WE'VE NEVER BEEN SO MANY AND WE'VE NEVER BEEN SO ALONE Ҩ « see the devil on the doorstep now, telling everybody oh just how to live their lives, sliding down the information highway, buying in just like a bunch of fools, time is ticking and we can't go back ... what about the world today ? what about the place that we call home ? we’ve never been so many and we've never been so alone ... »

Salem Ҩ Thybalt

gifs © dodixe & fandomgifs • codage © yumita • musique we are, by ana johnson

La prudence voulait en général que l'on ne s'aventure pas sur les bords du fleuve pendant la période hivernale. Les rares animaux qui n'hibernaient pas avaient tendance à rôder dans les parages et si leur mâchoire était assez puissante ils ne faisaient pas les difficiles question nourriture ; La main ou le pied d'un promeneur trop téméraire pouvant amplement faire l'affaire. Tomber dans l'eau du fleuve pouvait également se révéler dramatique : non seulement à cause des bestioles qui pouvaient éventuellement y nager - quoi qu'à cette période de l'année elles soient en nombre restreint - que parce qu'une chute dans l'eau glacée c'était la pneumonie assurée. Et une pneumonie en plein hiver, quand on ne faisait pas partie des districts chouchous du Capitole, ce n'était jamais bon ... Puisque c'était la dite pneumonie qui avait eut raison de son père adoptif l'hiver dernier, Thybalt pouvait difficilement l'oublier. Cela dit cela ne l'avait pourtant pas empêché de s'aventurer aux abords du fleuve en cette après-midi d'hiver, parce que c'était peut-être imprudent mais comme d'habitude avec le jeune homme il semblait que son adage dans la vie soit « Fais ce que je dis, fais pas ce que je fais. »
Il restait encore deux bonnes heures avant que la nuit ne commence à tomber, mais si l'on comptait les trois-quart d'heure de marche pour rentrer il ne lui restait en fait qu'une heure à peine. Une heure pour quoi ? Pour amasser dans le sac de toile qu'il avait amené avec lui diverses herbes et autres racines dont il se servait habituellement pour exercer son métier de guérisseur. Il n'avait pas encore neigé cette année, la neige n'était de toute façon pas courante au cinquième district, cependant cela n'avait pas empêché les températures de descendre bas, plus bas que ces quatre ou cinq dernières années en tout cas. A force de retourner la terre à mains nues et de chercher entre les plantes que le givre avait tué Thybalt ne sentait même plus ses doigts, et qui plus est à force de de rester baissé vers le sol il commençait à avoir mal au dos. Pourtant il ne s'arrêtait pas, il était bien décidé à profiter du soleil jusqu'à ce que je jour commence à baisser et qu'il soit alors forcé de s'arrêter pour rebrousser chemin et rentrer chez lui avant qu'il ne fasse totalement nuit.

Pas un bruit ou presque ; L'endroit, qui grouillait habituellement de bruits de la nature en été, semblait avoir été vidé de tous les êtres qui y vivaient dès lors que le froid était arrivé. Et si dans la solitude de sa maison le silence pouvait paraitre au jeune un peu pesant, parfois, ici en revanche il le trouvait simplement reposant, sans doute parce qu'il s'ajoutait au grand air, lequel était la plupart du temps en ville pollué par l'odeur désagréable émanant des abattoirs. Le silence ici il se sentait donc presque obligé de le respecter ... Cela dit il était tout seul, probablement à des centaines de mètres à la ronde, alors cela ne lui laissait pas tellement de possibilités de conversation. Thybalt avait beau l'ouvrir parfois un peu trop, il n'en était cependant pas encore au stade de se faire la conversation à lui-même.
Lorsqu'un bruit de feuillage s'échappa des buissons séparant en cet endroit les rives du fleuves des prairies alentours, le jeune homme ne mit du coup que peu de temps à réagir et lâchant ce qu'il était en train de faire il s'était figé, une main sur la branche de bois morte qu'il avait gardé à portée de main justement, et l'autre, et l'autre sur le couteau de boucher qu'il gardait toujours à sa ceinture lorsqu'il s'aventurait dans les domaines éloignés du district. Pourquoi un couteau de boucher ? Tout simplement parce que dans un district consacré à l'élevage c'était ce que l'on trouvait le plus facilement, et que l'on pouvait acheter sans se voir poser de questions. Pensant tout d'abord avoir rêvé, Thybalt s'apprêtait à reprendre ce qu'il était en train de faire lorsqu'un nouveau bruit lui prouva que non, il n'avait pas rêvé, et qu'il y avait bien quelque chose, ou quelqu'un, à proximité. Pas un pacificateur, pas un pacificateur ... Un oiseau qui voletait dans les buissons oui, une bestiole un peu plus grosse à la rigueur, il avait un couteau et n'hésiterait pas à s'en servir si besoin était, mais un pacificateur ... Non, c'était définitivement le pire des scénarios possibles pour Thybalt. Ils étaient bien capable de l'accuser de braconner, de poser des pièges, de chercher à passer la frontière toute proche avec le district quatre, ou n'importe quoi d'autre, ils avaient toujours une bonne excuse ces gens là ... et ils n'avaient pas beaucoup d'humour, voilà sans doute pourquoi les blagues de Thybalt les faisaient rarement rire.

Il ne s'agissait pas d'un animal en tous les cas, maintenant Thybalt pouvait très nettement distinguer qu'il s'agissait de bruits de pas et pas d'autre chose. Jusque là à moitié accroupi sur le sol et n'osant plus bouger il s'était remis doucement debout, son morceau de bois toujours à la main et ses yeux ne quittant pas la portion de feuillages d'où il croyait entendre venir le bruit. La désinvolture habituelle de Thybalt avait disparue, comme à chaque fois qu'il ne se cachait pas derrière son masque de clown pour amuser la galerie il donnait l'impression d'être plus sérieux ; Pour le coup il se méfiait. Et puis finalement ...

« Oh ... c'est toi. » Forçant le trait de la déception et le côté blasé, réflexe du gars qui remettait en place son masque de désinvolture si soigneusement travaillé, il avait senti ses muscles se relâcher maintenant qu'il savait qu'il ne risquait plus rien. « J't'ai pris pour un crocodile, ou un puma. » avait-il ajouté d'un air goguenard, avant de laisser tomber au sol son morceau de bois. Sa réflexion était bien entendu destinée à se moquer gentiment d'elle, même s'il avait fini par comprendre que la jeune femme n'adhérait en général pas franchement à son humour ... Cela dit cela ne l'empêchait pas de continuer. Sa fille en revanche semblait d'ordinaire un peu plus réceptive, tout espoir n'était donc pas perdu. « Fais pas cette tête, je rigole. » ajouta-t-il finalement en levant les yeux au ciel d'un air faussement exaspéré.

Salem Libosvar, c'était ainsi que se prénommait la jolie blonde qui venait de faire son apparition. Gagnante de l'édition des Hunger Games ayant eut lieu il y a quinze ans, elle était certainement la première gagnante qui avait réellement marqué Thybalt ... A l'époque il avait treize ans, c'était la seconde moisson à laquelle il échappait et s'il se souvenait de cette moisson là c'était parce que l'année précédente le tribut masculin du cinq avait tenu moins de dix minutes dans l'arène et avait été le premier à mourir. Du coup il avait passé les jours précédents la moisson à se dire que s'il était tiré au sort malgré que son nom n'apparaisse que deux fois, il connaitrait sans doute le même sort, fils de gagnant ou non. Et puis il y avait eut Salem, petite blonde de quatorze ans en qui, il faut être honnête, presque personne n'espérait. Mais elle était revenue, et l'espace d'un an au moins Thybalt avait pu se dire que s'il était tiré au sort tout n'était peut-être pas perdu ... Deux chances sur des centaines d'être tiré, mais une chance sur vingt-quatre de rentrer, c'était toujours mieux que rien non ?
Toujours est-il que Salem n'aimait pas Thybalt, ou si elle l'appréciait elle avait en tout cas une façon très étrange de le montrer. Sans doute le trouvait-elle trop arrogant, trop grande bouche, trop cynique ou trop autre chose ... C'était toujours la même chose en ce qui concernait Thybalt. Il y avait ceux qui savaient l'apprécier pour ce qui l'était, qui avaient compris que ses blagues et sa bonnes humeur étaient sa manière à lui de garder un semblant d'optimisme dans un pays comme Panem, qui n'aspirait pas vraiment à être optimiste ... Et ils y avait ceux qui trouvaient cela agaçant, soit parce que leur pessimisme les avaient totalement bouffé de l'intérieur, soient parce qu'ils n'avaient tout simplement pas d'humour. Et bien sûr il y avait aussi ceux qui ne l'aimaient pas simplement parce que sa tête ne leur revenait pas, parce qu'il y en avait toujours. Thybalt pourtant était une personne vraiment adorable, il avait un bon fond et il n'y avait pas plus digne de confiance que lui ... Il était juste un peu fatiguant parfois.