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 I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]

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MessageSujet: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeMer 25 Avr - 20:38


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❞ Everyone longs to be heard but we tend to get caught in the noise. What I'd give, how far I'd search, just to hear your voice. If this was our last dance, I'd wait in the rain just to see your face. If this was our last chance, I'd ask you to stay for one last dance. ❞

Les minutes s’égrenaient silencieusement. Bientôt le néon toujours fixé au plafond allait s’éteindre, me contraignant à dormir, ou en tout cas me signifier que je devais dormir. Cela faisait longtemps que je n’avais plus le cœur au repos, j’étais toujours travaillé par quelque chose, toujours trop agité que pour me retrouver les yeux hermétiquement clos. Soupirant, j’avais enfilé ma tenue de nuit, un simple pantalon de couleur clair ample et léger qui me protégeait aisément du froid dans cette chambre que je ne quittais pas, jamais. Assis dans un coin j’attendais. J’attendais que le temps coule, j’attendais que ce dernier referme les plaies, celles qui se trouvaient sur mon cœur, celles qui m’empêchaient de reposer mon cerveau. J’attendais seulement qu’il s’écoule et me recouvre d’un film protecteur. Adossé au mur, mes jambes repliées contre moi, je me demandais l’espace d’un instant si quelqu’un se trouvait derrière la porte, derrière le miroir à me regarder me débattre avec moi-même. Et même si ce fut le cas, pourquoi étais-je toujours de ce côté du miroir, de ce côté de la ligne ? Pourquoi étais-je celui qu’on empêchait de voir ? Même la vérité, même tout ce que j’avais fait ne pouvait clairement me l’expliquer. Prenant ma tête entre mes mains, je pensais l’espace d’un instant à l’arracher, mais un bourdonnement inhabituel se fit entendre. Écoutant le message de la présidente Coin sans ne lui porter aucun intérêt, je restais prostré comme un animal en cage qui attend de se voir crever. La logique aurait voulu que je me lève, que je m’agite pour ma vie, que je m’acharne sur la porte si cette dernière était fermée. Mais non, la divine étincelle de mes yeux avait disparue et comme un mort parmi les vivants, je restais reclus. Paradoxalement, j’aurais aimé savoir ce qui se passait, est-ce que de l’autre côté de la porte l’agitation était à son comble ? Y avait-il seulement encore quelqu’un de l’autre côté de cette porte ?

Finissant par me lever, je faisais encore quelques instants les cents pas avant de me diriger vers la porte. A force d’être resté le prisonnier de cette geôle hermétiquement close, j’avais fini par craindre le monde. Ce que ce dernier pouvait encore cacher. J’étais mort une fois à l’extérieur, autant de corps que d’esprit. Voulais-je véritablement me risquer en dehors de cette prison doré ? Voulais-je vraiment tenter de m’échapper alors que depuis le départ je faisais preuve d’une docilité à toute épreuve lorsque je n’étais pas au prise avec mes crises de rage ? Hésitant, je portais une première fois ma main sur la poignée avant de la retirée à croire que le métal de cette dernière était brûlant. Hésitant, mais certain cette fois, j’empoignais cette fichue poignée avant de pousser la porte. Étrangement, contrairement à ce que je croyais, la porte s’ouvrit sans que je ne doive seulement tenter de la défoncer. Une fois la porte ouverte, je restais un instant figé à fixer l’extérieur. Je connaissais ce couloir, il m’arrivait de l’arpenter rarement lorsqu’un des gardiens que j’avais me traînait dehors pour prendre un peu l’air sans que personne ne me voie. Sauf que là c’était différent. Je n’avais pas de geôlier pour me garder sur le droit chemin, pas de fil d’Arianne pour me ramener dans ma prison dorée si jamais je me perdais en route. Poussé par la crainte, par le doute et l’urgence de l’instant présent qui se glissait dans mes veines, je me jetais en avant sortant vivement de cette pièce que je côtoyais depuis la fin des Jeux. Sans savoir où j’allais, je parcourais de long en large des couloirs exactement similaires sans comprendre où je me trouvais. Revenant sur mes pas, tournant à gauche, puis à droite, plus j’avançais, plus je me perdais et plus je sentais l’angoisse monté en moi.

Je n’aurais su dire depuis combien de temps j’étais sorti de ma cage alors que je faisais face à un cul de sac. Pourtant, on voyait clairement que précédemment le couloir ne s’achevait pas ainsi. Restant à fixer cette issue bouchée longuement, je tentais de l’ouvrir à l’aide de mes mains, forçant sur les jointures de ce qui devait être une porte de sécurité, permettant de rendre hermétique une part du district à l’autre. Je me souvenais vaguement des mots de Coin, je n’en comprenais pas l’ampleur. Cela faisait longtemps que les troubles du monde ne m’atteignait plus, longtemps que je me faufilais entre les mortels me fichant de savoir s’ils étaient perdu. Après une dizaine de minute, n’arrivant à rien je revenais sur mes pas commençant à me sentir étrange. Le monde était trouble et mes idées confuses. Je continuais pourtant à avancer, entrant dans des pièces qui avaient des fonctions qui m’étaient totalement inconnue. Il fallait dire que dans mon district on n’avait pas grand-chose à faire à part aller à l’école ou travailler à la mine. Mon ventre se noua alors que je semblais grimper de plus en plus, les murs se ressemblaient tous, ils me filaient la nausée et j’avais besoin d’air. Ma gorge était nouée, ma vue trouble et pourtant je me sentais étrangement bien. J'avais l'impression de suffoquer, pourtant je restais imperturbablement bien. Pas calme ou serein, mais bien, comme si je me fichais de tout, comme si je pouvais rire, rire de rien, mais en rire bien. La tête lourde et le cœur au bord des lèvres, je faisais face à un nouveau cul de sac. Pourtant j’aurais pu jurer que j’entendais du bruit derrière la paroi cette fois. Puis le décor semblait avoir changé, les murs aseptisé, l’ambiance glauque et ce blanc qui semblait s’infiltrer dans chaque pores de la peau avaient été remplacé. Me sentant de pire en pire je me jetais contre la paroi qui semblait branlante. Donnant un premier coup d’épaule, je pris de l’élan la seconde fois, défonçant nous sans mal la paroi qui s’avérait être une tôle qu’on avait dû mettre là il y a de cela très longtemps et qu’on avait certainement oublié. Allongé au sol, je remarquais la terre qui se dessinait sous mes doigts. Rampant sur quelques mètres, je me mis à genou alors que plier en deux je régurgitais le maigre repas auquel j’avais eu droit plus tôt dans la soirée. L’air se frayait un passage douloureux dans mes poumons, ma tête me tournait et mes yeux étaient plein de buée. Je ne me sentais pas bien, ma bouche était sèche et rapeuse, ma tête bourdonnait et j'avais envie de m’effondrer. Les ruines s’étendaient autour de moi, mais je ne m’en rendais même pas compte, avançant encore un peu, je finis par m’arrêter ainsi que me laisser tomber sur le dos fixant le ciel. C’était maintenant que j’allais crever ? Maintenant qu’on venait me chercher ? J’en avais l’impression alors que je sentais mon cœur partir en de grande envolé, ce dernier s’écrasant avec véhémence contre ma cage thoracique sans raison. Coin avait parlé de gaz je crois, je ne me souvenais plus très bien… Du gaz… Ce pouvait-il que … ? Un bruit, sur ma droite, me rappela subitement à l’ordre. Je laissais alors ma tête tombé lourdement sur le côté, me souciant peu de savoir qui pouvait être cette silhouette s'approchant ou encore si elle allait tenter de me tuer.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeJeu 26 Avr - 18:56

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Mes paupières sont lourdes, si lourdes. Je me demande un instant si je vais avoir la force de les entrouvrir. A force de volonté et après quelques secondes d'une inertie déplaisante, j'y parviens. Et à vrai dire, ce que je devine autour de moi m'interloque. Du noir, partout. Et çà et là, des diodes électroluminescentes – les mêmes qui sont fixées sur les murs des couloirs des niveaux supérieurs du Treize. Je m'en souviens, car leur couleur tapageuse m'avait irritée la dernière fois que j'y étais allée, il y a quelques mois de cela. Que fais-je donc ici, dans ce coin sombre, au beau milieu d'un corridor d'un quartier du district qui m'est habituellement interdit ? Je me redresse doucement et m'aperçois que j'ai mal à plusieurs endroits, comme si quelqu'un m'avait agressée ou frappée. Lorsque j'allais être à la lumière, il allait falloir que j'y regarde de plus près. Mais en attendant, j'essaie de me repérer dans ce couloir lugubre et silencieux. Je pivote sur moi-même dans l'espoir de trouver un détail qui me permettrait de me diriger en sachant où je vais, mais je ne vois rien. Je soupire, et aussitôt, un long voile de buée vient obstruer mon champ de vision. Merde, qu'est-ce donc que cela ? J'essaie de toucher mon visage, mais je n'y parviens pas. A la place, mes doigts se heurtent à une paroi de plastique rigide, à un ou deux centimètres de ma peau. J'essaie d'arracher cette chose qui entrave mon visage de la mâchoire aux sourcils, mais alors que j'y parviens presque, je me souviens. Oui, les masques ! L'attaque chimique ! On a attaqué le Treize, et je... et je quoi ? Je ne me rappelle plus ce que j'ai fait depuis que j'ai entendu le message de Coin, dans l'infirmerie. Peut-être un effet des gaz, car je me rappelle qu'au moment où j'étais encore dans mon lit, je n'avais pas de masque. Alors comment se fait-il que j'en aie un, désormais ? Quelqu'un me l'a-t-il collé au visage alors que j'arpentais ce dédale de couloirs, à moitié évanouie ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, grâce à ce masque, je suis vivante, et j'ai recouvré toutes mes capacités. Je ne ressens même pas ce besoin viscéral que j'ai généralement, ce mal-être dû au manque de morphine. Et pour couronner le tout, je suis lucide. Ça ne m'arrive plus que très rarement, avec tous ces calmants qu'ils me forcent à ingurgiter pour contrer mes « coups de folie imprévisibles menant parfois à des tentatives de mutilation » - c'est ce qui est indiqué sur mon dossier médical. Oui, tout va bien, si on omet le fait que je ne me souvienne plus du tout de ce que j'ai fait durant les heures passées. Peut-être cela me reviendra-t-il plus tard ?

Soudain, j'entends un bruit de pas sourds dans un couloir adjacent. Prudente, je me presse contre le mur en essayant de rester discrète. Les pas se rapprochent, ce qui me fait un peu peur. J'aperçois alors un pacificateur qui, torche électrique à la main, progresse obstinément vers une direction incertaine. Il pivote vers un autre couloir. Ça alors, les sous-fifres de Snow ont pénétré dans le Treize ! Combien sont-ils ? Ont-ils réussi à tuer la vieille ? Je ne dois pas me réjouir trop rapidement. Pour l'instant, tout ce qui importe, c'est que je retrouve mon chemin pour... Pour m'enfuir. Oui. C'est la première fois que j'en ai l'occasion. Ce sera sans nul doute la seule. Et ce pacificateur qui vient de passer est peut-être la clef de ma fuite. Je me décolle précautionneusement du mur et m'approche du croisement que l'homme vient de franchir. Je passe ma tête pour savoir où il est allé et l'aperçois, à une dizaine de mètres de mon emplacement. Je fais un nouveau pas et pousse un petit gémissement : je viens de marcher sur un bris de verre, et je suis à pieds nus. Je me colle la main sur la bouche et me recroqueville dans un renfoncement du mur alors que le pacificateur se retourne. Il évalue la situation puis, enfin, reprend sa marche en secouant la tête, comme s'il avait vu un mirage. Je reste quelques secondes immobiles, puis me détends et jette un rapide coup d'œil à mon pied. Malgré l'obscurité du corridor, je parviens à apercevoir du sang qui s'écoule de la plaie qui vient d'être ouverte. Pas très pratique. Si je veux éviter l'infection, il va falloir que je me soigne rapidement. Je passe à nouveau la tête dans le couloir et admire la silhouette du pacificateur. Il évolue encore de quelques mètres, puis s'engage dans un autre passage. Je me précipite pour essayer de rattraper mon retard, et m'engage à sa suite. Ce petit manège s'éternise pendant une dizaine de minutes longue et exaspérante, jusqu'à ce que je perde la trace du pacificateur après avoir escaladé une suite d'escaliers. Quand je m'aperçois que je ne suis pas prête de le retrouver, je soupire, mais me rassérène à l'idée que je suis plus proche de l'air libre. Effectivement, l'obscurité est moins présente, ici. L'on peut remarquer de petits interstices lumineux tout en haut des murs, promesses de liberté. Je souris à cette perspective et regarde à nouveau aux alentours. Je suis dans un quartier résidentiel. Je peux m'en assurer à la vue de tous les petits appartements dont les portes sont restées ouvertes, de part et d'autre de ce long couloir. Je m'engouffre dans l'un d'eux dans le but de soigner mon pied, dont la blessure saigne à présent abondamment. Je trouve rapidement l'armoire à pharmacie, coincée entre les lits jumeaux et la commode. Je m'empare de désinfectant et d'un rouleau de sparadrap, et m'emploie pendant quelques minutes à l'élaboration d'un bandage pas franchement très réussi. Mais peu importe. Quand je me redresse, prête à partir, j'aperçois mon reflet dans un miroir et marque un temps d'arrêt. Je suis moche. Depuis quand n'ai-je pas prêté attention à mon apparence ? Je jette un coup d'œil à mon corps maigrelet et frissonne à la vue des diverses contusions et hématomes qui le recouvrent. Seuls mes yeux, vifs et alertes, me font me sentir jolie. Je décide finalement d'inspecter le contenu de la commode dans l'espoir de trouver quelques vêtements chauds à enfiler. La minuscule tunique d'infirmerie qui me recouvre n'est, en effet, pas réellement prompte à un séjour à l'extérieur. Je suis ravie de dénicher dans le tiroirs des vêtements féminins à ma taille. J'enfile donc un jean, un débardeur, une veste de cuir et de larges Rangers qui me donnent l'air d'une guerrière – cette idée me fait doucement rire – sans oublier des sous-vêtements. Les miens avaient inexplicablement disparu. Pour finir, j'attache mes longs cheveux en une rapide queue de cheval qui sera plus pratique pour la marche. Désormais, je suis assez présentable.

Enfin, je me saisis d'un sac à dos de toile grise et ressors dans le couloir. J'ai le plaisir de trouver un panneau indiquant l'emplacement du réfectoire. Là-bas, je dérobe quelques fruits et vieilles pâtisseries que j'enfile dans mon sac. Je me dirige ensuite vers le niveau supérieur, en espérant trouver rapidement une sortie parmi les ruines apparentes du District. Partout autour de moi, comme depuis quelques minutes déjà, je peux apercevoir des portes brisées et des traces de combat. Heureusement, les belligérants semblent s'être volatilisés depuis bien longtemps dans les niveaux inférieurs.
Je tourne quelques instants en rond dans cet étage rempli de salles inutiles et d'un dédale de couloirs étourdissant. Je parviens finalement à entrer dans une pièce complètement pulvérisée par une explosion. Au delà des murs et du plafond calcinés, je peux admirer le ciel bleu et la forêt. Les larmes me montent rapidement aux yeux alors que je suis paralysée par la frénésie. La forêt... Elle me rappelle celle du Sept. Ma forêt natale, dans laquelle je ne me suis pas rendue depuis près d'un an. Si j'en ai l'occasion, j'y retournerai. Ce projet n'est d'ailleurs pas impossible à réaliser. Pour cela, il faut simplement que je m'éloigne du Treize. Aussitôt dit, aussitôt fait – je sors de cette salle qui n'en est plus une et me met à progresser parmi les ruines du district, celles qu'on montre aux habitants de Panem à la télé. Les voir de mes propres yeux me galvanise. On ne m'a jamais autorisée à venir ici. Un sentiment de rébellion monte en moi. Je jette rageusement le masque à mes pieds et prends une grande inspiration. L'oxygène remplit goulument mes poumons, et je me sens plus heureuse et libre que jamais.

Tout à coup, mes Rangers heurtent quelque chose. Je jette un coup d'œil à mes pieds et parviens à deviner le corps d'un jeune homme au milieu de l'amas de terre et de métal qui s'étale ici. L'individu porte un simple pantalon de l'infirmerie et semble à moitié mort. Je ne parviens pas à repérer son visage, qui est complètement souillé. « Eh, l'affreux. Tu devrais pas rester ici. Les pacificateurs vont sans doute rappliquer d'une minute à l'autre. Ou pire ; les soldats du 13. » Je reprends ma marche, l'abandonnant sans plus de cérémonie. Après tout, s'il a réussi à s'extirper du Treize, autant ne pas le laisser pourrir là. D'ailleurs, à y réfléchir, il pourrait peut-être m'être utile, s'il se remettait. Je me fais volte face, et bien que je ne l'aperçoive plus, je le hèle : « Reste pas planté là. Viens avec moi, je m'en vais visiter... les... euh... les alentours. » Je croise les bras, puis soupire. « Allez, du nerf, j'vais pas attendre toute l'heure ! » S'il ne se bouge pas, je vais être contrainte de l'abandonner. Tant pis pour lui. J'espère simplement que les pacificateurs ne vont pas se montrer, car si c'est le cas, j'allais me retrouver dans une bien triste situation.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeJeu 26 Avr - 20:01

Je ne savais pas à quoi je m’attendais. Être enfin dehors, seul, être libre de repousser ou non mon linceul. Je croyais qu’une fois à l’air libre peut-être serais-je capable de penser, peut-être que ce sentiment auquel je n’avais plus gouté depuis longtemps allait pouvoir me réchauffer. Au lieu de cela, la liberté était froide. Une étreinte glacé qui vous transperce comme une brise d’été trop fraîche pour votre corps grillé par les rayons du soleil. J’aurais aimé que ça ne fut pas le cas. J’aurais aimé ne pas sentir la bile remonter dans ma gorge acide me brûlant de l’intérieur. Mais j’avais mal au cœur, je sentais mon estomac prêt à exploser et l’air qu’ingurgitait mes poumons se frayait douloureusement un passage jusqu’à mes bronches. Je pouvais très bien crever là, qui le remarquerait de toute manière ? Je sentais le froid prendre mes membres, je ne saurais même plus dire sur combien de mètres j’avais bien pu ramper. J’étais là, allongé dans la fange, comme un moins que rien qu’on oubliera sans une dernière pensée. Mon corps était douloureux, courbatu, mon léger pantalon de l’infirmerie ne me protégeait pas du vent qui léchait mon visage. Les yeux clos je repensais à mon district. Les gens que j’avais laissés derrière moi, je repensais à l’impression salvatrice qui me prenait quand je sortais de la mine, le visage couvert de charbon, les bronches atrophiées mais bel et bien vivant. C’était tout ce qui comptait alors. Pourquoi le monde avait-il changé ? Pourquoi avais-je changé ? Pourquoi me fondais-je si bien dans ce décor de désolation ? Pourquoi pouvais-je ainsi resté perdu entre les graviers, les tôles de métaux froissées et les restes des ruines qui aujourd’hui encore exprimait la destruction ? J’étais perdu, perdu et sans force, ce pourquoi je restais immobile à respirer à grandes goulées l’air qui semblait me brûler de l’intérieur. Je n’avais même pas remarqué qu’en rampant j’avais légèrement écorché mes coudes, ou bien que de la saleté recouvrait partiellement mon torse et la quasi-totalité de mon visage. J’étais trop obnubilé par ce qui se passait à l’intérieur pour me rendre compte des dégâts extérieur. Je tentais sottement de réparer les tuiles avant que mon toit ne s’effondre, j’occultais douloureusement le fait que les poutres n’allaient pas tenir et que mon château de carte finirait par me tomber sur les épaules. Fallait-il encore que je sorte vivant de ce douloureux instant où pris entre la vie et la mort, cette dernière que j’attendais depuis longtemps, je ne savais plus laquelle des deux je devais espérer.

Apercevant une silhouette à l’horizon, je suis trop mou et à semi-conscient que pour penser à appeler à l’aide. Je ne pense même pas à la possibilité qu’il puisse s’agir d’une personne faisant partie des méchants. Ma joue baignant dans la boue, je regardais la personne s’approcher sans même me demander si cette dernière allait me remarquer. Ce fut lorsque sa chaussure me heurta que je relevais les yeux sur la jeune femme. « Eh, l'affreux. Tu devrais pas rester ici. Les pacificateurs vont sans doute rappliquer d'une minute à l'autre. Ou pire ; les soldats du 13. » Ma bouche pâteuse, ma gorge sèche, l’espace d’un instant je cru suffoquer. Cette voix. Cette voix que je connaissais que trop bien. Pétrifié par la terreur, j’étais tenté de m’agiter en tous sens, de me débattre vivement ou bien de me jeter sur la source de cette voix, sur la cause de mes tourments. Etais-je aux prises avec une illusion ? Avais-je seulement réellement mis un pied en dehors de mon donjon où mon subconscient me jouait un nouveau tour dans ce cauchemar plus vrai que nature ? Suivant la jeune femme des yeux, mis à part les vêtements qu’elle portait, je ne pouvais nier la ressemblance frappante. Je ne pouvais pas le nier, j’étais sur qu’il s’agissait d’elle, mais pourquoi me laissait elle là ? Pourquoi m’abandonnait elle alors que… Ca ne pouvait pas être là vérité, j’avais affaire à un dérèglement de mon cerveau, la belle était revenue une fois de plus me hanter m’astreignant à affronter cet abandon. Rien que dans mes rêves, elle me jouait des tours plus cruels les uns que les autres, si elle arrivait à se frayer un chemin jusqu’à mon enfer personnel qu’était ma vie, je ne devais pas être étonné que ça soit encore plus douloureux. Fermant les yeux, je savais qui de la vie ou de la mort je devais espérer. Un triste apaisement se peignit sur mes traits boueux alors que les yeux clos j’espérais qu’Eglenver ne se retourne pas, ou que sa comparse la plus vile ne la rejoigne pas. Affronter une des deux filles que j’avais laissée tomber durant les Jeux était toujours compliqué, mais dès lors qu’Eglenver et Kirsen apparaissait dans mes cauchemars, même la mort n’était plus une épreuve, mais bien une planche de salut sur laquelle je voulais me jeter à corps perdu.

« Reste pas planté là. Viens avec moi, je m'en vais visiter... les... euh... les alentours. » Je n’y comprenais plus rien. Malgré ma certitude que c’était le bon moment, que la fin était proche, j’ouvrais les yeux. Bougeant mes membres endoloris, je me demandais bien de quoi la jeune femme parlait. Je n’avais pas l’habitude, je ne savais jamais comment prendre ses propos, dans plusieurs de mes cauchemars elle m’avait déjà rendue visite m’astreignant à sa volonté avide de revanche. Qu’est-ce qui avait pu changer ? « Allez, du nerf, j'vais pas attendre toute l'heure ! » Certain qu’elle ne s’adressait qu’à moi, j’étais le seul dans les parages, je me redressais finalement, mes mains s’enfonçant dans la terre boueuse qui m’entourait. Passant une main sur mon visage, j’ouvrais correctement les yeux contemplant pour la première fois le champ de ruines dans lequel j’avais réussi à me perdre. « Eglenver… qu’est-ce que tu attends de moi ? » Ma tête encore pesante, je la laissais dodeliner involontairement alors que grattant ma peau, je retirais à peine la boue qui recouvrait mon visage ce dernier encore éloigner de sa forme humaine. Je remarquais les débris qui jonchaient le sol et la raison des quelques égratignures qui serpentaient mes bras. Je ne m’en inquiétais pourtant pas, la douleur physique n’était pas la pire. Ca n’était pas pour rien que je craignais les nuits vermeilles où mes cauchemars me torturaient bien plus que les blessures que je m’infligeais au petit matin. Mes yeux posés sur Eglenver, à la regarder avec plus d’attention, j’hésitais entre la certitude qu’il s’agissait d’une illusion ou d’un fantôme. Son visage était blafard et je pouvais à peine deviner ses formes sous ses vêtements qui cachaient sans aucun doute sa maigreur. Détournant le regard, incapable d’occulter l’image que je gardais de la jeune femme que j’avais rencontré dans l’arène, je ne pouvais affronter chaque jour un peu plus l’image morbide et décharnée de cette personne que j’avais sincèrement tenté de protéger. Les mots tentaient de se frayer un chemin à travers ma gorge afin de s’échapper de ma bouche, mais cette dernière restait hermétiquement close. Ou voulait-elle m’emmener ? Dans quel but ? Est-ce que mes démons, en plus de me rendre fou jours après jours, avaient dans l’idée de me laisser crever dans un coin où personne ne pourra me retrouver ? Posant mes mains sur mes genoux, j’aurais certainement dû me lever avant qu’elle ne m’abandonne pour de bon ici. J’étais trop docile, j’étais le pauvre mouton prêt à être mener à l’abattoir qui ferme les yeux en voyant son bourreau aiguiser sadiquement ses lames. « C’est la bonne cette fois ? Qu'est-ce que tu vas encore me reprocher ? Tu vas tout me reprocher, c'est ça ? Vas-y, dis-le que c’est de ma faute ! Dis-le que j’ai pas été capable de te protéger ! Dis-le ! Dis-le ! Dis-le ! » Ma gorge toujours aussi sèche, mes mots étaient pareils à des lames de rasoir flirtant avec l’intérieur de ma bouche. Je les sentais m’écorcher alors qu’ils sortaient vulgairement, mes paroles se transformant de plus en plus en des rugissements. On aurait pu croire que j’étais en train d’aboyer tant mon ton était hargneux. Mais je n’en pouvais plus, j’avais plus la force de me battre, je n’étais pas encore assez faible que pour cesser de me débattre. J’étais perdu entre deux eaux espérant que quelqu’un allait me dire quoi faire pour sortir de ce bourbier dans lequel je m’enfonçais. La rage qui me consumait de l’intérieur, aussi vite qu’elle semblait s’être répandue en moi, sembla disparaître alors que je baissais la tête vers le sol.

Pourquoi est-ce qu’elle s’approchait ? Contempler son travail de loin ne lui suffisait plus ? Il lui fallait se repaître en parfait bourreau des douleurs qu’elle m’infligeait ? Une voix dans ma tête ne demandait qu’à céder. Qui qu’elle soit, illusion, apparition fantomatique, délire de mon subconscient qui venait me hanter, dans tous les cas je brûlais de lui demander. Une fois pour toute, plus que ce que je ne pouvais le faire moi-même. Je brûlais vraiment d’obtenir son pardon, ce pardon que je ne pouvais m’offrir. Ce pardon que j’étais certain de ne jamais obtenir.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeJeu 26 Avr - 21:09

Je ne sais pas quelle heure il est, ni quand l'attaque a eu lieu. Était-ce il y a longtemps ? Ai-je encore beaucoup de temps avant de pouvoir m'enfuir ? Alors qu'un silence assourdissant m'entoure, je darde un regard soucieux sur les alentours. Partout autour de moi, sur près d'un kilomètre carré, les ruines fument lentement. L'air pur que j'ai cru inspirer il y a quelques minutes est en réalité âpre et désagréable. Ce paysage de chaos et de désolation contraste avec le ciel céruléen qui, là-haut, nous surveille calmement, et pare la forêt lointaine d'une lumière attrayante. J'ai envie de rejoindre la lisière au plus vite. Si seulement je n'avais pas eu cette idée saugrenue de buter dans un corps en vie... « Eglenver… qu’est-ce que tu attends de moi ? » Je baisse les yeux et fronce les sourcils. Cette voix faible vient de m'interpeler clairement. Je ne comprends pas. L'individu vient de se redresser avec difficulté et a les mains plantées dans le sol. Des égratignures parcourent son corps à plusieurs endroits, et il semble au plus mal. Mais je ne le connais pas. C'est sans doute l'un des patients du Treize qui m'a vue aux Hunger Games, et qui est devenu fou pour une quelconque raison, comme la plupart des gens ici. Un aliéné parmi tant d'autres. Un sentiment de pitié me prend alors à la gorge sans que je ne puisse le contrer. Ce jeune homme ne semble pas méchant. Il est victime de ce district, comme je le suis aussi. Je n'ai pas envie de le laisser ici. Mais comment pourrais-je l'emmener avec moi s'il ne daigne pas se lever ? Et pourquoi reste-il planté face à moi en espérant quelque chose de ma personne ? Je ne peux rien pour son âme. Je veux seulement lui sauver la vie – et c'est déjà assez généreux, je trouve. Cependant, il semble en vouloir plus, et je laisse échapper un léger soupir mêlant tristesse et compassion. Je m'approche de lui sans réel but précis, bien que j'aie inexplicablement envie de le faire. Et alors que le jeune homme se débarrasse de la terre qui macule son visage, je ressens quelque chose de bizarre. J'ai un brutal mouvement de recul, et mon regard se brouille alors que mon rythme cardiaque s'accélère. Ce que je crois de voir ne peut-être possible. Je me passe la main sur le visage, et j'ai la surprise de sentir mes doigts trembler. Je dois arrêter d'être si fébrile, de me fier à ces hallucinations qui me jouent souvent des tours. Mais pourtant, quand j'ouvre à nouveau les yeux et que je me retrouve face à ce garçon, quelque chose en moi me dit que ce n'est pas une chimère. Je connais ces yeux. J'ai songé à eux pendant de longs mois avant de me faire à l'idée que la lueur qui les animait s'était éteinte. Sur ce point, je ne me suis pas trompée. Il n'y a plus aucune chaleur dans ce regard. Mais pourtant, ce sont bien ces prunelles que j'imaginais, et dont je me souviens encore comme si je les avais fixées hier.

Le jeune homme baisse le visage pour se perdre dans la contemplation du sol, et je profite de cet instant de répit pour prendre une longue inspiration. Nonobstant, mon souffle est saccadé et j'ai beaucoup de mal à réfléchir clairement. La voix du garçon s'élève une nouvelle fois, et cette fois-ci je ne peux plus nier : c'est la sienne. « C’est la bonne cette fois ? Qu'est-ce que tu vas encore me reprocher ? Tu vas tout me reprocher, c'est ça ? Vas-y, dis-le que c’est de ma faute ! Dis-le que j’ai pas été capable de te protéger ! Dis-le ! Dis-le ! Dis-le ! » Je déglutis difficilement et lance un regard vers le ciel, comme un appel à l'aide. Je ne sais pas quoi faire. Les propos qu'il vient de débiter s'entrechoquent dans mon crâne sans trouver de sens. Tout ce que je sais, c'est qu'il est bien là, face à moi, même s'il délire et n'a plus vraiment sa tête. Je m'approche lentement et m'accroupis face à lui. Je prends son visage glacé entre mes mains tremblantes et le relève pour que le jeune homme me regarde. Et c'est bien Skyler que j'ai face à moi. Je plaque ma main sur mes lèvres et me laisse glisser sur le sol. « Oh mon dieu! »

Je ne peux me résoudre à quitter la contemplation de son visage, comme si je crains ne plus le revoir. J'ai tellement espérer vivre ce moment un jour. Et maintenant que ce garçon me fait face, je perds totalement mes moyens. Les larmes roulent déjà abondamment sur mes joues blêmes alors que je répète son prénom inlassablement, d'une voix brisée par les sanglots. « Skyler... » Je ne sais pas si je pleure de joie, de surprise, de rage ou de tristesse. Sans doute les quatre à la fois. Lui me regarde sans comprendre, mais je perçois un trouble indéfectible dans son regard. J'ai soudain envie de le serrer dans mes bras, de le presser contre moi, de le sentir envie, de me dire qu'il n'est pas une simple hallucination. Mais ma respiration est très difficile et je dois me concentrer plusieurs secondes pour parvenir à me calmer. Pourtant, c'est avec violence que je me jette contre lui, le regard perdu au loin, et le serre dans mes bras comme jamais je n'ai enlacé quelqu'un. « Tu... tu étais mort ! On m'a toujours dit qu'on n'avait pas pu te sauver, dans l'arène! Qu'ils avaient choisi de me donner la vie à moi plutôt qu'à toi ! » Je laisse glisser mes larmes dans les ruines sans broncher. J'en ai assez de cacher mes faiblesses. Ma faiblesse, c'est Skyler. A cause de ces pourritures qui m'ont fait croire qu'ils n'avaient pu le sauver... Combien de fois ai-je hurlé, griffé, frappé, pleuré en songeant à lui et à sa mort ? Combien de fois les ai-je maudit de m'avoir sauver moi plutôt que lui ? Je les déteste encore plus désormais. « Je les hais ! Je vous hais ! Vous vous nourrissez de notre malheur ! » Je me suis écartée de Skyler et me lamente en regardant l'horizon, mais sans hurler. Je n'en ai pas la force. Je veux juste qu'ils sachent qu'ils sont la pire abomination que je n'aie jamais vue.

Mais alors que je me concentre sur ma colère et ma rage, j'en oublie presque Skyler. Je centre de nouveau mon attention sur lui et le prends une seconde fois dans mes bras, mais plus amicalement, plus gentiment. Avec davantage d'amour et de compréhension. Il semble tellement perdu... Pourquoi ne l'ai-je pas reconnu avant ? Je m'en veux. Lui qui a dû tant en baver à cause de ces furoncles du Treize... J'ai envie de l'emmener avec moi, de partir d'ici. J'ai envie qu'on s'enfuie. « Skyler, je suis... désolée... J'aurais pas voulu... S'il te plaît, relève-toi. Partons, partons d'ici avant qu'ils nous attrapent. Allez... S'il te plaît, viens. » Je me suis exprimée calmement, sans sangloter, avec davantage de conviction, car c'est notre liberté qui est en jeu, désormais.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeVen 27 Avr - 21:46

Je m’en voulais, chaque jour un peu plus, chaque instant plus durement. C’était un poison terrifiant qui s’était logé dans mes veines, contaminant petit à petit chaque part de mon cœur et de mon cerveau. Je ne pouvais plus voir mon visage sans repenser à mes démons, sans les imaginer derrière moi à me murmurer comment faire un autre faux pas. Je ne savais pas comment lutter contre ceux-ci, je ne savais pas comment dire non. J’étais prêt à les suivre, espérant, certainement naïvement, qu’ils me mèneraient sur le chemin du pardon. Mais je ne trouvais pas de rédemption en ces terres calcinés, le silence assourdissant des ruines ne me renvoyait qu’au propre vide à l’intérieur de ma poitrine. J’avais mal, j’avais peur, j’étais pétrifié, mais même la douleur ne me poussait pas à me rebeller. Je savais qu’Eglenver, ou en tout cas la représentation décharnée que je m’en faisais, était en train de s’avancer vers moi. Pourtant, pourtant rien, je ne bougeais même pas. Je ne relevais même pas les yeux vers cette fin qui se profilait pour moi. J’avais connu le pire en sa présence, elle, source de toutes mes souffrances. Source dans laquelle s’abreuvait mes regrets, ceux qui sans cesse me submergeaient. Kirsen aussi était redoutable, mais le visage affable de l’enfant m’arrachait de temps en temps aux causes de mes tourments. Pas le regard froid et constant de la jeune femme qui m’avait faite confiance, elle aussi. Son regard, lui, ne flanchait jamais, même quand elle s’épanchait sur moi, me reprochant tout ce qui était arrivé. Et, il s’agissait là des moments les plus cruels, là où la douleur physique n’a nulle pareille, cette dernière incapable de rivaliser avec la mort à l’âme qui se grave sur chacune de vos pensées. Même la mort ne semble pas une fin assez horrible que pour expier vos pêchers, que pour expier mes pêchers. Alors, une fois de plus, j’attendais que la jeune femme m’offre un indice, un moyen de me faire pardonner, que pour cette fois elle cesse de me torturer. Sauf que je n’y croyais pas, je n’y avais jamais cru, j’espérais trouver tout seul, en sachant que même le ciel ne pouvait m’aider. Ce dernier m’ayant déjà refusé. Les mains douces et délicates de la jeune femme se posèrent sur mon visage alors que la belle me forçait à la regarder. Sans lutter, je relevais les yeux vers elle attendant l’affrontement, l’instant pénible où je me laissais écraser par le poids de ses penser. Mais voilà, son visage ne témoignait de rien, rien que son effroi, rien que l’incompréhension. Moi-même, je ne comprenais toujours pas. « Oh mon dieu! » Regardant sa main se poser sur ses lèvres alors qu’elle se laissait glisser en arrière, je me demandais ce qui se passait. Sincèrement, qu’est-ce qui ne tournait pas rond ? Je voulais comprendre, mais je n’y arrivais pas, j’avais l’impression de faire face à un puzzle dont il me manquait la moitié des pièces.

« Skyler... » Ses yeux vrillés dans les miens, je suis incapable de détourner le regard et ainsi je suis obligé d’affronter ses larmes, hagard. Les mots se pressaient sur ses lèvres, mon prénom qu’elle répétait comme un cantique semblait appeler une trêve. Immobile face à la jeune femme, je subissais sa réaction comme un nouveau fardeau qu’on viendrait me poser sur les épaules. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas affronter sa tristesse, je ne pouvais pas affronter cette part-là de la réalité, cette part qui m’avait été jusque-là caché. J’avais envie de m’échapper, retourner me terrer dans ma chambre aux allures de cellules. C’était plus facile à l’intérieur de me détester, plus facile que d’avoir à l’affronter. Sa respiration trouble ne m’inquiétait même pas, moi aussi j’haletais incapable de comprendre pourquoi. Je me sentais mal, j’avais besoin d’air et malgré les grandes goulées que je prenais, je ne le trouvais pas. C’est à cet instant qu’Eglenver se jeta sur moi. Ne me laissant pas emporter par son élan, je restais droit, mes bras le long de mon corps alors qu’elle me serrait presque avec violence. Alors que son corps semble se fondre dans le mien, je peux sentir ses mains crispées dans mon dos, son souffle troublé caressant ma peau et ses larmes s’échouant sur mon torse. Tant de détails qui venaient tous un peu plus me clouer sur place. « Tu... tu étais mort ! On m'a toujours dit qu'on n'avait pas pu te sauver, dans l'arène! Qu'ils avaient choisi de me donner la vie à moi plutôt qu'à toi ! » On ? Ils ? Je ne voyais pas de quoi elle parlait, on ne m’avait jamais parlé d’elle, personne ne m’avait dit qu’elle était morte, ou bien en vie. Le silence était la seule chose à laquelle j’avais le droit sans limite dans ma geôle. J’étais bien incapable de la suivre sur ce chemin-là alors que levant les yeux au ciel je priais pour que cette étreinte ne s’achève pas. Je devais un peu être masochiste de ne pas la repousser tant qu’il en était temps, de ne pas la repousser avant qu’il ne soit trop tard pour que je me sorte de ce guêpier qui semblait tendu pour moi. « Je les hais ! Je vous hais ! Vous vous nourrissez de notre malheur ! » Interdit, je ne comprenais plus rien alors que la jeune femme se reculait pour fixer les environs.

« Mais de quoi parles tu ? » Comme si Eglenver se souvenait finalement de ma présence, elle s’agrippa à nouveau à moi, me serrant une nouvelle fois dans ses bras. Me laissant faire l’espace d’un instant, je ne pouvais en supporter tant. Je ne pouvais supporter plus longuement cette étreinte alors que je savais comme tout allait s’achever, dans quelle colère j’allais me retrouver, quelle douleur allait bien pouvoir me consumer. Je ne pouvais plus continuer comme ça, je ne pouvais plus me perdre ainsi sans finir par me dissocier. Que restait-il encore de l’ancien moi, qu’allait il resté des pars éparpillées de mes pensées, de mon être qui se divisait et semblait de plus en plus disparaître ? « Skyler, je suis... désolée... J'aurais pas voulu... S'il te plaît, relève-toi. Partons, partons d'ici avant qu'ils nous attrapent. Allez... S'il te plaît, viens. » Un sanglot me noua la gorge alors que je tentais de repousser la brume qui cherchait à se frayer un chemin sous mes paupières. Je ne voulais pas être faible, je ne pouvais pas l’être. C’est à cet instant que l’idée se fraya un chemin dans mes pensées pour la première fois. Et s’il s’agissait véritablement d’Eglenver ? La jeune femme que j’avais rencontré autre fois, celle qui pensait premièrement se servir de moi et qui finalement s’était adoucie ? Comment pouvais-je le savoir ? Comment se faisait-il qu’elle était là… ? Comment ? Pris de panique, incapable d’affronter mes tourments en chair, plus encore que ces derniers fruits de mes pensées, je posais mes mains sur ses épaules alors que les mots s’échappaient de ma gorge sans que je ne comprenne comment : « Lâche moi… lâche moi s’il te plait, je … je peux pas… Vraiment, je suis désolé… je dois… » J’avais besoin d’air, besoin d’accepter l’idée. Cette idée qui ne m’avait jamais effleurée, cette idée que d’autres que moi et Catalina avaient pu être sauvé. Eglenver… pourquoi pas Kirsen ? La repoussant d’abord, je reculais en tâtonnant vaguement dans mon dos. J’avais mis une distance suffisante entre nos deux corps, peut-être pas nos pensées, lorsque je relevais les yeux vers la jeune femme. Cette dernière, certainement aussi perdue que moi, me regardait sans mot dire. Ma respiration trouble et saccadé, je me lançais finalement, bien que les mots ne semblaient pas vouloir sortir correctement. « Kirsen… elle… vous êtes… Vivantes ? Enfin… c’est ce qu’on est, n’est-ce pas ? On est vivant ? C’est pas … je rêve pas ? » Mes yeux posés sur Eglenver, je n’avais jamais eu autant besoin de réponses, néanmoins s’agissait-il des bonnes questions ?
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 28 Avr - 0:13

Je voudrais que ce moment dure des heures. Qu'on ne soit pas pressés par le temps, qu'on puisse avoir l'opportunité de se retrouver convenablement, sans avoir à se dépêcher et à s'ignorer. J'ai tellement de choses à lui dire ! Je voudrais le faire, mais non ; je dois faire comme si de rien n'était pour qu'il se hâte. Pourtant, là, alors que je le sers contre moi, je n'ai pas envie de me hâter. J'ai juste envie de fermer les yeux, de m'abandonner à cet instant parfait, qui n'est peut-être que le fruit d'un rêve... Je me crispe. Je ne dois pas envisager cette possibilité. Pas maintenant. Si je deviens folle, autant m'y résoudre plus tard. Si ce garçon n'est qu'une illusion, alors je veux vraiment y croire, au moins pour le moment. Ce corps que je sens contre le mien, même s'il n'irradie pas de chaleur, semble bien réel et vivant. Ces yeux que j'ai fixés pendant de longues secondes ne semblent pas irréels. J'ai l'intime conviction que je suis réellement en train d'enlacer Skyler Adkins, ancien tribut du district 12 déclaré mort, nonobstant ma raison qui me hurle de me méfier.
Mais tout n'est pas parfait. J'entends Skyler réprimer un sanglot, et alors que je m'accroche à son dos, il me repousse avec une force que je ne lui aurais pas crue. « Lâche moi… lâche moi s’il te plait, je … je peux pas… Vraiment, je suis désolé… je dois… » Je reste figée face à lui, pantoise. L'ombre de mes larmes a tracé des arabesques iridescentes sur mes joues. Je le fixe sans comprendre. « Ne me repousse pas, Skyler. S'il te plaît... » Ma voix est étonnamment douce. Il ne me semble pas m'être exprimée ainsi depuis très, très longtemps. Je crois que c'est uniquement parce que je veux le forcer à se dépêcher en étant la plus docile possible. Quoique, mes propos ne coïncident pas. Peut-être est-ce simplement parce que je veux me montrer gentille ? C'est étrange. Je n'ai pas l'habitude de vouloir me montrer gentille.

Skyler tâtonne derrière lui, tentant avec difficulté de s'éloigner de moi. Il me peine beaucoup. Il semble encore plus paumé que moi. Est-il possible qu'il soit devenu encore plus torturé qu'il ne l'était dans l'arène après que Kirsen eût péri ? Je voudrais le consoler, lui dire que tout va s'arranger. Mais je reste figée là, essayant de repousser la petite voix désagréable qui me dit que s'il ne se hâte pas, je vais être obligée de partir sans lui. Je ne veux pas cela... Pourtant, s'il m'y contraint, j'allais y être forcée. « Kirsen… elle… vous êtes… Vivantes ? Enfin… c’est ce qu’on est, n’est-ce pas ? On est vivant ? C’est pas … je rêve pas ? » La brume qui l'entourait jusqu'alors, sans doute due aux drogues qu'on lui injectait dans les sous-sols du Treize, semble s'être légèrement dissipée. Il commence à réaliser que tout ceci est vrai, et je m'en réjouis – c'est un sacré progrès. Je décide d'être plus autoritaire et adopte un ton décidé, voire accusateur : « Mais non, tu ne rêves pas, bon sang ! Je ne sais pas pour Kirsen, mais dépêche-toi ! Les esclaves de cette calamité de Coin vont peut-être arriver d'une minute à l'autre ! » Je me relève puis m'accroupis à ses côtés. Je dépose ma main sur sa joue, espérant créer une sorte d'électrochoc. Quand je reprends la parole, ma voix est plus douce. « Tu veux vraiment qu'ils nous rattrapent ? Qu'ils nous replongent dans cette torpeur qu'ils nous ont imposée ? Qu'ils continuent à nous mentir, à nous forcer de croire qu'on est seuls et faibles ? » Je fronce les sourcils alors que je le fixe toujours de mon regard brûlant. Ses propres prunelles trahissent un éternel trouble que je voudrais éliminer à l'aide de mes paroles. Son visage, à la réflexion, n'a pas vraiment changé. Il est toujours celui que j'ai connu dans l'arène – beau, attirant et mélancolique. Seule manque la détermination qui agitait auparavant ses traits, mais je ne doute pas qu'avec un peu d'entrainement, elle pourrait réapparaître. « On n'est pas seuls et faibles ! On peut se battre ! … Ou du moins s'enfuir. Bon, c'est moins glorieux, mais au moins, on leur montre qu'on n'est pas soumis, tu vois ? Non ? » J'esquisse un léger sourire mutin.

Soudain, une déflagration sourde se fait entendre à une centaine de mètres sur notre droite. Je regarde partout autour de moi, paniquée, sans oser m'éloigner de Skyler. J'aperçois une nuée de corbeaux prendre son envol, et ma respiration s'accélère. Il faut qu'on bouge. Rapidement. Je sais violemment le poignet de Skyler cependant que je me relève. « Allez, viens, je t'en prie ! »

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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 28 Avr - 10:07

Je n’avais rien de glorieux alors que je cherchais à repousser la jeune femme. J’avais besoin d’air, besoin d’oublier les médicaments et ne pas sentir sa chaleur se fondre en moi comme pour me tenter. « Ne me repousse pas, Skyler. S'il te plaît... » La douceur de sa voix, l’espèce de sincérité qui s’était figé dans celle-ci me perturba. J’étais à bonne distance pour la regarder sous un autre jour, mais la seule chose à laquelle je prêtais attention était les sillons qu’avaient creusé ses larmes sur son visage. Incapable de contrôler le flot de mes paroles, je disais ce qui me passait par la tête alors que je me rendais compte d’un détail qui m’avait jusqu’alors glisser entre les doigts. Comment n’avais-je pas pu y penser ? Avais-je volontairement occulté cette idée de peur de me faire du mal en réalisant que les personnes à qui je tenais ne seraient pas là, de retour parmi les vivants ? « Mais non, tu ne rêves pas, bon sang ! Je ne sais pas pour Kirsen, mais dépêche-toi ! Les esclaves de cette calamité de Coin vont peut-être arriver d'une minute à l'autre ! » L’irritation pouvait se sentir dans sa voix, petit à petit je retrouvais la jeune femme que j’avais rencontré. Celle qui gardait la tête haute et fonçait tout droit sans forcément savoir où aller. J’aurais aimé sourire, mais j’avais le cœur trop anesthésié que pour y arriver. Et ses mots, les mots d’Eglenver s’entrechoquaient dans ma tête alors que je leur cherchais un sens. La regardant se lever, j’étais pareil à un poisson hors de l’eau, la bouche ouverte, à court d’oxygène à tenter de grappiller un peu d’air en comprenant où il pouvait bien se trouver. Parfois je n’avais pas de médicaments avant de dormir, parfois je m’énervais et je refusais de les prendre, bien souvent il s’agissait des nuits les plus horribles de ma vie. Bien souvent, mes rêves semblaient plus réel, plus horrible. Néanmoins, ça ne semblait pas être un rêve cette fois, l’arrière-goût amer qui se perdait sur ma langue et la personnalité d’Eglenver semblait me prouver que c’était la réalité. Pas un mensonge créé dans une geôle peinte de blanc immaculé.

La jeune femme s’accroupit à nouveau alors que ses mains se posaient sur mes joues. M’autorisant à profiter de ce contact, mes prunelles sont aimantées par les siennes. « Tu veux vraiment qu'ils nous rattrapent ? Qu'ils nous replongent dans cette torpeur qu'ils nous ont imposée ? Qu'ils continuent à nous mentir, à nous forcer de croire qu'on est seuls et faibles ? » Ses prunelles semblaient tracer un sillon enflammé jusqu’à mon cerveau. Je pouvais sentir mes neurones essayer de se reconnecter alors que j’étais passé aux rayons X par son regard. J’aurais aimé me lever et l’épater, d’une certaine manière, retrouver le moi d’avant, sauf que je ne savais pas où je l’avais laissé. « Mais on est seuls, on l’a toujours été. » Ma voix était faible, hésitante, je n’osais pas me rebeller, pas affronter son faciès dur qui semblait déjà me réprimander de mes paroles. J’étais devenu un grand sceptique, j’étais bien incapable de croire depuis qu’on m’avait arraché tous mes espoirs. « On n'est pas seuls et faibles ! On peut se battre ! … Ou du moins s'enfuir. Bon, c'est moins glorieux, mais au moins, on leur montre qu'on n'est pas soumis, tu vois ? Non ? » Je voyais, je comprenais même plutôt bien. Moi aussi j’avais eu de beaux idéaux par le passé, moi aussi j’avais cru pouvoir montrer mon insoumission au monde entier… Sauf que voilà où j’en étais, réduit à consommer ma douleur à coup de pilules que je devais gober. Voilà à quoi j’en étais réduit, une folie sans nom de laquelle je ne pouvais me sortir et que seule la brume des médicaments semblait apaiser. Néanmoins, j’avais envie de sourire, envie de sourire et m’enfuir, pas pour moi, encore moins pour ma vie. Je ne savais pas pourquoi, peut-être pour elle ? Peut-être parce que j’aurais pu croire en ses mots. Mes perdant dans ses yeux après m’être accroché à son léger sourire, j’entendis clairement retenir une déflagration qui devait, tout au plus, s’être produite à une centaine de mètres. Regardant des oiseaux noirs s’envoler, mauvais présage, je restais toutefois figé, assis à même le sol à fixer le ciel comme si ce dernier pouvait nous sauver.

« Allez, viens, je t'en prie ! » La main d’Eglenver s’agrippa à mon poignet, me tirant vers le haut alors qu’elle se relevait. Me laissant docilement faire, je ne pu empêcher un flot continu d’inquiétude s’échapper de mes lèvres : « Pourquoi tu fais ça ? Je vais te ralentir, je suis capable de rien, je vais être un fardeau, pourquoi tu ne me laisses pas là pour partir assez vite et ne pas te faire rattraper ? » Attendant une réponse, je ne m’attendais pas à ce que la jeune femme commence déjà une course effréné vers le couvert des arbres. Pris dans son sillon, je sentais le vent fouetter mon torse et s’engouffrer à travers les mailles serrées de mon pantalon. Les espèces de chaussures légères que j’avais, les seules qu’on m’autorisait à porter ces dernières sans lacet et assez fine que pour ne pas me permettre de m’étouffer avec, était loin d’être bonne pour de la course à pied. Je sentais mes pieds souffrir ci et là des chocs plus ou moins violent qu’ils subissaient en rencontrant le sol. Néanmoins, j’essayais de ne pas tirer la jeune femme vers l’arrière, je ne voulais pas la retenir, je ne voulais pas être un fardeau ou un poids mort. J’avais envie de servir à quelque chose, mais ça faisait trop longtemps que je ne servais plus à rien que pour avoir la force de faire.


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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 5 Mai - 17:45

Perdue dans le regard captivant de Skyler, je laisse filer un temps bien trop précieux. Mais c'est ainsi, je ne peux faire autrement de peur de brusquer mon ami et de le perdre à tout jamais. L'équilibre que je suis parvenue à instaurer à l'aide de mes paroles est précaire. La phrase qu'il laisse glisser entre ses lèvres incertaines me le rappelle. « Mais on est seuls, on l’a toujours été. » Faussement furieuse, je lui hurle le contraire alors que je sais pertinemment qu'il a, en un sens, raison. Moi aussi, je me suis toujours sentie seule au Treize. Là-bas, personne ne me comprenait vraiment. Même les anciens tributs, qui étaient pourtant dans la même situation que moi, me semblaient étrangers. Je m'étais mise à les détester sans raison apparente – peut-être parce qu'ils me rappelaient de par leurs actes désespérés que j'étais moi-aussi totalement perdue. D'ailleurs, je regrette presque d'avoir assommé Kathleen. Après tout, à part être une débile, elle ne m'a jamais rien fait de mal. Mais tant pis, c'est fait, et grâce à cela je suis à présent à l'air libre.
Soudain, une déflagration retentit et je panique. Qui sait si les pacificateurs ou les soldats du Treize ne vont pas surgir dans quelques secondes ? A cette idée, je tire brutalement Skyler vers le haut dans le but de le presser. Étrangement, il ne manifeste aucune résistance et se relève pour me suivre. Cela me fait réellement plaisir, car sa docilité signifie qu'il a repris ses esprits et qu'il se doute que je ne suis pas qu'une hallucination. Je me mets à courir avec vigueur, toujours accrochée au poignet de Skyler. Ce n'est pas très confortable. Je descends donc mes doigts pour lui prendre la main, et me laisse aller à éprouver du plaisir dans cette situation. Je n'ai pas couru ainsi depuis une éternité. Le vent qui me fouette le visage, la tiédeur de la main de Skyler, la forêt qui se dresse devant nous, la liberté qui me tend les bras... Tout ça m'inspire un sentiment de joie intense. Une joie que Skyler fait vaciller m'interrogeant : « Pourquoi tu fais ça ? Je vais te ralentir, je suis capable de rien, je vais être un fardeau, pourquoi tu ne me laisses pas là pour partir assez vite et ne pas te faire rattraper ? » Je ralentis un instant pour le fusiller du regard. L'expression que j'arbore ne doit pas laisser beaucoup de place à l'imagination : je n'adhère pas du tout à ses paroles. J'espère qu'il va se sentir honteux. « Parce que je tiens à toi, Skyler. Simplement. » Bien que j'aie dit cela assez sèchement, j'ai l'impression de m'être montrée trop sentimentale. Ainsi, j'ajoute aussitôt : « Maintenant, la ferme et avance. » Je me détourne et continue à courir droit vers l'orée des bois, comme si ma vie en dépendait. D'ailleurs, c'est peut-être le cas ? Si les pacificateurs surgissent et aperçoivent deux fuyards prêts à leur échapper, ils n'hésiteront pas à nous abattre à l'aide d'armes à feu. Cela ne me rassure pas beaucoup. Je commence à avoir un peu froid et me cramponne à la main de Skyler, tout en veillant à ne pas lui faire mal. Le jeune homme se fait muet : il respecte ma volonté. J'ai peut-être été trop violente. Il faudrait que je détende l'atmosphère. Je réfléchis à un moyen de rendre notre course moins pesante quand les paroles d'une chanson me viennent à l'esprit. C'est une très vieille chanson, qu'on entendait parfois dans les sombres commerces du District 7. Une mélodie joyeuse et entrainante qui motiverait peut-être Skyler. Je me mis à l'entonner de ma voix de crécelle. « Gaston y a l'téléphon qui son', Et y a jamais personne qui y répond. Marie-Louise, elle est exquise, Marie-Thérèse, elle est obèse. » Me vient à l'esprit l'image des rares filles obèses du Sept. Bref, je viens de débuter le couplet et je décide de me racler la gorge d'une manière particulièrement élégante. Skyler ne dit rien – la chanson doit lui plaire. « Marie-Berthe, elle est experte par l'entremise de sa tante Artémise. Edouard fume le cigare et Léonard porte une barbe noire. Léontine fait la cuisine. Monsieur Gaston s'occupe du téléph... » Soudain, alors que je suis dans une poussée lyrique impressionnante, le tonnerre gronde et il se met à pleuvoir. Je lève les yeux au ciel et m'aperçois que des nuages se sont amassés au dessus de nous. Mince, je chante si mal que ça ?

Je commence à m'essouffler. L'air pénètre avec difficulté dans mes poumons atrophiés par les restes de morphine. Mais heureusement, les débris métalliques se font moins présents sur le sol terreux. Nous arrivons à la lisière de la forêt. Quelques secondes plus tard, nous sommes à couvert. Nous progressons encore d'une cinquantaine de mètres parmi les conifères avant de nous arrêter. Nous sommes tous les deux à moitié trempés par l'averse, et l'humidité environnante me dérange un peu. Ce doit être pire pour Skyler, qui est toujours torse nu. Alors que je reprends mon souffle, je le fixe intensément. « Je... Tu veux... Ma... Veste ? » Lui glissé-je entre deux inspirations douloureuses. Quand ma cage thoracique se soulève de nouveau à un rythme normal, je continue : « Je pense qu'on devrait s'éloigner le plus possible du Treize. Te sens-tu encore capable de courir ? » Je passe ma main dans mes cheveux pour resserrer ma queue de cheval. Reprendre notre course ne me plait pas vraiment. Mais à vrai dire, avons-nous le choix ? Parmi les branchages et les troncs rugueux, on peut encore apercevoir les ruines du Treize. Et cela ne m'apaise pas vraiment.

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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 5 Mai - 20:55

Lequel de nous deux était le plus fou ? Eglenver qui désirait s’échapper, pouvoir pleinement jouir de sa liberté ou moi qui avait moins peur des chaines que de cette même liberté que je voyais la jeune femme espérer ? La question restait en suspens dans mon esprit alors que je courais à perdre haleine avec mon ancienne amie. J’avais l’impression de ne plus avoir couru depuis des années, à croire que j’avais passé ma vie enfermé. Mes muscles, bien qu’en parfait état, étaient douloureux suite à cette effort physique que je leur imposais sans jamais les avoir préparé. Rester enfermé dans une pièce étroite sans jamais prendre véritablement la peine de faire les cents pas n’aidait pas en vue de la préparation d’un sprint désordonné et effréné. Ne pouvant retenir mes inquiétudes, mes inquiétudes pour elle et non ma propre personne, je l’interrogeais vivement, conscient que la belle n’allait certainement pas aimer. Bien que son regard glacé me transperce, je ne sourcille pas. Il lui faudra plus que me fusiller du regard pour arriver véritablement à arracher quelque chose de moi. « Parce que je tiens à toi, Skyler. Simplement. » Mon cœur sembla défaillir. Il s’écrasait maladroitement contre ma cage thoracique comme si on venait de lui promettre une meilleure vie dehors. Sentant ce léger malaise, je tentais de me concentrer sur ma respiration, alors que chaque nouvelle goulée d’air venait brûler mes poumons ainsi que ma gorge desséchée. Bien que ses mots aient été sèchement, je devais l’avouer, j’avais été… Troublé. « Maintenant, la ferme et avance. » Baissant les yeux, je la laissais continuer à me tirer comme un fardeau qu’elle aurait à emporter avec elle trop éberlué que pour tenter une quelconque réponse. Je ne savais plus si l’image que je me faisais d’Eglenver depuis que j’étais au treize était celle que mes hallucinations m’avaient apportée où alors si mes souvenirs étaient les bons. J’avais, toujours, un peu du mal à mettre de l’ordre dans mes idées. Que ça soit avec ou sans médicaments circulant dans mon sang.

Cette course était en train de me vider de mon énergie, mais plus que ça, je sentais le froid prendre mes membres. Mes poils se hérissèrent dans ma nuque alors que continuant à courir le vent s’abattait toujours avec autant de véhémence contre mon torse toujours aussi cinglant et glacé. Les yeux posés sur le sol, à penser à mon prochain pas, j’ai l’impression que le silence pesait sur mes épaules. J’avais envie de m’arrêter, laisser mes poumons se reposer et me faufiler dans les couvertures rêches et d’un blanc immaculé de ma chambre. Sauf que j’étais dehors, sauf que j’étais prêt à suivre Eglenver, même si je ne savais pas où cette dernière allait bien pouvoir nous mener. La voix de la jeune femme fend alors l’air, je m’étonnais de l’entendre chanter tout à coup. Relevant les yeux, mon regard se planta dans son cou sans pour autant qu’un de nous deux ne ralentisse le pas. Je ne m’intéressais pas tant aux paroles qu’à sa voix que je connaissais si bien. Cette voix qui peuplait les derniers souvenirs de ma vie, cette voix qui m’avait accompagné lors de nombreuses nuits blanches où seul dans ma chambre mon esprit me torturait. Une voix que j’avais aimé, que j’avais détesté, que je ne pensais plus jamais entendre. Mes pieds continuaient à avancer tout seul alors que je me concentrais sur Eglenver, présence silencieuse derrière celle-ci. C’est alors que le tonnerre se mit à gronder et que la pluie s’abattit sans prévenir sur nous. Je sentais les goutes humidifier mes cheveux, se mettre à glisser le long de ma nuque avant de continuer leur descente le long de mon dos. Ayant enfin atteint l’orée de la forêt, c’est un plaisir de sentir l’odeur si particulière des bois. Une odeur que j’avais oubliée depuis longtemps.

Lorsque la jeune femme s’arrête enfin, je me courbe légèrement vers l’avant, cherchant tant bien que mal l’air qu’il me fallait pour emplir mes poumons. Ces derniers étaient douloureux, mon cœur battait frénétiquement alors qu’à moitié trempé, j’avais l’impression de sentir mon sang se glacer dans mes veines. Me redressant avec difficulté, je tente de reprendre un pouls normal et de calmer ma respiration bien trop hachurée. « Je... Tu veux... Ma... Veste ? » Eglenver est dans le même état que moi, bien qu’elle récupère une respiration normal finalement. Me débattant encore un peu avec mon souffle, je réponds en la regardant : « Je…j’ai…j’ai froid. » Ce n’était pas un moment pour jouer le héro, de toute manière ça faisait longtemps que je n’avais plus la force de jouer à ces jeux-là. Je n’en étais pas moins pathétique à trembler comme une feuille à chaque nouvelle goutte de pluie venant tracer un réseau sinueux sur ma peau. Reprenant finalement mon souffle, c’est apaisé que, les yeux clos, je levais mon visage vers le ciel, sentant la pluie glacé s’écraser sur mes joues avec plusieurs malgré la morsure froide des goutes. « Je pense qu'on devrait s'éloigner le plus possible du Treize. Te sens-tu encore capable de courir ? » Ouvrant les yeux, je reportais mon regard sur la belle avant de le poser sur le chemin qui allait nous éloigner du treize. J’aurais du songer aux pours et contre de la course, par exemple le sentier allait bientôt devenir boueux à cause de la pluie et donc dangereux pour courir, ou encore, marcher risquait de nous tenir trop longtemps trop près du treize. Néanmoins, seul le silence et la quiétude de cette forêt sous la pluie me parvenait. A croire que j’avais toujours la tête sous l’eau et que j’observais le monde caché derrière un rideau aqueux. « Je sais pas si je saurais tenir le rythme. »Mais j’étais prêt à courir si elle me le demandait. Prêt à me jeter à corps perdu sans une hésitation si elle me le proposait. J’étais bien incapable de songer par moi-même, de songer à ma survie, à notre survie. J’avais perdue l’habitude. Je ne savais plus comment faire alors si Eglenver le faisait, je n’avais rien à rajouter. De toute manière je n’avais pas su nous sauver pendant les jeux, rien ne permettait de dire qu’ici ma personne ferait pencher la balance. Malgré ce que la jeune femme avait dit plus tôt, je ne comprenais toujours pourquoi elle m’avait prise avec. « Tu as dit que tu tenais à moi… Pourquoi ne pas simplement me laisser, avancer et croire que je n’étais qu’une illusion. Ca aurait été plus simple non ? » Je ne craignais absolument pas sa réponse et je désirais pas ardemment la connaître pour autant. J’étais un peu comme un enfant qui met le doigt juste où ça fait mal sans se soucier de ce que ça pouvait signifier.


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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 5 Mai - 23:06

L'odeur de la forêt m'a manquée. Cela fait une éternité que je ne l'ai pas humée. Au district 13, je pensais parfois détecter tel ou tel composant de ce fameux parfum, mais ce n'était sans aucun doute qu'un mauvais tour de la part de mes sens olfactifs. Ici, la fragrance est beaucoup plus intense et envoûtante. C'est celle qui habite la forêt du district 7, celle qui m'a vue grandir et a connu mes joies et mes peines. Tous mes souvenirs d'enfance semblent être imprégnés de cette odeur qui mêle sève, lichen, terre fraîche et écorce. C'est assez étrange de me retrouver dans cet environnement familier avec Skyler. La dernière fois que nous avions arpenté une forêt, c'était dans l'arène, la veille de notre mort. On avait alors dormi en hauteur après avoir fait la rencontre de Zoé. Cette dernière avait survécu bien plus longtemps que nous – elle était même allée en finale. Mais voilà, Alexiane, la grande gagnante, l'avait tuée, et elle avait été sauvée comme nous par le Treize. Une énième pauvre fille devenue folle. Pourtant, dans l'arène, elle n'était pas si mauvaise. Quoiqu'il en soit, c'était bien dans une forêt que nous l'avions croisée. Sauf que ladite forêt était truffée de caméras. Ici, nous sommes libres, et, encore mieux, rebelles. « Je…j’ai…j’ai froid. » Je me concentre de nouveau sur mon interlocuteur, qui grelotte alors qu'il reprend son souffle. Ses propos me forcent à me délester de ma veste en cuir. Le voir ainsi torse nu sous la pluie me fait un peu de peine. Je lui dépose le vêtement sur les épaules, en effleurant involontairement ses muscles noueux. « Tiens. Je n'ai pas froid, moi. Et si c'est trop petit pour toi, hmm... Tu pourras au moins te couvrir. » Mais malgré ce que je lui assure, la morsure du froid est plutôt violente sur mes bras désormais nus. Le T-shirt que je porte n'est vraiment pas adapté à ce type de climat. J'aurais dû penser à prendre un pull en laine dans l'armoire que j'avais trouvée tout à l'heure. J'avais été bien sotte de croire que mon évasion du Treize se ferait en toute tranquillité. A ce propos, l'on peut toujours entendre des déflagrations sourdes de là où on est. Les troncs des conifères ne formeraient pas une barrière très efficace contre les regards de possibles pacificateurs. Il faut qu'on reprenne notre marche. « Je sais pas si je saurais tenir le rythme. » Je lui adresse un regard désolé. Même si je ne suis pas habituée à l'exercice physique, ma petite escapade dans les sous-sols du Treize a été un échauffement efficace. Skyler, lui, doit être complètement paralysé par cette course dans le froid printanier. Je suppose que dans sa cellule, on ne l'autorisait pas non plus à s'adonner à du sport. Et même si le jeune homme semble toujours aussi costaud, je vois bien à son visage crispé que cette ruée a été douloureuse pour lui. Mais son malêtre ne semble pas le préoccuper énormément, puisque lorsqu'il reprend la parole, c'est d'un tout autre sujet dont il est question. « Tu as dit que tu tenais à moi… Pourquoi ne pas simplement me laisser, avancer et croire que je n’étais qu’une illusion. Ça aurait été plus simple non ? » Je grommelle. Il est désespérant. Après tout, je l'ai en quelque sorte sauvé, non ? Ne peut-il pas simplement m'être reconnaissant, au lieu de se poser mille questions auxquelles je n'ai pas de réponse ?

« Tu te vois franchement vivre avec ça ? Avec le doute d'avoir laissé filer la personne qui te... Enfin... d'avoir laissé filer un ancien ami ? Avec qui tu as partagé les Hunger Games et que tu croyais mort ? » Je soupire. Pour une fois, je me suis exprimée sans m'emporter, d'un ton calme. Ce qu'il me demande est trop stupide. Il croyait vraiment que j'allais l'abandonner ? Je ne suis pas masochiste ! Du moins, pas à ce point-là. « Je m'en serais voulue. Ça m'aurait torturé. » Je lui adresse un petit sourire contrit puis laisse le silence s'installer. On peut entendre les subtils clapotements feutrés qu'émet la pluie en se frayant un chemin parmi les branches des pins. Parfois, un bref bruissement se fait entendre dans la canopée, indiquant la présence d'oiseaux. Tout cela est assez envoûtant. Dommage qu'on ne puisse pas restée ici plus longtemps. « Si on ne peut pas courir, marchons, au moins » Je me détourne sans un mot de plus et entame une marche assez lente, qui aurait pu être agréable si la pluie ne tombait pas inlassablement. En plus de me procurer une sensation peu plaisante, cette averse me frigorifie et me fait sans doute ressembler à une otarie. Mes Rangers s'enfoncent à fréquence régulière dans le tapis épineux formé sur le sol, et je ne peux m'empêcher de penser à un bon lit douillet. La seule raison qui me motive pour avancer, c'est mon envie de m'éloigner du Treize. Quoique, ce n'est pas la seule. Il y a aussi Skyler, le jeune homme qui me suit. Sa présence à mes côtés trouble mes pensées.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeLun 7 Mai - 19:40

La pluie me glaçait, cette dernière ruisselait sur mon torse et dans mon dos, glissant allègrement sur ma peau glaçant par la même occasion mon sang. C’est pathétique et essoufflé que je répondais à Eglenver. La voyant retirer la veste qui la protégeait de la pluie, je me mordillais la lèvre inférieure alors qu’elle la passait sur mes épaules. « Tiens. Je n'ai pas froid, moi. Et si c'est trop petit pour toi, hmm... Tu pourras au moins te couvrir. » La veste posé sur mes épaules, en effet, cette dernière était trop petite pour moi, mais c’était déjà mieux que de sentir la pluie me glacer jusqu’aux os. Continuant à regarder la jeune femme, je remarquais l’eau qui perlait dans ses cheveux, allant aussi commencer à imbiber son t-shirt. J’avais de la chance qu’elle se soit montrée attentionnée. Dans ma chambre, les personnes qui s’occupaient de moi n’avaient pas l’habitude de me porter une quelconque attention. Voir quelqu’un, autre que Catalina, véritablement s’intéresser à moi autrement que si j’étais un jouet à rafistoler me changeait. J’avais, je crois, perdu l’habitude. « Merci, vraiment. » Levant mon visage vers le ciel, seul mes cheveux, mouillé, subissait encore les attaques répété de la pluie. Je semblais apaisé, mais Eglenver me ramena à la réalité en me demandant si j’étais encore capable de courir. Le peu d’exercice physique qu’on venait de faire m’avait déjà largement épuisé, plus que ça n’aurait dû. Je n’avais juste plus l’habitude de me dépenser, dans le district, je ne faisais que manger, me faire du mal et rester assis. Dans ces activités il n’y avait pas beaucoup de place pour un peu de sport et même si ça ne se remarquait pas au premier coup d’œil, j’avais perdu de ma maigre condition physique.

Interpellé par mes pensées, je changeais de sujet sans me soucier des bruits de fonds, déflagrations et autres bruits preuves d’agitation, je lui posais alors simplement la question qui me venait à l’esprit. Son grommellement prouvait que j’avais touché le point où ça faisait mal. Et même si j’avais cru qu’elle s’emporterait, la belle parla calmement, un peu blasé par ma personne certainement. « Tu te vois franchement vivre avec ça ? Avec le doute d'avoir laissé filer la personne qui te... Enfin... d'avoir laissé filer un ancien ami ? Avec qui tu as partagé les Hunger Games et que tu croyais mort ? » Mes yeux plantés dans les siens, j’haussais les épaules. Je repensais aux Hunger Games, au terme qu’elle avait utilisé, non, nous n’avions pas partagé les Hunger Games, nous les avions subi. Nous en étions mort même si notre présence ici, face à face, semblait prouver le contraire. « Je sais pas, je pensais jamais te revoir en… en vrai. » Parce que bien sur elle avait peuplé mes cauchemars, peuplé mes souvenirs, mais surtout mes regrets. « Je m'en serais voulue. Ça m'aurait torturé. » Sa phrase semblait clôturer le sujet, son sourire clôturer renvoyait au fantôme de mon sourire. On avait l’air malin, face à face, debout sous la pluie, quelques cheveux d’Eglenver venant se plaquer contre son visage, mes cheveux à moi, collé à mon front. Le silence remplace nos mots, mais il n’a aucun effet sur nos maux. J’aurais aimé qu’on se trouve à un autre endroit, j’aurais aimé qu’on se soit rencontré à un autre moment. Un instant où nos vies n’avaient pas été tracée jusqu’à nos tombes sans qu’on ne puisse rien y changer. Peut-être que notre première rencontre aurait été aussi catastrophique, mais sous de meilleur auspices peut-être ne serions-nous pas deux adolescents au sourire brisé à regarder l’autre au bord du gouffre. Peut-être… Peut-être que le Capitole aurait réussi à nous mener ici tout de même. Baissant les yeux en cherchant à faire sortir ces pensées de ma tête, je suis le premier à baisser les yeux.

« Si on ne peut pas courir, marchons, au moins » La regardant se retourner, je me mets à marcher derrière elle en silence. Mes yeux rivés sur le sol, je fais attention à où je pose mes pieds, le pauvre ersatz de chaussure que j’avais ne ressemblait en rien aux rangers de la jeune femme qui me devançait de même pas un mètre. Seul avec mes pensées, je sens la veste en cuir se réchauffer au contact de ma peau alors que mes yeux sont de plus en plus humides. J’étais bien plus habitué au fourneau brûlant des mines où on se tue à la tâche à longueur de journée. Manquant de trébucher à cause d’une branche qui craque sous mon poids, je retrouve mon équilibre de justesse tout en posant mes yeux sur Eglenver. Cette dernière marchant silencieusement devant moi, la tête haut en bonne meneuse de troupe. Il n’empêchait qu’elle devait avoir froid avec son t-shirt mouillé. Attrapant la veste qu’elle m’avait passée, je tendais mes bras au-dessus de ma tête avant de la rattraper en quelques grandes enjambées. La veste au-dessus de nos deux têtes, nous étions protégés de la pluie. « C’est mieux comme ça, non ? » Un léger sourire s’inscrivit sur mes lèvres alors que je baissais les yeux sur la jeune femme sans pour autant m’arrêter de marcher. Je sentais son épaule de temps en temps effleurent mon torse alors qu’on ne cessait, ni l’un ni l’autre, d’avancer tout droit. « Tu sais, je me suis toujours promit… enfin, si j’avais la chance un jour de pouvoir te faire face où faire face à Kirsen… dans ma chambre, je me suis souvent dit que je devrais m’excuser. Tu vois ? Me faire pardonner pour … pour ce que j’ai pas réussi à faire… » Les protéger, je n’avais protéger ni une ni l’autre. Je pensais parfois que ça m’aurait été plus simple si les rôles avaient été inversés, si j’étais mort à la place de Kirsen laissant les deux jeunes femmes à elles même. Mais j’avais honte de me dire ça, je les aurais abandonné si ça avait été le cas. C’est juste que j’aurais moins mal maintenant si ça avait été le cas.

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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeSam 12 Mai - 17:28

Je ne sais pas où cette fuite va nous mener. Et à vrai dire, ça m'importe peu, car dans tous les cas, nous serons libres. C'est le principal, pas vrai ? « Merci, vraiment. » Skyler me gratifie d'un léger sourire alors que je pare ses épaules de ma veste de cuir noir. Je le lui rends, sans avoir réellement à me forcer. C'est un sourire sincère qui étire la commissure de mes lèvres. Un sourire comme j'en ai rarement. Cette conclusion m'effraie un peu, mais puisque je me sens bien, je ne cherche pas à réfléchir davantage. J'apprécie vraiment le jeune homme qui me fait face. C'est tout ce qui compte. Après tout ce que nous avons enduré, je pense que je n'ai plus vraiment de raison de cacher l'affection que j'ai pour lui. Ce dernier reprend d'ailleurs la parole de sa voix grave et suave : « Je sais pas, je pensais jamais te revoir en… en vrai. » Je pince les lèvres. Moi non plus, je ne pensais pas que cela arriverait. Dans mon esprit, Skyler se trouvait dans le district 12 depuis la fin des Jeux. Dans un cercueil. Son corps nourrissait les insectes qui devaient grouiller dans cette contrée que je savais hostile. Je m'étais longtemps représentée cette image, bien que ma raison me l'interdisait. A y songer de nouveau, j'avais envie de vomir. Un Skyler mort perdait toute sa grâce dans mon esprit, et me donnait envie de me rouler en boule, de me renfermer sur mon petit être. C'est ce que j'avais fait jusqu'alors, me rappelant le dernier regard qu'il m'avait adressé alors que nous mourrions dans l'arène, nos corps plongés dans une mer baignée de nos sangs mêlés. Je lui avais souris dans un dernier effort, concentrée sur cette étincelle de vie qui illuminait ses prunelles, et qui s'était finalement éteinte avant que tout s'effondre. Oui, je crois qu'il était mort quelques fractions de secondes avant moi. C'est un petit détail, certes. Qui m'avait cependant longtemps traumatisée.
Il faut que j'arrête d'avoir ce genre de pensées morbides. Je prends une longue inspiration et m'enfonce avec vigueur dans les tréfonds de la forêt. J'entends au bruit de ses pas que Skyler me suit. Ça me rassure. Il est bien là, vivant. J'ai envie de le regarder encore, comme pour m'en assurer.

Nous parcourons un kilomètre, peut-être deux, sans piper mot, trop concentrés sur nos propres pensées. Soudain, je sens que la pluie ne coule plus sur mes bras nus. Je relève la tête et m'aperçois que la canopée pinière m'est cachée par la veste en cuir que j'ai prêtée à Skyler. Ainsi, je suis protégée de l'averse qui sévit encore aux alentours. « C’est mieux comme ça, non ? » Je ris cependant que je continue à marcher. Cette marque d'attention de sa part me fait plaisir. « Tu as un peu l'air ridicule, mais oui ! » Je suis apaisée. Il me semble que le soleil pointe de nouveau son nez, perçant de ses rayons dorés l'entrave cotonneuse des nuages. Un arc-en-ciel illuminera peut-être bientôt le ciel ? « Tu sais, je me suis toujours promis… enfin, si j’avais la chance un jour de pouvoir te faire face où faire face à Kirsen… dans ma chambre, je me suis souvent dit que je devrais m’excuser. Tu vois ? Me faire pardonner pour … pour ce que j’ai pas réussi à faire… » Ma bonne humeur nouvellement acquise s'effondre. Je sers les dents pour éviter une injure de fuser. Je n'ai pas envie de l'entendre dire ce genre de choses. J'ai juste envie qu'il soit satisfait de partir du Treize, qu'il me remercie, qu'il me rassure... Mais de toute évidence, il est encore trop perdu ou trop torturé pour faire cela. Je l'admoneste vivement, ma voix se dotant d'une âpreté sincère. « Pitié, arrête ça. Tu n'es coupable de rien. Genesis nous a pris en embuscade, voilà, c'est tout. Point. On n'a pas à s'en vouloir. Elle était plus maligne, c'étaient les Hunger Games... Je ne suis même pas sûre de lui en vouloir. Et si elle a été sauvée – je n'en sais rien, à vrai dire - j'aimerais bien qu'elle le sache. C'étaient les règles, après tout, non ? Elle n'a fait que les suivre... » Je ne sais même pas si cette fille rousse, Genesis, a été sauvée. Je crois qu'elle venait du district Dix, et qu'elle est morte quelques jours après nous, peut-être tuée par des mutations génétiques. Nos meurtres n'ont donc pas suffi à la mener à la victoire...

Je sens que ma déclaration a glissé un voile de tension sur nous. Je ralentis la cadence pour que Skyler ait le temps de me rattraper ; ainsi nous marchons côte à côte. J'essaie de radoucir la situation en prenant un ton neutre : « Dis, tu sais qui a été ressuscité par le Treize ? Personnellement, j'ai pu parler à Kathleen, Catalina, Zoé et Jessie. Mais je ne sais pas s'il y a eu d'autres rescapés de ton genre... » Après tout, le Treize n'en serait pas à ses premiers non-dits. Je déteste le Treize. Heureusement que nous nous en éloignions... Ici, à quelques kilomètres de cet endroit maudit, je me sens plus libre et moins craintive.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeDim 13 Mai - 18:00

Après un long silence, trop long bien que je m’étais habitué à l’absence de mots, je décidais de mon propre chef de protéger Eglenver de la pluie en même temps que moi-même. Un sourire sincère avait pris place sur mes lèvres, pas de ceux qui étaient de mauvais présages. C’était juste un sourire, sincère et au goût oublié. « Tu as un peu l'air ridicule, mais oui ! » Son rire, dont j’avais tout oublié, résonna à mes oreilles alors que le soleil perçait une ouverture à travers les nuages. C’est presque avec bonne humeur que j’avançais, la jeune femme à mes côtés sans rien pour ombrager la route. C’était presque, car je ne pouvais lutter contre les remords qui tournaient sans cesse autour de ma tête. Avant même qu’elle n’ouvre la bouche, je savais déjà que mon amie n’avait pas appréciée mes paroles. Je le savais d’avance qu’elle n’allait pas supporter que je remette le sujet sur la table, mais plus que ça quelque chose dans sa personne s’était bloqué. Il s’agissait peut-être d’une raideur nouvelle dans le maintien de son cou, une froideur dans son regard. Je ne savais pas trop, mais je sentais bien que c'était là. J’aurais pu regretter mes mots, tenté de les effacer en disant que ça n’était rien. Toutefois, ça aurait été mentir. Toutefois, j’avais besoin d’en parler. Besoin d’alléger le fardeau qui pesait sur mes épaules et qui jour après jour me clouait au sol. J’en avais besoin et me faire réprimander par Eglenver à ce sujet était la dernière chose que je pouvais bien désirer. « Pitié, arrête ça. Tu n'es coupable de rien. Genesis nous a pris en embuscade, voilà, c'est tout. Point. On n'a pas à s'en vouloir. Elle était plus maligne, c'étaient les Hunger Games... Je ne suis même pas sûre de lui en vouloir. Et si elle a été sauvée – je n'en sais rien, à vrai dire - j'aimerais bien qu'elle le sache. C'étaient les règles, après tout, non ? Elle n'a fait que les suivre... »

Sans le vouloir, je ralentissais, comme abattu parce qu’elle avait bien pu dire. Ne pas en vouloir à cette fille alors qu’elle nous avait tués ? Ne pas avoir ne serait-ce qu’un peu de rancœur alors qu’elle nous avait séparé, nous envoyant à la mort sans ciller ? Silencieux, les yeux posés sur le sol, je cessais de tendre les bras en l’air pour nous protéger de la pluie, quasiment inexistante désormais. La veste sur les épaules, j’étais un peu sonné, comme si je venais de me recevoir un coup de poing en pleine face. Ma voix sèche comme du papier de verre, je souffle quelques mètres derrière Eglenver : « Je les détestes. » Autant cette fille, autant Alexianne que les autres. Ceux qui se sont prêtés aux Jeux, qui ont suivi les règles. Bien sûr, je me détestais par-dessus tout pour avoir laissé le Capitole me transformer, mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien faire d’autre que de me détester, les détester. Je ressentais tellement le mal, tellement le mauvais, la haine, les regrets, que je n’avais plus de place pour le bon. Plus de place pour l’étonnement, la joie, plus de place pour trouver un peu de bonheur à grappiller aux souvenirs heureux que j’avais laissé derrière moi.

La tête baissé, j’avançais sans un mot avant de me rendre compte que la jeune femme était à nouveau à mon flanc droit. La regardant du coin de l’œil un instant, je me remettais à contempler le sol droit devant moi. « Dis, tu sais qui a été ressuscité par le Treize ? Personnellement, j'ai pu parler à Kathleen, Catalina, Zoé et Jessie. Mais je ne sais pas s'il y a eu d'autres rescapés de ton genre... » Sa voix est neutre, comme s’il s’agissait d’une question banale. Il n’empêchait que j’étais intéressé par ce qu’elle disait. Je n’avais croisé jusqu’alors que Catalina et mise à part m’aider à gérer mes crises de folies passagères, nous n’avions pas encore abordé de sujet aussi important que les Jeux et tout ce qui s’en rapportait. Prenant une longue inspiration comme pour jauger les émotions qui se mêlaient en moi, je hochais négativement la tête encore un peu trop aux prises avec mes émotions que pour exprimer clairement ce que je pensais. Après un bref silence, je m’exprimais finalement toujours un peu gauche : « Je ne sais pas. J’ai passé mon temps enfermé dans ma chambre entourée des mêmes personnes que je ne connaissais pas. Jusqu’à ce qu’on appelle Catalina lorsque j’ai fait un… un dérapage. » Si on pouvait qualifier une autre de mes crises de rage ainsi. Je n’avais pas envie d’effrayer la belle, pas envie de l’alarmer sur mon cas bien qu’elle méritait de savoir. J’aurais du tout lui dire, lui expliquer clairement que les choses ne tournaient plus rond dans ma tête ces derniers temps. Mais j’avais un peu peur, peur qu’elle me laisse là en comprenant à quel point ça pouvait être grave. Peur qu’elle s’en aille sans un regard en arrière me laissant une fois encore aux prises avec mes démons. « Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans ma chambre, mais ils ont dit que c’était pour mon bien, que c’était pour le bien des personnes du district. J’ai mal réagit à ce retour à la vie forcé. Je ne savais pas qu’ils avaient aussi réussi à te récupérer. Si j’avais su peut-être que… » Peut-être que j’aurais eu moins mal, moins longtemps. Peut-être qu’au lieu de me sentir seul tout ce temps j’aurais pu comprendre qu’au contraire d’autres souffrait comme moi. J’aurais eu quelqu’un pour me comprendre au lieu de m’enfoncer toujours plus bas. Si seulement ça c’était passé autrement. C’était fou comme j’aurais préféré que les choses soient différentes, c’était fou comme de toutes manières je ne pourrais jamais les changer. J’avais besoin de quelqu’un pour me soutenir, c’était pour ça qu’on m’avait amené Catalina. J’avais besoin de quelqu’un pour comprendre, me comprendre et comprendre ce qui ne tournait pas rond en moi car je n’y arrivais pas. « Tu veux marcher jusqu’où comme ça ? Tu as un plan que tu t’es échappée ainsi du district ? » Jusqu’alors, je n’avais pas pensé à la destination de notre voyage, j’avais suivi la jeune femme sans songer à ce qui la poussait à s’échapper, sans songer à où on allait bien pouvoir atterrir. Je m’enfuyais avec elle car je ne savais pas quoi faire de mieux que la suivre. Parce que j’étais idiot, incapable de prendre mes décisions et peut-être qu’en dehors de cette prison dorée j’allais pouvoir me sauver. Peut-être allait elle pouvoir me sauver.


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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeMar 22 Mai - 17:40

« L'arène nous aura tous. Je te l'avais dit, mais tu n'avais pas voulu me croire ; chacun des tributs sera obligé de tuer ou d'être tué. Qu'on le veuille ou non. » Je m'en rappelle parfaitement. Ce sont les paroles exactes qui avaient résonné au creux de cette grotte, alors que nous tentions de nous acclimater à la froideur de cette nuit que nous passions dans les montagnes inhospitalières de l'arène. Oui, je m'en rappelle parfaitement, et ça ne me paraît même pas bien loin. Comme si c'était hier que j'avais dit cela à Skyler. Ou avant-hier, peut-être. Pourtant, beaucoup de choses ont changé, aujourd'hui. A cette époque, nous pensions encore avoir une chance de gagner les Hunger Games – même si cet espoir nous semblait fantaisiste. A cette époque, nous ne connaissions pas l'ampleur des épreuves qui nous attendaient. A cette époque, nous ne nous étions pas préparés à mourir aussi brusquement. Aussi naturellement. Mais à cette époque, nous ne pensions pas non plus que nous nous aurions l'occasion de nous retrouver, de nombreux mois après la victoire d'un des tributs, à deux, dans une forêt du nord du pays. Cette idée aurait été tout bonnement incroyable. Un seul des participants aux Hunger Games ressort vivant du combat. Ce sont les règles. Et pourtant, actuellement, nous sommes bien vivants, malgré toute la rage, la colère, la tristesse, la solitude, le manque et la douleur que nous avons ressentie. Oui, le temps a passé. Mais pourtant, les paroles que je lui ai dites, cette nuit de juillet durant laquelle il se lamentait d'avoir tué un tribut, ne me semblent pas étrangères. Je crois encore en ces paroles : elles me semblent justes et vraies. Et c'est ce que j'essaye de lui expliquer, même s'il ne semble pas très coopératif.

Qui pouvait, à l'époque, croire que la conversation que nous avions entamée se poursuivrait plus de six mois après la fin des Jeux ? Personne. A vrai dire, je ne suis pas vraiment certaine que les Jeux se sont terminés il y a six mois. C'est comme si j'avais hiberné pendant un long moment. J'ai perdu la notion du temps. En quel mois sommes-nous ? Combien de temps le Capitole a-t-il attendu pour attaquer le Treize ? Sait-il que des tributs ont été sauvés ? « Je les déteste. » La voix de Skyler me ramène à l'instant présent. Je reste quelques secondes sans comprendre, avant de me rappeler que nous parlons de Genesis et de tous les meurtriers des soixante-quinzièmes Jeux de la Faim. Je soupire en lançant un regard au jeune homme. Il a les sourcils légèrement froncés, signe de sa rancœur. Il est toujours un rancunier inextinguible. Même la mort ne change pas ce genre de choses. « Je crois que c'est normal. Mais personnellement, je ne les tiens en rien responsables de notre mort... » Je détourne le regard, lui signalant implicitement que je ne désire pas qu'on s'épanche sur le sujet. Je n'ai décidément pas envie de me disputer avec Skyler alors que nous venons tout juste de nous retrouver. Mon pouls s'accélère à cette pensée. Je l'ai retrouvé. Est-ce possible ?

« J’ai passé mon temps enfermé dans ma chambre entouré des mêmes personnes que je ne connaissais pas. Jusqu’à ce qu’on appelle Catalina lorsque j’ai fait un… un dérapage. » J'acquiesce silencieusement sans cesser de marcher. Un dérapage. Il devait être sacrément secoué pour que le Treize le sépare de notre petit groupe de survivants. Qu'est-ce qui pouvait bien les avoir forcés à le mettre à l'écart ? La folie ? Non. Nous étions tous fous. La violence, dans ce cas ? La schizophrénie ? Tout cela combiné ? En tout cas, je trouve ça vraiment dégueulasse. Ensemble, nous sommes parvenus à remonter légèrement la pente – même si personnellement, je ne sens toujours pas très intégrée dans leur bande de dégénérés. Mais si on m'avait mise toute seule, je crois que ça aurait été encore pire. Même si je détestais Jessie ou Kathleen, leur contact me permettait au moins de continuer à entretenir une maigre vie sociale. J'avais l'occasion de parler, de m'agacer, de hurler... Skyler, lui, était resté seul avec lui-même pendant tous ce temps. Je commence à comprendre l'état d'égarement dans lequel il était quand je l'ai trouvé tout à l'heure. Si les médecins du Treize avaient cru que le placer sous verrous serait une thérapie efficace, ils étaient encore plus demeurés que je le pensais. « Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans ma chambre, mais ils ont dit que c’était pour mon bien, que c’était pour le bien des personnes du district. J’ai mal réagi à ce retour à la vie forcé. Je ne savais pas qu’ils avaient aussi réussi à te récupérer. Si j’avais su peut-être que… » Je déglutis lentement, cependant que je me mets à fixer mes pieds d'une manière peut-être trop intense. « Je comprends. Perso, j'aurais bien voulu qu'ils me révèlent que tu étais vivant. Ça m'aurait aidée, je crois. Je leur en ai beaucoup voulu de m'avoir sauvée moi plutôt que toi. M'enfin, maintenant que je sais qu'ils m'ont menti pendant tout ce temps, je leur en veux davantage, donc bon... » J'esquisse l'ombre d'un sourire en relevant le visage. Skyler est à mon côté et a calqué son pas sur le mien. J'ai envie de le regarder intensément, ou bien de toucher sa peau pour m'assurer qu'il est bien là avec moi, mais je me retiens. Allons, Eglenver, ne passe pas pour une psychopathe. Pas tout de suite.

Nous progressons de quelques centaines de mètres encore avant que Skyler m'interpèle de nouveau. La pluie s'est arrêtée de tomber il y a quelques minutes déjà. « Tu veux marcher jusqu’où comme ça ? Tu as un plan que tu t’es échappée ainsi du district ? » Je prends une longue respiration, alors que je cherche la réponse à une question que je ne m'étais même pas posée. Où aller ? Je n'y ai pas songé. J'avais juste dans l'esprit de m'enfuir du Treize. Désormais, c'est fait. Il faut que je prenne une initiative, mais je n'en éprouve pas l'envie. « Euh... Non, pas trop. Tu crois qu'on devrait aller où ? On ne peut pas rester indéfiniment dans la forêt, si ? » On n'a rien avec nous, exceptés les quelques fruits que j'ai emportés dans mon sac. Avec ça, on ne va pas aller très loin. Et même si nous pouvons chasser, pêche, fabriquer une cabane et trouver de l'eau, cela ne pourra pas durer éternellement. D'autant plus que je vais me lasser rapidement de cette vie sans relief. Il faudra donc logiquement qu'on franchisse les barrières d'un district. Un jour ou l'autre. Pas maintenant. Dans quelques semaines, peut-être ? Mais pour quoi faire ? Nous n'avons aucun but. C'est terriblement agacement, maintenant que je m'en aperçois.

Et soudain, alors que l'espoir semble m'avoir quittée, une question franchit mes lèvres sans que j'aie le temps de l'appréhender. « Tu crois que le district Sept est loin ? » Ma famille. Mes amis. Ma maison. Rose. Soho. Zemmer. Kenver. Ana. Maman. Les bois. La scierie. Les framboises. Tant de choses qui me semblent loin, mais que j'aimerais retrouver. Cependant, je ne sais même pas où en est ma famille, et l'idée de débarquer brusquement alors que tout le monde me pense morte me semble assez idiote. Et puis, où est le district Sept, au juste ? C'est ça, le plus important. On ne sait pas où est le Treize, par rapport aux autres districts de Panem. Soudain, je me sens un peu idiote, et totalement irréfléchie. « … Désolée. Retire-ça. Je suis conne. » J'adresse un regard interrogateur à Skyler, réclamant une quelconque aide. Mes genoux commencent à me faire mal, me rappelant qu'ils n'étaient pas préparés à cette longue marche. Il va falloir qu'on s'arrête.
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MessageSujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver]   I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Icon_minitimeMar 22 Mai - 19:47

Eglenver avait tout comprit, bien avant même qu’on ne mette un pied dans l’arène elle savait. J’avais cru qu’à coup beaux idéaux j’allais être capable de me garder, j’allais rester le même, mais bien du contraire. J’avais tout perdu, mes espoirs, mes souvenirs. Mon passé était une cicatrice béante qui semblait zébrer ma poitrine. Une cicatrice douloureuse et qui par moment suintait encore un pus douteux qui ravivait la douleur et me rappelait à son beau souvenir. Je détestais tout ceux qui étaient la cause de mes tourments, la rousse qui m’avait tué, Alexiane, le Capitole, même le garçon que j’avais tué. Je les détestais tous, bien que mon amie ne semblait pas partager mon avis. « Je crois que c'est normal. Mais personnellement, je ne les tiens en rien responsables de notre mort... » Je n’arrivais pas à comprendre sa distance, j’étais bien incapable de réagir ainsi. Bien incapable d’oublier. Pour moi, les pions qui se sont retrouvés dans l’arène à se battre étaient aussi coupables que ceux qui tiraient les ficelles. J’avais été un pion, je m’étais battu, j’avais perdu jusqu’à mon âme ou ce que je croyais être une âme pure. La belle avait détourné les yeux, signe que la conversation devait s’achever ainsi pour elle. Docile, je ne rajoutais rien, je n’avais pas le cœur à m’esquinter sans raison pour tout ce qui avait été perdue des mois plus tôt. Et pourtant, je n’avais cessé de le faire, enfermer avec moi-même dans une cage où je pouvais tranquillement consumer mon mal-être.

Peu désireux de parler, d’ajouter quelque chose d’autre qui pourrait nous mener sur une pente glissante, je laissais le soin de parler en premier à la jeune femme. Cette dernière relança rapidement la conversation avant de me laisser parler. Ma captivité était une chose que je n’avais toujours pas digérer. A force de ronger mes barreaux je n’avais pas réussi à libérer mon esprit. Je n’avais fait que le perdre un peu plus dans les méandres tortueux des divagations que j’avais eu dans ma cage. C’est pourquoi j’avais peur de la faire fuir. Eglenver ne savait pas, elle ne savait pas par quoi j’étais passé, les crises psychotiques, les élans de violence. Elle ne devait pas savoir, c’est pourquoi j’abordais le sujet en le frôlant à peine. « Je comprends. Perso, j'aurais bien voulu qu'ils me révèlent que tu étais vivant. Ça m'aurait aidée, je crois. Je leur en ai beaucoup voulu de m'avoir sauvée moi plutôt que toi. M'enfin, maintenant que je sais qu'ils m'ont menti pendant tout ce temps, je leur en veux davantage, donc bon... » Elle ne comprenait pas, elle croyait pouvoir le faire, mais elle ne s’imaginait même pas tout ce qui se cachait derrière mes mots. Je regrettais d’avoir trop peur que pour lui avouer le reste, mais elle ne pouvait pas comprendre les nuits blanches, le cœur qui lance et la douleur constamment présente sans raison. Elle ne comprenait pas ce que les souvenirs avaient bien pu me faire endurer, son souvenir en particulier. J’aurais aimé que ça fut le cas, j’aurais aimé qu’il lui suffise de me serrer dans ses bras pour tout effacer, mais sous ma peau, gravé à l’encre dans mon cerveau, il restait un résidu de cette douleur. Cette douleur que je n’avais pas oublié, que je ne pouvais pas oublier. Les yeux de la jeune femme rivée sur ses chaussures, je n’arrivais pas à m’empêcher de la détailler du regard, ça m’apaisait dans un sens. Elle n’avait pas changée, le temps avait passé et pourtant mes souvenirs étaient une copie conforme de ce que je voyais. Cependant, son sourire, bien que ténu et presque imperceptible, me semblait bien plus lumineux que tous ceux que j’avais bien pu imaginer. « Pourquoi tu leur en veux ? Leur seule erreur a été de nous ramener à la vie. » Et nous forcer à subir le poids de nos actes, celui de nos regrets. Je les détestais pour ça, m’avoir arraché au silence et à la quiétude que représentait la mort, où je pouvais payer pour mes erreurs.

Une question me vint à l’esprit, j’étais prêt à la suivre jusqu’à l’autre bout du monde, mais je ne savais même pas où elle voulait aller. Je l’imaginais s’être enfuie avec un plan, comme celui qu’elle avait eu avant les Jeux. Ce plan qui n’avait pas fonctionné, ce servir de moi, ça avait été si simple de la démasquée et pourtant, même si je ne l’avais pas prévu, je m’étais, un peu, attaché à elle. « Euh... Non, pas trop. Tu crois qu'on devrait aller où ? On ne peut pas rester indéfiniment dans la forêt, si ? » Je haussais les épaules sans savoir. J’avais pensé plusieurs fois à fuir mon district et vivre dans les bois, sauf que ça semblait si loin, à croire que je n’étais plus retourné au douze depuis de trop nombreuses années. « Tu crois que le district Sept est loin ? » Posant mon regard sur la jeune femme, je fronçais les sourcils sans comprendre de suite. Le district sept ? Je recouvrais bien vite la mémoire et me rappelais de ses origines. Je me rappelais surtout de notre altercation avant les Jeux lorsqu’elle avait cru que je la prendrais en pitié. Je n’avais jamais vu ce district, j’en avais entendu parler, mais je n’avais pas la moindre idée de à quoi sa pouvait bien ressembler. Est-ce que c’était comme mon district ? Je ne pensais pas. « Je n’en ai pas la moindre idée. Ça pourrait être à une journée de marche comme à plus d’une semaine de marche. » L’idée de marcher longuement ne m’enchantait pas vraiment. Déjà après notre petite course j’avais pas mal consommé mon énergie, alors marcher aussi longtemps me semblait impossible. Il n’empêchait que si c’était ce qu’Eglenver voulait, je la suivrais sans broncher. Je pouvais comprendre, à vrai dire je comprenais le désir qui l’animait. Si j’avais été différent, si j’avais été le garçon auquel ma famille avait dit au revoir, sans hésiter j’aurais pensé à aller les retrouver. Juste, même de loin, les revoir. Mais je n’avais aucun espoir, je craignais de retrouver mes frères morts de faim, mon père disparu après un éboulement dans les mines. Je ne pourrais pas supporter plus de mort, je le savais d’avance. « … Désolée. Retire-ça. Je suis conne. » Un peu étonné, je faisais un grand pas rapide en avant pour lui bloquer le passage avant de m’arrêter. La regardant dans les yeux, je restais quelques instants silencieux, les sourcils froncé, une moue plus froide que ce que je l’aurais voulue au visage. C’est d’une voix tranchante et froide que je disais : « Non. » Mordant avec une certaine retenue ma lèvre inférieure, je restais silencieux sans savoir vraiment que dire. Je devais avoir l’air idiot, me débattant dans ma tête pour trouver les bons mots. Sauf que je les avais perdus, ça faisait longtemps que je ne savais plus ce qu’il fallait dire à quel moment. J’étais trop gauche, trop à côté de mes pompes pour savoir. « Pourquoi on irait pas au district sept ? » Ma voix c’était faite douce, hésitante, comme un enfant qui demanderait quelque chose à ses parents sur un ton suppliant. Je n’aurais jamais la force de retourner chez moi. A défaut de pouvoir y arriver, je pouvais toujours l’aider. Je n’avais pas en tête les contraintes : les possibles semaines de marche, l’emplacement de son district qui nous était inconnu, ou bien même le fait qu’on était peut-être perdu au milieu de nulle part. Sauf que ça n’était pas important, ça n’avait pas d’importance, la seule chose qui comptait c’était de ne pas perdre ce dernier espoir. Un espoir ténu, fou, vacillant d’un jour pouvoir revoir nos parents, notre famille, vivants… Pouvoir revoir ceux qui nous sont chères une dernière fois. Puis ça ne semblait pas si fou, la mort n’avait pas pu se jouer de nous, ça n’était pas quelques données inconnues qui allaient le faire. J’avais besoin d’y croire, pour elle, pour moi.
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