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 Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen

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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeMer 7 Sep - 19:26

Je marchais d'un bon pas sur la route mal entretenue qui menait à l'hôtel de ville du district onze. Un coup d'oeil à ma montre m'apprit que c'était l'heure du souper; la chaleur était pourtant toujours étouffante. Les habitants que je croisais me dévisageaient comme si je venais d'une autre planète avant de baisser humblement la tête lorsque je leur lançais un regard noir. Ils avaient une bonne raison pour m'observer ainsi; je portais encore la tenue magnifique que j'avais choisie pour passer la journée avec ma soeur au Capitole. Mes plans avaient changés à la dernière minute, et je n'avais pas eu le temps de troquer ma robe voyante, toute en tons de bleu et de vert, et les escarpins assortis pour des vêtements plus confortables. Tant pis, je me débrouillerai bien. J'arrivai enfin à l'hôtel de ville et entrai sans marquer une hésitation; je connaissais les lieux. Deux couloirs et un escalier plus loin, je fis irruption dans le bureau d'un Pacificateur sans même frapper à la porte. Il était en train de paresser et sursauta lorsque je lui demandai sèchement: Où sont mes hommes ? . Pas de bonjour, pas de présentation. J'étais là pour le travail, pas pour bavarder. La peur que je lisais dans les yeux du Pacificateur me fit plaisir; cette grosse brute connaissait donc ma réputation. Ils...Ils vous attendent près de la grange...Mademoiselle Carter. S'empressa-t-il de répondre. Je hochai la tête et sortis du bureau sans gaspiller ma salive à ajouter quelque chose. Je savais à présent où je devais me rendre. La grange ne servait plus d'entrepôt depuis bien longtemps, mais un espion m'avait informée que les rebelles y tenaient parfois des réunions secrètes. C'était la raison de ma présence dans le district onze; je voulais faire peur aux rebelles, en tuer quelques-uns peut-être et interroger leurs chefs. Je souris intérieurement en pensant que ces idiots se croyaient encore en sécurité dans leur abri. Après avoir marché quelques minutes de plus, je m'approchai du bosquet voisin de la grange, où les Pacificateurs m'attendaient. Ils étaient une trentaine: largement assez pour maîtriser la poignée de rebelles qui se trouvaient dans la grange. Je n'arrivais pas à distinguer parfaitement leurs visages dans la pénombre du crépuscule, mais je voyais leurs armes briller. En position, prêts pour l'attaque. Lançai-je sans préambule d'une voix autoritaire. Ils m'obéirent aussitôt, se mettant en rangs de cinq. Je pris place à la tête de la colonne et sortis mon fusil de son étui. Ce n'était pas l'arme que je préférais, mais tant pis. Encerclez-les. Ordonnai-je. Je m'avançai à découvert et marchai droit sur la porte de la grange. J'entendais le son des pas légers des Pacificateurs qui allaient se positionner autour de la grange; je faisais plus de bruit qu'eux avec mes talons hauts, mais je m'en fichais. Il était déjà trop tard pour les rebelles.

J'allais bientôt commettre un nouveau crime au nom du Capitole. Tous les gens qui se trouvaient dans cette grange, du plus petit enfant au vieillard boiteux, étaient condamnés. Il me suffisait d'enfoncer la porte d'un coup de pied, et je pourrais détruire leurs existence. C'était ce que je faisais depuis des années, mon métier, mon talent. J'étais née pour ce rôle, pour être l'arme vivante du Capitole, pour être le symbole de la puissance du Président...pour enlever l'espoir à quiconque oserait se dresser contre le régime actuel. J'exécutais toujours mes missions avec professionalisme et sans laisser intervenir mon opinion ou mes pensées personnelles. Les Pacificateurs que je commandais m'obéissaient au doigt et à l'oeil; ils éprouvaient pour moi un mélange de crainte et de respect qui me plaisait. Je n'étais pas là pour me faire des amis. Froide et sans scrupules, c'était ainsi qu'ils me voyaient. J'étais leur suppérieure, ils devaient m'écouter et faire ce que je disais, même si cela leur semblait étrange ou suicidaire, point. Il m'arrivait parfois de sacrifier des hommes sans vergogne; leur vie n'avait aucune importance pour moi. C'étaient des pions, que je pouvais facilement remplacer par d'autres s'ils réfléchissaient trop aux horreurs que je les obligeais à commettre. Leurs émotions glissaient sur moi comme celles de mes victimes, j'étais imperméable à leur peur, leur haine, leur tristesse et leur joie. J'avançais dans la vie comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre, sans jamais m'arrêter ni me laisser atteindre ou émouvoir par ce que je voyais. J'étais la metteuse en scène de cette pièce, la femme qui tirait les ficelles sans se soucier de ses acteurs et qui écrivait un script toujours plus sombre et plus cruel. C'était moi, et personne d'autre, qui tenait toutes les cartes en main. Les gens qui me dérangeaient, je les éliminais sans la moindre hésitation. Je voulais livrer un travail parfait. Irréprochable. En choisissant cette voie, je ne compris pas tout de suite le prix à payer. C'est alors que les cauchemars commencèrent à faire leur apparition dans ma vie. Je me réveillais en criant ou en sanglotant et n'arrivais plus à me rendormir avant de nombreuses heures. Dans ces mauvais rêves, je voyais mes victimes, leur regard accusateur, leur yeux qui étaient comme des puits de souffrance et de haine. Je les entendais crier, je m'entendais crier moi, parce que j'étais eux et que leur douleur était la mienne. Les cachets que mon docteur au Capitole me fournissait, aidaient pour éviter ces cauchemars et dormir tranquillement, ils mirent fin à la dépression dans laquelle j'avais sombré, à ce gouffre infini qui m'aspirait sans cesse et me laissait sans énergie, comme un poisson jeté sur le sable. Ils me rendirent plus dure aussi, plus impitoyable. Je pouvais torturer des gens sans ressentir la moindre once de pitié, je pouvais les tuer sans sourciller. Pourtant, je n'y prenais toujours pas plaisir. Je cachais mes faiblesses derrière un masque dur et cruel. Peu de gens savaient qui j'étais vraiment, car j'avais peu d'amis. Quelques hommes et femmes avec qui je m'amusais au Capitole, oui, mais je ne me confiais jamais à eux. Les seules à qui je faisais confiance étaient ma petite soeur, Rosie, et ma meilleure amie Brianna. La petite Jules Winstead aussi, réussissait parfois à me faire ôter ma carapace pour montrer la vraie Aileen en-dessous. C'étaient trois filles douces et gentilles, à l'opposée de mon caractère, mais je les appréciais pour ça. Dans les districts, la plupart de mes relations étaient strictement professionelles. J'avais un petit faible pour le district onze, car il y avait là deux personnes que j'aimais particulièrement bien. Tous les deux étaient des Pacificateurs, des hommes durs et sans coeur en apparence. Le premier s'appelait Hunter, et il était mon ami depuis longtemps. Je pouvais lui raconter beaucoup de choses et nous travaillions souvent ensemble. Le deuxième s'appelait Phoenix, et avec lui, les choses étaient plus...compliquées. Son histoire était vraiment intéressante: il commença sa vie comme simple habitant du district. Il fut moissonné et gagna les Hunger Games en étant persuadé d'avoir tué sa soeur. Ce n'était pas le cas; la petite Domino vivait à présent au Capitole, après avoir découvert que ses vrais parents venaient de là. Je la connaissais, mais n'en disais évidemment rien à Phoenix, inutile de le troubler avec ça. J'avais été très étonnée lorsqu'il manifesta le désir de devenir Pacificateur. Au début, je n'étais vraiment pas sympathique avec lui, car je doutais de sa motivation et je ne lui faisais pas confiance. Pourtant, peu à peu, il s'était changé en un Pacificateur modèle, un homme cruel, sadique même, qui exécutait toutes ses missions sans broncher. J'avais été très dure avec lui, mais il ne sembla pas être fâché pour ça. Je commençai à l'apprécier de plus en plus, et pas que en tant que collègue... Comme il était agréable de m'amuser avec quelqu'un comme Phoenix, quelqu'un qui ne pleurnichait pas, qui n'était pas sentimental , qui ne se plaignait jamais lorsque je repartais pour le Capitole ! Bon, d'accord, les possibilités pour faire la fête au district onze n'étaient pas énormes, mais je ne m'ennuyais jamais avec lui. En plus d'être un Pacificateur excellent et un collègue de compagnie agréable, il était bel homme et je n'étais certainement pas insensible à ses charmes. Qui a dit que j'étais de glace ? Certainement pas moi.

J'enfonçai la porte et pénétrai dans la grange. Il y faisait sombre; l'endroit n'était éclairé que par quelques torches. Les rebelles, assis en cercle, sursautèrent et se retournèrent. La plupart d'entre eux n'avait même pas d'armes, c'était presque trop facile ! La fête est terminée. Annonçai-je froidement. Je tirai une seule balle, qui alla se ficher dans le front d'une jeune rebelle. Elle s'écroula sans bruit. Aussitôt, les Pacificateurs envahirent l'espace. Ce fut un chaos énorme, entre cris, injures et coups de feu. Je soupirai et ordonnai d'amener les chefs à l'hôtel de ville, de tuer les plus agressifs et d'emprisonner les autres. Ensuite, je me tournai vers le Pacificateur qui se trouvait à ma droite. Je l'avais reconnu depuis le début, bien sûr, mais je l'avais ignoré jusque là. Quant à vous, Monsieur Lewis...Mon Pacificateur Parfait... Dis-je d'une voix caressante. Vous allez veiller au bon déroulement de l'opération avant de me rejoindre dehors. Ces cris me donnent mal à la tête. . Je lui offris mon sourire le plus irrésistible et sortis de la grange, avant d'aller m'asseoir sur un banc à l'écart, entre les arbres. J'étais sûre que Phoenix allait parfaitement gérer la situation, et je n'avais pas envie d'assister à cette boucherie. Demain, j'interrogerai les chefs, ce serait déjà assez. Je soupirai et enlevai mes chaussures pour poser mes pieds à plat sur le banc frais. Il fallait que je sois patiente; de toute façon, je savais que Phoenix allait me rejoindre. Je souris...J'avais l'intention de bien m'amuser.
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeSam 10 Sep - 13:40

Au départ tout semblait être simple. Ce n'était qu'une mission de plus ordonnée par les autorités du Capitole, mais d'une telle envergure que ce ne fut pas deux ou trois autres pacificateurs que Phoenix retrouva près de la grande : c'étaient trente d'entre eux. Jamais le Pacificateur n'aurait accepté alors de participer à une telle mission si ce n'était pour les beaux yeux d'Aileen Carter. Il avait été réveillé soudainement, ce qui ne le dérangeait pas outre mesure puisqu'il n'aimait pas rêver. Il avait depuis longtemps la hantise de se retrouver face à ses souvenirs d'enfants : le corps inerte de sa soeur, allongée sur le sol, assassinée de ses mains. Alors, il ne dormait que lorsque la fatigue l'emprisonnait dans de tendres étreintes. Ce jour-là, ce fut en sursaut qu'il fut sorti de sa léthargie. La Lady Carter en appelait à l'aide des Pacificateur. Elle s'était décidée à démanteler un réseau de rebelles dans le District onze. Cependant le terme démanteler n'était peut être pas vraiment exacte : massacrer serait plus juste. C'était tout ce que désirait le pacificateur : du sang, du sang, et des cris. Du silence. Il désirait faire régner le silence sur les âmes impies qui osaient s'en prendre aux lois du Capitole. Certes, il se fichait que les règles soient respectées, mais cela présentait un bon exemple, une bonne raison pour les massacrer. Alors, le pacificateur prit ses trois armes fétiches et alla retrouver les autres.

Ils étaient trente. Trente Pacificateurs plus ou moins expérimentés. Plus ou moins cruels et sadiques. Phoenix chercha Hunter du regard, le seul pacificateur qui lui ressemblait par son sadisme et son perfectionnisme. Mais il ne le vit pas. Il en fut déçu. De tous les visages qui l'entouraient aucun ne l'inspirait. Il se contentait souvent d'un premier regard, une première impression pour juger ces hommes qui l'entouraient. Sa conclusion en était qu'aucun ne saura être à la hauteur des demandes de Miss Carter. Il sourit, ravi à l'idée de la revoir une fois de plus. Il adorait cette demoiselle cruelle et hautaine. Elle était une étincelle, une flamme brûlante dans sa vie ténébreuse et froide. Elle lui avait tout apprit. Ce pistolet qu'il portait toujours dans la porte de son blouson, c'est elle qui le lui avait offert. Ce pistolet, il l'avait utilisé pour tuer des dizaines de personnes : des enfants, des fillettes, des jeunes vierges, des rebelles, des voleurs, des assassins. Il voulait qu'elle soit fier de lui. Elle aimait l'idée d'être toujours son idéal. Avoir de l'importance à ses yeux, aux yeux d'une femme. Elle était la seule à compter pour Phoenix aujourd'hui. Il traversa la foule de Pacificateur, la tête haute, le regard dans le vide. Sans sourire. Il marchait avec assurance, et beaucoup le regardèrent passer en chuchotant ou en faisant silence dans le brouhaha ambiant. Il se posa dans l'ombre et attendit en les fixant tous. Sa main trouva automatiquement le chemin de son flingue, le prit et le fit tourner dans sa main. Il lui brûlait la peau.

Le permis de tuer. Voila ce qu'il possédait. Il n'avait que cela en outre. Ca, et des flingues trop cool . Cela était suffisant pour ce qu'il avait prévu de faire cette nuit-là. Tuer. Simplement tuer. Mais quel genre d'homme peut aimer cela à ce point ? Un parfum délicat vint le sortir de ses pensés. Et une voix, impérieuse, magnifique, doucereuse, vint l'emporter quelques années plus tôt, au début de sa formation de tueur. “ En position, prêts pour l'attaque. ” Il devina sa chevelure de feu dans la pénombre au début du soir, et son regard froid et calculateur. Ce regard si séduisant. Ce regard qui l'avait séduit, lui un simple jouet entre les doigts de cette magnifique femme. Et sa voix, autoritaire. Il se souvenait de ses premiers jours à ses côtés. Elle qui avait finit de le former, qui avait fait de lui ce qu'il était. Ils se positionnèrent, tous, sans discuter. Le silence se fit et cela ravi de Pacificateur qui se mit au fond. Ils allèrent au plus près de la grande. “ Encerclez-les. ” L'ordre était tombé. Tous s'éparpillèrent autour de la grange, sauf Phoenix qui resta en retrait, derrière la demoiselle. Comme souvent, son désir d'être au plus près d'elle, pour subvenir au mieux à ses besoin prenait le dessus sur la mission. Elle inspira, sortit un fusil et entra d'un pas décidé. Elle était magnifique.

Le Pacificateur entra derrière elle, masquait dans l'ombre, invisible. Il avait apprit à être le plus discret possible, au point de disparaitre aux yeux de ses ennemis. Silencieux, il se déplaçait dans l'ombre, le souffle coupé, glissant dans la pénombre. Insaisissable. C'était une obligation dans son métier. Il se devait pour sa survie, d'apprendre à ne plus exister, à ne plus être qu'une ombre aux yeux des humains. N'était-ce pas en outre ce qu'il était depuis sa mort ? Depuis qu'il avait tué pour la première fois. Il y avait des règles de survies qu'il avait longtemps appris à ses dépends : se faire discret, invisible, être rapide, fort, et surtout efficace. Être capable de tuer un homme d'un simple coup, d'une balle dans la tête. Entre les deux yeux si possible. Cela était bien plus Beau en somme que de tirer au front, de son point de vue. Avec Miss Carter il avait appris à tirer, il avait appris à disparaitre. Il avait appris à être docile et obéissant. Et si la demoiselle l'avait d'abord considérer comme un arriviste, un être qui n'arriverait jamais à rien, il avait su lui montrer sa motivation. La rage qu'il gardait en lui, enfermée, depuis des années, depuis que son père l'avait trahit, devait exploser en un bain sanglait. Ce fut inévitable, et aujourd'hui il était connu pour être sans nulle doute l'un des meilleurs dans son métier. Simplement, il ne ratait jamais une cible. Il ne ratait jamais une mission. Il en était incapable. Il avait su de fait, gagner le respect de Aileen Carter. Il pouvait en être fier.

Aujourd'hui encore ils tueront ensemble. En effet, alors que la demoiselle était entrée dans la pièce, découvrant un groupe de rebelles, assis en cercle, elle annonça le début des festivités : “ La fête est terminée. ” Elle leva son arme vers le groupe qui figeait n'eut pas le temps de réagir. Un coup lui suffit pour briser le silence pesant. Puis un bruit roc, un corps tombant sur le sol. Une seule balle qui causa la mort d'une jeune fille. Une rebelle. Une ennemie du Capitole. Le chaos les enveloppa alors. Phoenix sortit son flingue et visa un homme qui, comprenant ce qu'il se passait, avait commencé à courir vers Miss Carter. Une balle, entre les deux yeux. Autour de lui les cris et les tirs partaient en tous sens. Les ombres poursuivaient les vivants qui tentaient de sortir de ce trou. Mais leurs corps rempliront bientôt ce funeste tombeau. Ils y mettront feu. Phoenix resta à la droite de Aileen, et tira deux autres coups de feu qui allèrent se loger à l'arrière du crâne de deux fuyards. Les autres Pacificateurs contrôlèrent bientôt la majorité des rebelles. “ Quant à vous, Monsieur Lewis...Mon Pacificateur Parfait... Vous allez veiller au bon déroulement de l'opération avant de me rejoindre dehors. Ces cris me donnent mal à la tête. Il se tourna vers elle et lui sourit alors qu'elle tournait les talons et sortit à grands pas. Les cris lui donnaient mal à la tête ? Phoenix ne les entendait plus vraiment. Il observa autour de lui.

Sur les trente Pacificateurs, une quinzaine se trouvaient au centre de la pièce et gardaient une petite dizaines de rebelles. Phoenix s'avança vers eux … “ Bien messieurs … Alors, lesquels d'entre vous ont eut l'idée d'organiser cette petite réunion ? ” demanda-t-il d'une voix douce. Il regardait les visages décomposaient des rebelles qui se regardaient les uns les autres sans parler. Aucun ne pipa mot, et cela rendit Phoenix boudeur. Evidemment, personne ne parlera. Il était sur le point de parler lorsque un bruit de pas rapide le surprit derrière lui. En une seconde il se tourna et eut la surprise de voir un Pacificateur observant la course d'une jeune fille vers la sortie. Sans réfléchir, Phoenix tira sur son collègue qui tomba raide mort sur le sol, puis il tira dans la jambe de la fillette qui s'écrasa sur le sol à un mètre de la sortie. Le silence se fit. Autant du côté des Pacificateurs que des rebelles qui étaient à présent tous au centre de la pièce, encerclés. “ Vous avez l'audace et la prétention de croire que vous pouvez vous lever contre l'autorité sans risquer quoi que ce soit. C'est faux. Vous pensez que nous, les Pacificateurs, nous ne sommes pas un véritable danger pour vous. C'est faux. Vous nous pensez capable d'humanité. Vous venez de voir ce qui arrivez à ceux d'entre nous qui n'avait pas la force de conduire à bien une mission. ” Il arriva sur la jeune fille, qui le regardait, terrorisée. Il la prit par le bras, et l'obligea à se lever. Il la porta plutôt, jusqu'au centre de la pièce. Il se mit debout avec elle, au milieu des rebelles attrapés. “ Sachez, messieurs et mesdames, que vous mourrez tous. ” Il posa son flingue sur la tempe de la demoiselle, et tira.

Dans le groupe de rebelles, il put constater l'attitude qui resta digne de deux hommes et une femme. Ils nous bougèrent pas, mais le foudroya du regard. Il les fixa tous les trois et firent signe aux Pacificateurs qui les entouraient de les emmener. “ A l'hôtel de ville, Miss Carter sera ravie de les rencontrer demain je crois … pour les autres … Enfermez les femmes et les adolescents. Tuez les autres. ” Ses ordres furent reçus avec enthousiasme de la part de ses collègues. Ils devaient se débarrasser des plus féroces, et garder sous la mains les plus faibles d'esprit. Il sortit de fait à la suite des dix Pacificateurs qui menaient les trois chefs du groupe. Mais alors que ceux-ci prenaient le chemin de la ville, lui s'écarta, et regardant autour de lui, il chercha la silhouette fine de sa chère Aileen. Elle était assise sur un banc plus loin. Silencieusement il s'avança jusqu'à elle, et en une minute, il se trouvait près d'elle, accroupit, prenant sa main droite dans les siennes. “ Miss Carter, c'est un plaisir que de vous revoir. ” Il embrassa la paume de sa main, d'un baiser doux de dévot, et s'assit ensuite à côté d'elle. Il lui souriait avec une sorte de joie. “ Comment allez-vous très chère ? ” Il commençait la conversation part des banalités. Comme toujours. Profitant des instants futurs qui promettaient d'être plus intéressants.
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeJeu 15 Sep - 19:57

Assise sur un banc à l'écart de la grange, j'attendais que Phoenix vienne me rejoindre. Je ne bougeais pas d'un cil; ma silhouette se fondait aisément dans la nuit sombre. La tête posée sur mes genoux, je réfléchissais et j'observais, tel un félin à l'affût. Les Pacificateurs réussissaient peu à peu à maîtriser les rebelles; j'entendais les cris et les coups de feu. Bientôt, une quinzaine de soldats du Capitole sortit de la grange. Ils étaient seuls. Je fronçai les sourcils; ces imbéciles n'avaient quand même pas tué tout le monde ? Heureusement, mon oreille entraînée capta un son à l'intérieur de la grange...Une voix d'une douceur mortelle. Phoenix. Il devait parler aux rebelles survivants. Je souris; évidemment, tout irait bien, puisqu'il était là. Je ressentis une bouffée de fierté mêlée d'orgueil pour ce Pacificateur, cettre arme parfaite que j'avais moi-mêmme créée. Il réussissait toujours ses missions, et il ne m'avait encore jamais déçue. Parfois, j'avais l'impression qu'il devinait ce que j'attendais de lui avant que je ne le dise. Nous travaillions bien à deux, comme des prédateurs qui ont appris à chasser ensemble. Avec lui, tout était presque trop facile. Il était prêt à faire à peu près n'importe quoi pour moi, je le savais parfaitement. Jamais il n'avait mis un seul de mes ordres en doute; il avait confiance en mes capacités. Je soupirai; si seulement tous les Pacificateurs étaient comme lui ! Il y avait beaucoup d'éléments faibles dans l'armée du Capitole, ce qui me désolait. Des Pacificateurs trop gentils, des grosses brutes, ceux qui savaient à peine tenir un fusil, les nerveux, les angoissés, ceux qui se croyaient tout permis, les lâches, les paresseux, et enfin ceux qui n'écoutaient pas, les téméraires, les impulsifs. Peu d'hommes étaient vraiment faits pour ce métier, et peu parvenaient à terminer leur entraînement avec moi. Les nouvelles recrues tombaient comme des mouches, car je ne connaissais aucune pitié et j'exigeais d'eux la même discipline et la même perfection que le Président demandait de moi. Je me fichais de les voir mourir; dans mon jeu, ce n'étaient que des pions. Pour moi, la vie humaine ne signifiait plus rien; la mort des autres était ma source de revenus. J'étais inflexible, dure comme le métal, je ne m'avouais jamais vaincue. Phoenix aussi était comme ça, et ce qui nous séparait des autres nous rassemblait. Au début, je le prenais pour un bon à rien comme les autres, mais je découvris rapidement que je m'étais trompée. Pourtant, je m'acharnai à le pousser à bout, à tester sa fidélité et sa force par tous les moyens possibles. Il réussissait toujours à m'étonner. Puis, il y eut ce soir de décembre...Nous venions de terminer une mission et nous étions transis de froid et trempés. Phoenix avait été blessé, pas gravement, mais il fallait le soigner. Pas une seule fois il ne s'était plaint, mais je lisais la souffrance dans son regard. Je renvoyai les autres Pacificateurs chez eux et emmenai Phoenix dans la maison où je logeais toujours lorsque je venais au district 11. Il s'assit et je nous servis une boisson chaude avant d'examiner sa blessure. Il fallait la recoudre, je sortis donc le matériel nécessaire. Phoenix ne broncha pas, mais je devinai sa peur à sa façon de serrer et de desserer les poings. Je désinfectai la blessure et me mis ensuite à la recoudre. Mes doigts engourdis par le froid avaient du mal à manipuler l'aiguille. Je voulais le faire rapidement et proprement, car je lui faisais mal. Il ne cria pas, mais me serra le bras avec force, enfonçant ses ongles dans ma peau. Je grimaçai mais je laissai faire; j'imaginais très bien la douleur qu'il devait ressentir. Une fois l'opération terminée, je m'effondrai à côté de lui dans le canapé. J'étais trop épuisée et j'avais trop froid pour garder ma façade dure d'officier. Je me forçai à me lever pour aller chercher le présent que j'avais préparé pour Phoenix. Il s'agissait d'une arme, et pas n'importe laquelle: un pistolet venu du Capitole. Le meilleur. Je le lui offris en disant: Je ne fais pas souvent des compliments, Pacificateur Lewis, mais lorsque je dis que vous avez bien travaillé, je le pense vraiment. Je me suis trompée à votre sujet; vous avez mérité mon respect. Mon ton était officiel et plutôt brusque. Je m'en rendis compte et repris d'une voix plus douce: Je suis fière de vous. La plupart de vos collègues ne vous arrivent pas à la cheville.. Il regarda l'arme, la prit, l'examina. Je voyais qu'il était ravi et souris. Puis, soudain, son regard recontra le mien, et je sentis que quelque chose avait changé. Il avait apperçu la femme qui se trouvait sous ma façade de soldat, il avait compris que je n'étais pas sans coeur. Juste pour ce soir, appelle-moi Aileen, Phoenix. Murmurai-je, utilisant pour la première fois son prénom.

Depuis ce soir-là, nous avions pris l'habitude de passer du temps ensemble. En apparence, nous étions des machines à tuer, sans émotions, sans vie personnelle. Pourtant, nous avions tous les deux besoin de chaleur et d'humanité. Lorsque nous nous retrouvions après le travail, nous ne parlions presque pas de la rebellion, du Capitole ou de notre métier. Il y avait assez d'autre sujets, et Phoenix était un partenaire de conversation agréable et intelligent. J'aimais jouer au chat et à la souris avec lui, je m'amusais, j'oubliais mes soucis. Lors de mes missions dans son district, il était toujours là, ombre silencieuse à mes côtés, prêt à intervenir. Cela me rassurait. Un coup de feu me sortit de mes rêveries. J'apperçus une silhouette frêle qui était tombée sur le seuil de la grange, arrêtée en pleine course par une balle. Un Pacificateur s'approcha d'elle et la força à se relever. Finalement, comme elle semblait incapable de tenir sur ses jambes, il la porta. Un peu plus tard, un nouveau coup de feu m'apprit qu'il avait mis fin à sa vie. Phoenix, toujours professionnel. Je souris. Quelques minutes plus tard, dix Pacificateurs sortirent de la grange. Ils encadraient un petit groupe de rebelles; il s'agissait sans doute des chefs. Une silhouette s'écarta du groupe et s'avança vers moi. Je restai immobile, il s'accroupit près de moi et serra ma main droite entre les siennes .“ Miss Carter, c'est un plaisir que de vous revoir. ”. Il embrassa la paume de ma main avec une douceur qui me surprit. Cet homme, tellement cruel, insensible et sadique lorsqu'il exerçait son métier, tenait ma main comme si elle était en porcelaine. Ses mains à lui avaient tué, torturé, massacré, et pourtant elles étaient douces. Toute violence avait disparue de lui, comme s'il était quelqu'un d'autre. A chaque fois, cela m'étonnait. Quel gentleman ! M'exclamai-je d'un ton ironique. Vous tuez des innocents sans sourciller...mais pourtant, vous êtes poli et délicat avec moi. J'avoue que cela m'intrigue. . Oui, il me fascinait. Qui étais-je, pour lui ? Sa patronne ? Son amante ? Son modèle ? Son professeur ? J'étais sûre d'une chose: il m'adorait, me vénérait presque. Si je le voulais, je pouvais jouer avec lui, le faire souffrir. Pourtant, je ne le faisais pas; je l'appréciais trop pour ça. Il s'assit à côté de moi et me sourit. Comment allez-vous très chère ? Me demanda-t-il. Il commençait toujours avec des banalités, mais cela me convenait parfaitement. Devinez. Lançai-je d'un ton mystérieux en inclinant la tête sur le côté d'un air joueur. Un bruit attira mon attention; un rebelle avait réussi à s'échapper, quelques Pacificateurs le poursuivaient. Phoenix se tendit, prêt à intervenir, mais je secouai la tête. J'ai de plus en plus de difficultés pour trouver des bonnes recrues. Soupirai-je. Coriolanus...Je veux dire le Président Snow...n'est pas satisfait du tout. Je laisse beaucoup de liberté au district 11, parce que je sais que je peux compter sur des Pacificateurs comme vous et Hunter, mais je ne peux pas faire ça partout. Je haussai les épaules et, d'une balle, mis fin à la vie d'un Pacificateur qui regardait ses collègues travailler sans rien faire. C'est la guerre. Ajoutai-je laconiquement, comme si je parlais de la pluie et du beau temps. J'observai le petit groupe de gens qui s'éloignait, un rebelle étant obligé de porter le corps du Pacificateur, d'un regard froid et calculateur. Mauvais, mauvais. Ils ne convenaient pas. Je me tournai vers Phoenix et repris la conversation: Et vous, comment allez-vous? Qu'avez-vous fait ces derniers...mois ? Je me rendis compte que cela faisait...deux ou trois mois que je ne l'avais plus vu. Tellement longtemps...Je ne lui avais pas donné de mes nouvelles, je n'avais pas eu le temps. Le devoir passait avant tout, c'était une chose qu'il comprenait. Malgré tout, je me sentis coupable et honteuse. Je pris le visage du jeune homme entre mes deux mains et lui dit de mon ton le plus charmant, en plantant mon regard dans le sien: Non, attends. Oublie ce que je viens de dire. Oublie le Pacificateur et l'espionne, le soldat et sa patronne. Dis-moi comment tu vas...Phoenix. . Je laissai tomber mes mains sur ses épaules et l'écartai légèrement de moi comme pour mieux l'observer. Tu as l'air fatigué. Dis-je d'un ton de reproche en fronçant les sourcils. Je ne montrai pas mon inquiétude, il n'en avait pas besoin, pas plus que de ma pitié. Je m'autorisai un demi-sourire et continuai de fixer Phoenix sans ciller. J'enregistrais tous les détails, les choses qui avaient changé et celles qui restaient les mêmes. Il faisait sombre, mais son uniforme gris était comme une tâche dans le paysage. Je souris intérieurement; je sentais que j'allais bien m'amuser.
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 18 Sep - 19:13

La première fois qu'il avait eut affaire à elle, il venait tout juste d'être promu Pacificateur. Tout du moins avait-il suivi un minimum de formation avant de lui être présenté. Il se souvenait très nettement de ce qu'il avait pensé en la voyant : Les charmes du diable n'équivaut pas le regard de cette femme. Cela n'avait alors eut aucun sens, et peut être cela aurait-il sonné comme un compliment si le jeu de la séduction n'avait pas été proscrit dés le départ. Elle l'avait regardé de tel sorte qu'il crut un moment n'être qu'un misérable au pied d'une reine. Peut-être était-ce ce qu'il était à l'époque. Mais les choses avaient bien changé depuis. Il n'était plus un misérable, mais elle lui semblait toujours être une reine. Elle avait ce maintient, ce port de tête tout à fait inouïe, ce regard franc et saisissable, et cette autorité souveraine. Personne n'osait discuter ces ordres, ou alors ceux qui l'avaient fait n'étaient plus là aujourd'hui pour s'en vanter. Aileen Carter n'était pas femme à se laisser attendrir par les beaux atouts d'un homme. Elle ce qu'elle voulait c'était du résultat, sans doute. Tout du moins était-ce ce que pensait Phoenix. Son attirance pour elle ne fut réciproque que le jour où il réussit à lui prouver qu'il était le meilleur. Dés lors il gagna deux choses : le respect et la confiance. Tout du moins espérait-il que la soudaine intimité qui s'instaura entre lui et la demoiselle relevait de ces deux éléments. Car comment pouvait-elle le laisser s'approcher d'elle sans confiance ? De plus, ne l'avait-elle pas autorisé à l'appeler par son prénom le jour où elle le considéra comme un semblable ? Dés lors il avait considéré la demoiselle comme une amie, une amante, une protectrice, et en même temps une collègue, plus qu'une simple patronne. Elle lui avait tout donné. Elle avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui. Elle avait assassiné Jérémy au profit de Phoenix qui sous son regard s'est enflammé.

Il avait de moins en moins l'occasion de travailler avec elle. Il était de plus en plus appelé par le Capitole pour des missions un peu partout, dans les différents districts, bien qu'il vive et agisse en priorité dans le district onze, où il était connu et craint comme le loup blanc. Il n'y avait rien d'étonnant à cela si on prenait en compte son sadisme et son désir toujours cuisant de faire payer ceux qui l'avaient réduit à néant. Ceux qui l'avaient laissé mourir dans la rue, comme un chien. Ceux qui s'étaient dit ses protecteurs et qui l'avait frappé alors qu'il se trouvait à terre. Il haïssait ce district, et ses habitants encore plus. Bien que, quelques jours auparavant il eut rencontré une demoiselle charmante, qui à son humble avis pouvait avoir un avenir prometteur dans les forces du Capitole. Kamaria. Il la surveillait de près depuis qu'il avait tué sa mère. Certes il n'avait pas tiré le coup de feu, mais il avait fait la bêtise de laisser la malheureuse avec deux Pacificateurs stupides et impulsifs qui avaient fini par la tuer. Phoenix rageait encore de cette histoire, unique tâche sombre à son tableau parfait de tueur. Voila pourquoi il n'aimait pas le travail en équipe. Sauf pour des occasions spéciales comme ce soir, alors qu'il pouvait à loisir contempler la belle Aileen Carter.

Se retrouvant près d'elle il se rendit compte du manque qu'il avait eut d'elle et de sa voix enchanteresse, de sa beauté enflammée, de son regard froid et séduisant. Il touchait sa peau douce et retrouvais les sensations qu'il avait jadis eut dans ses bras, dans la chaleur d'une étreinte passionnée. Ils étaient devenus proches, incroyablement proches, dés qu'il ne restait qu'eux dans l'ombre. Personne en ce monde ne savait ce qu'il y avait entre eux, et personne n'avait le besoin de le savoir. Phoenix savourait chaque moment de douceur et de jeux qu'elle lui offrait. Elle était sans doute la femme qu'il appréciait le plus en ce monde. Tout du moins, la tentatrice dont il était le plus fervent admirateur. Elle représentait une certaine perfection pour lui. Il n'avait de désir que de la combler dans n'importe lequel de ses désirs. Que ce fut professionnellement ou plus personnellement. Il avait sans nulle doute plus besoin de son attention que de l'amour de n'importe qui d'autre. Il s'était senti revivre à travers elle, sous son regard et son jugement parfois cruel et dur. Elle l'avait regardé de haut, l'avait insulté et poussé à bout. Et cela n'avait donné envie au jeune homme que de se battre plus encore pour qu'elle le voit autrement. Il était devenu un homme meilleur grâce à elle. Un homme qui n'avait pas peur d'aller au bout de ses rêves, qui n'avait pas peur de regarder la mort en face et de lui rire au nez. Un homme qui n'avait plus rien à perdre sinon sa propre estime de soi. Tant qu'elle le regardait avec ce regard fier et orgueilleux il restait ce Pacificateur parfait dont elle avait été la créatrice.

Il embrassa la paume de sa main, dans un geste qui signifiait combien il était ravi de se retrouver en sa présence encore, ce soir-là. Quel gentleman ! Vous tuez des innocents sans sourciller...mais pourtant, vous êtes poli et délicat avec moi. J'avoue que cela m'intrigue. Il sourit contre sa peau et releva le regard vers elle, lui renvoyant un sourire narquois et boudeur. “ Sachez Madame que je n'ai jamais tué un seul innocent en ce monde. ” Dit-il pour unique réponse. Car c'était bien vrai, aucun homme en ce monde n'était parfaitement innocent. Aucun n'était assez naïf et idiot pour ne pas avoir la moindre pensée meurtrière au sujet du Capitole et de la Loi. De ce fait, Phoenix n'avait toujours tué que des fourbes et des menteurs. Des êtres qui n'avaient pas même la force de ce relevaient contre eux clairement. Des hommes et des femmes qui restaient sans le confort de leur quotidien, en rêvant chaque nuit de mettre le feu au Capitole et de prendre le pouvoir pour créer un monde meilleur. Il n'y avait personne de parfaitement innocent en ce monde. Et les rebelles qu'il avait tué ce soir, étaient encore moins innocents que les autres. Leurs actes n'étaient que perfidie et caprice. Ils se relevaient contre une autorité qui était selon eux, injuste. Mais sans elle ils ne seraient rien aujourd'hui que de la poussière et du souffre.

Continuant sur sa lancée, le jeune homme s'assit aux côtés de Aileen et lui demanda comment elle allait. Cette question ouvrait sans arrêt leurs conversations. Elle était puérile et sans aucun intérêt. Car sans nulle doute la réponse était toujours la même et dénuée de sens. Jamais personne n'était honnête lorsque l'on demandait de manière impersonnelle : comment vas-tu ? C'était une question qui signifiait tout autant je sais que ça ne vas pas, comment cela pourrait-il aller dans un tel monde, mais j'ai le désir de me leurrer, alors rassure moi et dis moi que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Cependant, les choses n'étaient pas aussi impersonnelles avec la demoiselle Carter et Phoenix eut l'heureuse surprise de croiser son regard joueur et moqueur. “Devinez.” Il ria, un rire roc et court. Un ric franc et presque joyeux. Un rire qui signifiait combien il se sentait bien à cet instant précis, loin du sang et des cris. Dans un silence entrecoupée d'une voix tout à fait adorable. Celle de cette adorable personne. Mais un bruit le mit sur ses gardes. Un rebelle tout proche. Phoenix posa sa main sur son flingue, celui qu'elle lui avait offert, et se tendit. Cependant, il ne fit rien car elle lui fit signe de rester immobile. “ J'ai de plus en plus de difficultés pour trouver des bonnes recrues. Coriolanus...Je veux dire le Président Snow...n'est pas satisfait du tout. Je laisse beaucoup de liberté au district 11, parce que je sais que je peux compter sur des Pacificateurs comme vous et Hunter, mais je ne peux pas faire ça partout. ” Phoenix ne pouvait qu'être d'accord sur ce point. Connaissant lui aussi Hunter il savait que le Pacificateur était aussi bon que lui dans ce métier . Mais rare étaient ceux qui leur arrivaient à la cheville aujourd'hui. Ce qui expliquait une fois encore la réticence de Phoenix à l'idée de travailler en équipe. La preuve en était qu'un Pacificateur regardait la scène, le fuyard, de loin sans bouger. Crétin. Un sourire naquit sur les lèvres de Phoenix alors que le coup de feu partie. Il tomba raide mort.

Aileen Carter était intransigeante et perfectionniste. “ C'est la guerre. ” Il fronça les sourcils et soupira. “ C'est ce que j'ai entendu dire en effet. Lui ne prenait par à ce conflit que sous les ordres du Capitole. Il n'avait pas d'opinion réel sur la question. Il n'avait pas à se plaindre du Capitole, il n'avait jamais eut à le faire. Et il comprenait le genre humain et la raison pour laquelle les gens des districts se levaient contre l'autorité. Lui, tout ce qui l'intéressait c'était de tuer. Rien d'autre. Et si possible, de tuer au nom de la Loi. Il désirait, en effet, préserver quelques principes moraux. Elle observait ce qu'il se passait autour et pendant ce temps-là, le Pacificateur put tout à sa guise se complaire de sa présence à ses côtés. Il la regardait elle. Soudainement, elle reprit le fil de la conversation en le regardant dans les yeux. “ Et vous, comment allez-vous? Qu'avez-vous fait ces derniers...mois ? ” Elle le vouvoyait toujours, de fait il ne sut que répondre. Il préférait de loin l'intimité de leur relation à ces banalités. Mais il se garda de le lui faire remarquer. Depuis ces derniers mois ...... La vie n'avait jamais semblé aussi injuste à Phoenix que ces dernières deux semaines en réalité. Il en prit soudainement conscience. Car de fait, il avait raté sa première mission, s'était pris de passion pour une enfant dont il voulait faire une tueuse. Et enfin ... Il avait découvert la vérité sur sa soeur, à savoir, qu'elle n'était pas morte. Cependant, s'il devait en parler ce n'était pas à Miss Carter, ce serait à Aileen. Il n'y avait qu'à elle qu'il se confiait en ce bas-monde. Car c'est elle qui l'avait sauvé de la perdition une fois déjà. Car il n'avait confiance qu'en elle à vrai dire. Tout le reste lui semblait parasitaire et peu fiable. Il baissa le regard et se mordit la langue. Il avait eut de longues semaines, et à présent, la tension accumulait et .... Domino, l'empêchait de dormir. Il était fatigué.

Il n'avait pas non plus eut des nouvelles de la demoiselle, mais il y était habitué. Ils n'avaient rien à se prouver, ils ne se devaient rien. Ils s'appréciaient, c'était tout, et le reste n'avait aucune importance. Alors, le fait de ne pas avoir de nouvelles de la demoiselle durant des mois n'avait pas gêné Phoenix plus que cela. Au contraire, s'il avait entendu parlé d'elle il se serait inquiété. Pas de nouvelles ... Mais à présent il voulait savoir ce qui lui était arrivé, ce qu'elle avait à dire. Il voulait simplement l'entendre parler, le son de sa voix lui était agréable. Ainsi que son contact. Elle prit le visage du Pacificateur entre ses mains dans un geste presque suppliant. “ Non, attends. Oublie ce que je viens de dire. Oublie le Pacificateur et l'espionne, le soldat et sa patronne. Dis-moi comment tu vas...Phoenix. ” Il sourit et posa ses propres mains sur les siennes. Elle laissa cependant tomber ses deux paumes sur les épaules de Phoenix et ainsi lui même laissa ses mains vaquer autour de son corps. Elle le repoussa et l'observa. “ Tu as l'air fatigué. ” Sa voix était empli de reproche et cela fit sourire Phoenix. Un sourire triste cependant. Il prit les mains de la demoiselle dans les siennes et brisa le contact qu'elle gardait sur ses épaules. Il baissa le regard et perdit son sourire. “ J'ai eus... Des semaines difficiles. Outre le fait d'avoir perdu le contrôle d'une mission il y a quelques semaines, j'ai également eut l'agréable surprise d'apprendre que .... ” Il s'arrêta. Il avait du mal à le dire, bien qu'il ne cessa d'y penser depuis. Il se mordit la lèvre et serra les poings. Pourquoi ça fait si mal ? Il inspira profondément et releva les yeux pour croiser le regard de Aileen. “ J'ai eus l'agréable surprise d'apprendre que je n'avais pas tué ma soeur. Pas que ce fut l'oeuvre d'un autre que moi. Absolument pas. C'est simplement qu'elle ... N'est jamais morte. ” Il ne pouvait simplement admettre la vérité telle qu'elle était : cette soeur qu'il aimait tant, qu'il chérissait plus que quiconque, lui avait menti durant des années en lui faisant croire à sa mort. Se soeur était encore en vie. Sa voix se perdit dans la pénombre, il ne sut que rajouter de plus. Son coeur battait fortement dans sa poitrine, et il ne pouvait dire si cela était du à la proximité de Aileen ou au souvenir de sa soeur. Quoi qu'il en soit cette soirée ne pouvait lui être que bénéfique. “ Et toi, ma chère Aileen, dis moi vraiment comment tu vas. ”
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeVen 23 Sep - 19:17

Je me souvenais parfaitement du jour où j'avais rencontré Phoenix. Le président m'avait parlé de lui, de ce vainqueur des Hunger Games qui voulait devenir Pacificateur. A vrai dire, j'étais sceptique. Pourquoi un pauvre gars des districts, qui a connu la cruauté des Jeux et qui croit avoir tué sa soeur, voudrait-il travailler pour le Capitole? Soit c'était un espion des rebelles, soit une brute agressive, soit un bon à rien. Impossible d'envisager qu'il aimerait vraiment exercer ce métier. Après une formation rudimentaire, on me l'envoya. Je le toisai de mon air le plus hautain, affichant clairement mon dédain dans une expression de mépris souverain, comme s'il n'était qu'une fourmi répugnante et moi la reine du monde. Dès lors, je le fis trimer encore plus fort que les autres. Les tâches les plus salissantes et les missions les plus difficiles étaient pour lui. Je le cassais sans cesse et ne lui laissais pas le temps de réfléchir ou de se reposer. Je voulais prouver que j'avais raison, qu'il n'était pas fait pour ce métier. Je voulais le percer à jour, mon but était de le briser. Je m'en savais capable. Les semaines passèrent, mais il ne cédait toujours pas. D'abord avec suspicion, je constatai qu'il accomplissait un travail parfait, et cela sans se plaindre. Mon attitude cruelle et hautaine avait exactement eu l'effet inverse de celui que j'attendais: au lieu de se plier et de renoncer à devenir Pacificateur, il s'obstinait à être mon meilleur élève. Au plus je m'acharnais pour lui faire perdre pied, au plus il se démenait pour briller dans ses missions. Il voulait me prouver que j'avais tort, qu'il était capable de servir le Capitole, de me servir. C'était une lutte entre nos deux volontés. Je commençai à le tester, à jouer avec ses limites, à voir jusqu'où il était prêt à aller. La réponse me stupéfia: aussi loin que moi. Il était capable de me suivre n'importe où, jusqu'à la frontière entre la vie et la mort. Il dansait et se balançait avec moi sur la fine corde de l'impossible avec un sens de l'équilibre et une légerté remarquables. Phoenix était né pour devenir Pacificateur, il avait élevé son sadisme au rang de science. Lorsqu'il travaillait, il s'oubliait pour devenir mon outil...d'abord mon pion...puis mon fou...puis mon cavalier...finalement le roi, celui qui signifait échec et mat pour les rebelles. Je me surpris à admirer son courage et sa persévérance et changeai légèrement mon attitude envers lui. De temps en temps, je m'autorisais un petit sourire, un mot d'encouragement, je lui laissais du temps libre pour aller s'amuser avec les autres, je ne contrôlais plus tout le temps ce qu'il faisait. Il le remarquait et il se redressait avec fierté. Il brûlait de se distinguer à mes yeux, ce qui m'étonnait. Ne me détestait-il donc pas, après tout ce que j'avais fait ? Un jour, il me donna involontairement la réponse. C'était pendant l'entraînement, j'étais occupée à insulter copieusement une nouvelle recrue qui avait failli me blesser en faisant un faux mouvement. Je sentais que quelqu'un m'observait; je tournai la tête et surpris le regard de Phoenix posé sur moi. La façon dont il me fixait...son expression...de vénération ? D'admiration ? D'envie? Et puis, son sourire séducteur...Je ne comprenais plus rien. Logiquement, il devait me haïr...mais il m'adorait. Je me demandai pourquoi et finis par trouver la réponse. Je l'avais arraché à sa vie d'avant, cette vie qu'il détestait tant. Je lui avais donné une nouvelle existence, une nouvelle chance. J'avais tué Jérémy pour réveiller Phoenix. Il m'était reconnaissant pour ça, pour lui avoir enlevé sa vie triste et fade, pour lui avoir offert la possibilité de changer, de renaître. Il me faisait confiance, me respectait et m'admirait pour cela, mais ce n'était pas tout. Je constatai avec étonnement que je lui plaisais en tant que femme. Cela changea mon regard sur lui. Avant, je le voyais à travers du voile de mes préjugés, de ma suspicion et de mon mépris. A présent qu'il avait gagné ma confiance, je ne le vis plus comme un insecte immonde, mais comme un collègue. Comme un humain. Comme un homme. Je remarquais que je commençais à ressentir de l'attirance pour lui, pour ce Pacificateur Parfait que j'avais longtemps détesté. Dès lors, je le considérai comme mon égal, et il le sentait. Un soir, je l'autorisai à m'appeler par mon prénom. Cette simple phrase, appelle-moi Aileen, signifiait beaucoup plus qu'elle en avait l'air. Oui, depuis ce jour, j'étais devenue plus pour lui, j'étais sa confidente, son amante et son amie. Ce rôle me plaisait, car j'appréciais beaucoup Phoenix. Cependant, lorsque d'autres pouvaient nous voir, nous étions collègues et rien de plus. Certes, il était mon meilleur homme, celui que je préférais clairement, mais j'osais parier qu'aucun des autres Pacificateurs ne se doutait de notre relation. Nous nous rencontrions là où les regards ne pouvaient pas nous suivre, dans l'ombre. Je doutais même que le Président le savait, alors qu'il avait des yeux et des oreilles partout. Cette pensée me fit sourire.

A présent, je me retrouvais près de lui après quelques mois de séparation, et j'étais sincèrement heureuse de le revoir. Il déposa un baiser léger sur ma main, ce qui me toucha. Quel gentleman ! Vous tuez des innocents sans sourciller...mais pourtant, vous êtes poli et délicat avec moi. J'avoue que cela m'intrigue. Lui dis-je d'un air légèrement provocateur. J'aimais jouer avec Phoenix, il réussissait toujours à m'amuser. Sachez Madame que je n'ai jamais tué un seul innocent en ce monde. ” Dit-il en me lançant un regard narquois et un peu boudeur. Mon sourire s'agrandit; je répondis d'un ton malicieux: C'est vrai, il n'y a pas d'innocents ici. Je crois que vous et moi en sommes la preuve.... Il s'assit à côté de moi et me demanda comment j'allais, ce qui me ravit. Je lui répondis aussitôt qu'il devait le deviner, d'un air mystérieux et moqueur. “Comment vas-tu” est sans doute la question la plus impersonnelle et la plus banale. Dans la bouche d'un autre, cette phrase était lourde et dénuée de sens. Pas quand Phoenix la prononçait. Il rit, amusé par ma réaction, un rire court mais presque joyeux. Cela me faisait plaisir de le voir aussi heureux. Je lui parlai de mes problèmes avec les Pacificateurs, et il hocha la tête avec compréhension. Je le sentis prêt à jubiler lorsque je tuai d'une balle un soldat qui ne faisait pas bien son travail. Oui, il me comprenait, il savait. J'avais du mal à trouver des bonnes recrues, mais c'était surtout parce que je les comparais sans cesse à lui, à son professionalisme et sa force. Peut-être étais-je trop perfectionniste ? C'est la guerre. Dis-je d'un ton dur, autant à moi-même qu'à Phoenix. C'est ce que j'ai entendu dire en effet. Répondit-il en soupirant. Je haussai un sourcil, m'attendant à une réponse plus complète, mais rien ne vint. N'avait-il donc aucune opinion sur le sujet ? Je connus un moment d'angoisse en me souvenant de tout ce qui me restait à faire, de tous ces rebelles à tuer, torturer, interroger. Pour me calmer, je tournai la tête vers Phoenix et je vis qu'il m'observait. Dans son regard, je lisais son envie de douceur et de tendresse, son envie d'être aimé, son désir d'être toujours mon idéal, de tout faire pour moi, de ne jamais me décevoir. Je le regardai dans les yeux en demandant d'un ton charmant: “ Et vous, comment allez-vous? Qu'avez-vous fait ces derniers...mois ? ” Je me rendis aussitôt compte de mon erreur: je l'avais vouvoyé. Il se tut, ne sachant sans doute pas quoi répondre. J'avais l'impression d'avoir créé une certaine distance entre nous, ce que je regrettais. Avant qu'il ait le temps de répondre, je pris son visage entre mes deux mains. C'était un geste presque suppliant. Je lui dis de ma voix la plus douce et la plus gentille: “ Non, attends. Oublie ce que je viens de dire. Oublie le Pacificateur et l'espionne, le soldat et sa patronne. Dis-moi comment tu vas...Phoenix. ”. Il posa ses mains sur les miennes, ce qui fit battre mon coeur plus fort. Tellement longtemps...Cela faisait tellement longtemps que je n'avais plus vu ses beaux yeux, que je n'avais plus entendu sa voix grave, que je n'avais plus senti son contact. Je laissai tomber mes mains sur ses épaules et le repoussai légèrement pour mieux l'observer. Je ne voyais pas grand-chose dans la pénombre, mais il avait l'air épuisé. “ Tu as l'air fatigué. ” Dis-je d'un ton de reproche. Il sourit, mais il avait l'air triste. Avec délicatesse, il saisit mes mains entre les siennes et baissa la tête. “ J'ai eus... Des semaines difficiles. Outre le fait d'avoir perdu le contrôle d'une mission il y a quelques semaines, j'ai également eut l'agréable surprise d'apprendre que .... ” D'apprendre quoi ? Je fronçai les sourcils, soupçonnant une douleur profonde. Il n'arrivait pas à continuer et se mordait les lèvres. Il inspira profondément et planta son regard dans le mien. “ J'ai eus l'agréable surprise d'apprendre que je n'avais pas tué ma soeur. Pas que ce fut l'oeuvre d'un autre que moi. Absolument pas. C'est simplement qu'elle ... N'est jamais morte. ” A son ton, je devinai que cette nouvelle le peinait sincèrement, et qu'il avait des difficultés à l'accepter. J'hésitai pendant quelques secondes, puis je relevai doucement son menton d'un doigt pour le regarder dans les yeux. Je le savais. Lui annonçai-je d'une voix légèrement enrouée par l'émotion. Je savais depuis le début...qu'elle était en vie, au Capitole. Mais on m'a interdit de te le révéler. Je secouai la tête d'un air désolé. J'étais incapable de désobéir à un tel ordre du Président, j'espérais qu'il le comprendrait...qu'il ne serait pas fâché. Je serrai doucement ses mains entre les miennes, un geste de consolation et d'amitié. Je la connais personnellement...Domino. C'est une jeune femme agréable et pleine de vie...Mais tu lui manques beaucoup. Poursuivis-je lentement. Il avait l'air tellement triste...tellement désespéré. La détresse irradiait de lui et me donnait envie de le protéger contre ses idées noires, de lui rendre le sourire. Raconte-moi, Phoenix...Dis-moi à quoi tu penses. Lui demandais-je. Je sentais qu'il avait besoin de parler, de se confier, de se vider de sa tristesse et de sa frustration. Et cette mission dont tu as perdu le contrôle ? Tu as toujours servi parfaitement le Capitole... Mais l'erreur est humaine. Qu'est-ce qui s'est passé ? A vrai dire, je ne croyais pas vraiment que sa mission avait été un échec. Peut-être qu'il le pensait, mais j'étais persuadée qu'il était incapable d'échouer. N'était-il pas mon arme parfaite ? “ Et toi, ma chère Aileen, dis moi vraiment comment tu vas. ” Me dit-il finalement. Vraiment ? Demandai-je d'un ton ironique, avec un rire court et sans joie. Pour moi aussi, ces derniers semaines furent difficiles. J'ai...complètement raté une mission très importante, que je préparais depuis des années. Evidemment, le Président...n'était pas content du tout, et il m'a sévèrement punie. Je déglutis avec difficulté et enfonçai mes ongles dans les paumes de mes mains. Oui, il m'avait fait souffrir. Sa colère avait été semblable à un raz-de-marée, il m'avait hurlé dessus pendant un temps qui me semblait infini. Penser aux jours qui suivirent, aux menaces incessantes, aux interrogatoires pour s'assurer que je n'avais pas changé de camp...penser au mal qu'on m'avait fait, physiquement autant que psychologiquement...cela me rendait folle. Les bleus et les plaies étaient toujours là pour me rappeler que je ne pouvais plus me permettre le moindre faux pas...Sinon, je perdrais ma famille. Phoenix croyait peut-être que j'étais parfaite et que Snow m'adulait, mais ce n'était pas du tout le cas. Les semaines suivant mon échec, il m'avait trimer plus fort que jamais. Je n'avais pas le temps de voir ma famille, pas une seule minute à moi. Je me levais aux aurores et je m'écroulais dans mon lit tard dans la nuit pour sombrer dans un sommeil sans fond. La journée, j'imposais un entraînement impitoyable à mes Pacificateurs autant qu'à moi-même. Je me donnais à fond, je poussais mon corps hors de ses limites, jusqu'à ce que tous mes muscles crient grâce. Je hurlais des ordres jusqu'à ce que ma voix se casse. Je restais en mouvement et ne m'accordais aucun répit; je ne me donnais pas le temps de réfléchir à ce qui s'était passé. Il n'y avait pas de place pour l'amitié, au milieu des jeunes recrues insolentes et des officiers méprisants ou lèche-bottes, ni pour la confiance. A présent que je me trouvais près de Phoenix,je me rendis compte qu'il m'avait manqué...Et à quel point j'avais besoin de souffler un peu, de pouvoir parler, d'être comprise, d'enlever mon masque dur et insensible pour être moi-même...A quel point j'avais envie d'un peu de douceur et de gentillesse, d'un peu de chaleur et d'humanité. Je voulais oublier la cruelle Miss Carter, être simplement Aileen, avec mes forces et mes faiblesses, je voulais profiter de l'instant présent...Savourer ce moment d'intimité, retrouver ce mélange de passion et de tendresse que je ressentais dans les bras de Phoenix, guérir les plaies à l'intérieur de moi. Sans réfléchir, je me jetai dans ses bras, le faisant presque tomber du banc. J'enfouis mon visage dans son cou et le serrai fort contre moi. En quelques instants, toute la tension et la pression accumulées ces derniers mois s'évacuèrent, comme si cette étreinte avait fait sauter le bouchon qui emprisonait la vraie Aileen. Je sentais les battements rapides du coeur de Phoenix et son souffle dans mes cheveux; une vague de chaleur et d'émotion me submergea. Je m'accrochai à lui comme si j'avais peur qu'il disparaisse et fermai les yeux. J'aurais voulu retenir cet instant, le faire durer pour toujours...Ce simple moment de partage et de retrouvailles. Malheureusement, c'était impossible.
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 2 Oct - 18:21

Tuer. Un ordre, un mot, un acte. Irréversible, déterminant, cruel. Il n'y avait rien de plus horrible en ce monde que le meurtre. Qu'importe ce qu'ils pouvaient en penser : le meurtre est et restera un crime odieux. Pourtant, en ces temps obscures il apparaissait plus nettement que les gens désiraient la mort, l'appelaient à eux, comme une force libératrice. La mort n'était rien d'autre que du feu et du souffre. Un temps, un court instant de répits, un sourire, une larme. Puis plus rien que le silence. Ce silence si doux aux oreilles de Phoenix. Lui qui avait souffert durant des jours, des mois, des années. Lui qui avait connu la folie des jeux. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les jeux n'avaient rien de silencieux. Il n'existait pas de silence angoissant avant le coup de feu fatidique annonçant la mort d'un participant. Non, les jeux, c'était une suite incessante de cris, de hurlements, de larmes, de murmures, de prières. C'était des cris, des injures, des souffles coupés, des soupirs de soulagement. C'était ce coup de feu. Cet unique coup de feu. Cette sentence abominable. Ce seul bruit qui rappelle la réalité de la condition de joueur. Ce bruit infâme qui rappelle qu'il y a un monde au-dehors bien plus agréable en apparence. Cependant, Phoenix avait eu la preuve que le monde, hors des jeux, n'avait rien de beau. Il n'était que trahison et cruauté. Et les Pacificateurs n'étaient que des justiciers, présents pour ramener de l'ordre dans ce chaos.

Certes, devenir Pacificateur avait été un choix douloureux, cruel, et surtout désespéré. Il n'avait eu que cela pour se rattacher à l'existence. A ce souffle de vie unique. Car il n'était pas dupe, après la mort il n'y avait pas de seconde chance, que ce soit dans l'au-delà ou dans la résurrection. Personne ne revenait d'entre les morts. Il en avait été persuadé pendant longtemps. La mort était irrémédiable, c'était un état où le corps pourrissait, alors que l'esprit, s'il existait vraiment, retourner dans le vide. Dans le néant qui les entourait. Ce néant dont les hommes avaient conscience, et qui les faisaient douter sur leur existence même. Car rien ni personne ne pouvait prouver de la vie elle-même. De ce monde, de ces instances, des êtres qui nous entouraient. Pourtant, Phoenix avait besoin de croire à la véracité de l'existence. Il avait besoin de croire que tout ce qui l'entourait était réel. Ou sinon, pourquoi continuerait-il à vivre. Qu'importe le nombre de personne qu'il avait tué. Qu'importe combien de vies il avait stoppé. Qu'importe combien tout cela lui semblait absurde. Il avait encore besoin de croire que tout était vrai. Que cette femme près de lui n'était pas qu'un rêve. Il y avait cru souvent. Car, elle lui était apparu exactement lorsqu'il avait eu besoin de quelqu'un pour le ramener à la vie. Parce qu'elle lui avait insufflé une flamme vivace qui brûlait aujourd'hui en son âme et lui permettait de vivre.

Elle avait pourtant était une tortionnaire. Elle l'avait poussé à bout, le laissant torturer femmes et enfants. Le laissant partir en mission durant des jours consécutifs. L'interdisant de manger, ou de dormir pendant des jours. Pour le faire abandonner sans doute. Parce qu'il n'était pas comme les autres pacificateurs. Les autres n'avaient pas gagné les jeux. Les autres n'avaient pas décidé de venir de leurs plein gré. Les autres avaient ça dans le sang. Pas lui. Lui avait choisi de devenir Pacificateur. Lui n'avait eu que sa propre volonté pour arriver au but. Il s'était battu avec lui-même. Il avait souhaité la mort d'Aileen une centaine de fois, mais toujours il en était arrivé à la même conclusion : elle seule pouvait faire de lui quelqu'un d'exceptionnel. N'était-ce pas ce qu'il était aujourd’hui ? Il avait sué sang et eau. Il avait failli devenir fou. Il était devenu insensible aux malheurs des autres. Il avait appris à renier ses semblables. Il ne voyait les hommes que comme des cibles, et lui était le tueur. Rien de plus. Ils n'avaient de noms. Ils n'avaient pas d'existence. Ils n'avaient qu'une liste de crimes à leur actifs, et son métier était de les tuer avant qu'ils ne deviennent un réel problème pour le Capitole. Voila ce qu'était son boulot. Il le faisait avec délice.

Mais malgré cette insensibilité qui le caractérisé, il n'était pas insensible aux charmes féminins. Au contraire, il savait aimé plus que n'importe qui, une beauté lorsqu'elle lui était présentée. Il n'aimait pas énormément de personne en ce monde. Il n'avait pas d'amis à proprement parlé. Il avait cette femme, ce mentor, cette amante, cette confidente. Elle que beaucoup craignent. Elle qui était connu pour ne pas être une enfant de coeur, pour savoir tuer comme personne. Elle, si cruelle et sadique en apparence, il la voyait comme une femme passionnée et belle. Il l'adorait. Aileen ... Elle, qui était sa semblable. Elle qui avait fait de lui ce qu'il était. Elle a qui il devait tout. Que serait-il devenu si elle avait refusé de le prendre sous son aile ? si elle n'avait pas eu le désir de le faire tout abandonner ? Si finalement, elle ne lui avait pas accordé sa confiance ? Il lui était redevable de tout, c'est pourquoi il ne refusait jamais une mission à ses côtés. “C'est vrai, il n'y a pas d'innocents ici. Je crois que vous et moi en sommes la preuve...” Il se souvenait avoir tué pour elle, sous ses ordres. Il se souvenait l'avoir vu tué de sang froid un homme sous les yeux de sa femme. Il se souvenait sa cruauté et son sadisme. Elle était un monstre de sang et de luxure. Lui aussi.

C'est peut-être pour cela qu'il se sentait aussi bien près d'elle. Il ne voulait pas la quitter, il voulait rester à ses côtés. Il voulait lui parler, l'écouter parler. Juste profiter de cette instant de béatitude. C'était les derniers qu'il lui rester. Il avait entièrement confiance en elle, c'est pourquoi il se laissait aller à lui parler de ses faiblesses. Il osait lui parler de tout aujourd'hui. Elle était sa confidente. Sa seule amie sans nulle doute. Il mettrait sa vie entre ses mains sans hésiter. C'est pourquoi, alors qu'elle lui permis de la tutoyer, de retrouver cette Aileen qu'il aimait tant, il se laissa tenter et lui parla de sa soeur. Le choc qu'il avait ressenti en se retrouvant face à Domino, vivante et bien portante, n'avait pas d'équivalence en ce monde. C'est comme si les sept dernières années qui avaient constitué sa vie n'avaient pas eu lieu d'être. Et pour la première fois il avait ressenti cette haine à l'état pure. Le désir violent, macabre, de mettre fin aux jours d'une innocente, par pur égoïsme. Il avait envie de hurler au monde sa rage. Pourtant, elle était sa soeur, sa princesse, sa Domino, et personne ne devrait compter plus qu'elle en ce monde. Il aurait du être heureux de la revoir. Ca n'avait pas été le cas. Il avait eu comme désir de la faire disparaitre de nouveau. Le monde était absurde. Il ne c'était pas attendu à ce qu'il le devienne encore plus.

Quelques secondes passèrent, puis, la main de Aileen trouva le chemin du menton de Phoenix qu'elle leva. Il vrilla son regard au sien et fronça les sourcils. Elle sembla... soucieuse et hésitante. Puis soudainement, la nouvelle tombé, comme un fracas, un choc électrique qui le laissa immobile et blessé. “Je le savais.” Ce n'était pas une exclamation, mais une affirmation. Elle le savait... Comment ... Quoi ... Aileen ... tu ... Il sentit son coeur s'arrêtait d'un seul coup. Puis battre rapidement. Il eut mal, ses poumons se contractèrent, son corps entier fut écoeuré. Il eut envie de vomir. Pourtant il était incapable de bouger. Il la regardait, sans comprendre ce qu'elle disait. Elle savait... Comment avait-elle pu ne rien lui dire ? Aileen ... “Je savais depuis le début...qu'elle était en vie, au Capitole. Mais on m'a interdit de te le révéler.” Sa voix était emplie de larme, enrouée par l'émotion. Garce, comment oses-tu me faire ça ? Elle détourna le regard, il ferma le sien. Respire Phoenix, respire. Sa bouche s'ouvrit, et il inspira avec difficulté. Il était angoissé, paniqué, sous le choc. Il ne savait comment réagir. Au Capitole. Depuis sept ans sa petite soeur vivait au Capitole. Et personne n'avait pu lui dire. Pourquoi ? Pourquoi quelle raison avait-on voulu le lui cacher ? Il avait du mal à respirer. Elle prit ses mains dans les siennes dans un geste qui se voulait rassurant. Ce contact le brûla. Il se leva. Il marcha devant Aileen, en proie à la colère, à la rage. Il devait se calmer. Ses armes le brulaient. Il devait se contenir. Elle, continua de parler. “Je la connais personnellement...Domino. C'est une jeune femme agréable et pleine de vie...Mais tu lui manques beaucoup.” La stupeur le rendit immobile. Il lui manquait ? Vraiment ? Impossible ... Elle n'était pas revenue le voir. Ils s'étaient retrouvés par pur hasard. Elle n'avait pas voulu le revoir. “Raconte-moi, Phoenix...Dis-moi à quoi tu penses.”

Il était immobile, et il se rendit compte qu'il gardait le silence depuis bien trop longtemps. Sa bouche était pâteuse, pourtant il ouvrit les lèvres. Il tenta de parler, mais sa voix était coincée. Il ne savait que dire. Il resta silencieux, devant elle, immobile. Il se sentait perdu. A cause d'elle. Il lui en voulait. Certainement. Peut être encore plus qu'à Domino... Quoi que. “Pourquoi ? Pourquoi le Capitole... Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? Pourquoi le Capitole voulait me cacher cela ? Ne les ai-je pas assez bien servi ? N'avais-je pas le droit de savoir que ma soeur était en vie ? Cela n'a-t-il pas la moindre importance à leurs yeux ? Pensent-ils que nous ne sommes que des armes pliable aux moindres de leurs désirs ?... Les ordres ... étaient injustes n'est-ce pas ? Je préfère croire qu'ils l'étaient” Il revint vers elle, incapable de tenir plus longtemps. Il se sentit vidé, triste, seul. Incroyablement seul. “Sept ans... cela fait sept ans qu'elle ... Qui est-elle ? Qu'est-ce qu'elle fait au Capitole ? J'arrête pas de ... Je lui en veux. J'aimerai ... La tuer. Vraiment. La faire disparaitre, comme avant. Parce que si elle disparait alors ma vie aura encore du sens.” Après tout, n'était pas devenu Pacificateur parce que sa soeur était morte ? Parce qu'il devait se venger de ceux qui l'avaient renié ? Et aujourd'hui, que devait-il faire ?

“Et cette mission dont tu as perdu le contrôle ? Tu as toujours servi parfaitement le Capitole... Mais l'erreur est humaine. Qu'est-ce qui s'est passé ?” Il se tourna vers elle, et soupira. “Une jeune voleuse dans le district onze. Nous devions la punir. Mission de routine. J'ai voulu prendre le temps de parler avec elle. Et les deux pacificateurs qui m'accompagnaient n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'abattre la mère de la gamine en pleine rue. Une innocente. Une parfaite innocente. Qu'y a-t-il de plus agaçant que d'avoir à nettoyer les conneries d'un collègue ?” Il considérait cette mission comme un échec. Cependant, il avait gagné une pupille ... Il se garda d'en apprendre la nouvelle à Aileen pour le moment. Il demanda des nouvelles de la demoiselle plutôt. Elle non plus ne semblait pas en forme. “Pour moi aussi, ces derniers semaines furent difficiles. J'ai...complètement raté une mission très importante, que je préparais depuis des années. Evidemment, le Président...n'était pas content du tout, et il m'a sévèrement punie.” Il grimaça et se tourna vers elle. Il n'avait jamais entendu parler d'un quelconque échec de sa part. Elle était son modèle, son inspiration, comment pouvait-il admettre l'idée qu'elle soit punie pour une faute... Punie ? Il fronça les sourcils. Qu'est-ce que cela pouvait signifier. Aux yeux de Phoenix Aileen était une favorite au Capitole, une perle rare. Il eut envie de la prendre dans ses bras, mais lorsqu'il fut le point de la toucher, elle se colla à lui, dans une étreinte désespérée. Il fut renversé sur le banc, elle accrochait à son cou. Il la tenait contre lui, les deux bras entourant son dos et ses hanches. Il sourit. Il retrouva son sourire. Le parfum douceâtre d'Aileen vint le ravir. Son coeur battait à la chamade contre celui de la jeune fille. Elle était désemparée. Il embrassa ses cheveux. Et inspira son odeur. “Que s'est-il passé Aileen ?” Demanda-t-il doucement, curieux. Peut-être trop. Puis, une idée lui vint, irrationnelle et pourtant fort séduisante. Il retrouva son souffle, se sentit soudainement plus calme, plus serein. “Laisse-moi venir avec toi, pour tes prochaines missions. Laisse moi venir prendre soin de toi, Aileen... Tu m'as tant manqué.” Murmura-t-il, en profitant de cette chaleur enfin retrouvée ...
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeMar 4 Oct - 20:04

Après trois mois, j'étais enfin revenue au district 11. La seule chose qui m'avait empêchée de m'effondrer en apprenant que je devais exécuter une nouvelle mission, c'était de savoir que Phoenix serait là. Les semaines passées m'avaient épuisées. Je n'avais pas eu une seule minute de repos, pas le temps de manger convenablement, pas d'intimité, rien. Je travaillais en compagnie d'officiers qui ne me respectaient pas et de soldats dont l'attitude frôlait l'insubordination. C'était la vengeance du Président, de m'exiler dans le district 12 avec une armée d'incompétents, d'ivrognes, de bagarreurs et de porcs stupides à dompter. Ils exploitaient la moindre faille dans mes ordres, la moindre faiblesse de ma part pour paresser. Les autres suppérieurs ne m'aidaient pas du tout, ou du moins pas de la façon dont j'en avais besoin. Leur comportement attentioné à mon égard n'était qu'une comédie grotesque et je tremblais de fureur lorsqu'ils ouvraient la porte pour moi ou me demandaient si je voulais boire du thé devant les soldats qui ricanaient. Les journées passaient, monotones et fatiguantes. Courir, sauter, grimper, se battre avec l'épée et à mains nues, tirer et recharger des fusils...tous les exercices que j'imposais à mes hommes, je les faisais aussi pour montrer l'exemple. A la fin, j'avais des bleus un peu partout et plus de voix à force de hurler des ordres, et j'étais d'humeur massacrante. Puis, le Capitole m'avait ordonné de revenir. Je croyais que c'était fini, que Snow m'avait assez puni...Mais ce n'était pas le cas. Je devais m'occuper de quelques rebelles du district 11. Tuer, toujours tuer... Combien de victimes avais-je déjà sur mon compteur ? J'étais lasse de ce boulot salissant, d'entendre ces cris, de voir la terreur dans les yeux de ces innocents. Je massacrais des pauvres gens qui n'avaient rien fait de mal sauf que de vouloir du changement. Des gens qui vivaient dans la misère, la tristesse et la peur de voir leurs enfants partir aux Jeux. Des gens qui avaient raison de se révolter. Le Président voulait qu'ils disparaissent, tous. Qu'il ne reste plus que les faibles, ceux qu'il pouvait aisément influencer. Il se fichait de voir Panem brûler tant qu'il pouvait continuer à vivre dans le luxe. C'était un monstre. Moi aussi, j'étais un monstre, parce que j'exécutais ses ordres avec sang-froid. Mais mon calme n'était qu'artificiel. Au fond de moi, je pleurais ces morts, cette cruauté sans fin, j'avais pitié de mes victimes. Je repoussais ces émotions parasites, je les niais et tentais de les oublier, mais elles étaient toujours là. Ce que je faisais, j'étais incapable de le défaire. Impossible de ramener les morts à la vie, même s'ils le méritaient. Impossible de ressouder une famille que j'ai arrachée et piétinée. Je ne faisais que passer dans la vie des gens, comme un vent glacial qui enlevait leur espoir, comme un feu qui laissait derrière lui des maisons en cendres, des enfants en pleurs et des cadavres. La Mort, ma collègue...je savais qu'elle pouvait s'en prendre à moi, mais je ne la redoutais pas vraiment. Avec le temps, j'avais fini par m'habituer à sa présence. Parfois, je sentais son souffle froid dans ma nuque, mais je ne me retournais jamais pour la regarder en face. Jamais.

Revoir Phoenix après tant de semaines me fit réaliser à quel point il m'avait manqué. Je scrutais attentivement son visage pour tenter de deviner le fond de sa pensée. Il semblait sincèrement heureux de me revoir, mais sous cette joie, il y avait une profonde tristesse. Il avait l'air épuisé et tourmenté; cela me peina de le voir ainsi. J'avais envie de le prendre dans mes bras comme un enfant et de le bercer, de lui murmurer que tout irait bien...mais je savais qu'il ne le permettrait pas. Malgré ça, je me sentais beaucoup plus détendue et sereine que les semaines passées. Je savais que je pouvais faire confiance à Phoenix, que je pouvais tout lui dire. Sa présence était comme un baume apaisant sur mon coeur et mes nerfs à vif. Être assise près de lui, lui parler et l'entendre parler, sentir ses mains entre les miennes, voir son regard attentif et tellement séduisant...C'était assez pour me rendre le sourire. L'instant aurait été parfait s'il n'y avait pas eu nos soucis qui se dressaient comme un mur entre nous. Je lui fis remarquer d'un ton de reproche qu'il avait l'air fatigué, alors qu'en réalité j'étais inquiète. Alors, il lança sans le savoir un pavé dans la mare de ma tranquillité et de ma bonne conscience. Il me parla de sa soeur, Domino...Il avait découvert qu'elle n'était pas morte. Je le savais depuis le début... Mais je ne lui en avais jamais parlé. Maintenant, le moment était venu de dire la vérité. Je soulevai doucement le menton de Phoenix pour pouvoir le regarder dans les yeux et dis doucement: “Je le savais.”. Aussitôt, je vis la confusion s'abattre sur lui, ainsi que l'horreur. Il grimaçait comme s'il avait mal...comme si je l'avais frappé. Il avait pâli, ce qui lui donna l'air malade. Je crus qu'il allait vomir, ou crier, ou s'évanouir. Dans ses yeux, je ne voyais que de l'incrédulité et le refus de croire mes paroles...Le refus de croire que je l'avais trahi. “Je savais depuis le début...qu'elle était en vie, au Capitole. Mais on m'a interdit de te le révéler.” Poursuivis-je d'une voix enrouée par l'émotion, presque suppliante. Il releva la tête et son regard me transperça, me brûla, me condamna...m'assassina. Malgré moi, je détournai les yeux. Je l'entendis respirer avec difficulté. Je pris ses mains dans les miennes pour le consoler, le rassurer, mais il les dégagea brusquement et se leva. Il marchait devant moi d'un pas rageur, empli d'une fureur silencieuse qui cherchait à éclater. Il se maîtrisait avec difficulté; je vis sa main effleurer son pistolet. Je continuai à parler, sans réfléchir: “Je la connais personnellement...Domino. C'est une jeune femme agréable et pleine de vie...Mais tu lui manques beaucoup.” Il s'immobilisa, pareil à une statue, mais ne parla pas. Sur son visage, je voyais l'étonnement se disputer au doute, à la colère et à la tristesse. Je l'avais blessé. Profondément. Comme seule une vraie amie pouvait le blesser. Maintenant, il m'en voulait terriblement. Il se tenait devant moi, mais j'avais l'impression qu'il se trouvait à des kilomètres de distance. La distance entre nous formait une barrière brûlante de reproches. A la pensée qu'il ne me le pardonnerait peut-être jamais, un étau glacial enserra ma poitrine et mon coeur. Je me sentais tellement coupable... Je voulais me lever, m'approcher de lui, lui prendre la main et m'excuser jusqu'à ce que cette folie meurtrière disparaisse de ses yeux... Enlever sa peine, l'éradiquer, parce qu'elle me touchait aussi. Pourtant, j'étais incapable de bouger. Je restais assise à contempler sa silhouette qui se découpait contre le ciel sombre, à ressasser mes regrets. Finalement, n'y tenant plus, je murmurai d'une voix brisée: “Raconte-moi, Phoenix...Dis-moi à quoi tu penses.” Il garda le silence pendant longtemps...tellement longtemps. Enfin, il ouvrit la bouche, mais il n'en sortit qu'un son étranglé. Il avait l'air perdu comme un enfant... “Pourquoi ? Pourquoi le Capitole... Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? Pourquoi le Capitole voulait me cacher cela ? Ne les ai-je pas assez bien servi ? N'avais-je pas le droit de savoir que ma soeur était en vie ? Cela n'a-t-il pas la moindre importance à leurs yeux ? Pensent-ils que nous ne sommes que des armes pliable aux moindres de leurs désirs ?... Les ordres ... étaient injustes n'est-ce pas ? Je préfère croire qu'ils l'étaient” Derrière toutes ces interrogations pénibles, je percevais une autre question, une question qui devait lui brûler les lèvres: Pourquoi ne m'as-tu rien dit, Aileen ?. Je soupirai. Comment allais-je lui expliquer cela ? Oui, le Capitole est injuste. Oui, nous ne sommes que des pions dans la partie de Snow. Oui, il se fiche de notre bien-être. S'il y a une chose que j'ai apprise ces derniers mois, c'est bien qu'il ne faut attendre aucune gratitude de la part de notre Président. Répondis-je d'une voix qui ne me ressemblait pas, trop amère, trop lasse. Je poursuivis d'un ton plus doux: Domino...n'aime pas le Capitole. Si on ne la retenait pas, elle reviendrait tout de suite au district 11...mais ses parents refusent de la laisser partir. Snow ne voulait pas que tu saches que tu ne l'avais pas tuée... Il avait peur de ta réaction. Il craignait que tu ne sois plus fidèle au Capitole. Un vainqueur des Jeux qui lui est loyal et qui devient Pacificateur, c'est très rare... Il voulait te garder pour lui, il ne voulait pas que tu doutes de ton destin. Peut-être pensait-il que vous risquiez de rejoindre les rebelles...Je continuais à observer Phoenix, à guetter ses réactions.Tu ne t'en rends peut-être pas compte... Mais tu es une arme à double tranchant, une menace potentielle pour le Capitole si tu changeais de camp.Je secouai la tête; même s'il retrouvait sa soeur, je pensais qu'il était impossible que Phoenix change de camp... Après tout, il était mon Pacificateur Parfait... Il revint vers moi et s'assit sur le banc, tête baissé, l'air incroyablement las et seul. “Sept ans... cela fait sept ans qu'elle ... Qui est-elle ? Qu'est-ce qu'elle fait au Capitole ? J'arrête pas de ... Je lui en veux. J'aimerai ... La tuer. Vraiment. La faire disparaitre, comme avant. Parce que si elle disparait alors ma vie aura encore du sens.” J'avais tellement pitié de lui...il avait l'air malheureux et désespéré. Je brûlais de le consoler, mais je n'osais pas le toucher. Sa...nouvelle famille est assez riche pour lui permettre de ne pas travailler. Commençai-je, mais puis je me ravisai et dis: Ce n'est pas à moi de te parler d'elle... La seule personne qui pourrait vraiment répondre à tes questions, c'est Domino elle-même. Ne lui en veux pas, je t'en prie. Elle n'a jamais voulu que les choses se terminent ainsi. Il avait l'air tellement confus... Les choses ne se remettront jamais en place comme avant, Phoenix. Accepte-le...Et permets-toi de vivre ta propre vie et de faire tes propres choix, de donner le sens que tu veux à ton existence. Cette rencontre ne changera des choses que si tu lui permets de le faire, si tu lui donnes ce pouvoir. Je suis tellement...désolée...de ne pas te l'avoir dit plus tôt. De ne pas avoir bravé l'ordre de Snow... Ma voix se brisa et je ne pus continuer. Le silence s'installa entre nous, pénible et lourd de reproches et de tristesse. Finalement, je changeai de sujet et demandai ce qui s'était passé lorsqu'il avait perdu le controle d'une mission. Enfin...Enfin, il se tourna vers moi, me regarda en face et soupira: “Une jeune voleuse dans le district onze. Nous devions la punir. Mission de routine. J'ai voulu prendre le temps de parler avec elle. Et les deux pacificateurs qui m'accompagnaient n'ont rien trouvé de mieux à faire que d'abattre la mère de la gamine en pleine rue. Une innocente. Une parfaite innocente. Qu'y a-t-il de plus agaçant que d'avoir à nettoyer les conneries d'un collègue ?”Cetta affaire le frustrait, je le sentais bien, et je sentais aussi qu'il ne me disait pas tout. J'avais un don pour ça, appelons-le de l'intuition. Ce n'est pas de ta faute, Phoenix. Ne te rends pas responsable de toutes les conneries des autres, ça finira par te tuer. D'un ton léger, je dis ensuite: J'ai l'impression que tu as autre chose à me raconter. Cela donnait la chair de poule à mes hommes, lorsque je semblais deviner leurs pensées ainsi. En fait, c'était très simple...Il suffisait de bien écouter et d'observer. Phoenix me demanda de mes nouvelles et je lui avouai avoir passé des semaines difficiles aussi. Il grimaça... Je comprenais pourquoi. J'étais son modèle. A ces yeux, j'étais la perfection incarnée. Alors, m'entendre parler de mon échec devait être étrange pour lui. Il fronça les sourcils; dans ses yeux, je lus mille questions. Je ne voulais pas y répondre.

Je regardai Phoenix...ses beaux yeux noisette, ses cheveux légèrement décoiffés, ses lèvres que je voulais tant voir sourire à nouveau. Sans plus hésiter, je me jetai dans ses bras. J'enfouis mon visage dans son cou pour retrouver son odeur...Pour m'assurer qu'il était bien réel. Il m'entoura de ses bras et je me sentis protégée, en sécurité. Sa main droite se posa sur mon dos à l'endroit précis où j'avais été blessée pendant ma mission; je tressaillis et le serrai plus fort contre moi. Son corps me communiquait sa chaleur. Il embrassa mes cheveux et mon coeur s'emballa. Après tant de mois...Je retrouvais enfin de la tendresse et la joie simple de ce moment de partage, de douceur et de compréhension. “Que s'est-il passé Aileen ?” Sa voix fit éclater la bulle de tranquillité. Je me rendis compte que j'étais crispée et tentai de me détendre. C'était la question à ne pas poser... Je devais...infiltrer le camp rebelle. Commençai-je d'une voix douce, à peine audible. Ma mission était de les espionner, de récolter des informations qui pourraient mener à leur perte et à celle de leur chef. Nous la préparions soigneusement depuis tellement longtemps... Mais j'ai tout gâché. Un soupir tremblant s'échappa de mes lèvres. Je parlais contre l'épaule de Phoenix, n'osant pas le regarder de peur qu'il déchiffre mon regard. Quelqu'un...un rebelle que je connaissais...m'a reconnue malgré mon déguisement. Alors, tout est parti en vrille... J'en suis sortie de justesse. Je me rendis compte que je broyais le bras de Phoenix entre mes mains et le lâchai, honteuse de me laisser aller ainsi. Le Président...m'interrogea longement. Il était furieux et n'arrêtait pas de hurler. Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état. Puis, il m'imposa une... puniton physique. Pendant quelques instants, je fus incapable de continuer. Et puis il m'envoya au district 12...le pire de tous. Pour former des nouveaux Pacificateurs. Des anciens criminels de tout poil, des bons à rien de la pire sorte. Ce furent des semaines stressantes...je ne pouvais pas me permettre une seule minute de repos. Je me tus de nouveau. Je ne pouvais pas poursuivre, je ne pouvais plus émettre le moindre son cohérent. Mes souvenirs me glacaient, la présence de Phoenix me brûlait. Soudain, je l'entendis prendre une inspiration profonde, presque joyeuse. “Laisse-moi venir avec toi, pour tes prochaines missions. Laisse moi venir prendre soin de toi, Aileen... Tu m'as tant manqué.” Murmura-t-il. Si un autre m'avait dit cela, je l'aurais insulté et frappé jusqu'à ce qu'il me supplie de lui pardonner. Mais Phoenix n'était pas comme les autres. Sa voix chaude et sincère me toucha. Je tournai la tête pour pouvoir planter mes yeux dans les siens et répondis sur le même ton: Toi aussi, tu m'as manqué... Mes autres collègues me semblaient tous tellements incompétents et fades, mais c'était parce que je les comparais sans cesse à toi. Je faisais rarement des compliments, mais je voulais qu'il sache que je tenais vraiment à lui. Pendant un instant, un instant délicieux...je me laissai aller à imaginer que c'était possible...Lui et moi, ensemble en mission...Nous serions invincibles. J'aimerais tellement...que tu m'accompagnes. Ce serait beaucoup plus facile...plus agréable. Avoir quelqu'un en qui j'ai confiance à mes côtés, un ami... Je me mordis les lèvres. Cette idée était tellement séduisante... Malheureusement, c'est impossible, n'est-ce pas ? J'espérais presque qu'il me dirait que c'était possible... Il faudrait déjà que Snow l'accepte...Et il saura que tu es important pour moi. Je ne veux pas lui donner un baton pour me frapper. Et pourtant... Ce serait parfois possible, non ? Qu'il m'accompagne de temps en temps... Cela me rendrait tellement heureuse. Je relevai la tête, animée d'une détermination nouvelle. Je voulais qu'il reste avec moi. Il le fallait. Je souris à Phoenix, calmée, bien décidée de faire durer ce moment parfait aussi longtemps que possible.
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeMar 25 Oct - 20:22

Depuis qu’il avait retrouvé Domino, qu’il s’était retrouvé en présence de cette soeur tellement aimée, si aimante, et si douce, cette sœur qu’il avait tant aimé, il lui semblait que son existence était devenue absurde et fade. Il avait les mains rougies de sang d’innocents, et le cœur emplis de sadisme et de colère. Son âme s’était dissipée sous les coups de feu, et il avait oublié ce que cela faisait de se sentir en paix, reposé, en sécurité. Le monde avait longtemps été un champs de ruine, une terre où la guerre était constamment sur le point de faire imploser le peu de bonté qui restait en chaque être. Il avait depuis longtemps cessé de croire en une amélioration de l’être humain. Il ne plaçait aucun espoir en l’être humain. Il n’avait plus d’espoir depuis longtemps. Depuis qu’il avait tué pour la première fois. Il s’était alors rendu compte que cela était bien simple d’ôter la vie à quelqu’un. Trop facile peut-être. L’homme est l’animal sans nul doute le plus fragile au monde. Il n’avait, de plus, aucune envie de survivre. Peu étaient les personnes qui s’étaient battues avant de succomber sous un coup de feu. Peu étaient les personnes qui avaient eu le courage de partir en courant. En général, ils s’allongent sur le sol, prient et attendent la mort. Parce que la société dans laquelle ils vivaient était ainsi faite. Lui, qui avait connu la cruauté des jeux, le comprenait sans doute mieux que la majorité des êtres de ce monde. Les hommes n’avaient pas peur de la mort, pas réellement. Ils avaient peur de la souffrance, de la douleur. Mais ni de l’oubli, ni de la solitude, ni du vide. Les jeux c’étaient l’apogée de cette société. Enfermés dans un monde injuste, ils n’avaient plus qu’à attendre la mort. Les capacités de certains leur permettaient de survivre plus longtemps. Le fait de chasser, de connaître les baies, de savoir se battre, ou d’être discret et silencieux. Tout cela jouait, mais au final, tous devaient périr. Et si Phoenix n’en avait pas pris conscience tout de suite, en réalité, il n’avait survécu aux jeux seulement parce que ses capacités et son désir de protéger sa petite sœur l’avaient tenus en vie plus longtemps. Un ou deux jours de plus, et il serait mort aussi. Si ce n’était pas à cause des autres, cela aurait été à cause du désespoir, de la folie ou de la faim. Qu’importe, la vie n’est qu’un jeu immense, où chacun attendait la mort, en espérant qu’elle vienne le plus tard possible, et qu’elle soit la moins douloureuse possible. C’était les seuls vœux des hommes. Phoenix l’avait appris à mesure des missions. C’est pourquoi, par pur sadisme, par pur esprit de vengeance, il se refusait de les tuer tout de suite. Il aimait les torturer, leur parler, leur rappeler leur vie misérable, leurs espoirs perdus, leurs rêves brisés. La société ne changera pas, c’était chose impossible. Pas tant que Snow sera en vie. Et, en réalité, accoutumé à cette vie, Phoenix ne désirait pas la voir changer. Bien qu’elle fut au mains d’un des pires despotes de l’histoire. Il lui offrait une stabilité qu’il avait appris à affectionner.

Cependant, à cet instant précis, dans un moment désespéré, il crut un temps comprendre que finalement tout cela n’était qu’un immense jeu d’échec, aux mains d’un fou. Snow les utilisait tous à son bon vouloir. Et cela le révolta. Un instant, un court instant, il en voulut au Président de le compter comme les habitants des districts : comme une chose. Rien d’autre qu’une chose, un numéro, une manière de s’enrichir, d’assurer l’ordre et la cohésion dans cette société. Phoenix sentit son corps entier se révolter. Mais cela demandait une trop grande énergie, et il ne l’avait pas. Il avait assez d’énergie pour tuer, pas pour se battre. Car se battre demandait du courage et le désir de changement, le désir de voir les choses évoluer. Tuer ne demandait qu’une arme et une bonne dose de haine pour pouvoir appuyer à chaque fois sur la cachette sans frémir. Cela demandait aussi du temps, pour s’habituer au bruit de la balle transperçant la chair, et le sang giclant sur les murs et le sol. Il ne pouvait pas tuer quelqu’un proprement. Le poison, l’étranglement, tout cela n’était pas autorisé à son rang. Il était un trop grand pacificateur pour être discret. Il devait préserver sa réputation pour être craint dans son district. Il aimait la terreur sur le visage des passants lorsqu’ils le voyaient arriver vers eux. Tous priaient alors pour qu’il ne soit pas là pour eux ou leurs familles. Ridicule. Mais là il s’agissait de lui, et de sa propre vie, de sa famille. Lui qui jusqu’alors avait réellement cru à la mort de sa sœur, et à sa soudaine solitude. Lui qui avait réellement cru que devenir pacificateur avait été une chance dans sa vie, que tous ces meurtres qu’ils avaient commis pouvaient êtres justifiés par celui, injuste, de sa sœur. Et par son désir de la voir venger. Voilà qu’il apprenait qu’il avait tué des innocents, uniquement parce qu’on le lui avait ordonné. Seulement parce que le Capitole l’avait décidé. Que ses raisons, à lui, étaient injustes. Il en voulait au Capitole, parce que s’il devait s’en prendre à lui-même il n’avait plus qu’à sortir une de ses armes et à la poser sur sa tempe. Il ne voulait cependant pas mourir ainsi, comme un lâche. « Oui, le Capitole est injuste. Oui, nous ne sommes que des pions dans la partie de Snow. Oui, il se fiche de notre bien-être. S'il y a une chose que j'ai apprise ces derniers mois, c'est bien qu'il ne faut attendre aucune gratitude de la part de notre Président. » Il se tourna vers Aileen, la regardant dans les yeux. Sa voix était trop lasse, trop triste pour que cela soit une simple réponse à la question, à la supplication de Phoenix. Le jeune homme, malgré la colère qu’il conservait contre son amante, la pris en pitié, et s’inquiéta. Elle poursuivit cependant, et son ton se fit plus calme, plus doux, rassurant le pacificateur : « Domino...n'aime pas le Capitole. Si on ne la retenait pas, elle reviendrait tout de suite au district 11...mais ses parents refusent de la laisser partir. Snow ne voulait pas que tu saches que tu ne l'avais pas tuée... Il avait peur de ta réaction. Il craignait que tu ne sois plus fidèle au Capitole. Un vainqueur des Jeux qui lui est loyal et qui devient Pacificateur, c'est très rare... Il voulait te garder pour lui, il ne voulait pas que tu doutes de ton destin. Peut-être pensait-il que vous risquiez de rejoindre les rebelles... » Il détourna le regard alors, l’écoutant pendant qu’elle le scrutait d’un air inquiet, et curieux à la fois. L’idée de rejoindre les forces des rebelles ne lui avaient jamais traversé l’esprit. Il s’en rendit compte alors. Et l’explication d’Aileen lui sembla à la fois insuffisante, et à la fois sensée. Après tout, comment pouvait-il être certain que si Domino venait le supplier de l’aider à rejoindre les forces des rebelles, il ne l’y aiderait pas, il ne les rejoindrait pas lui aussi ? « Tu ne t'en rends peut-être pas compte... Mais tu es une arme à double tranchant, une menace potentielle pour le Capitole si tu changeais de camp. »

Il secoua la tête, et revint sur le banc avec elle, en murmurant. « L’idée ne m’avait pas même traversé l’esprit. Rejoindre les rebelles… Au nom de quoi ? Cela serait encore plus absurde que de tuer des innocents sous les ordres d’un homme que je ne connais même pas. » La vie n’était qu’un immense gourbi, où rien n’avait de sens. Où tout était amoral. Les valeurs n’avaient pas leurs places dans une société où on tuait les voleurs qui mourraient de faim pour engrosser des riches toujours plus riches. Cependant, tant que Phoenix mangeait à sa faim, il ne s’en plaignait pas. C’était, après tout, la vie. Faite d’égoïsme et d’injustice. Il se concentrait sur ses problèmes, ses interrogations, et assomma Aileen de questions au sujet de Domino. « Sa...nouvelle famille est assez riche pour lui permettre de ne pas travailler. » Sa nouvelle famille ? Phoenix ne comprenait pas grand-chose à ce qu’elle disait. Il se rendit alors compte de ce qu’elle lui avait appris tantôt. Elle voulait revenir au district onze, mais ses parents le lui refusaient ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Ce même lorsqu’il l’avait rencontrée elle l’avait menacée en lui disant que son père était un homme influent et riche. Qu’est-ce que cela signifiait ? C’était comme si cette fille qu’il avait vue grandir, qu’il avait vu mourir, puis reparaitre, n’était pas sa sœur. Mais une étrangère. Une demoiselle puis une autre. Elle ne semblait pas même être la fille de ses parents. Elle avait des parents, de nouveau parents. Comment pouvait-il comprendre cela ? « Ce n'est pas à moi de te parler d'elle... La seule personne qui pourrait vraiment répondre à tes questions, c'est Domino elle-même. Ne lui en veux pas, je t'en prie. Elle n'a jamais voulu que les choses se terminent ainsi. » Paniqué, il se tourna vers elle, et la supplia du regard. « Je t’en pries Aileen… Je … Comment pourrais-je aller la voir au Capitole ? Comment l’expliquer à Snow ? Rien ne lui échappe là-bas. Je ne pourrais la revoir que si elle le veut… Et je ne suis pas sur de le vouloir. Mais je veux m’assurer … Qu’elle va bien. C’est ma petite sœur. Je l’ai vue, là, devant moi, le corps recouvert de son sang, mourrant sous mes yeux. Et là… Soudainement elle… Elle n’est plus seulement un souvenir morbide, une raison de tuer, une injustice. Elle est un mensonge qui m’a tenue loin d’elle pendant sept ans. Je ne sais plus qui est ma petite sœur, alors que je ne vivais que pour elle. Aide-moi Aileen. J’ai besoin que tu me dises tout ce que tu sais sur elle. » Il avait conscience en Aileen, et alors que sa sœur se dessinait devant lui comme la plus horrible des étrangères, il se rattachait à cette amitié. Cette bouée de sauvetage.

« Les choses ne se remettront jamais en place comme avant, Phoenix. Accepte-le...Et permets-toi de vivre ta propre vie et de faire tes propres choix, de donner le sens que tu veux à ton existence. Cette rencontre ne changera des choses que si tu lui permets de le faire, si tu lui donnes ce pouvoir. Je suis tellement...désolée...de ne pas te l'avoir dit plus tôt. De ne pas avoir bravé l'ordre de Snow... » Lui qui tenait à sa stabilité, à ce quotidien. A cette vie qui avait un sens noble à ses yeux. Aujourd’hui il se voyait comme un meurtrier, un menteur et monstre. Un animal, non lus un homme, qui parcourait le pays à la recherche de cœur à arracher, de vie à briser, d’âme à voler. Telle la faucheuse, il emmenait avec lui un vent froid et des pleurs. Des centaines de sanglots qui résonnaient dans son esprit à présent. Cependant il ne voyait pas comment changer, de nouveau devenir quelqu’un d’autre. Jérémy était mort au nom de nombreux sacrifices, d’injustices, et de mort. Sous les ordres d’Aileen, sous les coups de canons, le Phoenix avait pris la place de Jérémy. Et il ne savait plus qui il était à présent. Voulait-il rester ce tueur, ce pacificateur reconnu pour sa cruauté, ou alors oublier, ne plus tuer, quitter les ordres du Capitole et ne vivre que pour le bien de sa sœur de nouveau ? Être Jérémy de nouveau. Mais cette option l’obligerait à rejoindre les rebelles. Snow ne le laisserait pas prendre le parti de quitter les Pacificateurs. Au nom de quoi ? Un caprice, rien de plus. Après tout, il ne pouvait nier qu’il vivait bien sous les ordres du Capitol. Il avait tout ce dont il avait besoin. Même si cela n’avait aucun sens. < font color=black> « Mes choix m’ont toujours été dicté par les rencontres et la mort. Si tu ne m’avais pas entraîné, je ne serais qu’un pacificateur médiocre. Si mon père ne m’avait pas mis à la porte, je n’aurai pas choisi de devenir un tueur. Et si Domino n’était pas morte aux jeux, alors je n’aurai jamais haït avec autant d’ardeur les êtres humains. La vie est absurde, Aileen. Comment pourrais-je lui prêter un sens qui me pousse à vivre selon mes propres désirs ? Je ne sais même pas ce que je ne désire, qui je suis … » Elle s’excusait, et Phoenix fut attendri de la voir aussi mal, de culpabiliser pour une faute qu’elle n’avait pas commise. Il se tourna vers elle et lui offrit un sourire contrit. Elle avait suivi les ordres, elle avait été formée pour cela. Jamais il ne l’avait vue se lever contre Snow. Il en voulait à Snow, ce qui était facile en réalité, parce que Phoenix ne le connaissait pas. Il savait qui été le président grâce aux mots de Aileen. Il en avait une vision presque cauchemardesque. Un homme cupide, qui aimait le pouvoir, peut-être trop, et qui n’avait aucune reconnaissance pour ses soldats.

Peut-être était-ce pour ces raisons que Phoenix tenait à toujours être parfait en mission. Pour être dans les bonnes grâces du Président et ne pas risquer de se retrouver puni pour une faute commise lors d’une tuerie ordonnée par le Capitole. Mais pour la première fois il avait perdu le contrôle et cela lui était insupportable. D’autant plus parce qu’il avait peur à l’idée de décevoir Aileen. Il lui expliqua ce qu’il s’était passé. A sa plus grande surprise, Aileen entreprit pour le rassurer : « Ce n'est pas de ta faute, Phoenix. Ne te rends pas responsable de toutes les conneries des autres, ça finira par te tuer. » Elle le regarda ensuite avec un air plus doux, plus inquisiteur qui lui donna froid dans le dos. « J'ai l'impression que tu as autre chose à me raconter. » Il sourit, nerveusement, et quitta son regard. Effectivement, il avait presque failli oublier qu’il lui était impossible de cacher quoi que ce soit à Aileen. Elle connaissait ses hommes, et lui sans doute mieux qu’aucuns autres. Il joua avec ses mains nerveusement. Et finalement, il trouva sa manière d’être trop enfantine. Il arrêta de jouer comme un enfant avec un nouveau jouet. Il ria, un court instant. « L’enfant a été punie par le meurtre de sa mère, il m’est alors apparu que la mission était terminée. Elle était seule, ayant perdu sa famille dans de multiples tueries. Et elle avait… ce regard froid, cette envie de vivre, sans pour autant faire partie des vivants. Elle était sublime. Elle est mon élève aujourd’hui. Je l’ai prise sous mon aile. » Dit-il avec une fierté non feinte. Il adorait Kamaria, réellement. Elle était insupportable. Mais douée.

Suite à cela, Aileen sauta à son cou et il la prit contre lui. Elle était tendue dans ses bras, comme si elle se trouvait prisonnière d’un froid intense. Phoenix fit son possible pour la voir se détendre, mais rien n’y fit. Elle souffrait, et le Pacificateur n’aimait pas cela. Il caressait tendrement son dos, en l’embrassant. Il ne put s’empêcher de lui demandait ce qu’il c’était passé, pourquoi elle allait si mal. Cela ne plut pas à Aileen, et Phoenix s’en voulut d’être aussi curieux. Cependant, elle lui répondit, d’une voix entrecoupée de soubresauts. « Je devais...infiltrer le camp rebelle. Ma mission était de les espionner, de récolter des informations qui pourraient mener à leur perte et à celle de leur chef. Nous la préparions soigneusement depuis tellement longtemps... Mais j'ai tout gâché. » Elle parlait contre l’épaule du Pacificateur qui s’empêchait de respirer pour pouvoir l’entendre. Tout cela lui semblait irréel. Aileen ne pouvait pas lui raconter une telle histoire. C’était une mission importante, c’était un fait, et aux yeux de Phoenix elle était sans nulle doute la mieux qualifiée pour ce fait. « Quelqu'un...un rebelle que je connaissais...m'a reconnue malgré mon déguisement. Alors, tout est parti en vrille... J'en suis sortie de justesse. » Il serra les dents, et la serra d’autant plus contre lui. La simple idée d’apprendre sa mort, un jour ou l’autre le maintenait dans une angoisse étonnante. Elle lui semblait indestructible, immortelle. Elle, de son côté relâcha le bras de Phoenix, il se rendit compte alors qu’elle le lui broyait. Il ne dit rien, il n’y avait rien à dire. D’autant plus qu’elle reprit, d’une voix brisée. « Le Président...m'interrogea longement. Il était furieux et n'arrêtait pas de hurler. Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état. Puis, il m'imposa une... puniton physique. » Ordure. C’était un fait avéré, une punition qui était sans nulle doute méritée. Mais c’était d’une injustice exacerbée. Il ne supportait pas l’idée que l’on puisse faire du mal à sa Aileen, sa douce Aileen. Elle garda le silence pendant un moment. Lui continuait à la caresser, tendrement, espérant qu’elle se sente en sécurité dans ses bras. « Et puis il m'envoya au district 12...le pire de tous. Pour former des nouveaux Pacificateurs. Des anciens criminels de tout poil, des bons à rien de la pire sorte. Ce furent des semaines stressantes...je ne pouvais pas me permettre une seule minute de repos. » Le District 12… Lui était bien heureux de n’avoir jamais affaire aux pacificateurs de ce dernier. Il préférait de loin les missions du district deux, du sept, ou alors du onze. Mais le douze, c’était une horreur. Il était content de voir AIleen en revenir à peu près intacte. À présent il pouvait la protéger. L’idée de participer à des missions à ses côté le séduisait, et après ce qu’elle venait de lui raconter, cette idée prenait tout son sens. Cependant, cela n’était pas aussi simple aux yeux d’Aileen.


« Toi aussi, tu m'as manqué... Mes autres collègues me semblaient tous tellements incompétents et fades, mais c'était parce que je les comparais sans cesse à toi. » Il sourit. Elle ne faisait pas souvent des compliments, mais lui en était couvert. Il adorait être aussi important pour elle. C’était sa récompense pour ses missions réussies. Cela lui donnait l’impression d’être vraiment quelqu’un. Un individus, unique, meilleur que les autres. Enfin il avait de la valeur aux yeux de quelqu’un et que cela lui était agréable. « J'aimerais tellement...que tu m'accompagnes. Ce serait beaucoup plus facile...plus agréable. Avoir quelqu'un en qui j'ai confiance à mes côtés, un ami... Malheureusement, c'est impossible, n'est-ce pas ? » Il fronça les sourcils. Et pour quelles raisons cela serait-il impossible ? a ses yeux, c’était une idée qui avait du sens. « Il faudrait déjà que Snow l'accepte...Et il saura que tu es important pour moi. Je ne veux pas lui donner un bâton pour me frapper. » Il la regarda, et avant de lui répondre, il posa sa main sous le menton de la jeune fille, et baissa son visage pour l’embrasser dans un désir soudain de contact. Il voulait la sentir contre lui, vibrer de nouveau, vivante, souriante. Il adorait cela. Tendrement, il l’embrassa, telle une caresse. Cela dura un court instant. Son cœur battait à la chamade, dans un rythme effréné. « Snow n’aurait pas de bonne raison de refuser. Au vue de ce qu’il s’est passé ce soir, il verrait que nous sommes invincibles. Si nous nous battons ensemble, il n’aura plus à essuyer de nouvelles défaites. J’aimerais que cela soit possible. » Il la regardait gravement. C’était une idée séduisante. Une idée qui, si elle se réalisait, pouvait sans doute tout changer.
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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeVen 28 Oct - 20:05

Pour les habitants du Capitole, j'étais Mademoiselle Carter, une jeune femme charmante à la carrière brillante. Certaines m'admiraient, d'autres m'enviaient, d'autres encore me détestaient. Ils me voyaient en robe de soirée aux bals et aux fêtes, aux côtés de personnes influentes, m'entendaient échanger des plaisanteries avec le Président. Beaucoup me flattaient et essayaient de devenir mon amie, mais je ne leur prêtais aucune attention. Pour les rebelles, j'étais la femme sans nom, une terreur anonyme qui frappe indifféremment les hommes, les femmes et les enfants, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres. Tous me détestaient, et tous avaient peur de moi. Ils ne voyaient que mon ombre et le reflet glacial de mes armes, n'entendaient que ma voix tranchante qui donnait des ordres. Ils m'évitaient ou tentaient de me combattre, mais tous finissaient de la même façon. Pour les Pacificateurs, j'étais le Général Carter, un être cruel, sadique et insensible qui n'hésitait pas à sacrifier ses hommes pour la cause du Capitole. Ils me craignaient, me maudissaient mais finissaient toujours par me respecter. Ils me voyaient en uniforme, couverte de sang ou de terre, ils me voyaient tuer, blesser, torturer, menacer. Mes hommes étaient fiers de pouvoir travailler pour moi, ils espéraient être à la hauteur de mes exigeances et rivalisaient de cruauté pour attrirer mon attention. Comme la Mort, je prenais de nombreuses apparences. Tantôt cruelle tantôt douce et gentille, je jouais avec les autres comme avec des marionettes. La plupart d'entre eux m'intéressaient guère; ils n'étaient que des sujets, des êtres pitoyables qui pouvaient servir mes ambitions. Peu de gens comptaient vraiment pour moi, et peu de gens me connaissaient vraiment. Phoenix était l'un d'eux.

Je n'aurais pas dû le lui révéler. J'aurais pu me taire, tout simplement. Ou mentir. Feindre de ne pas être au courant de cette affaire. L'écouter avec attention, jouer la comédie de la surprise. Mais j'étais incapable de manipuler Phoenix de cette façon. L'affection que j'avais pour lui m'empêchait de préférer mes propres intérêts à notre relation. Cette nouvelle le rendrait sans doute malheureux, mais il fallait qu'il sache la vérité. Je ne voulais pas que mes mensonges détruisent ce lien si particulier qui nous liait. Alors, je lui révélai que je savais que sa soeur était toujours en vie. Pire, que je la connaissais personnellement. Comme je m'y attendais, Phoenix fut à la fois ébahi, triste, déçu et... terriblement furieux. Il se leva et fit les cent pas devant moi, effrayant dans sa colère. Pendant quelques instants, je me tus et me contentai de l'observer. J'avais honte de moi pour lui avoir caché ce secret pendant si longtemps. J'avais envie de le consoler comme un enfant, je voulais qu'il me pardonne... Que ce regard meurtrier et blessé ne soit plus posé sur moi. J'écoutai attentivement Phoenix, essayant de comprendre la raison de sa peine. Il semblait être incapable de voir le Président comme quelqu'un qui se fiche de la vie de ses soldats. Pourtant, Snow était comme ça. Oh, oui, je le connaissais... Il pourrait faire assassiner sa propre famille si cela lui rapportait du pouvoir et de l'argent. D'une voix lasse, je tentai de l'expliquer à Phoenix. Récemment, j'avais eu une... dispute avec le Président, et j'avais vu son vrai visage plus clairement que jamais pendant qu'il hurlait et menaçait. Soudain, je me rendis compte que le Pacificateur me regardait d'un air... inquiet? Comme s'il avait pitié de moi? Mon amertume et ma déception étaient-elles donc tellement visibles? Je changeai rapidement de sujet, ne voulant pas qu'il me pose des questions. D'un ton plus doux, je lui parlai de Domino et je tentai de lui expliquer pourquoi Snow ne voulait pas que Phoenix la sache en vie. J'étais sincèrement désolée, j'espérais qu'il le sentait... Il détourna le regard d'un air songeur. Je me rendis alors compte qu'il n'avait jamais pensé à rejoindre les rebelles. Et si je lui avais donné de mauvaises idées? Se rendait-il seulement compte qu'il était une menace potentielle pour le Capitole? Il secoua la tête et murmura: « L’idée ne m’avait pas même traversé l’esprit. Rejoindre les rebelles… Au nom de quoi ? Cela serait encore plus absurde que de tuer des innocents sous les ordres d’un homme que je ne connais même pas. » Il revint s'asseoir à côté de moi, ce qui me soulagea. Je ne voulais pas que ma révélation casse tout ce qu'il y avait entre nous. Non, Phoenix ne me mentait pas. Pour lui, être Pacificateur était la seule option... jusqu'à maintenant. Il avait conscience de la laideur et de l'injustice du monde dans lequel nous vivions, mais il s'en fichait tant que sa vie était agréable. Comme moi. Crois-moi, connaître la réputation de notre cher Président vaut cent fois mieux que de le rencontrer en personne. Répondis-je sans réfléchir, avant de me rendre compte que je pouvais être exécutée rien que pour avoir dit ça. Bon, j'étais seule avec Phoenix...mais on ne savait jamais. Je lançai un regard à droite et à gauche avant de le regarder de nouveau. «Sa...nouvelle famille est assez riche pour lui permettre de ne pas travailler. » Il avait l'air tellement perdu... Visiblement, il ne comprenait pas de quoi je parlais, mais ce n'était pas moi qui devais lui expliquer ça. En tous cas, pas aujourd'hui, pas maintenant. Il avait l'air de se poser mille et une questions, d'un air presque torturé. Je lui dis franchement que ce n'était pas à moi de parler de Domino. Au lieu d'être d'accord avec moi comme je m'y attendais, il eut l'air paniqué et me supplia du regard en disant: « Je t’en pries Aileen… Je … Comment pourrais-je aller la voir au Capitole ? Comment l’expliquer à Snow ? Rien ne lui échappe là-bas. Je ne pourrais la revoir que si elle le veut… Et je ne suis pas sur de le vouloir. Mais je veux m’assurer … Qu’elle va bien. C’est ma petite sœur. Je l’ai vue, là, devant moi, le corps recouvert de son sang, mourrant sous mes yeux. Et là… Soudainement elle… Elle n’est plus seulement un souvenir morbide, une raison de tuer, une injustice. Elle est un mensonge qui m’a tenue loin d’elle pendant sept ans. Je ne sais plus qui est ma petite sœur, alors que je ne vivais que pour elle. Aide-moi Aileen. J’ai besoin que tu me dises tout ce que tu sais sur elle. »Sa détresse était presque palpable et me fit mal au coeur. Tout doucement pour ne pas qu'il se fâche, je pris ses mains entre les miennes et les serrai délicatement. Il avait l'air tellement vulnérable, tellement affolé... Je t'en prie, calme-toi, Phoenix. Inspire et expire normalement. Donne-toi le temps de trouver une place pour tes émotions.Murmurai-je d'une voix apaisante sans cesser de caresser ses mains. Je regrettais presque de lui avoir avoué que sa soeur était toujours en vie. Presque. Je pris le temps de réfléchir avant de répondre d'une voix calme à son torrent d'interrogations: Si tu veux la revoir, je crois que je pourrais arranger une rencontre. Je ne me fais pas d'illusions; à ce moment-ci, Snow sait déjà que tu as revu Domino... Mais n'aie pas peur. Sa famille est assez influente et forte pour la protéger, et elle n'a rien fait de mal. Il faut juste que tu me promettes deux choses. Je le regardai dans les yeux et laissai un blanc, histoire que mes paroles fassent effet. Tu ne peux tout simplement pas montrer que cette affaire te touche. A personne, sauf à moi et à ta soeur. Je me fiche de ce que tu diras à Snow,mais n'avoue jamais à quel point cela t'a attristé, fâché et dégoûté. C'est la règle d'or pour parler avec le Président: ne jamais se plaindre, toujours montrer ton côté le moins vulnérable. Il faut que tu paraisse fort et sûr de toi,Phoenix. Il ne peut pas voir que cette révélation t'a fait réfléchir ou douter du sens de la vie. Sinon, vous êtes morts tous les deux. Mes paroles étaient bien graves, j'en avais conscience, mais c'était la vérité. Le Président ne connaissait aucune pitié. Phoenix devrait jouer son rôle à la perfection. Une deuxième chose... Ne fais pas de mal à ta soeur. Ne la tue pas. Parfois, je te crois incapable de faire ce genre de choses, mais quand je te vois en colère... Je secouai la tête, incapable de lui avouer qu'il me faisait peur à ces moments-là. J'avais envie de le prendre dans mes bras, mais je n'osais pas... Toutes ses certitudes venaient de s'écrouler devant ses yeux, et il se raccrochait à moi sans se rendre compte du poids qu'il mettait sur mes épaules. Son appel à l'aide était un cri désespéré, le cri de quelqu'un qui se noie. C'était trop à la fois et il n'arrivait plus à le supporter. Il pensait sincèrement que je pouvais l'aider. Tant de choses pouvaient dépendre de mes paroles ou de mes actes maintenant, et cela m'effrayait. Je ne voulais pas changer quoi que ce soit avant d'être sûre d'avoir fait le bon choix. Comment redonner un sens à sa vie brisée? Phoenix... Pendant toutes ces années, tu l'as crue morte. Au début, c'était difficile, mais après, peu à peu, tu l'as accepté. Tu as donné un sens à ce traumatisme et tu l'as rangé quelque part dans ton coeur. Maintenant, c'est la même chose. Tu avais déjà fait ton deuil, les images de sa mort te hantaient, et la voilà, bien vivante... C'est normal de craquer à ces moments-là. Je le regardai gravement. Je voulais qu'il sache qu'il n'y avait aucune honte à être frustré ou fâché, ni à montrer sa tristesse ou à pleurer. Je voulais qu'il sache que j'étais là pour me consoler et qu'il pouvait tout me dire... qu'il avait le temps de digérer cette révélation et de se forger une opinion sur le sujet. Tant de choses que je cherchais à communiquer par un seul regard et la douce pression de mes mains sur les siennes... Oui, je voulais qu'il se sente en sécurité. Tu avais une certaine idée d'elle... Un souvenir. Les gens changent toujours, et ta soeur n'est pas une exception à la règle. Il faudra que tu oublies ce souvenir idéalisé pour apprendre à la connaître vraiment. Je pourrais te dire mille et une choses sur elle, mais je ne le ferai pas. Va la voir. Je suis sûre qu'elle acceptera. Parle-lui. Oui, il fallait qu'il la revoie, sinon cela le tuerait. Il devrait comprendre les raisons de sa haine, de sa peur et de sa tristesse pour pouvoir être heureux à nouveau. Je lui expliquai que les choses ne se remettraient jamais plus en place comme avant. Je ne voulais pas lui mentir. Les mois à venir seraient sans doute difficiles pour lui... mais je serai là pour l'aider. Pour retrouver une certaine stabilité dans sa vie. J'avais déjà redonné un sens à son existence quelques années plus tôt, lorsqu'il ne savait plus quoi faire. S'il fallait recommencer, je le ferais avec plaisir. « Mes choix m’ont toujours été dicté par les rencontres et la mort. Si tu ne m’avais pas entraîné, je ne serais qu’un pacificateur médiocre. Si mon père ne m’avait pas mis à la porte, je n’aurai pas choisi de devenir un tueur. Et si Domino n’était pas morte aux jeux, alors je n’aurai jamais haït avec autant d’ardeur les êtres humains. La vie est absurde, Aileen. Comment pourrais-je lui prêter un sens qui me pousse à vivre selon mes propres désirs ? Je ne sais même pas ce que je ne désire, qui je suis … » Je me mordis les lèvres en me rendant compte à quel point son malaise était profond. Le meurtre de sa soeur l'avait poussé à changer de vie, avait changé Jérémy en Phoenix. Tout ce qu'il avait fait depuis là, il l'avait fait à cause de cette mort. Devenir Pacificateur, tuer...Il s'était forgé une nouvelle vie, mais aussi une nouvelle personnalité, celle d'un homme cruel et insensible au malheur des autres. A présent, il n'avait plus aucune raison pour haïr tout le monde, aucune raison pour continuer dans cette voie. Il pouvait redevenir Jérémy et rejoindre les rebelles... ou continuer à servir le Capitole. Il se remettait entièrement en question d'une façon négative qui me faisait froid dans le dos. Comment pouvais-je donner une réponse à ses questions? Personne ne le pouvait. N'oublie pas l'importance que tu as dans ta propre vie, Phoenix. Oui, ce qui s'est passé t'a guidé dans la vie. C'est comme ça pour tout le monde... mais tu es capable de faire tes propres choix et de prendre la direction que tu veux. Toute cette affaire avec les Jeux, ta famille et Domino... cela t'a profondément changé. Tu ne peux plus retourner en arrière, effacer ce que tu as fait depuis la soi-disante mort de ta soeur. Je parlais de ma voix la plus douce, la plus persuasive. Je ne voulais pas qu'il se torture avec toutes ces interrogations, parce que cela lui faisait mal. Réfléchis, Phoenix. Qu'est-ce que tu veux vraiment, pour toi, pour ta vie, pas pour plaire aux autres? Cette rencontre avec Domino doit-elle changer fondamentalement ta façon de vivre ou pas? Est-ce que tu es heureux, maintenant? Aimes-tu ton métier de Pacificateur? Voudrais-tu rejoindre les rebelles?Je lui posais des questions difficiles, je le savais, mais il fallait qu'il réfléchisse.J'ajoutai: Si tu veux que je t'appelle Jérémy un jour, je comprendrai. C'était risqué... utiliser son ancien prénom, celui qui lui faisait tant de mal. Mais je voulais qu'il sache qu'il avait le droit d'être qui il voulait vraiment, que cette personne soit pro- ou anti-Capitole, et que je ne le jugerai pas pour ça. Tu es toi, et tu es libre de faire tes propres choix. Tu n'as que cette vie pour faire ce dont tu as envie, Phoenix. Oui, s'il le voulait vraiment, il pouvait radicalement changer. Ce ne serait pas facile, mais peut-être réussirait-il alors à vivre comme il le souhaitait. Je m'excusai encore une fois pour lui avoir caché que sa soeur était en vie, et il m'offrit un sourire contrit et attendri. Je lâchai un soupir de soulagement. Il m'avait pardonné...

Phoenix me parla d'une mission qui avait mal tourné. Cela m'étonna, car il n'avait encore jamais échoué sous mes ordres. Puis, il m'expliqua ce qui c'était passé et je compris qu'il se donnait la faute alors qu'il n'avait rien fait de mal. Il parlait d'un ton incertain, presque...honteux? Comme s'il avait peur de me décevoir? Je tentai de le rassurer, de lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute. Pourtant, je n'étais pas encore satisfaite, car je sentais qu'il me cachait quelque chose. « J'ai l'impression que tu as autre chose à me raconter. » Dis-je d'un ton doux et inquisiteur à la fois. Il détourna le regard et sourit nerveusement. Je sus aussitôt que ma remarque avait fait mouche. Comment avait-il pu oublier que j'étais une experte pour deviner les pensées de mes hommes? Surtout celles de Phoenix... Je le connaissais tellement bien qu'il n'arrivait pas souvent à me cacher quelque chose. Il jouait avec ses mains, comme un enfant surpris en train de faire quelque chose d'interdit. Je me tus; j'avais appris que le silence gêne les gens et les force à parler plus vite. En effet, après avoir ri pour une raison qui m'échappait, il m'avoua assez rapidement: « L’enfant a été punie par le meurtre de sa mère, il m’est alors apparu que la mission était terminée. Elle était seule, ayant perdu sa famille dans de multiples tueries. Et elle avait… ce regard froid, cette envie de vivre, sans pour autant faire partie des vivants. Elle était sublime. Elle est mon élève aujourd’hui. Je l’ai prise sous mon aile. »Il en était fier, cela se sentait. Je haussai un sourcil et lâchai: Ah bon?d'un ton perplexe et plus froid que je ne souhaitais. Je n'y pouvais rien, mais j'étais soupçonneuse. Déformation professionnelle, sans doute. Cette fille...a vraiment accepté de devenir ton élève? Elle veut tuer pour le Capitole alors que le Capitole a tué sa mère? Je secouai la tête, incrédule. Cela ressemblait à l'histoire de Phoenix, mais je me retins de le dire. Je ne remets pas ton jugement en question, Phoenix, mais as-tu bien vérifié que ce n'est pas une espionne des rebelles? Qu'est-ce que tu comptes faire? Oui, qu'allait-il faire avec cette jeune fille? Il n'existait pas de femmes Pacificateurs. Serait-elle une espionne, une meurtrière discrète? Sa main droite comme il était la mienne? Difficile à avouer, mais cela me rendit un peu jalouse... l'idée que l'élève était devenu professeur à son tour. Enfin, c'était le cours naturel des choses. J'étais vraiment curieuse de suivre l'évolution de cette jeune fille et je demandai donc: Tu me tiendras au courant de ses progrès?. C'était aussi une façon de me faire pardonner de ma suspicion envers son élève. Je tentai d'imaginer ce que “prendre sous mon aile” voulait dire pour lui, pour cet homme souvent froid et cruel mais parfois doux et tendre. Etait-elle heureuse? Peut-être cette nouvelle amitié aiderait-elle Phoenix à retrouver une certaine stabilité dans sa vie? Je l'espérais.

Soudain, je ne supportais plus qu'il y ait cette affreuse distance entre nous. Après tant de mois de séparation, je voulais le toucher de nouveau, m'assurer qu'il était vraiment là. Retrouver cette chaleur et cette douceur qui me rendait heureuse. Je me jetai dans ses bras et il me tint contre lui. Pourtant, j'étais toujours incapable de me détendre... Il le sentait, et il caressait tendrement mon dos. Cela me calma un peu, jusqu'à ce qu'il demande ce qui s'était passé entre le Président et moi. Cette question me fit mal, mais j'avais besoin d'en parler... De me vider de toutes ces émotions parasites qui me rongaient. Je commençai alors par lui décrire ma mission, d'une voix que j'aurais voulu mieux maîtriser. Je parlais contre l'épaule de Phoenix, de peur qu'il déchiffre mon expression. Lorsque je lui révélai que je m'en étais sortie de justesse, il me serra plus fort contre lui, m'écrasant presque. Je savais qu'il me considérait souvent comme un être immortel et invulnérable... Mais il devait savoir que ce n'était pas le cas. Serait-il triste, si je mourrais? Sans doute. Et moi, qu'est-ce que je ressentirais s'il était tué pendant une mission? Je tentai de l'imaginer, mais je me sentis mal. L'image de Phoenix mort, immobile et pâle, ses beaux yeux sombres éteints à jamais, tellement froid... Non, j'étais incapable de croire qu'il pourrait être un jour ainsi, qu'il cesserait tout simplement de me parler de sa voix grave et de m'aider dans mes missions. Impossible. Je me rendis compte que je broyais son bras et le lâchai, sans pourtant m'excuser. Il garda le silence, ce qui m'incita à poursuivre: « Le Président...m'interrogea longement. Il était furieux et n'arrêtait pas de hurler. Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état. Puis, il m'imposa une... puniton physique. »Je ne me reconnaissais plus. Cette voix brisée, hâchée, tremblante... était-ce vraiment la mienne? Phoenix se raidit mais ne fit aucun commentaire. Il continuait à caresser doucement mon dos pendant que je lui parlais du district 12. Finalement, je me tus. Il n'y avait plus rien à dire. J'étais soulagée, comme si le poids de ces expériences désagréables tombait enfin de mes épaules. Partager mes pensées avec Phoenix m'avait aidée, comme toujours. Peu à peu, je m'autorisai à me détendre et à oublier mes pensées négatives pour savourer le moment présent. J'écoutais les battements réguliers du coeur de Phoenix pendant qu'une douce chaleur se répandait dans mon corps, chassant le froid glacial de ma tristesse. Je ne pouvais pas m'imaginer de moment plus parfait, plus tendre et doux... Soudain, il prit une inspiration profonde et me demanda d'un ton presque joyeux s'il pouvait m'accompagner pendant mes missions. Cela m'étonna... Etait-il vraiment prêt à faire ça pour moi? A m'aider de cette façon ? Je lui avouai qu'il m'avait manqué, et il sourit en entendant mon compliment. Oui, je n'en donnais pas souvent... Mais il les méritait. Je voulais qu'il sache qu'il était quelqu'un pour moi, que je l'appréciais sincèrement, autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. « J'aimerais tellement...que tu m'accompagnes. Ce serait beaucoup plus facile...plus agréable. Avoir quelqu'un en qui j'ai confiance à mes côtés, un ami... Malheureusement, c'est impossible, n'est-ce pas ? » Murmurai-je. J'espérais presque qu'il me dise « Non, ce n'est pas impossible Aileen. », mais il se contenta de froncer les sourcils. J'ajoutai donc : « Il faudrait déjà que Snow l'accepte...Et il saura que tu es important pour moi. Je ne veux pas lui donner un bâton pour me frapper. ». Je levai les yeux vers lui et voulus continuer à parler, mais quelque chose dans son regard m'en empêcha et me pétrifia. Je n'arrivais plus à me détourner de ses prunelles tellement sombres, tellement séduisantes... Il posa sa main sous mon menton et baissa son visage pour m'embrasser. Ses lèvres caressaient les miennes, tellement douces, tellement tendres... Mon coeur eut un râté puis s'emballa brusquement alors que je répondais à son baiser. Je me détendis entièrement, oubliant tout autour de moi l'espace d'un court instant. Puis, ses lèvres se détachèrent des miennes et je pus de nouveau respirer normalement. Je me rendis compte que j'avais saisi le col de son uniforme de Pacificateur mais ne le lâchai pas. Je voulais rester près de lui, sentir son coeur battre contre le mien. « Snow n’aurait pas de bonne raison de refuser. Au vue de ce qu’il s’est passé ce soir, il verrait que nous sommes invincibles. Si nous nous battons ensemble, il n’aura plus à essuyer de nouvelles défaites. J’aimerais que cela soit possible. » Me dit-il en me regardant gravement. Oui, il le voulait vraiment. Sincèrement. Il m'offrait son aide. Sa proposition était tellement tentante... non seulement pour moi, mais aussi parce que cela pourrait aider Phoenix à surmonter son chagrin et ses émotions négatives après la rencontre avec Domino. Oui, il ne refusera pas. Murmurai-je. Je sentais son souffle sur mon visage et cela me distrayait... Il était tellement proche de moi. Soudain, je pris une décision. Oui. Viens avec moi, Phoenix. Accompagne-moi au Capitole. Nous allons convaincre Snow... et nous allons nous battre ensemble. Je parlais d'un ton presque suppliant. Je n'osais presque pas y croire... Mais promet-moi une chose... Je ne veux pas te prendre ta liberté. Il y a sans doute d'autres choses dans ta vie que d'être tout le temps à mes côtés. Le jour où tu auras envie de suivre ton chemin, je ne t'en empêcherai pas. Je lâchai un soupir de soulagement. Enfin, j'envisageais un avenir moins pénible. Je souris à Phoenix, un vrai sourire, un sourire heureux. Comment fais-tu pour toujours me convaincre ? Pourquoi est-ce que je cède toujours ? Dis-je d'un ton plus léger, taquin. Je voulais qu'il retrouve le sourire aussi... Qu'il soit de nouveau ce Phoenix qui me faisait rire et rêver. Demain, tu m'accompagneras pour ma mission? Commençai-je, puis je secouai la tête. Non, oublions le travail... Phoenix. Je suis tellement heureuse d'être ici avec toi. C'était tellement vrai... J'osais de nouveau espérer, oublier Snow et toutes ses exigences pour profiter des retrouvailles avec cet homme que j'adorais.
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeVen 4 Nov - 19:15

Le moment de vérité était arrivé. Pour Phoenix il s’agissait d’un tournant non négligeable dans sa vie. Lui qui pensait en avoir terminé avec ces choix déchirants, il se retrouvait encore une fois devant une impasse, un mur sur son chemin s’éloignant à l’infini, qu’il imaginait bordait de deux murs infranchissables, incassables. Mais le Président, Domino et maintenant Aileen s’étaient évertués à lui cacher un autre monde derrière les remparts, qui lui cachaient la vue. Il avait ignoré l’existence de ce monde depuis sept ans, persuadé qu’il n’avait pas d’autre choix que de marcher droit, de ne penser à rien d’autre que de faire ce qu’on exigeait de lui : tuer. Toujours tuer. Massacrer des innocents, des criminels, des violeurs, des voleurs, des tueurs, sans distinction de fautes, de sexe ou d’âge. Cela n’était pas l’important. L’important c’était le fait qu’ils aient commis une faute. Cela n’était pas pardonné par le Capitole. Lui avait été entraîné dans le but de remédier à cela, de faire en sorte que ces gens reviennent sur le droit chemin. Et il faisait son boulot avec professionnalisme. Il était à présent connu et reconnu par le Capitole. Il était un songe, un cauchemars, une ombre, une seule et unique pensée qui passait dans les villages. Un présage de mort, qui accompagnait la mort, qui la causait. Il était craint comme le loup blanc. Mais la comparaison avec un loup ne s’arrêtait pas là. Il était un chef de meute. Lorsqu’il travaillait avec d’autres pacificateurs, la tête de l’opération lui était souvent accordé. Il encerclait ses victimes, les privait de tout moyen de fuir, et il attaquait. Il était rapide et méthodique. Car c’est ainsi qu’Aileen Carter l’avait entraîné. C’est ainsi qu’elle lui avait appris à tué. C’était risqué, dangereux, et difficile à mettre en ordre. SE faire respecter de ses hommes, avoir leurs attentions assez longtemps pour pouvoir leur expliquer un plan complet… Les Pacificateurs sont des chiens fous qui ont besoin de sang et de larmes. Ils ne désiraient que cela. La majorité était de véritable brute qui ne pensaient à rien d’autre qu’à tirer dans la chair de pauvres innocents. Les Pacificateurs sont amoraux, égocentriques, vils et sadiques. Phoenix était comme cela. Mais en plus, il avait connu la cruauté des jeux. Mais en plus, il était arrivé avec un avantage : il avait un esprit de stratège.

Il savait que l’on ne pouvait gagner la guerre en fonçant tête baissé dans l’armée ennemie en espérant faire le plus de victime. L’armée se dotait de soldats. De beaucoup de soldats. Mais elle en avait cure. Car ce n’étaient pas les soldats qui donnaient la victoire à un camp. C’était les dirigeants. Pour gagner la guerre, Phoenix ne pouvait rien faire d’autres que de suivre les directives du Capitole. Car le sergent-chef c’était le Président Snow. Le problème était que pour le moment il ignorait qui il combattait. Qui était le chef de ces rebelles si ardus à trouver et à massacrer ? Alors il se contentait pour le moment de liquider des soldats, et d’arrêter les chef des clans. Mais ce n’était que des généraux, bien bas dans l’échelle militaire. Phoenix le savait. Certes, ils pouvaient s’en doute en apprendre beaucoup d’eux, mais pas assez. Ce qu’il fallait, c’était intégrer le camp adverse et découvrir ce qu’ils cachaient. Qui était à leur tête. C’est une mission pour laquelle le Pacificateur n’avait pas encore été appelé. Malgré son mérite. Malgré son efficacité. Il s’était souvent demandé pourquoi. Mais apparemment la réponse était simple : le Capitole n’avait aucune confiance en lui.

Ses murs s’étaient effondrés. Il était coincé à présent, sans possibilité de continuer à marcher droit. Il se retrouvait devant une décision presque déchirante. Sur sa droite, un chemin se découpé, jonché de prairie jaunâtres, sèches, qui ne bougeaient plus sous le gré du vent. Un chemin qu’il connaissait, qui le rassuraient, mais déjà mort. Il s’étendait à l’infini, et promettait une gloire éternelle à Phoenix. Une gloire, sans doute, si le Capitole survivait à cette guerre. Sur ce chemin, il entrevoyait des liaisons avec d’autres chemins. Un en particulier. Sans doute celui d’Aileen. Il pourrait partager beaucoup de choses avec elle s’il le choisissait. Il sera encore son Pacificateur, et pourra combattre à ses côtés. C’était le chemin qu’il s’était construit depuis qu’il était devenu Phoenix. Depuis qu’il avait retrouvé un sens à l’existence. Mais c’était une chimère, une illusion, pour se prouver à lui-même qu’il n’était pas encore mort. Cependant, il stagnait. Il vivait sous les ordres et les décisions d’autres plus grands et puissants que lui. Jusqu’à présent cela lui avait fort bien convenue. Mais un chemin sur sa gauche était apparu. Il était entouré de forêt sombre et denses et ne semblait pas très accueillant à première vue. Il se souvenait de cette forêt. Il y avait vécu les pires instants de sa vie. C’est là qu’il avait vu mourir sa sœur. Sauf qu’elle n’était pas morte. Sauf que son passé le rappelait à lui. Il se souvenait de la colère qu’il gardait, enfant, envers le Capitole. Son désir de devenir un rebelle, de se battre pour la liberté, une fois devenu adulte. Tout cela n’avait été qu’un rêve d’enfant. Mais aujourd’hui ce rêve lui revenait. Cette réalité s’ouvrait à lui. Il regardait ce chemin, cette forêt. Elle était traversé de milliers de chemins, mais rarement ils se rencontraient. Les rebelles avaient beau se battre pour la même cause, leurs existences étaient profondément unique. Ils étaient et restaient seuls. Ils traçaient leur propre chemin, sans besoin de quiconque. Mais en y regardant de plus près, il vit au loin, sur ce chemin escarpé, une lumière vive et attrayante. Lumière divine qui lui apparaissait. Celle de la liberté, de la joie, du futur. Un but. Voilà ce que lui promettait ce chemin-ci : un but. Une raison d’être, nouvelle. Ou plutôt, ancienne. Mais c’était également un chemin scabreux, difficile et sans promesse d’avenir. Il ne voulait pas souffrir encore en se faisant des ennemis. Lui qui se sentait seul depuis si longtemps. Il n’avait pas le désir de choisir pour le moment. Alors il restait là à attendre. Il avait le temps, se disait-il. Mais à la lumière de la conversation avec Aileen de nouvelles raisons de quitter le Capitole et de rejoindre les rebelles. Mais il avait aussi plus de raisons encore d’en vouloir à son mentor et à sa sœur. Il en était incapable. Il voulait avoir confiance en Aileen, il avait toujours eu confiance en elle.

Il lui avoua que l’idée de rejoindre les rebelles ne lui avait jamais traversé l’esprit. Tout du moins pas depuis qu’il était devenu Pacificateur. Car, quel habitant des districts n’avait jamais pensé à la possibilité de rejoindre cette résistance ? Il n’avait pas échappé à la règle. Mais il ne devait pas oublier non plus combien les habitants des districts étaient encore plus vils et cruels que le Capitole. Ils reniaient leurs propres membres en raison de quelques rumeurs. Ils crachaient sur les plus faibles et les regardaient dépérir sans rien dire. Ils punissaient les criminels de la même manière que les Pacificateurs. Peut-être avec plus de sadisme encore. Car ils ne les achevaient pas d’un coup de feu entre les deux yeux en leur expliquer pourquoi ils étaient condamnés. Ils les laissaient dans la rue, dans le froid, brisé par la culpabilité. Ils les regardaient tâchant de se battre avec de pauvres armes dérisoires : l’espoir, le passé. Rien de plus. Que restait-il à un enfant accusé du meurtre de la personne qui comptait le plus dans sa vie. Et lorsque la personne en question, qui n’est pas réellement morte, a laissé l’enfant seul durant des années, sans rien dire. Et que dire de ce père qui laissa son fils dans la rue après avoir entendu des rumeurs. De simples rumeurs, voilà ce qui avait condamné Phoenix. Voilà ce qui expliquait sa haine toujours cuisante envers les habitants des districts. Car si il prenait son histoire pour exemple, il y tenait, il se rendait très vite compte qu’il n’était pas le seul à avoir essuyer l’indifférence et le dédain des habitants des districts. Alors, en définitif, quelle raisons avait-il de vouloir se battre pour eux ? “ Crois-moi, connaître la réputation de notre cher Président vaut cent fois mieux que de le rencontrer en personne.” Phoenix se tourna vers Aileen, surprit. Elle pouvait être condamnée pour avoir simplement pensé cette idée. Le Président était un personnage sacré … Pour lui-même. Il exigeait des autres la même idéalisation et le même respect divin qu’il avait pour-lui. C’était un être sans nulle doute profondément prétentieux. Mais c’était un chef d’état despotique qui savait comment fonctionner le pouvoir et la guerre. Peut-être Phoenix n’avait-il aucun désir de sortir de cette vision qu’il avait du Président : un roi despotique mais qui savait où il devait mener sa politique pour assurer la protection de ses sujets. Il aimait à penser que le Président avait un dessein plus haut placé que le simple cumule de richesse.
Aileen retourna vite au sujet qui intéressant réellement Pheonix : sa sœur Domino. Après avoir découvert qu’elle était en vie et que de plus elle vivait au Capitole, Aileen lui révéla que sa nouvelle famille était une des richesses de ce pays, et que la gamine n’avait pas le besoin de travailler. Il soupira. Quelle dommage … Elle qui aimait tant travailler la terre et chasser lorsqu’ils étaient enfant. Il se demanda alors ce qu’elle pouvait bien faire de ses journées ? Lorsqu’il l’avait vue, elle était richement habillée et parlait comme toutes ces petites riches du Capitole. Il avait changé, elle aussi apparemment. Et il ne supportait pas vraiment cette idée. Il avait besoin de savoir qui elle était devenue, pour deux raisons. Soit elle était celle qu’elle avait toujours été et il pourrait sans doute un jour lui pardonner et l’aimer à nouveau. Ou alors elle avait changé et là il pourra la haïr à sa guise. Cette simple distinction pouvait tout changer pour lui. Mais Aileen se refusa dans un premier temps à lui dire ce qu’elle savait sur Domino. Cela mit Phoenix dans un état d’angoisse avancé. Il supplia la jeune femme de l’aider, de lui dire ce qu’elle savait. Il avait besoin d’en parler, et d’en parler avec elle. Car il avait confiance en elle et en personne d’autre en ce monde. Il avait toujours eu confiance en Aileen, car c’était une femme de valeurs. Ca, il en resterait convaincu tout au long de sa misérable vie. Il revint prèt d’elle et lui laissa entrevoir l’homme qui se cachait sous les flingues et le regard froid du Pacificateur. Elle était la seule personne en ce monde à connaître cette homme, sa douceur et son besoin de reconnaissance. Ses sourirs doucereux et ses caresses. Elle connaissait tout cela. LA première fois qu’elle avait vu ce personnage elle lui avait avoué qu’il était son meilleur homme. Elle l’avait autorisé à l’appeler par son prénom. Aileen …. Aileen … que serais-je devenu si tu ne m’avais pas ouvert ton cœur ? Depuis il lui faisait pleinement confiance, au point de pouvoir pleurer devant elle. De lui parler de sa souffrance. De ses faiblesses. Ces douleurs que les Pacificateurs ne devaient pas avoir. Ces faiblesses qui pouvaient les coûter la vie un jour si quelqu’un s’en emparait à son incus, pour les utiliser contre lui. “Je t'en prie, calme-toi, Phoenix. Inspire et expire normalement. Donne-toi le temps de trouver une place pour tes émotions ” Il ne la quitta pas des yeux mais inspira. Il écouta ses conseils et fit ce qu’elle lui demandait. Il inspira, expira, inspira encore, profondément, de plus en plus doucement. Mais ses sentiments s’agitaient toujours en lui, contradictoire, étranges, nouveaux, violents. Il était comme perdu. Mais elle se trouvait près de lui. Elle le rassurait pas ses mots et ses caresses. Il se laissa aller. Elle lui prit les mains, et il se laissa faire, docile. Que ressentait-il en ce moment ? De la peur, de l’angoisse, de la colère, un sentiment d’injustice cuisant. Tout cela à la fois ?

“ Si tu veux la revoir, je crois que je pourrais arranger une rencontre. Je ne me fais pas d'illusions; à ce moment-ci, Snow sait déjà que tu as revu Domino... Mais n'aie pas peur. Sa famille est assez influente et forte pour la protéger, et elle n'a rien fait de mal. Il faut juste que tu me promettes deux choses.” Un rictus déforma la beauté du visage de Phoenix durant un court instant. Snow savait, pourtant leur rencontre avait été le résultat d’un pur hasard. Elle peut-être l’avait elle cherché. Mais lui, il ne se trouvait là que dans le dessein de mettre en œuvre une autre mission sous la directive de Snow, rien d’autre. La question était de savoir s’il voulait vraiment la revoir ? Sans doute pas tout de suite. Là, il voulait surtout digérer la nouvelle de sa résurrection soudaine. Sa sœur était en vie. Comment était-il supporter cela. Mais il devait lui parler, il le sentait au plus profond de lui-même. Elle ne risquait rien là où elle était, et si c’était vrai, il voulait s’en assurer par lui-même. De ses propres yeux. Il voulait être sur qu’elle était en sécurité, et aimée comme elle devait l’être. Cependant, il semblait qu’Aileen avait décidé que ce ne serait pas si facile que cela. Soit, il s’y était attendu. Elle voulait qu’il lui promette deux choses, et il n’avait pas à cœur de le lui refuser. “ Je t’écoute. ” dit-il simplement pour seule réponse à sa requête. Elle le regardait avec un air grave qui inquiétait presque Phoenix. Elle lui connaissait ce regard. Lorsqu’elle s’impliquait entièrement, pleinement dans une mission, elle portait ce regard. Celui de la combattante, mais surtout du chef. Il se retrouvait face à son mentor, point face à son amie ou à son amante. Il le su directement. Alors il écouta avec beaucoup d’attention ce qu’elle avait à lui dire. “ Tu ne peux tout simplement pas montrer que cette affaire te touche. A personne, sauf à moi et à ta soeur. Je me fiche de ce que tu diras à Snow,mais n'avoue jamais à quel point cela t'a attristé, fâché et dégoûté. C'est la règle d'or pour parler avec le Président: ne jamais se plaindre, toujours montrer ton côté le moins vulnérable. Il faut que tu paraisse fort et sûr de toi,Phoenix. Il ne peut pas voir que cette révélation t'a fait réfléchir ou douter du sens de la vie. Sinon, vous êtes morts tous les deux.” Il fronça les sourcils. Il était surpris. Nullement de la requête d’Aileen, mais du fait qu’elle lui en fit part. Il savait que les Pacificateurs devaient se montrer comme des êtres insensibles. Il savait qu’il avait l’interdiction la plus formelle de ressentir le moindre sentiment humain, encore moins face à l’autorité, ou face aux innocents qu’il assassinait. Il se le permettait exclusivement avec elle. Mais il est vrai que dans cette affaire qui le touchait de trop près il était au bord du gouffre et le risque qu’il ne tomba était bien plus élevé qu’à l’ordinaire. C’est de cela qu’elle s’inquiétait. C’était sur. Surtout après avoir appris le désir qu’avait eu Snow de lui interdire l’accès à la vérité sur sa sœur. Il acquiesça, simplement. Sans rien dire. Qu’était donc la seconde requête d’Aileen ?

“ Une deuxième chose... Ne fais pas de mal à ta soeur. Ne la tue pas. Parfois, je te crois incapable de faire ce genre de choses, mais quand je te vois en colère... ”

Il la regarda, surprise. Elle baissa le regard et il comprit alors. Derrière cette requête il y avait un aveux. Il lui faisait peur, parfois. Etait-il si impressionnant que cela lorsqu’il était en colère ? Il ne s’en était jamais rendu compte. Cependant, il est vrai qu’il avait, à plusieurs reprises déjà, tué des collègues parce qu’ils avaient fait des choses qu’il n’avait pas apprécié. Il perdait facilement le contrôle de lui-même. ET n’avait-il pas visé sa sœur avec son flingue quand il l’avait revu. Il se cachait derrière ses armes, et supprimé ceux qui le frustrait. Parce que c’était facile. Une difficulté, une balle, et le silence. Rien de plus. Etait-il capable de tuer sa sœur sous le coup de la colère ? Sans doute oui. Après tout il s’était depuis longtemps habitué à l’idée qu’il était l’assassin de Domino. A l’idée qu’il pouvait abattre n’importe qui de sang froid. N’était-il pas un bon Pacificateur pour ces raisons ? Il ria de lui-même et baissa le regard. Il prit les mains d’Aileen entre ses mains rudes pour l’obliger à le regarder. “ Je voudrais pouvoir te promettre que je ne lui ferai pas le moindre mal. Mais pas aujourd’hui. Effectivement …. Aujourd’hui je me pense capable de la tuer. L’idée m’est si familière… Du reste, je n’oublie pas le masque d’indifférence et de froideur que tu m’as appris à porter durant des années. Je ne suis humain que devant toi. Je reste un monstre face aux autres. ” Cela voulait tout dire. C’était son rôle. Être un monstre. Tuer. “ Phoenix... Pendant toutes ces années, tu l'as crue morte. Au début, c'était difficile, mais après, peu à peu, tu l'as accepté. Tu as donné un sens à ce traumatisme et tu l'as rangé quelque part dans ton coeur. Maintenant, c'est la même chose. Tu avais déjà fait ton deuil, les images de sa mort te hantaient, et la voilà, bien vivante... C'est normal de craquer à ces moments-là.” Elle répondait à l’appel qu’il lui lançait. Un appel de détresse. Il avait besoin d’entendre cela. Il avait besoin de se réhabituer à être faible. A être un homme. Mais ces sentiments, cette multitudes de sentiments contradictoires, c’était beaucoup à encaisser d’un coup. Alors il s’adressait à elle, il s’appuyait sur elle. Comme il l’avait toujours fait lorsqu’il avait eu des doutes. Ce qui n’était au finale que rarement arrivé. Mais elle était là, maintenant qu’il avait besoin d’elle, elle était là. Et cela lui mettait du paume au cœur. “ Tu avais une certaine idée d'elle... Un souvenir. Les gens changent toujours, et ta soeur n'est pas une exception à la règle. Il faudra que tu oublies ce souvenir idéalisé pour apprendre à la connaître vraiment. Je pourrais te dire mille et une choses sur elle, mais je ne le ferai pas. Va la voir. Je suis sûre qu'elle acceptera. Parle-lui.” Il devait donc la revoir. C’est ce qu’elle pensait. Sinon il en souffrira longtemps. Peut-être même cette idée le rongera au point qu’il en mourrait. Mais s’il la voyait maintenant c’est elle qui risquait sa vie. Qui savait de quoi il était capable. Aileen le redoutait, et lui ne pouvait l’empêchait. Cette colère. Ce gout pour le sang et la mort. Cela faisait parti de lui à présent. Elle avait changé. Lui qui souvenait de son sourire, de son regard, de ces gestes doux de petite fille. Lui qui l’avait toujours vu comme sa princesse, son amazone. Sa pirate. Aventureuse, casse-cou, mais d’une douceur inégalable. Voilà qu’elle était une princesse riche, dédaigneuse et … et quoi ? Que savait-il d’elle finalement. “ Peut-être que je veux garder le souvenir que j’ai d’elle. J’ai peur de l’aimer moins sinon. De me rendre compte que… derrière ce regard prétentieux, Domino, ma Domino, n’est plus. ” Avoua-t-il. Car c’était bien le risque. Après tout, qui pouvait prouver de l’existence de Jérémy en lui ?

“ N'oublie pas l'importance que tu as dans ta propre vie, Phoenix. Oui, ce qui s'est passé t'a guidé dans la vie. C'est comme ça pour tout le monde... mais tu es capable de faire tes propres choix et de prendre la direction que tu veux. Toute cette affaire avec les Jeux, ta famille et Domino... cela t'a profondément changé. Tu ne peux plus retourner en arrière, effacer ce que tu as fait depuis la soi-disante mort de ta soeur. ” Et pourtant dieu seul sait combien il avait le désir de pouvoir changer le passé. Qu’aurait-il fait ? Déjà, il n’aurait pas laisser sa sœur dormir sur une branche aussi éloignée de la sienne lors des jeux. Il aurait veillé toutes les nuits, s’interdisant le sommeil tant qu’elle ne serait pas en sécurité. Ou alors il aurait traqué tous les autres participants pour les tuer un part un. Ou alors, après son retour des jeux, il se serait tué, simplement, pour ne pas avoir ces morts sur la conscience. Pour ne pas avoir à vivre cet instant de remise en question. Cet instant si douloureux. Ce chemin de pierre et ce mur sur lequel il restait depuis trop longtemps et qui s’estompait. Il se plaisait pourtant dans la vie qu’il menait. S’il n’avait pas rencontré Domino jamais il n’aurait remis en question son appartenance à l’armée du Capitole. Et d’ailleurs, est-ce qu’il s’agissait réellement de cela ? Il adorait son métier de Pacificateur, malgré tout. Tuer ces habitants vils. Il les détestait toujours, et encore plus depuis qu’il avait appris que Domino était en vie. L’injustice qui dépeignait les districts lui apparaissait plus éclatant que jamais. Ils en étaient fiers de plus. Il devait leurs faire payer l’affront qu’ils lui avaient fait en le poignardant par leurs regardas et leurs remarques. Eux qui l’avaient appelé « assassin », il devait les punir. “ Réfléchis, Phoenix. Qu'est-ce que tu veux vraiment, pour toi, pour ta vie, pas pour plaire aux autres? Cette rencontre avec Domino doit-elle changer fondamentalement ta façon de vivre ou pas? Est-ce que tu es heureux, maintenant? Aimes-tu ton métier de Pacificateur? Voudrais-tu rejoindre les rebelles?” Il se mordit la lèvre inférieure. “ Comment cette rencontre pourrait ne pas changer profondément les choses ? Tout me semble faux. Je crois … que je n’ai jamais été heureux. Mon but n’est pas de l’être. Je ne sais pas ce qu’est mon but. Mais je ne risquerai pas ma vie pour des êtres qui m’ont haït. Je me sied dans mon rôle de Pacificateur. Aussi étonnant que cela puisse être, je m’accepte comme cela. J’ai l’impression que … Depuis toi, depuis que je suis devenu Phoenix, j’ai trouvé une place qui me convient dans ce monde. Et je compte bien rester ce Pacificateur dont tu es si fière.” Cela n’avait pas grand chose à voir avec elle. Il se plaisait vraiment dans ce rôle de Pacificateur. Il aimait vraiment ce qu’il faisait dans la vie. “ Si tu veux que je t'appelle Jérémy un jour, je comprendrai.” Il lui sourit et caressa sa joue. “ Je doute d’avoir à te demander cela un jour. Pas à toi. Tu fais parti de la vie de Phoenix. Tu n’as aucune raison de faire partie de celle de Jérémy. Et d’ailleurs, Jérémy t’aurai détesté. J’en suis incapable.” Il n’était pas en colère contre elle. Bien qu’entendre son ancien prénom sur ses lèvres le mettait mal à l’aise. Il n’aimait pas cela. Et il espérait que jamais plus elle ne l’appela de la sorte. “ Tu es toi, et tu es libre de faire tes propres choix. Tu n'as que cette vie pour faire ce dont tu as envie, Phoenix” Il saisit l’idée, bien qu’il ne l’accepta pas. Changer était un mot empli de promesses. Mais l’acte était des plus durs qu’il exista en ce monde. Devenir quelqu’un d’autre. Accepter d’être quelqu’un d’autres. Il ne connaissait rien de plus douloureux. Elle s’excusa encore de lui avoir caché la vérité, mais déjà il l’avait pardonné.

Il changèrent de sujet de conversation, et en vinrent à parler de la dernière mission « ratée » de Phoenix. Il lui expliqua les faits, mais dans un premier temps, il éluda la vérité sur sa nouvelle relation avec Kamaria. Cependant, il aurait du se douter qu’Aileen ne se rassasierait pas de si peu. Elle le connaissait que trop bien et exigea de lui qu’elle lui en dise plus. Pas directement certes, mais l’ordre était très net aux oreilles de Phoenix. Alors il lui avoua avoir pris Kamaria sous son ailes. Le regard d’Aileen à cette annonce se voilà. Elle était surprise, certes mais il y avait autre chose. “Ah bon?” Réponse courte. Elle cachait son trouble. Serait-ce de la jalousie Aileen Carter ? Comme c’est adorable. Il retint un sourire ravi. Est-ce que le maitre était contris de voir son élève devenir mentor à son tour ? Ce moment devait forcément arriver un jour ou l’autre. Aileen aurait du s’y attendre. Mais les circonstances étaient un peu particulières, c’était un fait. Et Aileen le fit remarquer à Phoenix. “ Cette fille...a vraiment accepté de devenir ton élève? Elle veut tuer pour le Capitole alors que le Capitole a tué sa mère ?” Il leva un sourcil, dans un air dubitatif. Elle ne comprenait pas. Non, c’était un fait. Elle ne saisissait pas les raisons qui avaient poussé Phoenix a offrir son aide à Kamaria. “ Elle tuera pour le Capitole si le désir l’y pousse. Elle a accepté mon aide dans le dessein de venger sa mère. Sa cible est un Pacificateur stupide, pour le moment. ” Dit-il pour toute explication. Il se fichait d’en faire une machine de guerre pour le Capitole. Lui-même n’avait jamais eu pour dessein principale de servir le Capitole, simplement de se venger des habtitants des districts qui l’avaient renié. Il aurait pu tout aussi bien se venger du Capitole qui avait tuer sa sœur à cause de leurs jeux. De la femme qui avait tiré le prénom de Domino et le sien. Il aurait pu la traquer et la tuer. Mais il avait remarqué les regards de ses voisins. Et cela l’avait rendu fou. “ Je ne remets pas ton jugement en question, Phoenix, mais as-tu bien vérifié que ce n'est pas une espionne des rebelles? Qu'est-ce que tu comptes faire? ” Etait-elle inquiète ? Une espionne des rebelles ? Non, il n’y avait pas même pensé. “ C’est une gamine qui a vu sa mère se faire injustement tuer sous ses yeux. C’est une enfant qui a remarqué combien les habitants des districts étaient égocentriques et injustes. Je veux simplement lui offrir la chance de tirer son épingle du jeu. De ne pas se laisser enfermer dans la culpabilité et l’inaction, dans des pensés morbides. Je lui offre la chance d’agir, de rester en mouvement. En dehors de tout intérêt pro ou anti-capitoliste. Là n’est pas mon but ou mon problème. Pas plus que le sien pour le moment. ” Il s’enflammait. Mais tâchait de ne pas hausser la voix. L’histoire de cette enfant l’avait touché. Il s’y impliquait. Et il refusait l’évidence : en sauvant Kamaria, il essayait de se sauver lui-même. Les circonstances de la mort de sa mère et de la mort de Domino pouvaient être semblables. Il essayait de sauver Jérémy. Pourquoi ? Il refusait de reconnaître l’évidence. Et il éludait ces questions. “ Tu me tiendras au courant de ses progrès ? ” Et toi Aileen, seras-tu près de Kamaria en amie ou entant qu’espionne pour le compte du Capitole ? “ Bien évidemment. Je ne te l’aurais pas caché longtemps. ” Il était sincère.

Finallement, à bout de nerfs, épuisée, Aileen se jetta à son cou et se lova contre lui. Il la tenait fermement dans ses bras. La douceur de cette étreinte le fit sourire. Il se sentait bien à cet instant. Est-ce cela le bonheur ?. Ou alors un simple plaisir. Comment pouvait-il le savoir ? Par curiosité il lui demanda de lui raconter ce qui lui était arrivé, et elle lui rendit compte de sa dernière mission, de son échec, de la punition de Snow, de son mal-être. Il n’aimait pas la voir ainsi. Il n’aimait pas entendre ces mots de sa bouche. Il eut le désir de la protéger. De vivre auprès d’elle. De s’assurer qu’elle ne perdait pas sa foi et son envie de combattre. Qu’elle restait la Aileen qu’il avait toujours connu. Alors poussé par une flamme ardente, une passsion cuisante, il lui proposa de l’accompagner, de combattre à ses côtés. Elle s’y refusa, inquiéte de la réaction de Snow. Mais lui ne voyait aucune raison qui expliquerait le refus de Snow. Il en était convaincu, et cette conviction devait se lire dans ses yeux. “ Oui, il ne refusera pas. ” Il se tenait proche d’elle, peut-être trop proche. Il se sentait troublé par cette proximité et il fallut un moment avant que la jeune femme ne reprenne d’une voix enflammée par l’excitation : “ Oui. Viens avec moi, Phoenix. Accompagne-moi au Capitole. Nous allons convaincre Snow... et nous allons nous battre ensemble. ” Il sourit. Elle le suppliait. “ Nous partons de ce pas si tu le désires. ” Leur excitation les enflammait. Ils étaient comme deux gamins ayant trouvé un trésor, une solution à un problème vieux de miliers d’années. Phoenix se sentait bien à cet instant. “ Mais promet-moi une chose... Je ne veux pas te prendre ta liberté. Il y a sans doute d'autres choses dans ta vie que d'être tout le temps à mes côtés. Le jour où tu auras envie de suivre ton chemin, je ne t'en empêcherai pas. ” Il sourit, et caressa sa joue avec tendresse. Bien sur que non, elle ne lui volait rien. “ J’ai besoin de toi Aileen Carter. De toi plus que de quiconque. ” Avoua-t-il. Elle lui sourit, et son cœur accéléra. C’était un sourire de joie, de bonheur. Un vrai.

“ Comment fais-tu pour toujours me convaincre ? Pourquoi est-ce que je cède toujours ? ” Le ton était plus joviale, plus taquin, plus léger. Il se détentit complètement mais son cœur continuait d’accélérer la cadence. Il prit le visage de la demoiselle entre ses deux mains et l’obligea à le regarder dans les yeux. Son visage était très proche de celui de la demoiselle. “ L’ignorerais-tu encore, Carter ? Je suis irrésistible ~ ” Il l’embrassa, une fois encore. Un baiser plus profond et plus lent que précédemment. Il profita de l’instant pour redécouvrir le plaisir de la sentir si proche de lui. Il goutait de nouveau à ses lèvres, à son parfum. A ses caresses, et il se rendit compte que tout cela lui avait bien trop manqué. “ Demain, tu m'accompagneras pour ma mission ? ” Il allait pour répondre, au taquet, en souriant. Mais elle l’arrêta en continuant sur sa lancée. “ Non, oublions le travail... Phoenix. Je suis tellement heureuse d'être ici avec toi. ” Oublions le travail Il sourit. “ Comme ces mots sont doux dans ta bouche. ” Dit-il, mi-moqueur, mi-attendrit. Il gouta de nouveau à ses lèvres, comme un drogué. Il l’adorait. Cette femme si forte. Elle qui était tout pour lui. La seule femme en ce monde qui accepta le monstre, l’homme, Jérémy, Phoenix, ses faiblesses… tout. Absolument tout.


Dernière édition par J. Phoenix Lewis le Ven 11 Nov - 0:34, édité 1 fois
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeJeu 10 Nov - 20:50

Qu'était ma vie, depuis le début ? Une boucherie sans fin, une succession de cris et de suppliques, de regards haineux et de colère ? Combien de gens avais-je tué ? Combien de gens me détestaient, me maudissaient, désiraient se venger du meurtre de leur sœur, leur femme, leur enfant ? Je ne le savais pas, je ne le savais plus. J'avais perdu le compte de ces morts, mais je me souvenais parfaitement de la première fois où j'avais appuyé sur la détente de mon arme pour mettre fin à une vie humaine. J'avais déjà fait tuer des gens à distance, mais je n'avais jamais exécuté moi-même ce geste précis. La sensation de pouvoir que me procurait cette arme tellement froide, qui semblait être faite pour ma main... Les sanglots hystériques de ma victimes, ses cris, ses promesses... Son corps qui tremblait... L'étrange chaleur qui envahit mon bras qui tenait l'arme alors que mon cœur était glacé, mortellement glacé... Le chuchotement du Président : « C'est facile, Aileen. Tellement facile. Fais-le.»... Sa main posée sur mon épaule, en apparence bienveillante, en fait menaçante et exigeante... Puis, le tir... Mon doigt qui pressait la détente... Le son de la balle qui quittait mon arme, la douleur lorsqu'elle partit en arrière et percuta mon épaule, le cri étranglé de ma victime, le bruit d'écrasement et de déchirement lorsqu'elle fut touchée... Finalement, le gargouillement du sang qui coulait et le rire de Snow, un rire triomphant et dément... Et cette odeur métallique qui m'emplissait les narines, collait à mon palais et me donnait envie de vomir. Ce jour-là, j'appris qu'il n'y avait rien de glorieux à tuer des gens. Même pas si c'est « pour la Grande Cause ». Il n'y a rien de fantastique à voir le sang gicler, la peau se déchirer, le corps tomber. Rien de beau, rien de poétique. Juste la réalité crue et dure. Un souffle froid lorsque la Grande Faucheuse emmène sa victime, comme une promesse que mon tour viendra un jour. Puis, les cauchemars et l'étrange fascination de la mort. La peur de recommencer, le besoin de recommencer. Tuer pour survivre. Une vie pour une vie ; un troc acceptable pour la Mort. Cette existence de destruction et de douleur m’aurait été impossible sans aide. Sans les cachets que je prenais tous les jours pour me rendre insensible, la froide Mademoiselle Carter n'existerait pas. Sans ma famille et mes quelques amis, je perdrais toute mon humanité et je deviendrais un être vide, une machine à tuer sans sentiments. Mes parents, mes sœurs, et même mon grand-père... Les quelques amies qu'il me restait, la petite Jules Winstead... Mes élèves, Echo et Daenerys... Et puis, Phoenix. Mon collègue, mon ami, mon amant. Au contraire de ma famille, il ne pleurnichait pas parce qu'il ne me voyait pas souvent. Au contraire de mes amies, il ne m'assommait pas avec un bavardage incessant et des questions sans fin. Au contraire de mes élèves, il ne m'exaspérait pas. Notre relation était étonnante mais merveilleuse. Tous les deux, nous cachions quelque chose de plus profond derrière une façade dure et cruelle. Tous les deux, nous avions renié notre premier nom pour adopter le second. Diane et Jérémy étaient devenus Aileen et Phoenix. Deux êtres impitoyables, que tout le monde craignait...que tout le monde croyait incapables de sentiments humains. C'était faux. J'adorais sincèrement Phoenix, mais je ne le montrais tout simplement pas en public. Je voulais qu'au moins cette partie-là de ma vie n'appartienne qu'à moi. Nous partagions tant de choses, et je refusais que Snow détruise ça aussi.

Pourtant, à présent, j'avais l'impression que Phoenix pouvait parfaitement briser lui-même le lien qui nous liait. Il avait rencontré sa sœur, et cela avait ouvert une nouvelle voie devant lui, un nouveau chemin de vie. Il pouvait changer de camp et rejoindre les rebelles. Trahir le Capitole pour Domino. Redevenir Jérémy. S'il faisait cela, il apporterait une aide inestimable aux rebelles et sans doute une grande perte au Président. Egoïstement, je voulais qu'il choisisse la même voie que moi. Qu'il reste à mes côtés. Le général Carter avait besoin de son Pacificateur Parfait, et Aileen avait besoin de son amant et de son ami. Pourtant, je n'essayais pas d'influencer son choix. On lui avait laissé si peu de liberté dans sa vie... D'abord, il n'avait pas réussi à sortir de la pauvreté écrasante et de la vie dangereuse dans son district, puis il avait été forcé de participer aux Hunger Games et enfin sa famille l'avait rejeté sans poser de questions. Je ne voulais pas le forcer à être pro-Capitole et à rester avec moi ; cela ne ferait qu'empirer les choses. Il m'avoua qu'il n'avait jamais eu l'idée de rejoindre les rebelles, mais cela ne me soulagea qu'à moitié. Je connaissais bien Phoenix, et je sentais son hésitation, sa peur, sa tristesse, sa colère et son doute. Je voulais le rassurer, le consoler, lui dire que tout allait s'arranger... Mais ce mensonge ne réussit pas à franchir mes lèvres. J'étais tellement bouleversée par sa peine et tellement furieuse contre tout le monde, que ce soit Snow ou la famille de Phoenix, que je laissai échapper un commentaire négatif à propos du Président. Il se tourna vers moi, visiblement surpris. Personne n'osait parler ainsi du chef d'état devant Phoenix, parce que celui-ci le voyait comme un être divin et idéal. Je pouvais être exécutée pour avoir dit ça ; d'ailleurs, s'il ne s'agissait pas de moi, Phoenix m'aurait sans doute déjà tuée. Je suis désolée d'avoir dit ça mais je le pense vraiment. Murmurai-je. Avant, j'adulais Snow, c'était mon dieu... Mais aujourd'hui, j'ai suffisamment vu l'homme derrière ce masque parfait pour savoir qui il est vraiment. Je n'ajoutai rien de plus, craignant que Phoenix se fâche. Puis, je lui parlai de Domino, lui révélant sans doute trop ou pas assez. Il m'écoutait attentivement ; son air torturé me déchirait le cœur. Il me supplia de lui en dire plus, de l'aider. La confiance qu'il avait en moi me touchait... Moi, l'espionne de l'homme le plus puissant de Panem, moi qui pouvais le faire exécuter simplement en révélant ses secrets, moi qui avais trahi tant de gens... Pourtant, la pensée de laisser tomber Phoenix ou d'abuser de sa confiance ne m'avait jamais traversé l'esprit. Je l'appréciais beaucoup trop pour ça. J'étais peut-être l'une des seules personnes à connaître le vrai Phoenix derrière le personnage du Pacificateur froid et insensible. Ses sourires, ses paroles et son toucher si doux, son caractère adorable, sa fragilité... peu de gens connaissaient ce côté-là de mon amant. Moi-même, j'avais mis un certain temps avant de le découvrir, et ce jour-là, j'avais cédé à mon envie d'être avec lui et d'apprendre à mieux le connaître. Il en valait la peine. Ce n'était pas seulement un soldat compétent et un stratège, c'était aussi un homme séduisant avec ses émotions, ses espoirs et ses faiblesses, une personne qui me fascinait et que j'adorais. Que serait ma vie si je ne l'avais pas pour m'offrir de temps en temps un moment de complicité, d'amitié et de douceur ? Que serait sa vie ? J'avais peur, tellement peur, de briser la confiance qu'il avait en moi, de le décevoir, de le trahir. Il ne me cachait presque jamais rien, et me parlait ouvertement de tout, que ce soit positif ou négatif. Il n'était pas gêné de pleurer devant moi, et je trouvais cela tellement... humain et touchant. En m'ouvrant son cœur, il avait placé une partie de lui-même entre ses mains. Je pouvais le détruire si je le voulais... mais je préférais mourir plutôt que de m'abaisser à ce point-là. Même si Snow me le demandait, je ne lui ferai pas de mal.

Je tentai de le calmer en lui parlant doucement, comme à un enfant. Je lui conseillai d'inspirer et d'expirer calmement. Il le fit, sans me quitter du regard. Pourtant, je sentais toujours la détresse qui émanait de lui. Je pris ses mains entre les miennes et les caressai doucement. Phoenix se laissa faire, l'air perdu et déchiré par des émotions sans doute contradictoires. Lorsque j'eus l'impression de l'avoir calmé un peu, je suggérai que je pourrais organiser une rencontre avec Domino. Il grimaça lorsqu'il apprit que Snow savait sans doute déjà qu'il avait retrouvé sa sœur. “ Je t’écoute. ”Répondit-il à ma demande de me promettre deux choses. Cela me soulagea un peu, mais je ne le montrai pas et continuai à le fixer intensément. Pour arranger cette affaire, il fallait que je réfléchisse de façon objective et stratégique. Ma première requête, celle de ne pas montrer ses émotions devant Snow, sembla surprendre Phoenix. Il fronça les sourcils puis acquiesça sans rien dire. Maintenant, j'allais tenter d'obtenir une deuxième promesse, mais quelque chose me disait que ce ne serait pas facile... Je voulais qu'il me jure de ne pas faire de mal à sa sœur. Encore une fois, il me regarda d'un air surpris, mais je baissai les yeux. Je ne voulais pas qu'il comprenne qu'il me faisait parfois peur. Il ne se rendait sans doute pas compte à quel point il pouvait être impressionnant lorsqu'il était en colère. Phoenix savait tuer facilement, rapidement, sans scrupules. Pourrait-il le faire aussi avec sa sœur ? Il rit pour une raison que je ne comprenais pas et porta son regard sur mes mains, qu'il prit entre les siennes. J'espérais qu'il ne s'apercevrait pas que je tremblais légèrement. A contrecœur, je levai les yeux vers son visage et écoutai attentivement sa réponse : “ Je voudrais pouvoir te promettre que je ne lui ferai pas le moindre mal. Mais pas aujourd’hui. Effectivement …. Aujourd’hui je me pense capable de la tuer. L’idée m’est si familière… Du reste, je n’oublie pas le masque d’indifférence et de froideur que tu m’as appris à porter durant des années. Je ne suis humain que devant toi. Je reste un monstre face aux autres. ”Ses paroles étaient dures, sans pitié ou illusions envers lui-même. Elles réveillèrent une ancienne douleur en moi, et je me souvins de la voix cruelle de Snow lorsqu'il murmurait « Il faut apprendre à jouer son rôle, Aileen ». Comme moi, Phoenix portait un masque tous les jours pour cacher sa vraie nature. Je lui avais appris ça, et j'en eus soudain honte. Notre comédie était nécessaire, mais horrible. Je réfléchis bien avant de répondre: C’est normal que tu sois en colère. Avec le temps, ces émotions violentes s'estomperont sans doute. Devant les autres, tu joues peut-être au monstre... mais tu n'en es pas un, Phoenix. Je crois en toi. Je crois que tu réussiras à tenir le coup devant Snow. Je crois que tu ne la tueras pas. Cette dernière phrase, je l'avais bien méditée avant de la prononcer. Si je le disais en n'étant pas convaincue de ma propre affirmation, cela sonnerait creux et Phoenix le sentirait. Peut-être cela le pousserait-il encore plus du côté obscur. Alors, il fallait que j'y croie aussi. Et je le faisais, sincèrement. D'accord, il était un tueur impitoyable... mais quelque chose dans son regard et dans son attitude me fit penser qu'il n'assassinerait pas sa propre sœur. J'espérais que j'avais raison. Tu n'es pas toujours obligé d'être le grand méchant loup. Ajoutai-je gentiment. Je ne voulais pas qu'il se voie en noir, qu'il pense être entièrement mauvais. Contrairement à ce qu'il pensait, le Phoenix qu'il était devant moi ressemblait de plus en plus au Jérémy qu'il était sans doute avant. Il ne pouvait plus retourner en arrière et se changer, mais certains traits de caractère étaient toujours présents. Cela le rendait tellement vulnérable... Ses paroles étaient un appel à l'aide, un cri de détresse. Une preuve qu'il était toujours humain. Il me parlait sans détours et je l'écoutai attentivement avant de répondre. J'essayais d'adoucir un peu sa peine, de lui mettre du baume au cœur... de trouver une explication pour réduire sa confusion et donner une place aux sentiments qui le ballotaient. Je lui suggérai de revoir Domino. Pour moi, c'était la seule solution. Sinon, ses questions, son chagrin et sa colère finiraient par le ronger et l'achever. J'avais presque l'impression... qu'il avait peur de lui-même, de ce qu'il pourrait faire. Qu'il craignait cette rencontre... qu'il ne voulait pas découvrir que sa sœur adorée avait changé. “ Peut-être que je veux garder le souvenir que j’ai d’elle. J’ai peur de l’aimer moins sinon. De me rendre compte que… derrière ce regard prétentieux, Domino, ma Domino, n’est plus. ” M'avoua-t-il, mais je secouai la tête. La personne qu'on était avant ne disparaîtra jamais complètement. Même si on pense avoir changé entièrement, il y a toujours des choses qui remontent... Parce qu'elles sont présentes, bien cachées, là. Je pris la main de Phoenix et la posai doucement contre son propre cœur. Quelque part à cet endroit, j'en étais persuadée, Jérémy vivait toujours et pleurait sa sœur. Celui qu'il était avant et après les Hunger Games n'étaient pas deux personnes radicalement différentes, mais plutôt un seul homme qui a évolué à cause des malheurs dans sa vie. Il n'y avait pas de barrière, pas de frontière entre le garçon du district onze et le Pacificateur. Ta sœur est charmante, gentille et pleine de vie. Tout le monde l'adore. Bien sûr, le Capitole l'a changée... Mais n'oublie pas que toi aussi, tu as changé, Phoenix. Tu n'es plus le même homme qu'avant les Hunger Games. Le simple garçon d'un district pauvre que tu étais est devenu un Pacificateur que beaucoup craignent. Je suis sûre que Domino aussi trouve cela difficile d'accepter que tu n'es plus comme avant. Votre ancienne complicité s'est peut-être émoussée, mais vous pouvez retrouver ça. J'en étais persuadée, et je voulais qu'il comprenne mon point de vue. Pourtant, je savais que ce serait difficile pour lui, parce que ses émotions lui enlevaient sans doute toute logique. Il n'aurait pas le temps de digérer correctement cette rencontre, car Snow l'attendait au tournant pour le casser s'il voyait que Phoenix était toujours humain derrière sa façade de Pacificateur. Tu ne peux pas changer le passé. Ni même l'enfouir pour toujours. Ajoutai-je. Oui, il fallait agir aujourd'hui et mettre les choses au point s'il ne voulait pas se retrouver dans une situation cauchemardesque plus tard. J'avais des questions et il avait des questions qui devaient être posées à voix haute. Etait-il heureux de sa vie ? Aimait-il son travail ? Voudrait-il rejoindre les rebelles ? Je le lui demandai d'une voix calme et neutre, mais je tremblais intérieurement. Je craignais sa réponse. J'avais peur qu'il dise vouloir changer de vie de nouveau... peur qu'il m'abandonne alors que j'avais vraiment besoin de lui. Il se mordilla les lèvres avant de répondre : “ Comment cette rencontre pourrait ne pas changer profondément les choses ? Tout me semble faux. Je crois … que je n’ai jamais été heureux. Mon but n’est pas de l’être. Je ne sais pas ce qu’est mon but. Mais je ne risquerai pas ma vie pour des êtres qui m’ont haït. Je me sied dans mon rôle de Pacificateur. Aussi étonnant que cela puisse être, je m’accepte comme cela. J’ai l’impression que … Depuis toi, depuis que je suis devenu Phoenix, j’ai trouvé une place qui me convient dans ce monde. Et je compte bien rester ce Pacificateur dont tu es si fière.” Je ne pus retenir un petit soupir de soulagement. Bon, tout n'était pas aussi négatif que je le croyais. On t'a menti pendant sept ans. Alors oui, tout doit te sembler faux... Mais regarde autour de toi, Phoenix. Je serrai doucement sa main, simplement pour lui dire que j'étais là, à ses côtés, pour le soutenir. Tout n'est jamais noir ni blanc. Il n'y a pas que des mensonges dans ton existence. Qu'aurais-tu fait si tu savais qu'elle était en vie depuis le début ? Regrettes-tu d'avoir pris un autre chemin que celui de Domino et de ta famille? Peut-être que mes questions l'embrouilleraient encore plus, mais il fallait qu'il réfléchisse. On a tous un but dans la vie, Phoenix. Murmurai-je tendrement. Mais souvent, nous ne savons pas que nous cherchons quelque chose avant de l'avoir trouvé, nous ne connaissons pas notre but avant d'y arriver. Tu verras, parfois les choses se mettent en place toutes seules. Je lui offris un petit sourire. Bon sang, cet homme pouvait me faire parler de tout... même de choses profondément philosophiques auxquelles je n'aimais généralement pas penser. Je suis heureuse de t'entendre dire que ton travail te plaît toujours. Oui, Phoenix, ta place est ici. Tu es né pour jouer ce rôle, même si tu ne l'as pas choisi. Mon Pacificateur Parfait... Je dégageai une mèche de cheveux de son front d'un air joueur, espérant alléger un peu l'atmosphère. Pourtant, une phrase qu'il m'avait dite me tourmentait. Il n'avait jamais été heureux ? Vraiment jamais ? Avais-je à ce point-là échoué dans mon rôle d'amie, d'amante et de mentor ? Pourquoi n'avais-je pas vu son malheur plus tôt... ou plutôt... pourquoi n'avais-je rien fait alors que je savais qu'il souffrait parfois encore du passé ? Lui avais-je fait tant de mal au début de sa formation ? Est-ce que j'exigeais trop ? Est-ce que j'étais en train de me transformer en un monstre comme Snow ? Je me sentais horriblement coupable, sans cœur et cruelle, mais je n'osais pas lui en parler de peur que ma voix tremble. Je détournai le regard et scrutai la forêt comme s'il y avait quelque chose d'intéressant à voir.

Puis, j'ajoutai malgré moi que cela ne me dérangeait pas de l'appeler Jérémy. Je voulais lui faire comprendre qu'il pouvait-être lui-même avec moi et que je ne le jugerai ou ne condamnerai pas pour ça. Il sourit et caressa ma joue. Je me retins de fermer les yeux... J'avais l'impression que sa main, tellement douce pourtant, enflammait ma peau. “ Je doute d’avoir à te demander cela un jour. Pas à toi. Tu fais partie de la vie de Phoenix. Tu n’as aucune raison de faire partie de celle de Jérémy. Et d’ailleurs, Jérémy t’aurai détesté. J’en suis incapable.” Je le regardai dans les yeux, surprise. Il n'était pas en colère ? Il ne me haïssait donc pas ? Tu ne me détestes pas... après tout ce que j'ai fait ? Alors que je suis quelqu'un de détestable? Demandai-je d'un ton peiné, mais sans me plaindre. J'avais depuis longtemps accepté l'évidence que la plupart des gens espérait me voir mourir le plus rapidement possible. J'assumais mon rôle de tueuse sans scrupules, de femme cruelle et sans cœur. Je savais bien que je n'étais pas un enfant de chœur. Ta sœur me déteste. Poursuivis-je. Les mots avaient jailli de ma bouche avant que j'aie le temps de réfléchir et de les retenir. C'était vrai. Elle me haïssait parce que je lui parlais parfois de Phoenix, avant, et qu'elle croyait que je me moquais d'elle. Elle me haïssait parce que je l'ai surveillée sur ordre de Snow. Elle me haïssait parce que je me suis comportée comme une vraie garce avec elle, alors que j'aurais tant voulu avoir le droit de lui parler gentiment...C'était peut-être la chose à ne pas dire à Phoenix, mais il fallait que cela sorte. J'avais marre des secrets et des cachoteries, je ne voulais que la vérité. Le jour de mes funérailles, les gens feront la fête.Ajoutai-je doucement en parlant plus à moi-même qu'à Phoenix. C'était une évidence pour moi. Oh oui, ils aimeraient tant me voir mourir... mais je ne leur ferai pas ce plaisir. Je soupirai et plantai mon regard dans celui de mon amant. L'homme qui est devant moi... Celui que j'adore tant... Ce n'est ni Phoenix, ni Jérémy. Cela le dérangeait que j'utilisais son ancien prénom, mais à quoi cela servait-il de nier ou de cacher qu'il s'appelait comme ça avant ? Moi aussi, j'étais née avec un autre prénom que celui que je portais aujourd'hui. Lorsque j'étais entrée au service du Capitole, Diane Carter, la fille plutôt gentille, était devenue Aileen Carter, l'espionne. Pourtant, changer de nom ne m'avait pas entièrement métamorphosée. Avais-je déjà parlé de ça à Phoenix ? Je ne m'en souvenais plus. C'est toi, entièrement, que j'apprécie. Concluai-je avant de me taire, n'osant pas poursuivre. J'avais peur de lui avouer le fond de ma pensée, de lui dire que je craignais qu'il m'abandonne en choisissant la voie de Jérémy et de la rébellion. Alors, je regardai mes mains en espérant qu'il ne remarquerait pas mon malaise.

Heureusement, Phoenix changea assez rapidement de sujet de conversation. Il me parla d'une mission où il avait échoué. Je fronçai les sourcils ; je ne me rappelais pas qu'il eut jamais raté une mission sous mes ordres. Il m'expliqua ce qui s'était passé, mais il me cachait encore quelque chose. La fille dont il avait tué la mère était devenue son élève. Cela me surprit, mais je ressentis aussi autre chose... une pointe de jalousie ? D'angoisse que notre relation change maintenant qu'il était un maître à son tour ? Ah bon?Répondis-je simplement. Il me regarda d'un air inquisiteur. Avait-il deviné ce que je pensais ? Sans doute, car j'avais l'impression qu'il se retenait de rire. Trouvait-il cela amusant ? Je lui lançai un regard noir mais j'avais envie de sourire aussi. Oui, il fallait bien que le jour arrive où il prendrait un élève aussi. Mais c'était tellement inattendu... En plus, la situation était plutôt étrange et même un peu louche. A vrai dire, je ne comprenais pas les motivations de la fille. Je fis part de mes doutes à Phoenix, et il haussa un sourcil d'un air dubitatif. “ Elle tuera pour le Capitole si le désir l’y pousse. Elle a accepté mon aide dans le dessein de venger sa mère. Sa cible est un Pacificateur stupide, pour le moment. ”M'expliqua-t-il. Je hochai la tête, ayant compris la situation. Son histoire ressemble à la tienne. Remarquai-je. Je ne voulais pas pousser le bouchon trop loin, mais la ressemblance était frappante. Etait-ce pour ça qu'il l'avait prise sous son aile ? Parce qu'elle lui rappelait l'adolescent perdu qu'il avait été ? Seul, renié par tous... il me faisait tellement pitié quand je pensais à lui comme ça, quand je songeai à ce que sa propre famille avait fait. Pas étonnant qu'il soit devenu Pacificateur pour se venger des habitants des districts. Je lui demandai ce qu'il comptait faire... et ce qu'il avait fait. Avait-il bien vérifié qu'il ne s'agissait pas d'une espionne ? Son air ébahi m'apprit qu'il n'y avait même pas pensé. “ C’est une gamine qui a vu sa mère se faire injustement tuer sous ses yeux. C’est une enfant qui a remarqué combien les habitants des districts étaient égocentriques et injustes. Je veux simplement lui offrir la chance de tirer son épingle du jeu. De ne pas se laisser enfermer dans la culpabilité et l’inaction, dans des pensés morbides. Je lui offre la chance d’agir, de rester en mouvement. En dehors de tout intérêt pro ou anti-capitoliste. Là n’est pas mon but ou mon problème. Pas plus que le sien pour le moment. ”Il s'enflammait, et je compris alors à quel point cette affaire était importante pour lui. Qu'est-ce qu'il voulait vraiment ? Une élève à qui transmettre son savoir ? Une amie ? Une petite protégée ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à aider cette gamine ? La pitié ? La ressemblance avec lui-même ? La solitude ? Peut-être ne le savait-il pas lui-même. Je répondis simplement : Je vois. Tu as bien agi. D'accord, cette fille n'était apparemment pas une menace... Mais, finalement, qui étais-je pour vouloir tout contrôler au nom du Capitole ? Ne pouvais-je vraiment jamais oublier Snow pendant un seul instant ? Je demandai à Phoenix de me tenir au courant des progrès de son élève, par curiosité. “ Bien évidemment. Je ne te l’aurais pas caché longtemps. ” Dit-il sincèrement, mais son regard posait une autre question. Je lui souris d'un air rassurant et lui répondis : N’aie pas peur, Phoenix. Je n'interviendrai pas dans sa formation et je ne parlerai pas d'elle à Snow. Je sais où va ma loyauté, mais je sais aussi qui sont mes amis. Voilà, c'était dit. Je n'allais pas espionner son élève ou gâcher son apprentissage. Si c'était possible, j'éviterai même de la rencontrer pour ne pas l'influencer.

Il se faisait tard et j'étais tellement lasse et fatiguée... J'avais besoin de me détendre, de me laisser aller. Après ces semaines infernales, je voulais retrouver le bonheur simple d'une relation humaine. Je me jetai dans les bras de Phoenix et fermai les yeux pendant quelques instants, savourant ce moment parfait. A sa demande, je lui parlai de la punition de Snow. Le sujet ne me plaisait pas, et il s'en rendait bien compte. Comme je détestais de paraître à ce point faible et vulnérable devant lui... lui qui, pourtant, était l'un des seuls à connaître mon côté fragile sans me mépriser pour cela. Soudain, d'une voix enflammée et excitée, il me proposa de m'accompagner dans mes missions. C'était une proposition tellement inattendue... mais tellement tentante. Qu'allait dire Snow ? Le Président devinerait sans doute que Phoenix et moi étions plus proches que nous le montrions en public... et alors, que ferait-il ? Je refusai, mais en même temps je me maudissais intérieurement parce que je pensais toujours d'abord au dictateur avant de prendre mes propres choix. Etais-je à ce point lié à lui ? Resterais-je toujours son toutou ? Cela me dégoûtait. Finalement, il réussit à me convaincre. Ses arguments logiques finirent par l'emporter sur mes doutes, et puis sa proximité et son baiser me brouillaient l'esprit... C'était de la tricherie ! “ Oui, il ne refusera pas. ” Finis-je par dire, enthousiaste à l'idée de partir en mission avec Phoenix. Je lui demandai, le suppliai presque de m'accompagner. Il me sourit. “ Nous partons de ce pas si tu le désires. ” Je secouai la tête et répondis d'un ton léger : J'ai encore des choses à faire ici. Mais après, en effet, nous pourrions partir. Tu pourrais venir avec moi au Capitole... rencontrer Snow... et ta sœur. J'espérais qu'il accepterait ma proposition. Je restais convaincue que cela lui ferait du bien. A cet instant, j'étais tellement heureuse... Pourtant, il y avait encore une dernière chose à régler. Phoenix devait me promettre de garder sa liberté. Je ne voulais pas l'étouffer comme le Président le faisait avec moi. Il sourit et caressa tendrement ma joue avant de m'avouer : “ J’ai besoin de toi Aileen Carter. De toi plus que de quiconque. ” Je le fixai, incapable de répondre quelque chose. Jamais... jamais encore quelqu'un m'avait dit ça. Jamais personne ne m'avait dit avoir besoin de moi... Sans que je puisse la retenir, une larme roula sur ma joue, rapidement suivie par une deuxième. Dans ma vie de tous les jours, personne ne me parlait comme Phoenix. Les conversations tournaient toutes à propos du travail et je n'avais jamais l'occasion d'être moi-même ou de parler d'affaires personnelles. J'étais habituée au ton dur et impatient du Président et aux paroles rudes des soldats, pas à cette douceur et cette gentillesse, à ces compliments. Un long soupir m'échappa. En me disant cela, il avouait que j'avais une certaine valeur pour lui... que j'étais quelqu’un et qu'il tenait à moi. Finalement, je réussis à parler d'une voix légèrement enrouée : Tu es le premier à me dire ça... Cela me touche. Moi aussi, j'ai besoin de toi à mes côtés, Phoenix. Je ne sais pas ce que je ferais si tu sortais de ma vie. Comment pouvais-je le remercier pour ce qu'il faisait pour moi ? Il n'y avait pas de mots suffisants pour exprimer ma pensée. Je souris à Phoenix ; mon premier vrai sourire de la soirée. Maintenant, je voulais me détendre... profiter de ce moment, tout simplement. Être heureuse. D'un ton plus léger et taquin, je dis : “ Comment fais-tu pour toujours me convaincre ? Pourquoi est-ce que je cède toujours ? ”Phoenix sembla se détendre plus aussi. Il prit mon visage entre ses deux mains, ces mains qui avaient blessé et tué mais qui me tenaient tout doucement, tendrement. Il était tellement proche de moi que je sentais son cœur battre rapidement, à l'unisson avec le mien. “ L’ignorerais-tu encore, Carter ? Je suis irrésistible.” En effet, à cet instant, il était tellement séduisant... Je voulus répondre, mais j'étais trop troublée pour parvenir à articuler la moindre parole cohérente. Finalement, je réussis à dire : Je pense que je te l'ai déjà dit une fois. Un rire léger m'échappa. Oh oui, je lui avais déjà fait ce compliment. Ou peut-être deux fois... Ou cent fois... Tu veux l'entendre encore une fois ? Tu veux que je te dise : Phoenix, tu es irrésistible? Ajoutai-je sans cesser de sourire. Il m'embrassa de nouveau, lentement, longuement. Depuis combien de temps n'avais-je pas été aussi proche d'un autre humain ? Depuis combien de temps n'avais-je plus ressenti cette délicieuse confusion des sentiments, à quand remontait mon dernier moment de bonheur ? J'avais l'impression que tous ces mois fatiguants de stress et de travail étaient effacés de mon esprit par la force de ce simple baiser. J'enfouis mes mains dans sa chevelure soyeuse avec l'impression de vivre dans un rêve. Tout était tellement irréel et tangible à la fois... Je retrouvais enfin cette sensation vertigineuse de ses lèvres sur les miennes et je ne voulais pas que cela s'arrête. Pourtant, il fallait que je dise encore quelque chose... Mais quoi ? Je parvins à m'écarter légèrement de Phoenix pour murmurer, le souffle court : “ Demain, tu m'accompagneras pour ma mission ? ” Il fallait qu'il me donne cette ultime certitude. Je ne pouvais tout simplement plus me passer de lui. Je lus sa réponse sur son visage avant qu'il n'ouvre la bouche pour parler et secouai la tête avant qu'il puisse me le dire. “ Non, oublions le travail... Phoenix. Je suis tellement heureuse d'être ici avec toi. ” Aux orties le Président et ses missions ! Tout Panem pouvait brûler, je m'en ficherais encore. Je voulais que ce moment n'appartienne qu'à moi. Phoenix sourit. Se rendait-il compte à quel point ce sourire était adorable ? “ Comme ces mots sont doux dans ta bouche. ” Sous son air moqueur se cachait autre chose... Il était attendri ? Comme s'il lisait dans mes pensées et devinait ainsi ce que je voulais, Phoenix m'offrit un nouveau baiser. Cette fois, je passai mes bras autour de son cou pour l'attirer encore plus contre moi, habitée par une passion qui venait de refaire surface. Les yeux fermés, je me laissai envahir par une brûlure tellement agréable et insupportable à la fois... Quelque part, très loin, une petite voix me disait que quelqu'un pouvait nous voir, que nous ferions mieux de rentrer... Mais je ne l'écoutais pas, accaparée par toutes ces sensations suscitées par ce baiser passionné. Soudain, je lâchai Phoenix et me retournai tellement rapidement que je faillis tomber du banc. Je n'avais rien entendu, ni le craquement d'une branche, ni un bruit de pas. Pourtant, j'avais ressenti une sensation de froid dans mon dos, comme si quelqu'un nous épiait. Mon instinct ne me trompait presque jamais sur ce genre de choses, et j'avais comme développé un sixième sens grâce à mon métier d'espionne. Je scrutai les environs. L'endroit semblait désert... puis, un mouvement à ma droite attira mon regard. Là, pas tout près de nous mais pas assez loin pour ne pas nous avoir remarqués, il y avait quelqu'un. Consciente que je l'avais remarquée, la personne se mit à courir et disparut entre les maisons en quelques instants. Je me figeai avec l'impression d'avoir reçu une douche froide sur la tête. Option un : il s'agissait d'un simple habitant qui passait par là. Non, c'était impossible. Je ne croyais pas au hasard. Alors, il ne restait que l'option deux et trois : ou bien c'était un espion de Snow, ou bien un espion des rebelles. Je ne savais pas ce qui était le pire. Notre secret si bien gardé avait été découvert. Soudain, la nuit me sembla plus froide, plus hostile. Je frissonnai et me levai rapidement, comme si j'avais été piquée. Ma tête était remplie d'angoisse et d'interrogations. Je me tournai vers Phoenix, pris sa main et déposai un baiser dans sa paume. Je ne voulais plus le lâcher, non, je voulais qu'il reste près de moi. Qu'est-ce qui va se passer, maintenant?Chuchotai-je. Oui, qu'avait entendu cette personne ? Nos secrets ? Mes propos véhéments sur le Président ? En tous cas, elle avait découvert notre relation. Viens. Murmurai-je finalement. Rentrons. Je serrai plus fort sa main et lui offris un sourire. Je ne voulais pas que ma soirée soit gâchée par cet incident. Demain, j'en subirai les conséquences, alors pourquoi me torturer avec ça maintenant ?
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeJeu 17 Nov - 11:24

Il se souvenait s’être tenu là, dans une salle sombre, entourés d’homme riant du malheur d’un seul, enchaîné, baignant dans son sang, et dont les plaies purulentes ne semblaient pas vouloir se refermer. Son corps saignait de toute part, et le jeune Jérémy n’osait pas même imaginer sa souffrance, la douleur qui devait l’enserrer dans un étau de fer. D’ailleurs une couronne entourait sa tête et à mesure que le temps passé, l’écrasait. De la torture, pure et dure. Le but était de le faire avouer le nom de ses alliés. Cet homme était soupçonné d’être un rebelle, un de ces êtres qui voulaient détruire le Capitole, le mettre en feu et se délecter de la perte du Président Snow. Jérémy était nouveau, cela devait faire quelques jours seulement qu’il avait rejoint une école visant à le rendre froid et calculateur. Une école qui devait lui permettre de devenir un tueur : un Pacificateur. L’entraînement des premiers jours avait surtout été physique. Il s’agissait de le rendre fort, physiquement. Alors durant trois jours il avait couru, sauté, rampé, soulevé des poids, et tiré à l’arc. Il avait appris à manier une arme blanche, à tuer au couteau, et avait commencé des séances de tirs…. Mais tout cela restait de la pratique. Aujourd’hui il s’agissait pour lui de prendre son premier cours de théorie. Il regardait cet homme à terre, qui regardait ses pieds et son corps recroqueviller sur le sol, meurtri. Et le jeune Jérémy bien qu’il voulut arrêter tout cela, étant dans l’incapacité de dire quoi que ce soit, ou de bouger. Ils étaient plusieurs jeunes recrus ce jour-là à assister à ce triste spectacle. Face à eux des professeurs, des Pacificateurs qui prenaient un malin plaisir à frapper le pauvre bougre qui était devenu leur victime. Jérémy cherchait autour de lui un regard, un soutien, un sentiment humain …. Quelque chose qui pouvait lui faire croire qu’il y avait quelque chose d’humain dans ces êtres qui l’entouraient. Qu’il n’était pas le seul à avoir l’envie cuisante de pleurer. Il se contenait du mieux qu’il pouvait car il avait vu un élève se faire humilier dans la cour principale alors que les larmes baignaient son visage. Cette image avait effrayé Jérémy qui s’était alors promis de ne pas se laisser aller facilement à de simples sentiments. De fait, alors que l’envie de hurler à l’injustice l’étreignait à cet instant, il se retenait, serrait les poings et regardait ce spectacle horrible en silence. C’est alors que l’un des hommes s’approcha du malheur avec un fouet et commença à le frapper puissamment. Le pauvre n’avait plus même la force de crier mais sa bouche s’ouvrait et se fermait à mesure que les coups s’abattaient sur son dos. Soudainement, son regard semblait croiser celui de Jérémy qui ne put alors se contenir plus longtemps. Il s’avança d’un pas décidé en criant « ARRETEZ ! » d’une voix hystérique. Il serrait les poings dans une posture fermée, désirait se retirer du monde, de ce moment d’une atrocité rare. Tout c’était arrêté autour de lui, il lui fallut cependant un certain temps avant qu’il ne se rende compte que tous le regardaient : certain avec un air choqué, ou apeuré, et d’autres avec un sourire sadique et amusé. L’homme qui tenait le fouet s’approcha de lui. Jérémy, surprit par le contact de sa main sur son épaule, presque paternel, ferma les yeux et déglutit difficilement. « Tu sais quoi ? tu as raison le môme. Il suffit, c’est vous qui devez apprendre ici. Alors, apprends. Tue ce rat ! » Le jeune homme ouvrit les yeux et se rendit compte qu’on lui tendait une arme. Un flingue luisant sous la fine lumière qui transparaissait dans cette pièce sombre. Cette arme, monstrueuse, attirait le regard du jeune élève qui s’en empara d’une main assurée. Il ne tremblait pas. Il était fasciné. Une main dans son dos le fit avancer vers l’homme qui pleurait à présent en le regard. Ce regard mélangeait la pitié, la peur, et la résignation. Jérémy comprit alors que cet homme n’avait rien à perdre, qu’il sentait que la fin était proche. Ou alors il pensait voir cela dans ce regard vide de sens. Il ne voulait pas tuer cet homme, cependant son bras se tendu, tenant l’arme à deux mains. Il respira plus fort, et visa. Il était bon en tir, c’était un compliment qu’on lui avait déjà fait. Il était bon tireur, il s’avait visé et toucher sa cible en plein cœur avec un seul coup. Mais jamais encore il n’avait visé un homme en plein cœur. Il ne le put pas, tant le corps était recroquevillé sur le sol. L’homme le regardait, apeuré. Son visage était un masque d’horreur. Alors pour la première fois, Jérémy ne visait pas le cœur mais les yeux. « Tirez ….. » Il inspira profondément, ôta sécurité, et posa son doigt sur la détente. « TIREZ ! » Il sursauta et tira. Le bruit du coup de feu le surprit, il retint le flingue qui revint vers lui. Il entendit les chairs exploser, se déchirer, et le sang qui gicla sur sa peau. Il ne lui semblait pas être aussi proche. Il sentait le liquide encore chaud couler sur son visage.

Il ferma les yeux pensant ne pas pouvoir être capable de supporter ce spectacle morbide. Il se souvint soudainement du visage paisible de sa sœur, allongée sur le sol boueux d’une forêt sombre, le cœur glacé, mort. Il se souvint de ce sentiment d’injustice et l’incompréhension croissante qui l’avait étreint. Il se souvenait de la tristesse qui s’était emparé de lui comme une seconde peau. Il avait été incapable du moindre mouvement. Le regard fixant les yeux vides de sa sœur, il avait tout simplement pleuré la perte de cette âme tant aimée. Puis un bruit, un coup de feu au loin l’avait apeuré. Il était parti, laissant le corps derrière lui. La peur finalement avait prit le pas sur la détresse. A présent il lui semblait n’avoir plus de raison d’avoir peur. Il rouvrit les yeux, et fut choquer du spectacle qui se présentait à lui. Le corps était à terre, sans tête. Les chaires s’éparpillaient dans la salle, et le sang coulait sur les murs et les corps de ses congénères. Il crut entendre un rire ravi derrière lui, et une main se posa sur son épaule, le tapotant avec une sorte de fierté non feinte. Ses paires étaient fiers de lui, de ce qu’il avait accompli ce jour-là. Ce jour-là il était devenu un tueur, véritablement. Point qu’il n’eut jamais tué, dans son esprit il restait le meurtrier de Domino. Mais dans son souvenir cette mort était accidentelle. Il n’avait jamais voulu tuer sa sœur. Là, il sentait les vagues de puissance qui le rendait prétentieux et fier. Il avait tué pour la première fois. Il avait pris le contrôle de la situation. Il avait été le prédateur, le tenant de la situation. Le pouvoir, il avait enfin eut le pouvoir. De choisir, de faire du mal à quelqu’un d’autre. LE pouvoir le plus puissant qu’il exista en ce monde : le droit de vie ou de mort. Un plaisir sans nom s’empara de lui. Une jouissance ultime, un désir de mort et de pouvoir. Il avait goûté à cette jouissance et n’avait dès lors de désir que de la retrouver. De la sentir de nouveau. De la recouvrer.
Il en souffrit, durant ses années de formation. Après ce premier meurtre en suivit un autre, puis un autre. Il s’enfonçait dans la déchéance et le sadisme, et à mesure du temps il devint de plus en plus froid, vil, calculateur. Cet enfant apeuré et compatissant s’effaça complètement de son esprit. Il désira l’oublier, le faire taire à jamais. A chaque meurtre, à chaque coup de feu, Jérémy mourrait un peu plus encore, il disparaissait et laissait place au tueur, au Pacificateur cruel : Phoenix. Longtemps, Phoenix avait jouit de cette puissance, de ce désir de se venger de ce passé en le tuant, en l’assassinant. Il en avait souffert, certes, mais il aimait celui qu’il était devenu. Il aimait le Pacificateur qu’il avait créé quasiment de toutes pièces. Et le summum de sa création fut atteint lorsqu’il entra aux services d’Aileen Carter. Elle qui connaissait son histoire, qui savait ce qu’il avait vécu, d’où il venait. Son passé de pauvre garçon de district, son passé de joueur, son passé de tueur. Tout, absolument tout. Et pendant longtemps elle l’avait considéré comme une sorte de maillon faible, un jouet, un être soumis à un caprice. Elle l’avait poussé à bout, elle avait sans doute été plus cruelle avec lui qu’avec aucun autre de ses élèves. Peut-être, sans doute, mais déjà habitué au pouvoir dû aux armes, et à la jouissance du meurtre, il n’avait pris cette haine comme une manière pour lui de s’améliorer. Un but. Un tout premier but, et cela avait fait de lui un être à part, cela lui avait permis de tirer son épingle du jeu, de créer son propre chemin. Le premier but qui avait animé sa vie : devenir le meilleur homme d’Aileen Carter. Il y été parvenu à force de larmes, de cris, de meurtres, de feu. Il y était parvenu et aujourd’hui il était un être d’importance auprès d’une des personnes les plus influentes du Capitole, auprès du Président Snow.

La personne du Président était en elle-même intéressante pour Phoenix. Il n’était pas de ces espèce de fanatique qui vouaient un culte au Président Snow, et il ne faisait pas parti non plus de ces extrémistes qui rêvaient de le voir pendu, écartelé et brûlé. En réalité, il appréciait le président pour ce qu’il était : un chef d’état. Despotique, sans doute. Autoritaire, injuste, cruel, peut-être. Il était avare de pouvoir… Quel homme ne l’était pas ? Phoenix tâchait de ne pas se faire d’illusions : le Président n’était pas le meilleur homme du monde. C’était un fait, il n’était pas un dieu sur terre, définit par sa perfection. Certes, mais il avait le mérite de tenir son état d’une main de fer, et de tâcher de le protéger. Il voulait des richesses, il voulait du pouvoir, de la puissance pour pouvoir rester au pouvoir le plus longtemps possible ? Soit, en quoi cela pouvait être mauvais ? En règle générale Phoenix prenait pour acquis le fait que gouverner ce monde de fou n’était pas facile. En règle générale il considérait que le Président avait le mérite d’être un homme d’état actif, qui faisait ce qu’il pouvait pour garantir l’ordre au sein de sa société. Certes il n’y arrivait qu’avec grand mal, mais les êtres tels que Phoenix avaient été formés pour aider le Président dans sa tâche de gardien de l’ordre et de la paix. Cependant il n’avait jamais eu l’occasion de le connaître en lui-même. Il ne voyait en Snow que le Président, non point l’homme comme pouvait le connaître Aileen. Il ne le connaissait pas comme elle. Il avait à l’esprit qu’elle lui était proche, qu’elle était peut-être une « favorite » de Snow. Cependant, à cet instant la jeune femme eut une réflexion qui surprit Phoenix. Non point qu’elle le choqua, mais il fut surpris de la voir si véhémente à l’encontre de cet homme qu’elle servait depuis tant d’années. Elle lui avoua qu’il valait mieux ne pas le connaître. Il n’en avait nul désir à vrai dire. Sauf s’il s’en trouvait obligé, pousser par un ordre plus important que d’autre. Le regard de Phoenix, surprit, poussa Aileen à se justifier, ainsi elle n’attendit pas pour pousser sa réflexion pour loin encore : « Je suis désolée d'avoir dit ça mais je le pense vraiment. Avant, j'adulais Snow, c'était mon dieu... Mais aujourd'hui, j'ai suffisamment vu l'homme derrière ce masque parfait pour savoir qui il est vraiment. » Il fronça les sourcils en l’observant se demandant ce qui avait pu chager à ce point dans ses relations avec le Président. Il se retint de lui poser la question pour le moment, car la question n’était pas là. Et surtout, il semblait qu’Aileen avait le désir de remettre les choses à leurs places. Elle se confiait à lui, non pas comme l’espionne qui critiquaient son patron, mais comme son amie qui avait été meurtri par l’homme qu’elle vénérait jusqu’alors. Le président semblait être devenu un monstre aux yeux d’Aileen, et Phoenix ne le comprit pas. Pas qu’il vénéra lui-même le Président, mais il le voyait comme un homme ayant mieux réussit que les autres. Un homme, non point un monstre. Un chef d’état et de l’armée, non pas un sadique calculateur. Sans nulle doute pas un dieu. Aucunement un dieu. « Je ne suis pas celui qui te condamneras de pour tel propos Aileen. » Il en avait tué d’autres pour moins que cela. Mais dans d’autres circonstances. Il ne s’agissait pas d’une conversation entre un Pacificateur et sa victime ou son mentor. Il s’agissait pour Phoenix et Aileen de se laisser aller à leurs humanités, et cela arrivait bien rarement, il n’avait pas à la condamner pour cela. Elle aussi avait ses limites, ses faiblesses. Qui était-il pour le lui reprocher ?

Phoenix était un être déchu, dont l’âme était meurtri par le sang, la solitude et la rage. Il était un monstre de colère, d’orgueil et de sadisme. Il aimait ce qu’il était devenu, il était narcissique en un sens. Certes il cachait en lui un lourd traumatisme, un passé qui lui appartenait d’essayer d’oublier, de vivre malgré tout en y pensant sans cesse. C’était son obsession, ce qui allait causer sa perte, et la décadence de son être. S’il était devenu un tueur c’était bien à cause de tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors. Et à présent il apprenait que cet être en lui qu’il s’était évertué à tuer, n’avait plus de raison de rester sous silence. Que Jérémy pouvait très bien revenir, perdant Phoenix dans une partie sombre de son âme, comme l mauvais penchants qui s’agitait en chaque être. Comme un démon dans le corps d’un homme, un péchê, un désir cruel et sanglant qui pouvait le perdre à tout moment mais contre lequel l’âme se battait pour rester humaine. Aileen n’aimait sans doute pas ce qu’elle voyait. Cet homme si fort qu’elle avait elle-même façonné de la manière la plus parfaite possible, se déchirait sous ses yeux. Phoenix se perdait dans ses sentiments, entre sa rage, son désarroi, sa joie, sa peur. Il se perdait, se levait, marchait, criait, retenait ses larmes du mieux qu’il le put. Mais il voulait revenir vers elle, toujours être auprès d’elle. Car quand elle était là il se sentait bien. Il se souvenait qui il était, qui il devait être. DE fait, il se retrouvait prêt d’elle. Elle voulait qu’il retrouve son calme, qu’il ne se laisse pas emporter par sa colère. Elle lui promettait une nouvelle vie, de nouvelles possibilités. Elle lui promettait de l’aider à revoir sa sœur, à retourner auprès d’elle s’il en avait le désir, et s’il s’engageait à ne lui faire aucun mal. Il en fut incapable. Dans son esprit il était bien trop perturbé pour le moment pour pouvoir s’imaginer revoir Domino… penser à cette possibilité le mettait dans un état d’excitation et de colère avancé. Il trouvait que cela n’avait pas de sens. Lui qui avait accepté l’idée qu’il ne la reverrait jamais. Qu’il l’avait tué. Qu’il avait du disparaître pour se remettre de cette immense perte. Car c’est bien le deuil de sa sœur qui avait donné naissance à ce monstre de sang qu’il était aujourd’hui. Il n’y avait rien d’autre que cela : un monstre. « C’est normal que tu sois en colère. Avec le temps, ces émotions violentes s'estomperont sans doute. Devant les autres, tu joues peut-être au monstre... mais tu n'en es pas un, Phoenix. Je crois en toi. Je crois que tu réussiras à tenir le coup devant Snow. Je crois que tu ne la tueras pas. » Il aurait pu avoir autant de conviction en lui-même mais ce n’était pas le cas. Peut-être parce qu’il n’avait plus ce goût pour le leurre et l’illusion. Peut-être parce qu’il savait pertinemment de quoi il était capable. Il était capable du pire. Effectivement, comme il l’avait avoué, tuer sa sœur lui était une idée familière. Il en avait rêvé des milliers de fois, tâchant d’expliquer, de comprendre ce qu’il s’était passé cette nuit-là. Il n’en gardait que le souvenir du corps mort de sa sœur. Il ne se souvenait plus comment il était arrivé jusqu’à elle. Ce dont ils avaient discutés la veille. La dernière chose qu’il lui avait dite. Il ne se souvenait de rien de tout cela. Alors comment pouvait-il être sur de ne pas être son meurtrier ? Elle semblait avoir foi en lui, ce qu’il ne pouvait pas comprendre. CE n’était pas un sentiment qu’il partageait avec elle. Alors il sourit, ironique, moqueur, attristé. « Je suis flatté de voir que tu es autant confiance en moi. Malheureusement je suis bien plus pessimiste... » Il était surtout fatigué pour le moment.

La colère qui le rongeait étant sans doute sa pire ennemie. Elle était la faiblesse de Phoenix. C’est à cause d’elle, de cette rage qui grondait en lui et qu’il tâchait le plus souvent de restreindre et de contenir, qu’il risquait à tout moment de se perdre et de devenir dangereux pour lui-même et surtout pour les autres. Combien avaient péri à cause de ses crises de colère ? Beaucoup trop, snas doute, bien qu’ils le méritaient. « Tu n'es pas toujours obligé d'être le grand méchant loup. » Le grand méchant loup … Cela le fit sourire. Il laissa aller un petit rire aussi. Il avait parfois du mal encore à s’imaginer comme Le grand méchant loup. Lui qui avait longtemps laissé les autres choisir à sa place, faire de sa vie un enfer. Lui qui s’était laissé aller à se faire conduire par les autres dans ses choix, aujourd’hui était celui qui les restreignait dans les leurs. Alors, oui, il aimait l’idée d’être le loup. Un animal calculateur, intelligent, et dangereux. « C’est que j’aime à être le grand méchant loup après avoir longtemps joué le rôle du pauvre enfant apeuré. » Il avait toujours aimé les loups, ou tout du moins les prédateurs en général. Mais le loup était un prédateur particulier. Il pouvait tout aussi bien tuer en meute, ou en solitaire. C’était une bête qui avait une part de monstruosité et qui pourtant était protecteur avec ses paires. Qui avait une part de douceur. Les loups étaient des animaux fidèles aux leurs. Les Pacificateurs étaient des loups, sans doute. Avec des armes en guise de dents. Avec des fouets en guise de griffes. Mais dont le regard prouver de la même cruauté, de la même ruse, et du même désir de sang. Alors non, certes, il n’avait pas toujours besoin d’être ce démon, et il ne l’était pas à cet instant même. Pas avec elle. Mais avec les autres il portait toujours ce masque de cruauté. Pas seulement par obligation mais également pas plaisir. Parce que cela lui plaisait d’être un tueur, d’être un loup. De voir les autres sur la réserves, sur la retenu, qu’il tenait en respect. Enfin il était vu comme quelqu’un d’important, quelqu’un qui pouvait interagir sur la vie des autres. Qu’il était jouissif d’avoir le pouvoir de changer les choses, profondément, dans la vie des autres. D’avoir de l’influence. De pouvoir par un simple geste tout détruire. Accélérer le processus de destruction qu’il y avait en chaque chose. Car il ne se leurrait pas sur ce point-là et il était persuadé que tout était voué à disparaître. Tout simplement. Et l’homme n’échappait pas à cette règle. Tout changement qui s’opéraient l’homme apportaient avec lui son lot de destruction, de perdition. En changeant, Phoenix avait longtemps réussit à se persuadé qu’il avait réussi à tuer la part de lui qu’il nommait « Jérémy ». Mais cela était stupide, car enfin, comment pourrait-il être certain d’avoir été Jérémy si ce dernier avait complètement disparu. Cela n’avait pas de sens, et il devait se rendre à l’évidence qu’il n’était pas resté en lui qu’un passé douloureux. Il était ce passé. Il avait changé, certes, cela était inévitable. Mais il restait foncièrement le même être. Il restait attaché à sa sœur, à son souvenir, et il ne voulait pas oublier qui elle avait été. Le changement, l’idée de destruction, le terrifié lorsqu’il s’agissait de lui et de son passé. « La personne qu'on était avant ne disparaîtra jamais complètement. Même si on pense avoir changé entièrement, il y a toujours des choses qui remontent... Parce qu'elles sont présentes, bien cachées, là. » La main d’Aileen s’empara de la sienne et il se laissa faire docilement, l’observant, ému de ses mots, de la foi et de sa conviction. Elle croyait en lui, réellement. Elle avait confiance en lui. C’était un fait. Cette confiance l’éblouissait, elle transparaissait dans chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. La main d’Aileen guida la sienne vers son cœur. Il venait de lui avouer qu’il avait peur de revoir Domino et de déchanter en la retrouvant, en découvrant celle qu’elle était devenue. De perdre un peu de l’amour qu’il lui avait porté. Qu’il lui portait toujours. Parce qu’ils avaient changé. Et elle, le plus simplement et le plus tendrement du monde elle lui rappelait qu’au fond il restait humain, il restait le même enfant apeuré. Il avait toujours un cœur qui battait à la chamade lorsqu’il était en présence d’une femme qu’il aimait. Qui saignait toujours lorsqu’on le blessait. Qui battait dans ses tempes lorsqu’il était un colère. Un cœur bien vivace malgré le fait qu’il du cacher ce fait à tout ceux qui l’entouraient. Car, enfin, un Pacificateur ne devait rien ressentir. Il devait être plus fort encore que les sentiments humains.

« Ta sœur est charmante, gentille et pleine de vie. Tout le monde l'adore. Bien sûr, le Capitole l'a changée... Mais n'oublie pas que toi aussi, tu as changé, Phoenix. Tu n'es plus le même homme qu'avant les Hunger Games. Le simple garçon d'un district pauvre que tu étais est devenu un Pacificateur que beaucoup craignent. Je suis sûre que Domino aussi trouve cela difficile d'accepter que tu n'es plus comme avant. Votre ancienne complicité s'est peut-être émoussée, mais vous pouvez retrouver ça. » Il était heureux d’apprendre que Domino était toujours aussi appréciée. Qu’elle avait toujours cette capacité à recevoir l’adoration de ceux qui l’entouraient. Il se souvenait lorsqu’ils étaient enfants, de l’avoir vu amie avec tous ceux qu’elle rencontrait. Elle était d’une douceur et d’une sociabilité rare. Mais Phoenix, ou du moins Jérémy, savait que derrière cela se cachait autre chose. Un besoin cuisant d’être aux yeux des autres, importante. D’exister. De recevoir un peu de l’amour dont elle avait manqué dans son enfance. Celle d’une mère, morte quelques années après l’arrivée de Domino dans la famille Lewis. Il s’évertua à penser « arriver » au lieu de « naissance » car d’après la conversation qu’il avait eu avec sa sœur elle était une fille du Capitole. Ses parents étaient deux personnes influentes au Capitole et n’avait pas grand chose à voir avec le père qui l’avait éduqué. Cela avait profondément blessé Phoenix. Mais Aileen avait raison. Il ne devait plus se restreindre à ce souvenir qu’il gardait d’elle. Tout comme il avait changé, il devait en être de même pour Domino. Et il ne devait lui en vouloir pour cela. C’était dans l’ordre normale des choses. Certes leur relation allait changé de fait. Mais pourquoi ne devrait-il plus avoir de relation du tout entre eux ? Cela était stupide, il avait besoin de sa petite sœur. Elle qu’il aimait tellement. Elle qui avait toujours eu cette place d’honneur dans son cœur. Il avait la chance de la retrouver, de la découvrir en vie et bien portante. Beaucoup n’avait pas eu cette chance. Alors, certes il lui faudra du temps, mais il devait prendre son courage à deux mains, faire une croix sur le passé et simplement profiter de cette chance. Simplement apprendre à la connaître de nouveau. Il s’en sentait capable. Il était assez fort pour cela. Il retira la main d’Aileen posée sur son cœur et la porta à sa bouche pour déposer un baiser sur sa paume. « Tu ne peux pas changer le passé. Ni même l'enfouir pour toujours. » Il sourit, peiné par cette ultime vérité. Il baissa le regard. « C’est un fait …. Le passé nous rattrape toujours, et le futur m’échappe pour le moment. » Répondit-il d’une voix monocorde, cachant son trouble et sa peine. Tâchant de la ré-enfouir. Il ne s’agissait pas pour lui de passer son temps à se lamenter. Il s’agissait surtout de lui dire la vérité, de se confier à elle. Il ne voulait en aucun cas la culpabiliser, la mettre mal à l’aise, ou se faire plaindre. Surtout pas se faire plaindre. Il ne supporterait pas de recevoir la moindre marque de pitié de sa part. Il n’avait pas besoin de la pitié des autres, bien qu’il fut la victime de la sienne. Son comportement lui semblait enfantin et il fut bien en peine de se trouver des excuses pour le justifier. Il devait agir en adulte, cachait ses sentiments d’une violence inouie, et simplement vivre. Il devait apprendre à vivre détaché du monde et de ses sentiments. Il devait prendre du recul, c’était le seul moyen pour lui de pouvoir surmonter cela.

La question se posait cependant de savoir si sa vie devait changer complètement. Il ne le pensait pas. Il ne voulait pas. C’était un fait : il adorait sa vie. Il aimait être Pacificateur. Il tenait à ses armes qu’il portait. Il tenait à Aileen. A ses missions, à sa place dans la société. Il tenait à tout cela. Il vivait une existence faite de passions malgré tout. Il ne restait pas dans la passivité, il agissait et cela lui important énormément. Le fait de ne pas rester passif devant ce qui l’entourait. Cependant, à présent il se demandait en quoi il pouvait croire. Sa confiance était ébranlée. Il ne sut qui il devait croire. Où était la vérité ? Où était la fierté d’être devenu ce qu’il était aujourd’hui ? Qu’était devenu cette fierté d’avoir pu se battre pour survivre, pour changer ? Est-ce que le monde était aussi absurde qu’il ne pouvait en rien ni en personne. N’y avait-il plus rien d’humain dans le Capitole ? Il avait besoin d’avoir confiance, de croire en quelqu’un, en quelque chose, de nouveau … « On t'a menti pendant sept ans. Alors oui, tout doit te sembler faux... Mais regarde autour de toi, Phoenix. » Dit Aileen après avoir poussé un soupir de soulagement. Elle ne voulait pas le voir partir, Phoenix le devina. Il comprit alors qu’il pouvait croire en elle. Avoir confiance en elle. Elle était impliquée dans sa vie, elle tenait sans doute à lui. Que cela était agréable… Alors en regardant autour de lui il ne pouvait voir que mensonge, égocentrique et stratégie de guerre. Puis elle, seule. Aileen… Il ne pouvait dire ce qu’elle était véritablement pour lui. Une force salvatrice qui toujours était là quand il en avait besoin. Elle était une sorte d’ange gardien. Bien que l’image fut bien trop pure pour une tueuse de la trempe d’Aileen. D’autant plus qu’il n’avait rien d’un héros ou d’une pauvre agneau en perdition. Il était aussi un tueur. Ils étaient des démons. Mais des démons doués d’une âme aimante… Alors la seule vérité qu’il voyait en ce monde, la seule tâche de lumière dans son quotidien fait d’ombres, c’était son regard confiant posé sur lui. Comme une promesse. « Tout n'est jamais noir ni blanc. Il n'y a pas que des mensonges dans ton existence. Qu'aurais-tu fait si tu savais qu'elle était en vie depuis le début ? Regrettes-tu d'avoir pris un autre chemin que celui de Domino et de ta famille? » Il garda le silence. Jamais il ne s’était demandé ce qu’il aurait fait s’il avait su plus tôt qu’elle était en vie. Il aurait rejoint les rebelles dans le dessein de la sauver du Capitole ? Il aurait cherché à tout prix à la retrouver ? Il aurait tâché de la haïr puis de l’oublier ? Il aurait sourit, paisible, heureux et aurait continué son chemin … Est-ce qu’il avait des regrets ? Il en avait des centaines, mais il doutait que les avouer à Aileen serait une bonne idée. Alors il préféra les gardait pour lui. Mais il ne pouvait ignorer cette affligeante vérité : s’il avait apprit que Domino était en vie il serait un rebelle à cette heure-là et son but aurait été de détruire le Capitole afin de sauver sa sœur. Il aurait essayé d’être la fierté de son père, de sa famille. Tout aurait été différent. Mais il ne se leurrait pas. Il n’aurait pas été plus heureux dans cette autre réalité. Et surtout il n’aurait jamais connu Aileen, et jamais il n’aurait pu connaître une relation d’une telle pureté. Il la remerciait pour tout ce qu’elle avait fait pour lui. Elle était devenue cette famille qui lui avait tant manqué. Car quand il était entré à son service, il ne s’agissait plus pour lui de faire du mal à son père, de son venger de son frère qui lui avait craché au visage, il désirait en premier lieux avoir la fierté d’Aileen. Aujourd’hui elle était la personne dont il était le plus proche. La personne qui comptait le plus dans la vie de Phoenix. Il tenait à elle. Il l’aimait. « Le fait de ne pas t’avoir dans ma vie m’aurait changé. Alors s’il y a bien une chose que je ne regrette pas, c’est d’avoir été un de tes élèves, d’être un de tes soldats, Aileen. Cette confiance qui tu as en moi, est sans doute l’unique vérité à laquelle je puisse me rattacher aujourd’hui. » Il était sincère. Il tâchait de lui montrer tout ce qu’il lui devait, plutôt que de la culpabiliser avec tout ce qu’il avait manqué par sa faute. Il ne devait pas lui en vouloir pour cela. Et il ne lui en tenait pas rigueur d’ailleurs. Il avait fait ses choix. Il était devenu celui qu’il avait eu le désir de devenir. Qui serait-il pour la blâmer de cela ? « On a tous un but dans la vie, Phoenix. Mais souvent, nous ne savons pas que nous cherchons quelque chose avant de l'avoir trouvé, nous ne connaissons pas notre but avant d'y arriver. Tu verras, parfois les choses se mettent en place toutes seules. » C’était peut être cela qui le terrifiait plus qu’autre chose. Le fait que les choses autour de lui échappaient souvent à son contrôle, et que soudainement les choses qu’il pensait stables, se dissoudrent et changer, se transforment. Certain appelait cela le destin. Il était d’avis de penser que c’était plutôt une sorte de malédiction qui rendait les hommes faibles. « Je suis heureuse de t'entendre dire que ton travail te plaît toujours. Oui, Phoenix, ta place est ici. Tu es né pour jouer ce rôle, même si tu ne l'as pas choisi. Mon Pacificateur Parfait... » Il sourit. Oui, son rôle était d’être son Pacificateur parfait. Et cela lui plaisir, infiniment. Elle dégagea une mèche qui s’était posé sur le front de Phoenix d’un geste tendre. Puis, étrangement, elle détourna le regard, cachant un air affligé que Phoenix eut le temps d’apercevoir. Son cœur s’arrêta net. Il l’avait blessée. Il ne su comment, ni pourquoi. Il caressa sa joue, d’un geste tendre. Il l’avait pardonnée parfaitement. À présent c’est lui qui se sentait coupable. « Qu’y a-t-il Aileen… Qu’ai-je dit ? » Pourquoi ne me regarde tu pas dans les yeux ?
Elle lui annonça que s’il le désirait elle l’appelait Jérémy un jour. Jamais.

Il lui avoua alors combien il tenait à elle. Et le regard qu’elle lui lança, empli de surprise, le désarçonna. C’est comme si elle fut étonnée de cette révélation. « Tu ne me détestes pas... après tout ce que j'ai fait ? Alors que je suis quelqu'un de détestable ? Là c’est lui qui était perdu. Après tout ce qu’elle lui avait fait ? Elle lui avait appris que le monde était un champ de bataille, qu’il ne s’agissait pas de vivre mais de survivre. Elle avait fait voler en éclat ses derniers rêves d’enfants. Elle lui avait appris à avoir le pouvoir, à le sentir battre dans ses doigts. Elle lui avait appris à tuer un homme sans trembler. Elle lui avait appris à sourire du malheur des autres sans se sentir coupable. Elle lui avait appris à être un tueur. Elle lui avait appris à vivre de passion et de danger. Elle lui avait appris à vivre, pas seulement à penser à cette vie. Il ne vivait pas de penser et d’espoir. Il vivait de sensation, de passion, de pertes, de tristesse, d’émotions. Tout cela il le lui devait à elle. Elle lui avait appris à aimer la rage, la détresse, la passion, le sexe, le sang. LA vie. La vraie vie. Non celle fantasmée par les rebelles ou les gens des districts. Il ne la voyait pas comme quelqu’un de détestable. Peut-être était-il le seule à la connaître vraiment. A la voir comme elle était vraiment. Comme une victime. Comme une tortionnaire. Comme une espionne. Comme une femme. Comme une tueuse. Comme une enfant perdue. Comme un jouet. Comme une manipulatrice de talent. Comme une amante. « Te détester ? Aileen, qu’est-ce qui a pu t’aveugler à ce point sur les sentiments que j’ai pour toi ? » Elle avait demandé cela d’un ton empli de tristesse et cette douleur envahit Phoenix. Il n’aimait pas la sentir aussi abattu. Aussi peur fière d’elle-même. Lui qui la voyait comme la plus remarquable des femmes qu’il connaissait. La plus parfaite. « Ta sœur me déteste. » Il fronça les sourcils. Pour quelles raisons Domino pouvait-elle haïr Aileen ? L’idée que les deux femmes de ses vies se détestaient lui semblait étrange. Mais dans un même temps logique. Elles étaient liées tout en étant à l’opposée l’une de l’autre. Phoenix chercha à la regarder des les yeux. « Je n’en ai cure. » Il était sincère. Le fait que sa sœur détestait Aileen ne changerait rien au fait que lui en était fou. « Le jour de mes funérailles, les gens feront la fête. » Elle parla d’une voix douce, calme, trop calme. Comme si elle lui faisait part d’une pensée qui lui était si familière qu’elle l’avait assimilée. Comme si cela lui était naturelle de le penser. Il ne put y croire. Il le refusait. « Je n’ose pas même imaginer le jour où j’apprendrais ta mort, de peur de devenir fou. J’espère uniquement mourir avant toi… Ou mieux. Pour toi. » Avoua-t-il sur le même ton. Cela lui semblait une fin enviable, et même peut-être la plus belle et la plus douce des morts qu’il pouvait espérer.
« L'homme qui est devant moi... Celui que j'adore tant... Ce n'est ni Phoenix, ni Jérémy. » Poursuivra-t-elle. Il n’aimait pas l’entendre prononcer son ancien prénom et il allait pour la reprendre à ce propos mais se retint. Il la voyait troublée, perdue, dans ses pensées et n’osa pas l’interrompre. Il se rendit compte alors que si elle savait tout de lui, il ignorait tout d’elle, ou presque. Il n’avait pas eu la chance d’avoir un dossier à son nom, et ne pouvait se baser que sur leurs conversations pour la connaître. Cependant il imaginait sans peine ce qu’elle devait cacher en elle-tême. Personne n’est né pour être un tueur. Pas même Aileen. La seule question qu’il pouvait se poser c’était qui elle était avant. « C'est toi, entièrement, que j'apprécie. » Il sourit. Il avait comprit l’idée. Cependant il s’attendait à la voir poursuivre. Elle n’en fit rien. Elle lui cachait des choses, il le savait. Et il ne comptait pas la laisser dans ce malaise où elle s’enfermait. « Aileen… De quoi as-tu si peur ? » Car il crut bien voir une crainte en elle, enfouit. Une crainte qui lui rappelait la sienne. Celle de tout perdre. De la perdre elle, un jour, de la décevoir. Il ne le supporterait pas. Il avait eut son lot de déception et de trahison. Il ne désirait pas la perdre elle aussi à cause de cela.

Il eut la présence d’esprit de changer de sujet suite à cela. Car de toute évidence, Aileen n’était pas le genre de personne à aimer parler avec tant de philosophie. Cela était troublant. Nécessaire parfois, car il s’agissait de penser à ce qu’ils étaient, ce qu’ils vivaient, au bonheur. Aux choses sacrées auxquelles tenaient tant le genre humain. Ils en parlaient rarement, mais au moins ils étaient capables d’en parler entre eux, ce qui était en soit quelque chose d’extraordinaire et qui n’était pas donné à tout le monde. Il appréciait ces instants, mais le recherchait pas non plus. Il lui semblait bien déprimant de parler trop souvent du sens de la vie. Une bonne fois pour toutes lui suffisait surtout dans ces moments de troubleS. Dans ces périodes durant lesquelles il ne savait plus à qui se fier. Mais cela passa, et ils entamèrent un autre sujet de discussion. C’est alors que Phoenix se rendit compte que cela faisait bien longtemps qu’ils n’avaient pas pris le temps de parler. De simplement s’arrêter de courir après le temps pour observer ce présent qu’ils tâchaient d’éviter. Car ce qui leurs faisaient peur, plus encore que l’avenir, c’était ce présent si angoissant. Cet instant, là, présent, qu’ils vivaient alors et qui leur échappait complètement.
Ils parlèrent du passé alors, mais d’un passé bien moins lointain que celui du temps où ils étaient deux êtres bien différents d’Aileen et Phoenix. Ils parlèrent de la mission ratée de Phoenix et en vinrent sur le sujet de la jeune Kamaria. Phoenix éludait le nom de la demoiselle pour le moment et se contenta de discuter des raisons pour l’avaient amener à prendre la demoiselle sous son aile. « Son histoire ressemble à la tienne. » Et la tienne n’a-t-elle rien à voir avec la mienne Aileen ? Ou sinon pourquoi m’aurais-tu aider toi aussi ? Il ne pouvait le nier. L’histoire de Kamaria ressemblait à la sienne. Mais l’entendre dire par Aileen le mit dans un état de mal-être étrange. Il ne pouvait nier cette ressemblance, mais il ne l’appréciait pas. Cela l’apeurait d’imaginer Kamaria devenir un être perdu et sale comme il avait pu l’être avant Aileen. Il se félicitait d’avoir trouvé la demoiselle auparavant. Il lui évitait bien des peines. Alors à cette affirmation d’AIleen il ne put qu’acquiescer. Cependant alors qu’il avait crut un instant qu’elle avait comprit, l’espionne du Président qui était en elle ressurgit et lui demanda s’il avait prit soin d’ « enquêter » sur la jeune victime avant de la prendre comme protégée. Cela mit Phoenix en colère mais il tachait de se contenir alors qu’il s’engager dans une série d’argument visant à convaincre Aileen du bien fondé de son action. A ses yeux c’était la seule chose qu’il avait eut à faire lorsqu’il avait vu ses congénères assassiner la mère de Kamaria sous les yeux de celle-ci. Il n’en revenait toujours pas de la stupidité des agresseurs. « Je vois. Tu as bien agi. » Ce consentement d’Aileen à la décision de Phoenix surprit ce dernier. Il s’attendait plutôt à la voir défendre l’idée qu’il aurait du d’abord vérifier qu’elle n’était pas leur ennemi. Au nom du Capitole. Il n’oubliait jamais qu’ils étaient des soldats du Capitole avant tout. Cependant, il était vrai que ces derniers temps il avait suivi d’autres chemins qui l’éloignaient de la bonne conduite que le Capitole exigeait de lui. Il était devenu le tuteur de Kamaria. Et alors ? Cela ne regardait pas le Capitole. Cela appartenait à une partie de sa vie qui était resté en sommeil pendant de longues années : une vie privée. S’il désirait adopter une enfant orpheline, c’était dans son droit après tout. Surtout si elle risquait de se retrouver simplement abandonner de tous, seule dans la rue. Comme il avait pu l’être. Il ne le souhaitait à aucun enfant perdu. Aucun. La douleur de la solitude était la pire de tous. Elle rendait les hommes fous. « N’aie pas peur, Phoenix. Je n'interviendrai pas dans sa formation et je ne parlerai pas d'elle à Snow. Je sais où va ma loyauté, mais je sais aussi qui sont mes amis. » Il resta sur la réserve un temps. Il se demandait ce que Snow pouvait voir de tendancieux dans le fait que Phoenix est adopté une enfant. Que risqueriat-il ? Il se fichait bien de voir le Président au courant. Il ne laisserait personne lui enlever Kamaria. Malgré tout il en était arrivé à un point où il était attaché à la gamine. Il la considérait comme une sorte de fille, sans doute. Une seconde sœur… une protégée. Sa protégée. Plus qu’une élève. Il ne savait pas comment expliquer la relation qui le liait à Kamaria, mais elle lui était devenu indispensable. Il avait confiance en elle. Tout comme il avait confiance en Aileen. Peut-être était-ce une erreur ? Son mentor, comme souvent, avait fini par glisser le doute en lui. « Elle s’appelle Kamaria ……. . J’imagine qu’il te sera facile de découvrir qui elle est, si cela peut te rassurer. » Son rôle d’espionne était devenue une seconde peau. Il ne voulait pas qu’elle se pose de mutliple questions au sujet de Kamaria. Il ne voulait pas qu’elle se torture avec cela. Autant lui donner tous les éléments dés à présent. Et si possible, autant éviter une rencontre pour le moment. Phoenix avait le désir de garder son élève à ses côtés pour le moment. Pour lui seul. Le temps fera le reste.

Ils étaient fatigués, épuisés même, et leurs conversations les avaient éreintés. Ils en arrivèrent à un point où ils se lovèrent l’un contre l’autre et parlèrent d’autre chose encore. Ils passèrent rapidement sur le sujet de la mission d’Aileen, mais le mal-être de la demoiselle dissuada Phoenix de continuer sur le sujet. A la place, comme un enfant au matin de Noël, il lui proposa plutôt de la rejoindre en mission. De rester à ses côtés, et il arriva à un point où il convainc de la demoiselle du bien fondé de cette idée. Il voulait qu’elle oublie Snow pour le moment. Qu’elle ait confiance en eux. Car il était sur lui qu’ils feraient des étincelles si Snow leur laissait la chance de travailler ensemble. Après tout, en mission comme en dehors, ils leur suffisaient bien souvent d’un regard pour lire en l’autre. Ils se connaissaient par cœur. Elle accepta, réalisant que Snow pouvait tout aussi bien accepté, être d’accord. LE fait de la voir si dépendante des décisions du Président rendit Phoenix moqueur, mais il se retint de faire la moindre remarque. Elle avait le président dans la peau, il ne pouvait pas la charrier à ce sujet. Il était son mentor, et son tortionnaire. Comme elle était la sienne. Il comprenait cela. Sauf que Phoenix était libre d’être, de vivre sans Aileen. Elle était prisonnière de Snow. Cet amour qu’il avait l’un pour l’autre était cependant un secret bien gardé loin des yeux et des oreilles du Président. C’était cela qui leur appartenait vraiment. Ces regards, ces sourires, ces baisers qu’ils partageaient. Cela ils le gardaient pour eux seuls.
Elle le suppliait presque de l’accompagner en mission, soudaine prise d’une révélation. Cela fit rire Phoenix qui lui proposa de partir à la minute, amusée par son excitation. Mais elle sembla de calmer et lui répondit avec une sorte de réflexion sérieuse. « J'ai encore des choses à faire ici. Mais après, en effet, nous pourrions partir. Tu pourrais venir avec moi au Capitole... rencontrer Snow... et ta sœur. » Il déglutit difficilement. Il n’aimait pas l’idée de revoir Domino si vite. Cela l’inquiéta et il ne put le cacher. Mais il ne releva pas. Si elle le voulait à ses côtés alors il irait. Domino et Snow n’étaient que des prétextes pour être auprès d’elle. Pour la protéger. Il hocha la tête avec un petit sourire apaisé. Il aimait l’idée de pouvoir profiter d’elle et de sa présence. Cependant elle sembla s’inquiéter de le voir priver de sa liberté. Quelle liberté ? Celle de pouvoir être présent sur tous les districts pour tuer des innocents ? Celle de pouvoir tuer en solo ou en groupe s’il le désirait ? Celle d’être souvent secondé d’incapable ? Non, la seule liberté qu’il avait c’était celle d’être là, à ce moment, de la tenir contre lui, sous le couvert de la nuit, et de pouvoir l’embrasser comme il le désirait. C’était de la tenir si proche de lui, comme il aimait le faire. Car il avait besoin d’elle et il ne lui cacha pas. La réaction de la demoiselle, une fois encore, le désarçonna. Il la vit devenir pâle et il crut un instant l’avoir blessée. Cependant il ne voyait pas comment cela était arrivé. Il était sur le point de paniquer, sans quitter le regard d’Aileen, quand il se rendit compte qu’elle pleurait. Les larmes coulaient sur son doux visage sans qu’elle tenta de les contenir. Elle pleurait et il ne comprenait pas pourquoi. Elle était tellement humaine à ce moment. Elle se laissait aller à être humaine, à ses faiblesses, à mes émotions. Elle laissait glisser son masque et cela rassura Phoenix. Il était souvent peur de la découvrir un jour entièrement morne, un être sanglant au service du président. Il avait peur de découvrir que Snow aurait finalement réussi à lui ôter toute humanité. Il aimait son humanité. Tout comme il aimait l’espionne et la tueuse. Il ne voulait rien perdre de tout cela. « Tu es le premier à me dire ça... Cela me touche. Moi aussi, j'ai besoin de toi à mes côtés, Phoenix. Je ne sais pas ce que je ferais si tu sortais de ma vie. » Le premier ? Vraiment ? Elle qui était presque le bras droit du Président, qui avait tué pour lui bien plus d’hommes que quiconque, elle n’avait jamais reçu un signe de reconnaissance. Alors qu’il la punissait pour une faute. Une simple et unique faute ? Enfoiré. Il la serra contre lui. Oui, il avait besoin d’elle, et il comprenait le besoin qu’elle avait de lui. Elle sourit, un sourire qui réchauffa l’âme de Phoenix. C’était pour ces sourires qu’il désirait rester à ces côtés pour s’assurer qu’elle ne perdait rien à cette fragilité que lui seul connaissait. « Seule la morte me fera sortir de ta vie Aileen. Rien ni personne d’autre. » C’était une promesse plus qu’une affirmation. Il le pensait vraiment, il le voulait vraiment, et même il ne désirait que cela.
Alors elle s’affligea presque de le voir toujours prendre le dessus sur elle dans des circonstances semblables. Le ton se fit alors plus gaie, plus joueur. S’approchant d’elle, effleurant ses lèvres il lui rappela qu’il était irrésistible. Et lui demanda si elle n’en avait jamais pris conscience avant. Elle lui répondit d’un ton moqueur et en même temps avec une pointe de fascination : « Je pense que je te l'ai déjà dit une fois. » Elle était troublée par la proximité qui s’installait entre eux. « Ou peut-être deux fois... Ou cent fois... Tu veux l'entendre encore une fois ? Tu veux que je te dise : Phoenix, tu es irrésistible? » Il sourit, et avant de l’embrasser encore lui glissa un tendre « J’aime mieux cela ~ » . Ils s’embrassèrent longuement alors, oubliant ce qui les entouraient. Ils se retrouvaient après un long moment de séparation, et profitaient simplement de la présence l’un de l’autre. Mais ils perdirent bien vite le contrôle de la situation. Ils avaient baissé leur garde. Alos qu’elle lui demanda une fois encore s’il l’accompagnerait le lendemain, elle le stoppa dans sa réponse pour s’affliger du fait qu’ils paralient encore travaille. Elle voulait juste profiter de lui. Il en était attendri et se moqua gentiment d’elle avant de l’embrasser de nouveau en la tenant contre lui. Elle passa ses bras autour de son cou et le baiser devint plus fugueux. Il respirait avec difficulté et son cœur perdait la cadence. Il aimait cette sensation de perdition. Il oubliait jusqu’au monde alors …

Jusqu’à ce qu’elle se relève d’une traite. Elle était sur ses gardes. Il ne s’agissait plus d’Aileen mais de l’espionne. Il le sut dés qu’il la vit regarder autour d’elle. Elle sentait quelque chose. Il fallut plus de temps à Phoenix pour revêtir son habit de Pacificateur. Mais il parvint à voir dans les bosquets, plus loin, une silhouette qui parti en courant, dés lors qu’ils la regardèrent tout deux. Un espion, un pion des rebelles ou de Snow. Et le secret n’est plus secret dés lors… Il grimaça et se releva, faisant glisser Aileen sur le banc. D’un bond, Phoenix était debout, une arme à la main visant l’inconnu qui courait au loin, sur leur droite. Il tira, un coup, soudain. Il lui avait fallut peu de temps pour viser sa cible qui courrait entre les arbres, mais alors qu’il appuyait sur la détente, elle changea de direction, averti sans doute par le bruit du coup, et se cacha derrière un tronc. Puis disparut dans la nuit. Phoenix jura et abaissa son arme. « Bordel ! » S’exclama-t-il. Il était au bord du précipice. Il sentait la colère qui rugissait de nouveau en lui. Il était sur le point de traquer ce jeune incongru pour lui faire payer sa curiosité. Il venait de mettre en péril sa vie ainsi que celle d’Aileen. Phoenix ne savait pas exactement ce qu’il risquait de se passer, mais le fait que quelqu’un soit au fait de leur relation l’inquiétait. « Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? » Aileen avait demandé cela après s’être emparé de la main de Phoenix et d’avoir embrassé sa paume. Il la regarda et vit en elle les mêmes craintes qu’en lui. Elle ne lâchait pas sa main et il la serra la faisant venir vers lui. Il caressa ses cheveux et tenta de lui sourire. Mais il ne put se retenir de regarder l’endroit où l’incongru avait disparu tantôt. « Maintenant ? Il va souffrir. » Répondit-il. Il aviat décrété qu’il ne laisserait pas cet être, qui qu’il fut, mettre en péril sa relation avec Aileen, sa carrière, ou sa vie. Ni sa réputation. Il avait la gâchette facile, c’était un fait avéré par tous. Il n’hésitera pas à tuer l’être qui cachait dans l’ombre avait osé l’espionner. Qu’il fut un rebelle ou un jouet de Snow. « Viens. » La voix d’Aileen, basse, cachait mal son trouble. Phoenix le releva pas ce fait. Elle lui proposait de partir, de laisser à plus tard la traque du fourbe incongru. Bien, il n’avait pas la force de lutter contre et le désir qu’il avait de profiter de sa présence. Encore moins si elle se sentait capable d’oublier Snow le temps d’une nuit à ses côtés. « Rentrons. » Elle serra sa main avec plus de fermeté, prouvant de la conviction qu’elle mettait dans ses paroles. Il lui sourit, répondant ainsi au sien. La soirée s’étendait à l’infini devant eux. « Oui, allons-y. » Il prit la décision de l’amener chez lui. Il quitta le banc, le ciel empli d’étoiles, et s’enfonça dans les ténèbres d’une forêt sombre, dans une nuit éternelle…
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeMar 22 Nov - 19:50

Parfois, je me regardais dans le miroir en me demandant qui j'étais vraiment. Je dévisageais mon reflet en essayant de deviner quel genre de personne se cachait sous cette façade. En vain. Je remarquai que j'avais les yeux de mon grand-père, du même bleu glacial. Le même regard que lui, aussi: froid, dur, insensible et calculateur. Le sourire de mon père, ou plutôt cette absence de sourire qui le caractérisait. Parfois, une infime torsion des lèvres indiquait qu'il se moquait des autres, mais en général, sa moue n'exprimait que du mépris et de l'arrogance. Par contre, personne ne savait d'où venait ce blond-roux flamboyant de mes cheveux au milieu des chevelures brunes de ma famille. La plupart du temps, je les attachais en un chignon sévère, veillant bien à ce qu'aucune mèche ne dépasse. Mon visage était un masque lisse, légèrement hautain, indifférent. Artificiel, il n'existait que pour me forger une image que d'autres respectent et craignent... Pour qu'ils ne me croient pas humaine et pensent que j'ai une pierre à la place du coeur... Pour qu'ils me voient comme un être intouchable, infaillible, immortel. Tel était le rôle que Snow avait choisi pour moi, et je le jouais avec plaisir. Je voulais que mon visage reste gravé dans la mémoire des gens, qu'ils se souviennent d'Aileen Carter. Pas en tant que personne, mais en tant qu'arme de la justice du Président, en tant que symbole de son pouvoir. J'étais là pour leur rappeler qui était leur maître: le Capitole. Mon travail était d'éteindre l'espoir et de faire naître le doute, la peur et la corruption au sein des forces rebelles. J'étais détestable, mais je voulais qu'on me déteste. La haine empêche l'oubli. Peu importe le pauvre petit désir de vengeance de ces pauvres des districts. Peu importe s'ils décidaient de se battre contre le Capitole à cause de moi. Ils n'étaient que des gouttelettes d'eau dans la mer. La rébellion était là, prête à éclater, et ce n'était pas moi qui allais changer ça. Moi aussi, je n'étais qu'un pion dans cette vaste partie d'échecs. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, je n'étais pas une machine sous forme humaine; j'avais aussi des émotions, des pensées à moi et des faiblesses. Pouvaient-ils seulement s'imaginer qu'il m'arrivait de m'amuser avec mes quelques amies? De regarder ma petite soeur dormir avec tendresse? De rentrer d'une mission couverte de sang, les cheveux en bataille, lasse, au bord des larmes? De maudire Snow et de me disputer avec lui? De sentir mon cœur battre plus fort en voyant Phoenix? De faire des cauchemars et de me réveiller en criant? Non, ils n'y pensaient même pas. Pour eux, il n'y avait aucune humaine derrière cette façade cruelle, aucune femme capable d'aimer, aucune adulte meurtrie, aucune petite fille joyeuse, aucune soeur protectrice, aucune personne normale hantée par ses souvenirs.

Ces souvenirs... Je ne pouvais pas m'en débarrasser comme ça. Les jeter à la poubelle et ne plus en parler. Ils se déroulaient devant mes yeux aux moments les plus incongrus. Je les revoyais, les revivais. Un en particulier ne cessait de remonter de l'oubli où j'avais voulu l'exiler. J'avais 18 ans et je venais de tuer pour la première fois. Une balle en plein coeur. Ma victime mourut rapidement. Dans mes souvenirs, ce n'était pas un homme, pas une femme. Je ne me rappelais ni son visage, ni son âge, ni son nom. Ce n'était qu'une silhouette floue, que j'arrivais à peine à voir à travers du voile de mes larmes. Enfin, l'instant où elle cessa de bouger et de me supplier… Pourtant, je gardais les yeux rivés sur ce corps étendu sur le sol, sur le trou d'où sortait son sang. La pression de la main de Snow sur mon épaule m'obligeait à continuer à regarder ce corps sans vie, à constater le résultat de mon acte. J'étouffais. Avais-je avalé du sang? En tous cas, le goût sur ma langue me rendait malade. Mon estomac se contractait violemment. Ma respiration était rapide, bruyante, comme si je venais de courir. L'horreur de ce que je voyais, de ce que j'avais fait, m'imprégnait peu à peu et faisait trembler mes jambes. Lentement, sans réfléchir, je me retournai et posai mon arme contre le coeur de Snow en le regardant dans les yeux. Tout d'abord, je vis l'étonnement dans ses prunelles pâles, suivi par un éclair de peur, non, de panique pure et simple. Il n'avait jamais prévu que je fasse cela. Il ne pensait pas devoir se protéger de moi. A présent, nous étions seuls, et c'était moi qui tenais une arme. Finalement, il recomposa une façade cynique. Aucun de nous deux ne parlait. Certaines choses n'ont pas besoin d'être dites. A partir du moment où j'avais appuyé mon arme à l'endroit précis où son coeur battait rapidement, j'étais devenue dangereuse pour lui. Une menace à éliminer. Je ne pouvais plus retourner en arrière. Je le toisai avec toute la haine du monde. Cet homme m'avait volé mon enfance, ma famille, mon identité, ma vie. Ce n'était pas le dieu que j'adulais avant, c'était un monstre sans scrupules. Il se fichait de ce que je pensais de mon travail. Il se fichait de moi comme de tous ces autres qui l'adoraient et le servaient. Nous n'étions que des marionnettes entre les mains de cet homme puissant. Ce dictateur qui contrôlait Panem... mais qui, à présent, était à ma merci. Il me suffisait de presser la détente et son sang jaillirait sur mes mains. La sensation que je ressentais alors était celle d'un pouvoir absolu. Je pouvais faire ce que je voulais. Cela m'enivrait et m'effrayait en même temps. Finalement, le Président parla, d'une voix calme. Bien joué, Aileen. Je tressaillis et appuyai plus fort mon arme contre sa poitrine, m'attendant à ce qu'il continue à parler, à ce qu'il me supplie ou me menace, mais il se tut. Il me fixait d'un air... attentif. Sans colère. Sans peur. Sans déception. Pourtant, je sentais que je l'avais touché. Je lui avais démontré qu'il n'était pas invulnérable et que même ses plus proches collaborateurs pouvaient le trahir. Nous étions là, face à face, comme figés dans le temps. Cette situation me rendait folle... Ce silence. Cette tension. Lentement, ma volonté fléchissait. Qu'allais-je faire? Allais-je le tuer comme ça? Il méritait pire. Je voulais qu'il voie son empire s'écrouler autour de lui et qu'il souffre avant de mourir. Je voulais me venger. Simplement. Hier encore, je le vénérais. Je connaissais ses défauts mais je parvenais toujours à les justifier. A présent, je le détestais. Il m'avait déjà pris tant de choses: mon enfance, mon innocence, mes petits bonheurs, ma gentillesse, ma famille. Pourtant, je l'avais supporté à chaque fois, aveuglée par mon adoration pour lui. Aujourd'hui, il avait voulu aller trop loin. J'avais tué alors que je ne voulais pas le faire, alors que je n'étais pas prête pour ça. Aucune personne saine d'esprit, pas même un adulte, ne peut commettre un meurtre sans être marqué par cette expérience. Lorsque ma balle avait perforé le corps de ma première victime, toutes mes frustrations, mes peurs et ma haine s'étaient concentrées sur une seule personne: le Président. Je voulais qu'il meure. Je voulais qu'il ressente la même souffrance qu'il infligeait à ses victimes. Pourtant, je n'avais pas la volonté nécessaire pour passer à l'acte. Si j'éliminais Snow, je détruirais tout ce qu'il y avait de stable dans ma vie. Le cours de mon existence serait changé à jamais. Cela aurait des conséquences. Ma famille et moi... nous allions sans doute mourir. J'avais 18 ans, et je voulais vivre. Le Président sembla sentir le moment où j'abandonnai. Il frappa ma main et le révolver vola dans un coin de la pièce. J'aurais pu tirer, à cet instant-là. Peut-être que cela ne l'aurait pas tué, mais je l'aurais blessé. Pourtant, je ne fis rien. En un clin d'oeil, il m'attrapa par les cheveux, tira ma tête en arrière et posa son poignard sur ma gorge. Je ne bougeai pas, me contentant de le regarder dans les yeux. Je ne pouvais pas l'empêcher de me faire du mal, alors pourquoi lui faire plaisir en criant et en pleurant? Le regard de Snow était, comme toujours, froid et maîtrisé. Que pensait-il, à cet instant? Je m'attendais presque à ce qu'il enfonce son poignard dans ma gorge, mais il ne fit rien. Notre lutte de volontés n'était pas visible, et elle se passait dans un silence de mort. Finalement, c'est moi qui baissai les yeux. J'étais vaincue, et je le savais. Je l'acceptais. Snow rangea son arme et sourit. Il ressemblait à un reptile prêt à dévorer sa proie. Je tremblais, sans pouvoir m'arrêter. C'en était trop pour moi. Le Président posa deux doigts à l'endroit où se trouvait ma carotide. Comme ton coeur bat vite, Aileen. Remarqua-t-il d'un air satisfait. Boum boum, boum boum... Ce serait dommage d'arrêter un si joli son, n'est-ce pas? Alors, je compris qu'il me laisserait la vie sauve, mais qu'il serait mon tortionnaire à vie. En refusant de me tuer, il me liait à lui. Snow me lâcha brusquement et je tombai par terre. Il me regarda de haut, et pour une fois, me laissa lire ses pensées sur son visage: si je recommençais, si je pensais même à le trahir encore une fois, il serait sans pitié. Aujourd'hui, tu m'as prouvé que tu es digne de servir le Capitole. Ta première vraie mission commence demain. Dit-il, solennel. Je hochai la tête, meurtrie dans mon coeur et mon orgueil. Comme si nous venions de parler calmement de la pluie et du beau temps, il me salua et se retourna pour partir. La porte claqua derrière lui. Sa voix me parvient à travers du mur, suave et menaçante à la fois: N'oublie jamais, Aileen Carter, que ta vie m'appartient.. Je restai assise, incapable même de pleurer. Seule avec un mort. Finalement, je rampai jusqu'à l'endroit où se trouvait le révolver et je l'ouvris. Il y avait une seule balle. Je la pris et la mis dans ma poche, en me promettant qu'un jour, ce serait elle qui se logerait dans le coeur de Snow.

Aujourd'hui encore, la balle m'accompagnait dans ma mission. Bien rangée dans une petite boîte, elle attendait son heure. Alors que je parlais du Président à Phoenix, je la caressais du bout des doigts. Mes paroles négatives à propos de notre chef d'état choquèrent le Pacificateur. Il n'avait jamais rencontré Snow en personne. Il n'avait encore jamais vu son regard de crocodile, son sourire rouge comme le sang, il n'avait jamais entendu sa voix froide et cruelle, il ne l'avait jamais vu rire devant la misère des autres. Contrairement à ce qu'il pensait, le Président n'était pas simplement un dictateur qui désire le pouvoir absolu. C'était un monstre, un être à peine humain qui se nourrissait de la souffrance de ses sujets comme un vieux vampire affamé. Depuis ma naissance, non, depuis le jour où mon père et ma mère décidèrent d'avoir un enfant, je lui appartenais. Personne ne contestait son droit de faire de moi ce qu'il voulait. J'étais son arme vivante, créée pour le servir. En apparence, j'étais heureuse. Je vivais dans le luxe et Snow me donnait tout ce que je voulais. Des plats raffinés que les gens des districts ne pouvaient même pas imaginer, des vins de qualité, des domestiques prêts à me servir 24 heures sur 24, plusieurs maisons grandes comme des palais, des vêtements créés spécialement pour moi par les plus grands stylistes... Et sans doute l'un des plus grands salaires de tout Panem. Pourtant, je n'avais pas ce que je voulais vraiment. Je ne pouvais pas vivre calmement avec ma famille et mes amis. Je ne pouvais pas refuser de tuer des gens et arrêter d'être espionne. Je ne pouvais pas être libre. Les gens voyaient ma richesse, ils remarquaient que j'étais proche du Président et ils me jalousaient pour ça. Qu'ils prennent ma place! Je n'en voulais plus. Au Capitole, tout le monde me respectait... sauf Snow. Oh, en public, il me complimentait pour mon travail et feignait m'adorer, mais quand nous étions seuls... Je n'étais pas son égale, ni son associée, mais son toutou. Son jouet. Sa chose. Lorsque j'essayais d'échapper à ses ordres, j'avais l'impression d'être étranglée par la laisse invisible qui me liait à lui. Je dépendais de lui, entièrement. Ma vie et celle de ma famille étaient entre ses mains. Alors, je devais obéir à ses ordres, si cruels soient-ils. Je ne pouvais jamais oublier mon rang ou ma position au Capitole. Mon rôle, je le jouais presque tout le temps. Une parole mal placée, une décision malheureuse... et le Président me punissait, comme une enfant. Il voulait que je sois sans faiblesses, sans défauts, sans limites. Je détestais cela. Je le détestais, de plus en plus. Cet homme m'avait tout appris. C'était mon mentor, mon professeur, mon deuxième père... Mais aussi mon tortionnaire, mon geôlier, mon démon. Seule la mort pouvait briser notre lien.

Phoenix fronça les sourcils en entendant mes propos négatifs sur le dictateur. L'espace d'un instant, je pensai qu'il se fâcherait... Mais non. Il comprenait que je ne parlais pas de Snow en tant que mon chef d'état et mon patron, mais comme d'un homme qui m'avait fait beaucoup de mal. Comprenait-il seulement à quel point les tentacules du Président s'étaient enroulées autour de mon âme? Non, sans doute. Personne ne pouvait le comprendre. « Je ne suis pas celui qui te condamneras de pour tel propos Aileen. »Finit-il par dire. Je souris. Je retrouvais enfin mon Phoenix... tellement humain, tellement gentil. Merci... Murmurai-je simplement. Cela venait du fond de mon coeur. Avec ce simple mot, je voulais lui dire à quel point je lui étais reconnaissante pour tout ce qu'il avait fait pour moi... Parce qu'il me rendait humaine, parce qu'il faisait revivre la vraie Aileen, celle qui se cachait au fond de moi. Mais moi, j'avais peur de l'autre personne qui habitait dans une partie sombre du coeur de Phoenix... J'avais peur qu'il choisisse de redevenir Jérémy. Cela voudrait dire qu'il m'abandonnerait. Je savais que son passé le torturait encore toujours, plus qu'il ne voulait l'admettre. Je n'allais pas le détester s'il choisissait le camp des rebelles... mais il devrait alors couper les ponts avec moi, ce qui serait insupportable. J'essayai de l'imaginer... Que je ne puisse jamais plus le revoir, ou pire, qu'il me haïsse, qu'il me considère comme son ennemie. C'était moi qui l'avais changé en un vrai Pacificateur. C'était moi qui avais enterré sa pitié, sa maîtrise de soi et sa gentillesse pour en faire un monstre. C'était ma faute s'il aimait tuer et torturer, si son côté le plus sombre avait été éveillé. Oui, j'avais fait remonter cette colère et ce sadisme qu'il portait déjà en lui sans s'en rendre compte. Qu'aurait-il fait si je n'avais pas été là ? Il serait devenu Pacificateur, sans aucun doute... Mais un soldat trop tendre, trop humain, pas assez performant. Peut-être aurait-ce été mieux ainsi... Peut-être aurait-il trouvé tout seul un sens à sa vie. Il ne serait pas devenu cet homme violent et cruel qu'il était aujourd'hui. Pourtant, malgré tout ce qu'il avait déjà fait, malgré tout le sang qui collait déjà à ses mains, il était encore capable de ressentir des sentiments... d'être triste ou en colère... de pleurer... d'aimer. Contrairement à ce qu'il pouvait penser, cela ne me dérangeait pas de le voir si triste, faible et désemparé. J'aimais le Pacificateur fort et parfait que j'avais créé, mais j'aimais aussi l'homme. Ses sentiments déchirants prouvaient qu'il avait encore une âme. Je le laissai marcher, crier, parler, je lui donnai le temps de ravaler ses larmes sans rien dire. Finalement, il revint auprès de moi. J'essayai de le calmer, de lui faire voir que son avenir n'était pas si sombre que ça. Je voulais l'aider, organiser une rencontre avec sa soeur s'il le fallait. Cette perspective ne sembla pas l'enthousiasmer et même lui faire peur. Alors, calmement, avec toute la confiance du monde, je lui dis que je ne pensais pas qu'il allait tuer Domino. Malheureusement, cela ne sembla pas le soulager... Je voyais qu'il réfléchissait, pesant sans doute le pour et le contre. Il m'avait déjà expliqué qu'il avait souvent rêvé de tuer sa soeur, que cette idée lui était familière. Il m'offrit un sourire ironique et attristé en disant : « Je suis flatté de voir que tu es autant confiance en moi. Malheureusement je suis bien plus pessimiste... » Phoenix avait l'air tellement fatigué, perdu et triste... Cela me faisait mal au coeur, mais je préférais cela à sa colère. Il y avait tant de haine, tant de rage en lui... Et cela me faisait peur. Cela le rendait dangereux. Je lui fis remarquer qu'il n'était pas toujours obligé d'être le grand méchant loup. Cela le fit sourire... Qu'il était beau lorsqu'il souriait ! « C’est que j’aime à être le grand méchant loup après avoir longtemps joué le rôle du pauvre enfant apeuré. » Répondit-il. Je le comprenais... D'abord, il avait vécu dans le district onze en tant que simple habitant, à la merci des Pacificateurs. Ensuite, il avait atterri dans l'enfer des Jeux où rien, pas même sa propre vie, n'appartenait encore à lui. Maintenant, il voulait lui aussi se retrouver en position de force, il voulait devenir le prédateur et non plus la proie, se venger de cette position de faiblesse dans laquelle il se trouvait avant. C'était compréhensible... mais effrayant. Oui, Phoenix était parfois un loup. Son désir de sang, sa compétence à tuer, la peur qu'il éveillait chez les autres... Lorsqu'il jouait son rôle de Pacificateur, il était cet animal noir comme la nuit, ce démon vengeur. Heureusement, il y avait aussi le Phoenix joueur comme un jeune chien, le Phoenix tendre et gentil, passionné et fou, protecteur et juste. Son côté le plus sombre, il le portait comme un masque pendant son travail. A présent, il m'apprenait qu'il aimait aussi jouer au loup, qu'il aimait détruire la vie des autres, que cela lui faisait plaisir d'avoir un certain pouvoir sur la destinée de ses victimes. Je n'étais pas comme ça, même si beaucoup le pensaient. Je faisais mon travail sans aucune passion, sans aucun plaisir. J'obéissais aux ordres de Snow, voilà tout. La souffrance des autres ne m'intéressait pas. Peu à peu, j'avais commencé à la considérer comme une partie banale et normale de ma vie. Ils criaient, souffraient, saignaient tous de la même façon. C'était obscène, vulgaire, horrible, mais cela ne me touchait plus. Quelque part au fond de moi, mes actes m'horrifiaient, mais je repoussais sans cesse ces sentiments parasites. Les cachets que mon docteur me prescrivait m'aidaient à garder le contrôle, à ne pas me laisser aller à mon côté humain pendant mes missions. Ils faisaient de moi un être détestable, cruel, sans aucun sentiment... mais ils ne parvenaient pas à me faire aimer la mort des autres. J'avais du pouvoir, relativement beaucoup de pouvoir même. J'étais la main de la justice du Président, et je pouvais frapper et éliminer qui je voulais. Parfois, ce pouvoir me grisait, me donnait l'impression d'avoir de l'importance et de ne pas être simplement la marionnette de Snow... Mais la plupart du temps, je pensais que je serai beaucoup plus heureuse sans lui, sans ces responsabilités et cette pression sur mes épaules. Je dis à Phoenix que la personne qu'il était avant ne disparaîtrait jamais. Oui, j'en étais convaincue, Jérémy n'était pas mort au fond de lui. La preuve : il était toujours attaché à sa soeur et hanté par son passé. Les deux personnalités qui se battaient en lui faisaient partie de son caractère et de sa vie. Sans la gentillesse de Jérémy, Phoenix n'existait plus. Sans Phoenix, Jérémy n'était qu'un garçon banal et sans intérêt. Je pris la main de mon amant et la posai contre son coeur. Il m'observait, ému. Sentait-il à quel point je croyais en lui ? A quel point j'avais besoin de lui à mes côtés ? Je voulais lui rappeler qu'il restait humain, qu'il était toujours capable d'aimer. Je voulais qu'il comprenne qu'il ne tuerait pas sa soeur, parce que cet amour vivait toujours en lui. Oui, il avait toujours un coeur... Un coeur capable d'aimer, de pleurer, de ressentir de la joie et de la tristesse, de la pitié et de la peur. Il n'était pas obligé d'être parfait. Être lui-même suffisait déjà largement.

Je lui parlai de sa soeur, je lui dis qu'elle était charmante et que tout le monde l'adorait. Il réfléchit longuement, et je gardai le silence pour ne pas l'embrouiller. Serait-il assez fort pour mettre sa rancune de côté, pour oublier ce passé douloureux et retrouver Domino ? Il retira ma main posée sur son coeur et déposa un baiser sur ma paume. Je lui dis alors ce qui n'avait pas besoin d'être dit... Mais ce que je voulais dire, ce que j'avais besoin de dire : que personne ne peut changer le passé. Il baissa le regard, cachant mal son trouble. « C’est un fait …. Le passé nous rattrape toujours, et le futur m’échappe pour le moment. »Sa voix était monocorde, comme s'il essayait de prendre une certaine distance par rapport à sa vie... Comme s'il voulait de nouveau enfouir le passé. Ce n'était pas bon, même si c'était sans doute la solution la plus facile. Il fallait qu'il crève cet abcès de douleur et de tristesse, qu'il remette les choses en ordre... qu'il accepte ce qui lui arrivait, qu'il parle avec sa soeur. L'idéal serait qu'il se réconcilie avec sa famille... Mais c'était humainement impossible. Ils lui avaient fait trop de mal pour qu'il puisse encore renouer avec eux. J'avais l'impression qu'il ne me disait pas tout... Qu'il essayait de me préserver en cachant sa peur, en évitant de se plaindre. Il était trop fier pour accepter ma pitié. Dis-moi tout, je t'en prie.Suppliai-je presque en le regardant avec tendresse. Mon petit enfant perdu... Mon Pacificateur cruel... Mon élève... Mon amant passionné... Mon meilleur ami... Mon collègue... Mon Phoenix. Je ne voulais pas qu'il change, car je l'aimais comme il était, avec son côté lumineux et son côté obscur. Je détesterais qu'il change de vie... Mais je ne pensais pas vraiment qu'il le ferait. Il semblait aimer son existence de Pacificateur. Aujourd'hui, tout ce qu'il croyait être vrai s'était écroulé devant ses yeux. La certitude qu'il avait tué sa soeur s'était effondrée, et il avait découvert qu'on lui avait menti pendant sept ans. Il était perdu et ne savait plus où placer sa confiance... Il ne savait plus ce qu'il pouvait croire. « On t'a menti pendant sept ans. Alors oui, tout doit te sembler faux... Mais regarde autour de toi, Phoenix. »Tout n'était pas noir ! Oui, certaines choses avaient changé, mais il y en avait toujours d'autres auxquelles il pouvait se raccrocher... Des choses qui ne changeaient pas, comme mon amour pour lui. Je le regardai dans les yeux et lui dis : Tu peux toujours t'appuyer sur moi, Phoenix. Je tiens à toi et je veux être là pour t'aider quand ça va mal... Ou simplement quand tu as besoin d'un peu de tendresse. Je lui souris, espérant qu'il comprenne la profondeur de mes sentiments. Je voulais le rendre heureux, le guider s'il le fallait, ou le sauver, ou simplement être présente à ses côtés lorsqu'il se sentait mal. Je voulais lui rendre sa confiance en lui mais aussi en l'avenir. Tout bas, je lui demandai s'il regrettait d'avoir pris un autre chemin que celui de sa famille. Il ne répondit pas tout de suite. Je le voyais réfléchir... Avait-il des regrets ? Faisais-je partie des éléments de sa vie qu'il aurait préféré éviter ? Je ne devais pas être tellement incertaine, je le savais... Mais il était l'une des seules personnes que j'appréciais vraiment, quelqu'un en qui j'avais confiance et qui était important pour moi. S'il me lâchait, je sombrerais dans la noirceur de mon travail. Je savais que je n'avais pas toujours été tendre avec lui, surtout au début. Je l'avais fait trimer, je l'avais brutalisé et rabaissé... Aujourd'hui, j'en avais honte. J'observai attentivement Phoenix. Allait-il me dire la vérité ? Je ne pensais pas ; il allait sans doute me cacher certaines choses... mais il n'était pas obligé de tout m'avouer. Il était libre de garder ses doutes pour lui, même si cela m'attristait. Je ne voulais pas devenir un tyran comme Snow en exigeant qu'il me réponde et qu'il me dise tout ce qu'il pensait. J'essayai de penser comme lui, de me mettre à sa place... Exercice difficile même si je le connaissais bien. S'il avait su que Domino était en vie... Il serait sans doute devenu un rebelle, il ne se serait pas disputé avec sa famille et il serait devenu l'un des nombreux habitants des districts qui oeuvrent en secret pour vaincre le Capitole... Et il ne m'aurait jamais connu. J'essayai de voir la situation sous un angle différent : et si moi, je ne l'avais jamais rencontré ? Serais-je devenue un monstre sans sentiments, incapable d'aimer ? Aurais-je tenu le coup, aurais-je réussi à continuer à servir Snow sans m'effondrer ? Si je n'avais plus cet ami à qui me confier, cet amant qui me consolait, ce collègue qui m'aidait... Qu'aurais-je fait ? Je n'arrivais pas à l'imaginer... Il existait un scénario pire encore : et s'il avait été l'une de mes victimes ? Si je l'avais traqué, torturé et tué comme tant d'autres rebelles ? Cette idée me répugna. Il comptait trop pour moi pour que je puisse même penser à lui faire du mal. Il faisait partie de ma vie, à présent. « Le fait de ne pas t’avoir dans ma vie m’aurait changé. Alors s’il y a bien une chose que je ne regrette pas, c’est d’avoir été un de tes élèves, d’être un de tes soldats, Aileen. Cette confiance qui tu as en moi, est sans doute l’unique vérité à laquelle je puisse me rattacher aujourd’hui. » Me confia-t-il d'une voix tellement sincère que je faillis pleurer. Alors... Ce que je t'ai pris compte moins que ce que je t'ai donné ? Songeai-je, soulagée. Il ne m'en voulait donc pas d'avoir changé sa vie à jamais ? Cela me touche, Phoenix. Réussis-je à répondre d'une voix légèrement enrouée. Je veux que tu sois heureux, c'est tout... Et s'il fallait pour ça que je disparaisse de sa vie, je le ferai. Je ne le forcerai pas à rester auprès de moi. La même chose est valable pour moi... Si je ne t'avais pas rencontré... Je serai sans doute devenue l'une de ces marionnettes inhumaines et vides de Snow. J'ai besoin de toi... Ces mots m'écorchaient la gorge, pourtant c'était la vérité... Mais tellement difficile à avouer. En apparence, j'étais une femme forte qui n'avait besoin de personne. Je voulais qu'il sache que ce n'était pas vrai, qu'il avait vraiment de l'importance pour moi. J'essayai de rassurer Phoenix en lui disant que personne n'était certain de son but dans la vie. Puis, je lui dis que j'étais heureuse que son métier lui plaise toujours. Il sourit lorsque je l'appelai 'mon Pacificateur Parfait', mais je détournai le regard. Quelque chose... une phrase qu'il m'avait dite... avait touché une corde sensible et m'avait blessée. Je tentai de le lui cacher, mais l'émotion était trop forte... Il caressa tendrement ma joue avant de me demander d'un air coupable : « Qu’y a-t-il Aileen… Qu’ai-je dit ? » Je secouai la tête, ouvris la bouche pour parler, la refermai, hésitai... Finalement, je dis : Tu m'as dit... que tu n'avais jamais été heureux. J'aurais voulu que ma voix soit plus ferme, que je me sente capable de le regarder dans les yeux au lieu de fixer le banc. Ai-je à ce point... failli... dans ma mission ? Qu'ai-je fait pour te rendre si malheureux? Je savais que je n'étais pas la seule cause de son absence de bonheur... mais je me sentais coupable. Je me demande... Ce que j'aurais pu mieux faire... Tu sais, au début, lorsque j'étais tellement cruelle avec toi... Et puis maintenant... Tu ne... Est-ce que je commence à ressembler à Snow ?... Je ne veux pas que tu sois triste... J'étais confuse, j'avais perdu le chemin. Je ne comprenais plus rien... Et plus rien ne me semblait sûr et vrai. Ces choses que j'avais changées dans sa vie... m'en voulait-il pour ça ? Pour avoir enterré son enfance ? Pour l'avoir entraîné à la dure ? Pour avoir fait de lui un être cruel qui aimait le sang, un tueur ? Tout ce que je lui avais appris... aurait-il préféré ne pas l'apprendre ? J'étais meurtrie par ses paroles, comme s'il s'agissait d'un reproche adressé à moi seule... Peut-être était-ce parce que j'étais fatiguée, ou à cause de ces dernières semaines difficiles, mais j'étais à deux doigts d'éclater en sanglots. Je me retins avec peine et recomposai un visage calme. D'une petite voix, je lui demandai s'il ne me détestait pas. Ma réaction était puérile, je le savais... Mais j'avais besoin d'être rassurée, comme une petite fille. De sentir que dans ce monde cruel, au moins une personne m'aimait comme j'étais. J'avais besoin de son estime. Sous son regard, je me sentais plus forte, moins mauvaise, plus importante, plus humaine, plus femme. Ses yeux étaient un miroir dans lequel je voyais la meilleure version de moi-même, une Aileen non pas parfaite mais aimée. « Te détester ? Aileen, qu’est-ce qui a pu t’aveugler à ce point sur les sentiments que j’ai pour toi ? » Son ton peiné me surprit. A cet instant, je n'étais pas très fière de moi-même... Je me sentais tellement petite, et misérable, et inutile... Fatiguée, aussi, lasse à en mourir. J'avais marre de cette guerre incessante entre ce que je devais faire et ce que je voulais faire. Tout ce dont j'avais envie, c'était de la douceur d'un contact humain. Mes nerfs étaient à vif et j'avais envie de serrer Phoenix contre moi comme un doudou, pour me calmer. J'avais besoin de sa présence réconfortante à mes côtés, de son sourire, de son regard lumineux qui me faisait vivre. Je savais qu'il me voyait comme une femme presque parfaite, mais c'était loin de la vérité. Je n'étais pas aussi forte, aussi fantastique, aussi géniale qu'il le pensait... Mais je n'étais pas comme toutes les autres non plus. Non, pour ça, j'avais plongé trop profondément dans la noirceur de Snow. Ce que j'avais vu et ce que j'avais fait m'avait marquée à tout jamais et changé peu à peu ma personnalité. Les gens qui me détestaient avaient raison. Je détruisais des familles, saccageais leurs maisons ou les brûlais, je volais des vies encore jeunes et pleines d'espoir, je les piétinais pour éteindre le feu de la rébellion. Je sais... Ce que tu ressens pour moi. Commençai-je. Oui, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer qu'il m'adorait. Mais je ne comprends pas pourquoi... Alors que je suis tellement loin de cette stupide idée de femme parfaite que tu as de moi... Alors que je suis une personne détestable. Ce n'était pas du tout du pessimisme ; c'était la vérité. Ce que je faisais tous les jours suffisait pour m'attirer la haine de la moitié de Panem. Les gens détestaient mon côté cruel, insensible et fort, mais ils détesteraient tout autant mon côté faible s’ils le connaissaient. Oui, malgré ma façade dure, j'étais fragile... La vérité était que Snow exigeait trop de moi, qu'il me demandait des choses qui étaient humainement impossibles. La fatigue, le stress, la pression et les combats... tout ça, je pouvais encore le gérer, mais il y avait aussi les blessures mentales... Il y avait ces cauchemars qui me donnaient peur d'aller dormir, ces peurs, ce dégoût de moi-même pour ce que je faisais, cette horreur qui m'envahissait lorsque j'étais obligée de tuer, tuer encore... Il y avait Snow, qui était toujours présent dans mon esprit. Il y avait la haine des gens, leurs regards meurtriers, leur désir de vengeance... C'était trop, beaucoup trop à supporter pour une seule personne. Je redoutais le jour où je craquerais, car je savais que cela signerait mon arrêt de mort. Alors, j'avais besoin de Phoenix à mes côtés, comme de ma famille et de mes quelques amis. C'était grâce à eux que je tenais le coup.


Je déglutis avec difficulté et refusai toujours de regarder Phoenix dans les yeux, préférant fixer mes mains. Tu comprends... Si je n'avais pas été là dans ta vie... Tu... Je me tus, incapable de poursuivre. Il aurait été 'quelqu'un de bien', un gentil gars respecté et peut-être même aimé. A présent, peu de gens connaissaient son bon côté, et beaucoup le détestaient... Je lui dis que sa soeur me détestai aussi et il fronça les sourcils. Je m'attendais à l'inévitable 'pourquoi', mais il dit simplement : « Je n’en ai cure. » Cette fois, je lui rendis son regard pour voir s'il était sincère... Il l'était. Cela me toucha. Comment les gens pouvaient-ils être aussi aveugles et ne pas remarquer que Phoenix était une personne adorable ? D'une voix douce, je dis que les gens feront la fête le jour de mes funérailles. Cette pensée m'était familière ; j'avais même déjà rêvé que je mourais et que tout le monde se réjouissait. J'avais accepté cette évidence depuis longtemps, mais Phoenix ne semblait pas être d'accord avec moi. « Je n’ose pas même imaginer le jour où j’apprendrais ta mort, de peur de devenir fou. J’espère uniquement mourir avant toi… Ou mieux. Pour toi. » Je le regardai, étonnée. Je ne m'attendais pas à une telle déclaration. Pas de sa part et pas de la part de personne d’autre. Etais-je donc tellement importante pour lui ? Je... Phoenix... Je ne sais plus ce que je dois dire... C'était la vérité. Il m'avait prise au dépourvu. Je poursuivis, parlant de plus en plus vite, comme pour me vider le plus rapidement possible de ces paroles qui me brûlaient la langue. Je n'avais pas l'habitude de parler tant... Mais tout était différent avec Phoenix.Tu sais, normalement, les gens ne me parlent pas... comme toi. Lorsque je suis en mission, les habitants des districts hurlent des menaces et des injures. Au Capitole, les gens me lèchent les bottes mais ils sont prêts à planter un poignard dans mon dos. Snow... N'en parlons même pas. Et puis, les Pacificateurs avec qui je travaille... Ce sont des soldats, avec leur langage rude, et ils acceptent difficilement d'être dirigés par une femme. Il n'y a que lorsque je suis à la maison, avec mes parents et mes soeurs, ou avec toi, que j'ai droit à un peu de gentillesse et de douceur. Oui, je n'avais pas l'habitude qu'on me parle si gentiment, ou même que quelqu'un avoue tenir sincèrement à moi, alors cela me désarçonnait. J'espérais qu'il comprendrait que c'était difficile pour moi... J'essaie de ne pas y penser. Si tu mourrais... Je serais perdue. Je ne peux pas m'imaginer à quel point je serai... Détruite ? Désespérée ? Morte de tristesse ? L'émotion m'empêchant de poursuivre, je regardai Phoenix dans les yeux, espérant faire passer efficacement toute ma gratitude pour ce qu'il venait de me dire. Alors, si je peux te sauver... Quelle importance si je meurs aujourd'hui ou demain ? De toute façon, je suis damnée. J'eus un petit rire sans joie. Oh oui, je préfèrerais cent fois mourir pour lui que pour la cause stupide du Président. Alors, je lui dis que je n'appréciais pas seulement Phoenix ou Jérémy, mais ce tout parfait qu'ils formaient. Peu importe son nom, c'était lui que j'aimais. Il grimaça lorsque j'utilisai son ancien prénom, mais il ne dit rien, me laissant réfléchir. Parfois, cela m'étonne de voir à quel point, finalement, notre histoire est semblable. Murmurai-je. Il ne savait pas encore tout de moi, j'ignorais même s'il savait que j'avais eu un autre nom moi aussi... S'il connaissait même mon âge. Je n'étais pas là pour parler de mon passé douloureux, mais pour être heureuse au présent auprès d'un homme que j'adorais. Je savais beaucoup de choses sur lui, car j'avais lu tous les dossiers à son nom avant qu'il entre à mon service… Mais il n’avait jamais lu le dossier top secret qui portait mon nom. Soudain, je voulus lui révéler quelque chose à mon sujet, quelque chose que peu de gens savaient... Pour prouver que je lui faisais confiance, peut-être, mais surtout parce que je ressentais le besoin de partager ce secret avec lui. Il y a 25 ans, une petite fille naquit au Capitole... C'est le Président qui choisit son nom : Diane Aileen Carter. Elle grandit... Et elle apprit son métier avec application, mais sans aucune prédisposition pour le sadisme ou la cruauté. J'avais l'impression de raconter l'histoire de quelqu'un d'autre... Cela me semblait tellement lointain. Lorsqu'elle eut 18 ans, le Président décida qu'elle était prête pour son premier meurtre... Mais elle se retourna contre lui. Elle aurait pu le tuer, alors. Pas pour les rebelles, mais par vengeance personnelle, pour tout ce qu'il lui avait pris, pour son enfance et ses rêves déchirés. Pourtant, elle ne le fit pas... Elle n’eut pas le courage de loger une balle dans son cœur. Dès ce jour, elle servit le Capitole sous le nom d'Aileen Carter. Qu'est-ce qui se serait passé si j'avais eu le courage de tuer le Président ? Je ne le savais pas... Je ne préférais pas le savoir. Voilà, c'était dit, je lui avais révélé mon secret... Je le fixai, angoissée, attendant sa réaction... Espérant qu'il ne remarque pas mon malaise. En vain. « Aileen… De quoi as-tu si peur ? » Je commençai par secouer la tête, prête à affirmer que tout allait bien... Mais je ne pouvais pas duper Phoenix comme ça. Je crois que tu le sais déjà... Au fond de toi. Oui, j'étais sûre qu'il connaissait déjà ma crainte... Qu'il la partageait peut-être même. J'ai peur de te perdre. Chuchotai-je, tellement bas qu'il ne l'entendit sûrement pas. Alors, d'une voix plus forte mais chargée d'émotion, je répétai : J'ai peur de te perdre parce que je t'aime. Lui avais-je déjà dit ça un jour ? Que je l'aimais ? Sans doute pas. L'amour peut prendre de nombreuses formes. Je n'aimais pas mes parents de la même façon que mes soeurs, et mon amour pour elles était encore différent de l'affection pour mon grand-père. Puis, il y avait Phoenix... C'était tout à fait autre chose. Je n'étais pas une grande romantique. D'ailleurs, j'avais depuis longtemps abandonné ce rêve ridicule d'une famille parfaite, avec un mari et des enfants. Je n'étais pas faite pour ce genre d'amour ou pour les grandes déclarations. Non, ce que je préférais, c'était cette relation particulière avec Phoenix. Je ne le voyais pas souvent, mais ni lui ni moi ne nous plaignions de ça. J'étais libre, et lui aussi. Je n'avais pas besoin de lui dire sans cesse que je tenais à lui ; il le savait déjà. Nous profitions du moment présent, voilà tout, de ces quelques heures ou de ces quelques jours, de nos conversations, de nos étreintes, de nos missions ensemble. C'était une relation simple, mais pure, basée sur une confiance mutuelle... Et pour rien au monde je ne voulais la perdre.

Finalement, Phoenix changea de sujet. Cela me soulagea. Parler de la vie avec autant de philosophie demandait un effort surhumain à mon cerveau embrumé par la fatigue. J'appréciais ce genre de conversations, mais seulement jusqu'à un certain point. Me poser des questions sur moi-même était peut-être nécessaire de temps en temps, mais pas toujours agréable. Phoenix était la seule personne à laquelle j'osais parler de ce genre de choses... Le seul à qui j'osais avouer ce que je pensais vraiment. Avec lui, j'étais moi-même, et cela me faisait du bien. Parfois, j'avais l'impression que la Aileen enfermée à l'intérieur de moi criait pour être délivrée... Alors, je savourais ces instants où je ne devais pas craindre le regard désapprobateur de Snow ou de l'un de ses espions. Mon passé, je le connaissais, je pouvais l'analyser, tenter d'éradiquer cette douleur. Mon présent était angoissant, stressant, oppressant. Mon futur, je n'osais pas l'imaginer de peur de devoir subir encore plus de déceptions, de souffrir encore plus. Auprès de Phoenix, je pouvais m'arrêter de courir dans tous les sens, je pouvais enfin me reposer et faire ce que je voulais... prendre le temps de réfléchir. Il me parla de sa mission ratée. Il me raconta l'histoire de cette jeune fille qu'il avait prise sous son aile. « Son histoire ressemble à la tienne. » Remarquai-je. Tous les deux, ils ne pouvaient plus vivre avec leurs parents. Tous les deux, ils voulaient servir le Capitole alors que celui-ci était la cause de leur malheur... Et les parallèles ne s'arrêtaient pas là. Cependant, ce que je pris soin de ne pas mentionner, c'était que mon histoire aussi était liée à la leur. Certes, j'avais encore mes parents, mais je ne les voyais presque plus et je servais Snow alors que je le détestais. Phoenix sembla mal à l'aise en entendant mes paroles... Ne l'avait-il donc pas encore compris ? Ou ne voulait-il pas le comprendre ? Il finit cependant par acquiescer. Je lui demandai alors s'il avait enquêté au sujet de son élève... par pur réflexe professionnel. Je me haïssais parce que je posais cette question maintenant, alors qu'il n'avait besoin que de son Aileen humaine, mais je ne pouvais pas m'en empêcher... Mes réflexes d'espionne finissaient toujours par ressurgir. Cela mit Phoenix en colère, mais il ne fit aucune remarque et essaya de me démontrer qu'il avait bien agi. Je confirmai alors qu'il avait fait ce qu'il fallait faire. Il eut l'air surpris. D'habitude, je ne lâchais pas aussi facilement le morceau... Mais j'avais marre de cette suspicion éternelle. Je suis désolée de t'avoir demandé ça... Déformation professionnelle, je le crains. Dis-je en haussant les épaules d'un air navré. A présent que j'avais constaté mon erreur, j'étais bien décidée à ne pas m'appesantir sur le sujet. Après tout, Phoenix faisait ce qu'il voulait. Je n'avais pas demandé l'avis de Snow non plus pour l'entraîner. S'il voulait adopter cette gamine, il en avait le droit comme n'importe quel autre habitant de Panem. Je dois t'avouer que tu m'as... étonnée... Mais cela prouve que tu es quelqu'un de bien, Phoenix. Ajoutai-je en souriant. Oui, je ne pensais pas qu'il serait capable de supporter une fille dans sa maison... Ni qu'il pouvait encore avoir pitié d'une orpheline après tant d'années où il avait dû endurcir son coeur. Je lui dis qu'il ne devait pas avoir peur, que je ne ferai pas de mal à son élève, mais il eut l'air sceptique. Il réfléchit pendant quelques instants et finit par dire : « Elle s’appelle Kamaria ……. . J’imagine qu’il te sera facile de découvrir qui elle est, si cela peut te rassurer. » Rien que la façon dont il prononçait son nom laissait deviner à quel point il tenait à elle. Inconsciemment, sans doute, il employait le même ton tendre et doux que lorsqu'il parlait de Domino. Etait-ce donc ça qu'elle représentait pour lui ? Une nouvelle petite soeur ? En tous cas, c'était plus que son élève... Je fermai les yeux pendant quelques secondes et récitai : Kamaria Evy Havenest, 14 ans, surnom Plume, frères et soeurs morts d'épidémie, mère Elise et père inconnu, travaille aux vergers depuis qu'elle a six ans. Je regardai Phoenix avec un petit sourire en coin. Bon, ne crois pas que j'ai une mémoire d'ordinateur... Mais j'ai lu son dossier récemment... Il était question d'une poire volée, non? Je secouai la tête, dégoûtée que cette petite ait perdu sa mère à cause d'un simple fruit... Hunter m'a parlé d'elle, mais pas de sa mère. Comme Phoenix avait toujours l'air inquiet, je décidai de lui montrer une bonne fois pour toutes qu'il pouvait me faire confiance. Je pris son visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder dans les yeux Phoenix, écoute-moi, je t'en prie. Je ne ferai pas de recherches sur ton élève. Je ne parlerai pas d'elle à Snow. Je ferai tout pour ne pas la rencontrer. Je ne lui ferai pas de mal.Je laissai une petite pause pour donner plus d'impact à mes promesses. Pourquoi ? Tout simplement parce que je pense que cela ne sert à rien, ni pour moi, ni pour le Capitole, d’en savoir plus à propos d’une simple orpheline… Tu as fait ce que tu devais faire, Phoenix, et je ne vais pas te condamner pour ça. Tu es heureux avec Kamaria comme élève ; qui suis-je pour t'enlever ce bonheur? Je lui souris. J'avais oublié mes doutes, ainsi que la légère jalousie qui m'avait envahie lorsque Phoenix avait parlé d'elle. J'espérais qu'il me le pardonnerait... Je ne voulais pas qu'un sujet aussi simple vienne semer la discorde entre nous.

J'étais fatiguée et je ne voulais plus qu'une seule chose : oublier mon travail et Snow pour être heureuse avec Phoenix. J'avais besoin de me sentir protégée... et aimée. Je me jetai dans ses bras. Après tant de mois épuisants sans aucun toucher amical, je retrouvais avec plaisir cette sensation réconfortante de ses bras autour de ma taille, de son épaule sous ma tête, de son coeur que je sentais battre à l'unisson avec le mien... Il me questionna à propos de ma mission ratée, ce qui faillit gâcher cet instant parfait. Heureusement, il comprit que je ne voulais pas en parler et changea de sujet. L'air confiant, heureux, comme si c'était normal de me demander ça, il me proposa de m'accompagner pendant mes missions. J'étais... étonnée ? Ebahie ? Décidément, il arrivait toujours à me surprendre. Son idée était tellement tentante... mais dangereuse. Il réussit néanmoins à me convaincre de le laisser venir avec moi. Je n'arrivais pas à croire en ma bonne fortune... Je n'arrivais pas à croire que moi, Aileen Carter, j'avais aussi le droit d'être heureuse... que ce bonheur était vraiment pour moi. Je regardai Phoenix dans les yeux, ces yeux sombres au regard qui pouvait parfois sembler menaçant, mais qui était à présent tellement doux... tellement confiant. Comme s'il croyait vraiment en nous. Oui, il avait raison : si Snow voyait que nous travaillions bien ensemble, il me laisserait faire équipe avec Phoenix. C'était notre travail qui lui importait le plus, pas notre relation, non ? Encore une fois, j'eus honte d'être aussi dépendante du Président... Et je fus heureuse que Phoenix s’abstienne de faire des commentaires. Il me comprendrait lorsqu'il rencontrerait notre cher dictateur en personne. Il verrait alors par lui-même à quel point Snow avait un don pour parasiter et ronger la vie des autres. Soudain, j'eus la conviction que l'idée de Phoenix était la bonne, qu'il fallait qu'il m'accompagne... Je ne pouvais tout simplement plus me passer de lui, ni dans ma vie professionnelle, ni dans ma vie privée. Je le suppliai presque de venir avec moi... ce qui le fit rire. Il me proposa de partir tout de suite, mais je secouai la tête et lui dis que j'avais encore des choses à faire dans le district 11. Je soupirai ; même maintenant, je ne pouvais pas oublier mon travail. Si j'écoutais mon coeur, je partirai à l'instant à la conquête du vaste monde avec Phoenix. Si j'écoutais mon coeur, je serai libre, plus l'esclave misérable de Snow... Ma proposition d'organiser une rencontre avec sa soeur sembla inquiéter Phoenix, mais il ne dit rien. Je posai une main sur son bras et murmurai gentiment : Tu n'es pas obligé de la rencontrer tout de suite, tu sais. Dis-moi simplement quand tu te sentiras prêt. Je ne voulais pas qu'il se torture pour ça... Il hocha la tête, l'air apaisé. Une nouvelle angoisse fit alors surface en moi, et je lui demandai s'il ne pensait pas que je lui prenais sa liberté. Je ne voulais absolument pas que ça se passe comme ça... Qu'il ait l'impression d'être obligé de m'accompagner. Non, après ce que j'avais vécu avec Snow, je ne voulais pas devenir à mon tour la geôlière de quelqu'un d'autre. Sa réaction me désarçonna encore une fois... Il m'avoua qu'il avait besoin de moi. Je ne parvins plus à retenir mes larmes et je pleurai, en silence, sans en avoir honte. Alors, ce fut mon tour de lui avouer quelque chose : qu'il était le premier à me dire ça. Il eut l'air tellement étonné que cela me fit presque rire. Il ne connaissait vraiment pas le Président s'il croyait qu'il me félicitait pour avoir réussi une mission... Snow préfèrerait encore mourir que de me dire qu'il avait besoin de moi. Non, il ne m'avait jamais montré le moindre signe de reconnaissance... Phoenix me serra plus fort contre lui. Pour la première fois de la soirée... pour la première fois depuis longtemps... je souris vraiment, parce que j'étais heureuse. Tu es le seul à connaître cette partie de moi, Phoenix. Le seul... A connaître ce secret. J'espère que tu comprends ce que cela veut dire pour moi... pour nous. Chuchotai-je. Oui, même ma famille ne connaissait pas la vraie Aileen Carter... Pour ne pas les inquiéter, je faisais semblant d'être satisfaite de ma vie et d'adorer le Président. Comme je détestais cette comédie ! « Seule la morte me fera sortir de ta vie Aileen. Rien ni personne d’autre. » C'était une promesse. Je hochai gravement la tête, consciente de ce que cela signifiait, mais je ne répondis pas. Ce genre de déclarations ne nécessite pas de réponse. Je n'étais pas obligée de lui dire que moi aussi, je ne voulais jamais le quitter... parce qu'il le savait déjà. Parce qu'il y a des choses qui sonnent mal lorsqu'elles sont prononcées à voix haute. Parce que je pouvais faire passer ce même message par un simple regard.

Finalement, le ton de notre conversation devint plus léger, plus gai. Je me plaignis qu'il parvenait toujours à me faire céder, et il sourit. Il s'approcha encore de moi et me rappela qu'il était irrésistible. Ses lèvres effleuraient presque les miennes et je sentais son souffle sur mon visage. J'avouai qu'il avait raison, d'un ton que j'aurais voulu moqueur mais qui laissait transparaître mon trouble. J'étais comme hypnotisée, incapable de faire le moindre geste ou d'émettre la moindre parole. Etait-il conscient de l'effet qu'il avait sur moi ? « J’aime mieux cela ». Son ton était tellement doux, tellement tendre... Alors, il m'embrassa et je cessai de réfléchir. Tout, même mon travail, même Snow, disparut de mon esprit, remplacé par cette délicieuse sensation de chaleur qui envahit mon corps en même temps que cette impression de devenir plus légère... Un instant, je séparai mes lèvres des siennes pour parler de notre prochaine mission, mais je m'arrêtai bien vite. Non. Stop. Assez. Au diable le Président et les rebelles. Phoenix et moi, c'était tout ce qui comptait. Il se moqua de moi, mais il était attendri... Et il m'offrit un nouveau baiser, plus long, plus passionné que le précédent. Je passai mes bras autour de son cou, voulant l'attirer encore plus fort contre moi. Les battements de mon coeur sonnaient comme un bruit de tonnerre à mes oreilles, trop fort, trop irrégulier. Je n'avais pas le temps de reprendre mon souffle... Je caressai ses cheveux, fis glisser les mèches entre mes doigts, émerveillée par leur texture soyeuse. Si j'avais pu mourir à cet instant-là, cela aurait été parfait. Je ne pouvais pas imaginer une mort plus belle que celle dans les bras de cet homme que j'aimais. Malheureusement, la vie décida de me rattraper encore une fois en me rappelant qui j'étais. Soudain, je lâchai Phoenix et me relevai, sur mes gardes. Mes instincts d'espionne avaient repris le dessus. Quelque chose n'allait pas ; je le sentais, je le savais sans connaître la nature de la menace. Il y avait quelqu'un, là, dans les bosquets ! Lorsque mon regard se posa sur cette personne, elle partit en courant. Il n'y avait plus aucun doute, désormais : ce n'était pas un simple habitant du district qui promenait son chien, mais un espion... De qui ? De Snow ? Ou des rebelles ? A vrai dire, je me fichais que les rebelles soient au courant de ma relation avec Phoenix... Mais si Snow le savait... Si l'espion avait entendu mes propos négatifs à son sujet, et l'histoire de Kamaria et de Domino... Phoenix se leva d'un bond et visa l'inconnu qui zigzaguait entre les arbres. Il tira, mais il rata sa cible qui s'était cachée derrière un arbre. Je ne fis rien. J'aurais pu sortir mon arme aussi, ou poursuivre l'espion, mais je n'en avais plus la force. Je me sentais vidée, et j'avais l'impression qu'il était inutile de vouloir attraper cet individu à tout prix. Notre proie nous avait échappé, il fallait l'accepter. « Bordel ! » Jura Phoenix. Je sentais presque la colère qui irradiait de lui, et je sus qu'il était prêt à poursuivre cet espion, à le traquer jusqu'à la fin de ses jours pour se venger. Je voulus le calmer, l'inciter à réfléchir au lieu d'agir sous le coup de la colère. « Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? » Je m’emparai de sa main pour lui rappeler que j'étais là, près de lui... Pour qu'il se souvienne qu'il était humain. J'embrassai la paume de sa main et il m'attira vers lui. Il caressa doucement mes cheveux. Son sourire ne put cacher son inquiétude. Il lança un regard dans la direction où l'espion avait disparu. Alors que je pensais qu'il s'était calmé, il répondit : « Maintenant ? Il va souffrir. » Non, Phoenix, ne fais pas ça !Toutes ces morts… j’en air marre... Je l'implorai du regard, mais je n'osais rien dire. Cela ne servait à rien d'essayer de le raisonner. Finalement, je murmurai : « Viens. » Je lui proposais de partir d'ici, d'abandonner cette idée folle de traquer l'espion... Qui s'était sans doute déjà caché quelque part. A ma grande surprise, il céda. Je lui proposai de rentrer, serrant fermement sa main. Il me sourit. « Oui, allons-y. » Il se mit en route et je le suivis, sans lâcher sa main. Il m'emmenait chez lui. Le chemin qui menait à sa maison traversait la forêt, et peu de gens l'empruntaient parce qu'ils avaient peur de lui. Je marchai à côté de lui, profitant du silence et de sa présence. Une bruine légère se mit à tomber, mais cela ne me dérangeait pas. La maison de Phoenix apparut après quelques minutes. Elle se dressait au milieu d'une clairière, plus grande que celle d'un simple habitant du district. Lorsque j'entrai dans le salon, une étrange bouffée de joie m'envahit. J'aimais cet endroit, ce salon plutôt vide mais quand même accueillant. Je m'y sentais en sécurité. J'allai jusqu'à la fenêtre et regardai dehors. Le ciel parsemé d'étoiles, les arbres agités par le vent qui bruissaient doucement... Tout cela, je ne pouvais pas le voir au Capitole. Là, les lumières brillant nuit et jour estompaient l'éclat des astres. Je sentais la présence de Phoenix derrière moi mais ne me retournai pas. C'est tellement beau... Murmurai-je. Je contemplai le ciel nocturne pendant quelques instants encore avant de refermer les rideaux et de me tourner vers Phoenix. Il se trouvait à quelques mètres de moi, son uniforme de Pacificateur formant une tâche blanche dans la pénombre de la pièce. Je n'arrivais pas à déchiffrer son regard. Je fis un pas hésitant dans sa direction. Puis encore un... Soudain, j'eus l'impression que quelque chose cédait à l'intérieur de moi, que mon dernier barrage se brisait, que je m'autorisais enfin de faire ce que je voulais, d'être pleinement qui je voulais. Un pas de plus, et je me trouvai à quelques centimètres à peine de lui. La meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder. Murmurai-je. Quel ancien auteur avait donc écrit ces mots? Je ne m'en souvenais plus... Mais c'était cette même phrase qu'il avait prononcé ce soir d'hiver où je lui dis qu'il pouvait m'appeler Aileen... Ce soir où il m'embrassa pour la première fois. Cette fois, c'est moi qui franchis la distance qui nous séparait, c'est moi qui posai mes mains sur ses épaules pour l'attirer à moi, c'est moi qui collai mes lèvres sur les siennes... Une pensée traversa mon esprit... Et son élève alors ? Elle se trouvait sans doute dans cette maison... Rapidement, ce petit souci fut balayé de mon esprit par la force des émotions que ce baiser éveillait en moi. Plus rien au monde ne comptait, non, rien d'autre que ses lèvres sur les miennes, que ses bras qui m'entouraient, que le son de ma respiration se mêlant à la sienne, que son coeur que je sentais battre, que mon propre coeur, qui était sur le point d'exploser. C'était un baiser passionné, désespéré. Je m'accrochais à lui comme un enfant qui a peur du noir. Je ne voulais plus le lâcher. Il me rendait folle. Là où mon corps entrait en contact avec le sien, des fourmillements parcouraient ma peau. J'avais l'impression d'être électrocutée, pourtant ce n'était pas désagréable, loin de là... Je voulais que cet instant ne s’arrête jamais. J’avais peur que cela s’arrête, que je découvre que ce n’était qu’un rêve… Rien qu’une illusion.
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 18 Déc - 2:54

Il ne s’était jamais demandé si des gens le détestaient vraiment lui, personnellement. Principalement parce qu’il savait pertinemment qu’il n’était personne. Il portait le masque de la mort tout comme les centaines de pacificateurs qui parcouraient ce pays. Les pacificateurs portaient tous le même uniforme, ils tuaient tous, ou presque de la même manière : efficacement. Phoenix aurait dû être un pacificateur comme tous les autres, car mis à part son passé, il avait suivi la même formation, il avait eu les mêmes cours, et au départ il n’avait pas plus de facilité à tuer que n’importe lequel d’entre eux. Mais Phoenix avait une chose que personne d’autre n’avait : il désirait ardemment Aileen Carter. Cette fille était un véritable enfer pour tous ceux qui désiraient rentrer dans sous les ordres du Capitole, Phoenix le savait pertinemment, et pourtant, à l’époque cela ne le dérangeait pas. Aileen Carter avait été la seule personne à le regarder droit dans les yeux, un sourire moqueur sur les lèvres et à s’adresser à lui comme s’il fut autre chose que le meurtrier de sa sœur. Durant des années les personnes qui le croisaient dans la rue, l’insultant, lui crachant à la figure, n’avait au nulle autre vision de lui que celle du garçon, les mains souillées du sang de sa sœur. Il tâchait d’oublier que tous les habitants de son district avait vu cette image, sur les moniteurs qui déroulaient le film des jeux de la faim en continue. Il se demandait parfois si Aileen avait aussi eu connaissance de cette image. Sans nulle doute, mais contrairement au autre, l’idée qu’il eut tué sa sœur ne semblait pas la déranger. Elle n’avait sans doute pas eu à le juger sur son passé, mais sur ses capacités au combat. Cela il l’avait très vite compris et assimiler alors qu’il n’était qu’un apprenti sous ses ordres. Elle l’avait rabaissé. Elle avait mis à mal sa confiance en lui. Elle avait bouleversé ses certitudes. Elle l’avait tué, lentement, mais sûrement. Elle avait fait de lui un homme meilleur qui aujourd’hui était un des pacificateurs les plus efficaces aux ordres du Capitole. Peut-être aussi l’un des plus téméraires, et des plus insensibles. Il était de notoriété publique que si un homme ou une femme avait le malheur d’avoir affaire à Phoenix Lewis, il n’en ressortait que très rarement vivant. Le pacificateur ne ratait jamais sa cible, et cela principalement, parce que les armes qu’il utilisait lui donnait confiance en lui. Chacune avait son histoire, chacun était particulier, et jamais il ne se séparait ne serait ce qu’une des trois qu’il portait sur lui. La ceinture, le cœur, le dos. Il pouvait ainsi toujours avec la possibilité d’atteindre l’une d’entre elles pour se défendre. Pour se protéger. Car tout ce qui venait de l’extérieur, il le vivait comme une agression. Voilà ce qui le rendait si dangereux : Phoenix était profondément apeuré par le monde extérieur. Ce n’était pas une peur enfantine qui le rendait hésitant et faible, c’était une angoisse profonde qui le rendait fou et le poussait sans cesse à voir chez les autres des ennemis, capables de le réduire à néant à tout instant. Il n’accordait jamais sa confiance à qui que ce soit qui ne l’aurait pas gagnée. Ainsi il pouvait dire sans hésiter que la seule personne en qui il avait pleinement confiance en ce monde n’était autre qu’Aileen Carter. Pourtant, elle était sans doute la seule à pouvoir le tuer en une seconde, sans qu’il ne pu rien faire pour l’en empêcher. SI elle le désirait, elle pourrait facilement le détruire, le réduire à néant, le torturer pour l’éternité. Elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait, docile et amouraché, il lui était entièrement soumis. Depuis le jour où il avait gagné son estime. Depuis le jour où il avait découvert qui elle était sous le masque.

Une mission, encore, une de plus sur la liste immense de celle qu’il avait mené pour son compte, à elle. Mademoiselle Carter. Il ne se doutait pas qu’elle ne fut pas mariée, et cela ne l’étonnait pas. D’une part parce qu’elle semblait tout son temps avec ses pacificateurs apprentis. D’autre part, parce qu’elle était, à ses yeux, complètement folle. Aucun homme censé ne voudrait se lier pour l’éternité à une telle furie. Lui n’était pas connu pour être un homme raisonnable ou intelligent. Il marchait au coup de sang, et son sang n’atteignait alors que très rarement son cerveau. Il était obsédé par la beauté de la rouquine qui pourtant le rendait dingue. Il avait le désire ardent de la tuer, et plusieurs fois l’envie l’avait étreint de se tourner vers elle, en salle de tir, de viser, de simplement la tuer. Mettre fin à toute cette folie. Mais il avait fini par comprendre une chose essentielle qui ne lui était pas apparue lorsqu’il était enfant : ce monde n’est que pure folie. Autant être le plus fou possible dans le cas, car il s’agit de faire parler de soi pour l’éternité, pour ne pas disparaître dans la foule des évènements. Devenir quelqu’un, si ce n’était pour l’Histoire, au moins être quelqu’un aux yeux de l’autre. Il lui semblait n’être qu’un être invisible, qui n’avait d’importance pour personne, qui pourrait fort bien se tirer une balle au milieu d’un entraînement sans que personne n’esquisse un geste. Ce jour-là il avait découvert que cela n’était qu’illusion, et qu’il comptait, tout de même un peu, pour quelqu’un. Ils avaient mené une mission dans le district onze. Il s’agissait d’un groupe rebelle qui avait pris son quartier non loin de l’hôtel de ville, dans une maison qui semblait inhabitée. C’était un fait étrange, mais soit, Phoenix ne se trouvait pas là pour poser des questions mais pour tuer quiconque oseraient tenter de mettre fin au règne du Président Snow. Mademoiselle Carter avait été clair sur ce point, et il n’avait pas eu la force d’affronter son regard dur. Il était persuadé qu’elle pouvait le tuer d’un regard si elle le désirait. Il ne souhaitait nullement tenter l’expérience cependant, n’étant pas fou à ce point. Ils arrivèrent devant la demeure. Ils étaient une petite dizaine. Phoenix fut chargé d’encercler les lieux, ce qu’il fit, trouvant une entrée au premier étage, une fenêtre entrouverte. Au signal, il entra en trombe, en compagnie des autres. Ce ne fut alors qu’éclair de feu, sang, et hurlements. Il ne gardait que peu de souvenirs de ces moments. Cela lui rappelait les jeux : le constant grondement des cœurs haletants en fin de course. Un cauchemars que sa mémoire avait enfui dans l’ombre pour ses nuits de repos réparateur. Des cauchemars, qui le hantait bien plus encore que les cris de ses victimes. Le hurlement incessant de sa sœur, le suppliant de la sauver. Sauf que le noir qui l’entouraient le perdait dans une course effrénée. Puis le silence, pesant, et un réveil en sursaut. Pourquoi était-il incapable de la sauver elle ? Pourtant était-il capable de tuer tous les autres sans ressentir une seule once de culpabilité ? Dans l’enfer d’une tuerie sans nom, il se sentait toujours aussi seul et perdu que la première nuit qu’il passa sur un arbre, dans le désordre des premiers pleurs. Il préférait l’oublier en tuant à son tour. Sous le bruit des hurlements, il arrivait à ignorer les pleurs.

La première personne qu’il vit ce jour-là fut une enfant. Elle devait être âgé de treize ans tout au plus. Elle portait un flingue qu’elle pointait sur lui en tremblant. Elle avait un regard dur, tâchant d’être le plus insensible possible. Elle était déjà morte. Il leva son flingue et tira. En plein milieu des yeux. Elle tomba, le regard pétrifié dans une expression de pur soulagement. Il avait tiré le premier. Elle n’était pas une meurtrière. Pendant un court instant il s’arrêta et regarda son arme. C’était celle qu’il avait reçu le jour de ses dix-huit ans. Le jour où il était entré dans une école pour devenir un tueur. On lui avait donné une armée. Sa première arme. Son premier meurtre. Un meurtre sans nul doute raté. Mais il ne devait pas y penser. Il avança dans les couloirs, jusqu’à une pièce au rez-de-chaussée. Les corps jonchaient le sol, quelques rebelles étaient accroupis sous la surveillance de quelques pacificateurs. Aileen n’était pas en vue. Phoenix descendit les rejoindre. Le sang coulait sur le sol, épais et flamboyant, l’aveuglait presque. Tout semblait être sous contrôle. Cependant, il comptait en tout six personnes. Trois adultes sur le sol, deux accroupis, la gamine du dessus. C’était sans doute trop peu pour une maison si grande. Cela ne semblait pas inquiéter les autres, mais lui si. Un coup de feu retentit. Il frissonna, mais se reprit rapidement. Le bruit sourd d’un corps retenti au-dessus de sa tête. Le silence qui s’installa après cela était presque inquiétant. Sourd, empli de paroles et de non-dits, c’était un silence pesant qui inquiéta Phoenix au point qu’il sortie son arme et le garda fermement au poing. « C’est terminer. Nous y allons. » La voix d’Aileen s’éleva sur sa droite, impériale. Il ne réagit pas. Le silence prit fin, mais l’inquiétude resta. Il était aux aguets. Ses compagnons sortirent les uns à la suite des autres, traînant derrière eux les prisonniers. Phoenix les suivit, devant Aileen, qui sortie la dernière. Il eut à peine le temps de remarquer la silhouette cacher dans un bosquet plus loin, et la brillance de l’acier sous la lumière de la lune. Il était à deux mètres de Aileen, et réagit d’un seul coup. Il croisa le regard du tireur, qui lui se focalisait sur la demoiselle. Il la regarda à son tour, et se jeta à sa suite, dans un geste instinctif : « Carter, Attention ! » . La douleur vrilla son épaule. Le sang coula sur ses vêtements blancs immaculés. Il tint Aileen contre la paroi de la maison, l’encerclant de ses bras. Il était touché. Elle non. Soulagé, il se tourna vers le lieu où le tir était parti, et constata que le bosquet était à présent vide, les feuilles s’agitant sous l’effet du vent. Il se défit d’Aileen, et alla rejoindre les autres à sa suite. Elle les congédia d’une voix dure. Lui fut bien en peine de la laisser, et ne le désirait point. Il fut de ce fait, presque heureux lorsqu’elle le pria de la suivre.

Son épaule le faisait alors souffrir le martyre, la balle ne s’y était sans doute pas logée, mais peut-être avait-elle volé en éclat. Il n’en savait rien, mais ses chaires le brûlaient. Aujourd’hui encore il portait la cicatrice de cette blessure. Les marques des points qu’Aileen lui avait fait, en le soignant. Elle le mena dans ce qui devait constituer son « chez elle » lorsqu’elle se trouvait dans le district onze. Il se laissa faire docilement, n’ayant pas d’autre désir que de la suivre. Il ne disait rien, ne parlait pas, et tentait plutôt d’oublier la douleur qui lui vrillait le corps. Elle l’introduisit dans son salon, et alors qu’il s’assit sur le canapé, regardant les dégâts qu’avait causé sa blessure, il entendit le crépitement de l’eau qui chauffait, et sentit soudainement l’odeur des plantes qui infusait. Elle arrivait avec deux boissons chaudes, et se mit face à lui pour le soigner. Elle avait le nécessaire pour cela, et lui prenant le bras elle commença à désinfecter, nettoyer, et refermer sa plaie béante. Il ne disait rien. Il ne devait rien ressentir. Elle lui avait appris à être un soldat, plus qu’un homme. Il était né pour tuer, non pas pour se soumettre à ses sentiments, ou à ses faiblesses. Il ne devait pas laisser montrer ses faiblesses, que cela fut lier à ses peurs, ou à ses blessures. Le sang ne le répugnait plus, il était fier de ne plus être tordu par des nausées causées par l’odeur de l’hémoglobine. Cependant, il ne pue s’empêcher de serrer fortement le bras de son mentor alors qu’elle le soignait. Mais il remarqua qu’elle s’activait rapidement. De ce fait cela fut rapidement terminé, et Aileen se leva alors en lui parlant calmement, mais d’une voix qui se voulait sans doute détachée. Il avait gagné son respect, voilà ce qu’il apprit d’elle ce jour-là. Il était particulier. Il le sut, alors qu’elle sortie d’une arme et la lui tendit. Elle avoua alors, qu’il était le meilleur, à ses yeux en tout cas. Ce qui comptait pour lui plus que tout le reste. Il avait gagné contre la vie, pour la première fois. Il prit l’arme et l’examina avec attention. C’était une arme sublime, brillante, et souple. Une arme qui avait dû compter une fortune, mais qui avait une précision et une tenue à nulle autre égale. L’arme qu’Aileen lui avait offert. En général c’est celle-ci qu’il place près de son cœur, et qu’il utilisait pour tuer. Il n’avait jamais raté une seule cible avec ce flingue. Chaque fois il lui semblait entendre la voix d’Aileen près de son oreille « Tirez, Pacificateur Lewis ». Un ordre qu’il avait entendu mainte et mainte fois. Il l’avait haïe pour cela. Pour l’obliger à tuer. Pourtant, grâce à cela il avait fini par devenir quelqu’un, par prendre son destin en main. Par réussir à dominer la vie, à ne plus seulement se laisser porter par le flot d’une vie tortueuse. Enfin il avait assis sa singularité, prouvant qu’il pouvait être quelqu’un d’autre qu’un simple garçon soumit à la fatalité de son existence, ou des décisions du Capitole. Enfant il n’étiat rien d’autre qu’un rêveur. Adolescent, un meurtrier. Adulte, il était enfin un tueur. Et cette nuit-là, alors qu’il reçut cette arme de la part d’Aileen, il eut autre chose : « Juste pour ce soir, appelle-moi Aileen, Phoenix. » Une promesse. Une première fois. Ce soir-là ils discutèrent longuement. Mais pas seulement. Cette nuit-là, pour la première fois il goûta à l’humanité de cette femme qui constituait toute sa vie. Il l’aima, lui fit voir l’homme. Phoenix. Un homme nouveau dans ses bras. Cependant, Aileen c’était trompé ce soir-là : il eut l’occasion de l’appeler encore de nombreuses fois « Aileen ».

Il était très heureux de pouvoir profiter de cela. Du fait de voir en elle cette part d’humanité qu’elle cachait de la vue de tous les autres. Lorsqu’ils étaient en mission, elle portait le masque de la tueuse, de l’espionne aux services de Snow, de la froide et dure Miss Carter. Tout le monde connaissait cela en elle. Tout le monde ne connaissait que cela chez elle. Il trouvait cela dommage souvent, mais il le comprenait. Elle avait été entraînée par Snow dans ce dessein : devenir une tueuse à la solde du Capitole. Il la voyait ainsi, il savait que les choses étaient ainsi dans son esprit, à elle. Elle appartenait à Snow, tout comme lui d’ailleurs. Ils étaient ses soldats, ses tueurs, ses marionnettes. C’est pourquoi cette chose entre eux devait resté secrète. Cet…. Amour ? il décida que cela pouvait être de l’amour. Cela devait resté caché de Snow. Cette preuve de leur humanité, certes, mais également de leur liberté. CE que Snow leur refusaient. La liberté de choisir, d’être vivant, d’aimer. Il ne pouvait pas enlever cela à Aileen. Elle semblait cacher une haine violente envers Snow. Elle lui en voulait pour des raisons que Phoenix préférât faire semblant d’ignorer. Cependant la connaissant dans l’intimité comme étant une femme d’une douceur extrême, capable d’une immense passion amoureuse, il ne pouvait que comprendre. Elle avait tout perdu. L’espoir d’être quelqu’un de bien, surtout, principalement, ce qui constituer la seule chose qui méritait d’être vécue. Après l’amour, sans doute. Comment pouvait-elle être fière de ce qu’elle était devenue lorsqu’elle tuait des innocents sous les commandes d’un être qui avait fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui : une tueuse. Il n’osait dire « un monstre » car il ne pouvait se permettre de penser à elle en ces termes. Elle lui semblait si parfaite. Elle était la femme la plus belle qu’il connaissait. Elle était la seule qui ait compté à ce point dans son existence. De plus, il pouvait lui en vouloir pour les mêmes raisons qu’elle en voulait à Snow. Sauf qu’il en était incapable, sans doute parce qu’à mesure qu’elle lui avait appris à tuer, il était tombé amoureux d’elle. Jusqu’au bout de non-retour atteint aujourd’hui, qui le rendait entièrement sien. Ainsi, il la comprenait, sans doute mieux que personne. Parce que contrairement aux autres, elle lui montrait qui elle était réellement, derrière le masque de cruauté et d’indifférence. Il l’avait vue en plein jour, elle s’ouvrait à lui, et il savait que cette sincérité n’était pas gratuite, par simple besoin de parler. Elle avait confiance en lui, elle osait se montrer à lui, et il pourrait à tout moment la tuer, ou tout du moins l’anéantir. Elle était fragile, en réalité. Tout comme lui d’ailleurs. Et si elle lui parlait de cela, il n’avait pas le droit de la trahir, et de la juger. Il devait simplement la rassurer, lui faire comprendre qu’elle était encore humaine, et qu’elle avait le droit de l’être.

Ainsi, alors même qu’elle s’acharnait sur Snow, déclarant des choses qui pouvaient fort bien lui compter la vie si le Président venait à l’apprendre, il fut d’abord surpris, et cela sembla la déranger. Il du remettre les choses au clair : il ne la jugerait pas. Il n’était pas celui qui lui fera une leçon de morale. Elle sourit. Elle était rassurée, et lui répondit sincèrement, avec une voix emplie d’une chaleur humaine immense. « Merci… » Il lui rendit son sourire. A mesure qu’avancer cette conversation, il comprenait que, de toute évidence, il ne pourrait pas la quitter. Il serait perdu sans elle à ses côtés à chaque instant. Certes, ils ne passaient en réalité que peu de temps ensemble, mais cela ne changeait rien au fait qu’elle ne quittait jamais ses pensées. Tous les jours il se revoyait face à elle pour la première fois, contemplant son regard sombre et cruel, imaginant la beauté de cette femme connue pour être la plus violente des tueuses du Capitole. Il avait été son élève, et cela le rendait fier. Il avait survécu, il était finalement devenu quelqu’un. Il n’avait pas fait cas de tout ce qu’elle avait pu lui dire et lui faire. Il avait appris à ne plus rien ressentir. A être indifférent à ce que les autres pouvaient penser de lui, de ses capacités. Il aviat appris à tirer mieux que les autres, à ne jamais rater sa cible. Il avait appris à torturer un homme de tel sorte qu’il souffre assez pour vouloir mourir, mais que la mort lui soit interdite. Il avait appris à aimer. Aussi, violemment, et passionnément. Il appartenait entièrement à Aileen Carter. Elle état la seule personne en ce monde, la seule femme qui fut capable de faire de lui un homme. Il pouvait être celui qu’elle voulait : un tueur, un élève, un amant, un ami, un protecteur. Il était un morceau de cire entre ses doigts agiles, et elle pouvait bien faire de lui ce qu’elle voulait. Cela ne dérangeait pas Phoenix, qui ne voyait pas dans cette relation un manque de liberté, mais des possibilités infinis d’identité, de changements, de choix. Contrairement aux autres, Aileen n’était pas son ennemie. Il pouvait avoir confiance en elle, tout comme elle lui offrait sa confiance. Alors même si parfois il lui semblait ne pas mériter tout ce qu’elle lui offrait, il ne pouvait s’empêcher de s’en réjouir. Cela pouvait paraître prétentieux mais il lui semblait mériter plus que quiconque cette proximité, cette honnêteté qui le liait à Aileen Carter. Il ne supporterait pas de la voir agir de la même manière avec un de ses paires. Il était obsessionnel et possessif dés qu’il s’agissait d’elle. Elle était tout ce qui le liait à ce monde qu’il haïssait. Ce monde qu’il désirait voir se détruire par ses faits et gestes. Il voulait réduire à néant ces êtres qui l’avaient tué. Ils avaient fait de lui une ombre, une pensée, un passé sanglait, et rien de plus. Jérémy avait été réduit à une chose, une peur, sans cesse présente en son esprit : celle de n’être rien de plus qu’un meurtrier. Phoenix avait fait de cette pensée une réalité. Aujourd’hui il pouvait être fier de dire au monde entier qu’il avait réussi à devenir ce qu’ils pensaient qu’il était. Un tueur. Oui, il était un tueur. S’il n’avait pas tué sa sœur lors des jeux, cela ne changeait rien à ce fait aujourd’hui : il avait milles innocents par pure violence. Par pur désir de faire le mal.

Lorsqu’ils étaient enfant, Domino et lui s’étaient promis d’être des héros dans ce monde de folie où ils vivaient tous les deux. Ils espéraient pouvoir rejoindre les rebelles, et démolir le royaume de leur Président. Ils avaient fait beaucoup pour atteindre cet objectif. Dés qu’il eut atteint l’âge de huit ans, Jérémy avait appris à tirer à l’arc, à tuer rapidement les animaux qu’il chassait avec son père. Lorsque Domino venait en forêt avec lui, ils s’amusaient à se cacher. Il se rappelle un soir où il n’avait pas pu la retrouver. Il avait compté jusqu’à mille, comme toujours, les yeux cachés dans ses mains, face à un tronc d’arbre énorme. Il avait entendu les pas de sa sœur courant dans les feuilles mortes, le bruit du vent dans ses boucles dorés, et son rire guilleret alors qu’elle cherchait une cachette. 100. Il tâchait de se concentrer. Le vent était violent ce jour-là. Il entendit le bruit du clocher qui sonnait huit coups sur la place de l’hôtel de ville. 345. Il sentit une goutte de pluie sur son épaule, mais ne bougea toujours pas. Il continuait de compter à voix haute, les yeux fermés. Sous ses pupilles fermées il regardait des couleurs et des formes inédites. 877. Il avait le souffle court. Cela devait bien faire dix minutes qu’il se tenait là, à compter. Il n’entendait plus du tout sa sœur. Il sentit l’inquiétude le saisir, mais c’était stupide, Domino respectait toujours les règles, et ils s’étaient mis d’accord pour jouer dans un périmètre de un kilomètre, ce qui n’était pas énorme dans cette forêt. Cela correspondait au petit chemin qui menait directement chez eux, à une clairière plus au Nord, un ruisseau à l’Est et un arbre plus grand que les autres au Sud-Ouest. Sa sœur savait pourquoi il ne voulait pas qu’ils jouent plus loin que cela. Plus loin, les Pacificateurs faisaient souvent leurs rondes, et Jérémy ne leur accordait aucunement sa confiance. Ces êtres lui apparaissaient pervertis et inhumains. Dieu seul sait s’ils n’étaient pas capables de tout simplement assassiner sa sœur par pur désir de violence.
1000. Il ouvrit les yeux, et il lui fallut un moment avant de se réhabituer à la lumière qui, même si elle traversait les arbres, était violente ce jour-là. À l’horizon il vit les nuages d’orage qui s’éloignaient rapidement sous l’effet du vent. Il sourit, regarda autour de lui, et partie en courant dans la direction que Domino avait prise lorsqu’elle était partie. Sur le sol humide paraissaient ses traces. Il sourit et les suivit. Ce jeu était utile, autant pour lui que pour sa sœur. Ils apprenaient à traquer, à se cacher, à ne pas faire de bruit. Ils apprenaient à disparaître, et cela pouvait être plus qu’utile. Cela pouvait leur sauver la vie. Il le savait, son père le lui avait déjà dit des dizaines de fois. Seulement, cette fois-ci il ne trouva pas Domino. Soudainement, au milieu du chemin, les traces disparaissaient. Il sourit, car cela prouvait que sa sœur s’améliorait, qu’elle devenait plus discrète encore. Qu’elle apprenait. Seulement, le problème était le suivant : la règle voulait qu’ils ne sortent pas de leur cachette avant que l’autre ne l’est trouvé. Le soleil déclinait à l’horizon, et la peur prit les tripes de Phoenix. Sa sœur semblait avoir disparu. Il ne pensait plus qu’elle était simplement cachée, il craignait qu’elle ne fut la proie d’un pacificateur. Ainsi, il eut la présence d’esprit de ne plus la chercher, et sans un bruit, il se mit à courir vers sa maison. Il entra par la porte de la cuisine, et allait pour appeler son père lorsqu’une voix inconnue retentie dans la pièce d’à côté. Il reconnut la voix de son père y répondre. Mais ce n’était pas une voix mélodieuse et puissante. Il lui semblait l’entendre sangloter. Il eut le désir de rejoindre son parternel, mais lorsqu’il passa la tête par la porte, il découvrit deux personnes richement habillées, dont le corps, artificiel n’avait rien à voir avec ce qu’il était habitué à connaître dans les districts : des habitants du Capitole. Il entendit un froissement de tissu derrière lui, et sorti rapidement de la pièce. Domino se trouvait là, elle lui tirait la langue, en annonçant fièrement qu’elle avait gagné. Il la prit dans ses bras, et lorsqu’il entra dans le salon, les deux inconnus étaient partis.

Il avait rapidement oublié cet épisode, surtout parce qu’il prit grand soin de dire à son père ce qu’il s’était passé. Domino lui avoua que lorsqu’elle l’avait vu partir en courant, et parce qu’il commençait à faire nuit, elle l’avait suivi, ne prenant pas cas des règles du jeu. Mais aujourd’hui, alors qu’Aileen lui annonçait la vérité sur sa sœur. Alors qu’il découvrait qu’elle était vivante. Alors qu’il l’avait vue de ses propres yeux sans réellement y croire, comme dans un rêve, tout cela perdait de son sens. Qui étaient ces personnes ? Avaient-elles un lien avec Domino ? Domino qui aujourd’hui était une de ces poupées artificielles du Capitole, avec son regard vitreux et ses vêtements trop chers. Phoenix était injuste, il le savait. Les relent de haines envers ces demoiselles n’étaient nullement justifiés. Principalement, car, en regardant Aileen, il se rappelait que le luxe pouvait avoir du charme. Elle en était la preuve vivante. Et la plus belle qu’il connaisse. Cependant, il était habitué à l’image de sa sœur comme quelqu’un de simple, mais de naturelle. Elle avait une beauté féerique. Une princesse de conte de féés n’aurait pu rivaliser avec elle, il le savait. Le souvenir qu’il avait d’elle lui rendait justice. Mais lorsqu’il l’avait revue, il lui semblait découvrir une nouvelle demoiselle qui n’avait pas grand chose à voir avec celle qui fut sa sœur. Elle était devenue… Une femme, évidemment, mais dont la beauté artificielle et parfaite ne faisait par ressortir tout ce qu’il y avait en elle de parfait, de romantique… tout ce qu’il avait aimé chez elle. Il le regrettait. Mais peut être était-ce une impression dût à la surprise, ou à la haine qu’il avait éprouvé de découvrir qu’il avait été injustement trompé par le Capitole, par sa famille, et par elle, surtout. Mais il ne voulait pas s’en plaindre encore auprès d’Aileen. Il avait encore milles questions. Il ne comprenait pas encore tout ce qu’il y avait à retenir de cette histoire. Il était encore plus perdu que jamais. Mais il ne savait pas s’il pouvait encore se permettre d’abuser de son temps et de sa gentillesse pour lui soutirer des informations. Il avait une question qui lui brûlait la langue, mais ils devaient parler d’autre chose. Arrêter de s’attarder sur cette histoire. Il se torturait l’esprit, n’osant pas lui demander ce qu’elle savait, encore une fois. Mais elle dut sentir qu’il ne disait pas tout, car elle le regardait avec l’air de vouloir lire dans son âme. Il n’aimait pas quand elle faisait cela. Il se sentait alors nu sous son regard, et incapable de lui cacher quoi que ce soit. Il se souvenait que Domino le regardait comme cela aussi. Il n’avait jamais pu rien cacher à sa sœur. Dommage qu’elle n’ait pas fait preuve de la même honnêteté envers lui, cela lui aurait éviter maintes douleurs et maintes épreuves pour survivre. « Dis-moi tout, je t'en prie. » Evidemment…. Non seulement il ne pouvait rien lui cacher, mais en plus elle ne voulait pas qu’il y ait le moindre malaise entre eux. Ils devaient se connaître par cœur pour pouvoir avancer ensemble. Ils avaient besoin de cela pour réussir à se sentir vivant. S’assurer que l’autre aussi rester bien vivant, qu’il ne perdait pas son humanité, ses désirs, ses rêves. Qu’ils pouvaient encore êtres faibles, et hésitants. Il était faible à cet instant. Si profondément humain qu’il avait le désir de mettre fin définitivement à cette douleur qui l’étreignait. Il comprenait cela. Alors, oubliant ses résolutions et la bienséance, il se décida à lui demander ce qui le torturait. « Elle n’est pas…. Une Lewis. Je veux dire. » Il détourna le regard, et inspira profondément. Il y pensait depuis un moment, depuis qu’il l’avait revue, mais il n’avait encore jamais exprimer cette idée à haute voix. « Ceux qui l’ont …. Sauvé…. Recueillie, là-bas, au Capitole, ce sont ses parents. Je veux dire, ses parents biologiques, n’est-ce pas ? » Il sentait les larmes l’étreindre. Il avait peur de la réponse. Il souffrait bien assez de l’aimer autant, alors en apprendre plus sur son compte, sur la vérité, cela ne pouvait que l’ébranler d’avantage. Mais il avait besoin de savoir, et il savait qu’il n’aura sans doute pas la force d’en parler avec Domino, si compter qu’il la revoit. Cependant, il pouvait en parler avec Aileen. Il pouvait parler de tout avec elle.

Il attendit sa réponse, mais avoua bientôt qu’il ne savait plus à quel saint se vouer. Tout ce qui l’entourait lui apparaissait vaguement, comme dans un rêve. Comme si rien de tout cela ne pouvait être vrai, comme s’il ne pouvait pas croire à ce qui l’entourait. Il était un être perdu dans les pensés d’un fou, soumis aux évènements, à la fatalité, à ses sentiments, contre lesquels il ne pouvait rien faire. Lui qui rêvait de contrôle, le voilà une fois de plus emprisonné par la vérité, aveuglante, qui le rendait faible. Il détestait Snow pour avoir fait de lui un pantin, un pion sur son échiquier. Il pensait qu’il valait mieux qu’un simple pion, au moins une tour ou un cavalier. Il avait longtemps cru avoir assez d’importance pour le Capitole pour avoir eu le droit à une place d’honneur, mas il n’en était rien. Il n’était pas plus important que tout les autres, même s’il semblait plus fidèle et bon dans ce qu’il entreprenait. Il avait découvert que pire qu’un pion, il était un paria pour le Capitole. Il pouvait s’en détourner, rejoindre les rebelles, mais cela lui avait été caché par Snow durant des années. Car il ne doutait pas que sous l’interdiction qu’Aileen avait de lui en parler, se cacher Snow, qui étendait ses fils sur ses soldats. Aileen la première. Phoenix n’osait pas même imaginer l’influence qu’il pouvait avoir sur elle. Cependant, il avait l’impression que lorsqu’elle était avec lui elle se libérait de ces obligations. Elle devenait une femme, comme toutes les autres. Elle devenait humaine, non plus une marionnette. Ainsi, il préférait ne pas penser à elle lorsqu’elle se rendait au Capitole. Il risquait de perdre l’esprit, et les sentiments qui le poussaient à vouloir prendre soin d’elle, risquaient de le mener tout droit à Snow. Il pourrait rêver de le tuer d’une balle dans la tête. Il s’étonnait que personne dans son camp ne l’ait encore envisagé. Il ne pouvait pas croire qu’il n’y eut chez les Pacificateurs qu’un désir de tuer, une fidélité, sans y avoir de haine et de colère. Lui ne vivait en réalité que dans la haine perpétuelle. Mais peut être que cela n’était qu’une nouvelle illusion. Après tout il vivait dans le mensonge constant, il avait découvert que tout ce qu’il prenait pour réalité n’était en fait que mensonge. Peut être que finalement, la seule chose qui était vrai, c’était le regard tendre d’Aileen,e et sa main qui saisit la sienne. « On t'a menti pendant sept ans. Alors oui, tout doit te sembler faux... Mais regarde autour de toi, Phoenix. » « Tu peux toujours t'appuyer sur moi, Phoenix. Je tiens à toi et je veux être là pour t'aider quand ça va mal... Ou simplement quand tu as besoin d'un peu de tendresse. » Tendresse… Il ne savait pas s’il pouvait vraiment se le permettre. Être doux avec Aileen était une chose, et il aimait cette relation qui le liait à elle. C’était complexe, mais complet. Il avait tout ce qu’il désirait avec elle. Et elle le lui prouvait une fois encore. Il lui semblait qu’il n’y avait qu’elle pour le rendre virile. Pour faire de lui un tueur, un amant ou un ami. Il était étrange de se sentir ainsi capable de toutes les folies avec une seule et unique personne. Elle était sans doute ce qui se rapprochait le plus d’une âme sœur. La moitié perdue de son âme torturée. Cela expliquerait pourquoi elle le comprenait si bien, pourquoi elle s’intéressait autant à lui, pourquoi elle était toujours là quand il avait besoin de parler. Ils se voyaient rarement, mais lorsque c’était le cas, c’était souvent parce qu’ils en avaient besoin plus que de coutume. En cette période de trouble, cette mission avec Aileen était une surprise inespérée. Elle le sauvait une fois encore. Il lui montra toute sa reconnaissance en lui avouant qu’elle était la seule personne qui avait droit à sa confiance. A lui, entièrement. Il n’était lui qu’auprès d’elle. Les autres ne voyaient qu’un tueur, un pacificateur, ou un mentor. Elle voyait celui qu’il était réellement. « Cela me touche, Phoenix. » Il lui sourit. Il n’osait pas encore tout à fait la toucher, car la colère ne s’était pas tout à fait calmer, mais la voir ainsi, sensible à ses paroles, lui faisait du bien. Comme si ce qu’il pensait qu’elle comptait. C’était une sensation exquise. « Ce n’est que pure vérité. » Réellement, dans le sens le plus littérale du terme. Il ne faisait pas souvent preuve d’autant d’honnêteté, mais à cet instant, il ouvrait son cœur avec tant de facilité, qu’elle pouvait le poignarder sans forcer. Il était à sa merci, comme un pauvre fou. Il était dans ses bras, nu, entièrement, perdu et fragile, et il s’accrochait à elle comme à la vie. Elle pouvait la lui interdire ou le sauver. « Je veux que tu sois heureux, c'est tout... » Il était soulagé. Elle avait pris la décision de le sauver.

Cette conversation le rendait sans nul doute mielleux, mais il sentait qu’ils avaient besoin de se parler sincèrement. Cela signifiait de se dévoiler leurs sentiments sincèrement. Ils devaient se regarder droit dans les yeux et tout se dire. Phoenix était en réalité tellement habituée à porter un masque d’indifférence envers le monde extérieur, qu’il lui était difficile de se dévoiler. Il ne pouvait pas mettre des mots sur ce qu’il ressentait, surtout à cet instant d’ultime désillusion. Il ne pouvait pas envers les autres, il le découvrait une fois encore. Et cela le faisait affreusement souffrir. Parfois il se disait que les autres portaient leurs masques mieux encore que lui. Lui arrivait encore, parfois, à rêver, à croire que tout cela n’était qu’un cauchemars. Les autres semblaient croire qu’il n’y avait que cette réalité-ci, et qu’ils étaient voués à y vivre, à y survivre même plutôt. En tant que pacificateur il lui semblait découvrir uniquement la facette la plus sombre du genre humain. Celui qui poussait des hommes à violer, à torturer, à venger leurs femmes. Celui qui obligeait des enfants à voler les plus pauvres qu’eux pour survivre. Celui qui contraignait des femmes à prouver qu’elles n’étaient pas des parias, pour pouvoir vivre comme toute à chacune. C’était un monde fait de fourberie, de supercheries, de tromperies. Il le savait, et le soldat qu’il était donné un exemple parfait de ces effronteries. Cependant, il y avait une chose à laquelle il se raccrochait, inexorablement : Aileen Carter. Cette main qui frôlait la sienne, ce regard qui flamboyait, ces lèvres qui lui souriaient, ce parfum qui l’envoûtait, cette voix frêle emplit d’émotion. D’humanité. Elle était la seule vérité qui lui restait. Ces cœurs battant d’un même rythme effréné, épris l’un de l’autre sans pour autant s’autoriser à l’avouer jusqu’à présent. Leurs sentiments étaient évidents, mais ils ne pouvaient pas surmonter les barrages qui les empêchaient d’être l’un à l’autre. Snow, le Capitole, son métier, son allégeance. Leurs allégeances, à un homme qui les privaient de toute vie. Mais cette nuit-là, les barrières s’effondraient. Ils étaient tous les deux dans un monde à part, coupé du reste de l’univers, dans une bulle de réconfort et de chaleur, sous le manteau de la lune. Elle osait lui dire ce qu’elle pensait de Snow, il osait lui parler de ses craintes, de ces sentiments. De ce qui restaient en eux d’humains. La beauté qui entourait cet instant le faisait chavirer. Il se perdait dans cette réalité si prompt à lui faire perdre pied, à lui faire oublier le terme de cruauté, ou de sadisme. Il ne voulait que l’amour qu’il lui portait, que ses baisers, et sa sincérité. Il n’était plus en colère, il était apaisé par ses mots : « La même chose est valable pour moi... Si je ne t'avais pas rencontré... Je serai sans doute devenue l'une de ces marionnettes inhumaines et vides de Snow. J'ai besoin de toi... » Il lui sourit, et caressa sa joue du revers de la main. Il ne pouvait pas la quitter des yeux de peur que tout cela ne soit qu’un rêve et qu’il faille se réveiller à tout instant pour s’écrouler. Plus il s’enfonçait dans le bien-être de l’instant, plus la chute sera dur et cruelle. Il en avait conscience, mais il ne pouvait rien faire pour l’éviter. Il voulait profiter de ce doux regard, du vertige que lui procurait ses mots. Elle avait besoin de lui. Dans ces simples termes se cachaient de tendres promesses pour leur avenir commun. Il savait combien il lui coutait de lui avouer ces simples mots, mais aucun n’aurait pu être plus doux aux oreilles du pacificateur. Il connaissait Aileen pour être l’une des femmes les plus craintes de l’empire du Capitole. Lui semble pouvait la voir ainsi : belle, douce, fragile, vulnérable. Elle lui ouvrait son âme, lui révélait ce que personne d’autre que lui ne savait. Lui seule connaissait vraiment Aileen Carter. Et il ne comprenait pas pourquoi elle avait jeté son dévolu sur lui ….

Cependant, il ne pouvait rien faire contre la dureté de ses propres sentiments. Il la connaissait par cœur, ainsi, il sentait que quelque chose n’allait pas. Qu’elle n’était pas calme. Il lui semblait qu’elle était gênée, sans pouvoir comprendre pourquoi. Alors, jouant carte sur table, il la questionna sur son silence soudain, sur les raisons de son inquiétude. « Tu m'as dit... que tu n'avais jamais été heureux. » Il acquiesça. En effet, c’était bien ses termes, quelques instants plus tôt. Il n’avait pas été heureux, jamais. Comment aurait-il pu l’être. Enfant il était enfermé dans un monde d’illusion. Il avait vu mourir sa sœur, puis il s’était tué à petit feu pour devenir un monstre. Un persécuteur. Il n’avait jamais cherché à être heureux, il ne l’aurait pas pu. Par contre, il pouvait être fier de ce qu’il était à présent. Cet confiance en lui était son but. Il ne cherchait pas le bonheur. Il désirait la vie. Uniquement. Cependant, il pouvait aisément comprendre pourquoi ses mots avaient blessé Aileen. La jeune femme, après tout, lui avait tout donner. La négligence de Phoenix pouvait lui faire croire, que tout ce qu’elle lui avait offert était vain. Qu’il ne désirait pas vivre, ni être heureux. Ce qui était faux. « Ai-je à ce point... failli... dans ma mission ? Qu'ai-je fait pour te rendre si malheureux? » Il fronça les sourcils. Elle pensait qu’il était malheureux à présent. Mais ce n’était pas le cas, bien au contraire. Elle ne l’avait pas rendu malheureux, elle n’avait aucunement failli à sa mission. Elle avait fait de lui quelqu’un. Elle lui avait donné une mission, une raison d’être en vie. « Aileen…. » commença-t-il dans un souffle, mais il fut bien vite coupé par la jeune femme qui continuait sur sa lancée. « Je me demande... Ce que j'aurais pu mieux faire... Tu sais, au début, lorsque j'étais tellement cruelle avec toi... Et puis maintenant... Tu ne... Est-ce que je commence à ressembler à Snow ?... Je ne veux pas que tu sois triste... » S’en était trop aux oreilles de Phoenix qui s’empara soudainement du visage de sa belle rousse pour l’obliger à le regarder dans les yeux. « Aileen, Stop ! Je t’en prie, arrête de te fourvoyer ainsi. Tu n’a pas failli à ta mission. Tu ne pas rendu malheureux. Et tu ne ressemble certainement à Snow. Je ne suis peut-être pas heureux, comment l’être dans un tel monde… mais je suis vivant. Profondément vivant, et c’est grâce à toi. Je ne suis pas triste Aileen, pas tant que tu seras là. » Il prononça cette dernière parole et embrassa le front de la demoiselle, dans une étreinte douce. La jeune femme était sans doute perdu, mais il désirait surtout qu’elle soit calme, qu’elle se laisse aller à la tranquillité d’une âme en peine. Si elle ne désirait pas le voir triste, il ne supportait pas dans un même effet, la voir aussi désemparée par sa faute. Elle était bien plus que vulnérable ce soir, elle était au bord du précipice, et à tout instant elle risquait de sombrer. Le but de Phoenix à cet instant était de la sauver, de l’empêcher de se perdre dans les ténèbres les plus sombres, dans une dépression qui risquait à tout moment de l’anéantir. Il devait lui rappeler pourquoi elle vivait encore. Pourquoi elle avait le droit de vivre, elle, alors que des centaines d’innocents étaient mort de sa main. C’était une question avec laquelle ils étaient condamnés à vivre.

Elle semblait perdu au point de se poser des questions qui n’avaient lui d’être. Pourquoi il ne la détestait pas. A cela il ne pus répondre que par une boutade, lui demandant si réellement elle était aveugle à ses sentiments, pourtant si éclatant. « Je sais... Ce que tu ressens pour moi. Mais je ne comprends pas pourquoi... Alors que je suis tellement loin de cette stupide idée de femme parfaite que tu as de moi... Alors que je suis une personne détestable. » Il n’aimait pas entendre cela. Il ne pensait pas se fourvoyer sur la valeur qu’elle avait. Elle était une personne si parfaite à ses yeux, que l’entendre se dénigrer le rendait complètement fou. Comment pouvait-elle se détester de la sorte ? Il ne pouvait pas comprendre ce fait, et encore moins l’accepter aussi facilement que cela. Elle était la personne la plus importante à ses yeux, et elle voulait lui faire croire que ce n’était qu’une illusion, créée par une idolâtrie qui lui vouerait. C’était sans doute le cas, oui, et après ? Il n’allait pas cesser de l’aimer pour autant. Il ne pouvait pas commander cela. Son âme, son existence, son corps, tout lui appartenait. Elle ne l’acceptait peut-être pas, mais cela ne changeait rien au fait. « Cherches-tu à comprendre pourquoi la lune, pourtant si inconstante, ne peut se séparer de la nuit ou des étoiles ? Ainsi Aileen, ne me demande pas pourquoi je te reviens toujours, et pourquoi je suis si attachée à ton vie. Les choses doivent être ainsi, et je ne les voudrais autrement pour rien au monde. » Il se fichait bien de ce que les gens de Panem, ou de ce que le Président voyaient en Aileen. Ils n’avaient en réalité, devant les yeux, qu’une fumée, une pensée, une ombre. Lui avait une femme forte et à la fois fragile. Inconstante, et passionnée. Triste et forte. Il avait la femme qu’il aimait, entièrement. Il ne voyait qu’elle, sous le regard froid de l’exécutrice. Sous les ordres durs, du chef d’armée. Sous les gestes violents, de l’entraîneuse. Il y avait toujours Aileen…. Mais pour combien de temps ? Combien de temps lui restait-il, avant que Snow ne la détruise entièrement ? La pensée de la voir un jour disparaître, angoissait affreusement Phoenix, qui espérait être plus rapide que le président, et parvenir à sauver son âme, avant qu’il ne la consume. Par son amour, par sa force, et la confiance qu’il mettait en elle. Il ne se leurrait pas. Elle n’allait pas bien. Jamais. Elle était constamment sous l’emprise des médicaments, ou de la culpabilité. Il n’était pas aveugle, il la voyait souffrir depuis bien trop longtemps, pour pouvoir nier l’évidence : il était sans doute une des dernières personnes à la maintenir à la surface. Mais ses propres cauchemars, risquait de lui faire perdre pied à tout instant. Alors, ils tomberaient tous les deux, dans les néants de la douleur et de la violence. Des monstres de sang, non plus des êtres humains, mais des démons.

« Tu comprends... Si je n'avais pas été là dans ta vie... Tu... » Il sourit tristement. Elle évitait son regard, incapable de le soutenir. Elle ne pouvait pas continuer. C’était à lui de la rassurer. « je serais mort à l’heure qu’il est. » Sans doute, cela était-il vrai. Il serait peut être devenu un rebel, alors il aurait pu mourir par sa main. Il aurait pu être un enfant, mort de froid un hiver trop rude. Il aurait pu se tuer lui-même. Mais il n’aurait pas être l’homme qu’il était devenu aujourd’hui, sans elle. Il lui devait tellement, et elle ne semblait pas s’en rendre compte. Elle le chassait, sans qu’il ne comprenne pourquoi. Après l’avait mis devant ses sentiments étranges qui la liaient à elle, elle lui dit que sa propre sœur la détestait. Mais dans l’esprit de l’homme épris, cela ne changeait rien. Il n’aimait pas avec raison, il aimait avec toute la force de son âme, de sa passion. Il ne pouvait le contrôler, le rendre faible, l’oubliait. Cet amour, par un heureux effet, le rendait plus fort que les autres pacificateurs. Que les autres hommes de Panem. Il voulait être meilleur, pour elle. Elle méritait tant… Alors qu’elle fut haïe par Domino n’avait aucune espèce d’importance. Ce qui comptait vraiment, c’était elle, et rien d’autre. « Je... Phoenix... Je ne sais plus ce que je dois dire... » Il sourit face à son hésitation. Peut-être prenait-elle enfin conscience de la réalité. Cela ne devait pas être simple à accepter pour elle, si attachée à l’idée qu’elle était une personne détestable, ignoble, cruelle, qui ne méritait que la haine des autres, et leurs colères. Mais pas la sienne, Phoenix était incapable de la tenir pour responsable de quoi que ce soit. Ses actions étaient le résultat néfaste des ordres d’un fou. Alors, elle ne savait comment réagir face aux déclarations enflammées de Phoenix, attachait à lui faire voir autre chose, une vérité plus douce, plus contrastée. Un monde non pas noir et rouge, mais également blanc, gris, coloré de milliers de teintes plus ou moins agréables, exquises. Il lui parlait comme un homme à la femme qui l’aimait. Ni plus ni moins que cela. C’était son rôle dans le monde d’Aileen Carter. Et il y était attaché. Ce soir-là il était prêt à le jouer absolument parfaitement. « Tu sais, normalement, les gens ne me parlent pas... comme toi. Lorsque je suis en mission, les habitants des districts hurlent des menaces et des injures. Au Capitole, les gens me lèchent les bottes mais ils sont prêts à planter un poignard dans mon dos. Snow... N'en parlons même pas. Et puis, les Pacificateurs avec qui je travaille... Ce sont des soldats, avec leur langage rude, et ils acceptent difficilement d'être dirigés par une femme. Il n'y a que lorsque je suis à la maison, avec mes parents et mes soeurs, ou avec toi, que j'ai droit à un peu de gentillesse et de douceur. » Il sentait en elle une telle amertume, un manque si intense que cela lui donna envie de la prendre dans ses bras, et de ne plus jamais la laisser aux mains de Snow, sous les moqueries des autres pacificateurs, et leurs jeux obscènes, ou encore au Capitole. Mais qui était-il pour l’enfermer dans une tour d’ivoire. Il acceptait de la voir s’éloigner, principalement parce qu’il savait qu’il avait le droit à ce traitement de faveur, à cette sincérité, mais également parce qu’il la savait forte. Aileen Carter était la femme la plus incroyablement effrayante qu’il eut rencontrée. Elle savait se faire respecter quand il le fallait. Elle était un homme de main de Snow, et en cela elle avait eu un entraînement spécifique qui la rendait féroce et efficace en mission. Mieux valait ne pas être sa cible. Elle ne la ratait jamais. Phoenix savait tout cela. Il savait qu’elle avait besoin d’un minimum de liberté. Et lui tenait à la sienne. Mais en entendant autant d’amertume dans sa voix il eut envie d’oublier tout cela et de simplement la déclarer comme sienne. Interdisant qui que ce soit de la toucher ou de la faire souffrir sans recevoir d’horribles châtiments pour cela. Il voulait la protéger, malgré tout, tout en sachant qu’elle n’en avait pas le besoin. Elle était bien assez forte pour se battre toute seule. De même, ils savaient qu’en face à face, elle aurait sans doute le dessus sur lui.
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen Icon_minitimeDim 18 Déc - 2:55

[ il a pas voulu me le faire rentrer sur un post alors voila la suite XD ]

Cependant, à ce moment précis, elle semblait surtout désarçonnée par les révélations de Phoenix, par sa sincérité, une fois encore lorsqu’il lui promit de mourir pour elle. Il le ferait sans hésiter. C’était un fait. « J'essaie de ne pas y penser. Si tu mourrais... Je serais perdue. Je ne peux pas m'imaginer à quel point je serai... » Elle perdait ses mots. Rien ne pouvait traduire sa pensée. Il le comprit, et il soupira. Il partageait cette peur, cet angoisse, de recevoir un jour l’annonce de sa mort soudaine. Cependant, il préférait ne pas y penser, et continuer à la voir comme une immortelle. Une déesse. Ou une démone. C’était plus simple pour lui, de croire au doux rêve de l’invulnérabilité d’Aileen Carter, cette espionne si cruelle.

Elle leva enfin son regard vers lui, et il osa s’y perdre. Il adorait la regarder ainsi, droit dans les yeux, dans un océan d’incertitudes, de peurs, mais de courage. Il en était chaque fois un pue plus bouleversé. Il n’osait croire que cette femme si belle, lui prouvait autant de gratitude par ses gestes et ses paroles. Il l’avait touchée en plein cœur, il le sue alors. Mais il pouvait s’expliquer, pourquoi ses mots à lui, brisaient la carapace de silence qui entourait Aileen Carter. Pourquoi ce qu’il pouvait ressentir pour elle, avait la moindre importance à ses yeux ? Pourquoi lui ? Qu’avait-il de plus que les autres ? Pourquoi lui avait-elle permis de la tutoyer, de la nommer par son nom, ce soir-là ? Pourquoi l’avait-elle ramenée chez elle pour le soigner ? Pourquoi lui avait-elle offert ce flingue, plus beau encore qu’aucun de ceux des autres pacificateurs ? Une arme parfaite. Pourquoi lui avait-elle permis d’entrer dans les tréfonds de son âme, sans même se battre ? « Alors, si je peux te sauver... Quelle importance si je meurs aujourd'hui ou demain ? De toute façon, je suis damnée. » Le sauver ? Comment pourrait-elle le sauver ? Phoenix était persuadé que de toute manière, il était déjà condamné depuis longtemps à la souffrance et à la solitude. Elle lui offrait quelque chose de plus, une présence divine, qui le sortait de la morosité de son existence. Elle lui avait offert une nouvelle vie. Que pouvait-elle faire de plus à présent pour le « sauver » ? Et s’il n’avait pas envie d’être sauvé ? Surtout si ce devait être au péril de sa vie à elle. Il ne pouvait pas accepter l’idée qu’elle mourut pour lui. C’était lui le soldat. C’était à lui de se battre, non point à elle. Mieux valait se condamner et l’aimer encore, plutôt que de sauver son âme, et de la voir mourir pour cela. Et même si elle n’était pas de cet avis, il n’en avait cure. Il y était attaché. Il ne pouvait se dérober à l’amour qu’il avait pour elle. Et il n’en avait nul désir en réalité, car ce pur amour, lui semblait destiné à quelque chose de plus grand encore. « Je préfère être damné, et rester une vie entière à des côtés, plutôt que de sauver mon âme au péril de ta vie. Tu te fiche peut-être de vivre, parce que l’idée de ta mort t’es devenue familière. Mais je ne l’accepterais pas. Ni aujourd’hui. Ni demain. » Il lui parlait calement à présent, mais avec une ferveur rare dans le cœur des hommes. Il la regardait dans les yeux, et tâchait de lui montrer à quel point ce qu’il disait lui coûter. A quel point il pouvait être attaché à elle, sans pour autant lui dire directement, ce qu’il en était. Elle semblait lui porter les mêmes sentiments, alors qu’elle lui avouait qu’elle serait toujours là, qu’il l’acceptait qui qu’il décide d’être à présent : Phoenix ou Jérémy. Il n’aimait pas qu’elle emploie son ancien nom. Jérémy, ce doux enfant devenu adulte bien trop vite, et mort bien trop tôt dans sa chair. Jérémy était une victime, malheureuse, du Capitole et de ses jeux. Phoenix était un soldat, fervent de la discipline, et du pouvoir du Capitole. Il avait parfois l’impression de n’avoir jamais été Jérémy. Mais sous le regard de Domino, tout risquait de changer. Ses barrières de s’effriter. Ses convictions, de se réduire à une pure fiction. Ses envies de disparaître, et de revenir au commencement : l’amour fraternel, qui le poussait à vouloir offrir un monde sur à sa sœur. Mais après avoir suivi l’entraînement du Capitol, il avait compris, que cela n’était qu’illusion, idéologie, et que le monde ne pouvait être sur, ne pouvait être meilleur qu’il ne l’était. Parce que les hommes étaient corrompus par le pêcher.


« Parfois, cela m'étonne de voir à quel point, finalement, notre histoire est semblable. » Il ne pouvait pas en dire autant. Principalement parce qu’il prit conscience qu’en réalité il ne savait quasiment rien d’elle. Certes, il savait qu’elle s’appelait Aileen Carter, qu’elle avait 25 ans, et qu’elle travaillait sous les ordres de Snow depuis toujours. Mais il ignorait tout le reste. Il ne lui avait jamais demandé, il n’avait jamais exigé d’elle qu’elle lui raconte sa vie passée. Principalement parce qu’en connaissance de cause, il savait combien cela pouvait être douloureux. Surtout en ayant découvert la Aileen qui se cachait sous le masque. Une jeune fille apeurée, désemparée, esseulée. Il ne devait pas lui infliger un coup qui l’obligerait à se remémorer les raisons qui l’avaient poussées à se cacher ainsi du regard des autres. A sembler si cruelle et violente, pour le plaisir de Snow. Mais ce soir, sous les claretés des astres, elle semblait décidée à lui dire. A se dévoiler entièrement à son regard. Il ne dit rien. L’observant, prêt à tout instant à lui demander d’arrêter, si cela devenait trop dur pour elle. Il ne l’obligeait à rien, absolument à rien. Il l’aimait, que ce fut en connaissant son passé, ou pas. Elle était toujours la même à ses yeux. « Il y a 25 ans, une petite fille naquit au Capitole... C'est le Président qui choisit son nom : Diane Aileen Carter. Elle grandit... Et elle apprit son métier avec application, mais sans aucune prédisposition pour le sadisme ou la cruauté. » Elle parlait calmement, d’une voix désincarnée, détachée. Comme si elle voulait se convaincre que cette histoire n’était pas la sienne. Comme si elle racontait un fiat, l’histoire d’une autre personne, détachée d’elle, sans aucun lien. Phoenix comprit alors, pourquoi leurs histoires se ressemblaient tant, et il déglutit difficilement : elle était déjà morte. Tout comme lui. « Lorsqu'elle eut 18 ans, le Président décida qu'elle était prête pour son premier meurtre... Mais elle se retourna contre lui. Elle aurait pu le tuer, alors. Pas pour les rebelles, mais par vengeance personnelle, pour tout ce qu'il lui avait pris, pour son enfance et ses rêves déchirés. Pourtant, elle ne le fit pas... Elle n’eut pas le courage de loger une balle dans son cœur. Dès ce jour, elle servit le Capitole sous le nom d'Aileen Carter. » Cette histoire lui semblait être une sorte de cauchemars. Il ne sut que dire à cela. Peut-être ne devait-il rien dire plutôt. Il pouvait être en colère à présent contre le Président, pour avoir pris à Aileen sa lumière vitale, celle de son âme et de ses rêves d’enfants. Mais en le faisant, il reniait du même cas la Aileen qui l’avait sauvé. Diane… et Aileen… Il comprenait à présent. Il ne savait pour quelle raisons elle avait décidé de lui dire, mais il en était soulagé. Il n’y avait plus de barrières entre eux. Il lui semblait pouvoir l’avoir, enfin. Elle s’offrait, entièrement à ses yeux. Et lui n’avait de désir que de la prendre contre lui, dans ses bras, pour la protéger de Snow. S’il lui avait son enfance, pour qu’elle tue. Il ne doutait qu’à présent, elle fut un soldat, un pion de choix, à sa disposition constante. Il était temps que cela cesse. Phoenix désirait que cela prit fin. Qu’Aileen n’appartienne plus à Snow, mais qu’elle soit sienne. Le Pacificateur avait la présomption de croire, que cela pourrait rendre Aileen plus heureuse. Qu’elle prendrait cas alors de l’importance de sa vie. Son unique existence. Car là se trouvait le dilemme des hommes : ils ne possèdent qu’une seule vie. Il aviat mis du temps à s’en rendre compte. Mais cela impliquait une soumission à la fatalité, totale, pour pouvoir continuer d’avancer. Aileen ne s’était pas soumise à la fatalité, mais à Snow, en s’interdisant de le tuer. Le jour où elle arriverait à loger une balle dans le cœur du Président, elle sera libérée. Elle pourra de nouveau accepter cette vie là. Sa vie. Plutôt que de pleurer, une vie qu’elle avait perdu par le fait du Président.

Phoenix choisit plutôt, de demander à la demoiselle ce dont elle aviat si peur, alors que son regard se dérobait une fois encore au sien. « Je crois que tu le sais déjà... Au fond de toi. » Sans nul doute oui. Puisqu’il partageait la même crainte. Cependant, il n’eut pas la force de lui répondre, de parler à sa suite. Elle était troublée, et ne le regardait pas dans les yeux, ce qui frustra le pacificateur, qui se mordit violemment la langue pour ne pas exigeait d’elle qu’elle lui fasse face. Il entendit dans un souffle, sa voix qui s’envolait dans les vent, sans qu’il put saisir le sens de ses paroles. Il fronça les sourcils, et s’approcha d’elle, un peu plus, dans l’espoir qu’elle répète ce qu’elle venait de lui avouer. Mais cela ne fut pas nécessaire. Elle releva le regard finalement, et répéta d’une voix enrouée par l’émotion : « J'ai peur de te perdre parce que je t'aime. » Il resta muet de stupeur, et de joie soudaine, qui étreint son cœur et son âme. Certes, il savait qu’elle tenait à elle, elle lui avait prouvé de nombreuses fois, et de nombreuses façons, l’apogée ayant été ce soir-là où elle lui avait permis de l’appeler par son prénom. Il lui semblait que chaque geste, habituel pour d’autres, étaient tortueux et très révélateurs chez Aileen. Lui dire qu’elle l’aimait, devait lui avait couté bien plus qu’à qui que ce soit d’autre. Phoenix se trouva incapable de lui répondre quoi que ce soit, pris au dépourvu. Elle avait peur, pour lui, de le perdre. Parce qu’elle l’aimait. Il devina aisément que cet amour n’avait pas grand chose à voir avec l’amour d’une amie pour son proche. D’une sœur pour un frère, ou de deux collègues. Ce n’était pas l’amour niais d’un couple commun. C’était plus encore, et le mot même d’ « amour » lui semblait assez mal convenir. Après tout, ils pouvaient aisément ne pas se voir durant des mois, sans en ressentir la moindre peine. Du manque, peut-être, de l’angoisse, sans doute. Mais non point des regrets. Ils se connaissaient assez bien pour savoir que ce qui les reliait était assez fort pour survivre malgré l’absence. C’est pourquoi l’idée de perdre l’autre était si insupportable. La mort même n’était pas assez forte pour les priver de ce sentiment si pur. Ils ne pourraient guérir de la perte de l’autre. Parce que ce sentiment subsistera par-delà la mort. Une âme sœur ne saurait vivre sans sa moitié.

Ils changèrent finalement de sujet, et se reportèrent, une fois encore, à la vie de Phoenix. Il ne voulait pas insister, prenant ce qu’elle consentait à lui offrir d’elle sans en demander plus. Il ne voulait pas la contraindre à quoi que ce soit. Il lui laissait sa liberté, celle d’agir, de décider, d’aimer, de parler. Il avait besoin qu’elle soit libre avec lui, d’être qui elle voulait. Il lui avoua qu’il avait raté une mission, et qu’il avait adopté une demoiselle qu’il prenait pour son élève. Il n’était cependant pas certains d’avoir autant de chose à apprendre à Kamaria, qu’elle ne pouvait lui apprendre à lui. La demoiselle avait une bonté et une foi en la nature humaine qui le déconcertait. Il ne pouvait pas croire qu’une fillette qui avait tout perdu pouvait à ce point-là être confiante en l’avenir. Elle se refusait à tuer pour le moment, mais lui aussi avait pensé être un homme de bien. Pourtant aujourd’hui, il se promenait constamment avec trois armes sur lui, et n’hésitait pas à tirer dés qu’il en ressentait le besoin. Mais alors que Kamaria pleurait sa mère, il se donnait comme mission de la consoler, et de la protéger, avant tout. Surtout cela. En contant le récit de la vie de la demoiselle, sans pour autant révéler son nom, Aileen fit remarquer à Phoenix que l’histoire de Kamaria ressemblait à la sienne. C’était sans doute vraie, mais alors il ne pouvait rien y changer. Peut-être qu’il avait pris Kamaria sous son aile dans le désir de voir quelqu’un le connaître comme un homme de bien. Il ne voulait pas devenir son tortionnaire, l’obliger à faire ce qu’elle ne voulait surtout pas faire : tuer. Il voulait qu’elle ne se laisse pas abattre par la vie qui lui avait pris tout ce qu’elle avait de plus cher. Il voulait qu’elle continue de vivre, qu’importe les sacrifices qu’elle aurait à faire pour cela, que ce fut celui de ses rêves d’enfants, de sa foi, de sa confiance, ou de son âme. Elle devait vivre, rien n’était plus important que cela aux yeux de Phoenix.
Pour sa part, Aileen semblait d’abord craindre qu’elle ne fut une espionne, une rebelle, une fille pour laquelle Phoenix ne devait porter aucune confiance. Lui fut désolé de la voir ainsi craindre le pire. Aileen était blessé dans sa chaire, enfermée dans sa carapace, et Snow l’y avait tant contrainte qu’elle n’osait plus même regarder les hommes pour ce qu’ils étaient, mais les déformaient en des êtres cruels et vils. Phoenix savait que la majorité des gens de Panem désiraient la chut du Capitole. Cependant, il s’agissait là d’un cas à part. Kamaria était une orpheline, ce n’était pas un soldat. C’était une enfant solitaire, qui risquait à tout moment de perdre foi en l’existence. L’idée soudaine qu’il la confondait avec Domino éclaira l’esprit perturbé de Phoenix. Après tout, lui qui avait perdu sa sœur à cause du Capitole, peut être voulait-il sauver une enfant lui étant semblable. Pour se persuader qu’il pouvait le faire. Qu’il pourrait un jour sauver Domino. Ou pas… Il n’avait pas de raison valable de prendre ainsi Kamaria pour sa fille adoptive. Il en avait le besoin, simplement. Il ne voulait pas chercher plus loin. Il ne voulait pas croire qu’il risquait quoi que ce soit à la prendre ainsi chez lui. A s’ouvrir à elle. « Je suis désolée de t'avoir demandé ça... Déformation professionnelle, je le crains. » il ne pouvait pas en vouloir à Aileen. Il savait pourquoi elle lui avait demandé cela. « Je dois t'avouer que tu m'as... étonnée... Mais cela prouve que tu es quelqu'un de bien, Phoenix. » Dit-elle après qu’il eut tenté de lui expliquer pourquoi il en était arrivé à de telles extravagances. Il lui offrit un rire triste, ironique. « Tu en doutée encore ? » Lui ? un homme bien ? Sans nul doute pas. Il avait sauvé cette fille, mais combien en avait-il tué avant, de sang froid. Il n’avais apprécié celle-ci que part simple mimétisme. Mais cela pourrait peut-être le sauver de lui-même. Il ne savait pas. Il ne croyait pas en général au destin, mais il devait avouer que les Parques l’avaient eu cette fois. Il ne comprenait pas grand chose à son destin ces temps-ci. Sa vie partait en milliers d’éclats. Il devait reprendre le contrôle. Il n’avait que ce désir là. Alors il n’était sans doute pas un homme bien, mais plutôt un être profondément égoïste.

Il consentit à révéler le nom de Kamaria à Aileen, et il ne fallut pas longtemps avant que cette dernière ne récite le dossier de la demoiselle. Phoenix l’observa, l’écouta. Il en apprendrait un peu plus sur Kamaria, et surtout il calmerait Aileen. « Kamaria Evy Havenest, 14 ans, surnom Plume, frères et soeurs morts d'épidémie, mère Elise et père inconnu, travaille aux vergers depuis qu'elle a six ans Il eut un petit rire, fasciné par le professionnalisme d’Aileen qui pouvait ainsi sortir le dossier confidentiel d’un habitant de Panem, par un simple prénom. Elle était véritablement atteinte. « Bon, ne crois pas que j'ai une mémoire d'ordinateur... Mais j'ai lu son dossier récemment... Il était question d'une poire volée, non ? » Il acquiesça. En effet. Une simple poire volée. Phoenix avait eu la dure mission de la punir pour cela, accompagné de deux autres soldats. Mais ces abrutis avaient perdu le contrôle de la situation, et avaient simplement tué la mère en pleine rue. En y repensant, le sang de Phoenix bouillonna dans ses veines. Un tel manque de professionnalisme le faisait exploser. Mais il prenait sur lui. « Hunter m'a parlé d'elle, mais pas de sa mère. » Hunter ? Phoenix fronça les sourcils. Il n’avait pas vu son collègue depuis un bon moment. Il appréciait Hunter, c’était un pacificateur qui connaissait son métier, et sa mission. Quel rapport entre Hunter et Kamaria ? La demoiselle n’avait pas encore eu la force de lui parler de la poire volée, de sa mère ou de sa vie d’avant. Elle se contentait en général de rester enfermée chez lui, de pleurer, de manger, et de dormir. Le Pacificateur respectait cela pour le moment. Ils parlaient, quelques fois, et de plus en plus familièrement. Il lui semblait qu’elle s’habitait à sa présence. Il aimait cela. Il prenait soin d’elle. Il lui permettait de manger à sa faim, de s’habiller comme elle le désirait, chaudement. Elle avait sa propre chambre dans la maison immense de Phoenix, et elle pouvait jouir du salaire convenable du Pacificateur. Un jour, il savait qu’elle se sentirait assez protégée pour lui parler de ce qu’il s’est passé ce jour-là. Il pensa à la poire, qui était resté sur la table du salon. Cette poire qui vit bien des victimes, et qui ne profita au plaisir d’aucune d’entre elles. « Hunter n’était pas présent lors de la mort de la mère de Kamaria. C’était une erreur, commise par deux abrutis ! Je n’aurai pas dû la laisser seule avec eux. » Il ne portait nulle confiance aux autres pacificateurs, principalement parce que la majorité étaient des bons à rien. Il le savait, mais il espérait à chaque fois qu’ils connaissaient leur job. Surtout lorsqu’il avait la tête d’une mission. S’il n’avait pas congédié la mère de Kamaria, pour parler en tête à tête avec la demoiselle, alors peut être serait-elle encore en vie aujourd’hui. Et Kamaria suerait sang et eau pour la faute qu’elle avait commise.
Il craint cependant qu’Aileen ne cherche à en savoir plus. C’était dans sa nature et il le savait parfaitement, mieux que quiconque. « Phoenix, écoute-moi, je t'en prie. Je ne ferai pas de recherches sur ton élève. Je ne parlerai pas d'elle à Snow. Je ferai tout pour ne pas la rencontrer. Je ne lui ferai pas de mal. Il ne doutait pas de sa conviction, il doutait de la force qu’elle mettait en ces mots. C’était une promesse certes, et il devait sans doute se contenter de la croire, mais il doutait. La « déformation professionnelle » d’AIleen était profonde. Et lui qui osait prendre une inconnue sous son aile, prenait le risque de voir Aileen s’approchait de trop prêt de Kamaria. Cela ne le dérangeait pas. Mais Aileen était surveillée de prêt par Snow, et cela mettait Phoenix dans une position désagréable. Il ne voulait pas voir le Capitole s’immiscer dans ses affaires pour le moment. Aileen, elle, fit une pause, le regardant avec un air assurée qui plaisait à Phoenix. Elle voulait y croire, et elle voulait qu’il le croit lui aussi. « Pourquoi ? Tout simplement parce que je pense que cela ne sert à rien, ni pour moi, ni pour le Capitole, d’en savoir plus à propos d’une simple orpheline... Tu as fait ce que tu devais faire, Phoenix, et je ne vais pas te condamner pour ça. Tu es heureux avec Kamaria comme élève ; qui suis-je pour t'enlever ce bonheur ? » Il la remercia d’un sourire. Non, en effet, en y repensant, qu’est-ce que le Capitole pouvait trouver à redire à sa décision de prendre Kamaria comme fille adoptive ? Il devait arrêter de douter, d’avoir peur. Il devait simplement prendre confiance en lui, en l’avenir, et se laisser porter par cette nouvelle facette de sa vie. Il n’avait jamais pensé à la possibilité d’avoir une famille. Principalement parce qu’il se voyait mal fonder une famille dans un tel monde, avec un métier tel que le sien. Et avec qui ? Lui qui avait eu une famille unie, il ne pouvait admettre l’idée qu’il ne pouvait plus connaître la même chose à présent. Il s’attachait à des êtres déchus, en espérant pouvoir les sauver : Aileen, Kamaria, Domino… mais il n’en était rien, et il était sans doute l’être le plus meurtri entre tout ceux-là. C’était un fait. C’était la mort.

Aileen se laissa aller à l’étreindre, et ils parlèrent encore d’autre chose. D’elle, de sa mission, de Snow, de sa punition, puis de nouveau de Domino, et du fait qu’elle pourrait arranger une mission entre la fratrie. Lui n’était pas encore prêt. Il le lui avoua, et elle tâchait de le rassurer. Elle ne pressait rien. « Tu n'es pas obligé de la rencontrer tout de suite, tu sais. Dis-moi simplement quand tu te sentiras prêt » Il la remercia d’une étreinte plus fort encore. Elle sembla cependant angoisser une fois encore. Il comprit qu’elle n’était pas habituée à être aimée, et cela le désola. Mais un jour, elle prendra ce qu’il lui offrait sans crainte, sans risquer de lui faire du tort. Il lui avoua d’une fois empli d’émotion, qu’il avait besoin d’elle, plus qu’elle ne pouvait le croire. Elle pleura, et Phoenix la serra contre lui, comme s’il eut le désir de se fondre en elle, de ne faire qu’un avoir cette femme qu’il aimait tant. Il ne lui avait pas dit, certes, mais il risquait de la perdre en ces simples mots. Lui qui avait perdu tout ceux qu’il avait aimé, préféré faire transparaître ses sentiments dans ses actes. Il reçut un sourire vivace, heureux d’Aileen et son cœur manqua un battement, avait de reprendre son cœur dans un rythme hiératique. Elle se dévoilait à lui. Elle s’offrait entièrement à ses yeux. Enfin. Cette nuit-là marqué l’apogée de leur amour. « Tu es le seul à connaître cette partie de moi, Phoenix. Le seul... A connaître ce secret. J'espère que tu comprends ce que cela veut dire pour moi... pour nous. » Oui, il le comprenait, autant qu’elle s’en doute. Ils s’appartenaient entièrement, et dans une ultime promesse, il se donna à elle, entièrement. Il ne voulait qu’elle en réalité. Il ne désirait rien d’autre à cette instant, et se perdit dans les baisers qu’il lui offrit. Il lui offrit sa vie, en annonçant qu’il n’y aurait que la mort pour le contraindre à la quitter. Et il n’était pas prêt à mourir. Il voulait vivre encore, avec elle. Sous son regard, sous ses caresses, ses paroles. Il voulait avancer avec elle dans les ténèbres accablantes d’une vie faites de sang et de mort. Ensemble, il savait qu’ils pouvaient faire des choses incroyables. Ils seraient invincibles. Elle ne répondit rien, et il se contenta de l’étreindre encore, l’embrassant. Il n’y avait plus rien à dire de plus. Ils savaient tout deux. Ils savaient, et les mots ne pouvaient suffire à traduire ce qu’ils ressentaient à cet instant.

Le ton devint alors plus calme, plus joueur, et ils s’amusèrent à se lancer quelques bouttades en riant. Ils oubliaient ce qui pouvait bien les entourer. Il la regardait sourire, charmeuse, et eut le désir de la conduire chez lui pour lui montrer combien elle pouvait être irrésistible. Mais il n’eut pas le loisir de porter à exécution son dessein. D’un geste ample Aileen se releva, en alerte, et il fallut quelques secondes seulement pour que Phoenix l’accompagne dans son mouvement. Il sortit son arme, comme souvent. Et tira sur une ombre qui partait en courant à travers la forêt dense. Une fois encore il voyait un problème sous les yeux du tueur. Il ne pouvait pas s’empêcher de poser entre lui et le monde, un masque de violence, qui le condamner à toujours tirer avant de parler. Il tuait rapidement ses ennemis, avant même de connaître leurs visages. C’était une chose qu’il avait appris à faire entant que pacificateur. Comment pourrait-il tuer une enfant dont il connaîtrait le nom ? Une femme dont il saurait toute la vie ? Un homme qui aurait eu le temps de lui dire un mot ? Il devait tirer, avant que l’humanité de ses victimes ne transparaisse. Il devait s’arrêter au fait : un voleur, un violeur, un rebelle. Ce n’était pas des noms, c’étaient des fautes. Ces êtres n’étaient que des fautes. Espion, voilà qui était cet être qui partait en courant. Phoenix n’eut pas le loisir de voir son visage, il lui sembla cependant, voir la blancheur d’une chevelure épaisse qui volait derrière elle. Il déglutit, et sans ranger son arme suivit l’ombre qui disparaissait. Il eut le temps de tirer, mais rata sa cible, et en ressentit tant de frustration, qu’il sentit de nouveau la rage monter en lui. « Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? » demanda Aileen d’une voix angoissée à ses côtés. Il lui répondit d’un ton dur que cet être souffrirait, alors qu’il la prenait contre lui. Elle le regardait avec un air de supplication qui serra son cœur. Elle le suppliait d’arrêter. Il le comprit, mais il ne pouvait rien y faire. Cet être risquait de les mettre en péril tous les deux. Il ne pouvait pas simplement l’accepter. Il devait se battre pour la vie d’Aileen ne soit aucunement mise en danger. Il espérait simplement que cette nuit ne leur sera pas fatale. Qu’il pourrait commencer à chercher ce vil espion demain. Car à cet instant, Aileen le regarda avec un air si tendre qu’il perdit tout désir de meurtre et de sang. Il ne voulait qu’elle alors, entre ses bras. « Viens. »` Elle essayait de le sauver une fois encore. Et il n’eut pas la force de se battre, son désir pour elle croissait à chaque geste, à chaque parole. Il céda alors, et la suivit.

Ils s’enfoncèrent dans la forêt, prenant le chemin qui menait à la maison de Phoenix. Il la conduisait entre la forêt, sans quitter le contact de sa main entre la sienne. Il avait l’impression que s’il osait la lâcher, elle allait simplement disparaître. Alors il se contentait de la tenir ainsi, proche de lui. Une légère bruine se mit à tomber. Phoenix leva les yeux vers le ciel et reçut les quelques gouttes de pluie avec plaisir. Il aimait la pluie, cela calmer ses ardeurs. Il écoutait le bruit de la pluie sur les arbres, et sur l’herbe qui les entouraient. Cette beauté le rendait ému. Ils ne parlèrent pas sur le chemin. L’électricité entre eux risquait de les faire exploser à la moindre parole. Le désir de Phoenix le rendait ivre, et fou. Sa maison apparut alors, au milieu des arbres, dans une clairière rarement visitée par les habitants du distric onze. Quelques adolescents étaient déjà venu, de nuit, mais il les avait facilement effrayés. Il n’aimait pas les habitants des districts, et il appréciait cette peur qui les empêchait de s’approcher de trop près de lui. Il ouvrit sa porte, et la fit entrer avant lui, gentleman. Elle venait rarement chez lui, mais le peu de fois où elle avait siégée dans cet espace, avait rempli Phoenix d’une étrange satisfaction. Il la voulait prêt de lui, constamment. Elle reprit possession des lieux, entrant tout d’abord dans le salon. Elle alla vers la fenêtre, suivit de prês par Phoenix qui perdait son souffle à force de désir. « C'est tellement beau... » murmura Aileen à ses côtés, en regardant alentour les arbres, l’herbe, et les quelque fleurs qui parsemaient le sol. La lune caressait la clairière de sa lumière argentée, et sous cette clarté, la jeune femme lui apparaissait comme un être divin. Il ne put s’approcher plus d’elle encore, de peur de devenir fou. Elle fit le premier pas, puis le second, et soudainement sans qu’il ne comprit comment, ils se trouvaient l’un contre l’autre. Le souffle de Phoenix, hiératique, lui manquait. Son cœur battait si fort que seul ce bruit semblait transparaître dans le silence de la nuit. Sa bouche était à quelques millimètres de la sienne. « La meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder. » Aucune parole n’aurait pu lui paraître si douce à ce moment. Quelque chose se brisa en lui, et il fondit sur elle pour l’embrasser. Elle s’accrochait à lui, comme un naufragé en pleine tempête. Il oublia où ils se trouvaient, le fait que Kamaria dormait dans une pièce à côté, le fait qu’il était un pacificateur, elle une espionne, et que tout sentiment humain leur était proscrit. Il n’en avait cure, tout cela lui semblait dérisoire alors. Dans un ultime élan de lucidité, il brisa l’étreinte et la mena vers sa chambre. Ils perdaient le contrôle. Une fois la porte de la pièce refermait sur eux, Phoenix la cloua contre un mur et redécouvrit avec bonheur son cœur, sa chaleur, la douceur de sa peau…. Ses cicatrices. Il perdait pied, il n’était plus que feu et passion. Il la mena vers le lit, après lui avoir ôté son haut, dévoilant son corps sculptural et parfait. Il l’allongea sur les draps défaits, et embrassa son cou, ses joues, ses lèvres, caressant chaque infime parti de son corps. Cet instant, si parfait, le rendait fiévreux. Soudaine ils étaient tous les deux peau contre peu, s’embrassant, laissant aller leurs passions communes, cet amour si parfait. Il la redécouvrait, dans cet ultime instant d’intimité. Il se sentait vivant, pleinement vivant. Soudainement, sans comprendre pourquoi, il se releva, la regarda avec tout l’amour dont il pouvait être capable à cet instant, et il eut une idée. Incroyable, extravagante, mais affolement attirante : « Epouse-moi. » demanda-t-il avec une voix enroué par le désir et saccadait par le manque de souffle. Il réitéra sa demande, en souriant, comme un enfant, excité. « Aileen, épouse-moi. » Il la regardait dans les yeux. Ce moment, hors du temps, dura une éternité, durant laquelle il sentait la vie reprendre son droit sur la mort, les tueries, et le sang. La vie uniquement, avec elle, grâce à elle, pour elle. Elle, uniquement, comptait. Aileen. Chère Aileen…
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