Castiel Lirael Hawkins

❝ With a thousand lies and a good disguise, hit 'em right between the eyes ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Ma mort ? Et si je vous disais que je l’ai déjà vu, qu’elle était si sexy et aguichante qu’elle m’en aurait fait bander ? Que la sensation de sentir mon corps se transformer en nachos au poulet était putain de cool ? Non sérieusement, ma mort je la poursuis tous les jours. Cette garce qui m’a lâchement fait miroiter le paradis des âmes accidentés avant de me jeter en me volant une partie de ce qui faisait de moi un être humain. Cette catin versatile qui m’a harponné et m’a fait la totale avant de revenir sur sa décision et de me laisser avide. Je ne sais pas comment sera ma fin mais tout ce que j’espère c’est de crever d’orgasme, d’être la pute de l’adrénaline.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Encore avec vos histoires de mort ? Vous avez que ça à faire hein ? Si je devais lâcher mon dernier souffle ce ne serait certainement par pour une connerie d’idéal ou des envies de rébellions comme celles de mon frère. Non, si je dois donner à manger aux vers, ça sera avec de la bonne chair, un corps qui aura vu toutes les sensations risquées inimaginables. Ils se feront un bon gueuleton les asticots si je crève avec le sourire, si mon cœur lâche de plaisir. Bon, je serais prêt à tout pour mon frangin mais lui dites pas, il serait trop satisfait. Et puis on aurait l’air cons à vouloir crever l’un pour l’autre, au final il ne resterait que les macchabés puants de deux Hawkins. Non mais je vous jure.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

Paradoxalement le petit plus qui m’aide dans la vie est venu le jour où celle-ci s’est subitement arrêtée. Cette capacité que j’ai gagnée à ne plus ressentir aucune peur ni crainte de survie m’a valu d’hériter d’un calme de chirurgien. Du moins en apparence. A force de sauter des toits ou de volontairement me casser une jambe j’ai finis par développer une certaine résistance physique, de même que ma manie de provoquer les chiens dangereux –ou les gens, c’est pareil- m’a appris à courir très vite et à savoir grimper pour me cacher… quand je ne fais pas face à la menace le sourire aux lèvres. Pour des choses moins concrètes je dirais que la présence de Swain est un plus bénéfique mais encore une fois il serait trop content de m’entendre le dire.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Vous dites ça pour me narguer c’est ça ? Tous les ans je les ai vus partir et ne jamais revenir, ces couples de chanceux sélectionnés par la moisson. Tous les ans j’ai serré les poings à m’en enfoncer les ongles dans les paumes en espérant entendre mon nom. Et à chaque fois j’ai senti les yeux pesants de Swain entre mes omoplates, ce regard perçant qui signifiait « Tu oses te porter volontaire et je te tues de mes mains petit con ». Croyez-moi, si je pouvais encore avoir peur de quelque chose, je dois bien reconnaitre que ce regard-là entrerait en tête de liste.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Quoi ? Le district treize n’est pas mort ? Et il est remplit de rebelles anti-Capitole et anti-jeux prêts à faire triompher la liberté par la force s’il le faut ? Ils arrivent même à faire des jolis messages pirates ? Même qu’ils proposent à tous ceux qui ressentent l’oppression de les rejoindre pour faire triompher les valeurs de la paix, de la moralité et du bien-être ? Diantre, voilà une sacrée nouvelle ! Oh mais attendez-voir. J’en ai rien à foutre en fait.



JE VIENS D'UN MILIEU assez favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE se résume à l'équilibre de cinq fruits et légumes par jour et de boire du lait lactel pour bien grandir, etc etc. DU COUP, MON NOM A six chances d'être tiré au sort. J'EXERCE LE MÉTIER DE contrôleur de lignes à haute tension ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime ça. JE SUIS DANS LE 5ÈME DISTRICT. AYANT dix-sept ans JE peux PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'attend cela avec impatience. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

La première fois que je me suis laissé volontairement tomber du haut d’un toit, j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond chez moi.

Oh bien sûr les choses n’étaient déjà pour ainsi dire pas très normales dans mon entourage. Ma mère par exemple était ce qu’on appelle communément une monomaniaque. De celles qui s’arrachaient les cheveux à la vue d’un pli sur un lit, d’une faute de syntaxe ou d’une mèche de travers. C’en était devenu à un tel point qu’elle finit par me voir moi, son propre fils, comme un cadre de travers. C’est mon grand frère qui s’est occupé de moi depuis. Lui, c’était le robinet qui goutte. Et la métaphore lui allait comme un gant : toujours à tremper son biscuit à droite à gauche avant de revenir palabrer sur telle ou telle donzelle qui l’avait trompé mieux qu’il ne l’avait lui-même fait. Un chic type mon frère, je l’admirais beaucoup. Il était toujours là lorsque j’en avais besoin, toujours à crier en levant le poing vers les petites frappes qui s’enfuyaient en courant et à sécher mes larmes d’un coup de « Pleure pas comme une pucelle Cas ». Mon père ? Probablement un de ces pacificateurs peu scrupuleux, que sais-je, je n’ai pas eu l’honneur de le connaitre et de le voir mourir de maladie comme le paternel de mon ainé. Le district cinq où j’ai grandis produisait la totalité de l’énergie nécessaire à Panem. On payait le prix de notre sueur pour éclairer les garden party et les écrans du Capitole. Mais vous savez quoi ? Ça ne m’a jamais dérangé. Je veux dire ouais on ne se payait pas le luxe de parader en technicolor comme sur les photos des magazines qui trainaient dans la chambre de mon frangin, mais et alors ? La vie n’était pas si mal.

Vous devez sûrement vous demander pourquoi je parle de tout cela avec une certaine distance, au passé, comme un vieillard ou un fantôme monologuant sur son existence révolue. Et bien à vrai dire c’est parce que j’ai déjà quitté ce monde un beau jour de l’année de mes onze ans. Mais la mort n’a pas voulu de moi. Faut dire qu’elle avait pas mal à faire avec les carnages des Hunger Games tous les ans. Elle devait être grosse, boursoufflée de gras la mort, peinant à rouler pour gober une âme de plus. Ouais, je suis décédé pendant une minute et j’ai ressuscité. Et depuis, tout a changé.

C’est arrivé comme il s’en passe tous les mois dans le district cinq. Un bête accident, un court jus dans une centrale et c’est le coup des doigts dans la prise. J’ai littéralement grillé sur place comme un insecte sur un néon. Je fumais comme si l’enfer était remonté d’un coup sur terre mais pourtant j’ai survécu. Je suis indigeste vous dis-je, la faucheuse m’a recraché. Mais elle a gardé un petit souvenir de moi, peut-être est-elle kleptomane.

Ocytocine. Ça ne vous dit probablement rien et à vrai dire moi aussi je m’en serais foutu si ça ne me concernait pas de très près. Voyez-vous, le système nerveux humain fonctionne un peu comme Panem : un immense réseau câblé dans lequel court l’énergie nécessaire à sa survie. Le problème c’est que le surplus d’électricité à fait éclater mon compteur et a endommagé mon réseau. En bref mon système nerveux est déficient comparé au votre. Et cette petite bête nommée ocytocine, cette hormone de l’adrénaline et accessoirement du plaisir, me manque cruellement. So what ? Et bien un dysfonctionnement à ce niveau inclut l’incapacité à ressentir la peur et le danger. Une chute dans le vide ? C’est jouissif. Un chien enragé ? Même pas un frisson. Non, plus rien ne me faisait fuir. Au grand damn de mon grand frère. Il essayait de me protéger contre moi-même, contre cette nouvelle manie que j’avais prise de tester mes limites, chercher les ennuis. J’ai faillis me tuer à plusieurs reprises. Ouais, j’ai mis les doigts dans la prise et j’ai eu un coup de foudre pour l’adrénaline.

Car c’était bien paradoxalement la seule chose qui excitait mes neurones. Je la recherchais, torturait mes nerfs atrophiés au nom de quelques battements de cœur un peu plus prononcés, un léger frisson le long de l’échine, une esquisse de sensation autre que le plaisir de commettre des actes irréfléchis sans subir la frayeur de les exécuter. Même la douleur ne me parvenait plus correctement. Combien de fois m’étais-je cassé un bras en tombant, déboité une épaule et sentit à peine une gêne désagréable ? Le système nerveux régit la douleur, mais avec le manque cruel de mon instinct de survie, cette crainte primaire qui protégeait les hommes de la mort, j’étais condamné. Swain, mon frère, l’avait bien comprit. Il me protégeait, me chaperonnait pour être sûr que je n’aille pas me faire trouer la cafetière par un pacificateur ou que je n’ai pas l’idée saugrenue de sucer une ligne à haute tension. Je n’étais pas le super héros que je pensais être. Et comme tout ado persuadé d’avoir le monde à ses pieds j’ai multiplié les conneries, enfreint les règles et les couvre-feux établis par mon ainé pour l’exaltation de quelques sensations volées. Et je n’avais qu’une obsession : participer aux Hunger Games. Quelle autre situation qu’un jeu de survie et de combats à mort pouvait créer une surexcitation de mes neurones ? Où pourrais-je avoir l’orgasme divin d’être poursuivit par ma fin si ce n’est aux jeux ? Je me porterais volontaire s’il le fallait. J’irais embrasser cette adrénaline unique dans l’espoir de réveiller mon corps comateux et d’exploser en millions de frissons. Je risquais de crever ? Et alors, j'étais déjà décédé une fois. Je me sentais puissant, invincible. Jusqu’au jour où ce fut Swain qui prit la blessure à ma place.

J’étais un miraculé qui titillait de trop la chance, un idiot qui ne savait agir autrement qu’impulsivement. Alors j’ai provoqué le sort comme d’habitude mais cette fois il encaissa le coup à ma place. J’ai réalisé ce jour-là que j’avais vraiment quelque chose à perdre. Que ce n’était pas parce que je ne sentais pas mon propre sang couler qu’il ne quittait pas mon corps. Que ce rouge qui tâchait peu à peu le torse de mon frère ne retournerait jamais dans ses veines. Que la mort en fait, c’était la fin de tout. Que ça n’arrivait qu'une seule fois.

Oh, j’aimerai vous dire qu’après ça je me suis calmé. Vous faire croire que Swain et moi on est repartis bras dessus bras dessous en se faisant la promesse de ne plus faire de ma vie une roulette russe. Mais on ne se désintoxique pas aussi vite de la drogue du risque. Elle est dans mes muscles, alimente ma moelle épinière, elle est mon nouveau flux vital. Mon âme est frappée du sceau du trépas. Je suis un cadavre qui marche.

J’honorerai cependant un unique souhait de mon frère, même si c’est un peu à contrecœur.

Ne jamais me proposer aux jeux. Tout faire pour que mon nom ne soit jamais prononcé.

Mais ça n’empêche pas de prier très fort que l’éclair de la providence me frappe de nouveau n’est-ce pas ?