui, c'était ce que j'allais faire. Ne plus penser à lui. Pas ce soir. Pas alors que Thybalt était là près de moi, souriant. Pas alors que, pour une fois, j'avais l'occasion d'être libre.
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Thybalt M. Homens
DISTRICT 5
Thybalt M. Homens
△ correspondances : 8988
△ points : 29
△ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/12/2011
△ humeur : désabusé
△ âge du personnage : trente quatre ans
△ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles


can you save me?
statut: the one that got away
relationships:


We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Vide
MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeDim 20 Mai - 15:03

Malgré tous ses efforts pour se raisonner Thybalt ne réussissait pas à garder envers la jeune femme un intérêt qu'il puisse clairement se définir ... Ce n'était ni entièrement son côté Don Juan de pacotille, ni entièrement la curiosité rattachée à son statut de rebelle. C'était quelque chose qui se situait entre les deux, il était intrigué autant personnellement que de par son attachement à la rébellion et c'était sans aucun doute ce qui rendait cette femme si inhabituellement intéressante à ses yeux ; Il voulait réellement en savoir plus, il ne se sentait pas simplement obligé de le faire parce qu'il voulait récupérer des informations ou parce qu'il souhaitait la mettre dans son lit, il voulait simplement satisfaire cette curiosité qu'il n'avait pas l'habitude de sentir si sincère. Et puis parce qu'elle venait d'un district n'ayant rien en commun avec le cinq, elle avait aux yeux de Thybalt ce petit côté exotique qu'il exécrait lorsqu'il émanait des capitoliens pure souche, mais qu'il trouvait fascinant lorsqu'il émanait d'une femme comme Aileen ... Inutile d'ailleurs de préciser que notre jeune homme avait été surpris de ne avoir été remis à sa place ou même congédié par la demoiselle après son approche plutôt directe ; D'ordinaire ce genre de poupées venue de chez les Carrières ne se laissait pas approcher par les rustres habitants, surtout masculins, de districts "inférieurs". C'était l'une des autres choses qui intriguait Thybalt, savoir ce qui avait persuadé cette demoiselle de ne pas le rembarrer directement ... son besoin de compagnie était-il à ce point criant ? « Oui, votre nom est bien aussi téméraire que vous ! Boy, this shall not excuse the injuries that thou hast done me; therefore turn and draw. » avait-elle cité d'un air mi-théâtral, mi-rêveur en réponse à son prénom. Il avait failli être surpris par la rapidité avec laquelle elle avait retrouvé la référence et c'était empressée d'en citer un passage, puis il s'était rappelé que son hôte ne venait pas de n'importe où et que son accès à ce genre d'ouvrage lui était à n'en pas douter beaucoup plus aisé que lorsque vous étiez habitant lambda d'un district comme le cinq. « Espérons simplement que mon destin soit un peu moins ... tragique. » avait-il simplement répondu sur le ton de la douce plaisanterie. Cela dit puisque Thybalt n'avait en aucune manière hérité du caractère belliqueux et rancunier du personnage shakespearien il avait bon espoir de ne jamais connaitre de sort similaire. Reste qu'une fois encore il devait sa connaissance à Magnus, et que sans lui il serait peut-être aujourd'hui encore dans l'ignorance concernant la référence de son prénom ... Thybalt, c'était le seul et unique mot que notre jeune homme avait été capable de prononcer durant plusieurs jours après avoir été recueilli par Magnus, il y a de cela vingt-cinq ans maintenant. Lorsqu'il avait été en âge de comprendre telle lecture son père adoptif lui avait offert un ouvrage que son statut d'ancien gagnant lui avait permis de se procurer, et ainsi il avait compris la référence que ses parents biologiques avaient voulu donner à son nom, si tenté qu'il s'agisse bien de son nom de naissance ... Celle d'un garçon totalement dévoué à sa famille, au point de finir par en être aveuglé. Il ne savait pas du tout ce qu'étais devenus ses parents biologiques, mais parfois lorsqu'il pensait à cette référence il se disait que peut-être était-ce mieux ainsi ...
Bien vite en tout cas la conversation était revenue à quelque chose de plus terre à terre et le comportement des pacificateurs au sein du district eut de quoi provoquer quelques réflexion acides à leur sujet, autant de la part de Thybalt que de celle d'Aileen, chose qui somme toute étonna un peu notre jeune homme qui jusque là s'imaginait que lorsque l'on venait du deux on ne pouvait qu'apprécier les pacificateurs, voir même dans certains cas les trouver fascinant. De toute évidence il avait eut tort de faire ce genre de généralités puisque la jeune femme elle non plus ne semblait pas les porter dans son cœur ... à moins que ce ne soit qu'une façade, après tout elle était peut-être simplement assez fine pour réaliser qu'il ne faisait pas bon faire l'apologie des pacificateurs dans un district comme le cinq ... Si tel était le cas elle jouait bien la comédie en tout cas. « Ils ne sont pas pires que ceux de mon district. Ou de n'importe quel autre district, sans doute. Qui peut distinguer un rat d'un autre rat ? » Sourire cynique mais satisfait de Thybalt ; Il ne savait pas si son interlocutrice était sincère ou bien si elle essayait simplement de se montrer en accord avec ce qu'elle pensait avoir deviné de lui, mais reste que la comparaison lui plaisait. Ce n'était même pas tant le fait que les pacificateurs exécutent les ordres qui répugnait Thybalt mais plutôt le plaisir que certains d'entre eux prenaient à contempler la souffrance d'autrui, encore plus lorsqu'ils étaient à l'origine de la souffrance en question. Mais des pacificateurs réglos il y en avait c'est vrai, Thybalt ne les portait pas vraiment dans son cœur non plus mais il réussissait à les tolérer, à l'image de Landon Hessfield grâce à qui il continuait à vivre dans la demeure de son défunt père, là où il aurait normalement du retrouver les habitations du district bien loin du confort qu'apportaient les maisons du village des vainqueurs qu'il côtoyait depuis aussi loin qu'allait sa mémoire.

Tenant de toute évidence assez peu l'alcool, la jeune femme n'était d'autant plus pas habituée à ce genre de boissons de fond de tiroir qu'on servait ici, et à vrai dire il n'y avait bien que les étrangers pour se laisser avoir de la sorte par cette boisson ... Le reste du temps, sauf les plus désireux de s'étourdir vite et bien et ceux à qui l'alcool ne faisait plus le moindre effet se risquaient à cela, et avec le temps Thybalt avait fini par comprendre avec quelle délectation le vieux Byron s'empressait de servir cela aux étrangers puis de les observer du coin de l’œil avaler leur verre avec difficulté. C'était un petit plaisir comme le vieux patron de bar ne s'en lassait pas, un de ses nombreux moyens pour tromper l'ennui dans ce bar où il ne rencontrait la plupart du temps que des dépressifs, des alcooliques ou des mélancoliques ... Parfois même un mélange des trois.

    « Si vous voulez mourir empoisonné ... » avait-elle répondu lorsqu'il lui avait proposé d'échanger leurs verres, tout en poussant le sien vers lui avant de récupérer celui qu'il lui tendait « ... Je ne vous en empêcherai pas ! » Saisissant le verre d'un air sûr de lui, Thybalt l'avait porté à ses lèvres et en avait avalé une grande gorgée, qui somme toute avait eut beaucoup de mal à passer tant le liquide sembla lui brûler la gorge et fur et à mesure qu'elle descendait. Ça c't'une boisson d'homme comme on dit. « J'avais oublié comme c'était ... corsé. » avait-il finalement articuler avant de se résoudre à tout avaler d'un coup pour être débarrassé ; Cul sec l'eau de javel, tandis que la jeune femme semblait satisfaite de son échange « C'est déjà beaucoup mieux. » Là dessus il n'avait aucun mal à la croire.

Son verre terminé, il pouvait maintenant à loisir chercher à en apprendre plus sur la jeune femme, tout en réalisant à mesure que les secondes passait qu'elle ne semblait pas indisposée à la discussion ... Bon, il y avait fort à parier qu'avec un ou deux verres de moins les choses n'eut pas été aussi faciles, mais Thybalt n'allait bien évidemment pas s'en plaindre. On ne venait jamais au district cinq par hasard, ce n'était pas un lieu particulièrement agréable à vivre, quand bien même le climat faisait partie des plus agréables du pays, et surtout lorsque l'on venait d'un district comme le un ou le deux ... Bref, aussi séduisante et amusante soit-elle cette jeune femme n'était pas ici par hasard, et Thybalt avait bien l'intention de découvrir quelle était la véritable raison de son passage chez eux. Il était donc plus que satisfait que la conversation ait finalement dérivé sur le métier de la jeune femme, toutefois la réponse à cette question éveilla tout de suite sa méfiance, tant d'un point de vue purement personnel que vis-à-vis de ses activités rebelles ... Qu'est-ce qu'une guérisseuse foutait au cinq ? Si on lui avait demandé de venir alors qui ? Quelqu'un qui avait des connaissances au district deux et qui leur faisait plus confiance qu'à un habitant du cinq ... un ennemi de la rébellion ? Il avait l'impression de se retrouver tout à coup en terrain glissant, et son air détendu si sincère quelques secondes auparavant était tout à coup un peu moins sincère et un peu plus calculé ...

    « On dirait que 'le destin' fait bien les choses ! » avait-elle simplement répondu avec entrain lorsqu'il avait évoqué avec étonnement l'heureux hasard qui les avait mis tous les deux sur le même chemin, les deux seuls guérisseurs présents dans tout le district en ce moment. « Peut-être que vous allez enfin pouvoir m'aider pour cette pommade que je ne parviens jamais à faire ! C'est ma grand-mère qui m'a légué la recette, mais le papier est vieux, rongé par l'humidité et je ne parviens pas à tout déchiffrer. Cela pourrait nous aider... surtout après les punitions des Pacificateurs. » Sourire quelque peu rassuré de Thybalt, qui même s'il ne se sentait pas totalement en confiance pour autant ne voulait pas non plus avoir l'air trop rude, et faisant jouer quelques secondes son verre vide entre ses mains il avait répondu « C'est vrai ? Ce serait avec plaisir dans ce cas. Je ne suis jamais contre le fait de donner un coup de main, surtout demandé par une aussi jolie ... consoeur. » Cela dit, tout cela était bien beau mais qu'on se le dise Thybalt n'était pas particulièrement disposé à partager sa place avec une autre guérisseuse, aussi séduisante soit-elle, et il avait déjà eut assez de mal à s'attirer auprès des gens la même confiance que celles qu'ils avaient envers son père pour qu'une inconnue ne vienne elle aussi empiéter sur son terrain « C'est gentil ... Mais je ne compte pas rester. Ni vous faire de la concurrence. A vrai dire ... » Se penchant vers lui comme on le ferait pour faire une confidence à quelqu'un, elle avait continu" à voix plus basse, non sans jamais le quitter des yeux « Je suis ici pour soigner une seule personne. Je lui dois beaucoup ... Et elle ne peut pas demander l'aide du guérisseur local, c'est-à-dire vous. » Ouais, voilà qui ne l'aidait pas vraiment, comment était-il supposer déterminer l'existence éventuelle d'un mensonge avec quelque chose d'aussi vague ? Il hésitait à en demander plus mais finalement elle le devança d'elle-même « Je ... travaille avec des plantes, d'habitude. Comme vous, sans doute. Mais parfois ... Je parviens à me procurer quelque chose du Capitole. Pour dans les cas graves. Mais je ne l'utilise que pour les personnes auxquelles je tiens vraiment. » Était-ce la vérité ou bien un mensonge très bien présenté, Thybalt ne savait plus vraiment quoi en penser ... Cela dit, à bien y réfléchir il ne savait pas trop s'il avait un réel intérêt à vouloir en apprendre plus, ou tout du moins si risquer de poser plus de questions valait véritablement la chandelle dans le cas présent ... La réponse était non, il ne pensait pas. Reste que si elle se fournissait jusqu'au Capitole cette fille était beaucoup plus débrouillarde qu'une simple guérisseuse de campagne « Je comprends ... Mais soit, cela restera entre nous. Chacun ses petits secrets de fabrique pas vrai ? » avait-il finalement répondu en forçant un air plus détendu, moins ... soupçonneux. Il ne voulait pas risquer de froisser la jeune femme, ou lui laisser l'occasion de se poser des questions à son sujet « Cet ami a en tout cas vraiment de la chance de vous avoir » ajouta-t-il simplement d'un air en demi teinte, avant de camoufler ses derniers doutes derrière un sourire charmeur.

Estimant sans doute l'un et l'autre qu'il valait mieux en rester là sur ce sujet, ils n'avaient donc pas été mécontent de trouver moyen de faire prendre à leur conversation une nouvelle direction, qui bien que moins personnelle n'en était pas moins susceptible de comporter des pièges puisqu'il s'agissait de pur cynisme de la par de Thybalt concernant le distrit dont la jeune femme se disait native. C'est vrai, il était malvenu de juger des personnes sans jamais les avoir vues et Thybalt n'avait pour ainsi dire jamais mis les pieds au district deux ou même envisagé de le faire, mais il avait tout de même cet à priori sur les habitants du un et du deux, que les Hunger Games leur présentait tous les ans comme des laquais à la solde du Capitole, amadoués par une richesse et un niveau de vie supérieur aux autres districts et qui leur laissait croire en leur supériorité. Ces districts dans lesquels les gosses se battaient presque pour aller se jeter dans la gueule du loup, pour un instant de gloire fugace avant une mort douloureuse au sein d'une arène qui ne marchait qu'à la couleur du sang, du même rouge que l'on vienne du un, du deux, du cinq ou du onze. Bien sûr cependant les choses n'étaient jamais toutes noires ou toutes blanches, et même Thybalt avait conscience que dans ces districts là aussi on devait compter quelques anti-Capitole convaincus, quelques personnes pour qui la rébellion était la seule cause digne qu'on se batte pour elle, mais autant que dans les districts où le Capitole exerçait son pouvoir dans la répression ou la cruauté ? Ça il n'en était pas certain ...

    « C'est un endroit agréable pour les Pacificateurs et les riches, sans aucun doute. Mais nous, les simples habitants ... » Peut-être Thybalt aurait-il pu surprendre un certain mépris dans cette phrase, mais il n'en fut rien ... et pour cause, toutes proportions gardées il savait qu'il pouvait plus ou moins faire le même constat à propos de sa situation : Il vivait au village des vainqueurs, et il exerçait un métier qui de par sa seule utilité lui permettait de ne manquer de rien. Il n'était définitivement pas parmi les plus à plaindre du district. « Nous avons les grottes, les plaines ... La nature est très belle. Ah, et nous avons l'Arbre Mort aussi. Il y a plein de légendes absolument passionnantes qui circulent à son sujet ... Mais pour le moment, c'est juste le lieu de rendez-vous des amoureux. » Léger rire de Thybalt à l'évocation de cette anecdote, avant de bien vite réaliser que si la jeune femme en riait aussi c'était avec cynisme, et même avec ironie ... Pas romantique pour deux sous alors, ou bien amoureuse déçue ? Ce n'était pas notre jeune homme qui se risquerait à poser la question « Notre district est beaucoup plus sauvage, suffit de s'éloigner dans les plaines pour avoir l'impression de ne plus être ici ... Mais je suppose que c'est un peu comme ça qu'on nous considère chez vous, comme des sauvages. » Tout cela avait été dit sans aucune ironie ou médisance, Thybalt n'était pas dupe à ce sujet là, mais à vrai dire il s'en contre-foutait royalement, il n'avait que faire de la réputation que son district pouvait avoir chez ceux dont on ne faisait pas les louanges ici non plus. Et puis, dans le cinq on passait peut-être pour des rustres mais au moins on avait de quoi manger à sa faim, ce qui là non plus n'était pas le cas partout « Je préfère ne pas imaginer les conditions de vie dans ces districts pour que ces gamins soient tellement maigres et hagards... Le sort ne leur est pas vraiment favorable, n'est-ce pas ? »

Avant que Thybalt n'ait pu répondre que que ce soit l'entrée fracassante des trois pacificateurs les avait interrompu et avait refroidie l'ambiance du bar tout entier ; D'ordinaire les pacificateurs du district allaient s'abreuver ailleurs, n'ayant visiblement aucune envie de se mêler aux alcooliques et aux désespérés du cinq. Le bar clandestin du vieux Byron était un bastion rebelle, un endroit où l'on pouvait espérer exprimer ses opinions sans risquer de se faire trainer en place publique pour recevoir une correction comme cela arrivait de plus en plus fréquemment ces derniers temps ... Sans doute que la dernière mascarade du treize en dévoilant ses plans au grand jour avait renforcé le désir du gouvernement de ne pas laisser la moindre idée contraire à l'ordre établi faire des étincelles. Ce que Thybalt savait aussi très bien c'était que si lui venait à se faire attraper ce n'était pas simplement une correction qui l'attendrait, mais le même sort qu'Andy dix ans plus tôt ... Une balle dans la nuque pour servir d'exemple, et c'en serait fini de Thybalt Homens. Et on s'étonnait encore que Thybalt soit hésitant sur son niveau d'implication dans la rébellion, ou qu'il ne porte pas les pacificateurs dans son cœur ... Rien d'étonnant donc à ce qu'il n'invite la jeune femme à prendre l'air dehors, chose dont elle semblait de toute manière avoir cruellement besoin pour faire passer un peu les effets que l'alcool avaient doucement sur son organisme. Attrapant sa main pour l'empêcher de tituber en se relevant, il avait donc mené la jeune femme dehors où lâchant finalement sa main elle avait profité quelques instants de la fraicheur ambiante avant de s'adresser à nouveau à lui « C'est déjà mieux. Beaucoup mieux. Merci. » La suivant sans pour autant la diriger, Thybalt marchait juste derrière elle, juste assez près pour pouvoir la rattraper si jamais l'alcool venait à lui faire perdre l'équilibre ; Elle ne savait pas où elle allait c'était certain, mais d'un autre côté ce chemin n'avait que deux destination, le centre ville d'un côté et le village des vainqueurs de l'autre. Soupirant finalement d'un air las sans pour autant s'arrêter de marcher, la jeune femme avait rompu le silence « Le monde devrait toujours être ainsi, n'est-ce pas ? Beau, calme, simple mais spécial ... » Passant du sourire rêveur à la mine défaite, la jeune femme semblait passer d'un sentiment contradictoire à l'autre, continuant de marcher tandis qu'à un soupir las succédait un éclat de rire. L'alcool lui donnait ce côté un peu enfantin et spontané qui amusait notre jeune homme, et même qui lui plaisait ; Souriant toujours de façon légère il avait presque rattrapé la jeune femme lorsqu'une goutte de pluie vint s'écraser sur son front, puis une seconde, puis une troisième ...

    « J'aime la pluie ... » Thybalt aussi l'aimait, l'odeur de la terre et de l'herbe baignées d'eau réussissait à couvrir celle incommodante des centrales, et qui plus est le district avait tellement manqué de pluie l'année précédente qu'elle était cette année la bienvenue. « Vous l'aimez ? Ici elle est une aubaine, peut-être est-ce grâce à vous ... » répondit-il d'un air amusé. Toutefois lorsque quelques instants plus tard les quelques gouttes se transformèrent en une averse qui eut vite fait de les tremper l'un et l'autre des pieds à la tête, tous deux se mirent à courir après que la jeune femme eut ajouté précipitamment « ... mais je préfère ne pas finir trempée ! » Le saisissant par le bras, elle avait entrainé Thybalt dans sa course et quelques instants plus tard les voilà réfugiés sous le porche de la maison marquant l'entrée du village des vainqueurs. Celle-ci était inhabitée depuis aussi loin que remontait les souvenirs de Thybalt ; A vrai dire seules quatre maisons étaient ici occupées, sur la totalité que comptait le village. Serrés l'un contre l'autre, dégoulinant des pieds à la tête et tentant de reprendre leur souffle après avoir couru, les deux jeunes gens se regardèrent quelques instants sans rien dire avant qu'Aileen n'arrive à une solution « Nous devrions entrer ... quelque part. » Essuyant d'un revers de main l'eau qui coulait le long de ses tempes, Thybalt se demanda quelles étaient les intentions de la jeune femme ... et quelles étaient ses intentions à lui. Était-ce si difficile à deviner au fond ? Secouant la tête, il avait attrapé à nouveau la main de la jeune femme « Venez, par ici ... » et courant à nouveau avec elle sous l'averse il avait rejoint le porche de sa propre maison un peu plus loin.

Lui avait-il précisé auparavant qu'il vivait ici, au village des vainqueurs ? Il ne s'en rappelait même plus, mais sans doute que non ... Parce que cela aurait impliqué de devoir soit trouvé une explication au fait qu'il y vive sans être lui même un vainqueur, ou bien il aurait du faire croire qu'il en était un, et à vrai dire ce n'était pas le genre de vantardise qu'il se permettrait, pas quand il savait les ravages psychologiques que le statut de vainqueur avait engendré chez son père, chez Salem ou encore chez Amelia ... Non, on ne se vantait pas d'avoir participé à une telle boucherie quand il n'en était rien, Thybalt préférait mille fois faire partie de ceux qui n'y avaient pas participé, c'était ceux-là que l'on pouvait considérer comme chanceux. Bah, peu importe, reste qu'arrivé sur le pas de la porte il avait sortit sa clef de la poche arrière de son jean et avait ouvert pour laisser passer la jeune femme à l'intérieur, allumant ensuite la lumière et refermant derrière eux. Les autres vainqueurs ne fermaient pas leur porte à clef, pas de réelle utilité à le faire, ce n'était pas comme si quelqu'un s'amuserait à prendre le risque de venir voler quoi que ce soit dans ce quartier du district ... Mais les autres vainqueurs ne planquaient pas des armes pour la rébellion dans le sous-sol de leur remise, et n'avait pas de remèdes directement venus du treize caché dans le double fond de leurs placards.

    « Vous êtes trempée ... » avait-il constaté comme s'il avait oublié que lui ne l'était pas moins qu'elle. Comme pour appuyer son intervention la pluie dehors avait une nouvelle fois redoublé d’intensité et s'abattait avec violence contre les vitres de l'entrée « Je suis bête, vous devez avoir froid ! Attendez ... » Sans lui laisser le temps de répondre il avait traversé l'entrée jusqu'à un placard attenant à la pièce où il recevait les malades et autres blessés, et en avait sorti une serviette en éponge blanche, qu'il s'apprêtait à lui tendre lorsque pour couronner le tout la lumière s'éteignit, les plongeant dans le noir. « Bah voyons ... » Soupirant il s'était relevé, sa serviette à la main et faisant quelques pas en avant il avait manqué bousculer la jeune femme, plus près de lui qu'il ne l'aurait cru et l'avait rattrapée au dernier moment pour lui éviter de tomber à la renverse, les laissant encore plus proches encore qu'ils ne l'étaient précédemment sous le porche, leurs vêtements détrempés leur collant à la peau « Désolé je ... »
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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 19:19

Un sourire. Un regard chaleureux. Une plaisanterie. Un effort maladroit de galanterie. Une conversation. Ce n'était pas grand-chose, mais je devais m'en contenter. L'attention que me portait ce jeune homme réchauffait mon cœur glacé. Chacune de ses paroles était une corde, une ancre qui me rattachait au monde et m'empêchait de sombrer dans la noirceur de mes sentiments. Je m'accrochais désespérément à sa présence, à notre conversation, pour me convaincre que j'étais toujours vivante... L'alcool aidait aussi, il emplissait ma tête d'images aux couleurs plus vives, me brouillait les idées d'une façon agréable, me faisait rire alors que j'aurais dû pleurer. C'était délicieux. Je ne cessais de sourire, et ma voix était claire et gaie. Quelque part, je savais que je devais rester sur mes gardes. Quelque part, je me disais que je ne pouvais pas me laisser aller. Je ne pouvais même pas songer à me laisser aller. Mais c'était tellement bon. Enivrant, même. Etourdissant. Etait-ce dû à la présence de ce jeune homme ? A l'alcool ? Ou était-ce tout simplement parce que le chagrin avait effacé mes dernières réserves ? Je ne le savais pas et je ne cherchais pas à le savoir. Pourquoi toujours vouloir être au courant de tout ? Pourquoi toujours vouloir tout contrôler ? N'était-il pas beaucoup plus excitant de se laisser glisser dans l'inconnu ? Oui. Oui, oui, oui ! Depuis toujours, je passais mon temps à refuser, à dire 'Non, je ne peux pas', 'Non, je dois d'abord faire ceci ou cela avant de me faire plaisir', ou encore 'Non, mais peut-être la prochaine fois'. Il n'y aurait pas de prochaine fois. Pas de nuit, pas d'heure, pas de minute, pas même de seconde semblable à la précédente. Le temps me filait entre les doigts, et au lieu de le regarder couler, je devais agir. Au lieu de regretter le temps passé et appréhender le futur, je pouvais vivre dans le présent. Je pouvais dire oui. Oui à ce jeune homme. Oui à la douce chaleur que l'alcool diffusait en moi. Oui à cette soirée. Oui, même, à ma tristesse, parce qu'elle faisait partie de moi et que la nier serait stupide. Oui à une Aileen qui ne devait être ni sévère, ni calme, ni mature. Une Aileen qui pouvait rire et s'amuser. Une Aileen qui pouvait parler avec tout le monde et donner son avis sans crainte de représailles. Une Aileen peut-être un peu écervelée ou nonchalante, mais heureuse. Le bonheur... Un cadeau que je m'étais toujours refusé, et que j'acceptais à présent. Moi aussi, j'y avais droit. Même si j'étais une tueuse, même si j'avais fait beaucoup de mal. Je n'étais pas que ça, si ? Je n'étais pas que le chien de manchon de Snow. J'étais aussi une femme, j'étais aussi une humaine, et c'est cette partie de moi qui méritait sans doute un peu de bonheur. Cette pensée m'arracha un petit rire.

Je me concentrai sur le jeune homme assis en face de moi. Ses yeux d'un bleu extraordinaire me fascinaient. Bleus comme le ciel, les jours d'été... Bleus comme le lac près de ma maison au district 2... Bleus comme ma théière préférée...Bleus comme... Ohlàlà, j'étais vraiment stupide ! Je m'arrachai à ma rêverie pour écouter ce qu'il disait, et je fus ravie de découvrir qu'il s'appelait Thybalt, comme un personnage shakespearien. Lorsque je citai rapidement un passage où ce personnage apparaissait, Thybalt parut surpris. Cela me fit sourire ; j'étais sûre que même fin ivre, je parviendrais encore à déclamer certains passages de Roméo et Juliette. J'avais toujours eu bonne mémoire, sans oublier ma formation d'espionne. Je devais être capable de me rappeler des conversations entières pour les répéter à Snow... Alors quelques répliques de théâtre, c'était facile.« Espérons simplement que mon destin soit un peu moins ... tragique. » Plaisanta-t-il. C'était à mon tour d'être surprise. Il connaissait donc la pièce ? C'était étonnant, pour un simple habitant d'un district dit 'rustique'. « Nous ne pouvons jamais en être sûrs, à Panem. Vous avez déjà eu la chance de dépasser l'âge fatidique de 18 ans. » Répondis-je gravement. « Et vous n'avez pas l'air d'être une tête brûlée. » Ajoutai-je avec un petit sourire taquin. Quoique... Notre petit jeu n'était pas sans danger. Ni pour lui... Ni pour moi.

Pourquoi, entre tous les métiers qui existaient à Panem, avais-je choisi celui de guérisseuse pour ma petite comédie ? Sans doute à cause de ma grand-mère... D'ailleurs, ce Thybalt pourrait peut-être m'aider pour cette fameuse pommade... « C'est vrai ? Ce serait avec plaisir dans ce cas. Je ne suis jamais contre le fait de donner un coup de main, surtout demandé par une aussi jolie ... consœur. » Cela me fit sourire. Décidément, c'était un vrai... charmeur. Bien que maladroit. En fait, cela me plaisait. Pour le rassurer, je lui promis que je ne resterai pas longtemps au district. J'inventai une petite histoire. Sans doute n'était-elle pas très convaincante, mais l'alcool m'avait donné mal à la tête et je n'arrivais pas à réfléchir clairement. Heureusement, Thybalt me crut, ou il sembla au moins disposé à feindre de me croire.« Je comprends... Mais soit, cela restera entre nous. Chacun ses petits secrets de fabrique pas vrai ? Cet ami a en tout cas vraiment de la chance de vous avoir » Il restait sur ses gardes... Dommage. Heureusement, il n'ajouta rien, se contentant d'un nouveau sourire. « Merci. » Murmurai-je, mais je ne savais pas vraiment pour quoi je le remerciais. Pour avoir promis de taire mon prétendu secret ? Pour être si gentil et compréhensif avec moi ? La conversation repartit sur un nouveau sujet, non moins dangereux : mon district d'origine. Je ne pus retenir un petit rire amer en parlant de l'Arbre Mort, l'endroit où j'avais dit 'Oui' à Phoenix... Le plus beau jour de ma vie, sans doute ; mais aujourd'hui, j'y repensais avec un pincement au cœur. « Notre district est beaucoup plus sauvage, suffit de s'éloigner dans les plaines pour avoir l'impression de ne plus être ici ... Mais je suppose que c'est un peu comme ça qu'on nous considère chez vous, comme des sauvages. » Répliqua-t-il, et le soulagement m'inonda une fois de plus parce qu'il s'était abstenu de poser la question que je redoutais. Comme il ne semblait pas se faire d'illusions, je lui répondis franchement : « En effet. Enfin, certains le pensent, mais ce sont sans doute aussi les premiers à profiter de vos marchandises. » Je levai les yeux au ciel. Pour ma part, c'était vrai, je méprisais ce district depuis toujours. Mais je n'allais pas raconter ça à ce jeune homme si sympathique... D'ailleurs, je m'amusais bien, et le Cinq n'était peut-être pas si horrible que ça...

Notre conversation fut interrompue par l'arrivée de trois Pacificateurs éméchés. Par chance, ils ne me connaissaient pas. Même s’ils m’avaient déjà aperçue de loin dans leur Quartier Général, je doutais qu'ils fassent le lien entre la sévère Aileen Carter et cette femme en robe simple qui buvait un verre dans ce bar clandestin. Par contre, leur présence me dérangeait, tout comme le vacarme qu'ils faisaient et la façon dont ils me toisaient. Je fus donc soulagée de sortir en compagnie de Thybalt. L'air froid me fit du bien, et j'inspirai profondément avant de commencer à marcher. J'ignorais où j'allais. J'avançais tout simplement, toujours tout droit. Thybalt marchait derrière moi, et j'écoutais le son de sa respiration. J'étais ivre et je le savais, mais cela ne me dérangeait pas. Je revenais en enfance, et je retrouvais cette sensation délicieuse que tout était permis et que le monde m'appartenait. Finies l'obéissance et les règles, finie l'école, c'était les vacances. Lorsqu'il commença à pleuvoir, j'écartai les bras avec ravissement comme pour remercier le ciel. J'aimais la pluie. Je l'aimais depuis toujours, mais ce soir-là, je l'aimais encore plus que d'habitude. « Vous l'aimez ? Ici elle est une aubaine, peut-être est-ce grâce à vous ... » J'éclatai de rire, sans gêne, simplement heureuse d'être là à cet instant, sous la pluie, avec ce jeune homme charmant. Cependant, lorsque la bruine se transforma en véritable averse, je courus me mettre à l'abri, entraînant Thybalt derrière moi. C'était déjà mieux, mais nous allions finir par prendre froid... Le jeune homme, aussi trempé que moi, partageait mon avis, et il me prit par la main en disant : « Venez, par ici ... » Il m'entraîna sous l'averse, jusqu'à arriver devant une autre maison du village des vainqueurs. Je fronçai les sourcils. Il était donc un vainqueur ? Ou le fils d'un vainqueur ? Pourtant, je ne connaissais pas de... Je ne savais pas que... Et il ne me l'avait pas dit, non ? Ou si ? Je me creusai la tête pendant qu'il ouvrait la porte. Il m'avait sûrement fourni une explication. Et je l'avais oubliée. C'est ça. De toute façon, j'avais l'esprit trop embrumé pour réfléchir plus longtemps.

Dans la maison de Thybalt, il faisait heureusement moins froid... J'avançai derrière lui dans le couloir, en toute confiance. « Vous êtes trempée ... » Remarqua-t-il. « Mais vous aussi, mon cher Monsieur. Vous ne l'êtes pas moins que moi. Nous sommes quittes ! » Répondis-je en riant. La pluie cognait de plus en plus fort contre les vitres, mais j'aimais ce son. Je frissonnai. « Je suis bête, vous devez avoir froid ! Attendez ... » Il me planta là pour aller chercher une serviette dans une autre pièce. Comme c'était gentil... Alors que je tendais le bras pour la saisir, la lumière s'éteignit. « Bah voyons ... » Marmonna-t-il, ce qui déclencha un nouvel accès d'hilarité chez moi. « Vous n'avez pas peur du noir, j'espère ? » Demandai-je d'une voix mystérieuse. Je baissai encore le ton pour ajouter : « La nuit, les fantômes dansent autour des vivants, les frôlant de leurs doigts blafards... » Ma phrase se termina par un petit cri, car quelque chose venait justement de me frôler... A l'instant même où je compris qu'il s'agissait de la serviette, Thybalt me percuta. Si je n'avais pas bu, j'aurais pu retrouver mon équilibre... Mais là, je tombai comme une pierre. Au dernier moment, un bras surgit de nulle part pour me rattraper. Thybalt. Je me retrouvais pratiquement dans ses bras, la serviette entre nous. Sous ses vêtements trempés, je sentais la chaleur de sa peau, et cela provoqua un curieux chatouillis au niveau de mon cœur. « Désolé je ... » Je posai un doigt sur ses lèvres pour le réduire au silence. « Tu es horriblement maladroit, c'est ça ? » Demandai-je d'un air taquin, avant de me rendre compte que je venais de le tutoyer pour la première fois. Ce petit mot, ce petit 'tu'... Quelle force pouvait-il avoir ? Quelle émotion, quelle permission contenait-il ? Pour masquer mon embarras, je m'emparai de la serviette et m'en servis pour me tapoter le visage. « Quelle situation absurde, n'est-ce pas ? » Soufflai-je. Un nouveau frisson me parcourut l'échine. « C'est bien gentil, mais ce n'est pas cette serviette qui va me réchauffer. » Je soupirai, continuant néanmoins à me sécher le cou. « D'ailleurs, je devrais enlever mes vêtements... » Je m'interrompis en constatant que je parlais à tort et à travers. Je ne voulais pas que Thybalt me lâche. J'avais plus chaud dans ses bras. Soudain, une douleur cuisante me fit lâcher la serviette. « Ouille ! » Je me tâtai prudemment le menton. Avais-je percuté quelque chose dans ma chute ? En tous cas, il y avait du sang... Pas beaucoup, mais c'était gênant. Je m'étais sans doute ouvert la lèvre. « Eh bien, Monsieur le guérisseur, est-ce grave ? » Demandai-je en lui collant mon visage sous le nez pour qu'il puisse me voir dans la pièce sombre. « Ma grand-mère disait toujours qu'un petit bisou répare les plus grands bobos. » Chuchotai-je, plus pour moi-même que pour Thybalt. Puis, je me rendis compte de ce que j'avais dit, je me rendis compte que j'étais collée contre lui, ou lui contre moi, peu importe... Et je fus soudain consciente de la présence de ses lèvres, tout près des miennes... Je levai les yeux vers le jeune homme. Ne fuis pas. Me dit la voix de Snow. Je souris. Ne fuis pas, Aileen. Agis.

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Thybalt M. Homens
DISTRICT 5
Thybalt M. Homens
△ correspondances : 8988
△ points : 29
△ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/12/2011
△ humeur : désabusé
△ âge du personnage : trente quatre ans
△ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles


can you save me?
statut: the one that got away
relationships:


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MessageSujet: Re: We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT   We're not the sin, neither the saint Ҩ AILEEN&THYBALT Icon_minitimeDim 16 Déc - 22:18

Les habitants de Panem pouvaient-ils réellement s’estimer sortis d’affaire une fois passée la barre fatidique des dix-huit ans ? Est-ce qu’une fois qu’ils n’étaient plus éligibles pour les Hunger Games ils pouvaient réellement s’estimer libres et continuer sa vie sans se soucier du reste ? C’était la question que Thybalt s’était posé lorsque la jeune femme avait répondu d’un air grave « Nous ne pouvons jamais en être sûrs, à Panem. Vous avez déjà eut la chance de dépasser l’âge fatidique de dix-huit ans. » Mais à bien y réfléchir il doutait que cela soit suffisant, et elle semblait partager son avis à ce sujet … A Panem il n’y avait pas que les Hunger Games, disons plutôt qu’il s’agissait du sommet de l’iceberg, de la raison la plus spectaculaire destinée à faire oublier toutes les autres. Mais des raisons de mourir à Panem on en avait toujours des tas, le fait pour Thybalt d’être à la fois guérisseur et membre de la rébellion lui donnait deux fois plus d’occasions d’en être le témoin … et puis il y avait les conditions de vies dans les districts, pas toujours roses même si au cinq encore ils n’avaient pas trop à se plaindre ; Le Capitole avait trop besoin de son électricité pour prendre le risque que le cinq devienne trop mécontent, c’était peut-être ce qui les sauvait encore. Quoi qu’il en soit pour ce qui était de mourir de la misère ambiante il doutait que la demoiselle en face de lui ne se sente réellement concernée elle aussi, en venant d’un district comme le deux même la vie au cinq devait lui sembler misérable … ce n’était pas spécialement un reproche, après tout on ne choisissait pas où l’on naissait et cela pouvait aller dans le bon comme dans le mauvais sens, mais il doutait simplement qu’elle puisse en connaitre un rayon sur la misère qui régnait sur Panem. « Et vous n’avez pas l’air d’être une tête brûlée. » avait finalement ajouté la jeune femme, le sortant de ses pensées. Sa phrase ne provoqua chez Thybalt qu’un très léger rire, sans qu’il ne prenne ni la peine de démentir ni de corroborer ce qu’elle venait de déduire. Mais on voyait qu’elle n’était pas du coin, car si son statut de rebelle n’était pas crié sur tous les toits sa sévère tendance à se mettre dans de beaux draps tout seul n’était ignorée par personne ici … Un brin inconscient, c’était ainsi que l’on pourrait décrire Thybalt. Du moins il y a encore deux ou trois ans. Mais qu’il le veuille ou non certains évènements plus ou moins récents lui avaient mis du plomb dans la tête. La mort de son père, la moisson de Luna, celle de Castiel … Heidi.

Une tête brûlée il l’était, mais bizarrement l’idée d’être accompagné l’espace de quelques instants par une personne qui ignorait totalement à quel genre de gugus –c’était le terme régulièrement employé par ceux qui ne se sentaient pas attendris le moins du monde par le caractère de Thybalt– il pouvait être avait un côté presque trop beau pour être vrai. Trop beau pour laisser passer cette chance en tout cas. Il n’était pourtant pas stupide, il se doutait bien que les compliments de la jeune femme et sa visible volonté de minimiser les médisances que les gens de son métier devaient débiter vis-à-vis des districts moins bien lotis ne pouvait pas être totalement honnête ; Elle-même ne semblait pas autant à son aise qu’elle voulait visiblement le faire croire. Ils ne buvaient pas ses paroles comme la vérité absolue, mais pour autant il avait un petit côté admiratif quant aux efforts qu’elle déployait pour essayer de faire croire qu’elle pourrait se sentir à son aise en restant ici. « En effet. Enfin, certains le pensent, mais ce sont sans doute aussi les premiers à profiter de vos marchandises. » Nouveau sourire mi-amusé mi-cynique de Thybalt, qui s’il sait la remarque véridique sait aussi qu’au Capitole les habitants sont sans doute trop habitués à penser que tout leur tombe toujours du ciel, qu’il s’agisse de la nourriture, de l’eau, de l’électricité ou de tout ce qui leur permettait de se vautrer dans le luxe et les excès. « Sans doute … Mais le Capitole pense très certainement que l’électricité arrive tout droit d’une autre planète et certainement pas d’un des districts dont les enfants servent de chair fraiche pour qu’ils puissent avoir de quoi s’occuper pendant quelques jours chaque année. » Bien plus cynique qu’amusé en fin de compte. Qu’il ait fait des choix que certains autres rebelles remettaient en cause ne voulait pas dire qu’il acceptait sans broncher la loi du Capitole ; La vie à Panem lui avait toujours semblé injuste, et le fait d’avoir baigné dans la rébellion menée par son père avant sa mort y était sans doute aussi pour quelque chose. Mais il fallait aussi être réaliste, les Hunger Games ne lui avaient jamais semblés aussi injustes que depuis que Luna en avait été victime, et que pour la première fois de sa vie il y avait été confronté de plus près qu’il ne l’aurait souhaité. Parce que depuis ce jour là Heidi semblait porter sur ses épaules le poids de tout le malheur de Panem et qu’aussi égoïste cela puisse être c’était la chose la plus insupportable que les jeux aient pu provoquer à ses yeux.

Parce que l’amertume de sa réponse semblait avoir jeté un léger froid il n’avait pas été mécontent que les pacificateurs entrant comme des bourrins dans le bar viennent les interrompre. Dehors le temps était changeant, comme la saison, comme leur humeur … Difficile de savoir où leurs pas, et le reste, allaient les mener ; Et c’était sans doute cela le plus palpitant. Au district cinq on ne croisait pas souvent des inconnus, et le fait d’être accompagnée par une donnait à Thybalt l’impression que pour le moment il pouvait être ce qu’il voulait, ou plutôt oublier momentanément qui il était, bons comme mauvais côtés. Il ne connaissait rien de cette fille, qu’elle vienne du deux le persuadait même qu’il ne pouvait sans doute pas entièrement lui faire confiance, mais tout ce qui lui importait c’était qu’elle lui inspirait légèreté et insouciance, deux sentiments qui se faisaient rares à Panem … et il n’était pas assez idiot pour ne pas en profiter. Voilà ce à quoi il pensait tandis que la pluie les obligeait à courir, et que dégoulinant tous les deux ils avaient débarqués à bout de souffle dans le hall d’entrée de sa demeure. Elle était trempée.

    « Mais vous aussi, mon cher Monsieur. Vous ne l’êtes pas moins que moi. Nous sommes quittes ! » De l’alcool qu’elle avait bu venait souvent sa bonne humeur mais quoi qu’il en soit cela avait arraché un sourire au jeune homme, qui rapidement s’était mis en tête de lui trouver de quoi se sécher. A peine ceci fait pourtant l’électricité leur fit défaut ; Au district cinq, c’était un comble. « Vous n’avez pas peur du noir, j’espère ? » Non, il n’avait pas peur du noir … Mais sa claustrophobie faisait qu’il n’appréciait la situation qu’à condition qu’elle ne dure pas trop longtemps. « Non … et vous ? » avait-il simplement répondu d’un air énigmatique. « La nuit, les fantômes dansent autour des vivants, les frôlant de leurs doigts blafards … » sa phrase s’était terminée par un cri alors que Thybalt lui tendait de quoi se sécher ; Visiblement ses divagations sur les fantômes avaient réussi à la terroriser elle-même. « Ce n’est que moi. » l’avait-il rassuré d’un ton amusé. Cependant lui tendant la serviette il avait perdu l’équilibre et manqué l’entrainer dans sa chute par la même occasion. La rattrapant de justesse il s’était empressé de s’excuser mais elle ne lui avait pas laissé terminé sa phrase « Tu es horriblement maladroit, c’est ça ? » passant du même coup du vouvoiement au tutoiement. « Tout juste … » avait-il seulement répondu, sans réaliser qu’il la tenait toujours contre lui bien que ni lui ni elle ne soient plus sur le point de tomber. Séchant avec douceur son visage à l’aide de la serviette, la jeune femme avait finalement murmuré en frissonnant « Quelle situation absurde, n’est-ce pas ? » passant la serviette autour de son cou sans pour autant faire le moindre effort pour se séparer de Thybalt elle avait ajouté « C’est bien gentil, mais ce n’est pas cette serviette qui va me réchauffer. » léger rire du jeune homme, qui ne savait pourtant pas s’il devait prendre cette phrase comme une divagation due à l’alcool ou bien une invitation … peut-être un peu des deux. « D’ailleurs, je devrais enlever mes vêtements … » Sans doute un peu plus une invitation, en fin de compte. Parlant et bougeant un peu à tort et à travers elle avait cependant fini par faire un faux mouvement, cognant par inadvertance le coin de ses lèvres sur le menton du jeune homme « Oh, attention ! » s’était-il exclamé tandis qu’elle le gratifiait d’un « Ouille ! » indiquant qu’elle s’était effectivement fait mal. « Eh bien, Monsieur le guérisseur, est-ce grave ? » avait-elle finalement demandé tandis qu’il passait avec délicatesse le bout de ses doigts sur ses lèvres. « Laissez-moi regarder … » avait-il répondu pour la forme, bien que le noir l’empêche de voir quoi que ce soit. Leurs visages étaient désormais tellement proches que leurs souffles se mêlaient au moindre de leur mort, à la moindre de leur respiration « Ma grand-mère disait toujours qu’un petit bisou répare les plus grands bobos. » le bras de Thybalt se resserrant autour de la taille de la jeune femme il avait laissé ses doigts glisser de ses lèvres jusque le long de son cou, et le long de sa clavicule tout en murmurant « Une femme intelligente, votre grand-mère … »

C’était une folie, sans doute, mais cette fille semblait sortir de nulle part et c’était justement pour cela que les raisons de se rester raisonnables se faisaient plus rares … Raisonnable, à quoi cela rimait donc quand leurs lèvres se frôlaient déjà et que leur comportement à tous les deux indiquait que ce n’était absolument pas pour les gêner. Et puis il y avait Heidi … Heidi qu’il ne pourrait jamais avoir, pas comme il le voudrait, Heidi qu’il osait à peine regarder parfois tant ce qu’il ressentait pour elle lui semblait mal venu compte tenu de ce qu’elle était en train de vivre … Heidi dont il n’a goûté aux lèvres et à la chair qu’une seule fois, assez pour que chaque parcelle de son être s’en soit imprégné mais trop peu pour qu’il ne puisse espérer y goûter à nouveau un jour. Est-ce qu’il oublierait un jour ? Il ne savait pas, il voulait oublier, il ne savait pas si c’était finalement l’alcool qui parlait pour lui mais il voulait oublier … et ces lèvres si près des siennes, ce corps entre ces bras, c’était comme le chant d’une sirène qui lui implorerait d’oublier, d’arrêter de penser. Même pour quelques secondes, quelques heures … Quelques heures ce n’était rien dans une vie, cela ne signifiait pas grand-chose, mais c’était tellement tentant. Tellement, que sans qu’il n’y réfléchisse ses lèvres étaient allées effleurer celles de la jeune femme, avec retenue tout d’abord puis un peu plus de volonté à mesure qu’il prenait conscience du retour d’initiative de l’intéressée. Sa main descendant lentement le long de la taille de la jeune femme tandis que celle-ci posait la sienne sur sa nuque, et doucement, sûrement, ce qui n’aurait pu être qu’un timide baiser avait pris une tournure bien moins innocente, comme si d’un coup l’un et l’autre avaient pris conscience de ce que quelques instants pourraient permettre de leur faire oublier : déception, solitude, amertume, désespoir … Il y avait tellement de choses que l’on pouvait vouloir oublier par les temps qui courraient.
Tombée à leurs pieds la serviette n’avait eut qu’une utilité limitée, et tandis que leurs lèvres se cherchaient, se perdaient, se retrouvaient pour se perdre à nouveau lorsque le souffle leur manquait à l’un et l’autre, le reste de leurs gestes semblaient se complaire dans leur volonté commune de ne pas réfléchir … Réfléchir avant d’agir, voilà une invention qui ne faisait pas leurs affaires et qu’il valait sans doute mieux oublier. Momentanément. Oublier, c’était le mot qui revenait encore en tête à Thybalt tandis qu’il laissait ses mains glisser le long du corps de la jeune femme, qu’il la laissait lui retirer sa chemise tellement trempée qu’il avait eut la sensation d’avoir plus chaud maintenant qu’il ne la portait plus … ou bien était-ce le corps de la jeune femme contre le sien qui lui faisait cet effet ? Il n’aurait pas su le dire avec certitude, mais tandis que ses lèvres glissaient le long du cou d’Aileen il fallait bien se rendre à l’évidence : cette question comme le reste ne semblait pour le moment plus vraiment lui importer.

◮ ◮ ◮ ◮ ◮


Réfléchir, voilà ce que la jeune femme semblait regretter de ne pas avoir fait tandis que les premières aubes du matin plongeait la pièce dans une pénombre aux reflets bleu-gris. Thybalt lui n'était pas pressé, et il se satisfaisait bien de cette femme qui malgré une nuit fort plaisante ne comptait pas s'attarder trop longtemps dans le coin ... et puis il n'était pas du genre à courir d'après une aventure d'un soir, bien trop content lorsqu'elles débarrassaient le plancher sans qu'il n'y ait besoin de le leur demander. Il n'avait pas besoin d'une colocataire, encore moins d'une copine, juste envie de prendre un peu de bon temps pour oublier le monde de fous dans lequel ils vivaient tous. Un monde dans lequel la jolie rousse qui se rhabillait en silence à côté de lui pouvait tout aussi bien être une fugitive qu'une espionne, quelqu'un en tout cas qui n'appartenait pas au même milieu que lui et avec qui il n'avait rien en commun ... si ce n'est peut-être un besoin passager de combler sa solitude. « T'es pas vraiment guérisseuse, pas vrai ? » avait-il finalement demandé d'un ton presque taquin ... elle avait sans doute menti, il ne le lui reprochait nullement mais il n'était pas stupide. Elle lui avait menti de la même manière qu'il l'avait plus ou moins fait en prétendant que cette maison était la sienne. Parce que ce n'était pas la vérité dans un sens, cette maison était celle d'un gagnant et lui n'en était pas un ... mais peut-être l'idée qu'elle le pense lui avait-elle parut séduisante la veille, peut-être l'impression se se sentir plus important et mystérieux qu'il ne l'était en réalité avait-il fait un peu de bien à son égo ... et qu'y avait-il de mal à cela, à rêver parfois, lorsque la nuit et l'alcool s'en mêlaient, à un destin un peu moins minable que celui de chef intérimaire d'une rébellion qui mourrait à petit feu dans un district où plus personne ne voulait se rebeller, celui d'un bouffon du roi qui ne prenait pas vraiment au sérieux malgré un métier qui aurait du l'être.

fin du sujet.
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